"Le Tableau volé" de Pascal Bonitzer vous volera-t-il votre temps ?

  • il y a 5 mois
Un tableau extorqué en 1939 par les nazis refait surface et est vendu aux enchères. Manigances et sentiments : le marché de l’art raconté avec verve dans un film brillamment dialogué et interprété. (Avec Alex Lutz, Léa Drucker, Nora Hamzawi. 1h31.)
Transcript
00:00 Une toile d'Egon Schiele qui réapparaît 70 ans après avoir disparu.
00:03 Un ouvrier chimiste de Mulhouse.
00:05 Un vendeur d'art un petit peu cynique.
00:08 Tout ça, ça fait le tableau volé de Pascal Bonnitzer.
00:10 Le garçon est ouvrier chimiste ?
00:12 Ouais, c'est presque un gosse.
00:13 Ils sont morts de trouille.
00:15 Bonjour.
00:16 Vous l'estimez à combien ?
00:23 Dix ?
00:24 Douze millions.
00:26 Maman !
00:27 À Télérama, on aime beaucoup Pascal Bonnitzer.
00:29 Très grand scénariste du cinéma français.
00:31 Et cinéaste encore méconnu.
00:34 Mais qui a toujours un ton bien à lui.
00:35 C'est un excellent dialoguiste qui sait trousser des histoires
00:38 souvent assez complexes et menées très vite.
00:41 Avec des très bons comédiens.
00:42 Et le tableau volé ne fait pas exception à la règle.
00:45 Alors je rejoins Samuel sur le côté brillant du film
00:50 et notamment de ses dialogues.
00:51 Et ça je dirais que c'est valable pour le côté film de droite.
00:54 Voilà, la partie de droite, ça marche bien.
00:56 On est effectivement chez les commissaires priseurs.
00:58 Alex Lutz, il est peint en trois plans, on sait qui c'est.
01:01 Il a une montre, il a des costumes qu'il doit faire faire à Savile Road à Londres.
01:05 Il collectionne les bagnoles, les chaussures, etc.
01:09 Sur cette partie-là, ça fonctionne vraiment.
01:11 J'ai un petit problème quand on arrive chez le gars
01:14 chez qui on trouve le tableau et qui sont les gens simples.
01:16 Et ça s'est dit dans le film.
01:17 Attention, nous allons chez des gens simples.
01:19 Qu'est-ce que c'est des gens simples ?
01:20 C'est des gens qui boivent du café dans des mazagrans.
01:23 On a trouvé la dernière femme au monde qui boit du café dans un mazagran.
01:26 C'est ma sœur de cœur. J'aime ça, les mazagrans.
01:29 Mais là, je me dis bon, pour le coup, il y a beaucoup de personnages aussi
01:32 de ce côté-là de la France, la vraie France, celle de Mulhouse.
01:36 Et moi, je ne les trouve pas très bien caractérisés.
01:38 Je ne les trouve pas très intéressants.
01:39 Je ne trouve pas qu'ils existent vraiment.
01:41 Le personnage de Laurence Cote qui joue la mère du jeune ouvrier, par exemple,
01:44 à part lui faire servir du flan et lui mettre un gilet moche.
01:47 Franchement, voilà, c'est comme ça qu'on la caractérise.
01:50 Ce n'est pas terrible.
01:51 Moi-même, il m'arrive de boire dans des mazagrans.
01:53 Donc, je ne vois pas où est le problème.
01:54 Mais je trouve que là, justement, je craignais un peu que Bonny Zer
01:58 ce n'est peut-être pas forcément ce qu'il connaît le mieux.
02:00 Les gens simples, la Mulhouse, le monde ouvrier.
02:04 Moi, je trouve qu'il s'en tire vraiment très, très bien
02:06 et qu'ils n'ont peut-être pas assez de scènes, ces personnages-là.
02:09 Mais les scènes sont très belles à chaque fois.
02:10 Il y a la relation entre le personnage de Martin,
02:13 donc ce jeune ouvrier qui avait le tableau chez lui,
02:16 et ses amis ouvriers comme lui.
02:18 Il y a vraiment des très belles choses qui se passent entre eux.
02:20 Et la réaction même du personnage que je trouve assez belle,
02:23 c'est-à-dire qu'il comprend qu'il va finir par gagner beaucoup d'argent
02:26 et il n'en a pas forcément très envie parce qu'il a peur de perdre.
02:29 Voilà ce qu'il fait de sa vie.
02:31 Sa vie est peut-être simple, mais lui, apparemment, elle lui convient très, très bien.
02:34 Et voilà, il y a une espèce de dilemme qui le traverse
02:36 et que je trouve assez touchant.
02:38 On le croyait détruit, il a disparu en 1939.
02:41 Voilà à quoi ils ont passé leur belle jeunesse aux anciens propriétaires.
02:44 Ils bossaient avec la police allemande.
02:46 Moi, je ne veux pas de ce tableau.
02:48 Je ne veux pas avoir de sang sur les mains.
02:49 Les acteurs sont merveilleux.
02:51 Luc est excellent.
02:53 Louise Cheviot, elle est formidable.
02:55 C'est sa jeune stagiaire un peu chelou.
02:58 Mais voilà, le film fait une heure et demie.
03:00 Et là, on se dit mais qu'est-ce qu'il avait Bonnitzer ?
03:02 Un train à prendre ?
03:03 Ça va trop vite.
03:04 Donc, il y a des revirements psychologiques qui sont incompréhensibles,
03:09 notamment sur le personnage de Louise Cheviot,
03:11 c'est-à-dire en gros, un jour mytho, le lendemain, plus.
03:13 Des merdennes zizichent avec ça, les enfants.
03:16 Et on ne comprend pas bien pourquoi.
03:17 Je me dis que sur cette heure et demie, avec tant de personnages,
03:22 tant de va-et-vient entre Paris, Mulhouse, le tableau, etc.
03:25 Eh bien moi, on m'a volé quelque chose.
03:27 On m'a volé la visite approfondie du milieu des commissaires priseurs.
03:32 On m'a volé le temps de regarder un peu ce tableau pour de bon.
03:36 Je trouve que ça va extrêmement vite.
03:38 On m'a volé plein de choses.
03:39 Et finalement, on m'a volé quoi ?
03:40 On m'a volé du romanesque.
03:41 Je trouve Marie extrêmement sévère parce que du romanesque,
03:43 il y en a vraiment beaucoup dans le film.
03:45 Et moi, j'aime bien justement ce film qui va vite.
03:49 Parce qu'on part quand même très souvent, maintenant,
03:51 on a des films français et pas seulement français
03:54 où les cinéastes prennent un peu trop leur temps,
03:56 qui n'ont pas assez de matière pour tenir sur la durée de leur film.
04:00 Là, il en a presque trop, effectivement, de la matière.
04:02 Mais je trouve qu'il l'utilise vraiment très, très bien.
04:04 Il a vraiment le talent de définir les personnages en une réplique,
04:08 en un trait de caractère.
04:11 Moi, j'aime vraiment beaucoup le personnage de Léa Drucker pour ça.
04:14 Elle a un tic, elle prend des bains.
04:17 Et ça, c'est répété plusieurs fois pendant le film
04:20 et ça dit beaucoup de choses du personnage.
04:22 De la même manière que le personnage de Louis Chevillot,
04:24 donc, elle est bitumine, elle ment comme elle respire,
04:26 ce qui donne des choses assez belles.
04:28 Le revirement dont parle Marie,
04:29 je ne suis pas sûr qu'il soit aussi net que ça.
04:31 Le tableau volé, c'est très bien.
04:33 Donc ça, m'a raison.
04:34 Mais pour moi, c'est un petit bien.
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