Pourquoi l'état des routes se dégrade? BFMTV répond à vos questions

  • il y a 6 mois
Jeanne Daudet répond à vos questions sur BFMTV et RMC.

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Transcription
00:00 Et on commence avec un problème que l'on a tous connu, l'état des routes.
00:03 Oui, effectivement. Qui n'a jamais évité au dernier moment un nid de poule sur la route ?
00:07 Que ce soit en vélo, en scooter, en voiture ou alors pour vous Maxime, en trottinette.
00:10 Ce problème est récurrent sur les routes de France, souvent en mauvais état.
00:14 Une situation qui ne s'arrange pas avec le changement climatique.
00:18 Pour en parler avec nous, ce matin on accueille Pierre Lagache.
00:21 Bonjour, vous êtes le vice-président de la Ligue contre les violences routières.
00:25 Merci d'être avec nous.
00:26 En quoi cet état des routes, ces nids de poule notamment, peut être dangereux pour les usagers ?
00:32 Écoutez, déjà il faut regarder les chiffres.
00:35 Il est vrai que dans les statistiques de l'Observatoire national de la sécurité routière,
00:40 il y a dans 30% des accidents graves un facteur lié à la route qui est impliqué.
00:44 Pour autant, il faut quand même relativiser ce chiffre,
00:47 parce que dans les 30%, il n'y a pas que l'état de la chaussée,
00:51 il y a aussi tout ce qui se trouve aux abords de la chaussée,
00:54 ce qu'on appelle les obstacles latéraux, les arbres au bord des routes,
00:58 les murets, mais également les fossés ou les déclivités.
01:04 Donc 30% ça inclut tout ça.
01:08 Et puis, ce qu'on sait aussi, c'est que très souvent,
01:12 quand il y a un problème lié à la route, il y a aussi un problème de comportement,
01:15 puisque dans 90% des accidents graves, on a aussi une question de comportement.
01:20 Donc je tenais simplement à relativiser ce problème
01:23 par rapport à la question très précise de la sécurité routière.
01:26 Oui, l'état des routes est un sujet, mais il faut aussi relativiser
01:30 par rapport à ce qu'on observe concrètement sur le terrain,
01:33 c'est-à-dire d'abord un problème de comportement très souvent.
01:35 À qui la faute sur cet état des routes ?
01:37 Qui est responsable de la chaussée ?
01:40 C'est les communes, mais souvent elles manquent de moyens.
01:43 Oui, alors il y a une compétence très partagée aujourd'hui
01:46 qui a été plutôt finalement au profit de l'État,
01:51 puisque l'État depuis un certain nombre d'années s'est désengagé
01:55 de l'entretien des routes, avec notamment un repositionnement fort des départements.
02:01 Le réseau départemental aujourd'hui est important, il regroupe 40% du linéaire.
02:07 L'État aujourd'hui s'occupe de 2% du linéaire.
02:10 Alors c'est 19% du trafic, mais c'est quand même que 2% du linéaire.
02:14 Et puis on a les communes, effectivement, qui ont quasiment 60% du réseau à gérer.
02:21 Donc on voit bien que c'est une compétence partagée,
02:23 mais il y a besoin de coordination et de moyens, vous avez raison.
02:27 Et le rapport de la Cour des comptes pointe des défaillances à ce niveau-là.
02:31 Il y a besoin davantage de coordination, de suivi, mais aussi d'ingénierie.
02:36 Parce qu'entretenir des routes, ça suppose aussi un savoir-faire
02:40 et de l'ingénierie qui n'est pas toujours assez présente.
02:42 C'est ce que pointe en tout cas le rapport.
02:44 Justement, en parlant de savoir-faire, qu'est-ce que vous demandez,
02:47 notamment lorsqu'il s'agit de réparation des routes ?
02:50 On voit que certaines fois, il y a seulement des rustines, si je puis dire,
02:53 et le problème de fonds n'est pas réglé, et bien souvent le problème réapparaît.
02:57 Oui, alors si vous voulez, le problème en fait, il y a deux volets.
03:03 Il y a le problème de l'investissement, c'est-à-dire quel argent on est prêt à investir sur le sujet.
03:08 Parce qu'évidemment, plus on a de budget, plus on est en capacité d'entretenir de façon satisfaisante le réseau.
03:15 Mais il y a aussi la façon dont on gère les choses.
03:17 Très concrètement, ce qu'a pointé le rapport de la Cour des comptes,
03:22 c'est qu'il y a eu une espèce de relâchement sur l'entretien des routes,
03:25 notamment au niveau national, surtout au niveau national, durant ces dernières décennies,
03:30 qui fait qu'aujourd'hui, on est dans une situation où on a une dégradation,
03:34 puisque les routes qui mériteraient un entretien aujourd'hui,
03:39 on est passé de 49% du réseau à 59%.
03:43 Donc on voit bien qu'on a des marges de progrès.
03:47 La loi sur les nouvelles mobilités, il y a quelques années, a généré de nouveaux investissements.
03:54 Il faut savoir que depuis 2018, grosso modo, les budgets sont en hausse,
03:58 à peu près de 10% par an en hausse, sur l'entretien des routes.
04:02 Mais ça ne suffit pas à rattraper le retard, d'autant plus qu'on avait beaucoup de retard sur les ouvrages d'art,
04:07 donc les ponts, les murs de soutènement.
04:11 Donc la priorité est plutôt sur ces ouvrages d'art aujourd'hui,
04:14 et les routes, ça fuit derrière.
04:17 Ça arrive dans un second temps, et en tout cas, le message est passé.
04:20 Merci beaucoup, Pierre Lagache, pour toutes ces précisions, et donc cet investissement à faire sur les routes.

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