Interview ou reportage d'une émission cinéma produite par CANAL+ autour d'un film disponible sur CANAL+ ou sortant en salles, un événement ou une actualité du 7ème Art
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00:00 Ils alternent les seuls en scène et les plateaux de cinéma, ils sont deux visages contemporains
00:07 de l'humour made in France.
00:09 Le premier sort tout juste d'un succès à 2 millions d'entrées, Chasse gardée.
00:13 Le second fut révélé sur grand écran par l'Ascension, dans lequel il gravissait l'Everest
00:18 et par là même le cinéma français, puisqu'on le croise autant dans des comédies que des
00:22 films sociaux, comme Les femmes du square et Petits frères.
00:25 Akin Jemili et Ahmed Silla sont réunis pour Ici et là-bas, une comédie bien de son temps
00:30 où deux cousins éloignés vont devoir faire route ensemble dans une France des terroirs
00:34 où mieux vaut rire de tous les clichés.
00:36 Allo maman ? Je le connais pas le cousin, je pensais qu'il allait passer papier.
00:40 Cousin ! Toi t'es le fils d'Ousmane ? Beau fils !
00:42 Tu savais qu'il était blanc ? Je veux un passeport sénégalais moi.
00:47 Il est bien mignon avec ses histoires de passeport, en attendant moi je risque mon job.
00:50 Et c'est quoi ton job ? Je travaille chez Terroir de nos régions, je représente les
00:53 terrines, les foie gras, le bon pain, les spécialités françaises.
00:56 Ok on peut y aller ? C'est bon ? Je crois savoir, l'info m'est parvenue, que vous seriez
01:03 aussi potes dans la vie.
01:05 Lequel est le plus pote des deux d'ailleurs ? Moi je crois que je suis plus pote que lui.
01:09 Non mais c'est vrai.
01:10 C'est une très bonne question.
01:11 C'est une bonne question oui.
01:12 Moi je suis plus pote que lui et pote envers moi, parce que moi je prends des nouvelles.
01:15 C'est important cette histoire de pote parce que là vous venez parler d'un buddy movie,
01:19 c'est le genre, c'est-à-dire un film qui raconte l'histoire de deux personnages que
01:23 tout oppose ou que tout différencie mais qui finalement vont faire un bout de chemin ensemble.
01:28 C'est un genre qui a connu ses lettres de noblesse en France avec Francis Weber, Claude
01:32 Kennedy évidemment, de l'autre côté de l'Atlantique aussi évidemment.
01:35 Vous avez des références dans ce genre là vous ?
01:39 Bad Boys, j'aime beaucoup, moi Martin Lawrence et Will Smith, Le Chant Sénégal avec Danny
01:44 DeVito.
01:45 Les Jumeaux.
01:46 Ah Les Jumeaux, extraordinaire.
01:47 C'est des bons buddy movie ça.
01:50 Comment ça s'appelle avec la peluche ? Ted.
01:51 C'est un buddy movie, on peut dire ça.
01:55 J'ai hâte de ressuivre.
01:56 C'est vrai ? C'est un de mes films comiques préférés.
01:58 T'as pas vu le Djinni de con ?
02:00 Ah bah voilà, justement, c'est Mark Ferrand, c'est pas pareil.
02:03 Non mais justement, le Djinni de con, ça c'est le film qui vous rassemble tous les
02:06 deux.
02:07 C'est de l'orfèvrerie quoi.
02:08 C'est extraordinaire.
02:09 Moi je trouve qu'on a pas encore fait mieux en France pour l'instant, en termes de comédie.
02:12 C'est comme dans une bijouterie où on entre, on a la joaillerie et on a la haute joaillerie.
02:17 Bah ça fait partie des classiques qu'on peut se faire une fois tous les deux ans et
02:21 on prend autant de plaisir.
02:22 Y'avait un bibelot là, je l'ai pas revu depuis peut-être 3-4 ans et je me rappelle
02:26 des répliques quoi.
02:27 C'est incroyable.
02:28 Je trouve qu'en France on sait faire ce genre de film là.
02:31 Les comédies comme ça, populaires, qui traversent le temps, qui traversent les époques.
02:35 Oui, allô Alexandra ? Oui, bah écoutez, je suis en chemin là, mais ça bouchonne
02:45 pas mal hein ? Oui, ne commencez pas la dégustation sans moi hein.
02:51 Très bien, très bien.
02:55 À tout à l'heure.
02:56 Tu parles bien le blanc hein ? T'as intérêt à tenir un carreau toi.
03:04 Est-ce que vos personnages du film sont très opposés à vos natures ? Par exemple, vous,
03:08 vous avez un caractère assez rigide dans le film alors que vous êtes tout à fait
03:11 détendu.
03:12 Vous êtes comme ça ou ça a été des rôles de composition ?
03:15 Moi je suis plus proche de mon personnage dans ce qu'il raconte et dans ce qu'il vit.
03:19 À un endroit de ma vie, quand j'étais collège-lycée, j'ai eu honte d'être noir.
03:25 J'ai eu honte de venir d'un quartier populaire.
03:29 J'ai mis très longtemps avant d'inviter mon premier pote du collège ou du lycée à
03:34 la maison.
03:35 Parce que j'habitais dans 60 mètres carrés, eux dans 3-400, où il y avait des très
03:39 beaux appart.
03:40 Il y avait des billards.
03:41 Je suis allé chez quelqu'un un jour, il avait un billard dans son salon.
03:43 J'avais jamais vu quelqu'un qui avait un billard.
03:45 Pour moi, un billard, c'était dans une salle de jeu.
03:48 Ça n'avait rien à faire dans une maison.
03:49 Et donc j'ai dit "toi, je t'inviterai jamais chez moi".
03:52 J'avais honte.
03:53 C'est en ça que je suis assez proche du personnage de Sekou.
03:58 C'est que voilà, pour plaire aux Blancs, parce que j'ai grandi dans des écoles privées
04:02 catholiques et que la majorité étaient des Blancs, pour leur plaire, je faisais un peu
04:06 plus.
04:07 Vous avez aussi un point commun tous les deux d'avoir fait des salles en scène, fatigué,
04:11 origami, on ne citait que cela.
04:13 Quels sont les mérites comparés entre la solitude de la scène et le jeu sur un plateau ?
04:18 Pourquoi l'un nourrit l'autre ?
04:21 Moi, personnellement, j'ai toujours dit que je n'étais jamais aussi bon au cinéma
04:25 que lorsque je faisais de la scène en même temps.
04:27 Parce que moi, la scène m'a permis de me donner confiance.
04:29 Parce que tu montes sur scène 10-15 minutes, tu prends une adrénaline, tu reçois énormément
04:32 de rires, un lendemain, tu as rendez-vous à 8h sur le plateau pour faire une scène
04:36 comique, tu as la patate d'hier soir, tu montes sur le plateau et tu as envie de tout
04:39 dégommer.
04:40 Donc moi, les deux pour moi sont très complémentaires.
04:42 Ahmed, vous avez déjà tourné avec Ludovic Bernard, c'était "L'Ascension" en 2017,
04:47 c'était un récit initiatique d'une certaine manière.
04:50 Est-ce que c'est important pour vous que la comédie ait toujours un fond comme ça,
04:53 que ce ne soit pas juste de la déconnette pure, ce qui a son mérite ?
04:58 C'est vrai que dans mes choix, pour la plupart des choix que j'ai faits au cinéma jusqu'à
05:01 maintenant, j'aime à raconter une histoire, j'aime m'amuser et qu'il y ait du fond.
05:06 Mais parce que c'est ce que je fais dans mon spectacle aussi, j'ai une expression
05:09 que j'aime beaucoup, c'est réfléchir de rire.
05:11 J'aime qu'on rit mais qu'on ressorte d'un spectacle avec quelque chose, que ça ne
05:17 soit pas juste des rires.
05:18 Pour reboudir sur ce que disait Ahmed aussi, aujourd'hui, moi-même, ma perception des
05:22 choses a évolué.
05:23 Avant, je voulais faire rire que pour faire rire.
05:25 Mais aujourd'hui, je pense que faire rire pour faire rire, c'est inutile.
05:29 Et on est dans l'obligation, nous qui avons droit à la parole devant un certain nombre
05:34 de personnes, on est obligés de dire des choses intéressantes et utiles à la société,
05:38 sinon ça ne sert à rien de faire de l'humour.
05:39 Qu'est-ce qu'il envoie alors comme message discrètement ?
05:42 Celui-ci, ici et là-bas ? La confiance en soi, qu'on n'a pas besoin de se renier
05:48 pour aimer ce pays.
05:49 Ça questionne sur l'identité, qu'est-ce que c'est que d'être Français aujourd'hui,
05:52 qu'est-ce que c'est que d'être Noir en France, qu'est-ce que c'est que d'être
05:56 un Français à l'étranger.
05:57 Ça questionne sur tout ça, mais de manière assez solaire, sans militantisme, sans politique.
06:04 Alors Hakim, qu'est-ce que c'est que d'être Noir aujourd'hui en France ?
06:06 C'est une très bonne question.
06:10 Pour le coup, je suis assez bien placé.
06:13 Parce que ma femme est Noire et mon fils de fait aussi.
06:17 Il est métis, il est très beau.
06:20 Il est beau, il est réussi.
06:21 Oh là là, son fils ?
06:23 Il est la meilleure.
06:24 J'ai pris pour qu'il rentre dans le cinéma le plus tard possible parce qu'il va nous
06:28 éteindre.
06:29 Il est mignon, très mignon, j'ai un peu la haine.
06:31 Les amis, regardez, je mets mon joli chapeau pointu, je prends ma petite baguette magique
06:35 et je vous propose, puisque je suis une fée, de pouvoir jouer, reprendre le rôle dont
06:40 vous auriez rêvé.
06:41 Allez, je vais dire, parce que ça va faire plaisir à ma maman en plus, La folie des
06:44 grandeurs, Lutfinesse.
06:45 Qu'est-ce qu'il reste ?
06:46 Moi, je dirais Jacques Villeret, la Soupocho extraordinaire.
06:50 Fais-le un peu.
06:51 Tu me fais pitié.
06:52 Il faut travailler, il faut travailler encore.
06:53 Je vais bosser.
06:54 Je vais prendre un coach.
06:55 Là, je te vois avec du rouge et du jaune.
06:56 Ça serait bien de faire un remake de ça, non ?
07:02 Allez, c'est parti.
07:04 Soupocho, remake.
07:05 Remake Soupocho ?
07:06 Rendez-vous dans un an.
07:07 Genre t'arrives de Tunisie.
07:08 T'arrives pas de l'espace, t'arrives de Tunisie.
07:09 Ça me ferait briser.