Interview ou reportage d'une émission cinéma produite par CANAL+ autour d'un film disponible sur CANAL+ ou sortant en salles, un événement ou une actualité du 7ème Art
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00:00Bernard, je crois qu'une des premières fois où on s'est croisé, c'était sur un plateau de télé,
00:06vous étiez avec vos compères des Inconnus, et nous vous recevions nous-mêmes en faux Inconnus.
00:12J'étais moi-même Bernard Campant.
00:14Il y avait aussi José.
00:16Il y avait Bourdon, alors c'était Albert qui faisait Bourdon, et José qui faisait Legitimus en chinois.
00:22C'est une variation sur le thème.
00:24Bonsoir, je suis Gérard Planplan, voici Marcel Legitimus, et enfin voici Hervé Frelon.
00:37Nous formons un trio comique, les Déconneurs.
00:40Alors vous êtes nos idoles, au boulot à la MPE, dans les files d'attente,
00:44à force de faire rigoler les collègues en récitant vos sketchs, on s'est dit qu'on pourrait en faire nous-mêmes.
00:49On essaie de faire tout pareil que vous, un détail prêt évidemment.
00:53C'est il y a 30 ans, quel est le fait saillant qui s'est produit dans votre vie depuis 30 ans ?
01:00Oh putain, t'as pas plus simple comme question dans ton catalogue ?
01:03Le fait saillant ? La rencontre avec Zabou pour se souvenir des belles choses.
01:09C'est ça qui a déterminé la magnifique carrière que je suis en train de faire.
01:13On dit souvent que l'humour est peu ou pas récompensé, alors là, démonstration contraire avec ce film
01:20puisque au Festival de la P2S, il reçoit le prix de jury, le prix du public,
01:24les prix d'interprétation masculine et féminine.
01:27Ça vous a fait quoi de toute cette avalanche de récompenses ? C'était la montagne vous me direz.
01:31Moi je refuse toujours d'être membre de jury, je sais pas décerner des prix
01:36parce qu'à l'école, j'ai jamais reçu de prix et je trouve ça très violent.
01:39Par contre, je veux pas donner des prix mais je veux bien les recevoir.
01:43Donc moi ça me fait plaisir, au contraire je trouve que j'en ai pas eu assez.
01:47J'en ai pas eu pas tant que ça en fait. On les a partagé avec les inconnus.
01:51Un prix coupé en trois, c'est pas...
01:53Quand on se penche un peu attentivement sur votre carrière, comme je l'ai fait,
01:57on se rend compte que si on met à part les inconnus,
02:00vous tenez principalement des rôles graves, sérieux, parfois tragiques.
02:06Ça a été quoi le moment de bascule ? C'est la fameuse rencontre avec Zabou Bretman ?
02:09Ah si, j'avais tourné avec Anne Fontaine dans un film qui n'a pas marché
02:14qui s'appelait Augustin du Kung-Fu. J'avais un petit rôle
02:17et c'est elle la première qui me faisait tourner en me disant
02:20« là tu lèves le sourcil, tu bouges trop, tu grimaces trop ».
02:23C'était une belle expérience mais c'est vraiment avec Zabou
02:26que ça m'a permis de commencer.
02:29Moi je me demandais, et Gérard Philippe dans tout ça ?
02:32Qu'est-ce qui devient Gérard Philippe ?
02:34Je me suis rendu compte, c'est amusant, vous allez voir,
02:36j'ai une photo de Gérard Philippe qui est accrochée au mur de mon salon.
02:39Ça fait 20 ans qu'elle est là. Regardez cette belle photo.
02:42Là on ne le retrouve pas bien mais effectivement quand j'étais au collège
02:46il y avait la photo de Gérard Philippe sur le flammarion
02:49et en fait j'avais posé un cahier et on ne voyait que ses yeux.
02:56Et je me dis « tiens, pourtant il me semblait qu'il n'avait pas cette expression-là ».
03:00Je retire et il avait le sourire.
03:02C'est-à-dire qu'en fait les yeux étaient tristes et il y avait le sourire.
03:04Et je trouvais que cette combinaison des deux,
03:06je me dis « ah c'est possible de susciter une émotion comme ça »
03:11je pense que moi on riait, on était tristes mais les deux n'étaient pas possibles.
03:14Gérard Philippe qui était le jeune premier flamboyant du cinéma comme au théâtre.
03:21Tu peux le garder ?
03:22La photo, oui. Le téléphone, j'en ai encore un peu besoin.
03:25Bon, revenons donc à ce détour par le cinéma, vos derniers rôles,
03:30à vos fondamentaux avec Épluchier et Affinité
03:34parce que là on est dans une comédie.
03:35On est dans une pure comédie qui est un remake d'un film espagnol
03:38qui s'appelait Sentimental.
03:41Alors pour moi qui n'ai pas vu la version originale espagnole,
03:44c'est quoi la différence entre les deux ?
03:46Le film français beaucoup mieux.
03:48Alors le premier, l'espagnol a fait un carton.
03:51Oui, il a même été adapté en Italie, en Allemagne,
03:55c'était la quatrième adaptation en France.
03:57Les Américains ont acheté les droits aussi.
03:59Mais je trouve vraiment, ne soyons pas chauvins,
04:02mais je trouve vraiment qu'Olivier et Wilfried, les deux co-réalisateurs,
04:07ont fait une adaptation formidable.
04:08Ils ont réussi à nous faire monter des petites marches à chaque fois.
04:11On va vers quelque chose qui dérape.
04:14Et donc ça grimpe, ça grimpe, on va très loin dans l'humour.
04:17Et la fin est très belle.
04:18Vous jouez donc ce couple, Xavier et Sophie,
04:20un vieux couple qui ronronne gentiment
04:25et dont la vie est perturbée par la vie très…
04:29Mouvementée.
04:30Mouvementée, oui.
04:32Surtout la nuit.
04:33Sonore.
04:34Du couple qui habite au-dessus.
04:36Absolument.
04:37C'est là-bas, c'est le point de départ.
04:39Votre personnage, il est assez ronchon, il est assez soupolé.
04:43Comment est-ce que vous avez fait pour trouver la bonne colorimétrie
04:46dans ce personnage qui est quand même,
04:49d'une certaine manière, 50 nuances de gris ?
04:52Oui, de très gris.
04:54Il n'est pas sympa, surtout qu'il a une femme qui fait tout ce qu'elle peut
04:58pour essayer de rendre le couple plus vivant.
05:01Et lui, il reste dans ses petites habitudes.
05:03Mais c'est quelqu'un de frustré.
05:04Un prof de flûte.
05:05De flûte, oui.
05:06Il voudrait compositeur, mais la seule composition qu'il ait pu faire
05:11c'est 30 secondes de musique pour une pub pour le Yaourt Chambéry.
05:15Donc, il y a une grosse frustration.
05:17Et puis, le fait d'inviter les voisins, ça va être l'électrochoc
05:21qui, contre toute attente, va raviver la flamme dans le couple.
05:26Alors, on l'a dit, c'est un couple assez sonore.
05:29Oui.
05:30C'est-à-dire qu'ils ont une sexualité très...
05:33Très débridée et très sonore, effectivement.
05:36Et la nuit, comme très souvent la sexualité...
05:39Ça y va, oui.
05:40Comment est-ce que vous réagiriez, vous, si vous aviez des voisins de cette nature ?
05:46Je ne sais pas.
05:47Mais moi, je me souviens une fois, j'étais dans un hôtel.
05:50Au petit matin, je me réveille et j'entends un couple qui fait l'amour.
05:55J'entendais la femme.
05:57Ouh !
05:58Ouh !
05:59Comme ça.
06:00Vous faites bien.
06:01Oui, c'est vrai.
06:02Mais, au bout d'un moment, c'était un peu mécanique, quand même.
06:05Un peu répétitif.
06:06Au début, je trouvais ça assez excitant, quand même.
06:08Et puis, je ne sais pas, je me suis levé, j'ai ouvert les volets.
06:11En fait, il y avait deux pigeons qui faisaient...
06:14Comme ça, qui étaient...
06:15Bon.
06:16À part les pigeons, ça ne m'est jamais arrivé d'entendre des gens faire l'amour.
06:19Dans vos projets à venir, ils se murmurent
06:24qu'un film pourrait avoir le jour avec vos camarades,
06:27Bourdon et Legitimus, dirigés par Riad Satouf.
06:30Oui.
06:31Alors, un faux ou un toxe ?
06:32Voilà.
06:34Voilà un faux.
06:35Merci.
06:36J'ai passé un bon moment avec toi.
06:37Moi aussi, Bernard.
06:38Moi aussi.
06:39Non.
06:40Un faux.
06:41Oui.
06:42Mais bon, quand est-ce qu'il va rendre sa copie ?
06:45Riad, il repousse de moi en moi.
06:48On a le sujet.
06:49Il nous a donné plein d'infos sur son film.
06:53C'est super.
06:54Il y a une poésie, un décalage.
06:56Pour nous, ça serait du pain béni de voir.
06:58Mais pour l'instant, on n'a pas de scénario.
07:00Donc, je croise les doigts pour que ça se fasse.
07:03Et je les croise aussi.
07:04Merci.
07:05Merci, Bernard.