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Au vu de la situation en Iran, avec un régime plus répressif et impitoyable que jamais, Marie Portolano reçoit aujourd'hui Armin Arefi, grand reporter au Point d'origine iranienne. 

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Transcription
00:00 Bonjour.
00:01 La répression en Iran monte encore d'un cran,
00:02 le peuple iranien est encore plus mis sous pression,
00:06 ça faisait la une du Parisien hier.
00:08 Qu'est-ce qui se passe là-bas concrètement, Aramin Aréfi ?
00:11 Ce qui se passe, c'est que depuis le 13 avril,
00:13 le jour où l'Iran a lancé son attaque sans précédent contre Israël,
00:18 la police d'Emers a effectué son retour discret en Katimini,
00:21 dans les rues du pays.
00:23 C'est cette même police d'Emers qui, en septembre 2022,
00:26 avait tué Massa Amini, cette jeune Iranienne
00:28 qui avait été arrêtée pour un voile mal porté,
00:30 ce qui avait entraîné des manifestations sans précédent
00:33 contre le régime islamique.
00:35 Elle avait, depuis la République islamique, levé le pied.
00:37 Oui, le mouvement de protestation n'avait plus ou moins pas fonctionné,
00:41 mais avait permis une...
00:42 Il n'y avait plus de manifestation,
00:43 rien n'avait changé dans les lois sur le voile obligatoire en Iran,
00:46 car il s'agit de ça dont il s'agit, le voile obligatoire,
00:48 la liberté de le porter ou pas.
00:50 Et donc pendant des mois, d'elle-même,
00:52 beaucoup de femmes dans les grandes villes du pays
00:53 ne portaient plus ce voile obligatoire en Iran,
00:56 ce qui était inouï, sans précédent, et qui d'un courage énorme.
01:00 Et en fait, en Katimini, à la faveur de l'attention internationale
01:03 focalisée sur la guerre à Gaza,
01:06 mais également aux affrontements entre Israël et l'Iran,
01:09 le régime islamique, sur ordre de l'ayatollah Khamenei,
01:12 le véritable chef de l'État iranien,
01:14 a ordonné le retour de la police d'Emers dans les rues du pays.
01:17 On voit actuellement, on assiste à des scènes terribles
01:19 de femmes qui se font arrêter et jetées dans les mêmes fourgons,
01:22 des mères de famille qui sont là, qui implorent la police
01:25 de ne pas arrêter leurs filles,
01:28 et donc un régime islamique qui ne lâche pas sur ce qui est
01:30 le symbole de son islamité, ce voile obligatoire en Iran.
01:33 Vous avez de la famille, des amis sur place ?
01:35 Oui, j'ai encore de la famille en Iran.
01:36 Qu'est-ce qu'ils vous disent de leur quotidien là-bas ?
01:39 C'est un sentiment partagé entre admiration pour notamment
01:44 ces Iraniennes qui continuent à défier le régime
01:47 car le mur de la peur est tombé en Iran.
01:50 Les jeunes, notamment cette génération Z, qui a 20 ans,
01:53 n'a plus peur de se jeter.
01:54 Il y en a encore qui manifestent et qui montrent
01:56 leur désapprobation, malgré tout ce qui est en train de se passer ?
02:00 Les personnes manifestent par une certaine dose
02:03 de désobéissance civile dans l'absence de voile obligatoire
02:05 et l'une des illustrations les plus fermes.
02:08 On a également des personnes qui continuent sur les réseaux sociaux
02:12 malgré leur filtrage en Iran, leur interdiction,
02:14 qui contournent la censure et ce photographie sans voile.
02:19 On a, dès que c'est possible, dès qu'il y a des occasions
02:22 qui sont données aux gens de sortir dans la rue,
02:23 par exemple, la veille du dernier mercredi de l'année,
02:26 une fête pré-islamique zoroastrienne,
02:27 des Iraniens continuent à danser.
02:29 Donc c'est un peuple qui continue de bouger,
02:31 une jeunesse qui s'est définitivement coupée de son régime,
02:36 mais un régime qui en tout cas reste inflexible.
02:39 Et quand je parle à ma famille, il y a à la fois cet espoir,
02:41 cette admiration, mais également ce désespoir
02:43 parce qu'aujourd'hui, la solution en tout cas la plus évidente,
02:46 même si c'est la plus dramatique, c'est l'exil.
02:48 C'est le fait que beaucoup d'Iraniens,
02:50 de cette jeune génération, n'ont d'autre choix
02:52 que de quitter le pays et tenter leur aventure en Occident.
02:54 Parce qu'il y a quand même une politique de peur.
02:56 Qu'est-ce que cherche à faire concrètement la police des mœurs ?
02:59 On voit bien qu'il y a, on a vu cette statistique incroyable,
03:02 selon Amnesty International, 853 personnes exécutées en 2023,
03:06 une hausse de 48 % par rapport à 2022.
03:10 Alors il faut déjà dire que ces 843 personnes
03:13 ne sont pas toutes des prisonniers politiques.
03:16 Il s'agit parfois aussi de personnes qui sont condamnées
03:19 et exécutées pour trafic de drogue, ce qui n'est d'ailleurs pas une raison,
03:22 ce qui est terrible.
03:23 Mais effectivement, il y a une volonté de la part du régime islamique
03:26 de faire encore davantage peur à la population,
03:29 d'abattre cette chape de plomb, de l'abattre sur la population.
03:35 Et encore une fois, comme je le disais, le voile en Iran,
03:37 c'est l'un des derniers symboles de l'islamité du régime,
03:40 alors que c'est un pays, une société extrêmement vivante,
03:42 extrêmement pro-occidentale, extrêmement éduquée.
03:44 Il y a une majorité aujourd'hui de femmes à l'université.
03:47 En Iran, en dépit des lois rétrogrades de la République islamique,
03:50 on a donc cette contradiction énorme entre une population
03:52 qui s'est, comme je vous l'ai dit, définitivement coupée de son régime,
03:55 en tout cas 80%, aujourd'hui il y a 80% si ce n'est plus de pourcent d'Iraniens
03:59 qui sont opposés à le régime, et la base de 15 à 20% du régime
04:04 qui le suit soit par idéologie, soit par intérêt,
04:07 et qui elle souhaiterait que l'un des derniers signes de l'islamité de ce régime,
04:11 à savoir le voile obligatoire, soit respecté,
04:14 qui fait pression en tout cas sur le régime
04:15 pour qu'à son tour il fasse pression pour que les femmes "rentrent dans le rang".
04:19 Alors il n'y a pas que les femmes, il y a le rappeur Toumach Saéli,
04:21 33 ans, qui a été condamné à mort la semaine dernière pour corruption sur terre.
04:25 Il risque la pendaison, alors il est accusé concrètement
04:27 d'avoir soutenu le mouvement de contestation.
04:29 Vous le connaissiez ce rappeur ? C'est une immense star apparemment en Iran,
04:32 il est suivi par 2 millions de personnes.
04:34 C'est une immense star en Iran, comme vous le disiez,
04:37 suivie par 2,5 millions de personnes.
04:38 C'est également une personne qui est louée pour son courage,
04:41 avec ses mots, avec ses chansons, avec son rap.
04:44 Il n'hésitait pas à défier les autorités,
04:46 ce qui lui a valu d'ailleurs d'être emprisonné depuis un an et demi,
04:49 d'être torturé comme il a annoncé.
04:51 Et lorsqu'il a été provisoirement libéré de prison en novembre dernier,
04:54 il a annoncé, il a révélé la torture qu'il avait subie,
04:58 ses os qui avaient été cassés, et donc a été renvoyé en prison,
05:01 manu militari, 10 jours après.
05:04 Aujourd'hui, Toumach, il risque, comme vous l'avez dit,
05:05 la peine de mort pour corruption sur terre.
05:08 Il faut donc en parler, parler de ce rappeur unique en Iran.
05:11 Il risque vraiment d'être exécuté ?
05:13 C'est une possibilité, il y a déjà 9 manifestants en Iran
05:15 qui ont été exécutés depuis septembre 2022.
05:19 Il y en a 7 qui attendent toujours dans le couloir de la mort,
05:21 dont Toumach Salehi.
05:22 En parler, en réalité, c'est le sauver,
05:25 parce que l'attention internationale,
05:28 la médiatisation peut sauver des vies en Iran.
05:30 – Il faut en parler, il faut que l'on l'aille.
05:32 – Aujourd'hui, j'en appelle solennellement,
05:33 je demande aujourd'hui aux rappeurs français de faire du bruit,
05:35 faites du bruit s'il vous plaît, #sauvetoumach,
05:38 #savetoumach, #s-a-v-e-t-o-m-h-i,
05:41 j'en appelle à Nekfeu, Bouba, Orelsan, Ninho, Damso,
05:45 Vald, Kerry James, Soprano, Lomépal et plein d'autres,
05:48 à se bouger pour ce rappeur qui, avec ses mots,
05:51 est en train de faire trembler un régime,
05:52 et surtout est soutenu par la majorité de sa population.
05:54 C'est la voix des sans voix, Toumach, il faut l'aider, il faut le sauver.
05:57 – Exactement, et pas que les rappeurs,
05:58 à nous aussi c'est notre devoir d'élever notre voix pour sauver cette personne.
06:03 Merci beaucoup Armin Aréfi, grand reporter au magazine Le Point.
06:06 Je rappelle votre livre "Un printemps à Téhéran", édition Plon,
06:08 c'est sorti en 2019, merci beaucoup d'être venu.
06:11 – Merci, à vous, appel au coût mutile qu'on va évidemment relayer
06:13 sur les réseaux sociaux, merci, on marque une pause,
06:15 on se retrouve pour la suite de Télématins tout de suite.

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