Bruxelles : «Il y a une influence des Frères musulmans qui est très importante», confie Fadila Maaroufi
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Fadila Maaroufi, directrice de l’Observatoire des fondamentalismes à Bruxelles, répond aux questions de Dimitri Pavlenko. Ensemble, ils s'intéressent à Bruxelles qui serait en passe de devenir la capitale européenne de l'Islam politique.
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00:00Sur Europe 1, Dimitri Pavlenko, vous recevez ce matin la cofondatrice de l'Observatoire des fondamentalismes à Bruxelles en Belgique, Fadila Maroufi.
00:07Bonjour Fadila Maroufi.
00:09Bonjour.
00:10Bienvenue sur Europe 1, vous êtes aussi la cofondatrice du Café laïque de Bruxelles.
00:14Bruxelles est-elle devenue la capitale européenne de l'islam politique ? On se pose la question ce matin avec vous, Fadila Maroufi, sur Europe 1.
00:22Une semaine après un événement qui a marqué la France, la tentative d'annulation d'une conférence des nationaux conservateurs européens
00:29dans une des communes de Bruxelles, dirigée par le bourgmestre Émire Kyr. Vous allez peut-être nous parler un peu de lui.
00:35Alors cette fameuse conférence, elle a malgré tout eu lieu, il a fallu que ça remonte jusqu'au Conseil d'État belge,
00:40mais ce que l'on a découvert en France, Fadila Maroufi, c'est l'influence extrêmement forte à Bruxelles d'un islam fondamentaliste,
00:46particulièrement pugnace, qui parvient à obtenir des autorités, la censure de tout groupe politique qui ne lui est pas favorable.
00:54Car ce sont des fondamentalistes qui ont oeuvré à l'interdiction de cette conférence.
00:59Vous les connaissez bien, vous, Fadila Maroufi, tous ces censeurs islamistes ?
01:04Oui tout à fait, ça fait depuis quelques années en fait que d'abord je suis née à Bruxelles,
01:09et je suis issue d'une famille musulmane, et je suis née d'huit enfants,
01:15donc évidemment j'ai grandi à Bruxelles dans un quartier qu'on appelle les quartiers assez sensibles,
01:21juste à côté de Monambique, mais tout d'abord je voudrais rappeler quand même pour qu'on comprenne un peu en fait
01:27qu'est-ce que Bruxelles et comment elle est constituée.
01:29Donc la région de Bruxelles est constituée de 19 communes,
01:32et on a une population musulmane qui occide entre 22 et 44% de musulmans,
01:37ce qui porte des voix musulmanes qui sont importantes pour les élections.
01:43Il y a évidemment en 2024 les élections européennes, mais il y a aussi les élections pour la Belgique régionale, fédérale et communale.
01:51Donc le vote des musulmans est très important à Bruxelles pour tous les partis politiques, francophones notamment,
01:57et évidemment la gauche qui a pour la plupart du temps jusqu'à présent eu des votes musulmans,
02:05mais on voit aussi que ces dernières années la droite commence à recruter auprès des personnes de la communauté musulmane.
02:14Oui, il y a un enjeu, alors vu les chiffres que vous nous donnez, vous nous dites 22 à 44% de musulmans vivant dans les différentes communes de Bruxelles capitale.
02:22L'enjeu électoral, c'est le vecteur d'une islamisation plus ou moins douce des mœurs de la société bruxelloise aujourd'hui, Fadila Maroufi ?
02:31Oui, l'islamisation en fait s'est faite progressivement depuis 40 ans.
02:35Maintenant nous sommes à 3 voire 4 générations de personnes islamisées,
02:39et ces 20 dernières années, ce qu'on constate c'est que les femmes sont en avant-plan des militantes islamistes qui revendiquent le droit de porter le voile et de le porter partout.
02:50Elles sont éduquées pour la plupart du temps, elles ont un niveau d'éducation universitaire,
02:56et elles sont très influentes parce que les frères musulmans évidemment ont compris qu'avec les femmes ils pouvaient avancer leur projet califal.
03:04Projet califal ? Vous dites Fadila Maroufi, c'est un projet califal ?
03:09Bien sûr, c'est d'imposer les normes chariatiques ici à Bruxelles, mais aussi partout en Europe,
03:16puisque Bruxelles est quand même aussi la capitale de l'Europe où les institutions européennes s'y trouvent,
03:21et il y a une influence des frères musulmans qui est très présente.
03:23Mais pour vous donner un exemple de l'influence des femmes,
03:27Bruxelles Monambique présentera sa candidature pour être en 2030 la capitale européenne de la culture,
03:32la personne qui a été choisie c'est Fatima Zibou, femme voilée, proche des frères musulmans,
03:37qui a un doctorat en sciences politiques et sociales, qui est une entrepreneuse sociale,
03:42elle est extrêmement influente et c'est quelqu'un qui est influente un peu partout à Bruxelles,
03:47on peut la voir, elle est mise en avant par les médias francophones belges.
03:52Alors ce fondamentalisme islamique, cette politisation islamiste de la vie bruxelloise,
04:00Fadila Maroufi, comment ça se traduit dans la vie quotidienne, à quoi ça se voit ?
04:04Parce que ça se voit.
04:06Alors, on peut le voir d'abord quand on se balade à Bruxelles,
04:11que ce soit dans les transports en commun ou un peu partout à Bruxelles,
04:14la grande majorité des femmes musulmanes sont voilées,
04:18mais ce qui est plus inquiétant maintenant, parce qu'on ne parle même plus du voile des femmes,
04:23c'est plutôt le voilement des petites filles.
04:26Honnêtement, vous traversez Bruxelles, vous pouvez le constater par vous-même,
04:33mais c'est aussi dans certaines écoles, des établissements scolaires,
04:36notamment le Parti Réseau Libre Catholique, je vais vous donner un exemple très simple,
04:42vous avez dans une école, il y a 10 ans, on a recruté une femme professeure de mathématiques voilée,
04:48maintenant elles ne sont plus de 10, l'équipe éducative est constituée,
04:53la direction de personnalité de confession musulmane,
04:56et là où ça pose question, c'est que ces professeurs réprimandent les filles
05:02qui parlent par exemple dans les couloirs de l'école avec un garçon,
05:06elles sont réprimandées par ces professeurs,
05:08si elles décident d'enlever le foulard lors d'une sortie à la mer,
05:12elles sont réprimandées, rappelées à l'ordre, parce qu'enlever son voile est péché.
05:17Mais c'est dans la vie du quotidien qu'on le voit, mais aussi au niveau politique,
05:21nous avons des personnalités comme Émire Kyr, dont vous avez parlé,
05:26vous avez rappelé qu'il a tenté d'annuler un événement.
05:29Donc c'est le maire de la commune de Saint-Jos, qui fait partie de ces 19 communes formant Bruxelles-Capital.
05:35Tout à fait. Pour rappel, ce n'était pas le seul, nous avons eu aussi un autre maire de Bruxelles,
05:43Philippe Claus, qui a tenté d'abord, c'est lui le premier en fait,
05:47qui a annulé l'événement, qui a fait annuler l'événement,
05:50et qui fait partie du parti socialiste, c'est aussi...
05:55Pardonnez-moi Fadila Marronfi, mais comment ça se voit sur la carte ?
06:00Est-ce que ce que vous nous décrivez là, ce sont des sortes d'isolats islamiques à l'intérieur de Bruxelles,
06:05des quartiers vivant une forme de repli communautaire ?
06:09Où est-ce que ça va au-delà de ça, cette influence ?
06:12Comment réagissent les Belges ? Comment réagit la société ?
06:15Je pense à cela parce qu'en France, on a eu l'exemple récent de Gabriel Attal, le Premier ministre,
06:20pointant du doigt l'antrisme islamique.
06:22Ça lui a valu quelques reproches d'ailleurs du recteur de la mosquée de Paris.
06:26Est-ce qu'on voit ce genre de réaction politique en Belgique,
06:29ou bien tout ce que vous nous racontez s'opère dans une inertie,
06:32une sorte de silence généralisé, tout va bien, madame la marquise ?
06:35Alors tout ça, en fait, se fait d'une manière très discrète.
06:39Alors on a parfois évidemment des événements qui montrent qu'il y a un problème.
06:45Si on prend par exemple un conseil communal à Anderlecht,
06:50où il a fallu porter le vote d'une motion par la gauche et par Écolo sur le port du voile dans l'administration,
06:57la veille, il faut savoir que ces élus ont été menacés de mort.
07:01Et que finalement, on a quand même voté cette autorisation au port du voile.
07:07Et donc voilà, ça c'est un exemple parmi tant d'autres.
07:10Donc il y a parfois des petits coups comme ça médiatiques, mais qui ne durent pas très longtemps,
07:14puisqu'ils peuvent compter aussi sur le silence des médias,
07:17sur toutes ces questions qui touchent l'islamisme et la radicalisation.
07:22Et puis les citoyens le ressentent, mais ils n'ont pas vraiment grand chose à dire,
07:30puisqu'à partir du moment où vous en parlez, vous êtes tout de suite censurés,
07:34vous êtes ostratisés, vous êtes attaqués,
07:36puisque encore une fois, les frères musulmans sont vraiment très puissants
07:39et très présents dans tous les secteurs de la société maintenant, à l'heure actuelle, à Bruxelles.
07:43Donc Bruxelles est vraiment pris et les partis politiques, encore une fois,
07:47n'oseront jamais prendre position, de peur évidemment de ne pas avoir le vote des musulmans,
07:52surtout à l'heure actuelle.
07:53Et on le voit notamment depuis le 7 octobre avec le conflit Israël-Palestine,
07:57qui devient vraiment un enjeu électoral à l'heure actuelle.
08:01Donc on voit certaines personnalités qui hissent le drapeau palestinien devant la maison communale,
08:07sans demander l'avis des autres élus,
08:10comme c'est le cas à Evert avec le bourgmestre Redouane Chahide,
08:13qui d'ailleurs s'en vante, qui ne s'en cache pas,
08:16et qui dit clairement qu'il a pris cette initiative sans parler aux autres élus,
08:20qu'il trouve ça normalement, il explique ça devant les médias,
08:24en disant oui, j'ai pris cette décision, puisqu'on l'a fait à l'Ukraine,
08:27on l'a fait aussi pour la Palestine.
08:29Et ce sont des associations telles que BDS, le Boycott des Investissements Sanctions,
08:34qui en a fait la demande et ça a été accepté.
08:37Alors que des citoyens ont demandé à hisser aussi le drapeau israélien,
08:42ça a été refusé, puisque ce bourgmestre dit
08:45tant qu'il n'y a pas un cessez-le-feu de la part d'Israël,
08:49ils ne cesseront pas le drapeau d'Israël.
08:52Donc on voit quand même que l'influence de la communauté musulmane est très forte,
08:57et donc ça oblige les partis politiques de se taire.
09:00Le parti réformateur, qui est libéral, qui est l'équivalent du LR,
09:05on peut dire qu'ils se positionnent contre l'islamisme en parole,
09:10mais ça n'empêche pas que ces dernières années,
09:12ils ont beaucoup recruté au sein de la communauté musulmane,
09:15et il y a aussi des frères musulmans au sein même de leur parti.
09:18C'est assez édifiant ce que vous nous racontez, Fadila Maroufi.
09:22J'ai cité votre observatoire tout à l'heure,
09:25l'Observatoire des fondamentalismes à Bruxelles.
09:27C'est intéressant de voir ce que vous faites,
09:29ça produit de la connaissance, vous nourrissez les réseaux sociaux.
09:31Vous tenez aussi des permanences sociales, Fadila Maroufi,
09:34mais ça s'adresse à qui ? Qui vient vous voir ?
09:37Très souvent, j'ai un peu de tout public,
09:41des personnes qui sont issues de familles musulmanes,
09:44qui sont elles-mêmes musulmanes, ou alors des ex-musulmans.
09:47J'ai aussi des professeurs, des instituteurs, des directions d'école qui s'adressent à moi.
09:52Toutes personnes, en tout cas, qui se sentent menacées directement ou indirectement
09:57par le fondamentalisme islamique.
09:59J'essaie de les voir, mais évidemment de les rencontrer pour en discuter.
10:04Mais ça devient de plus en plus compliqué,
10:06parce que certaines personnes essayent de me tendre des pièges,
10:10de me rencontrer pour essayer de me faire taire,
10:14puisque je suis menacée de mort dans mon pays.
10:17Et que tout ce qu'on dénonce au sein de l'Observatoire
10:22gêne énormément et de plus en plus, puisque jusqu'à présent,
10:26très peu de personnes, voire quasiment personne en fait, n'en parle.
10:29Le destin que vous nous racontez de la Belgique, très rapidement, Fadila Maroufi,
10:33vous imaginez que ça puisse un jour se produire en France, qu'on puisse en arriver là ?
10:37La France pourrait, évidemment, puisque depuis Bruxelles, en tout cas,
10:41le CCIF qui a été dissous, est venu s'installer sous l'appellation du CCIE,
10:47attaque les islamistes depuis Bruxelles, attaque la France,
10:51et surtout au niveau des institutions européennes.
10:54Donc il faut vraiment que la France s'intéresse à Bruxelles plus que jamais,
10:58parce que vous êtes un pays qui résistait.
11:01On le sent, on le sent dans les débats, dans les discussions.
11:04Vous avez des médias qui sont diverses, alors que chez nous, nous sommes très limités.
11:09Les citoyens belges, nous suivons la presse française,
11:12comme Europe 1 ou CNews ou d'autres médias français,
11:16qui parlent de ces phénomènes.
11:18Alors juste aussi, pour rappeler très rapidement,
11:21puisque vous demandez des choses concrètes à Bruxelles,
11:25il y a eu, en décembre 2023, on a parlé de Majed Alzer,
11:30le chef européen du Hamas, qui dispose de bureaux devant le Parlement européen.
11:34Évidemment, pour lui, il s'agit d'observer ce qui se passe
11:37dans les institutions européennes, et d'être un lobby.
11:41Donc on voit bien quand même que des djihadistes, des personnes radicalisées,
11:45peuvent vivre tranquillement à Bruxelles sans être inquiétés par nos politiques.
11:49Des bureaux du Hamas, juste en face du Parlement européen,
11:52c'est vous qui nous racontez ça, Fadila Maroufi.
11:54Merci de votre témoignage, très fort ce matin sur l'antenne d'Europe 1.
11:58D'ailleurs, je précise à nos auditeurs qu'on va vous retrouver dans un petit quart d'heure
12:01pour une déambulation en compagnie de la reporter européenne Caroline Baudry,
12:04dans cette Belgique, dans ce Bruxelles sous l'emprise des islamistes.
12:09Merci à vous, Fadila Maroufi, bonne journée.
12:11Merci à vous.