• il y a 6 mois
Jean-Baptiste Marteau reçoit Marie Guévenoux, ministre déléguée chargée des Outre-Mer, sur le plateau des 4 vérités.

Category

📺
TV
Transcription
00:00 [Musique]
00:02 Bonjour Marie Guivenoux.
00:03 Bonjour Jean-Baptiste Marteau.
00:04 Merci d'être avec nous dans les 4V sur France 2.
00:06 Vous venez donc nous parler d'abord de la sécurité à Mayotte ce matin.
00:09 Un premier volet de l'opération One Bushu avait été lancé il y a un an,
00:12 en avril 2023, pour lutter contre l'immigration illégale, irrégulière,
00:16 la délinquance, l'habitat illégal également à Mayotte.
00:19 A priori, depuis quelques minutes, en tout cas dans les heures qui viennent,
00:22 une deuxième opération devrait être lancée, ce que vous nous confirmez ce matin.
00:26 Tout à fait, depuis ce matin dès l'aube à Mayotte,
00:30 deux opérations, une de police et une de gendarmerie,
00:33 a lieu sur le terrain dans deux points différents de l'île,
00:36 pour à la fois lutter contre l'habitat insalubre,
00:39 pour trouver les chefs de bande,
00:41 et pour lutter contre l'immigration clandestine.
00:44 Elle a commencé, parce qu'effectivement certaines personnes sur place
00:46 nous disaient qu'il n'y avait peut-être pas assez de force de sécurité
00:48 justement pour assurer le début de cette opération.
00:50 Cette opération a commencé ce matin, comme je vous le disais.
00:52 Ce matin, il y a 400 policiers et gendarmes sur le terrain,
00:56 sur les deux points que je vous ai indiqués.
00:58 Et pendant l'ensemble de l'opération, qui va durer 11 semaines,
01:01 c'est-à-dire jusqu'à fin juin,
01:03 il y a 1 700 effectifs de police et de gendarmerie,
01:06 et aussi de militaires, qui seront concentrés à Mayotte,
01:09 sur cette opération Mayotte Place Nette.
01:11 Donc Place Nette, c'est le nom de cette opération,
01:13 c'est qui reprend aussi ce qui avait été lancé dans d'autres villes,
01:16 Place Nette et XXL.
01:18 Pourquoi reprendre ce terme ?
01:20 Pour montrer effectivement l'objectif que vous voulez atteindre ?
01:22 D'abord, il faut montrer que Mayotte, c'est la République.
01:24 Je pense que c'est ça le premier message.
01:27 Et puis le deuxième message, c'est que sur des opérations Place Nette,
01:30 ça apporte bien son nom, c'est-à-dire qu'on vise des publics extrêmement ciblés.
01:34 On a déterminé 60 objectifs prioritaires,
01:37 c'est-à-dire les 60 individus les plus dangereux,
01:41 se livrant au trafic les plus graves,
01:43 qui sont visés par cette opération Place Nette.
01:46 Et puis Place Nette, ça veut dire aussi la destruction de l'habitat insalubre,
01:50 des bidonvilles pour être très clair,
01:52 au nombre de 1300 qui sont visés par cette opération,
01:54 donc 1300 habitats qui vont être détruits.
01:56 Alors, quels sont les principales différences justement
01:58 avec cette opération Wambushu de l'année dernière ?
02:00 Est-ce que vous avez des objectifs assez différents ?
02:02 Oui, les objectifs au fond sont les mêmes,
02:05 c'est-à-dire lutte contre l'immigration clandestine,
02:07 lutte contre les chefs de bande, lutte contre l'habitat insalubre.
02:11 Mais on a tiré des enseignements très précis de l'opération de l'année dernière
02:15 et donc on arrive à cibler beaucoup plus précisément.
02:17 Quand je vous disais qu'on vise 60 chefs de bande,
02:20 je pense que d'abord ce sera un minimum,
02:21 mais on a surtout fait en sorte d'avoir une espèce de fiche d'identité
02:25 de chacun de ces profits,
02:26 c'est-à-dire que les gendarmes et les policiers,
02:28 quand ils vont intervenir sur place ce matin
02:30 et dans les 11 semaines qui viennent,
02:32 ils ont vraiment des fiches avec des individus ciblés
02:35 qu'ils recherchent en particulier.
02:36 Et comme lors de la première opération l'année dernière,
02:38 effectivement, l'État joue la transparence,
02:40 vous avez même des chiffres très précis,
02:42 vous nous dites des chefs de bande qui ont été identifiés,
02:44 mais les résultats l'année dernière avaient été plutôt limités.
02:47 Est-ce que vous espérez plus de résultats
02:49 et comment vous pourriez avoir plus de résultats cette année ?
02:51 Je ne sais pas si on peut dire que les résultats avaient été limités l'année dernière.
02:54 Ce qui est vrai, c'est que l'opération avait été interrompue
02:56 parce qu'il y avait eu les émeutes en Hexagone
02:58 qui avaient obligé nos forces de l'ordre à repartir en Hexagone prêter renfort.
03:03 Mais on avait eu l'année dernière 700 bangas détruits
03:07 et un certain nombre d'autres éléments ciblés type 60,
03:11 aussi individus qui avaient été arrêtés.
03:13 Cette année, ce que l'on veut faire,
03:15 c'est 60 chefs de bande, encore une fois, très précisément ciblés, arrêtés,
03:20 et 1 300 bangas démantelés,
03:22 c'est-à-dire deux fois plus que l'opération de l'année dernière.
03:26 Ça, c'est pour la sécurité, Marie-Guevenou.
03:27 Les premières opérations avaient été compliquées
03:29 d'un point de vue de l'immigration illégale par le refus des Comores,
03:31 notamment d'accueillir ces ressortissants qui étaient expulsés de Mayotte.
03:34 La France avait dû faire pression en menaçant notamment
03:36 de suspendre les aides au développement qu'elle verse aux Comores.
03:38 Est-ce que le dialogue s'est amélioré avec les Comores ?
03:40 Est-ce que ça pourrait mieux se passer cette fois-ci ?
03:42 On a un dialogue exigeant avec les Comores.
03:44 Moi, j'observe que depuis 4 ans, on a réussi à faire en sorte
03:47 d'expulser sur l'ensemble des pays d'origine,
03:49 ça ne s'agit pas que des Comores,
03:51 110 000 étrangers en situation irrégulière.
03:54 Depuis Mayotte.
03:55 Depuis Mayotte, c'est-à-dire un tiers de la population mahoraise
03:58 qui ont été expulsés sur les 4 dernières années.
04:00 Peut-être dire que l'opération Place Nette, aujourd'hui,
04:03 elle est aussi renforcée par un dispositif
04:06 visant à renforcer notre lutte contre l'immigration.
04:09 Un, un avion civil qui survolera l'ensemble du territoire
04:15 pour justement s'assurer des mouvements de bateaux
04:18 qui peuvent entourer l'île.
04:20 Pendant toute cette opération ?
04:21 Pendant cette opération.
04:22 Deuxième point, un bâtiment hauteurier
04:25 qui sera placé sur le canal du Mozambique
04:27 et qui coupera la voie migratoire vers les pays des Grands Lacs
04:31 qui, comme vous le savez, sont venus récemment à Mayotte
04:35 et ont provoqué un certain nombre de troubles.
04:37 Trois, des vedettes, deux vedettes militaires,
04:40 et je remercie le concours du ministère des Armées
04:42 pour cette opération,
04:43 deux vedettes qui procéderont à des interpellations en mer.
04:47 Et enfin, des brigades terrestres,
04:49 donc des mouvements de troupes terrestres
04:51 visant à aller sur les points de beachage,
04:54 des points d'accostage pour lutter contre l'immigration clandestine.
04:57 Marie Gueveneau, la question de Mayotte
04:58 avait remis sur le devant de la scène la question du droit du sol.
05:00 Gérald Darmanin, sur place en février dernier,
05:02 avait annoncé que le chef de l'État, notamment,
05:04 voulait réviser la Constitution d'ici l'été
05:07 pour supprimer le droit du sol dans ce département ultramarin
05:09 pour, je cite, "qu'il ne soit plus possible de devenir français
05:12 si l'on n'est pas soi-même enfant de parents français".
05:15 Est-ce que ce projet est toujours à l'ordre du jour ?
05:17 Ce projet est toujours à l'ordre du jour.
05:18 En deux mois, je me suis rendu trois fois à Mayotte,
05:21 et la dernière fois notamment pour rencontrer les élus,
05:24 donc la semaine dernière, il y a dix jours exactement,
05:27 pour rencontrer les élus et faire en sorte justement
05:29 d'avancer sur ces projets de loi.
05:30 Ces projets de loi, ils disent quoi ?
05:31 Aujourd'hui, quand vous naissez à Mayotte,
05:34 y compris si vous êtes de parents étrangers
05:37 en situation irrégulière,
05:39 vous pouvez acquérir la nationalité française
05:41 à partir de 13 ans.
05:43 Et à partir de là, vos parents, votre famille,
05:46 peuvent bénéficier de titres de séjour
05:48 liés à leur vie familiale.
05:50 C'est ce qui était décidé en 2008.
05:52 Maintenant, vous voulez le restreindre encore un peu plus.
05:54 On veut faire en sorte que ce mécanisme
05:56 que je viens de vous décrire ne soit plus possible.
05:59 Pourquoi ? Parce qu'aujourd'hui,
06:01 sur les 13 600 titres de séjour délivrés par an à Mayotte,
06:05 il y en a 85% qui sont du fait du mécanisme
06:10 que je viens de vous décrire,
06:11 donc de la vie familiale,
06:12 du fait d'être un parent d'un enfant français.
06:15 Et donc nous, ce que nous voulons,
06:16 c'est couper cette attractivité du titre de séjour
06:19 et de la nationalité à Mayotte.
06:21 Mais faut-il effectivement réviser la Constitution
06:23 ou peut-être, comme le propose le député de la majorité,
06:25 Guillaume Vulté, de restreindre de manière temporaire ce droit du sol ?
06:29 Ce serait une loi de l'Assemblée nationale
06:31 qui le suspend, on va dire, ce droit du sol
06:34 pour quelques mois ou quelques années.
06:35 J'élus de la tribune de Guillaume Vulté,
06:37 elle comporte beaucoup de choses qui sont exactes et que je partage.
06:41 En revanche, sur l'abrogation du droit du sol,
06:44 ce que considère le gouvernement,
06:46 c'est qu'il faut un signal très clair et très ferme
06:48 envoyé au pays de la zone.
06:50 Et au fond, ce que nous proposons,
06:52 c'est bien une abrogation du droit du sol
06:54 par la réforme de la loi constitutionnelle
06:56 de façon à ce que cette loi soit pérenne dans le temps.
06:59 Le risque d'un débat constitutionnel,
07:00 c'est que la droite et l'extrême droite voudraient aller plus loin,
07:03 notamment restreindre le droit du sol
07:04 ou le supprimer même pour l'ensemble du territoire français
07:07 et pas seulement à Mayotte.
07:08 Vous êtes prêts à ce débat-là ?
07:10 Je sais que les oppositions vont vouloir
07:13 instrumentaliser le débat de Mayotte.
07:15 Moi, ce que je dis et ce que dit le gouvernement,
07:17 c'est que Mayotte vit une crise exceptionnelle
07:20 et que face à cette crise exceptionnelle,
07:22 nous sommes prêts à donner des moyens exceptionnels
07:26 et à utiliser des moyens exceptionnels
07:27 qui sont l'abrogation du droit du sol.
07:30 En revanche, on ne veut pas que Mayotte soit instrumentalisée
07:33 par ceux qui veulent le droit du sol partout,
07:35 comme le Rassemblement national,
07:36 ou par ceux qui veulent le droit du sol nulle part,
07:38 la fin du droit du sol nulle part, comme la NUPES.
07:40 L'insécurité ou l'immigration illégale
07:42 ne sont pas les seuls problèmes auxquels Mayotte doit faire face.
07:44 L'agence régionale de santé de Mayotte a publié un bulletin
07:46 sur l'évolution du choléra sur l'île.
07:49 Mayotte compte désormais 10 cas identifiés
07:51 depuis le début de l'épidémie.
07:53 Est-ce que c'est inquiétant ?
07:54 Évidemment, c'est une situation épidémique
07:56 que nous suivons tous les jours.
07:59 La réalité, c'est qu'elle a commencé au large des Comores
08:02 et qu'on a vu les cas venir à Mayotte.
08:05 Ils sont aujourd'hui très clairement identifiés, isolés.
08:09 Les personnes qui ont été au contact sont vaccinées.
08:14 Cette chaîne-là est vraiment bien prise en charge
08:16 par les ARS et bien suie.
08:17 Il n'y a pas de risque d'épidémie qui soit incontrôlée à Mayotte
08:20 dans les semaines et les mois qui viennent ?
08:22 Il y a toujours un risque.
08:23 Le risque est extrêmement limité dans le sens
08:26 où l'ensemble des services de l'État suivent l'ensemble des cas.
08:29 Pour l'instant, rien n'a échappé à leur contrôle.
08:31 Marie Guevenoux, ministre déléguée chargée des Outre-mer,
08:33 était l'invitée des 4V et nous a annoncé ce matin
08:35 le lancement de cette opération Place Nette à Mayotte
08:38 depuis les premières heures du jour.
08:40 C'est ce que vous nous disiez tout à l'heure.
08:41 Merci Marie Guevenoux, bonne journée.
08:42 Merci Jean-Baptiste Marteau.
08:43 Merci à tous les deux. Merci également à nous.

Recommandations