Élections en Afrique du Sud : chômage, eau, électricité, les défis majeurs du pays

  • il y a 6 mois

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00:00 L'Afrique du Sud a un mois d'élections cruciales, historiques, qu'il y a pour la première fois en 30 ans.
00:07 L'ANC, le parti de Nelson Mandela, pourrait être contraint de partager le pouvoir.
00:11 Corruption, chômage, coupure d'électricité, les sujets de mécontentement sont très nombreux.
00:16 Bonjour David Zulmenou, vous êtes analyste à l'Institut d'études de sécurité à Pretoria.
00:21 Merci beaucoup de répondre à nos questions.
00:23 L'ANC s'est rodé déjà après le départ de Jacob Zuma en 2018.
00:28 Qu'est-ce qui explique selon vous que la chute de ce parti historique se poursuive ?
00:34 Bonjour, juste un rectificatif. Je ne suis plus avec l'ISS.
00:39 Désolé.
00:40 Je suis devenu chercheur indépendant, mais je m'occupe toujours des questions de la gouvernance, des pays, des sécurités.
00:46 Oui, vous avez raison, les élections à l'Afrique du Sud se tiennent dans un environnement politique et socio-économique particulier.
00:55 En ce sens que cette année, l'Afrique du Sud clôture 30 ans de libération, libération politique.
01:01 Ils ont d'ailleurs célébré la journée de la liberté le 24 avril, le 27 avril passé.
01:09 Donc ces élections se tiennent un peu dans un contexte de bilan, de bilan par rapport à ce que l'ANC, le parti historique de Nelson Mandela,
01:19 le parti qui a milité pour mettre fin à la partage et instaurer la démocratie, le bilan que ce parti a pu faire jusque-là.
01:27 Mais sur la balance, les populations restent encore sur leurs fins, attendent beaucoup de l'Afrique du Sud,
01:36 de gouvernements sud-africains, de l'ANC. Et c'est à l'aune de ça que s'exprimeront les votes qu'on attend dans un mois.
01:44 Et à commencer par le sujet, peut-être la préoccupation majeure des Sud-Africains, le chômage.
01:50 Près de 45%, à peu près la moitié des jeunes là-bas sont sans emploi.
01:55 Cyril Ramaphosa, lui, promet de créer de nouveaux emplois. C'est un vœu pieux ?
02:01 C'est un vœu pieux. Le problème, c'est qu'il n'y a jamais eu une réflexion approfondie pour la création ou la mise en place
02:09 d'une stratégie de création d'emplois pour les jeunes. On a l'impression que l'ANC préfère les jeunes désœuvrés pour faire passer son message
02:19 et pour se postuler, se positionner comme le libérateur de l'Afrique du Sud, alors que c'est à cette jeunesse-là qu'il faut s'adresser,
02:28 c'est à cette jeunesse-là qu'il faut offrir des opportunités. Et l'offre, pour le moment, de l'ANC ne répond pas du tout,
02:34 surtout à cette jeunesse qui est née après 1994 et qui ne comprend pas les méandres historiques de la lutte pour la patrie
02:43 et qui attend simplement une bonne éducation, qui attend des meilleures offres d'emploi et qui attend simplement
02:48 s'épanouir dans une Afrique du Sud qu'on a promis être une Afrique du Sud pour tout le monde.
02:53 Autre sujet de colère, les coupures d'électricité. C'est devenu invivable pour les Sud-Africains.
02:59 Le problème vraiment s'est aggravé ces dernières années. Pourquoi, selon vous, il y a un problème de maintenance ?
03:06 Le gouvernement a d'ailleurs mis une stratégie en place pour qu'il n'y ait pas de coupure d'électricité, c'est le dernier temps,
03:12 parce que c'est le dernier virage pour les élections. Cela montre l'enjeu que représente le délestage en Afrique du Sud.
03:19 C'est un problème de négligence, c'est un problème de corruption, c'est un problème de malgouvernance qui gangrène l'organisation,
03:26 la structure, la société qui est chargée d'approvisionner les Sud-Africains en électricité.
03:32 On a de nombreux cas de corruption, de nombreux cas de malvestations qui ont empêché cette société de pouvoir répondre aux attentes de la population.
03:43 Les conséquences ne sont pas seulement sociales, il y a également des conséquences économiques,
03:48 parce que les coupures d'électricité conduisent forcément à un désinvestissement,
03:53 à un environnement où les investisseurs n'ont plus confiance en Afrique du Sud,
03:57 n'ont plus vraiment la confiance qu'il faut pour investir ou pour initier de gros projets dans le pays,
04:03 ce qui se déterre en tout cas sur les conditions de vie et des existences des Sud-Africains 30 ans après la fin de l'apartheid.
04:09 On est à un mois des élections, je le disais, l'ANC risque de devoir partager le pouvoir à l'issue de ces élections.
04:18 Le parti a besoin de toutes les forces vives pour convaincre, y compris en la personne de Jacob Zuma, l'ancien président qui est cerné par les affaires de corruption.
04:26 Lui se présente finalement contre son camp, ça a un gros coup porté à l'ANC.
04:31 Est-ce qu'il reste populaire et que sait-on de son poids politique ? C'est une inconnue de ces élections ?
04:38 Alors c'est ça qui rend les élections 2025 très intéressantes et très ouvertes.
04:44 Certaines des élections les plus compétitives de l'histoire de l'Afrique du Sud post-apartheid,
04:50 parce qu'on est habitué un peu à voir l'ANC perdre un peu de ses soutiens depuis 2014,
04:57 d'abord avec la défection d'une grande partie de l'Afrique du Sud de l'ANC,
05:04 la jeunesse dirigée par Julius Malema, qui est aujourd'hui à la tête des combattants pour la liberté économique
05:11 et qui grignote quand même 10% de l'électorat de l'ANC.
05:16 L'entrée en lice de Jacob Zuma, qui a été le pestiféré de la politique sud-africaine,
05:24 en tout cas de 2009 à 2019, et qui représentait un peu tout ce que les Sud-Africains redoutaient
05:31 de la gouvernance politique post-apartheid, c'est-à-dire la corruption, la trichérie, la malversation, la magouille,
05:37 et surtout ce qu'on appelait la "capture de l'État". Jacob Zuma a choisi aujourd'hui de se positionner
05:44 contre l'ANC en créant un parti qui ampute l'ANC de sa branche militante,
05:50 même contre SISOUE, qui était en tout cas le mouvement armé de l'ANC,
05:55 et qui en dit d'ailleurs l'homme sur les distinctions internes de l'ANC.
05:59 Et dans cet environnement, on espère qu'il y a des sondages qui disent d'ailleurs que l'ANC ne réussira pas
06:05 à franchir la barre des 50%, ce qui va rester un coup dur pour le parti depuis le départ de Nelson Mandela.
06:11 Verdict dans un mois en Afrique du Sud. Merci infiniment David Zunmenu, chercheur indépendant en direct de Pretoria pour France 24.

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