Les premières années de la vie sont déterminantes. Comme Lisa le dit toujours : un enfant, c’est comme une trainée… de ciment.
Retrouvez la chronique de Lisa Delmoitiez dans la Bande Originale sur France Inter et sur https://www.radiofrance.fr/franceinter
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AmusantTranscription
00:00 - Voici Lisa Del Morsi !
00:02 (applaudissements)
00:04 - Vous, vous n'auriez pas fait la pièce comme ça ?
00:06 - Ben non ! Non, non !
00:08 Pourtant, j'ai vraiment adoré la pièce
00:10 et elle m'a inspirée
00:12 mais peut-être pas dans le bon sens.
00:14 Moi, je ne capte pas toujours bien la bonne morale des histoires.
00:17 Déjà, quand toutes les petites filles se sont dit à la fin de La Belle et la Bête
00:20 "Ok, donc il ne faut pas juger sur les apparences"
00:22 Moi, j'ai retenu "Ok, donc si t'es moche et seule, tu peux quand même trouver l'amour, Lisa, il faut juste l'enfermer chez toi"
00:26 Je ne le fais pas, bien sûr, je n'emprisonne pas d'amoureux chez moi.
00:30 Je vis à Paris, je n'ai pas la place.
00:32 (rires)
00:33 Avoir un donjon, c'est quand même un peu le signe que t'as réussi.
00:35 Mais moi, j'ai même pas de hall d'entrée.
00:37 Donc je ne peux pas me reposer sur le syndrome de Stockholm pour draguer.
00:40 Je suis obligée de convaincre les gens de m'aimer pour qui je suis vraiment.
00:43 Je suis célibataire.
00:45 (rires)
00:46 Bref, tout ça pour dire que j'interprète parfois mal les œuvres d'art
00:49 et dans Je ne serai pas arrivée là-ci,
00:51 on se rend compte que beaucoup de grandes femmes incroyables
00:54 ont eu des enfances difficiles.
00:56 C'est un peu un point commun.
00:57 Donc, si des parents pas à la hauteur donnent des femmes au parcours inspirant,
01:01 je crois que je suis enfin prête à être maman.
01:04 (rires)
01:05 J'ai toujours cru qu'il fallait être un parent incroyable pour élever des enfants incroyables.
01:08 Donc j'avais fait un croix sur le projet.
01:10 Mais donner à mon enfant une enfance difficile qu'il poussera à se dépasser,
01:13 oh mais ça, c'est quand vous voulez.
01:15 Ohlala, qu'est-ce que j'ai hâte d'être une mère décevante.
01:17 La petite féministe que je vais nous élever, vous m'en direz des nouvelles.
01:20 Vraiment, si des parents dysfonctionnels, ça forge un caractère,
01:22 je vais nous pondre la première femme noire présidente.
01:24 Moi je vous le dis.
01:25 Après, bien sûr, dans les grandes femmes que vous incarnez,
01:28 il y en a aussi qui ont eu des parents exemplaires, comme Nicole Kidman.
01:30 Mais quand même, le point commun de tous ces destins, c'est l'importance de l'enfance.
01:34 L'humain, c'est comme l'abbé Chamel.
01:36 Tu foires le début, bonjour les grumeaux.
01:38 Et on peut s'en sortir dans la vie avec des grumeaux.
01:40 On peut même les transformer en pierres précieuses, comme ce que vous faites, Anne et Laura,
01:43 dans votre démarche artistique.
01:44 Mais quand même, les premières années de la vie sont déterminantes.
01:46 C'est comme je dis toujours, un enfant, c'est comme une traînée.
01:49 La phrase n'est pas finie.
01:51 Il faut que je bosse mes intonations.
01:55 Le français, ce n'est pas si éloigné que ça du chinois.
01:57 Un enfant, c'est comme une traînée de ciment.
02:00 Tu n'as pas beaucoup de temps pour bien tout lisser avant que ça durcisse.
02:03 Et des parents pas à la hauteur, c'est comme un chat qui vient marcher dessus
02:06 alors que c'est en train de sécher.
02:07 Ça laisse des traces.
02:08 Et non, je n'étais pas défoncée quand j'ai pondu cette métaphore.
02:11 Vraie histoire, c'est le rédacteur qui m'a obligé de préciser ça.
02:14 Mais non, j'étais sobre.
02:16 C'est quand même inspirant de se dire qu'une enfance difficile n'empêche pas
02:20 de devenir une femme forte.
02:21 Au contraire, ça donne du courage.
02:23 Un autre point commun qui ressort de la pièce, entre Virginie Despens,
02:26 Yolanda Davis ou Mona El-Tahouy, c'est qu'elles expriment leur colère.
02:29 Une femme accomplie, c'est une femme qui sait gueuler.
02:32 Et je trouve que c'est une vraie leçon parce que la colère,
02:34 c'est le territoire masculin de base.
02:36 Ils ont leurs propres problèmes, cela dit, les mecs, il y a plein d'émotions
02:38 que le patriarcat les empêche d'exprimer.
02:40 Comme la tristesse, la peur ou le plaisir de se faire masser.
02:43 Le nombre d'hommes complètement noués et bossus parce qu'on leur a un jour dit
02:46 que le palpé-rouler c'était un truc de pédés, c'est malheureux.
02:49 Mais la colère, ça ils ont le droit.
02:52 Un homme qui s'énerve, c'est un bonhomme.
02:54 Une femme qui gueule, c'est une hystérique.
02:55 Mais là, toutes ces femmes qui se révoltent, ça m'inspire.
02:57 Je dis ça parce que moi je suis incapable de m'énerver.
03:00 Et d'après une thérapeute, c'est pour ça que j'ai de l'acné.
03:02 Apparemment mes points noirs, c'est la colère qui essaye de sortir par tous les trous.
03:05 Je vous jure, on m'a dit ça.
03:07 Alors il faut que je m'arrête ici.
03:09 En général, c'est au mot "trou" que mes chroniques basculent.
03:13 Je m'arrête ici, mais je ne m'arrête pas quand même sans avoir compété la phrase.
03:16 Moi, je ne serais pas arrivée là si j'avais pas eu envie de percer
03:19 pour un jour m'acheter mon propre donjon.
03:21 - Choliiiiiiiis !
03:24 - Les 1/2 sur scène à la Nouvelle Seine, tous les jeudis.