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100% Sénat diffuse et décrypte les moments forts de l'examen des textes dans l'Hémicycle, ainsi que des auditions d'experts et de personnalités politiques entendues par les commissions du Sénat. Année de Production :

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00:00:00 [Générique]
00:00:10 Bonjour à tous, ravi de vous retrouver sur Public Sénat pour un nouveau numéro de 100% Sénat,
00:00:14 l'émission qui vous fait vivre les travaux de la Haute Assemblée.
00:00:17 On va parler d'épidémie aujourd'hui puisque le Sénat a organisé une table ronde de scientifiques
00:00:21 sur le développement des épidémies avec le réchauffement climatique.
00:00:25 Je vous laisse l'écouter.
00:00:26 Madame la Présidente, Mesdames et Messieurs les chercheurs, mes chers collègues,
00:00:31 notre ordre du jour porte sur un sujet majeur auquel notre Commission a déjà consacré plusieurs de ses travaux,
00:00:39 l'adaptation au changement climatique et l'anticipation de ses effets
00:00:43 par l'élaboration de politiques publiques qui intègrent le plus en amont possible
00:00:48 la nouvelle donne climatique et les modifications environnementales qui en découlent.
00:00:53 Je pense notamment à la mission conduite par Jean Ivreau sur les inondations,
00:00:57 aux réflexions de Rémi Pointreau et Hervé Gillet sur la gestion durable de l'eau haute
00:01:02 dans un contexte où la disponibilité de la ressource sera plus sensible aux saisons
00:01:07 ou encore aux travaux de Jean Bassi et Pascal Martin sur l'intensification du risque incendie
00:01:13 pour ne citer que les thèmes les plus récents.
00:01:17 Ce matin, notre regard se tournera vers l'intensification des risques épidémiologiques
00:01:22 sous l'effet du changement climatique.
00:01:24 Il s'agit d'une thématique chère à notre collègue Stéphane Demilly
00:01:28 dont le fort intérêt pour l'accroissement du risque des maladies vectorielles
00:01:33 l'a conduit à proposer l'organisation de cette table ronde.
00:01:36 La littérature scientifique et les travaux de l'Organisation mondiale de la santé, l'OMS,
00:01:42 ont mis en évidence les multiples répercussions du changement climatique sur la santé.
00:01:47 Décès et maladies dues à des phénomènes météorologiques extrêmes,
00:01:51 perturbations des systèmes alimentaires,
00:01:53 augmentation des risques de zoonoses,
00:01:55 des maladies d'origine alimentaire et à transmission hydrique ou vectorielle,
00:02:00 ainsi que de problèmes de santé mentale.
00:02:03 Les évolutions climatiques ont un impact à la fois direct et indirect sur la santé.
00:02:08 Les conséquences sont variables selon les pays,
00:02:10 car ils sont fortement influencés par des déterminants environnementaux,
00:02:14 des déterminants sociaux et de santé publique.
00:02:18 En outre, les variations de température et de précipitation sont autant de facteurs favorables
00:02:23 à la programmation des maladies à transmission vectorielle.
00:02:27 Selon l'OMS, en l'absence de mesures préventives, le nombre de décès dus à ces maladies,
00:02:31 qui s'élèvent actuellement à plus de 700 000 par an,
00:02:34 risque d'augmenter et de toucher de nouveaux territoires.
00:02:37 Nous parlions tout à l'heure du frelon asiatique.
00:02:39 L'implantation du moustique tigre en France dans plus de 70 départements
00:02:43 répond aux mêmes logiques d'intensification territoriale
00:02:47 du fait de conditions climatiques favorables et de l'intensification des échages intercontinentaux.
00:02:53 Cet insecte fait peser de sévères menaces pour la santé humaine,
00:02:58 puisqu'il peut transmettre le virus Zika, la dengue ou le chikungunya.
00:03:03 Mais si le moustique tigre est bien identifié par le grand public,
00:03:07 il existe d'autres menaces à bruit imputable aux changements climatiques
00:03:12 avec l'intensification du risque épidémiologique.
00:03:15 L'histoire sanitaire de l'humanité est jalonnée d'épidémies
00:03:18 qui ont fortement marqué les populations et entraîné des baisses drastiques de la démographie.
00:03:24 Le 21e siècle ne fait pas exception à ces tendances de long terme,
00:03:28 avec notamment le syndrome respiratoire aigu sévère,
00:03:31 le virus H1N1, connu sous les noms de grippe porcine, la fièvre hémorragique,
00:03:37 mais également, je ne l'apprends à personne, le Covid,
00:03:40 qui a maintenu confiné plus de la moitié des habitants de la planète.
00:03:44 Force est de constater que les progrès de la médecine ont toujours un temps de retard
00:03:48 par rapport au nouveau virus émergeant, dont les capacités de propagation peuvent être fulgurantes.
00:03:54 Pour évaluer la recrudescence des risques épidémiologiques
00:03:57 et la manière dont préparer notre système de santé à ces nouvelles pressions,
00:04:01 nous avons le plaisir d'accueillir Mme Brigitte Autran,
00:04:05 présidente du comité de veille et d'anticipation des risques sanitaires,
00:04:09 professeure émérite à la faculté de médecine Sorbonne Université.
00:04:13 M. Didier Ménard, professeur des universités, praticien hospitalier,
00:04:17 chercheur à l'institut de parasitologie et de pathologie tropicale de Strasbourg,
00:04:23 spécialiste du paludisme.
00:04:25 Mme Anna Fayou, professeure en enthémologie médicale à l'institut Pasteur,
00:04:31 chef de l'unité abovirus et insecte vecteur.
00:04:35 M. Thierry Lefrançois, directeur du département système biologique
00:04:39 du Centre de coopération internationale en recherche agronomique
00:04:42 pour le développement membre du Covars.
00:04:46 Nous avons la chance de voir devant nous ce matin d'éminence scientifique
00:04:50 dont les recherches en matière d'immunologie, d'épidémiologie et d'infectiologie,
00:04:55 inspirées par l'approche "Une seule santé", permettront de répondre à toutes nos questions.
00:05:00 Afin d'amorcer les échanges avec la Commission,
00:05:02 j'aimerais que vous nous présentiez la nature des risques épidémiologiques
00:05:05 auxquels nous faisons face aujourd'hui en France et à leur probabilité de survenance,
00:05:09 mais également que vous évoquiez notre capacité à les anticiper
00:05:13 et les outils dont nous disposons pour les éliminer.
00:05:16 Je pense notamment à l'action du Covars, de l'institut Pasteur
00:05:20 et de l'ensemble de notre écosystème de recherche.
00:05:23 Pourriez-vous dresser un bilan de lutte anti-vectorielle
00:05:26 et nous indiquer les points de vigilance que vous surveillez particulièrement ?
00:05:30 Les autorités sanitaires et les médecins sont-ils suffisamment sensibilisés à ces problématiques ?
00:05:37 Que nous a appris le Covid des forces et faiblesses de la capacité de notre système de santé à répondre à ces menaces ?
00:05:44 Quelle épidémie faut-il craindre et comment les anticiper dans une France à plus de 4°C en 2100 ?
00:05:51 Je ne serai pas plus long. Afin de laisser le temps aux échanges à travers les habituelles séries de questions,
00:05:56 je donne en premier lieu la parole à Stéphane de Milly et propose ensuite qu'à titre liminaire,
00:06:02 chaque intervenant nous présente en 5 minutes le fruit de ses recherches ou de son expérience
00:06:08 en lien avec la question que je viens de vous poser. Stéphane, tu as la parole.
00:06:14 Merci Monsieur le Président. Mes chers collègues, chers invités.
00:06:18 Je suis ravi que notre Président ait accepté l'idée de cette table ronde qui me trotte dans la tête depuis longtemps.
00:06:27 Je ne voudrais pas d'emblée plomber l'ambiance, mais le sujet que nous allons aborder est un sujet grave
00:06:33 et c'est un sujet qui, à mon avis, est très sous-estimé.
00:06:37 Sujet auquel je m'intéresse sérieusement depuis un litige personnel avec un moustique africain,
00:06:43 combat que j'ai failli perdre contre ce super poids plume de 5 mg.
00:06:48 Expérience qui alimente votre modestie et votre discernement.
00:06:52 Ce sujet grave est celui des conséquences sanitaires potentielles du réchauffement climatique,
00:06:57 sujet que j'ai d'ailleurs abordé à Bucarest il y a trois jours lors de l'Assemblée parlementaire de la francophonie.
00:07:03 Je ne sais pas si la pandémie du Covid-19 n'est que le début d'une série,
00:07:08 comme le redira peut-être Annabella Faviu, entomologiste à l'Institut Pasteur,
00:07:12 mais ce que je sais, c'est que ce sujet n'est effectivement pas suffisamment abordé
00:07:17 et donc pas suffisamment anticipé, même si ça bouge un peu,
00:07:22 en témoignent les travaux de la COP28 de Dubaï en décembre dernier,
00:07:26 qui pour la première fois ont abordé les effets sanitaires du dérèglement climatique.
00:07:31 S'il est naturellement difficile de prédire les épidémies d'une ampleurée équivalente à celle du Covid,
00:07:36 de très nombreux spécialistes craignent une multiplication des pandémies liées au réchauffement climatique.
00:07:42 C'est d'ailleurs ce qu'a rappelé Valérie Masson-Delmotte, climatologue au CEA et experte du GIEC,
00:07:48 lorsqu'elle a remis les diplômes au nouveau doctorant formé à l'Institut Pasteur.
00:07:53 Il suffit d'ailleurs d'observer le Pakistan, où les infections liées au paludisme ont été multipliées par quatre
00:08:00 après les inondations dévastatrices de l'année dernière, atteignant 1,6 million de cas selon l'OMS.
00:08:07 Ou encore de suivre l'actualité du Malawi, où le cyclone Freddy, ayant provoqué en quelques jours
00:08:13 l'équivalent de six mois de précipitations dans ce petit pays de l'Afrique de l'Est,
00:08:17 a généré une augmentation spectaculaire des cas de paludisme.
00:08:21 Dans ces deux pays, les eaux stagnantes ayant naturellement créé un terrain de reproduction idéal pour les moustiques,
00:08:27 porteurs de la maladie.
00:08:29 Ce matin, nous pourrions parler des travaux menés par des scientifiques danois, belges et britanniques,
00:08:35 qui ont calculé, à partir d'une analyse de l'eau de fonte des glaces,
00:08:39 que le changement climatique entraînera la libération de 100 000 tonnes de microbes dans l'environnement.
00:08:45 Nous pourrions également évoquer l'étude publiée dans la revue Nature, pour les anglophiles, de janvier 2022,
00:08:52 indiquant que la fonte du permafrost pourrait libérer dans l'atmosphère de fortes doses de bactéries, virus et microbes.
00:09:00 Ou de cet autre article de la même revue scientifique américaine,
00:09:04 affirmant qu'au cours des 50 prochaines années, des milliers de virus passeront d'une espèce animale à l'autre
00:09:10 et feront émerger de nouvelles maladies transmissibles à l'homme.
00:09:13 Avec une conclusion aussi laconique que glaçante du biologiste Colin Carlson,
00:09:19 enseignant-chercheur à l'université de Georgetown, qui nous disait "les résultats de cette étude sont effroyables et urgents".
00:09:26 Alerte confirmée par son collègue Gregory Albury, qui affirme tout de go, je cite
00:09:31 "Nous apportons la preuve que dans les décennies qui viennent, le monde sera non seulement plus chaud, mais aussi plus malade",
00:09:38 s'appuyant sur la conviction que au moins 15 000 transmissions virales entre espèces pourraient avoir lieu d'ici 2070.
00:09:45 Non, ce matin, nous allons juste parler, si j'ose dire, nous contenter de parler, de pandémies qu'on connaît bien.
00:09:53 Des pandémies qu'on connaît surtout chez les autres, mais que nous avons commencé, ou allons commencer à importer chez nous,
00:09:59 à savoir le paludisme, la dengue et la borréolose de Lyme, transmises par l'éthique.
00:10:05 Vous avez compris dans mon introduction que la hausse des températures élargissant l'habitat des animaux vecteurs de maladies,
00:10:12 de même que leur période d'activité, des régions jusque-là épargnées deviennent effectivement vulnérables à ces trois pandémies.
00:10:19 Pour le dire autrement, la menace des maladies tropicales s'insinue dans de nouveaux territoires,
00:10:24 au climat habituellement tempéré, et vont mettre à l'épreuve les systèmes de santé de nombreux pays.
00:10:30 L'épidémiologiste de l'Institut Pasteur, Arnaud Fontanet, qui devait être à nos côtés aujourd'hui, remplacé par le professeur Lefrançois,
00:10:38 rappelait pour sa part il y a quelques semaines que, je cite, "la durée saisonnière des maladies transmises par les moustiques augmentant,
00:10:45 des maladies comme la dengue ou le chikungunya vont devenir des préoccupations majeures dans les pays du Nord".
00:10:51 C'est la raison pour laquelle il me paraît important de saluer le projet de création d'un centre de maladies à transmission vectorielle à l'Institut Pasteur,
00:10:59 dont l'inauguration est prévue en 2026, et où se regrouperont de très nombreux experts.
00:11:05 Un dernier petit mot pour introduire nos trois nouveaux colocataires que sont les moustiques palus, les moustiques tigres et les tiques.
00:11:12 A tout seigneur, tout honneur, commençons par le pire assassin de la planète, un serial killer qui a tué 608 000 personnes l'année dernière,
00:11:21 dont 80% d'enfants de moins de 5 ans, le moustique porteur du paludisme.
00:11:26 Un enfant meurt du paludisme chaque minute, mes chers collègues. Je le répète, un enfant meurt du paludisme chaque minute.
00:11:34 En 2022, l'OMS a estimé à 249 millions le nombre de cas de paludisme, ce qui est beaucoup,
00:11:41 mais ce qui est peu à la fois au regard des 3,2 milliards de personnes potentiellement exposées à l'échelle mondiale au risque de contracter la malaria.
00:11:50 Et notamment à la malaria cérébrale à laquelle j'ai miraculeusement survécu et qui est responsable de 90% des décès.
00:11:57 Deux premiers vaccins antipaludiques suscitent beaucoup d'espoir. Le RTSS Mosquix, développé par le géant pharmaceutique britannique GSK,
00:12:07 d'abord testé au Kenya, au Malawi et au Ghana, et actuellement administré aux enfants du Cameroun,
00:12:13 et le R21 Matrix M, développé par des scientifiques de l'université d'Oxford, avec une formule légèrement différente contenant davantage de substances actives.
00:12:23 Ces deux vaccins ont suscité, vous l'imaginez, beaucoup d'espoir car ils bloquent le passage du parasite dans le foie,
00:12:29 là où il se reproduit avant de passer dans le sang. Mais leur taux de réussite, pour éviter les formes les plus graves, n'ocite qu'entre 66 et 75%.
00:12:38 Deuxième invité à la table de nos débats, la dengue, aujourd'hui considérée comme une maladie réémergente.
00:12:44 Entre 2000 et 2019, le nombre de cas signalés à l'échelle mondiale est passé de 500 000 à 5,2 millions.
00:12:51 Initialement présents dans les zones tropicales et subtropicales, ils touchent dorénavant de nouvelles zones géographiques, et notamment l'Europe, depuis 2010.
00:12:59 Selon l'OMS, ce sont entre 100 et 400 millions d'infections qui surviennent chaque année,
00:13:07 sachant que c'est maintenant la moitié de la population mondiale qui est exposée au risque de la dengue.
00:13:12 Au Brésil, vous le savez, vous l'avez lu, les autorités sanitaires ont du mal à faire face à l'explosion de cas,
00:13:18 dont une des explications est la combinaison climatique d'une grande sécheresse, suivie de fortes pluies,
00:13:25 équation idéale pour la prolifération des moustiques.
00:13:29 En France, 800 nouveaux cas apparaissent chaque semaine, en début d'année, en Guyane.
00:13:34 Et pour la métropole, on estime que ce moustique vecteur est dorénavant implanté dans 71 départements français,
00:13:40 comme l'a rappelé tout à l'heure le président Longeau.
00:13:42 Enfin, troisième et dernier invité d'honneur de notre table ronde, la tique. La tique qui fait partie de la famille des acariens.
00:13:50 D'une taille comprise entre 3 mm et 1 cm, on en compte près de 900 variétés, dont une quarantaine présente en France.
00:13:56 Au moment de la piqûre, la tique peut transmettre une bactérie responsable d'une maladie dont on parle de plus en plus,
00:14:02 la borréolose de Lyme.
00:14:04 En l'absence de traitement, des signes neurologiques peuvent apparaître quelques semaines, ou tenez-vous bien,
00:14:09 quelques années après la piqûre. Fatigues intenses, paralysie du visage, atteinte des nerfs, du cerveau et des articulations.
00:14:17 La piqûre d'une tique est indolore et peut passer inaperçue.
00:14:20 C'est d'ailleurs la raison pour laquelle on invite souvent les randonneurs à s'inspecter le corps après une expédition
00:14:26 et à la retirer avec beaucoup, beaucoup de précaution et de précision.
00:14:30 Voilà donc, monsieur le président, les trois invités de notre menu du jour.
00:14:33 Pour nous en parler, quatre autres invités, mais ceux-là, on leur souhaite la bienvenue,
00:14:38 des invités de grande qualité que je souhaite moi aussi saluer et remercier chaleureusement.
00:14:43 La professeure Anna Abela Fayou, entomologiste à l'Institut Pasteur, spécialiste de la virologie et des insectes.
00:14:49 Le professeur Didier Ménard, immunologue à l'Institut Pasteur, grand spécialiste du paludisme,
00:14:54 on a eu l'occasion de se rencontrer pour en parler, et qui a beaucoup baroudé en Afrique, il nous en parlera.
00:14:59 La professeure Brigitte Autran, immunologue à la Sorbonne, membre du Comité d'anticipation des risques sanitaires,
00:15:05 qui a d'ailleurs succédé au Conseil scientifique du Covid-19.
00:15:08 Et enfin, le professeur Thierry Lefrançois, médecin chercheur en épidémiologie,
00:15:13 également vétérinaire, ancien membre du Comité scientifique Covid-19.
00:15:17 Merci à vous, mesdames et messieurs, d'avoir accepté cette invitation.
00:15:21 Et je vous souhaite donc à nouveau la bienvenue et vous cède la parole.
00:15:33 Monsieur le Président, mesdames, messieurs les sénateurs, monsieur Denis,
00:15:38 merci beaucoup de votre invitation.
00:15:40 Donc, comme vous le savez, j'ai l'honneur de présider le Comité de veille d'anticipation des risques sanitaires,
00:15:45 qui a été créé par le gouvernement à la fin de la loi d'urgence sanitaire
00:15:49 et à la fin du Conseil scientifique Covid et des autres comités ad hoc.
00:15:54 Ce comité, le COVARS, est chargé de conseiller les ministres de la santé et de la recherche
00:16:00 sur les risques infectieux et environnementaux, notamment, également les risques alimentaires,
00:16:06 qui sont susceptibles de survenir.
00:16:08 Et nous sommes chargés donc de faire une veille scientifique, d'anticiper les crises qui peuvent survenir
00:16:15 et surtout les moyens de prévenir et de guérir, si l'on peut, ces problèmes infectieux.
00:16:24 Et donc, pour ne pas être plus long, je voulais vous dire que les ministres de la santé et de la recherche
00:16:31 nous ont saisi en décembre dernier sur la question d'estimer les risques sanitaires,
00:16:39 de situations sanitaires exceptionnelles majeures, qui pouvaient survenir dans notre pays,
00:16:45 en métropole et dans les territoires d'outre-mer, dans les deux à cinq prochaines années,
00:16:50 couvrant les risques infectieux et environnementaux.
00:16:53 Il se trouve que nous rendons public cet avis aujourd'hui et nous le mettons bien sûr à votre disposition
00:17:00 et nous l'avons présenté, Monsieur Lefrançois et moi-même, hier au ministre de la santé et de la recherche.
00:17:06 Et donc, pour ne pas être trop long, nous avons dressé effectivement le contexte, l'état des lieux de la France
00:17:15 pour lui permettre de faire face à ces situations pandémiques qui, malheureusement, ne se limitent pas
00:17:22 aux trois invités que Monsieur Dehilly a cités et il y en a beaucoup d'autres.
00:17:27 Nous avons analysé de façon extrêmement rigoureuse et méthodologique plus de 50 documents issus des institutions françaises
00:17:36 et internationales qui avaient réalisé un exercice à peu près équivalent, bien que beaucoup plus sectorisé.
00:17:43 Et pour faire une très longue histoire courte, grâce à cette expertise collective des membres du COVARS
00:17:50 qui regroupe à la fois des vétérinaires, des médecins, des infectiologues, des médecins de premier recours,
00:17:56 des scientifiques, des entomologistes, des spécialistes de sciences humaines et sociales
00:18:00 et des représentants de la démocratie sanitaire et des immunologistes, nous avons émis un certain nombre de...
00:18:08 nous avons estimé un certain nombre de maladies susceptibles de créer des pandémies.
00:18:14 Donc bien sûr, dans le top 5, je dirais, des risques infectieux qui sont susceptibles de survenir dans notre pays
00:18:24 et d'affecter de façon majeure notre pays, il y a bien sûr les arboviroses.
00:18:31 Et nous avons distingué de façon... nous avons distingué les arboviroses qui peuvent survenir en métropole
00:18:38 et dans les territoires d'outre-mer. Je ne vais pas m'apesantir sur les arboviroses,
00:18:42 puisque ma collègue Annabelle Afayou va vous en parler très bien.
00:18:46 Mais évidemment, les deux risques que nous avons dressés, c'est pour la métropole le risque de dengue,
00:18:52 qui est effectivement important et auquel la métropole est insuffisamment préparée.
00:18:57 Nous avons déjà fait un avis l'année dernière au gouvernement sur le fait qu'il fallait mieux préparer
00:19:03 les médecins et l'organisation territoriale française à la survenue d'épidémies de dengue d'ampleur,
00:19:09 effectivement cette année encore plus peut-être à cause des JO.
00:19:13 Mais également en métropole, un autre virus transmis par les moustiques, un autre moustique,
00:19:18 qui est l'infection à virus West Nile, ou virus du Nil occidental, qui est beaucoup moins bien connu en France,
00:19:25 qui sévit depuis de longues années en Italie, dans les régions très aquatiques, qui est une zoonose.
00:19:31 Mon collègue Thierry Lefrançois vous en parlera mieux que moi.
00:19:35 C'est une maladie qui est encore plus grave que la dengue.
00:19:38 Ça survient dans le sud de la France et en Gironde, et il est susceptible de s'étendre.
00:19:43 En dehors de ces arboviroses, nous avons également pointé les infections pandémiques à virus respiratoire.
00:19:50 Bien sûr, un éventuel nouveau coronavirus qu'on ne peut absolument pas prédire.
00:19:57 On ne sait pas quand, comment ou où une nouvelle pandémie de coronavirus peut surgir.
00:20:04 Mais il est vraisemblable qu'elle puisse surgir, peut-être pas dans les cinq prochaines années.
00:20:10 Et puis l'épidémie potentielle également de grippe zoonotique transmise par les oiseaux,
00:20:18 mais également et peut-être de façon plus dramatique encore par les porcs.
00:20:22 Et là aussi Thierry Lefrançois vous en parlera.
00:20:25 Ce sur quoi nous avons beaucoup insisté auprès du gouvernement,
00:20:28 ce sont les liens très étroits entre l'environnement, le changement climatique et les infections.
00:20:36 Et ce changement climatique, avec les vagues de chaleur,
00:20:39 permet effectivement l'installation du plus large et plus long des moustiques.
00:20:44 Mais également les inondations, vous l'avez dit, font le lit de nombreuses pathologies infectieuses
00:20:50 et pas seulement de prolifération de moustiques.
00:20:53 On sait que les inondations sont probablement une des causes des invasions côtières
00:20:59 par le norovirus et des infestations des huîtres.
00:21:02 On sait que la perturbation des réseaux sanitaires favorise l'émergence de bactéries
00:21:10 qui vont être résistantes à des antibiotiques.
00:21:13 Donc il y a un lien très étroit entre l'environnement et de nombreuses maladies infectieuses.
00:21:18 Il y a également un lien important entre la lutte contre le réchauffement climatique
00:21:25 avec la verdisation des villes et le risque de prolifération des moustiques.
00:21:31 Et nous avons averti le gouvernement l'année dernière qu'il fallait vraiment avoir une réflexion sur l'urbanisme
00:21:37 pour mieux penser l'urbanisme et éviter les réservoirs d'eau.
00:21:41 Mais là encore, je vais laisser mes collègues en parler.
00:21:43 Et enfin, nous insistons sur le fait que la pollution atmosphérique,
00:21:48 qui a fait des progrès dans notre pays avec une diminution du taux de particules fines,
00:21:54 néanmoins persiste dans les grandes métropoles françaises
00:21:58 qui sont au-dessus des seuils réglementaires.
00:22:01 Et on sait, la Covid l'a bien démontré,
00:22:04 on sait que cette pollution atmosphérique exacerbe les maladies infectieuses,
00:22:09 en particulier les maladies respiratoires,
00:22:12 aggrave la susceptibilité des patients qui souffrent de maladies cardiorespiratoires à ces maladies,
00:22:19 aggrave la manifestation de ces maladies.
00:22:22 Donc en dehors de ces herboviroses et de ces infections respiratoires,
00:22:26 pour finir, évidemment, il y a une autre maladie qu'on appelle la maladie X,
00:22:32 dont on ne sait pas quand elle peut survenir.
00:22:35 Mais ce que l'on sait, c'est qu'effectivement, comme vous l'avez dit, M. le Président,
00:22:39 les changements climatiques, les bouleversements de l'environnement font le lit des épidémies.
00:22:45 Ce n'est pas quelque chose de nouveau.
00:22:47 Toute l'histoire des épidémies depuis l'aube de l'humanité
00:22:50 montre que les épidémies sont en lien avec l'environnement et avec l'immigration de population.
00:22:56 Mais on assiste aujourd'hui à une accélération de ce mouvement.
00:23:01 Et donc une maladie X peut survenir dû à un coronavirus ou à autre chose.
00:23:06 Et pour finir, nous recommandons, et je suis ravie d'avoir l'occasion de le faire,
00:23:11 nous recommandons à notre pays de se préparer de façon importante
00:23:16 à ces événements infectieux en lien avec l'environnement.
00:23:20 Cette préparation passe par la prévention, le développement de la recherche.
00:23:25 Il y a encore énormément de trous de connaissances.
00:23:28 Et la recherche n'est pas une dépense publique.
00:23:31 La recherche est un investissement pour mieux se défendre contre ces maladies.
00:23:36 C'est comme un investissement militaire.
00:23:38 C'est exactement la même chose.
00:23:40 Et nous plaidons pour que ces recherches soient faites de façon très intersectorielle
00:23:47 entre la santé et l'environnement, de manière à pouvoir combler les déficits de connaissances
00:23:53 et à mieux affronter les risques à venir.
00:23:56 Voilà. Je vais arrêter là.
00:23:58 [INAUDIBLE]
00:24:02 Pour mes collègues, je vous trouverai effectivement l'avis du comité de veille sur 10 m.
00:24:09 Vous avez l'ensemble des éléments évoqués.
00:24:13 Voilà. Je ne sais pas qui prend la parole.
00:24:17 Allez-y.
00:24:19 Merci.
00:24:22 Je vais compléter par quelques points, surtout pour mettre en évidence cette interconnection
00:24:29 que vous avez appréhendée rapidement entre santé humaine, santé animale, environnement et écosystème en général.
00:24:38 Dans les risques infectieux que Brigitte Autran a cités, que nous avons hiérarchisés dans le top,
00:24:45 soit en termes de probabilité d'introduction ou de développement, soit en termes d'impact,
00:24:51 on a cité influenza zoonotique, nouveau coronavirus pandémique, West Nile,
00:24:57 il y a fièvre Crimée-Congo, vallée du Rift, fièvre jaune, rage, qui sont tous des zoonoses,
00:25:03 donc maladies qui sont transmissibles à l'animal et à l'homme,
00:25:07 et/ou alors des maladies vectorielles qui ont été citées, comme dengue, zika, chikungunya, paludisme,
00:25:12 qui ne sont pas obligatoirement des zoonoses en elles-mêmes, mais qui sont vectorisées par des moustiques
00:25:18 qui sont sous dépendance forte de l'environnement et des conditions de l'écosystème,
00:25:25 induites par les changements anthropiques, par notre action, que ce soit sur le climat ou que ce soit sur la biodiversité.
00:25:32 Donc en fait, on a vraiment cette interdépendance qui est évidente sur ces risques sanitaires majeurs,
00:25:38 et les interdépendances sont bien décrites d'un point de vue recherche,
00:25:42 entre l'effet par exemple du changement climatique sur l'introduction de nouvelles espèces dans des niches écologiques nouvelles,
00:25:49 la présence de nouveaux réservoirs qui vont se retrouver plus en contact avec l'animal domestique ou l'animal sauvage,
00:25:57 les changements dans la répartition du temps, de présence des moustiques dans les différentes saisons,
00:26:04 aussi en lien avec le non-déconnecté des changements globaux et de la mondialisation évidemment,
00:26:12 puisque c'est ce qui permet aussi de faire ces mouvements de vecteurs et de réservoirs,
00:26:18 et bien sûr aussi des impacts directs sur la physiologie de ces vecteurs et de ces réservoirs,
00:26:25 mais aussi des pathogènes eux-mêmes avec éventuellement une activation ou une multiplication plus importante de ces pathogènes.
00:26:33 Donc une des recommandations principales c'est de dire qu'il faut avoir une vision intégrée,
00:26:39 que ce soit en recherche ou en surveillance, pour essayer de comprendre ces interrelations et quels risques sont majeurs,
00:26:45 et quels seront les déterminants de ces émergences, et déterminants qui sont principalement environnementaux au sens large,
00:26:51 y compris en parlant du socio-écosystème, donc de l'effet de l'homme sur l'environnement.
00:26:57 Si je prends un ou deux exemples, et notamment la grippe zoonotique pandémique,
00:27:02 je pense que vous avez tous entendu aux informations les questionnements actuellement aux États-Unis
00:27:07 avec le virus aviaire qui se retrouve en gros pour la première fois de façon relativement généralisée,
00:27:15 en tout cas dans six États, 16 élevages chez des ruminants domestiques,
00:27:19 et dans des élevages où il y a un humain qui a été affecté en infection directe,
00:27:24 et un chat qui a été retrouvé aussi positif.
00:27:28 Alors ce n'est pas nouveau, sur la grippe aviaire, c'est pour ça que c'est pointé du doigt dans notre rapport,
00:27:34 on a vraiment une situation avec en gros le même virus, le même clade de virus qui circule depuis deux ans, H5N1,
00:27:41 sur l'ensemble des espèces, avec une circulation intense dans la faune domestique, dans les oiseaux domestiques,
00:27:48 dans les élevages en France avec un impact économique et sanitaire majeur,
00:27:52 mais aussi chez les oiseaux sauvages, et de plus en plus, et c'est ça qui est compliqué d'un point de vue épidémiologique,
00:28:00 de plus en plus dans de nombreuses espèces de mammifères.
00:28:03 Et bien sûr ce que l'on risque, ce que l'on craint, c'est une multiplication et une transmission inter-mammifères
00:28:10 qui permettraient au virus de s'adapter et acquérir la capacité d'avoir un récepteur qui lui permettrait ensuite de pénétrer chez l'homme.
00:28:18 Donc il y a des espèces cibles sur lesquelles ce serait très embêtant, comme le porc,
00:28:22 qui peuvent héberger par exemple à la fois des virus aviaires et des virus porcins.
00:28:26 Donc tout ça pour dire que pour pouvoir travailler sur ces problématiques, il faut vraiment avoir une approche intégrée,
00:28:32 essayer de comprendre même les voies de migration des oiseaux sauvages pour voir s'ils sont déplacés par le changement climatique,
00:28:38 quelles sont les zones de repos, où est-ce qu'il va y avoir des contacts entre ces oiseaux sauvages et des oiseaux domestiques ou des mammifères,
00:28:44 essayer de surveiller les moustiques, quand c'est des maladies vectorielles,
00:28:49 mais pour l'influenza aviaire, c'est surveiller les zones de réservoirs, les zones de contacts,
00:28:55 et puis surveiller le compartiment animal et le compartiment humain de manière étroite et de manière combinée avec une approche One Health
00:29:02 et donc faire travailler le ministère de la Santé et le ministère de l'Agriculture sur cette surveillance et sur le contrôle en cas de suspicion de grippe aviaire.
00:29:09 Je prends un autre exemple très rapidement, mais la fièvre Crimée-Congo, et une fièvre hémorragique, je ne sais pas si Annabella, tu en parleras aussi.
00:29:17 Alors je peux en dire juste deux mots, vectorisée par la tique Yaloma marginatum,
00:29:23 qui était observée en Corse depuis longtemps et qui est observée maintenant dans le pourtour méditerranéen depuis quelques années.
00:29:29 Et pour la première fois en octobre, on a trouvé du virus dans la tique, donc du virus CCHF.
00:29:36 C'est une fièvre hémorragique qui est importante, qu'on a classée aussi dans les problématiques majeures,
00:29:41 parce qu'on a maintenant une preuve de circulation virale en France.
00:29:44 Il y a eu 13 cas humains en Espagne dans les dix dernières années, avec deux décès.
00:29:50 Donc c'est une fièvre avec forte mortalité.
00:29:53 On ne dit pas que ça va avoir une ampleur comme une ampleur pandémique, je dirais,
00:29:58 mais c'est aussi quelque chose à surveiller et encore une fois à surveiller de manière combinée,
00:30:03 parce que ce qu'il y a d'extraordinaire, c'est que c'est une tique qui est vectrice,
00:30:07 et il y a un réservoir qui est un réservoir bovin, mais les animaux ne sont pas malades.
00:30:11 Donc finalement, le ministère de l'Agriculture, en théorie, n'aurait pas de raison de s'y intéresser particulièrement.
00:30:17 Donc il faut que ce soit une combinaison entre le ministère de la Santé, le ministère de l'Agriculture et Environnement,
00:30:21 qui puisse faire travailler les équipes de recherche ensemble pour pouvoir surveiller la présence de ce virus.
00:30:27 Et enfin, au-delà de ça, l'idée, c'est de dire qu'en dehors des effets du changement climatique sur les vulnérabilités,
00:30:37 il faut voir que le changement climatique a aussi des effets indirects sur les crises sanitaires via la biodiversité.
00:30:45 Parce que vous savez très bien que ce changement climatique, que ce soit à la fois les événements extrêmes
00:30:50 et puis les changements de température et d'humidité, vont avoir des conséquences sur la biodiversité animale et végétale en particulier,
00:30:59 vont avoir tendance, à cause des événements extrêmes, à faire venir un certain nombre d'espèces invasives
00:31:05 et à diminuer cette biodiversité, y compris végétale, qui va faire qu'il va y avoir des modifications de contact,
00:31:10 encore une fois, entre animaux sauvages et animaux domestiques, et hommes, ce qui va pouvoir générer éventuellement des émergences.
00:31:19 Donc en fait, par rapport à ce que vous disiez sur la COP et la journée santé de la COP Climat cette année,
00:31:26 c'est vraiment une bonne chose, mais nous recommandons aussi de travailler à l'international sur les interconnexions entre les COP,
00:31:32 parce que ce n'est pas seulement la COP Climat, c'est aussi la COP Biodiversité, et puis les questions de santé,
00:31:38 parce que santé, biodiversité et climat sont vraiment, véritablement liés,
00:31:42 et il faut travailler sur l'ensemble de ces approches de façon globale dans le concept d'une seule santé, ou un "else".
00:31:50 Voilà, je vous remercie.
00:31:52 Bonjour à tous, tout d'abord merci à M. Longeot et à M. Demi, de nous inviter sur un sujet qui nous tient à cœur,
00:32:03 donc les émergences liées au changement climatique.
00:32:07 Je suis Anna Bella Fayou, je suis entomologiste, et plutôt mousticologue.
00:32:12 Je ne m'intéresse qu'aux moustiques, en lien avec la transmission des virus.
00:32:16 Peut-être que vous ne savez pas, il y a à peu près 500 virus transmis par des arthropodes, notamment des moustiques.
00:32:22 La moitié sont transmis par des moustiques, et une centaine sont pathogènes pour l'homme.
00:32:27 Et vous voyez qu'avec les épisodes du chikungunya, de Zika, et évidemment il ne faut pas oublier la dengue,
00:32:34 on a eu de façon récurrente des cas autochtones de chikungunya, Zika et dengue dans l'Hexagone.
00:32:42 Ces virus étant pris au départ pour des virus qui atteignaient que des populations dans les pays tropicaux.
00:32:49 Donc comme le disaient mes collègues, il y a 700 000 morts chaque année, qui sont liés à des moustiques.
00:32:58 Le moustique n'a pas l'intention de tuer, mais c'est en fait en prenant du sang,
00:33:02 puisque il n'y a que la femelle de moustique qui pique, elle va pouvoir absorber du virus.
00:33:07 Et ce virus, parce qu'il a une compatibilité avec le moustique, est transmis.
00:33:12 Et donc la femelle de moustique, quand elle va piquer à nouveau,
00:33:15 elle va pouvoir transmettre le virus à quelqu'un qui n'est pas malade et qui va tomber malade.
00:33:19 C'est ce qu'on appelle la transmission vectorielle.
00:33:22 Il y a à peu près 3500 espèces de moustiques dans le monde.
00:33:29 En France, on a à peu près 67 espèces, dont une seule espèce qui est le moustique tigre,
00:33:36 qui est une espèce invasive.
00:33:38 C'est-à-dire que de par sa biologie, il est capable d'envahir notre écosystème,
00:33:42 et l'écosystème urbain et humain, parce qu'à proximité de nous, il n'y avait pas beaucoup de moustiques.
00:33:49 C'est pour ça qu'il y a eu un choc.
00:33:51 C'est-à-dire qu'il faut qu'on s'adapte à ces moustiques qui n'ont pas eu de compétition pour pouvoir s'installer à côté de nous.
00:33:57 Pourquoi il a pu faire ça ?
00:33:59 Parce qu'en fait, ce moustique est capable de pondre des œufs qui peuvent supporter la sécheresse et les basses températures de l'hiver.
00:34:07 La sécheresse, c'est-à-dire qu'un œuf de moustique tigre peut survivre à sec pendant des mois, parfois des années.
00:34:14 C'est comme ça qu'en fait ce moustique passe d'un continent à l'autre.
00:34:18 C'est comme ça qu'il est arrivé en 2004 en France, via l'Italie.
00:34:23 Un exemple tout à fait emblématique, c'est que la première tentative de moustique tigre en Europe, c'était en Albanie.
00:34:31 C'était en 1979.
00:34:33 Parce que l'Albanie était communiste à l'époque, le moustique n'est pas sorti.
00:34:38 C'est bon à savoir.
00:34:42 En 1990, le moustique est revenu à nouveau des États-Unis dans des pneus usagés à rechapper dans le port de Gênes.
00:34:57 Et dans le port de Gênes, ces pneus qui contenaient des œufs de moustique ont été mis en eau par les pluies.
00:35:03 Et il y a eu une prolifération de moustiques à la bonne saison.
00:35:07 En 1990, il a traversé la frontière en 2004.
00:35:11 Et vous voyez que 20 ans après, il est quasiment partout dans toutes les régions en France.
00:35:15 Donc ce moustique va rester parce que sa biologie va lui permettre de rester.
00:35:21 Il va coloniser tous les espaces qu'il pourra, et surtout des espaces urbains à côté de nous.
00:35:27 Parce que son site privilégié, c'est de pondre dans de l'eau, dans des petits contenants d'eau relativement propres.
00:35:35 À la différence d'un autre moustique qui vit aussi à côté de nous, qui est le moustique Culex, qui est celui qui vous pique dans le métro.
00:35:41 Ce n'est pas le même.
00:35:43 Donc ce moustique qui pique dans le métro peut être vecteur du virus West Nile.
00:35:48 Le moustique que vous avez dans votre maison, dans vos vases à fleurs, dans vos gouttières bouchées, dans vos petits sous-coupes sous les pots de fleurs,
00:35:56 c'est le moustique Ting. Il est reconnaissable avec ses pattes rayées, noires et blancs.
00:36:01 Ce moustique a la particularité de pouvoir prendre du sang sur l'homme.
00:36:09 Parce que de ses 3500 espèces de moustiques, il n'y a que 15% qui piquent l'homme.
00:36:13 Les autres espèces de moustiques ne piquent pas l'homme, ils piquent les animaux sauvages.
00:36:16 Donc on s'intéresse qu'à ceux qui vivent à côté de nous, qui sont capables de pouvoir provoquer des épidémies,
00:36:21 et par la suite des pandémies, à l'exemple de ce qui s'est passé avec Chikungunya et Zika.
00:36:26 Ce moustique, il est à côté de nous, et il a à l'origine chaque année des cas autochtones de dingue.
00:36:32 Vous avez des cas autochtones de dingue chaque année dans le sud de la France.
00:36:35 Vous n'avez pas de cycle qui est établi dans le sud de la France.
00:36:38 Donc les cas autochtones sont liés à des cas importés qui viennent de l'extérieur.
00:36:43 Donc la situation épidémiologique à l'extérieur de la France est extrêmement importante,
00:36:47 puisqu'elle va conditionner les cas autochtones à l'intérieur de la France.
00:36:52 Ce qui nous pousse à dire qu'il y a une surveillance globale au niveau international qui est extrêmement importante
00:36:59 pour pouvoir être sûr qu'on fait les bonnes choses au bon moment,
00:37:02 parce que ces moustiques ne colonisent pas les mêmes gîtes.
00:37:05 Donc la lutte anti-vectorielle ne va pas être faite de la même façon
00:37:08 si on s'adresse à des moustiques qui vivent dans des eaux sales ou dans des stations d'épuration
00:37:12 que dans des moustiques qui vivent à côté de nous dans des vases à fleurs.
00:37:15 Si vous avez des questions, par la suite je suis disposé à y répondre.
00:37:19 Merci beaucoup.
00:37:21 Merci.
00:37:23 Oui, bonjour. Je vais terminer avec le paludisme.
00:37:30 Il y a déjà beaucoup de choses qui ont été dites.
00:37:32 D'abord je voulais remercier le Président, le Président, le Sénateur de Mailly pour l'invitation.
00:37:38 Je pense que cette table ronde est importante, puisque c'est quand même un sujet d'actualité avec un prisme paludisme.
00:37:46 Je me suis amusé à regarder le nombre de publications.
00:37:50 C'est simple, il suffit d'aller sur un site qui ne s'appelle plus de Med,
00:37:53 et j'ai tapé Malaria et Climate Change.
00:37:57 Les publications ont été multipliées par 10 en 20 ans.
00:38:02 On avait 7 publications en 2000, et là on a quasiment 80 publications en 2023.
00:38:08 Autre point aussi important, c'est le dernier rapport de l'OMS, le World Malaria Report.
00:38:15 C'est un rapport publié tous les ans par l'OMS concernant le paludisme.
00:38:19 C'est la première fois où l'OMS consacre un chapitre entier sur le changement climatique.
00:38:24 Dans ce chapitre, il déclare qu'il s'agit d'une des menaces pour la santé auxquelles a à faire face l'humanité,
00:38:34 qui semble très importante.
00:38:36 On ne va pas s'affoler.
00:38:44 C'est sûr que les facteurs environnementaux et climatiques vont avoir un impact sur la transmission du paludisme.
00:38:54 Le problème, c'est qu'il nous manque un certain nombre de données.
00:39:01 En particulier, c'est le manque de collaboration ou d'échange entre les experts du paludisme et les géographes.
00:39:19 Il faut intégrer ça.
00:39:22 Le changement climatique dans le cadre du paludisme est une menace.
00:39:26 Je parle surtout d'une menace concernant l'objectif d'élimination.
00:39:32 On se place dans ce concept où on cherche à éliminer le paludisme.
00:39:37 Je travaille à développer des outils et à faire de la surveillance pour avoir l'efficacité des outils mis en place pour éliminer le paludisme.
00:39:48 Le changement climatique risque d'entraver l'élimination du paludisme.
00:39:55 Il y a des avis qui sont complètement divergents.
00:40:03 Certains experts disent que ça n'aura aucun impact sur notre lutte contre le paludisme,
00:40:12 alors que d'autres disent que ça aura un impact majeur.
00:40:16 En particulier, un impact sur les co-déterminants.
00:40:21 Mais on pourra y revenir un peu plus tard.
00:40:23 La difficulté du paludisme, c'est que ce n'est pas une maladie, mais des maladies.
00:40:30 Ce sont des contextes épidémiologiques qui créent une situation complètement différente,
00:40:38 que ce soit entre les continents, à l'intérieur d'un pays, ou même à l'intérieur d'une région.
00:40:46 Il y avait des sites d'études au Sénégal suivis par l'Institut Pasteur.
00:40:53 Ils avaient deux villages à 5 km de distance, avec des niveaux de transmission complètement différents.
00:41:00 Il n'y avait que 5 km.
00:41:02 Il faut donc prendre en compte tous ces aspects.
00:41:06 Je ne vais pas revenir sur les chiffres du paludisme,
00:41:10 si ce n'est que je peux ajouter que le paludisme, c'est l'Afrique.
00:41:15 C'est 95% des cas.
00:41:17 En particulier, il y a quatre pays les plus touchés, qui représentent la moitié des cas.
00:41:22 C'est le Nigeria, la République démocratique du Congo, l'Ouganda et le Mozambique.
00:41:28 Il faut savoir que la région européenne de l'OMS est exempte de paludisme depuis 1975.
00:41:38 Il y a quelques cas autochtones, mais c'est pareil,
00:41:42 ce sont des cas d'importation avec une transmission qui ne dure pas, qui s'éteint assez rapidement.
00:41:48 Autre point, c'est peut-être des chiffres importants, c'est le financement.
00:41:53 Je ne sais pas si vous avez une idée du budget qui est alloué à la lutte contre le paludisme.
00:41:59 C'est 4 milliards de dollars.
00:42:01 D'après les experts, il faudrait doubler ce budget pour être efficace.
00:42:06 À côté du changement climatique, je vais vous parler de quatre menaces importantes,
00:42:12 et sur lesquelles je travaille beaucoup.
00:42:15 C'est d'abord une menace qui vient du parasite.
00:42:18 Il y a des souches de parasites qui ont muté et qui ont éliminé des gènes,
00:42:29 sans être trop compliqué, qui codent pour des protéines
00:42:33 qui sont détectées par les tests de diagnostic rapide.
00:42:37 Vous imaginez qu'on a des faux négatifs.
00:42:42 Une personne a le paludisme, on fait un test, il est négatif, mais en fait elle a le paludisme.
00:42:47 C'est un gros problème.
00:42:49 Ces parasites sont surtout présents dans la corne de l'Afrique et s'étendent en Afrique.
00:42:55 La deuxième menace, c'est la résistance aux antipaludiques.
00:43:00 C'est ma spécialité.
00:43:03 On a trouvé des parasites résistants au traitement le plus efficace qu'on a en Afrique.
00:43:12 C'est apparu en Asie depuis 10 ans, à peu près une dizaine d'années, un peu plus, une quinzaine d'années.
00:43:17 On a trouvé des parasites résistants aux antipaludiques qui datent d'il y a 5-6 ans.
00:43:23 C'est une grosse menace.
00:43:25 Pour l'instant, les traitements restent efficaces,
00:43:29 mais ils sont sous la menace que de nouvelles résistances apparaissent
00:43:33 qui font que les traitements soient absolument plus efficaces.
00:43:37 Troisième menace, c'est la résistance des vecteurs aux insecticides.
00:43:41 Il y a des chiffres, mais le nombre de vecteurs résistants aux insecticides
00:43:49 et à différentes classes d'insecticides est en augmentation, en particulier en Afrique.
00:43:54 La quatrième menace qui me paraît importante, c'est une espèce asiatique,
00:44:01 je ne veux pas incriminer, qui vient d'Inde.
00:44:05 Une espèce qui s'appelle Anopheles, parce que le vecteur du paludisme, c'est l'anophèle.
00:44:10 Il s'appelle Anopheles steffensii, qui est en train d'envahir l'Afrique.
00:44:17 Ça passe aussi par la corne de l'Afrique, on en a découvert au Ghana.
00:44:21 Le problème de cette espèce, c'est qu'elle est résistante aux insecticides,
00:44:26 elle a une bonne résistance aux insecticides,
00:44:29 et surtout qu'elle est capable de se reproduire et de se multiplier dans un environnement urbain.
00:44:34 C'est une espèce capable de créer des épidémies de paludisme dans les villes.
00:44:41 C'est ce qui est arrivé en Éthiopie il n'y a pas très longtemps.
00:44:45 Sachant que le vecteur classique du paludisme,
00:44:48 plutôt un vecteur, je parle sous ton contrôle,
00:44:51 c'est un vecteur rural qui se passe au niveau rural.
00:44:55 Si on fait le point sur le climat paludisme,
00:45:00 les variables importantes à prendre en compte sont la température, les précipitations et l'humidité.
00:45:07 On sait que ces facteurs-là, en changeant, peuvent modifier la transmission du paludisme.
00:45:15 Mais on a des données qui montrent que cette relation n'est pas linéaire.
00:45:20 Ce n'est pas parce qu'on a plus de température qu'on aura plus de transmission,
00:45:24 ou plus de pluie qu'on aura plus de transmission.
00:45:26 C'est beaucoup plus compliqué que ça.
00:45:31 L'autre point du changement climatique,
00:45:34 ce sont les catastrophes naturelles, les inondations, la sécheresse, etc.
00:45:40 Le cas du Pakistan, avec des inondations et une augmentation.
00:45:47 J'avais le chiffre de multiplié par 5.
00:45:50 On voit un pic d'apparition.
00:45:52 On doit s'attendre, avec le changement climatique, à ces phénomènes extrêmes
00:45:58 qui peuvent entraîner une explosion des cas de paludisme.
00:46:03 Pour être rapide et vous résumer, conceptuellement,
00:46:09 le changement climatique peut influencer le paludisme d'une façon directe et indirecte.
00:46:16 La façon directe peut être une extension de la limite géographique.
00:46:22 Le paludisme sévit dans une zone, cette zone peut s'étendre.
00:46:26 Du fait du changement des conditions, par exemple, l'augmentation de la température, de l'humidité,
00:46:31 les moustiques sont capables de se développer dans des zones
00:46:35 qui sont à la limite des zones de transmission du paludisme.
00:46:39 On peut à l'intérieur d'une zone où il y a de la transmission,
00:46:42 avoir une augmentation de cette transmission.
00:46:45 Le dernier point, c'est qu'on peut avoir une réintroduction du paludisme dans des zones où il n'y était plus.
00:46:52 Ça peut être le cas de la France, mais on n'est pas au niveau des arpoviroses.
00:46:59 Il n'y a pas de raison de s'inquiéter.
00:47:02 Il faut savoir qu'on peut avoir une diminution.
00:47:05 Si on a une augmentation de température au-delà de 28°C,
00:47:08 le paludisme aura plus de mal à se transmettre.
00:47:11 Ou alors, on peut avoir une augmentation de 1°C qui ne changera pas grand-chose dans la transmission.
00:47:18 Après, tous les effets indirects, bien sûr, c'est les pertes de moyens, de subsistance,
00:47:25 l'augmentation de l'insécurité économique alimentaire, le déplacement des populations.
00:47:30 Le déplacement d'une population dans une zone où il n'y a pas de paludisme,
00:47:35 et ces gens-là sont très susceptibles à l'infection.
00:47:39 On peut avoir aussi l'interruption des services de santé,
00:47:42 une réduction de l'accès aux systèmes de santé, etc.
00:47:47 Et une augmentation du coût.
00:47:49 On peut avoir, avec des augmentations de température,
00:47:53 des gradations plus rapides des vaccins, des médicaments,
00:47:57 des tests rapides qui font qu'ils seront plus efficaces.
00:48:01 Voilà, je pense que je vais m'arrêter là.
00:48:04 Et puis, on va pouvoir répondre à vos questions.
00:48:07 Merci. Justement, je vais donner la parole à mes collègues.
00:48:10 Je donne la parole à Guillaume Chevrolier.
00:48:13 Merci, M. le Président.
00:48:15 Merci aux intervenants de cette table ronde
00:48:18 où vous avez bien démontré l'intensification des risques épidémiologiques
00:48:22 liés au changement climatique et également à la dégradation de la biodiversité.
00:48:28 Les chiffres de la Banque mondiale évoquent un nombre important de déplacés d'ici 2030,
00:48:34 260 millions précisément, et 1,2 milliard en 2050.
00:48:39 Donc, on voit des mouvements de population qui vont aussi amener
00:48:43 des mouvements de maladies avec différents vecteurs.
00:48:46 Vous avez parlé des insectes.
00:48:49 On parle des cas de paludisme aux États-Unis,
00:48:52 la maladie du légionnaire au Royaume-Uni.
00:48:56 Donc, la transmission par les insectes et puis le paludisme,
00:49:00 vous en avez beaucoup parlé.
00:49:02 Vous avez abordé, je crois, un intervenant,
00:49:05 le concept de "wellness", santé globale.
00:49:09 Alors, ça fait longtemps qu'on en parle.
00:49:11 On voit bien que c'est le sujet qui permettrait d'aborder
00:49:14 la santé animale, végétale, humaine.
00:49:17 Bon, alors, c'est un concept, mais comment le mettre de façon très concrète
00:49:23 pour qu'il soit opérationnel et juguler ces risques sanitaires ?
00:49:29 Donc, la question, c'est celle-ci, c'est le concept,
00:49:34 la mise en oeuvre opérationnelle.
00:49:36 Et puis, comme vous êtes dans la Chambre des Territoires,
00:49:38 c'est quelle place pour les collectivités locales
00:49:41 dans la mise en oeuvre opérationnelle du concept santé globale ?
00:49:45 Merci.
00:49:46 Merci. Je vais donner la parole à Michael Weber.
00:49:49 Oui, merci, Monsieur le Président.
00:49:52 Merci d'abord pour cette table ronde.
00:49:55 En réalité, on sait très bien qu'avec le changement climatique,
00:49:58 la question des virus et des insectes qui circulent à l'échelle planétaire
00:50:03 est toujours dû poser en passant d'espèces envahissantes.
00:50:07 La question que je me posais, c'était, est-ce que,
00:50:09 au regard des données qui sont les vôtres,
00:50:11 certains de ces virus parfois, ou insectes,
00:50:14 s'adaptent mieux dans un milieu nouveau que par rapport à leur milieu autochtone ?
00:50:18 En réalité, des espèces alloctones que l'on peut trouver,
00:50:21 qui passeraient, pour donner un exemple très concret,
00:50:24 je ne sais pas, de l'Amérique du Sud à l'Europe du Nord,
00:50:27 est-ce qu'il y a des possibilités à l'échelle planétaire
00:50:30 que ces insectes s'adaptent mieux à leur nouveau milieu qu'à leur ancien milieu,
00:50:34 ce qui pose évidemment un problème,
00:50:35 puisque ça veut dire qu'à l'inverse, les espèces présentes,
00:50:38 elles ont plus de mal à résister face à ces insectes.
00:50:44 La deuxième question, c'est de l'adaptation ou de la lutte
00:50:48 derrière des différentes conséquences.
00:50:52 Lutter, ça veut dire que si l'on lutte,
00:50:54 il peut y avoir des conséquences accroissantes,
00:50:59 en tout cas la perte de biodiversité,
00:51:02 puisque forcément, ça veut dire qu'on touche d'autres espèces.
00:51:07 Et donc, quelle est votre vision des choses à l'avenir sur ce sujet-là ?
00:51:10 Et si vous avez aussi des éléments,
00:51:12 parce que je sais que c'est très difficile de le mettre sur la table,
00:51:15 c'est la question du coût de l'action nécessaire,
00:51:18 puisqu'il y a ce qu'on appelle le coût de l'inaction climatique,
00:51:21 par exemple, et là, quel serait, d'après vous,
00:51:24 le coût de l'action en la matière pour effectivement
00:51:27 permettre à ce qu'on se porte mieux,
00:51:29 tout en respectant un équilibre en termes de biodiversité ?
00:51:35 Y a-t-il d'autres questions ?
00:51:38 Oui, Louis-Jean.
00:51:40 Oui, merci, j'ai une question un peu subsidiaire
00:51:42 concernant le paludisme.
00:51:45 Est-ce qu'il y a simplement un traitement chimique ?
00:51:49 On parle beaucoup de l'artémisien pour traiter le paludisme.
00:51:52 Est-ce que le développement de plantes pour le paludisme
00:51:55 ou pour d'autres permet aussi d'être plus utile
00:51:58 dans la biodiversité que le côté chimique ?
00:52:04 Bien, je donne la parole à Nicole Bonnefoy et puis à Hervé Gillet à l'issue.
00:52:09 Merci, monsieur le Président.
00:52:11 Merci pour cette table ronde.
00:52:13 Merci pour vos interventions un peu effrayantes.
00:52:18 Ma première remarque, ma première pensée, c'était en vous écoutant
00:52:21 que l'espèce la plus dangereuse, la plus désastreuse, c'était l'homme, en fait.
00:52:26 L'homme pour l'homme.
00:52:30 Et que tout ça est lié au réchauffement climatique
00:52:33 et que qui est responsable du réchauffement climatique, c'est l'homme.
00:52:37 Et l'homme qui, pour autant, ne se remet pas tellement en question.
00:52:41 On a vu avec le Covid, il fallait penser le monde d'après.
00:52:44 Qu'est-ce qu'on a fait depuis la crise du Covid ?
00:52:46 J'ai l'impression qu'on recommence sans arrêt la même chose.
00:52:49 Et donc c'est affligeant.
00:52:54 Et moi, enfin je parle pour moi, moi qui suis une femme politique,
00:52:59 je me dis mais que font les politiques ?
00:53:01 Donc, mise à part réduire les moyens,
00:53:06 on voit sur le réchauffement climatique la nécessité qu'on a,
00:53:11 au regard de l'urgence, à prendre des décisions courageuses.
00:53:15 Je perçois qu'en fait, c'est l'inverse qui se passe.
00:53:18 Il y a quelques décisions de prise, mais elles sont largement insuffisantes.
00:53:22 Et il est responsable des modes d'élevage, vous l'avez dit tout à l'heure,
00:53:28 la production intensive, etc.
00:53:31 Donc, je ne vais pas refaire le détail.
00:53:35 Donc c'est bien que vous soyez là,
00:53:37 mais c'est bien aussi que vous soyez là pour nous éclairer.
00:53:39 On est ici des politiques, j'espère, responsables.
00:53:43 Moi, je l'ai vu il n'y a pas longtemps, dans le cadre de la préservation des sols
00:53:46 et donc des écosystèmes, où j'ai porté un texte en disant
00:53:49 la nécessité qu'il y avait au regard du changement climatique
00:53:52 à préserver l'environnement et les sols en particulier.
00:53:55 Et compte tenu de la crise agricole, il m'a été répondu que ce n'était pas le moment.
00:53:59 Donc, je considère moi que, au contraire, c'est largement le moment
00:54:03 et il y a longtemps que c'est le moment.
00:54:05 Et donc, il y a nécessité à ce que les politiques soient plus courageux
00:54:08 qu'ils le sont jusqu'à aujourd'hui.
00:54:10 Donc, je ne sais pas si vous pourrez me répondre,
00:54:12 mais ma question est celle-ci.
00:54:14 Que devraient faire les politiques s'ils s'emparaient de cette question
00:54:19 de façon courageuse, en matière de prévention, en matière de recherche, etc.
00:54:24 Merci pour vos réponses.
00:54:26 Merci. J'ai ma parole à Hervé Gillet.
00:54:29 Merci, Président.
00:54:32 Pour prolonger la question de Nicole
00:54:36 et en soulignant effectivement l'intérêt de cette table ronde,
00:54:39 on voit que le Covars aujourd'hui n'est peut-être pas suffisamment connu, d'ailleurs.
00:54:44 Et on a du mal à voir de quelle manière des propositions peuvent s'inscrire aussi,
00:54:49 même si c'est modeste et c'est des premières briques,
00:54:52 dans des politiques territoriales.
00:54:54 Et je crois que là, il y a une vraie réflexion à avoir
00:54:57 parce qu'il y a quand même des procédures de prévention et de sécurité
00:55:01 qui sont réfléchies à différents niveaux, même au niveau communal.
00:55:04 On a des plans communaux de sauvegarde qui sont là aussi,
00:55:08 avec d'autres documents pour étudier les risques
00:55:11 et commencer à faire des premières propositions.
00:55:13 Et moi, je crois beaucoup à ces petites briques
00:55:16 qui, petit à petit, essayent de constituer une action de prévention globale.
00:55:20 Et donc, il y aurait un intérêt, je crois, à ce qu'il y ait des premières propositions
00:55:25 qui permettraient d'inscrire dans des politiques de prévention à différents niveaux.
00:55:30 Déjà, on sait que sur le moustique-tigre,
00:55:34 il commence à y avoir des mesures de prévention qui sont globalement un peu entendues,
00:55:38 mais sans doute pas suffisamment.
00:55:40 Mais rien qu'à ce niveau-là, il faut effectivement avoir, je pense,
00:55:44 une position plus forte aujourd'hui et peut-être des propositions vraiment très claires
00:55:48 à négocier, discuter avec les collectivités territoriales.
00:55:53 On a aussi au Sénat une délégation collectivité locale et territoriale
00:55:57 et ça peut faire partie de propositions très concrètes
00:56:00 qu'on peut essayer effectivement de mettre en œuvre.
00:56:02 Parce que, comme vous l'avez souligné au niveau de la dengue du Chikungunya,
00:56:06 ils sont là, ça y est.
00:56:07 Je crois qu'il y a quand même un risque majeur que la dengue, aujourd'hui,
00:56:11 prolifère sur notre territoire.
00:56:13 Et donc, il faut qu'on commence à agir.
00:56:15 Et puis, ça, c'est pour tout ce qui est parti des collectivités.
00:56:18 Mais en termes de procédure, c'est aussi de voir comment, au niveau sanitaire aussi,
00:56:22 notre système de santé s'adapte aussi par rapport à ces nouveaux enjeux.
00:56:27 Peut-être que vous pouvez nous apporter aussi quelques éclairages complémentaires
00:56:30 sur ce sujet. Je vous remercie.
00:56:32 Merci. Je vais donner la parole à Martha de Sidra.
00:56:35 Merci, Président.
00:56:38 Merci beaucoup pour vos différentes interventions.
00:56:40 Et j'avoue que, comme ma collègue Nicole Bonnefoy,
00:56:43 j'ai trouvé vos discours quelque peu alarmants.
00:56:46 Mais sans revenir sur les questions qui vous ont déjà été posées,
00:56:50 évidemment, sur le volet purement territorial.
00:56:53 Vous êtes ici devant des sénateurs,
00:56:55 donc ça nous intéresse effectivement d'avoir votre vision
00:56:58 sur la capacité des territoires à faire face à tout ce que vous avez décrit,
00:57:03 à l'échelle aussi d'un pays, la France, à l'échelle aussi du continent européen.
00:57:09 Mais plus globalement, puisque les chiffres que notre collègue Demy,
00:57:12 que je remercie pour ses tableaux ondes, a évoqués,
00:57:15 concernent en fait la planète tout entière.
00:57:17 Et dans vos propos, les uns et les autres, vous avez évoqué les autres continents.
00:57:21 Donc, ma question est simple.
00:57:23 Bien sûr, éradication.
00:57:25 Bien sûr, nous sommes confrontés à quelque chose peut-être un peu nouveau
00:57:29 sous nos latitudes, dans nos territoires.
00:57:32 Mais fondamentalement, quelle est véritablement aujourd'hui la position de la France ?
00:57:37 Je pense par exemple à l'AFD.
00:57:39 Est-ce que l'AFD, par exemple, a des missions, a des actions dans les continents, en Afrique, évidemment ?
00:57:46 Je pense à l'Afrique tout particulièrement.
00:57:48 Qu'est-ce qu'on y fait ?
00:57:50 Notre coopération se traduit comment en matière de santé ?
00:57:53 Puisque on voit bien que lorsqu'on est malade à un bout de la planète,
00:57:57 ça ne nous épargne pas à nous, à l'autre bout de la planète.
00:58:00 Et je pense qu'il faut peut-être aller aussi à la source.
00:58:03 Donc, j'aurais voulu vous entendre sur cet aspect-là. Je vous remercie.
00:58:07 Merci. Y a-t-il d'autres... Oui, Renan.
00:58:11 Oui, merci, Président.
00:58:13 Je pense qu'effectivement, c'est une excellente initiative de Stéphane Demy de nous avoir proposé cette table ronde.
00:58:19 D'abord, peut-être dire que sur cette approche One Health, une seule santé,
00:58:26 on est quand même culturellement extrêmement en retard en France.
00:58:31 Pour vous donner une idée, le Grand Muséum d'Histoire Naturelle à Washington
00:58:37 a plusieurs salles d'exposition que sur One Health.
00:58:40 Et c'est vraiment quelque chose d'assez frappant, la différence d'approche et de prise en compte
00:58:49 de cette logique One Health entre la France et d'autres pays dans le monde, notamment les États-Unis.
00:58:55 Après, on est vraiment devant une difficulté majeure.
00:58:59 C'est-à-dire qu'il y a le moment d'alerte, mais il y a quand même le fait qu'on n'a pas toutes les solutions devant nous,
00:59:06 que le moustique-tigre, on va devoir vivre avec, on ne va pas l'éradiquer, qu'on a des injonctions contradictoires.
00:59:14 C'est-à-dire qu'il est certain que végétaliser les villes, potentiellement, ça peut attirer des moustiques.
00:59:22 Mais d'un autre côté, si on ne les végétalise pas, on va mourir de chaud.
00:59:25 Donc ça n'ira pas mieux en termes de santé publique.
00:59:28 Donc vraiment, c'est là que sont nos difficultés majeures.
00:59:33 Ce qui m'amène finalement, et ça fait écho évidemment à d'autres questions, notamment celle d'Hervé juste avant,
00:59:40 c'est que finalement, notre première question, elle est quand même sanitaire.
00:59:43 C'est-à-dire, c'est la capacité de dimensionner nos services de santé sur ces maladies émergentes,
00:59:50 parce qu'en termes d'environnement, au-delà du fait de dire qu'on va essayer de garder un environnement en bon état,
00:59:56 je ne vois pas bien où est-ce qu'on va pouvoir limiter finalement le risque de diffusion,
01:00:02 puisque ces moustiques-là sont là pour longtemps et qu'on ne va pas...
01:00:07 On peut toujours mettre de l'insecticide partout, mais le désastre et les autres conséquences sont encore plus désastreuses.
01:00:13 Donc moi, je voudrais peut-être qu'on recentre sur l'aspect sanitaire, les moyens de l'action publique en termes sanitaires.
01:00:21 Et c'est peut-être là-dessus qu'il faut effectivement se préparer.
01:00:25 Merci. Je vais donner la parole à Simon Ouzouda.
01:00:29 Merci, Monsieur le Président. Merci à notre collègue de mini. Merci aux intervenants.
01:00:34 J'avais deux questions. Je suis sénateur du Morbihan.
01:00:38 C'est le deuxième département breton colonisé par le moustique-tigre après les Vilaines.
01:00:46 Alors on voit bien les rapports de l'ARS qui est désormais chargé de ce travail.
01:00:55 Moi, j'avais quelques questions sur ces points particuliers, à savoir en écho aux propos que vous avez tenus.
01:01:03 Est-ce que les ARS vous sollicitent effectivement ?
01:01:06 Parce que vous avez insisté avec beaucoup de justesse sur ce travail entre la santé,
01:01:14 la dimension environnementale, la dimension aussi agricole.
01:01:19 Et de quelle manière elles vous sollicitent, ces ARS ?
01:01:24 Deuxième question. On le voit notamment en Bretagne, mais je pense que c'est le cas ailleurs.
01:01:29 Beaucoup de sites un peu générateurs sont notamment ceux qui stockent des pneus, par exemple.
01:01:35 Alors est-ce qu'il y a là-dessus des démarches de sensibilisation, d'information ?
01:01:41 Parce qu'encore une fois, il ne s'agit pas de créer la panique, bien sûr.
01:01:45 Mais quand on lit dans les rapports "élimination probable", est-ce que vous pensez que c'est réaliste ?
01:01:52 Je fais écho à des propos tenus par certains de nos collègues, parce que quand on vous écoute, on se dit que c'est sans doute un vœu pieux.
01:02:01 Et puis dernière question sur les Outre-mer. Est-ce que vous pouvez nous faire un point de situation ?
01:02:11 On va être amené dans un autre cadre, une mission d'information entreprise et climat, mais à nous rendre sur site dans une dizaine de jours.
01:02:19 On voit bien que les préoccupations sont quand même très fortes sur ces territoires qui sont souvent les territoires français aux avant-postes.
01:02:25 Donc merci par avance pour vos éclairages.
01:02:28 Merci. J'ai donné la parole à Georges Natural.
01:02:31 Merci, Monsieur le Président. Et merci en tout cas pour l'organisation de cette table ronde.
01:02:37 Alors ça tombe bien, parce que je vais faire écho à ce qui vient d'être dit par mon collègue.
01:02:41 On parle de recherche et autres, et on fait souvent référence à l'Afrique.
01:02:49 Mais en tout cas, on a la chance en France d'avoir des territoires d'Outre-mer, nous avec le moustique depuis tout le temps.
01:02:54 Donc pas de souci là dessus. La tique, ce sont les Américains qui nous l'ont importé pendant la guerre, la guerre en Nouvelle-Calédonie.
01:03:04 En tout cas, on a réussi à s'en séparer parce que ça a impacté énormément notre élevage bovin.
01:03:09 La dengue, le paludisme, la proximité de chez nous, du reste a été atteint, mais avec un traitement à la nivacine, je suis aujourd'hui immunisé.
01:03:21 Mais en ce qui concerne plus particulièrement le moustique et la dengue ou le chikungunya, de la recherche, on en fait depuis tout le temps,
01:03:30 avec l'Institut Pasteur, avec tous les organismes de recherche au niveau des territoires du Pacifique.
01:03:34 Et puis j'ai cru comprendre que notre mousticologue doit bien connaître ça, puisque à l'accent, je sens qu'elle vient de Polynésie française.
01:03:44 Donc nos territoires, effectivement, depuis tout le temps, font de la recherche. Je crois que ce qui est important, et ça a été dit tout à l'heure,
01:03:53 je pense que les maires, en tout cas avec notre compétence hygiène et sécurité, c'est notre rôle aussi de faire de la prévention.
01:04:00 Et en tout cas, j'entendais dire, on ne peut pas mettre de l'herbe dans nos villes, mais si, il faut le faire.
01:04:07 Il y a de la prévention à faire auprès de nos concitoyens. Ce n'est pas toujours facile, mais en tout cas, on a un boulot important à le faire.
01:04:14 Et nous, on le fait depuis tout le temps.
01:04:16 La question que je voudrais poser, parce que je pense que le chercheur mousticologue doit le connaître,
01:04:23 on a expérimenté, nous, en partenariat avec l'Université de Melbourne, un procédé qui s'appelle la volbacchia,
01:04:32 c'est-à-dire qu'on a importé, on a produit des moustiques qui ont contré le moustique de la dengue, et ça a été très efficace.
01:04:41 Je veux dire, on a aujourd'hui dans l'agglomération, une agglomération de 180 000 habitants sur les 270 000 à Nouvelle-Calédonie.
01:04:48 Le traitement s'est fait d'abord dans la capitale, la Nouméa, et ensuite, toutes les communes de l'agglomération l'ont fait.
01:04:55 Et aujourd'hui, effectivement, on a plus de 4 dengues, pratiquement, on en a encore quelques-uns, mais en tout cas, ça a été très efficace.
01:05:01 Alors, ma question, c'est de savoir si cette démarche, qui a prouvé son efficacité, peut, effectivement, être aussi un élément pour l'arrivée de la dengue dans l'Hexagone.
01:05:20 Merci. Est-ce qu'il y a d'autres prises de parole avant que je donne la parole à nos invités pour qu'ils répondent aux nombreuses questions qui ont été posées ?
01:05:30 Je n'en vois pas. Moi, je voudrais reprendre un peu la question de notre ami Louis-Jean de Nicolai sur l'Artemisia.
01:05:39 Est-ce que vous avez un avis sur ce sujet ? Pourquoi cette plante n'est pas reconnue ici ? Et qu'est-ce qui pourrait être fait ?
01:05:50 Parce que c'est vrai que c'est une question qui m'est souvent posée, de dire "mais c'est pas une plante qui est reconnue", alors que c'est une plante très utile pour soigner.
01:06:01 Alors, je vais tout de suite rectifier.
01:06:04 Et on travaille sur ce sujet, j'essaie d'y travailler un petit peu.
01:06:07 Donc, j'aimerais vraiment qu'on me guide, parce que c'est un peu compliqué des fois pour moi.
01:06:12 Je sais reconnaître quand j'ai des difficultés, que je ne sais pas résoudre un souci.
01:06:18 L'Artemisia est une plante complètement reconnue, puisque c'est la base du traitement actuel du paludisme.
01:06:29 Le traitement recommandé par l'OMS et utilisé partout dans le monde, c'est ce qu'on appelle des combinaisons à base de dérivés d'artémisinin.
01:06:39 C'est-à-dire que c'est un dérivé d'artémisinin plus un médicament partenaire.
01:06:44 Ce dérivé d'artémisinin est extrait de la plante Artemisia anua.
01:06:52 Donc, c'est...
01:06:55 La question sur le plantain, c'est...
01:06:58 Des tisanes.
01:06:59 Voilà, il y a l'histoire des tisanes.
01:07:01 Et je pense que Jean, c'est la question qu'il voulait poser également tout à l'heure.
01:07:04 Il y a tout un débat pour savoir si effectivement la tisane froide ou chaude, avec cette plante de l'Artemisia, permet de lutter préventivement ou curativement contre le paludisme.
01:07:16 Il y a les fameuses maisons de l'Artemisia qui sont venues nous rencontrer.
01:07:20 Oui, mais là vous me mettez dans une position difficile.
01:07:22 Je ne recommande pas de prendre une tisane pour se traiter d'une crise de paludisme.
01:07:27 Je recommande d'utiliser un ACT.
01:07:30 Maintenant, je ne vais pas être...
01:07:35 Enfin, je veux dire, on peut mener des études, avec avis du comité d'éthique,
01:07:44 permettant d'évaluer l'activité de tisane.
01:07:50 Oui, je ne suis pas compte, mais j'attends les données, j'attends les résultats, et que ce soit publié dans des journaux sérieux.
01:07:58 Voilà.
01:08:00 Je laisse répondre à mes collègues.
01:08:04 Je vais peut-être prendre la parole sur les questions un peu générales, et notamment liées à la relation avec les politiques et notamment le COVARS.
01:08:15 Vous avez tout à fait raison, Madame la Sénatrice, l'homme est responsable du changement climatique.
01:08:20 Il n'y a absolument aucun doute là-dessus, mais la question est, peut-on limiter le nombre d'hommes sur la planète et l'activité humaine sur la planète ?
01:08:28 Je ne rentrerai pas dans ce débat.
01:08:31 Ce que l'on peut faire, c'est évidemment faire de la prévention et limiter au maximum les effets de l'homme sur la planète.
01:08:40 Les politiques ont un rôle majeur, et c'est notre fonction au COVARS d'aider les politiques à prendre des décisions sur des bases rationnelles, scientifiques, solides, validées scientifiquement.
01:08:53 Par exemple, même si ce n'est pas directement le réchauffement climatique, mais ce que j'ai dit tout à l'heure sur la pollution atmosphérique, il y a un progrès.
01:09:03 Il y a un progrès indéniable qui est lié au fait que les scientifiques et les médecins ont poussé les politiques à avoir une réglementation sévère, européenne,
01:09:15 et que la France, petit à petit, arrive à surmonter le niveau, enfin à passer en dessous, pardon, du niveau de toxicité.
01:09:24 Et on n'a pas complètement réussi, mais on va dans le bon sens.
01:09:28 Donc nous ne sommes pas là pour vous effrayer, nous sommes là pour vous dire que nous, scientifiques et médecins, nous pouvons vous produire des données qui vous permettent de dire
01:09:41 "Oui, on peut aller dans ce sens-là, utiliser tel traitement ou non, on ne peut pas, par exemple l'hydroxychloroquine, quand ça n'est pas prouvé,
01:09:52 et vous pousser à établir des réglementations qui vont améliorer les choses". C'est vraiment notre fonction.
01:10:00 Alors pour ce qui est de la question qui nous a été posée sur les relations avec les communautés et les territoires,
01:10:08 donc le COVAS est placé auprès du ministre de la Santé et de la Recherche, mais également, c'est la première ministre qui avait créé ce comité,
01:10:17 et donc nous participons à des réunions interministérielles, et nous en avons une qui est prévue pour dans quelques semaines,
01:10:25 où nous, Matignon, réunit le ministère de l'Intérieur, le ministère de la Santé, le ministère de la Recherche, le ministère de l'Agriculture,
01:10:33 le ministère de la Transition écologique, et où nous présentons nos recommandations dans un esprit "one health", dans un esprit "une seule santé",
01:10:43 de manière à ce qu'il y ait une convergence d'action publique sur nos recommandations, qui sont prises au sérieux.
01:10:51 Nous faisons le même travail au niveau de l'Elysée, et merci de nous avoir invités, mais nous serions très heureux de pouvoir venir vous en parler régulièrement.
01:10:59 Ce qui est vraiment rassurant, c'est que, à la fois vous, politique, et nous, la société, mais surtout les jeunes,
01:11:09 il y a une prise de conscience extrêmement importante de l'urgence de ces questions.
01:11:14 Et donc, nous sommes portés par ce mouvement, et je crois que les politiques et les gouvernants ont de plus en plus l'attention à cela.
01:11:26 C'est vrai que notre capacité à atteindre les territoires n'est pas suffisante, en tant que covarde, et qu'il faut imaginer des relais importants.
01:11:36 La question de savoir si les ARS nous contactent, c'est plutôt nous qui contactons les ARS.
01:11:40 C'est-à-dire que, quand nous établissons un avis sur l'infection à West Nile Virus, nous contactons l'ARS à Quitten,
01:11:49 nous contactons les différentes ARS concernées, nous avons contacté pour la grippe aviaire, sur laquelle nous avons émis un avis l'année dernière,
01:11:57 les chambres d'agriculture. Donc nous essayons d'avoir un avis au plus proche des territoires.
01:12:03 C'est vrai qu'il faudrait qu'il y ait un aller-retour plus important.
01:12:08 Nous recommandons également à la Direction générale de la Santé d'avoir une action vis-à-vis des ARS,
01:12:16 de manière à ce que, par exemple, pour la lutte contre la dingue, et ma collègue vous en parlera mieux que moi,
01:12:21 mais la lutte contre la dingue, les territoires français métropolitains ne sont pas suffisamment formés.
01:12:27 Et il n'y a pas que la dingue, il y a le West Nile, qui n'est pas le même moustique. Il y a deux façons de lutter contre ces moustiques.
01:12:34 Et donc il y a des ARS qui sont mieux formés que d'autres, dans le sud de la France, en PACA ou en région aguitaine,
01:12:41 mais des ARS comme celle de la Bretagne ou d'autres, qui vont être exposés, ne le sont pas assez.
01:12:47 Et donc ce que nous préconisons au niveau de la DGS, c'est qu'il y ait un réseau d'interconnexion entre les ARS,
01:12:58 qui permette un partage de connaissances, un partage d'expériences, de manière à ce que l'ensemble du territoire puisse bénéficier des avancées des uns et des autres.
01:13:09 Voilà, je ne vais peut-être pas être plus longue sur ces points-là, mais encore une fois, merci de votre invitation qui est très précieuse.
01:13:17 Oui, je peux peut-être enchaîner sur les questions spécifiques, Wanels.
01:13:22 Alors certes, maintenant, c'est un mot à la mode, mais ça fait en fait quand même plusieurs dizaines d'années qu'on travaille sur ces approches-là.
01:13:31 Moi, quand je travaillais au Burkina, sur la tripano et sur la transmission entre les mouches tsetse, les porcins, les animaux sauvages,
01:13:44 et en fonction du changement climatique, de la végétation, etc., je faisais du Wanels et je ne suis pas le seul, enfin, à Nabela, on faisait, etc.
01:13:50 Donc l'activité d'approche intégrée de la santé, notamment sur les maladies infectieuses émergentes et vectorielles, en recherche, c'est vraiment quelque chose qui est assez ancien.
01:14:00 La particularité, c'est que je pense que c'est quand même une des leçons du Covid, ça a remis en lumière cette interconnection entre biodiversité, climat et santé.
01:14:13 Et c'est quand même en soi une bonne chose. Après, vous savez, l'historique du Wanels et une seule santé, il y a eu plein d'autres concepts, Eco-Health, Planetary Health, etc.
01:14:22 On ne va pas s'y attarder trop. L'important, c'est que maintenant, il y a une définition internationale qui a été donnée par la quadripartite, c'est-à-dire les organisations internationales,
01:14:31 l'OMS, l'OMSSA, c'est l'Organisation Mondiale de la Santé Animale, la FAO et l'UNEP, le Programme des Nations Unies pour l'Environnement,
01:14:38 qui sont mis ensemble et qui ont créé un comité d'experts Wanels, dont le premier rôle a été de définir ce que c'était que l'approche Wanels.
01:14:45 Et en gros, c'est une définition assez inclusive qui dit que c'est l'interdépendance entre santé humaine, santé animale et environnement.
01:14:54 Et que ça doit être traité d'une manière intersectorielle entre les différents secteurs, évidemment interdisciplinaire, parce que c'est quelque chose de complexe.
01:15:01 Donc, il faut aller de la biologie moléculaire aux sciences humaines et sociales en passant par l'épidémie, etc.
01:15:07 Mais aussi avec une approche multiacteur. Et là, on rejoint d'autres questions qui sont que pour traiter ces questions au-delà de la recherche,
01:15:14 il faut impliquer les chercheurs, mais il faut impliquer les décideurs, les agriculteurs, les éleveurs, les citoyens, les gestionnaires de parcs naturels, etc.
01:15:25 Et c'est absolument comme ça que ça peut se mettre en œuvre de manière concrète.
01:15:30 Alors comme ça, une approche complexe, évidemment, à un moment, il faut la faire redescendre.
01:15:37 Et c'est au niveau du territoire, au niveau local, qu'on arrive à faire la faire redescendre de façon le plus évidente.
01:15:44 Mais dans ce cas-là, il faut travailler sur une problématique spécifique.
01:15:48 C'est-à-dire faire du 1L, c'est pas rester dans les nimbes. Faire du 1L, c'est avoir une approche intégrée.
01:15:53 Donc en gros, quand on s'intéresse à la problématique, par exemple, tic sur un territoire, il faut réunir l'ensemble des acteurs qui sont,
01:16:02 qui apportent de la compétence en termes de 1L, c'est-à-dire ce que je disais, agriculteurs, éleveurs, médecins, pharmaciens, vétérinaires, chercheurs, politiques, etc.
01:16:11 Et traiter une question spécifique dans une approche intégrée, en reconnaissant la compétence des autres à apporter quelque chose de complémentaire à sa propre compétence.
01:16:20 C'est comme ça qu'on fait du 1L. Et c'est comme ça que ça peut être vraiment décliné dans les territoires.
01:16:25 Et donc, il y a des initiatives qui ont été lancées sur des sujets spécifiques, par exemple sur West Nile, où on a vraiment des médecins, des vétérinaires.
01:16:34 Et au niveau institutionnel, la RS et la DDPE, qui travaillent par exemple ensemble en Nouvelle-Aquitaine, pour essayer de comprendre les cas et d'aller détecter,
01:16:44 de mettre en place avec les parcs nationaux, le FB en particulier, des systèmes de surveillance.
01:16:50 On va surveiller le moustique et les chevaux pour pouvoir détecter les premiers cas ou la première circulation de West Nile avant que ça touche l'homme.
01:16:59 C'est quand même ça l'idée. Donc s'intéresser à l'environnement, bien sûr dans un objectif de protection de l'homme.
01:17:08 Et c'est comme ça qu'on peut travailler sur les territoires. Et ça se fait. Il y a des réflexions en ce moment pour savoir si les comités territoriaux de santé ne pourraient pas avoir une approche un peu plus intégrée 1L.
01:17:18 Ce n'est pas que santé humaine. Ce n'est pas s'intéresser qu'à l'homme, mais bien s'intéresser à la santé animale, à la santé des plantes et à la santé de l'écosystème.
01:17:26 Et l'objectif, et ça rejoint une autre question qui a été faite, c'est sur la question de l'homme responsable de toutes les activités.
01:17:33 L'objectif, c'est de travailler sur ce que j'ai appelé à un moment des socio-écosystèmes qui seraient en bonne santé.
01:17:39 Des écosystèmes dans lesquels l'homme est présent, parce qu'on ne va pas se séparer complètement de la nature au contraire,
01:17:44 mais c'est de concevoir des socio-écosystèmes en bonne santé et dans lesquels on arbitre les choses avec des valeurs équivalentes entre santé humaine, santé animale et santé de l'environnement globalement.
01:17:56 Quant au "est-ce que la France est en retard sur le One Health ?", plus ou moins.
01:18:03 C'est-à-dire qu'il y a des choses qui ont été développées dans d'autres pays.
01:18:06 D'un point de vue institutionnel, par exemple, le Sénégal a un conseiller One Health du président.
01:18:10 Est-ce que c'est la meilleure solution ? Je ne sais pas.
01:18:13 Dans plusieurs pays d'Africains, il y a des plateformes One Health qui ont été créées, plateformes institutionnelles, et qui ont un certain pouvoir auprès en général de la primature.
01:18:21 En France, on peut dire que le COVARS a été créé. C'était une décision post-CS COVID, décision de la présidence et de la première ministre,
01:18:30 qui a été de dire qu'on veut créer le COVARS avec une approche intégrée One Health.
01:18:34 On a écrit un papier là-dessus, sur cette approche-là.
01:18:37 Il y a des initiatives qui existent en France. La France a poussé à cette création du comité d'experts One Health.
01:18:45 Le LEP, le ministère des Affaires étrangères, a été pouchy pour cette création.
01:18:49 On a des choses qui se font en France.
01:18:52 L'AFD, en tant qu'agence de banque pour le développement, finance pas mal de programmes dans le domaine One Health.
01:19:01 Travaillant au CIRAD, on en a un certain nombre. On aimerait toujours qu'il y en ait plus, évidemment.
01:19:07 Je pense qu'à Pasteur, c'est pareil. Il n'empêche quand même qu'il y a pas mal de financements en cours.
01:19:11 Il y a quelques années, on avait un projet qui continue, qui s'appelle Santé Territoire,
01:19:16 qui a été développé au Sénégal, au Bénin, au Cambodge, au Laos,
01:19:23 qui visait justement à comprendre les socio-écosystèmes en bonne santé.
01:19:28 Et puis dernièrement, on a eu la création de l'initiative Prezod pour prévention des émergences zoonotiques,
01:19:37 qui a été décidée au One Planet Summit par le président de la République il y a trois ans maintenant,
01:19:41 et qui est financée à hauteur de 30 millions par l'AFD et 30 millions par le ministère de la Recherche.
01:19:46 La composante de financement AFD, et ça répond bien à cette question, vous avez raison,
01:19:51 c'est une problématique des émergences pandémiques, c'est une problématique mondiale.
01:19:55 On ne peut pas s'y intéresser uniquement en France.
01:19:57 Et ce financement AFD est fait justement pour qu'on développe des actions de terrain dans les pays,
01:20:02 que ce soit Afrique, Amérique ou Asie, dans lesquels il y a des hotspots d'émergence,
01:20:07 et dans lesquels l'idée c'est de travailler beaucoup plus sur la prévention
01:20:10 plutôt que sur la préparation simplement aux émergences.
01:20:13 Donc on a des financements, on peut toujours faire mieux,
01:20:16 et si on veut faire mieux, en fait c'est bien ça l'objectif de Prezod,
01:20:21 mais aussi de ce qu'on recommande dans le NCOVAS, c'est qu'il faut se mettre le plus possible en prévention,
01:20:27 même s'il faut aussi s'assurer que le système de santé fonctionne et est capable d'accueillir une émergence,
01:20:33 mais plus on se mettra en prévention, plus on va alléger le système de santé,
01:20:38 du bruit de fond en fait de toutes les problématiques cliniques,
01:20:41 et plus on accueillera facilement des émergences,
01:20:44 et plus on se mettra en prévention pour les émergences,
01:20:48 plus on aura des outils, que ce soit des outils de surveillance ou des outils de diagnostic ou de contrôle.
01:20:54 Je veux répondre à la question sur la triade virus, moustiques et hommes.
01:21:02 L'adaptation qui peut y avoir par rapport en fait au moustique et le moustique par rapport à l'environnement,
01:21:09 sachant qu'en fait les virus, on se focalise essentiellement sur la dengue.
01:21:14 La dengue, en fait, c'est un virus qui affectait les animaux.
01:21:17 Donc c'était principalement au sein d'un cycle sauvage dans les forêts d'Afrique et d'Asie du Sud-Est.
01:21:24 C'était ce qui faisait intervenir donc des singes et des moustiques qui ne piquent pas l'homme, des moustiques zoophiles.
01:21:30 La question de savoir à quel moment en fait ce virus est sorti de la forêt pour pouvoir infecter des animaux domestiques et ensuite l'homme.
01:21:38 Donc tout ce processus en fait qui est à l'étude de voir comment est-ce qu'un virus s'adapte à de nouveaux moustiques
01:21:45 et comment des nouveaux moustiques peuvent coloniser un espace qui est nouveau.
01:21:50 Donc d'une part, ça va être l'impact des activités humaines sur cette modification de l'environnement, de ces sanctuaires de circulation de virus
01:21:59 et notamment tout ce qui est la déforestation, les changements de pratiques agricoles, l'élevage et tout ça,
01:22:04 qui vont être des endroits où va avoir lieu ces émergences parce qu'on va simplifier le système vectoriel avec un hôte et un moustique,
01:22:14 qui s'adapte à ces environnements qu'on a changés alors qu'au départ le réservoir dans les forêts était beaucoup plus dense,
01:22:21 une grande biodiversité. C'est pour ça qu'on fait des initiatives comme Prezod qui vont investiguer au niveau des forêts
01:22:28 et quels sont les virus potentiellement capables d'émerger des forêts.
01:22:33 Ça c'est extrêmement important parce qu'aujourd'hui ce qu'on fait, on ponce les plaies.
01:22:38 On va regarder ce qui ne marche pas et on essaie de faire en sorte que ça soit à peu près bien,
01:22:44 alors que l'origine de la question est vraiment dans ces forêts, les sanctuaires et de comprendre quels sont les facteurs qui ont permis la sortie de ces virus de la forêt.
01:22:55 Donc c'est pour ça qu'en fait la santé globale, la santé mondiale, on est tous dans la même planète et donc forcément ce qui se passe en Chine, en Amérique du Sud, en Afrique, ça nous concerne.
01:23:05 Donc forcément en fait le développement des outils est important.
01:23:10 Par exemple le virus de la fièvre jaune a été isolé pour la première fois en 1927
01:23:15 et aujourd'hui on voit qu'il y a une résurgence, même une réémergence de la fièvre jaune en Amérique du Sud et en Afrique.
01:23:21 Mais à l'époque, en 1927, on était capable de pouvoir détecter la fièvre jaune.
01:23:26 Donc pour dire, c'est une illustration comme quoi les outils qu'on développe vont permettre la détection de certains pathogènes.
01:23:33 Donc au fur et à mesure que ces outils vont se développer, on va détecter des pathogènes qu'on n'a jamais vus.
01:23:38 Donc c'est pas parce qu'ils viennent d'arriver mais en fait ils étaient là mais qu'on ne les voyait pas.
01:23:43 Donc forcément on est environné de pathogènes et à nous c'est de comprendre qu'est-ce qui s'est passé pour que cet équilibre soit bouleversé et que finalement ils affectent l'homme.
01:23:54 Et notamment les virus de moustiques et la dengue.
01:23:59 Pour répondre en fait à la question de cette bactérie, je ne sais pas si vous connaissez la bactérie Wolbachia.
01:24:05 Je vais répondre à notre collègue qui vient de Nouvelle-Calédonie je pense.
01:24:10 Cette bactérie en fait, elle existe naturellement dans 60% des insectes.
01:24:15 Cette bactérie en fait, on l'a isolée, on l'a inoculée dans un moustique.
01:24:19 C'est un moustique Aïdès égyptique qui est présent dans les Antilles et en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie française.
01:24:24 Donc en inoculant cette bactérie dans ce moustique, cette bactérie a été capable d'interrompre la transmission de la dengue.
01:24:31 Donc il y a des usines à moustiques maintenant en Nouvelle-Calédonie qui vont lâcher des moustiques avec cette bactérie.
01:24:40 Et donc ça a commencé en 2019 et aujourd'hui il n'y a plus de cas de dengue au moins à Nouméa.
01:24:49 Donc c'est un succès et pourquoi c'est un succès ? Parce que la Nouvelle-Calédonie c'est une île et que ce genre de stratégie a été employée, a été testée par exemple en Polynésie française, sur l'île de la Réunion.
01:25:01 Il y a aussi la technique du malstéré qui est testée à la Réunion également en Guadeloupe pour avoir une preuve de concept que ça marche bien parce qu'il n'y a pas de recolonisation possible.
01:25:15 Donc on peut évaluer l'efficacité d'une stratégie. Ce qui est difficile sur un continent comme l'Europe, d'une part en raison de la réglementation qui est extrêmement compliquée,
01:25:24 la réglementation européenne qui interdit l'utilisation de moustiques avec vol bactéria sur le terrain. Donc ça c'est un gros souci.
01:25:32 Deuxièmement c'est parce qu'en fait c'est un continent et il y a une centaine d'espèces de moustiques qui peuvent revenir peut-être coloniser les espaces laissés vacants par ce genre de moustiques.
01:25:43 Donc il y a des stratégies qui sont à l'étude. Il y a des chercheurs, des équipes qui travaillent là-dessus mais on est bloqué au niveau de tester cela sur le terrain et surtout en Europe.
01:25:54 Merci.
01:25:56 En ce qui concerne le paludisme, la lutte anti vectorielle reste très classique. C'est moustiquaire imprégné d'insecticides et c'est efficace.
01:26:10 Et puis l'aspersion intra-domiciliaire. En fait il a été montré que malgré le changement climatique en Afrique par exemple, il faut intensifier et continuer à lutter contre les vecteurs de cette façon.
01:26:24 Puisque le Président me propose de conclure cette table ronde, j'aurais le remercier d'avoir accepté de traiter ce sujet qui, vous l'avez compris, me tient particulièrement à cœur.
01:26:35 J'aurais remercié nos invités pour leur disponibilité et pour leur exposer.
01:26:40 Et puis permettez-moi de vous faire passer un dernier message. Nous sommes amenés les uns et les autres dans le cadre des groupes d'amitié ou de différentes fonctions à voyager.
01:26:48 Et c'est dans le cadre d'un voyage parlementaire quand j'étais député que j'ai contracté la malaria cérébrale.
01:26:55 Et donc je vous invite les uns et les autres à considérer que ça n'arrive pas qu'aux autres.
01:27:00 Et lorsque vous faites un déplacement, je regarde Guillaume en disant cela puisque je sais que la semaine dernière il était à Bras-à-Ville,
01:27:05 n'oubliez pas de prendre votre traitement le jour du départ et 7 jours après votre retour.
01:27:12 Voilà, c'est vraiment très très important parce que ça n'arrive pas qu'aux autres et je ne le souhaite à personne.
01:27:16 Voilà pour cette table ronde de scientifiques organisée au Sénat sur le développement des épidémies avec le réchauffement climatique.
01:27:24 C'est la fin de cette émission. Merci de l'avoir suivie.
01:27:26 Continuez à suivre l'actualité politique et parlementaire sur notre site internet publicsenat.fr.
01:27:31 Je vous souhaite une très bonne journée sur Public Sénat.
01:27:33 [Musique]

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