• il y a 8 mois
L'évènement, c'est Hadas Jaoui Kalderon est la mère de deux adolescents, Erez, 12 ans et Sahar, 16 ans, qui ont passé 52 jours aux mains du Hamas à Gaza. "52 jours sans eux" c'est le titre de son livre qui sort demain aux éditions Alisio.
Regardez L'invité de RTL Soir avec Julien Sellier du 23 avril 2024

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Transcription
00:00 RTL bonsoir, Julia Selvier, Isabelle Choquet et Cyprien Signy.
00:04 Allez RTL bonsoir, nous accueillons maintenant notre invité événement.
00:08 Il y a 200 jours lors des attaques du 7 octobre en Israël, ses enfants étaient enlevés.
00:13 Bonsoir Adas Jawik Alderom.
00:15 Good evening.
00:16 Votre petit garçon, Heres, 12 ans, votre fille, Sahar, 16 ans, ses deux adolescents
00:21 franco-israéliens ont passé 52 jours aux mains du Hamas à Gaza.
00:25 52 jours sans eux, c'est le titre de votre livre qui sort demain aux éditions Alizio.
00:30 Vous y racontez votre combat, ces 200 jours qui viennent de s'écouler le 7 octobre.
00:36 Vous avez perdu votre maman, votre nièce et je précise que le père de vos enfants,
00:40 votre ancien compagnon est lui toujours en otage.
00:43 Et votre récit est capital pour ne pas oublier l'horreur du 7 octobre.
00:47 Vous racontez les sirènes d'alerte dans votre kibbutz ce matin-là.
00:52 Vous pensez d'abord à un tir de roquette parce que ça arrive, mais ensuite dans l'abri
00:57 de votre maison, vous recevez un SMS de votre sœur, il y a des terroristes.
01:02 Oui, c'est cette histoire-là, effectivement.
01:05 Et maintenant, ce livre, cette histoire est devenue une façon d'augmenter la conscience
01:18 des gens, qu'ils sachent ce qui s'est passé.
01:20 On a vécu un vrai pogrom, un massacre, une Shoah.
01:25 Quand vous vous battez pour votre survie, les terroristes vont tenter d'entrer chez vous,
01:29 vous vous agrippez à la poignée et vous vous barricadez comme vous pouvez, en fait.
01:33 J'avais besoin, il fallait que je me batte pour ma vie, pour survivre.
01:39 Alors pendant 8 heures, j'étais toute seule, sans électricité, sans téléphone,
01:46 sans information et j'étais derrière la porte.
01:49 Je les entendais de l'autre côté de la porte, dans ma maison, chez moi,
01:52 brutalement, tout cassé, de toute façon barbare, agressive.
01:59 Ils voulaient clairement me tuer.
02:01 Une fois que c'était fini et que je suis ressortie, je pouvais comprendre ce qui s'était passé,
02:07 tout prendre en compte.
02:09 J'ai réalisé que c'était un massacre, qu'ils avaient attaqué une maison après l'autre méthodiquement,
02:17 qu'ils avaient tué, qu'ils avaient torturé, qu'ils avaient brûlé les maisons.
02:22 Et ensuite, on s'est rendu compte qu'ils avaient même violé.
02:26 Pendant ces 8 heures dans votre abri, vous échangez par texto avec votre famille
02:32 et à un moment donné, vous ne recevez plus de nouvelles de vos enfants et de leur père.
02:37 Eux, ils sont dans une autre maison, c'est ça ?
02:39 Oui, on était dans des maisons séparées.
02:42 Ce jour-là, mes enfants étaient avec leur père et moi j'étais seule.
02:48 Et le dernier SMS que j'ai reçu de leur part, il était 8h30 du matin,
02:54 ils avaient sauté par la fenêtre et ils se cachaient dans des buissons.
02:58 Et quelques messages avant, ils m'avaient dit, mes enfants m'avaient dit
03:03 "Maman, on t'aime, ne parle pas fort, prends soin de toi"
03:08 et moi j'ai renvoyé un message en disant "Je vous aime, on va peut-être pas survivre à ça, au revoir"
03:14 parce que je ne croyais pas qu'on allait s'en sortir.
03:19 Parce qu'on a vu la mort en face, juste là, devant nous.
03:24 On l'a vu, elle était là.
03:26 Les jours suivant l'attaque, vous le racontez très bien dans le livre,
03:30 vous devenez l'un des visages du combat des familles des otages.
03:33 À plusieurs reprises, vous avez aussi interpellé le Premier ministre de votre pays, Benyamin Netanyahou,
03:38 il devra rendre des comptes lui aussi ?
03:40 Je ne peux pas passer l'éponge sur le fait que je suis très déçue,
03:46 en mon gouvernement, extrêmement déçue.
03:51 On a été abandonnés ce jour-là et on est toujours dans un état d'abandon.
03:57 Le lundi 27 novembre, après un accord, vos enfants font enfin partie des otages qui sont libérés au Congoot.
04:04 Vous racontez ce moment où vous les retrouvez sur une base militaire, c'est très émouvant.
04:10 Vous parlez d'une plénitude animale.
04:13 Oui, vous savez, je n'ai pas les mots pour exprimer la sensation que j'ai eue quand j'ai revu mes enfants.
04:23 C'est, comme j'ai dit, c'est une espèce de miracle.
04:29 Je n'ai pas les mots, je suis vraiment désolée.
04:33 Mais vous avez un sourire.
04:35 Qui en dit beaucoup.
04:37 Oui, ils sont revenus.
04:39 Petit à petit, vos enfants vont vous raconter les 52 jours qu'ils ont vécu.
04:46 Alors, vous l'avez dit, ils ont assisté le 7 octobre à des atrocités, cachés dans un buisson.
04:50 Et ensuite, votre garçon a été otage d'une famille à Gaza.
04:54 Ils n'avaient pas le droit de bouger, pas le droit de parler, c'est ça ?
04:57 Ça a été très traumatisant pour eux, cette situation.
05:01 Ils ont vu le massacre de leurs yeux, dans leur buisson.
05:05 Ils ont vu des corps sans vie, des maisons brûlées.
05:11 Jusqu'à Gaza, ils ont traversé de nombreux endroits.
05:16 Peut-être 5 endroits différents, on les déplaçait sans cesse.
05:21 Et tout ce temps-là, comme me l'a dit ma fille, elle était terrifiée.
05:26 Elle ne savait pas s'ils allaient la violer.
05:30 Vous savez, c'est une très jolie jeune fille de 17 ans maintenant.
05:34 Elle ne savait pas s'ils allaient la violer, abuser d'elle, s'ils allaient la tuer.
05:40 Ou s'ils allaient la toucher.
05:43 Vous savez, on ne peut même pas s'imaginer.
05:47 Ils m'ont juste dit qu'ils ne seraient plus jamais les mêmes.
05:50 C'est comme s'ils avaient perdu leur innocence.
05:58 Quand votre petit garçon, quand vous le retrouvez, il dévore les fruits qui sont à sa disposition.
06:04 Vous racontez aussi que vos enfants sentent mauvais.
06:07 Immédiatement, vous comprenez que leurs conditions de détention étaient très difficiles.
06:12 Oui.
06:13 Ils m'ont tout raconté.
06:17 Il fallait supplier pour prendre une douche, pour manger.
06:22 Il fallait qu'ils supplient des personnes pour tout.
06:25 Ils étaient kidnappés.
06:27 C'était des prisonniers, des enfants prisonniers.
06:30 Votre fille, elle a été d'un courage incroyable.
06:33 Elle était prisonnière là-bas dans les tunnels et elle a tenu tête à ses geôliers.
06:38 Elle leur a demandé de soigner ses co-détenus.
06:42 Elle les a aussi convaincus d'obtenir le droit de voir son père.
06:47 Elle lui a redonné du courage.
06:49 Vous devez être très très fière d'elle.
06:51 Absolument, oui.
06:53 Vous savez que c'est vraiment une jeune fille d'exception.
06:59 Et vous savez, elle a entendu de la part de quelqu'un d'autre que son père était quelque part près d'elle
07:07 et elle a exigé qu'on lui amène son père.
07:10 Comme aujourd'hui, quand elle veut quelque chose, si elle veut une robe,
07:14 elle va me le dire cent fois.
07:16 Elle va insister tellement qu'elle obtient cette robe.
07:19 À la fin, c'est exactement pareil.
07:21 C'est son caractère.
07:22 Quand elle veut quelque chose, elle l'obtient.
07:25 Vous dites que vos enfants ont perdu leur innocence.
07:29 Vous racontez dans le livre que votre fils n'arrive pas à dormir la nuit,
07:33 qu'il veut un lit le plus haut possible pour être le plus en sécurité possible.
07:37 Il est encore victime de crises d'angoisse, de crises de panique ?
07:41 Comme j'ai dit, ils ont perdu leur sensation de sécurité de base.
07:49 Ils ne se sentent en sécurité nulle part.
07:52 On a une maison qui est sympa, qui est en sécurité,
07:58 mais à chaque fois, ils me demandent d'aller à l'hôpital
08:01 où ils se sentent plus en sécurité.
08:04 C'était la première fois où ils se sentaient en sécurité à l'hôpital.
08:08 Comme j'ai dit, il faudra du temps pour qu'ils guérissent
08:13 et pour que leur père aussi guérisse.
08:16 Moi, j'ai besoin que leur papa soit là aussi.
08:20 Je ne peux pas tout faire toute seule.
08:22 C'est pour les enfants. J'ai besoin que lui soit là.
08:24 Hier, c'était le CDR de Pessa, le jour de la Pâque juive.
08:28 Dans ce contexte qu'on connaît, 130 otages toujours aux mains du Hamas,
08:31 dont le père de vos enfants,
08:33 cette absence est encore plus terrible en ce moment où la famille se retrouve.
08:37 Oui, on n'a rien fêté du tout.
08:42 On n'a pas fêté ni Pourim ni Pessa.
08:47 On ne peut rien fêter.
08:49 Cette fête parle de liberté.
08:53 Comment peut-on fêter la liberté ?
08:55 Alors qu'ils sont comme des esclaves, ou pire que des esclaves.
09:02 Vous avez grandi dans Ski-Boot, si près de la frontière,
09:06 à une époque où vous pouviez vous rendre quand vous étiez enfant à Gaza.
09:09 Vous avez grandi avec une famille qui rêvait de la paix.
09:13 Est-ce qu'avec le traumatisme du 7 octobre en Israël
09:16 et avec la désolation à Gaza en ce moment,
09:19 est-ce que cette paix, cette coexistence, elle vous semble encore possible aujourd'hui ?
09:23 Je ne sais pas. J'aimerais y croire encore.
09:27 Merci pour votre optimisme, Hadass, Jaoui, Calderon, ce soir pour votre combat, pour vos mots.
09:32 Dans RTL, bonsoir. Vous la maman de Herez et Sahar,
09:35 ces deux enfants franco-israéliens otages pendant 52 jours du Hamas.
09:38 52 jours sans eux, c'est le titre de votre livre aux éditions Alizio.
09:42 Et ça sort demain. Merci d'avoir été votre invitée.
09:44 Merci d'avoir invité moi.
09:46 Julia Selye, Isabelle Choquet et Cyprien Senni.
09:50 RTL, bonsoir.
09:52 Notre émission continue RTL, bonsoir, avec le RTL Insight du jour.
09:56 Et on vous emmène dans un supermarché en plein contrôle
09:59 où quand un magasin se fait taper sur les doigts.
10:01 Et puis il y a la visoconférence également qui arrive, cher Alex, le menu.
10:05 On va parler de trois grands leaders,
10:07 Gabriel Attal, François Ruffin et Charles de Gaulle.
10:10 À tout de suite.
10:12 RTL, bonsoir, jusqu'à 20h.

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