• il y a 6 mois
Notre concentration diminue. En 20 ans, selon une étude américaine, elle serait passée de deux minutes et demi à 47 secondes. Les smartphones seraient en partie responsables à cause de la dopamine que certaines applications nous procurent. L'hormone du plaisir à laquelle beaucoup sont accros. Il est même désormais possible d'écouter un podcast ou une chanson comme le dernier titre d'Ariane Grande " Sped up" en version accélérée. Le conseil des psychologues: lâcher son téléphone de temps en temps pour éviter que cela ait un impact sur notre santé mentale.

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Transcription
00:00 7h20, retour sur le plateau de première édition.
00:01 Tiens, petit tour de table.
00:03 Est-ce que vous parvenez à vous concentrer,
00:04 et d'ailleurs plus exactement,
00:05 est-ce que vous constatez
00:07 que votre capacité à vous concentrer baisse ?
00:10 Marie ?
00:11 Ah oui, énormément.
00:12 À cause de quoi ?
00:13 Attends, j'ai un téléphone !
00:15 C'est un vrai phénomène, n'est-ce pas ?
00:17 Voilà, c'est Johanna qui nous accompagne ce matin.
00:19 Oui, tout à fait.
00:20 On peut l'évaluer ?
00:20 Oui, tout à fait.
00:21 Il y a une étude américaine qui a travaillé dessus.
00:23 En 20 ans, on est passé de 2 minutes et demie de concentration
00:26 sur un réseau social à 47 secondes aujourd'hui.
00:29 Même sur des vidéos très courtes.
00:30 Sur des vidéos, exactement.
00:32 Et c'est pour ça que l'industrie de l'image,
00:33 vous allez voir, s'est adaptée à ce phénomène
00:36 pour finalement nous cibler encore mieux.
00:38 Reportage Marion Russel, Audrey Halos, Benjamin Bertheau.
00:41 Lorsque vous n'êtes pas enfermé dans une salle obscure,
00:45 arrivez-vous à regarder un film de plus de 2 heures
00:47 sans rien faire d'autre à côté ?
00:49 Non.
00:49 Non, moi j'ai du mal, ouais.
00:50 Moi je dessine et je regarde mes films
00:52 ou j'écoute quelque chose.
00:53 Je ne regarde pas trop de films,
00:54 tout seul, parce que je trouve que c'est trop long.
00:56 Si vous aussi, un film de 2 heures vous effraie,
00:58 vous n'êtes pas seul.
01:00 Et pour de nombreux psychologues,
01:01 le coupable
01:04 est dans votre poche.
01:05 On sait aujourd'hui effectivement qu'a priori,
01:07 les téléphones et les nombreuses applications
01:08 nous envoient de la dopamine.
01:10 Et finalement, cette petite fenêtre de téléphone,
01:13 bien plus qu'un film de 2 heures,
01:14 nous envoie plein de pliques, pliques, pliques, pliques
01:17 de bien-être.
01:18 Et en fait, tout le monde y est un peu accro.
01:19 Et les contenus que nous consommons s'adaptent ?
01:22 Sur TikTok, des vidéos accélèrent des chansons célèbres
01:25 et font des millions de vues.
01:26 Ils rentrent au bout de la nuit
01:30 Les évènements de ces vies.
01:33 Vous pouvez écouter vos podcasts favoris
01:35 au double de leur vitesse.
01:36 On en rajoute encore une.
01:38 Et même les artistes s'y mettent.
01:40 Le dernier single d'Ariana Grande est vendu,
01:42 accompagné de sa version accélérée.
01:45 Pour retrouver du temps d'attention,
01:46 les psychologues que nous avons interrogés
01:48 conseillent de lâcher votre téléphone de temps en temps.
01:51 Oui, sauf que Johanna, ça c'est impossible.
01:53 On voit bien qu'on n'y arrive plus.
01:55 C'est très difficile de lâcher son téléphone.
01:56 Il y a quasiment une discipline à reprendre.
01:59 Et tout est fait pour qu'on reste accro à ce téléphone.
02:01 Il y a une tendance en plus,
02:03 et on l'a vu un petit peu dans votre vidéo,
02:04 c'est le speed watching.
02:05 C'est-à-dire que les réseaux sociaux ont compris
02:07 que maintenant, on reste concentré 40 secondes,
02:10 50 secondes maximum.
02:11 Donc, il y a une option sur YouTube,
02:14 sur TikTok, sur Instagram,
02:15 pour regarder les vidéos plus vite.
02:17 On fait fois un, fois une et demie, fois deux.
02:18 Et on regarde la vidéo en accéléré.
02:20 Mais la musique, c'est totalement dénaturé, Philippe.
02:23 Philippe, c'est un vrai phénomène, ça.
02:24 Oui, c'est un vrai phénomène
02:25 qui inquiète d'ailleurs un peu certains artistes.
02:27 Moi, justement, on avait "Les démons de minuit".
02:28 J'en avais discuté un peu.
02:29 Ils ont fait des versions accélérées.
02:31 Et les artistes disaient,
02:32 "Quand même, ce n'est pas vraiment notre travail."
02:33 Mais comment continuer d'apprécier l'art,
02:37 d'apprécier un film,
02:38 en le regardant à toute vitesse ?
02:40 Mais en fait, là, le sujet,
02:41 et c'est tout l'enjeu,
02:43 et c'est tout ce qui fait peur,
02:44 c'est que l'idée, ce n'est plus de se concentrer,
02:46 ce n'est plus d'apprendre,
02:47 ce n'est plus d'apprécier un contenu,
02:49 c'est de consommer.
02:50 - Et il y a des conséquences sur la santé mentale.
02:52 Est-ce que vous connaissez l'expression FOMO ?
02:55 Fear of missing out.
02:56 C'est-à-dire qu'on va sur les réseaux sociaux
02:58 juste parce qu'on a peur,
02:59 soit qu'on nous oublie,
03:00 soit de louper une information.
03:02 C'est dramatique.
03:03 On ne tolère plus la passivité,
03:05 une espèce d'intolérance à l'ennui.
03:08 Et puis surtout, scroller,
03:09 c'est-à-dire passer d'une image à une autre hyper rapidement,
03:11 on voit tous que ce n'est pas pour intégrer un contenu,
03:14 c'est juste quasiment un anxiolytique.
03:16 Donc, c'est de là que vient, possiblement,
03:18 une addiction aux réseaux sociaux.
03:19 - Et on ne peut plus faire une seule chose à la fois.
03:21 - Voilà, exactement.
03:22 Ça s'appelle le multitasking.
03:24 Et moi, je l'ai ce problème-là.
03:25 - Tu es là chez tes enfants, tu veux dire ?
03:27 - Oui, voilà.
03:28 Ça ne me concerne pas du tout.
03:29 - Non mais si, ça nous concerne tous, la vérité.
03:31 - Oui, oui.
03:32 Ça veut dire qu'on est sur le réseau social,
03:33 en même temps, on regarde la télé,
03:35 on a son bouquin, on prend des notes,
03:36 on travaille et tout ça,
03:37 et on a la radio allumée.
03:39 - Je trouve que c'est très inquiétant
03:40 du point de vue politique.
03:42 Parce que cette économie de l'attention,
03:44 on essaie de retenir l'attention de l'internaute
03:46 ou de la personne qui regarde son téléphone,
03:48 pousse les producteurs de contenu
03:51 à faire des contenus de plus en plus spectaculaires,
03:53 de plus en plus percutants,
03:53 de plus en plus polarisants.
03:54 C'est-à-dire des choses qui choquent
03:56 et qu'on peut assimiler très vite,
03:57 sans remettre de la nuance,
03:58 sans remettre dans le contexte.
03:59 - Exactement.
04:00 Et Mathieu a raison, les réseaux sociaux,
04:01 ça, ils l'ont très bien compris.
04:02 Et leurs algorithmes, ils sont hyper puissants.
04:05 Imaginez un matin, vous vous réveillez,
04:06 vous n'êtes pas de très bonne humeur,
04:08 vous avez peur d'être malade.
04:09 Vous allez regarder une vidéo
04:10 qui concerne un trouble, une pathologie
04:13 ou quelqu'un qui souffre des mêmes complications que vous.
04:16 Eh bien, l'algorithme va faire
04:18 que vous n'allez recevoir que des images,
04:19 des images, des images sur ce sujet-là.
04:21 Et ça a un vrai impact sur l'humeur.
04:22 - Et ma marie, pardon ?
04:24 - J'ai l'impression aussi qu'elle a peur tout le temps
04:25 de perdre du temps.
04:26 Dès qu'on est quelque part et qu'on a un temps mort,
04:29 on va être sur son téléphone.
04:30 Et si le téléphone est éteint,
04:32 mince, j'ai l'impression de perdre du temps
04:33 parce que je ne fais rien.
04:33 Comme s'il fallait combler quelque chose.
04:35 - Oui, il y a ce besoin de combler un vide
04:37 parce que, comme je vous disais,
04:38 l'ennui, la passivité, ce n'est plus toléré.
04:41 Et puis, il y a ce côté un petit peu,
04:42 j'ai toujours quelque chose dans la main,
04:43 je suis toujours active.
04:45 - Moi, ce qui m'inquiète aussi,
04:46 c'est l'éducation de nos enfants.
04:48 Je ne sais pas si tu es une jeune fille dans mon entourage.
04:52 30 pages de lecture pendant les vacances.
04:55 Qu'est-ce que tu as retenu ?
04:56 Rien.
04:58 Rien.
04:58 - Oui, je sais.
05:00 - Comme si nous avions des trous au cerveau,
05:03 en fait, à des moments.
05:03 - Oui, mais vous savez que la concentration,
05:06 c'est un outil cognitif qui n'est pas...
05:08 - Ça se travaille.
05:09 - Exactement, ça se travaille.
05:10 - Ça se perd donc.
05:11 - Complètement.
05:12 C'est quelque chose qui s'entretient.
05:13 Réussir à lire un livre,
05:15 ce n'est pas seulement le lire,
05:16 c'est aussi le comprendre.
05:17 Pour ça, il faut avoir appris à s'isoler
05:19 et à s'être coupé de toutes les autres stimulations.
05:22 C'est un vrai apprentissage, une vraie acquisition.
05:25 - Il faut apprendre à s'ennuyer.
05:26 - Oui.
05:26 - Voilà que ça devient une bonne idée.
05:28 - Je dis ça aux gosses.

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