Entreprise : la "mesure d'impact" au cœur d'un sommet au CESE, pour repenser une entreprise plus sociale

  • il y a 5 mois
Jean-Marc Borello est une figure de l'économie sociale et solidaire. Fondateur et président du Groupe SOS, association spécialisée dans l'entrepreneuriat social qui fête cette année ces 40 ans d'existence. En 1984, l'association naît d'abord sous le nom de SOS Drogue International et cherche à venir en aide aux toxicomanes en pleines années sida en France. En 2024 le Groupe SOS compte 22 000 salariés, dans 50 pays. Il intervient dans les champs de la solidarité, de la jeunesse, de la santé et des seniors, avec de nombreux EPHAD.

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00:00 L'invité éco, Isabelle Raymond.
00:04 Bonsoir à toutes et à tous et bonsoir à vous Jean-Marc Borrello.
00:07 Vous êtes une figure de l'économie sociale et solidaire, fondateur et président du directoire du groupe SOS qui fête cette année ses 40 ans d'existence.
00:16 En 1984, vous créez d'abord une association d'aide aux toxicomanes, nous sommes en pleine année SIDA en France.
00:23 En 2024, le groupe SOS, ce sont 22 000 salariés dans 50 pays, vous intervenez dans les champs de la solidarité, de la jeunesse, de la santé et des seniors avec de nombreuses EHPAD.
00:33 Et demain, au conseil économique, social et environnemental à Paris, vous co-organisez un sommet qui sera inauguré par le Premier ministre Gabriel Attal.
00:42 Son nom, le sommet de la mesure d'impact, comment concrètement ça se mesure, l'impact réel de l'aide aux plus fragiles ?
00:51 La mesure de l'impact, c'est un sujet qui nous paraît essentiel depuis longtemps, depuis que nous considérons que les statuts ne faisant pas la vertu, il faut être capable de mesurer l'impact,
01:01 les impacts d'une entreprise, d'une administration, les impacts économiques, on sait le faire avec des bilans comptables depuis très longtemps.
01:09 Les bilans écologiques, on sait aussi mesurer les tonnes de CO2 et les instruments Progress et que ça fonctionne bien, que ça existe.
01:18 La mesure de l'impact social, c'est beaucoup plus complexe.
01:21 L'économie sociale et solidaire, ça existe depuis longtemps ?
01:24 L'économie sociale et solidaire, ça existe depuis plus d'un siècle et aujourd'hui c'est une part importante de l'économie et demain ce sera un modèle pour l'économie
01:32 et pas simplement une partie de l'économie. C'est-à-dire que mesurer à la fois les impacts économiques, les impacts écologiques et les impacts sociaux,
01:41 nous paraissent les externalités positives d'une entreprise, quelles qu'elles soient, que l'on doit mesurer pour être d'une part d'accord sur quels sont les critères qu'on va chercher,
01:51 donc la data, qu'est-ce qu'on repère dans la mise en place d'une politique sociale, quelles qu'elles soient, comment on les analyse et où en est-on par rapport à l'atteinte de l'objectif.
02:03 Il n'y a pas d'idéologie là-dedans, ça ne résout pas, ça permet d'éclairer avec un outil objectivé entre des chercheurs, des entreprises, des administrations publiques,
02:14 d'où la présence du Premier ministre et de 6 ou 7 ministres dans la journée, et des entreprises classiques puisque nous aurons 300 patrons qui viendront parler de la mesure de l'impact social ou sociétal dans leur entreprise en particulier.
02:26 Et pourquoi c'est si important, Jean-Marc Borrello, de créer un référentiel commun ?
02:31 Ça évite de s'envoyer au visage des idéologies sur ce qui est utile, inutile, superflu, ça permet de se mettre d'accord sur quel est l'objectif qu'on peut atteindre et comment on le mesure.
02:44 Alors donnez-nous quelques exemples, comment est-ce qu'on peut mesurer ?
02:47 Nous avons découvert il y a quelques années dans nos centres d'hébergement d'urgence, dans les centres d'SOS, que 30% de nos usagers étaient des anciens gosses de l'aide sociale à l'enfance.
02:57 Et comme on n'avait jamais mesuré l'efficience de l'aide sociale à l'enfance, même si aujourd'hui on en parle de plus en plus, une parlementaire est en mission sur ce thème,
03:07 on se dit que si pendant 15 ans on prend en charge des enfants, que les départements y consacrent beaucoup d'énergie et beaucoup d'argent,
03:15 et qu'un tiers d'entre eux se retrouvent à 18 ans et un jour dans des accueils d'hébergement d'urgence, c'est qu'on a loupé quelque chose.
03:22 Donc comment fait-on pour mesurer toutes ces politiques ? Comment fait-on pour vérifier si l'objectif a été atteint ?
03:29 Et comment fait-on pour les amplifier quand ça fonctionne et les supprimer lorsque ça ne fonctionne pas ?
03:34 Et c'était effectivement ma question suivante, est-ce qu'il faut créer un système de points, un système de bonus/malus, un index comme il en existe pour l'égalité professionnelle entre les hommes et les femmes ?
03:44 J'imagine que vous avez quelques idées.
03:46 Je crois qu'en tout cas à partir du moment où nous sommes d'accord sur les mesures que nous souhaitons faire, évidemment...
03:50 Alors déjà c'est une première étape.
03:51 C'est le premier sujet. Et d'accord ça veut dire d'accord entre chercheurs, nous sommes associés avec des universités, des grandes écoles, d'accord avec des entreprises,
03:59 parce que les entreprises ont des contingences qui sont les leurs...
04:02 Mais avec des entreprises lesquelles ? Avec celles de l'économie sociale et solidaire ?
04:05 Non, avec l'ensemble des entreprises, avec les pouvoirs publics, puisque évidemment dans les choses à évaluer il y a les politiques publiques,
04:12 et évidemment que les politiques publiques doivent être remises en question parce qu'elles doivent s'adapter au monde qui les entoure,
04:18 et avec le monde associatif qui en général gère ces politiques sociales.
04:22 Donc à partir du moment où l'ensemble de ces paramètres sont connus, ça permet de faire grandir ce qui fonctionne,
04:30 et sans doute de faire disparaître ce qui ne sert à rien.
04:33 Sauf que les entreprises elles ont déjà des obligations en la matière, ça s'appelle la RSE, la responsabilité sociale des entreprises.
04:39 Oui, la responsabilité sociale des entreprises aujourd'hui, elle dispose d'outils extrêmement performants sur l'économique et sur l'écologique.
04:46 Sauf que...
04:48 La marque est sociale dedans.
04:49 Oui, sociale ça veut dire les relations sociales, ça ne veut pas dire forcément l'impact social.
04:54 On ne peut pas mettre en place de politique de transformation écologique ambitieuse sans la participation des citoyens et des plus précaires.
05:02 L'excellente idée qui correspondrait à dire on met des portiques pour vérifier les allées et venues des camions sur les routes de France,
05:09 ça se transforme en Béret Rouge.
05:11 L'idée selon laquelle il suffit d'augmenter le prix du diesel pour que les véhicules deviennent Montpellier-Lorient, ça donne les Gilets jaunes.
05:18 Donc encore une fois, il n'y a pas de logique économique, il n'y a pas de transition écologique, s'il n'y a pas une évaluation de l'impact social.
05:27 On ne change pas le monde sans ses habitants.
05:30 Alors dernière question d'actualité, Jean-Marc Bérelot, vous êtes, je rappelle, au bureau exécutif d'En Marche.
05:35 Vous savez que le gouvernement est à la recherche d'économies, 10 milliards supplémentaires à trouver pour cette année
05:40 et en parallèle un projet de durcissement des règles de l'assurance chômage. Qu'est-ce que vous en pensez ?
05:46 Encore une fois, si l'idée c'est de dire privilégions ce qui permet le retour à l'emploi plus rapidement pour les seniors,
05:54 pour ceux qui sont plus en difficulté, pourquoi pas ?
05:57 Le sujet n'est pas de dire mettons un coup de rabot sur les dépenses publiques, il y a des dépenses qui sont de l'investissement pour l'avenir.
06:04 Éduquer un enfant, c'est une dépense et un formidable investissement.
06:08 Ne pas l'éduquer, c'est une économie qui coûte beaucoup plus cher.
06:12 Donc encore une fois, quelles que soient les politiques, y compris les politiques sociales,
06:16 mesurons l'impact et sachons faire la différence entre les investissements sociaux qui rapportent à l'ensemble de la société
06:24 et qui permettent l'épanouissement individuel et les coups de rabot qui, à certains moments, peuvent empirer la situation des deux.
06:30 Et donc c'est un coup de rabot ?
06:32 Et donc nous verrons bien puisque je ne connais pas l'issue des débats,
06:35 mais je fais confiance par ailleurs aux gens qui réfléchissent autour de ces sujets.
06:39 Merci beaucoup Jean-Marc Borrello, fondateur et président du directeur du groupe SOS.
06:43 Vous étiez l'invité éco de France Info ce soir.
06:46 Merci, bonsoir.

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