Le président de la République, Emmanuel Macron, a prononcé ce jeudi 25 avril un grand discours pour sur l’Europe à la Sorbonne, quelques semaines avant les élections européennes.
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00:00 Sept ans après le discours de la Sorbonne,
00:03 je souhaitais venir ici, dans ce même lieu,
00:06 pour renouer le fil de nos accomplissements
00:08 et parler de notre avenir.
00:11 Notre avenir européen,
00:13 mais par définition, l'avenir de la France.
00:16 Ils sont indissociables.
00:18 Ici même, en septembre 2017,
00:20 je disais que notre Europe, trop souvent,
00:23 ne voulait plus, ne proposait plus,
00:26 par lassitude ou par conformisme,
00:29 et l'esprit européen était livré à ceux qui l'attaquaient.
00:33 Nous proposions alors de bâtir une Europe plus unie,
00:37 plus souveraine, plus démocratique.
00:40 Plus unie pour peser face aux autres puissances
00:43 et aux transitions du siècle,
00:45 plus souveraine pour ne pas se faire imposer par d'autres
00:48 son destin, ses valeurs, ses modes de vie.
00:51 Plus démocratique parce que l'Europe est cette terre
00:55 où est née la démocratie libérale
00:57 et où les peuples décident par eux-mêmes.
00:59 J'avais alors fixé un horizon comme rendez-vous,
01:01 7 ans, nous y voilà.
01:04 Alors nous n'avons pas tout réussi.
01:07 Et il faut être lucide, en particulier lorsque
01:11 vous souhaitez rendre notre Europe plus démocratique,
01:14 il faut bien le constater.
01:17 Les avancées ont été limitées sur ce point,
01:20 parfois par frilosité de changer les traités,
01:23 de changer nos règles, notre organisation collective,
01:25 et même s'il y a eu quelques innovations en la matière,
01:29 conventions importantes et des réflexions menées,
01:31 nous ne sommes pas allés assez loin.
01:33 Mais il y a eu des réussites, en particulier en matière
01:35 d'unité et de souveraineté, ce qui n'était pas acquis.
01:40 L'Europe a traversé des crises,
01:43 elles aussi inédites dans cette période.
01:45 Le Brexit, bien sûr, une déflagration
01:48 dont on a vu depuis les effets délétères,
01:51 et ce qui fait, j'ai pu le constater,
01:53 que, aujourd'hui, plus personne n'ose tellement
01:56 proposer des sorties ni de l'Europe ni de l'euro.
02:00 La pandémie mondiale, retour soudain de la mort dans nos vies,
02:03 la guerre en Ukraine,
02:05 retour du tragique dans le quotidien
02:09 et risque existentiel sur notre continent.
02:13 Le 4e pas décisif des dernières années,
02:17 c'est que nous avons fait le choix fondamental,
02:20 et je crois unique, de penser, préparer
02:22 et planifier les grands défis de l'Europe.
02:25 On a beaucoup entendu critiquer, en particulier le Green Deal,
02:30 qui a été pris, pardon de cet anglicisme dans ce lieu.
02:34 Mais l'Europe est le seul espace politique au monde
02:41 qui a planifié ces transitions.
02:43 Et en prenant des directives sur le numérique
02:46 qui permettent de réguler à la fois le contenu et le marché,
02:50 et en prenant un texte qui permet de poser les jalons
02:54 de notre transition énergétique
02:55 et, en quelque sorte, de construire la cohérence
02:58 de notre politique en européen
02:59 par rapport à nos engagements internationaux,
03:01 nous avons construit un choix en transparence.
03:06 Simplement, maintenant, il nous faut prévoir
03:07 les flexibilités d'application dans chaque pays
03:10 et surtout la politique d'investissement qui va avec.
03:13 Mais nous avons posé une planification européenne
03:17 de ces transitions.
03:19 Là où, partout dans le reste du monde,
03:21 des grandes puissances ont pris des engagements,
03:23 mais n'ont pas commencé à expliquer
03:25 comment elles allaient les respecter.
03:28 Et donc, ce sont là des socles qu'il faut voir
03:31 comme des jalons maintenant stables,
03:34 et je reviendrai tout à l'heure sur la manière de les articuler
03:37 pour qu'ils puissent être compatibles
03:39 avec une politique de croissance, de plein emploi
03:41 et de développement industriel.
03:43 La lucidité et l'honnêteté commandent de reconnaître
03:46 que la bataille n'est pas encore gagnée.
03:49 Loin de là.
03:50 Et qu'à l'horizon de la prochaine décennie,
03:52 parce que c'est cet horizon-là qu'il nous faut saisir,
03:56 le risque est immense d'être fragilisé, voire relégué.
04:01 Parce que nous sommes dans un moment inédit
04:04 de bouleversement du monde, d'accélération,
04:07 de grandes transformations,
04:08 et mon message d'aujourd'hui est simple.
04:12 Paul Véliry disait au sortir de la Première Guerre mondiale
04:15 que nous savions désormais que nos civilisations étaient mortelles.
04:19 Nous devons être lucides sur le fait
04:22 que notre Europe, aujourd'hui, est mortelle.
04:26 Elle peut mourir.
04:28 Elle peut mourir,
04:30 et cela dépend uniquement de nos choix.
04:35 Mais ces choix sont à faire maintenant.
04:39 Parce que c'est aujourd'hui que se joue la question
04:41 de la paix et de la guerre sur notre continent
04:43 et de notre capacité à assurer notre sécurité ou pas.
04:47 Parce que les grandes transformations,
04:50 celle de la transition digitale,
04:52 celle de l'intelligence artificielle
04:54 comme celle de l'environnement et de la décarbonation
04:57 se jouent maintenant,
04:58 et la réallocation des facteurs de production se joue maintenant.
05:01 Cette ère où l'Europe achetait son énergie
05:04 et ses engrais à la Russie, faisait produire en Chine,
05:06 déléguer sa sécurité aux Etats-Unis d'Amérique est révolu.
05:11 Et donc nous avons commencé des changements profonds,
05:14 mais nous ne sommes pas à l'échelle.
05:16 Parce que les règles du jeu ont changé.
05:20 Et parce que le fait même que la guerre soit revenue
05:22 sur le sol européen, mais qu'elle soit menée
05:24 par une puissance dotée de l'arme nucléaire, change tout.
05:28 Parce que le fait même que l'Iran soit au seuil
05:30 de se doter de l'arme nucléaire, change tout.
05:33 Premier changement des règles.
05:38 Le deuxième, c'est que sur le plan économique,
05:40 notre modèle tel qu'il est conçu aujourd'hui
05:42 n'est plus soutenable.
05:44 Parce que nous voulons légitimement tout avoir,
05:46 mais ça ne tient plus ensemble.
05:48 Nous voulons évidemment le social,
05:51 et nous avons le modèle social et de solidarité
05:53 le plus généreux du monde. C'est une force.
05:56 Nous voulons le climat avec l'énergie décarbonée,
05:57 je le disais, mais nous sommes le seul espace géographique
06:01 qui a pris les règles pour y arriver.
06:03 Les autres ne vont pas au même rythme.
06:06 Et nous voulons un commerce qui nous profite,
06:10 mais avec plusieurs autres qui commencent à changer les règles,
06:12 du jeu qui sursubventionne,
06:14 de la Chine aux Etats-Unis d'Amérique.
06:18 On ne peut pas durablement avoir les normes environnementales
06:22 et sociales les plus exigeantes,
06:24 moins investir que nos compétiteurs,
06:27 avoir une politique commerciale plus naïve qu'eux,
06:30 et penser qu'on continuera à créer des emplois.
06:33 Ca ne tient plus.
06:35 Et donc le risque, c'est que l'Europe connaisse
06:38 ce décrochage.
06:39 Et cela, nous commençons déjà à le voir.
06:43 Malgré tous nos efforts,
06:45 le produit intérieur brut par habitant
06:49 a augmenté aux Etats-Unis de près de 60%
06:51 entre 1993 et 2022.
06:53 Celui de l'Europe a progressé de moins de 30%.
06:58 Et ceci avant même que les Etats-Unis d'Amérique
07:02 ne décident de l'Inflation Reduction Act
07:04 et donc d'une politique massive d'attraction de nos industries,
07:08 et de subvention
07:10 de toutes les industries et de technologies vertes.
07:17 Donc nous avons aujourd'hui un défi,
07:19 c'est d'aller beaucoup plus vite et de revoir
07:22 notre modèle de croissance.
07:25 L'Europe puissante, c'est simple.
07:27 C'est une Europe qui se fait respecter
07:29 et qui assure sa sécurité.
07:31 C'est une Europe qui assume d'avoir des frontières
07:34 et qui les protège.
07:35 C'est une Europe qui voit les risques
07:37 auxquels elle est exposée et qui s'y prépare.
07:41 Pour ça, il nous faut en quelque sorte
07:46 sortir d'une forme d'Etat de minorité stratégique.
07:50 Pourquoi ? Parce que implicitement,
07:53 nous étions en quelque sorte conçus comme cela.
07:57 Beaucoup de pays européens avaient accepté,
07:59 dès la fin de la Deuxième Guerre mondiale,
08:01 on l'avait souvent imposé,
08:02 de déléguer leur sécurité à d'autres.
08:06 Parce que nous ne voulions pas les voir se réarmer trop vite.
08:09 Et comme je le disais tout à l'heure,
08:10 tout ce qui est stratégique dans notre monde,
08:13 nous l'avions un peu délégué.
08:15 Notre énergie à la Russie,
08:17 notre sécurité pour plusieurs de nos partenaires,
08:19 pas la France, mais plusieurs aux Etats-Unis,
08:22 et des perspectives aussi critiques à la Chine.
08:26 Nous devons les reprendre.
08:28 C'est ça, l'autonomie stratégique.
08:30 Et d'abord, en changeant d'échelle sur la défense.
08:35 Le principal danger pour la sécurité européenne
08:38 est évidemment aujourd'hui la guerre en Ukraine.
08:42 La condition sine qua non de notre sécurité,
08:45 c'est que la Russie ne gagne pas la guerre d'agression
08:48 qu'elle mène contre l'Ukraine.
08:51 C'est indispensable. C'est pourquoi nous avons eu raison,
08:54 dès le début, de sanctionner la Russie,
08:58 d'aider les Ukrainiens, et de continuer à le faire,
09:02 d'avoir la chance d'avoir les Américains
09:04 de nos côtés pour cela,
09:05 et sans cesse de relever notre aide et d'accompagner.
09:11 Simplement,
09:12 j'assume totalement le choix en la matière,
09:17 le 26 février dernier à Paris,
09:19 d'avoir réintroduit une ambiguïté stratégique.
09:22 Pourquoi ?
09:24 Nous sommes face à une puissance qui est désinhibée,
09:26 qui a attaqué un pays d'Europe,
09:28 mais qui n'est plus dans une opération spéciale
09:30 et qui ne veut plus nous dire quelle est sa limite.
09:33 Pourquoi, chaque matin, devrions-nous dire, nous,
09:36 quelles sont toutes nos limites stratégiquement ?
09:38 Si nous disons que l'Ukraine
09:41 est la condition de notre sécurité,
09:42 que se joue en Ukraine davantage que la souveraineté
09:46 et l'intégrité territoriale de ce pays,
09:48 déjà clé, mais la sécurité des Européens,
09:52 avons-nous des limites ?
09:55 Non.
09:56 Et donc, nous devons être crédibles,
10:00 dissuader, être présents et continuer l'effort.
10:04 Mais cette guerre engageant une puissance dotée
10:06 de l'arme nucléaire et qui utilise celle-ci dans sa rhétorique
10:10 n'est sans doute que le 1er visage
10:13 des tensions géopolitiques
10:14 avec lesquelles l'Europe doit apprendre à vivre.
10:18 Mais c'est ce qui va aussi nous pousser
10:19 à développer en Européen des standards communs.
10:23 Car l'un des problèmes que nous avons en Européen,
10:25 c'est que nous restons trop divisés
10:26 en matière d'industrie de défense.
10:28 Notre fragmentation est une faiblesse.
10:32 Nous l'avons vécu de manière cruelle et concrète
10:36 pendant cette guerre,
10:38 où parfois, nous découvrions nous-mêmes,
10:39 entre Européens, que nos canons n'étaient pas
10:42 du même calibre, que nos missiles ne correspondaient pas
10:45 de l'un à l'autre et que ça réduisait de fait
10:47 notre capacité à agir ensemble sur un même théâtre d'opération.
10:51 Donc oui, cet effort va aussi passer par de la standardisation.
10:55 Le fait de construire des grands champions
10:56 et donc de la consolidation européenne
10:58 et l'organisation d'une vraie politique industrielle
11:01 de défense, c'est une nécessité, il faut l'assumer.
11:06 Vous l'avez compris,
11:08 il nous faut passer pas simplement une nouvelle étape,
11:11 mais bâtir véritablement un nouveau paradigme
11:14 en matière de défense du concept stratégique
11:17 à la plus grande intimité, au nouveau cadre commun,
11:20 jusqu'aux capacités nouvelles.
11:23 Mais cette Europe puissance de défense
11:27 s'appuie évidemment sur une diplomatie qui va avec.
11:31 La diplomatie, chaque Etat membre l'apporte,
11:34 elle relève de nous, mais nous pouvons la démultiplier
11:37 et l'asseoir sur une plus grande cohérence européenne.
11:40 C'est pourquoi je crois qu'il nous faut poursuivre
11:42 dans les années qui viennent en complément de cette approche
11:46 et de ce réveil de sécurité et de défense.
11:48 Il nous faut continuer d'avoir des partenariats
11:52 avec les pays tiers.
11:54 Oui, c'est-à-dire bâtir une Europe en capacité
11:58 de montrer qu'elle n'est jamais le vassal
12:02 des Etats-Unis d'Amérique
12:04 et qu'elle sait aussi parler à toutes les régions du monde,
12:07 aux émergents, à l'Afrique, à l'Amérique latine.
12:10 Et pas simplement par des accords commerciaux,
12:13 mais avec des vraies stratégies de partenariats équilibrés
12:16 et réciproques.
12:18 C'est ce que nous avons voulu bâtir
12:20 du sommet Union européenne Afrique du 1er semestre 2022
12:24 jusqu'à la stratégie indo-pacifique européenne.
12:26 Montrer que nous sommes une puissance d'équilibre
12:30 qui parle au reste du monde
12:32 et qui refuse en quelque sorte la confrontation bipolaire
12:35 dans laquelle trop de continents sont en train de s'installer.
12:38 Avoir une stratégie arctique, avoir une stratégie indo-pacifique,
12:41 avoir une stratégie latino-américaine
12:43 et avec le continent africain,
12:45 c'est montrer que l'Europe
12:47 n'est pas simplement un bout d'Occident,
12:51 mais bien un continent-monde qui pense son universalité
12:55 et les grands équilibres de la planète,
12:56 qui refuse la confrontation entre plaques
12:59 et veut bâtir ces partenariats équilibrés.
13:02 C'est absolument essentiel,
13:04 et il nous faut poursuivre ce chemin qui nous permet,
13:06 sur les sujets d'éducation, de santé, de climat,
13:09 de lutte contre la pauvreté, d'avoir une voix singulière,
13:12 comme nous l'avons fait avec le pacte
13:14 pour les peuples et la planète,
13:16 et de montrer qu'il n'y a jamais chez nous de double standard
13:19 et que nous avons bien, là aussi, notre autonomie.
13:24 La clé, c'est simplement de conditionner nos visas,
13:28 nos préférences commerciales
13:29 avec les pays d'origine et de transit,
13:31 et de responsabiliser ces pays sur la politique migratoire.
13:35 Si nous le faisons ensemble, ce sera une approche efficace.
13:38 Simplement, aujourd'hui, nous sommes par trop divisés.
13:42 Le retour des migrants irréguliers dans le pays d'origine
13:44 doit être un des axes clés sur notre politique de visas
13:48 et nos préférences commerciales en matière de conditionnalité.
13:51 Nous devons aussi nouer de nouveaux partenariats opérationnels
13:54 pour lutter contre le trafic de migrants,
13:56 la traite des êtres humains,
13:58 pour mobiliser aussi Frontex,
13:59 qui atteindra bientôt 10 000 gardes frontières et gardes côtes
14:02 afin de soutenir les retours et aller plus loin
14:04 dans la montée en charge de cette structure.
14:07 Nous y croyons, je l'ai toujours défendu,
14:08 je continue d'y croire,
14:10 même si parfois ceux qui l'ont servi se mettent à en douter.
14:15 Pour protéger ces citoyens, vous le voyez bien,
14:18 l'Europe doit aussi lutter contre les menaces et les réseaux
14:21 qui ignorent les frontières et les Etats.
14:22 Et c'est là aussi un sujet de cohérence européenne.
14:26 Au-delà de l'immigration,
14:28 le terrorisme, la criminalité organisée,
14:31 le trafic de drogue, la haine et la criminalité en ligne
14:34 sont des sujets sur lesquels nous devons
14:36 renforcer l'action européenne.
14:39 C'est pourquoi d'abord, je veux que le Conseil Schengen
14:42 devienne un véritable Conseil de sécurité intérieure de l'Union.
14:46 Nos frontières sont un bien commun.
14:49 Pour l'euro, bien commun que nous avons créé,
14:52 nous avons su bâtir une forme politique
14:58 qui s'est décidée de manière intergouvernementale crédible.
15:02 Le Conseil est coffin.
15:03 Nos frontières sont un bien commun.
15:05 Nous devons bâtir une structure politique
15:07 qui permet de décider entre tous les pays qui la partagent
15:11 et de prendre sur les sujets d'immigration,
15:13 de lutte contre la criminalité organisée, de terrorisme,
15:16 de lutte contre le trafic de drogue ou la cybercriminalité
15:19 des décisions ensemble.
15:21 Changeons la gouvernance pour la rendre beaucoup plus efficace.
15:24 Nous devons aussi, dans le cadre du système d'information Schengen,
15:27 aller beaucoup plus loin dans le partage d'informations
15:30 pour prévenir le départ de combattants terroristes,
15:33 les retours des zones de conflit,
15:35 prévenir la radicalisation,
15:39 avoir aussi une vraie politique de retrait des contenus terroristes,
15:42 mais surtout de retrait des contenus haineux,
15:45 racistes et antisémites.
15:47 Et c'est en Européen que nous pourrons l'obtenir des plateformes
15:49 qui, aujourd'hui, ne tiennent pas leurs engagements
15:52 sur ce sujet, ni en termes de modération,
15:54 ni en termes de retenue.
15:56 Et c'est en Européen, dans le cadre d'un tel Conseil,
16:00 que nous pouvons avoir une politique efficace
16:02 contre la criminalité organisée et la drogue.
16:06 Fléau véritable qui touche aujourd'hui, en particulier,
16:10 les pays les plus exposés parce qu'ils ont des grands ports
16:13 et des points d'entrée, ou parfois aussi
16:15 parce qu'ils pensaient, pour certains,
16:16 que les politiques les plus libérales
16:18 étaient celles qui préviendraient la criminalisation,
16:21 ce qui est tout le contraire.
16:23 Nous avons besoin d'avoir une approche européenne,
16:25 là aussi, sur ce sujet.
16:27 Alors, la réponse qu'on a eue en Européen ces dernières années,
16:29 elle a été de donner des flexibilités nationales,
16:31 les aides d'Etat.
16:33 Mais c'est pas une réponse durable,
16:34 elle fragmente le marché unique.
16:36 Elle est contradictoire avec ce que je vous disais tout à l'heure.
16:38 Il nous faut de la capacité commune.
16:41 Et donc, il nous faut, à nouveau,
16:43 un choc d'investissement commun,
16:44 un grand plan d'investissement collectif,
16:48 budgétaire, ce sont des subventions qu'il nous faut.
16:51 Alors, je ne veux pas ici préempter des choses,
16:53 et je veux qu'elles soient concertées
16:54 avec tous nos partenaires.
16:55 Est-ce que c'est une capacité d'emprunt commun ?
16:57 Est-ce que c'est utiliser des mécanismes
16:59 qui existent aujourd'hui,
17:00 mécanismes européens de stabilité ou autres ?
17:02 Mais au fond, il nous faut réussir à doubler
17:06 la capacité d'action financière de notre Europe,
17:08 au moins la doubler en budgétaire.
17:11 Et donc, il nous faut, voilà,
17:12 ce choc d'investissement public
17:14 pour investir de l'argent public sur ces secteurs.
17:17 Ce qui supposera de rouvrir la question
17:20 si délicate des ressources propres de l'Union.
17:23 J'y suis favorable, et je pense qu'on doit avoir
17:25 des ressources propres supplémentaires
17:26 sans jamais peser sur les citoyens européens.
17:29 Taxe carbone aux frontières,
17:31 recette du système européen d'échange de quotas carbone,
17:34 taxer les transactions financières comme le fait la France,
17:36 imposer les bénéfices des multinationales,
17:38 là où ils sont réellement réalisés,
17:41 et utiliser les ressources issues d'ETIAS,
17:44 la taxe payée par les ressortissants extra communautaires
17:47 lorsqu'ils ontent sur le sol de l'Union.
17:49 Il y a des tas de ressources propres
17:50 qui ne touchent pas les ressortissants européens
17:52 qui sont à utiliser pour ce budget.
17:55 Et puis, au-delà de la politique monétaire,
17:57 au-delà de notre politique budgétaire commune,
18:00 qui doit être beaucoup plus ambitieuse et forte
18:02 par ce plan de 1 000 milliards supplémentaires,
18:07 il nous faut davantage mobiliser l'investissement privé
18:11 et nos capacités de financement privé.
18:14 Chaque année, notre Europe,
18:16 elle a 2 défauts, principalement.
18:19 Je dirais même 3.
18:21 Le 1er, c'est qu'elle fait beaucoup d'épargne.
18:23 Nous accumulons de l'épargne.
18:24 Nous sommes un continent très riche.
18:25 On a des acteurs très compétitifs.
18:28 Mais parce que notre système de marché des capitaux
18:31 n'est pas intégré, cette épargne ne va pas
18:32 dans les bons secteurs et les bons endroits.
18:34 Premier défaut.
18:35 2e défaut, on ne va pas assez sur le risque.
18:38 Parce que nous avons une économie qui est très intermédiaire.
18:41 75 % passent par les banques et les assurances.
18:44 Et on leur a mis des règles qui ne leur permettent pas
18:45 d'aller sur les fonds propres.
18:47 Mais c'est un choix qui met le citoyen
18:51 en situation d'infériorité par rapport aux consommateurs.
18:56 Si vous avez un autre choix, celui du contrôle,
18:58 qui est dire face à ce désordre, cette anomie,
19:01 on contrôle.
19:02 Reprise étatique.
19:04 Celui de la Chine, mais aussi de plusieurs puissances
19:06 autoritaires qui sont en train d'aller vers ce modèle.
19:08 Le modèle humaniste, celui que l'Europe doit développer.
19:12 Et il ne peut exister qu'en européen.
19:15 C'est un modèle qui crée un ordre démocratique,
19:18 c'est-à-dire transparent, loyal,
19:20 où nous débattons des règles et où nous les choisissons.
19:24 C'est pourquoi je veux défendre une Europe
19:26 de la majorité numérique à 15 ans.
19:29 Avant 15 ans, il doit y avoir un contrôle parental
19:32 sur l'accès à cet espace numérique.
19:35 Parce que c'est un accès si on n'en contrôle pas les contenus,
19:39 qui est le fruit de tous les risques
19:40 et des déformations d'esprit,
19:42 qui justifie toutes les haines.
19:45 Nous devons, comme on le fait pour nos enfants,
19:48 je le dis avec beaucoup de bon sens,
19:50 est-ce que quelqu'un envoie son enfant dans la jungle
19:54 à 5 ans, 10 ans, 12 ans ?
19:55 Personne, je pense, ne le censait.
19:58 On le protège dans la famille,
19:59 on l'accompagne jusqu'aux portes de l'école, puis du collège,
20:02 et on le remet à des gens de confiance qui vont l'éduquer.
20:05 On va ensuite organiser des activités quand on le peut
20:07 pour qu'il puisse apprendre davantage et s'émanciper.
20:11 Et aujourd'hui, plusieurs heures par jour,
20:15 on ouvre la porte de la jungle.
20:18 Et le même est la proie du cyberharcèlement.
20:21 Le même peut être la proie de contenus pornographiques,
20:26 de la pédocriminalité. C'est ça, cet espace.
20:29 Parce qu'il n'est pas régulé
20:31 et parce qu'il n'est pas modéré non plus.
20:33 Voulez-vous que je vous dise combien chacune de ces plateformes,
20:35 de ces réseaux a de modérateurs en langue française ?
20:40 Même pas une dizaine pour certains.
20:43 Donc nous devons reprendre le contrôle de la vie
20:46 de nos enfants et de nos adolescents en européen
20:49 et imposer la majorité numérique à 15 ans.
20:52 Pas avant.
20:54 Et imposer aux plateformes la modération,
20:57 la fermeture de certains sites.
20:59 Et nous devons ensuite, beaucoup plus ardemment,
21:03 reciviliser cet espace numérique.
21:06 Là où nous interdisons les propos racistes,
21:08 les propos antisémites, les discours de haine,
21:11 nous devons avec la même force les interdire
21:13 dans l'espace numérique.
21:15 La présomption d'anonymat conduit à la désinhibition de la haine.
21:21 C'est un combat civilisationnel et démocratique.
21:27 Nous devons le mener en européen.
21:29 Il est essentiel, et je le mets là,
21:30 au coeur de cette bataille que nous devons conduire.
21:33 Et puis notre humanisme européen est évidemment
21:36 aussi un humanisme de dignité et de justice.
21:39 Nous aimons la liberté, le savoir,
21:41 et nous avons ce goût inédit pour la justice, l'égalité.
21:47 Ce qui nous distingue des autres continents.
21:51 L'égalité entre les femmes et les hommes
21:53 est au coeur de ce projet.
21:54 Avec l'Europe, nous avons beaucoup accompli
21:57 en matière d'équilibre entre vie professionnelle et vie privée,
21:59 des parents, des aidants,
22:01 de la transparence des rémunérations,
22:02 de la parité, etc.
22:04 Je souhaite aujourd'hui que nous allions au-delà
22:06 en inscrivant, comme nous l'avons fait
22:08 dans notre Constitution,
22:10 le droit à l'interruption volontaire de grossesse
22:12 dans la charte des droits fondamentaux
22:14 de l'Union européenne.
22:16 Parce que l'égalité entre les femmes et les hommes
22:19 est au coeur de ce projet humaniste.
22:22 Elle est au coeur, précisément, de ce qui fait l'Europe.
22:28 Cette Europe est aussi construite sur une cohésion sociale,
22:32 c'est-à-dire une volonté de bâtir une cohésion de notre société,
22:36 fidèle à l'héritage de Jacques Delors,
22:38 à son programme européen d'aide aux plus démunis.
22:41 Je propose de créer un programme européen des solidarités
22:44 qui, s'appuyant sur le Fonds social européen,
22:47 viendra accompagner les initiatives des Etats membres
22:49 contre toutes les précarités
22:51 et permettra d'accompagner de manière sociale
22:54 les transitions que nous sommes en train de mettre en oeuvre.
22:57 Et donc l'Europe doit aussi se doter d'instruments nouveaux
23:00 pour accompagner les personnes et les territoires
23:02 dans cette transition sociale.
23:05 C'est indispensable. Protégeons, accompagnons les Européens
23:08 avec cette politique de justice et d'une garantie d'une Europe,
23:13 justement, là aussi, permettant d'exercer tous les droits,
23:16 la libre circulation, l'accessibilité,
23:18 la lutte contre les discriminations et d'avancer.
23:21 (Générique)
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