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Alles s'appellent Amendine, Léna et Chloé et leur point commun : elles font partie de la famille le Pen. Sauf que ces jeunes femmes n'existent pas...

Retrouvez la chronique "Veille Sanitaire" de Manon Mariani sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/veille-sanitaire

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Amusant
Transcription
00:00 Alors, je vous pardonne, Manon Dautan, qui s'en est passée de belles sur les réseaux ce week-end,
00:03 notamment de drôles d'influenceuses qui ont fait le buzz.
00:06 Elles s'appellent Amandine, Lena et Chloé.
00:08 Elles sont suivies par des dizaines de milliers de personnes sur TikTok.
00:11 Et elles ont un point commun, elles font partie de la famille Le Pen.
00:15 Deux se présentent comme les nièces de Marine Le Pen et l'autre comme la sœur de Marion Maréchal.
00:19 Physiquement, la ressemblance est troublante, longue chevelure blonde, traits de visage similaire.
00:25 Et sur le plan des idées, c'est pareil.
00:27 Les jeunes Le Pen prônent les valeurs du RN dans leurs vidéos, avec des drapeaux français
00:30 mis un peu partout et des messages sans équivoque.
00:33 Je vous en lis un, écrit par Chloé Le Pen.
00:35 « Quand tu te balades à Paris et que tu vois plus de voile que de baguettes de pain ».
00:39 Sauf que ces jeunes femmes n'existent pas.
00:42 Car ce sont en réalité des deepfakes, des images créées de toute pièce à l'aide de l'intelligence artificielle.
00:47 Ce week-end, sur X, leurs vidéos ont été partagées par plusieurs comptes qui ont démasqué cette arnaque.
00:52 Personnellement, quand je suis tombée dessus, j'ai d'abord cru que c'était de vraies personnes.
00:55 Et puis, les médias se sont emparés du dossier et ont eux aussi dénoncé ces fakes influenceuses d'extrême droite.
01:01 Depuis, leurs comptes sont introuvables, TikTok les a manifestement supprimés.
01:05 Ce qui est plutôt une bonne nouvelle, Manon !
01:06 Oui, mais bon, ça a quand même été long.
01:08 Car l'application a attendu que ces vidéos fassent du bruit avant de les supprimer.
01:12 Alors que ça faisait quand même plusieurs semaines que les comptes en question existaient.
01:15 Ça en dit long sur son implication concernant cette technologie.
01:18 Je précise que selon les conditions d'utilisation de l'application, les deepfakes politiques
01:23 sont normalement interdits.
01:25 TikTok a durci ses règles en vue des élections présidentielles américaines,
01:29 qui ont lieu en novembre prochain, pour éviter la désinformation.
01:32 Mais chez nous, c'est pareil.
01:34 Il faut être très vigilant car les élections européennes arrivent début juin.
01:37 C'est pour ça que les deepfakes des jeunes lupines ont autant d'importance.
01:41 Car en plus de propager l'idéologie du RN, elles sont surtout là pour soutenir
01:45 le candidat aux élections européennes, Jordan Bardella.
01:48 Le choix de le faire sur TikTok n'est d'ailleurs pas anodin, car Jordan Bardella
01:52 est l'un des politiques qui maîtrise le plus les codes de l'application aujourd'hui.
01:56 Il est suivi par plus d'un million de personnes et il fait partie de cette génération de
02:00 politiques ultra-connectées qui sait faire de la communication sur les réseaux sociaux.
02:05 Il a d'ailleurs parlé des deepfakes ce week-end en disant qu'il fallait réfléchir
02:08 à une législation pour les encadrer.
02:10 Le timing est plutôt bien calculé de sa part, car ça le dédouane d'une certaine
02:14 manière d'avoir quelque chose à voir de près ou de loin avec les faux comptes des jeunes lupines.
02:18 Et on sait qui a créé ces comptes de deepfake ?
02:20 Alors non, le président du RN a assuré qu'il n'avait rien à voir là-dedans.
02:24 BFM a réussi à contacter l'un des auteurs ce matin qui s'est défendu en disant, je cite
02:29 « ça n'avait rien de politique, voyez cela comme une expérience sociale pour démontrer
02:33 les dangers de la désinformation et des deepfakes ». Bon, une justification tout de même un
02:37 peu bancale disons-le, car la plupart des gens ont cru à ces deepfakes et le mal est donc fait.
02:42 Et dites-moi, ça relance évidemment le débat sur l'IA ?
02:45 Exactement, d'autant qu'on a eu un autre exemple ce week-end, cette fois ça concerne
02:50 la candidate pour la liste écologie au centre, Juliette de Caussand.
02:54 Elle a dévoilé son affiche de campagne sur les réseaux et oh surprise, son visage n'est
02:59 plus du tout le même.
03:00 Il apparaît beaucoup plus fin, son sourire plus bright, sa peau plus lisse et sa poitrine
03:04 a triplé de volume.
03:05 Une photo générée à l'aide d'une IA, mais directement par la candidate.
03:10 D'ailleurs, elle l'assume puisqu'elle dit qu'elle l'a fait pour faire connaître
03:13 sa liste.
03:14 Résultat, son affiche a été partagée des centaines de fois sur X, pour se moquer d'elle
03:18 certes, mais elle a quand même réussi son objectif, faire parler d'elle.
03:22 Le point commun entre ces deux histoires, c'est qu'encore une fois, ce sont les
03:25 femmes qui sont au centre de ces deepfakes.
03:27 Le but est d'attirer le public avec un joli physique et une hyper-sexualisation des corps.
03:32 Avec de fausses influenceuses RN qui surfent sur le sexisme ambiante et complexé sur les
03:36 réseaux pour faire des vues.
03:37 Comme avec Juliette de Caussand qui utilise une méthode plus pernicieuse, car ça vient
03:42 d'elle-même.
03:43 Elle se sexualise elle-même pour gagner en notoriété et c'est quand même assez triste
03:46 d'en arriver là.
03:47 Dans une époque et dans un contexte où l'IA prend de plus en plus de place, il faut que
03:51 les politiques fassent très attention à l'utilisation qu'ils en font et surtout
03:55 au message que ça véhicule.
03:56 Il va falloir rester très vigilant ces prochaines semaines.
03:59 Mais je compte rester très très vigilant.

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