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00:00 Mais d'abord, comme chaque vendredi sur Europe 1, l'enquête de la rédaction en Belgique,
00:04 cette semaine, il y a dix jours, le maire musulman d'une des 19 communes de Bruxelles
00:08 interdisait une conférence des nationaux conservateurs européens, révélant au passage au public français
00:14 l'influence conquise par les islamistes dans la capitale du royaume des Belges et de l'Union européenne.
00:19 Bonjour Caroline Baudry. - Bonjour.
00:21 - Reporter Europe 1, Caroline, vous avez passé quelques jours en immersion dans la capitale européenne,
00:26 ce que vous avez vu par endroit vous a semblé stupéfiant.
00:29 - Oui, sur un boulevard de l'hypercentre ou à Skarbek, une commune plus populaire,
00:33 l'islam rigoriste a en fait carrément pignon sur rue à quelques kilomètres du Parlement européen.
00:38 On a déambulé avec Fadila Maharoufi, votre invitée de 7h10, dans la rue de Brabant par exemple,
00:43 premier stop devant une librairie où les personnages dessinés dans les livres pour enfants
00:47 n'ont pas de visage conformément à une vision radicale de l'islam.
00:50 - En réalité c'est du prosélytisme. Là vous avez par exemple, voilà, un mannequin sans visage
00:54 et on n'avait pas autant de boutiques pour voir l'intégrale en fait.
00:57 Vous en aviez une ou deux et ce qu'on n'avait pas avant c'est qu'il n'y avait pas pour enfant non plus.
01:01 C'est une petite fille qui doit avoir 9-10 ans, qui porte un voile intégral.
01:07 Bon, à part le visage, tout le reste est couvert.
01:09 Les petites filles sont sexualisées depuis toutes petites et donc c'est un véritable problème.
01:12 Ça, ça vient des pays du Golfe en fait.
01:15 Arabie Saoudite, Dubaï, Golfe, Qatar...
01:18 - Fadila est menacée de mort pour ses prises de position, elle marche dans l'angoisse,
01:22 elle porte un masque chirurgical pour ne pas être reconnue dans la rue,
01:25 elle milite pour la laïcité et reçoit de nombreux signalements
01:28 qui viennent surtout des enseignants comme Raymond Deux.
01:30 - C'est la politique de l'autruche.
01:32 Lors des classes de dépaysement d'une semaine,
01:35 il y a des enfants qui voulaient prendre leur tapis de prière.
01:37 En primaire, il y a beaucoup de petites fêtes.
01:39 Il y a des mamans qui ne voulaient pas que les enfants aillent chanter, aillent danser.
01:44 Parce que c'est haram.
01:45 Il y a des enfants qui ont des maux de tête parce qu'ils n'osent pas manger
01:50 quand c'est le ramadan.
01:51 Et ça, avant, il n'y avait pas.
01:52 - Mais comment expliquer, Caroline, l'enracinement du fondamentalisme islamique en Belgique ?
01:57 - Déjà, il faut savoir que la laïcité à la Belge est bien différente de la nôtre.
02:01 Il y a sept cultes reconnus et financés,
02:03 dont la laïcité qui n'est pas au-dessus comme en France.
02:06 Donc les enfants choisissent un cours d'instruction religieuse à l'école publique,
02:09 christianisme, judaïsme, islam ou cours de morale pour les athées.
02:13 Tout cela est cloisonné, c'est devenu un terreau pour le rigorisme.
02:16 Selon Jemila Benhabib, elle est politologue et fondatrice du collectif Laïcité Yalla,
02:21 d'autant plus que la Belgique a confié la gestion du culte musulman à l'Arabie saoudite dans les années 60.
02:26 - Que c'est une monarchie extrêmement riche et qui pouvait aussi offrir
02:30 une certaine stabilité énergétique.
02:33 À partir du moment où vous laissez rentrer le loup dans la bergerie,
02:37 on n'a jamais encouragé des discours humanistes.
02:42 La mosquée a eu un rôle à jouer dans la radicalisation de plusieurs profils.
02:47 Et donc, après les attentats de Charlie Hebdo et du Pataclan,
02:51 l'imam de la mosquée, qui était donc un diplomate saoudien, a été chassé.
02:56 - Alors c'est un chaos organisationnel dans lequel les frères musulmans
03:00 se seraient donc fait une place à Bruxelles et tout cela,
03:03 avec la complaisance des pouvoirs publics, Caroline.
03:06 - Absolument, c'est ce que dénoncent avec force ces femmes de terrain que vous venez d'entendre.
03:11 Elles réclament un état fort, l'interdiction du voile islamique dans toutes les écoles,
03:14 les digues de la neutralité politique s'effondrent, selon elles,
03:18 dans un silence très probablement électoraliste.
03:20 Dans certaines communes de Bruxelles, près de la moitié des habitants sont de confession musulmane.
03:24 Parler des dérives d'une religion a des croyances et prendre le risque de l'effrocer.
03:29 Alors mieux vaut éviter le sujet.
03:30 - L'enquête européen du vendredi signée Caroline Baudry à Bruxelles,
03:34 et on remercie donc tous les interlocuteurs qu'elle a pu rencontrer,
03:39 car ces prises de parole ne sont pas forcément évidentes.
03:42 Pour elle, certaines prennent des risques.
03:43 Il est 7h45 sur Europe 1.