• il y a 7 mois
Retrouvez Cyril Hanouna désormais le samedi et le dimanche dès 18h50 pour Face à Hanouna !


Au programme : des débats sur l'actualité politique, mais aussi le retour de séquences cultes.

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Transcription
00:00 - Pour le moment, on va recevoir Philippe Boxo, le plus célèbre des médecins légistes.
00:03 On l'a déjà reçu il y a quelques semaines en face à nous-là.
00:05 On a adoré ses histoires.
00:07 Et c'est vrai qu'on adore l'avoir avec nous.
00:09 Alors, il est extrêmement occupé, Philippe, mais ça nous fait toujours plaisir de le voir.
00:12 Et je rappelle, il y a ses deux ouvrages à Philippe.
00:15 Et c'est vrai que c'est incroyable.
00:17 Vraiment, les livres de Philippe Boxo aussi, vous allez vous régaler.
00:19 Merci, Philippe, d'être là.
00:21 - Merci, moi, de vérité.
00:22 - Je suis très heureux de vous revoir. Vous venez de Belgique, là ?
00:25 - Ah oui, oui.
00:26 - Merci.
00:27 [Rires]
00:29 - Vous êtes médecin légiste, je le rappelle.
00:32 Vous ne vous occupez que des morts ?
00:34 - Non, je vois aussi des vivants, des gens qui ont été victimes de coups de blessure
00:37 pour vérifier si les lésions concordent avec ce qu'ils nous racontent.
00:40 Et je vois aussi des vivants pour les indemniser d'agressions qu'ils ont subies.
00:43 - Ah, d'accord. OK.
00:44 D'accord. Vous occupez plus de morts que de vivants, quand même ?
00:46 - Oui, grosso modo, allez, c'est moitié-moitié.
00:49 - Moitié-moitié, d'accord.
00:49 Ah, 50 % de morts, 50 % de vivants.
00:51 Comment vous faites pour les reconnaître ?
00:52 [Rires]
00:56 - De temps en temps, ils ne sont pas morts.
00:57 - D'accord, très bien.
00:59 Vous êtes considéré comme un membre de la police ou pas ?
01:01 - Non, pas du tout.
01:01 - Ah non, c'est vrai ?
01:02 - Oui.
01:03 - Je croyais.
01:03 - On ne fait pas partie de l'ordre de la police, on ne fait pas partie de l'ordre judiciaire.
01:06 On est vraiment indépendant de tout ça.
01:08 Et d'ailleurs, on doit l'être.
01:08 On doit être neutre par rapport à tout système
01:11 pour pouvoir travailler de la façon la plus neutre qui soit au service de la justice.
01:15 - Alors, c'est quoi l'âge d'un médecin légiste ?
01:18 - C'est se lever le matin.
01:19 - Ah ouais, non.
01:20 - En espérant que le téléphone ne sonne pas trop tôt.
01:22 Question de pouvoir prendre un petit déj.
01:23 Ensuite, c'est attendre l'appel.
01:25 En gros, c'est ça.
01:26 On attend l'appel, t'es à côté de ton téléphone, t'attends qu'il sonne.
01:29 Et puis, au moment où il sonne, tu es prêt à partir pour là où on t'adresse,
01:32 fin fond de la Belgique, pas de problème, on doit y aller.
01:35 - Mais t'as du travail tous les jours ?
01:36 - Oui.
01:37 - Ah vraiment ?
01:37 - Oui.
01:37 - Quoi, ton téléphone sonne tous les jours ?
01:39 - Tous les jours.
01:39 - C'est fou ça.
01:40 Parce que tu vois, Gilles Bernaise, par exemple, il est chroniqueur ici,
01:42 son téléphone ne sonne jamais.
01:43 [Rires]
01:45 - Mais il n'est pas médecin légiste.
01:46 - Mais s'il veut, il vient avec moi, je vais lui montrer.
01:48 - Non, t'inquiète pas, parce que même l'existant, il peut mourir après.
01:50 [Rires]
01:52 On ne fait pas ça.
01:53 - Il est mort.
01:53 - Ce n'est pas une bonne idée.
01:54 Là, si tu l'amènes avec toi, tu vas avoir 100 % de mort.
01:56 [Rires]
01:57 - C'est énormément de paperasse aussi, non, quand même ?
02:00 - Non, il y a un rapport à faire, tu vois, un rapport.
02:02 Tu le déposes chez le procureur qui a requis
02:04 ou chez le magistrat qui a requis uniquement.
02:07 Et puis, c'est terminé.
02:08 - Dis-moi, c'est ce que tu voulais faire, toi ?
02:10 - Non.
02:11 - Parce que c'est vrai que je ne vois jamais quelqu'un à l'école
02:13 quand on dit "mettez-nous si vous avez une idée".
02:15 Vous savez, au début de l'année à l'école,
02:16 on disait toujours "prenez une demi-feuille,
02:17 nom, prénom, profession des parents".
02:19 Et si vous avez une petite idée de ce que vous voulez faire plus tard,
02:21 vous le mettez.
02:22 Moi, je mettais toujours à la face,
02:23 je mettais toujours le métier que j'avais envie de faire.
02:25 - C'est quoi ?
02:25 - Cascadeur.
02:26 - C'est vrai ?
02:27 - Vraiment ?
02:28 - Je voulais faire cascadeur boulanger.
02:29 [Rires]
02:30 - Ah ouais, un couplé de métiers.
02:32 [Rires]
02:33 - Et vous, vous avez mis médecin légiste ?
02:37 - Non, je voulais être prêtre.
02:38 - Ah ouais ? D'accord.
02:40 - Et puis, je rencontrais l'évêque de Montdieu, 16,
02:42 et on a parlé longuement, j'avais 18 ans.
02:44 Après avoir parlé avec moi à peu près une heure,
02:46 il m'a conseillé d'aller faire des bacs.
02:48 Et j'hésitais entre la médecine et le droit,
02:50 et c'est tout à fait par hasard que j'ai fait la médecine.
02:51 En fait, c'est un interage au sort.
02:53 J'étais face à l'endroit où on inscrivait,
02:55 à l'époque, les ordinateurs n'existaient pas trop.
02:57 On inscrivait encore sur papier, tu vois.
02:59 Il y avait des étudiants qui inscrivaient.
03:01 Et depuis une heure, j'hésitais entre la médecine et le droit.
03:03 Et je me suis dit, au bout d'une heure, c'est bon là.
03:05 Si je reviens demain, ce sera le même dial,
03:07 la même chose, c'est du wallon, pardon.
03:09 Et je me suis dit, le prochain qui vient, j'y vais.
03:12 Et t'avais un mec qui inscrivait pour la médecine,
03:13 une fille qui inscrivait...
03:14 Pardon, l'inverse.
03:15 Un mec qui inscrivait pour le droit, une fille pour la médecine.
03:17 Ils sont arrivés en même temps,
03:19 et le mec du droit, très poliment, a laissé passer
03:21 la fille qui inscrivait pour la médecine.
03:22 J'ai fait la médecine.
03:23 - Incroyable.
03:24 - Tu te rends compte à quoi ça s'est joué ?
03:26 - À peu de choses.
03:27 - Tu serais tombé sur un mec pas galant,
03:29 t'aurais fait le droit.
03:30 - Le droit.
03:30 - C'est fou, tu vois.
03:31 - J'aurais fait autre chose.
03:32 - C'est incroyable.
03:33 C'est vrai qu'on a l'impression que c'est comme dans les films.
03:38 On te voit arriver sur des scènes de crime
03:39 avec les trucs jaunes autour, tout ça.
03:42 Mais ça se passe vraiment comme ça ou pas ?
03:43 - Non, pas du tout.
03:44 Non, vraiment pas.
03:46 Dans les films, tout est organisé, on met l'ambiance, etc.
03:48 Nous, on arrive, et une fois, on m'a appelé en me disant,
03:50 "écoute Philippe, viens, mais on t'appelle pour rien,
03:53 c'est un suicide, c'est un gars qui s'est suicidé avec une arme à feu.
03:57 Voilà, c'est parce que le procureur incite,
03:58 sinon nous, on ne t'aurait pas appelé."
04:00 Il s'excuse au téléphone,
04:01 quand j'arrive sur place, il s'excuse encore.
04:03 Et puis, quand j'examine le gars,
04:05 en quelques secondes, j'ai constaté que c'était un meurtre.
04:07 - Ah ouais ?
04:08 - Et c'est toute la différence que fait le médecin légiste.
04:11 - C'est pour ça que je voulais dire que vous faites partie de la police,
04:13 parce que c'est fou.
04:14 - Ah oui, mais on travaille avec eux.
04:16 On ne fait pas partie de la police, mais on travaille avec eux.
04:18 Et donc, on a un autre regard, en fait, sur le mort.
04:21 Et ce regard-là fait toute la différence.
04:22 C'est pour ça que les médecins légistes sont vraiment importants.
04:25 - Alors justement, l'un de vos livres s'intitule "Les morts ont la parole".
04:28 C'est ce que je fais régulièrement dans mon émission avec Daniel Moron, notamment.
04:32 [Rires]
04:34 Vous parlez parfois avec des personnes décédées, vous ?
04:37 - Non, jamais.
04:38 - Jamais ?
04:38 - Jamais.
04:39 - Mais non, ils ne t'entendent pas, ça ne sera rien.
04:42 On dit toujours, on peut parler à un mort, ce n'est pas vraiment un problème.
04:45 S'il répond, on s'en devient.
04:47 Et là, il n'y en a jamais un qui m'ait répondu, donc ça ne sert à rien que je leur parle.
04:51 - C'est vrai que dans les films, on voit parfois le médecin légiste
04:53 qui caresse le cadavre, qui lui parle, comme s'il y avait un lien particulier.
04:57 - Je crois que c'est une façon de l'humaniser à la télévision,
05:00 de le rendre humain, de rappeler qu'il a vécu.
05:03 Moi, je n'ai pas besoin de ça.
05:04 - Vous êtes blindé, docteur ?
05:05 - Oui.
05:06 - Vous avez tout vu, déjà ?
05:07 - On n'a jamais...
05:08 - Il n'y a pas un moment où vous arrivez sur un corps, un truc particulier, un enfant, machin,
05:11 où vous vous dites "Waouh".
05:13 - Les enfants, vous n'êtes jamais blindés. Jamais, jamais.
05:16 Les enfants, c'est ce qu'il y a de plus pénible.
05:18 Mais pour tout le monde.
05:19 La salle d'autopsie, c'est un lieu d'une certaine convivialité.
05:21 C'est toujours le même policier que je vois, c'est toujours le même gens du labo que je vois.
05:25 On se connaît, on connaît nos familles.
05:26 Ça fait 30 ans que je connais certains, donc on est devenus potes.
05:30 C'est un lieu où on s'amuse.
05:31 Pas du corps, mais c'est pas un lieu triste.
05:34 Quand c'est un enfant, c'est fini.
05:36 L'ambiance a changé, c'est autre chose.
05:38 Et t'es dans une dimension qui est beaucoup plus pénible.
05:41 Même pour le légiste.
05:42 - C'est quoi la mort la plus improbable que vous avez constatée ?
05:46 - J'en ai déjà parlé, c'est le type qui avait avalé une fourchette.
05:49 C'est vraiment la mort la plus improbable que j'ai jamais connue.
05:51 - Un mec qui était bourré et qui a voulu faire un pari.
05:52 - Oui, c'est ça, c'est un pari.
05:54 Il en est malheureusement décédé.
05:55 C'est vraiment une histoire hyper triste en plus, vraiment triste.
05:57 - Est-ce que vous avez retrouvé des objets improbables dans des corps ?
06:00 - Oui.
06:00 - Vous avez retrouvé quoi ?
06:02 - Des vierges de Lourdes.
06:06 - Des vierges de Lourdes ?
06:07 - Des petites statues de la Vierge qu'une dame se poussait dans la vessie.
06:11 Elle n'est pas morte de ça, elle n'est pas morte de ça du tout.
06:14 Elle avait des infections urinaires et répétitions.
06:16 Puis elle a fini par mourir, mais pas de ça.
06:18 Elle s'est suicidée, elle s'est pendue.
06:19 Et quand j'ai fait l'autopsie, dans la vessie,
06:22 j'ai trouvé ça, des épingles de nourrice, des clous,
06:25 toutes sortes de choses qui se poussaient dans la vessie.
06:27 - Elle n'avait pas ouvert un bricorama ?
06:28 - Non, c'est un gros...
06:32 - Je pose la question, les gars.
06:34 - Vous avez retrouvé quoi d'autre de fou ?
06:36 - J'ai un type qui s'est mis un bâton dans l'anus.
06:40 En même temps qu'il était debout sur une chaise
06:42 pour mieux se voir avec la glace, la vitre qu'il a mis au sol.
06:47 Donc il se regardait debout sur la chaise
06:50 avec le manche de brosse enfoncé dans le cul pour pouvoir se voir.
06:53 C'était une forme de masturbation.
06:56 - Et la chaise, elle est tombée ?
06:58 - Et la chaise, elle est tombée. - Et il est mort ?
07:00 - Et le manche de brosse lui est rentré dans l'anus,
07:02 il a tout perforé, il était cassé.
07:05 Et quand on l'a retrouvé mort, le manche était encore en place.
07:07 - Non ! - C'est très chelou !
07:09 - C'est un peu comme au Cédar, les poussières rouges.
07:11 - C'est fou !
07:13 - Quand t'arrives là-dessus, tu vois quand même un mec avec un manche...
07:16 Ah ouais, quand même...
07:18 Patrick, retire le truc, toi, alors, vas-y !
07:20 - Non, on le retire pas, on le laisse bien en place
07:22 pour bien visualiser le trajet du manche quand on va faire l'autopsie.
07:25 - Franchement, on s'imagine tous la scène où on a tous mal aux fesses.
07:27 - On est grave, t'as raison.
07:29 - Qui n'a pas mal aux fesses ?
07:30 Je vous le dis, c'est un truc de fou.
07:32 - C'est vrai qu'il y a pas beaucoup de gens, je pense, dans le monde
07:33 qui se mettent des bâtons entiers dans les fesses,
07:35 mais alors, quelle était la proportion de chances qui tombent ?
07:37 - Elle était très faible, mais sa fesse n'était pas top.
07:40 - Ah ouais, c'est vrai.
07:41 - Et le faux-suicidé, comment vous avez remarqué que c'était pas un suicide ?
07:45 - Il était droitier et l'arme était tenue dans la main gauche,
07:49 et vraiment très très près de la lésion.
07:51 Et une arme à côté de la lésion, ça n'existe pas.
07:53 Quand on se tire dessus, c'est un mouvement de recul.
07:56 Ne fut-ce qu'à cause de la projection de poudre et de fumée
07:59 et du reste qui vient de l'arme.
08:01 Donc l'arme retombe et là, l'arme était juste à côté.
08:04 Donc je me suis dit, vous savez, on a trafiqué.
08:06 Et puis j'ai demandé à sa femme qui était sur le trottoir
08:08 en train de pleurer comme une madeleine.
08:10 Il ne faut jamais les croire.
08:11 Quand ils pleurent, ce n'est pas toujours vrai.
08:13 Parfois, c'est totalement vrai, parfois, pas du tout.
08:15 - C'était la femme qui avait tué ?
08:17 - Pas exactement, mais elle était complice.
08:19 C'était l'amant de la femme.
08:21 Et il était droitier, lui.
08:23 Or, le bonhomme, je voulais savoir,
08:25 il n'y a quand même que 10% de gauchers sur la planète,
08:27 donc tu as quand même 9 chances sur 10 que ce ne soit pas lui qui ait tiré.
08:31 Donc j'ai demandé à sa femme si c'était gaucher ou droitier.
08:33 Elle m'a dit, je ne sais pas.
08:35 Et je me suis dit, ça, c'est très louche.
08:37 Une femme qui ne sait pas si son mari est gaucher ou droitier,
08:40 ça ne colle pas trop, quoi.
08:42 Et puis j'ai appris qu'il était droitier,
08:43 donc il ne se serait jamais tiré dessus avec la main gauche.
08:45 Quand on se suicide, en général, c'est avec sa main dominante.
08:48 Et tu ne mets pas le flingue à 2 mètres
08:49 en te demandant si tu vas te toucher.
08:51 Tu le mets en contact.
08:53 - Alors, c'est quoi l'arme de crime la plus improbable que vous avez constatée ?
08:59 - Je n'ai pas de bons souvenirs de ça.
09:01 J'ai eu des tas de couteaux.
09:02 J'ai eu une tronçonneuse.
09:03 J'ai eu des haches, plusieurs haches.
09:07 Qu'est-ce que j'ai eu d'amusant ?
09:08 Une bouteille.
09:09 - Une bouteille d'amusant ?
09:10 - Voilà.
09:11 À part ça, et puis les armes à feu.
09:14 Qu'est-ce qu'on en voit ?
09:15 - Ah ouais ?
09:16 - Mais l'arme à feu, c'est plus simple.
09:18 Tu n'as pas de contact.
09:19 - Ben ça.
09:20 - Tu as distance, tu tires.
09:21 - Exactement.
09:23 - J'ai mon adversaire en face de moi avec son pulpe.
09:26 - Regarde, il a un gilet pas.
09:27 Là, il a un gilet pas.
09:28 - Oui, c'est ça.
09:30 - Elle le voit, le feu.
09:30 - Là, il est bien.
09:33 - Et ça nécessite pas de contact.
09:34 Si je veux aller vers lui pour le tuer,
09:36 il va falloir vraiment qu'il y ait un échange.
09:38 Un échange de coups, un échange de couteaux.
09:41 Il y a un contact, c'est plus difficile.
09:42 Voilà.
09:43 - C'est quoi le premier cas sur lequel vous avez travaillé ?
09:45 La première fois, vous êtes intervenu, c'était quand votre premier truc ?
09:48 - Un accident de roulage, c'était...
09:50 - Accident de quoi ?
09:51 - De roulage.
09:52 - Voiture.
09:53 - Ah d'accord, roulage, d'accord.
09:55 Ils font des roulages là-bas.
09:56 Je croyais que c'était un mec qui se roulait des cigarettes.
10:00 - Un accident de roulage, je croyais que c'était Doc Ginicou.
10:02 - On met des coups de parterre.
10:03 - Non, non, d'accord.
10:04 - On dit quoi en France ?
10:05 - Accident de voiture.
10:06 - Ah, c'était un accident de voiture ?
10:07 - Exactement, de roulage quoi.
10:09 - Qui roulait ?
10:10 Et qui, en roulant, c'était en pleine nuit,
10:12 ils étaient un petit peu bourrés, tant le conducteur que le passager.
10:14 Le conducteur était ceinturé, le passager n'était pas.
10:17 Le conducteur, à mon avis, s'est endormi au volant.
10:19 Il a pris la berne centrale, ça se dit, c'est en France.
10:21 La berne centrale de l'autoroute, c'est correct.
10:23 - On comprend quand même.
10:25 - Ah, ça va.
10:26 Et donc, ils sont casse de la berne centrale.
10:27 Lui, il est à l'arrêt, ça va, il va survivre.
10:29 Par contre, son passager dormait, non ceinturé.
10:32 Il a été projeté par le pare-brise avant de la voiture.
10:35 Il était allé sur la berne centrale, mais l'autre côté de la berne centrale.
10:39 Sa tête, de cette manière-là, il était décapité.
10:42 Et il a roulé jusque dans le fossé.
10:44 - Putain.
10:45 - C'est votre premier cas ?
10:46 Première fois que vous arrivez ?
10:47 - Oui.
10:48 - Ah ouais, quand même.
10:49 - Les policiers n'étaient pas super chauds pour aller retrouver la tête.
10:50 Donc, ils m'ont appelé, comme je suis un petit jeune, on ose.
10:54 Là, aujourd'hui, je pense qu'ils n'oseraient plus, mais à l'époque, ils osaient.
10:56 Donc, j'y suis allé, j'ai cherché après la tête, mais c'était pas très compliqué.
10:59 Il suffisait de suivre les traces de sang pour la trouver.
11:01 Je l'ai trouvé, il faisait nuit, et avec ma lampe de poche, je l'ai éclairé.
11:04 Et j'ai dit aux policiers, je crois que je l'ai trouvé.
11:06 Et c'est à ce moment-là que j'ai vu le policier qui, boum, boum.
11:09 Paire de connaissances.
11:10 - Non, c'est pas vrai.
11:11 - 3 mois d'incapacité.
11:12 - Ah ouais, c'est pas vrai.
11:13 - Ah ouais ?
11:14 - Bah, le choc, t'imagines ?
11:15 - Ah ouais ?
11:16 - J'y ai jamais pensé.
11:17 - Bah ouais.
11:18 - C'est sûr, parce que vous, vous, vous, c'est votre premier cas, vous êtes déjà immunisé.
11:21 C'est normal.
11:22 - C'est le premier cas, mais déjà, j'avais fait 3 mois de stage.
11:25 Et avant, j'avais fait, comme tous les étudiants en médecine, de la dissection.
11:28 Donc, le mort, on est habitué à le voir.
11:30 On est habitué à ça.
11:31 C'est plus un sujet tabou.
11:33 Et t'as plus l'émotionnalité que tout le monde peut avoir en voyant des photos
11:37 ou en rencontrant un cadavre.
11:39 - Et les chirurgiens dentistes, ils bossent sur des têtes de cadavres très souvent ?
11:43 - Oui, pour s'entraîner.
11:44 - À la fac ?
11:45 - Oui, à la fac.
11:46 - Ah ouais ?
11:47 - Bien sûr.
11:48 - Et les orthopédistes, sur les genoux, sur les hanches, etc., sur des cadavres aussi.
11:51 - Vous avez déjà retrouvé des personnes mortes dans des situations improbables,
11:53 par exemple pendant une relation sexuelle ou un truc comme ça ?
11:55 - Oui, oui, oui.
11:56 - Ah ouais ?
11:57 - Oui.
11:58 Mais c'est pénible.
11:59 C'est un monsieur qui est en train de faire l'amour à sa femme,
12:02 et lui, il fait 130 kg, elle en fait toute mouillée 65,
12:05 et il meurt en train de commettre l'acte d'amour, tu vois ?
12:10 - Ah ouais ?
12:11 - Ouais.
12:12 Il meurt d'un infarct.
12:13 - Ah ouais ?
12:14 - Il y a un homme qui est en train de se mettre en dessous,
12:15 qui n'arrive pas à se dépêtrer, qui gueule mais on ne l'entend pas.
12:18 - Mais non.
12:19 - Il a fallu un jour et demi, je crois à peu près deux jours,
12:21 pour qu'on la retrouve.
12:22 C'est sa fille qui la retrouve.
12:23 - Non.
12:24 - Elle était dans un état de choc inouï, forcément.
12:25 - Oui.
12:26 - Elle était aussi en hypothermie parce que le corps au-dessus s'est mis à refroidir
12:29 et dans la pièce, il a fallu voir la fenêtre.
12:30 - Par rapport à cette histoire, quand on meurt, on devient rigide ?
12:35 - Oui.
12:36 - Est-ce que le pénis en érection reste...
12:38 - Non.
12:39 - Non.
12:40 - Ah ouais.
12:41 - Pour être rigide, il ne faut qu'une articulation.
12:43 - Bien sûr.
12:44 - Il faut qu'il y ait un os.
12:45 Et il n'y a pas d'os.
12:46 - Ah bah oui, il n'y a pas d'os.
12:47 - Donc non.
12:48 - À part moi, je m'en suis fait mettre un, un os de poulet.
12:49 Un os de poulet comme ça pour le fun.
12:53 - Un os de poulet.
12:54 - Est-ce que vous pouvez nous raconter l'histoire de la fille
12:57 qui voulait tuer son père mais qui n'a finalement pas réussi ?
13:00 - Un os de poulet.
13:01 - Ah oui, oui.
13:02 C'est une jeune fille qui arrive aussi en pleine nuit.
13:03 Elle prend le flingue de son père qui est dans un tiroir, elle sait où.
13:06 Et elle arrive dans un champ de son père, elle pense qu'il dort.
13:09 Et avec le flingue, elle le vise, elle tire, sans allumer,
13:12 il y a suffisamment de lumière qui vient de l'extérieur.
13:14 Elle tire et elle le touche autant de fois qu'il y a de munitions dans le flingue.
13:18 Elle dépose le flingue et elle s'en va.
13:20 - Ouais.
13:21 - On s'excile.
13:22 Dans l'enquête, très vite, on s'excile.
13:23 Et bon, j'arrive sur place et je dis à la magistrate, à la juge d'instruction,
13:28 je dis écoute, je vais l'emmener à la morgue.
13:30 De toute façon, on va faire l'autopsie, je ne vais pas l'examiner là, ça ne sert à rien.
13:33 Je ferai mieux en salle d'autopsie.
13:35 Et une fois que je commence l'autopsie, je me rends compte que les orifices d'entrée et de sortie,
13:38 quand il y en avait, n'étaient pas sanglants.
13:41 Ça veut dire que le type était déjà mort quand on lui a tiré dessus.
13:45 Et j'ai fait le tour comme ça de tous les orifices, j'ai fait évidemment l'autopsie complète.
13:49 Il y a deux balles qui ont traversé le cœur, donc normalement, il allait mourir.
13:53 Mais il était déjà mort avant.
13:55 Et c'est en ouvrant la tête que j'ai vu qu'il avait,
13:57 il était mort d'une hemorragie cérébrale pendant la nuit,
13:59 une rupture d'un névrisme cérébral pendant la nuit.
14:01 Donc la fille, elle est très méchante, elle veut être son père, ce n'est pas gentil.
14:04 Elle a un flingue, c'est ce qu'il faut.
14:06 Elle tire avec le flingue, elle touche le cœur, pas de problème.
14:09 Mais comme il était déjà mort, elle n'a pas pu le tuer.
14:11 Elle n'était donc pas condamnable de rien.
14:13 - C'est incroyable.
14:15 - Ah oui, c'est génial.
14:17 - Elle a hérité donc ?
14:19 - Et comme tu dis, exact, elle a pu hériter, effectivement, puisque le crime,
14:24 le crime ne l'est pas caractérisé.
14:26 - C'est incroyable.
14:28 - C'est quoi l'histoire de la momie ?
14:30 - Là, c'est un monsieur qu'on retrouve.
14:32 C'est une rue dans ma région, qui est la rue des prostituées.
14:36 - Ah oui, je vais souvent.
14:38 (Rires)
14:40 - Et dans cette rue-là, à l'entrée de la rue à droite,
14:42 il y avait une maison qui était à l'abandon,
14:44 qui appartenait à un type qui était un peu cinglé,
14:46 qui ne voulait voir personne, qui insultait les passants, etc.
14:48 Voilà, il n'était pas très agréable dans le quartier.
14:50 Il était connu comme tel.
14:52 Et puis on le voit disparaître et personne ne s'en inquiète.
14:54 Au contraire, on se dit, bon, débarras, il n'est plus là pour nous insulter.
14:56 C'est bon.
14:58 Et là, on voit un type qui vient au début de nuit.
15:00 Il faisait nuit, il faisait noir.
15:02 Il veut aller rencontrer ses dames et il a aussi envie de pisser.
15:06 Il rentre dans la maison, en question de se planquer un peu.
15:08 C'était devenu un squat, c'est devenu quelque chose d'immonde.
15:10 La porte était ouverte.
15:12 Il rentre et puis il se met un peu à l'écart,
15:14 à droite de la porte d'entrée, face à une autre porte qui est sur une pièce.
15:17 Et la pièce a des fenêtres qu'il donne sur l'extérieur avec,
15:20 tu vois, la lumière qui rentre, la lumière des réverbères qui rentre
15:22 et qui éclaire un peu la pièce.
15:24 Il se met à pisser et il voit le mort qui le regarde.
15:27 Et à ce moment-là, il s'est rendu compte que le type était mort.
15:29 On voit le mort qui le regarde.
15:31 Il a eu la truie de sa vie. Il est sorti de là en oubliant de se rhabiller.
15:34 À ce moment-là, il y a une communauté de police qui passe.
15:36 C'est pas une blague.
15:38 Qui l'arrête, qui dit "Monsieur, qu'est-ce qui vous arrive ? Rhabillez-vous d'abord."
15:41 Et il a expliqué qu'il y avait un mort dans la maison.
15:43 J'ai été voir. Je pense que le gars n'est plus jamais retourné aux putes de sa vie.
15:47 (Rires)
15:49 Sa vie vaccinée.
15:51 J'ai été voir le corps, moi.
15:53 Puis cette rue-là, je l'ai retournée beaucoup et même souvent.
15:57 Pas comme vous, Cyril, mais pour le boulot.
16:00 (Rires)
16:02 (Applaudissements)
16:08 Et là, j'examine le corps. Il est en état de momification.
16:11 Mais une traite, j'en ai jamais eu d'aussi belle.
16:13 C'est il y a 30 ans. Je la présente toujours au cours à mes étudiants.
16:16 Tellement cette momie est splendide.
16:19 Il a la tête un peu relevée. Il est appuyé sur une pile de bouquins.
16:21 Et il a le genou qui est fléchi, genou gauche, qui est appuyé, lui, reposé plutôt sur un seau.
16:27 Oui, mais un momifié, il est raide comme de la brique.
16:30 Si tu veux arriver à le déplier, il faut le scier.
16:33 Il est complètement déshydraté, en fait.
16:36 Et quand j'ai prévenu le Pompfeneub, j'ai oublié de le redire.
16:39 Donc, ils sont arrivés avec un corbillard avec des vitres.
16:42 Tu vois, il n'y a pas de rideau.
16:44 Et le cercueil de transport de cadavres, avec la jambe fléchie, on n'arrivait pas à le pousser dedans.
16:49 Donc, il a traversé toute la ville avec la jambe à la fenêtre.
16:52 Et il est arrivé à l'École de médecine légale.
16:55 Une dernière petite histoire, parce que c'est celle dont je vous parle depuis tout à l'heure.
17:01 C'est l'histoire de l'héritière.
17:03 Une brave dame a une tante à héritage.
17:08 Et sa tante met du temps à mourir.
17:11 En tout cas, trop long pour elle.
17:13 Alors, on commence l'histoire. C'est un petit monsieur qui promène son chien.
17:16 Il le balade. Il croise la nièce qui sort de chez la tante.
17:19 Il lui dit bonjour. Ils se connaissent. Ils habitent la même rue, tous.
17:22 Il continue son chemin. Mais tu ne sauras pas faire dans ce quartier-là.
17:25 Il n'est pas en moyen de faire un cercle. Il est obligé de faire demi-tour, de repasser devant la maison.
17:29 Et quand il repasse devant la maison de la tante, il voit qu'il y a de la fumée qui sort en dessous de la porte.
17:32 Il rentre chez lui. C'était à l'époque où il n'y avait pas les GSM encore.
17:35 Il y a 30 ans, quoi. Toute l'histoire que je raconte, c'est ancienne, hein.
17:38 Il rentre chez lui. Il laisse son chien. Il téléphone aux pompiers.
17:41 Ils arrivent. Et les pompiers, quand ils arrivent, défoncent la porte.
17:44 Il y a plein de fumée. Et ils massacrent tout.
17:47 Et les pompiers, c'est terrible. Ils sont efficaces, ces gens-là.
17:50 Tu as de l'eau partout, dans tous les coins.
17:53 Et quand j'arrive, la dame est assise dans un fauteuil. Et c'est le fauteuil qui a pris feu.
17:56 Mais doucement. Il s'est consumé lentement. Donc il a fait beaucoup de fumée.
17:59 C'est typique. Ce n'est pas des flammes, quoi. C'est énormément de fumée.
18:02 Et quand j'examine la dame, je me rends compte qu'elle a des coups ici sur le crâne.
18:07 Et que, ben, il va s'agir de l'autopsie.
18:11 Parce que les coups sur la tête, alors que rien n'est tombé du plafond.
18:14 Dans les incendies, ça arrive. Mais il faut que l'incendie aille plus loin.
18:17 Là, on n'a pas eu le temps. Et donc, je l'ai fait transporter à la médecine légale.
18:20 Et je me suis rendu compte que les coups, c'était dû à un objet contondant.
18:23 Donc je suis retourné sur place. Et sur place, j'ai découvert ce qu'on appelle un attendrisseur de viande.
18:28 C'est un espèce de marteau. C'est un manche en bois.
18:32 Et puis une structure carrée. C'est un vrai carré, là-dessus.
18:35 Et t'as des faces qui sont creusées, d'autres qui sont en forme.
18:38 Et avec ça, la nièce a tapé sur la tête de sa tante.
18:42 Je me suis dit, bon, ça y est, c'est bon, j'ai la cause de décès.
18:44 Elle est morte quand elle a mis le feu, quoi.
18:46 J'ai continué l'autopsie, maintenant que j'avais l'objet.
18:49 Et il y avait dans le cou, ici, des traces de strangulation.
18:51 Mais les strangulations, il faut savoir les faire. C'est pas évident.
18:53 Et strangler quelqu'un, c'est pas simple.
18:55 Il faut avoir la technique. Et elle n'avait pas la technique, visiblement, parce que ça n'a pas marché.
18:59 Je me suis dit, bon, allez, là, on a deux moyens de la tuer.
19:02 Et là, c'est bon. Quand la nièce a mis le feu, la tante était déjà morte.
19:06 Eh bien, pas du tout. J'ai trouvé de la fumée dans le vent respiratoire de la tante,
19:09 ce qui prouve qu'elle a même respiré.
19:11 Mais comme elle n'a pas bougé du fauteuil alors qu'il était en train de prendre feu,
19:14 c'est qu'elle était assommée.
19:15 Donc j'ai pu refaire une succession dans les coups qui ont été donnés
19:18 et expliquer aussi combien de temps elle avait mis pour mourir
19:21 grâce au fait que la nièce avait mis le feu.
19:23 Tout ça a passé en cours d'assises.
19:25 Et la nièce a été condamnée alors qu'elle a toujours nié.
19:27 Mais on l'a vue sortir de la maison de sa tante juste avant que la sandine prenne.
19:31 Elle était cuite, si j'ose dire.
19:33 – Exactement. Merci Philippe Boxo et les livres de Philippe Boxo.
19:36 Incroyable. Allez-y, il y en a plein.
19:38 Et c'est toujours un bonheur. Merci beaucoup.
19:40 Philippe, venez nous voir quand vous voulez. On adore.
19:42 – Avec plaisir. – Je vous souhaite le bienvenu dans un instant.
19:43 [Musique]

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