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L'acteur américain interprète un cascadeur de cinéma dans une adaptation de "L’homme qui tombe à pic", une série culte des années 80. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-7h50/l-invite-de-7h50-du-mardi-30-avril-2024-5291743

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Transcription
00:00 Bonjour Ryan Gosling. Vous avez deux petites filles. Vous dites que c'est leur regard à elles, sur Barbie et sur Ken, qui vous a poussé à accepter le rôle de Ken.
00:10 Alors, qui est le petit garçon qui vous a poussé à accepter de jouer l'homme qui tombe à pic ?
00:17 Mais c'était moi !
00:20 C'est que quand vous étiez enfant au Canada, vous avez regardé l'homme qui tombe à pic à la télé ?
00:25 Vous savez, la série, elle ne passait pas au Canada. Et c'est peut-être une bonne chose, parce que j'aurais voulu devenir cascadeur et pas comédien.
00:34 Donc, il y a de la comédie dans ce film. Il y a beaucoup de comédie, et pas seulement le réalisateur David Leitch. C'est lui-même un cascadeur de métier. Il a été la doublure attitrée de Brad Pitt. Donc c'est aussi un hommage à la profession ?
00:45 Complètement. C'est une déclaration d'amour au métier de cascadeur avant tout. Et ce sont eux les véritables héros.
00:53 Ils prennent des risques fous devant la caméra, mais derrière aussi. Ce sont vraiment des héros, parce que ils prennent tous les coups pour les comédiens. Ils se mettent en danger pour nous. Et ils ne reçoivent aucune reconnaissance.
01:11 C'est un boulot altruiste, ingrat même, assez souvent. Ce sont des gens très humbles, qui ne cherchent pas à être dans la lumière. Et pourtant, ils contribuent beaucoup au succès d'un film.
01:27 Nos meilleurs souvenirs au cinéma ont souvent été réalisés par ces cascadeurs dont on ne connaît pas le nom. Le film est donc une déclaration d'amour pour eux et pour les équipes, à tous ces gens qui fabriquent les films.
01:39 Vous avez eu une doublure très très jeune, parce que vous avez commencé le cinéma dès l'enfance. Quel rapport les acteurs ont à leur doublure ?
01:48 Je ne peux parler que pour moi, en fait. Mais je crois qu'on est tous reconnaissant envers eux. Les cascadeurs se mettent en danger pour nous. Ils accomplissent des prouesses dont on est bien incapable.
02:09 Ils rendent nos personnages extraordinaires. Ils leur donnent leur talent hors du commun. Et puis le boulot d'un cascadeur, c'est aussi de garantir la sécurité du comédien sur le plateau.
02:21 Ils s'assurent que tout est sans danger pour les acteurs et pour l'équipe. Ce sont des gens à part et qui méritent vraiment qu'on les mette en valeur.
02:33 Donc il n'y a jamais la rivalité, la jalousie que raconte le film entre la doublure et l'acteur ?
02:41 Je ne peux pas parler pour les autres, mais dans mon cas, non. Je me suis toujours senti redevable envers les cascadeurs. Il y a même un petit peu de peine, parce qu'ils interprètent le personnage eux aussi.
03:01 On se partage le personnage. Ils sont aussi des interprètes. On est dans le même syndicat. Ils participent à la création du personnage et pourtant, ils ne sont pas sur le tapis rouge avec nous. Ils ne font pas les interviews avec nous.
03:15 Ça ne m'a jamais semblé juste. Et c'est super de faire un film où ils sont à nos côtés, devant la presse et pour recevoir les honneurs.
03:23 Et ils n'ont pas d'Oscar ? Il n'y a pas de catégorie Oscar ?
03:26 J'espère que ça changera.
03:27 C'est ça. Vous militez. C'est le message du film.
03:31 Il y a une sorte de snobisme quand il s'agit de définir ce qui est de l'art et ce qui n'en est pas.
03:41 Leur travail n'est pas considéré comme artistique, alors que bien sûr il l'est. C'est un talent artistique. C'est un métier. Les cascades, elles sont conçues, de comme on conçoit un maquillage pour un film ou un costume.
03:57 Ils prennent plus de risques que quiconque parmi nous et ils ne reçoivent pas la même reconnaissance. Il faut que ça change.
04:05 Et c'est très bien de pouvoir en parler en interview. Plus on en parle, plus l'absurdité de la situation sera évidente.
04:11 Et vous avez réalisé, vous avez voulu réaliser des cascades du film. Pourquoi ? Dans une très très très spectaculaire où vous chutez de plusieurs étages.
04:20 Quand je joue un cascadeur, je me devais de réaliser quelques cascades. Je joue celui qui exécute les chutes, alors il fallait bien que je me lance.
04:31 La cascade du début du film, c'est une de mes scènes préférées parmi tous les films que j'ai faits.
04:40 C'est un très long plan séquence, parfaitement chorégraphié par David Leitch. Et il montre brillamment le propos même du film.
04:51 Il souligne le travail complètement singulier du cascadeur à l'intérieur d'une équipe de cinéma.
04:59 La caméra suit le cascadeur à travers le décor. C'est une journée de tournage comme les autres. Il échange avec ses collègues.
05:06 Mais son job à lui, il est un peu spécial. Il prend l'ascenseur jusqu'au 12ème étage et de là-haut, on le balance dans le vide devant la caméra.
05:13 Je savais ce que j'avais à faire mais je suis sujet au vertige et j'ai mis des lunettes de soleil pour cacher la terreur dans mon regard.
05:20 J'ai essayé de ne pas trembler quand j'ai levé le pouce en signe de "ok". C'était difficile de ne pas avoir l'air terrifié parce que j'étais tétanisé par mon vertige.
05:28 Mais j'étais heureux d'avoir réalisé cette cascade parce que j'adore cette scène. C'est un début parfait.
05:34 C'est une histoire de cascade, d'explosion, de testostérone et de muscles. C'est pas seulement ça.
05:41 C'est aussi l'histoire d'une femme qui veut devenir réalisatrice et qui veut réaliser un film à gros budget, un film d'action, un film de science-fiction.
05:49 Comme il y en a encore si peu à Hollywood.
05:56 C'est vrai et Emily en fait le plus beau personnage de cinéaste que j'ai vu au cinéma.
06:04 C'est un portrait très complexe, très riche, très réaliste d'une réalisatrice.
06:12 Et c'est Emily, c'est Emily Blunt.
06:14 On la voit être ambitieuse, elle tente des choses dangereuses même et difficiles.
06:21 Et puis c'est aussi une métaphore pour l'histoire d'amour.
06:25 En vérité, on était tous très influencés par le film de Claude Lelouch, "Un homme et une femme".
06:34 Lelouch y avait déjà montré, c'est un de mes films préférés, cet équilibre entre l'histoire d'amour et les scènes d'action.
06:46 Ce couple qui essaie de se parler au milieu de l'effervescence d'un plateau de cinéma.
06:51 Les cascades réelles qu'il avait inclus déjà dans son film.
06:55 On passait même la musique d'"Un homme et une femme" sur notre plateau pour trouver la bonne ambiance pour notre film.
07:02 Vous venez de dire que vous aimez passionnément les films de Claude Lelouch ?
07:06 Oui, il a toujours été une inspiration pour moi.
07:09 C'est vrai ?
07:10 Et puis aussi pour "Drive" notamment, parce qu'il avait fait un court métrage où en voiture il traversait Paris à toute vitesse, à 6h du matin.
07:19 Je crois que le titre s'est "À travers Paris".
07:22 Et ça a été une grande inspiration pour "Drive", tout comme "Un homme et une femme".
07:27 Et quand j'ai lu ce scénario, je me suis dit que ça avait peut-être le potentiel de retrouver cette magie.
07:36 C'est génial parce que personne n'aurait retrouvé Claude Lelouch dans "The Fall Guy".
07:41 Et si je vous dis en français...
07:43 C'est vrai ?
07:45 C'est clair quand on voit le film.
07:47 Les montages d'eux sur le plateau, les véritables cascades réalisées en vrai, c'est un film tellement génial.
07:57 On a été vraiment inspirés par ce film.
08:00 Après cette folle année de Barbie-mania, comment passe-t-on du personnage de Ken à celui du cascadeur Cole Seavers en jouant la comédie des adieux ?
08:11 Ce film a été divin. J'ai tellement adoré tourner Barbie.
08:17 J'y ai retrouvé tout l'amour que je porte au cinéma, à quel point j'aime travailler pour le public, qui a tellement bien accueilli le film, tout comme Oppenheimer.
08:27 Les gens venaient au cinéma pour assister à une expérience commune, partagée.
08:36 Pour les gens, c'était un grand événement.
08:39 Et pour moi, tomber ensuite sur "The Fall Guy", ça a été comme un cascadeur qui tombe sur un épais matelas après les hauteurs stratosphériques de Barbie.
08:47 C'était le matelas parfait pour toucher le sol.
08:50 Et puis ce film a tous ses éléments. Il est conçu pour le public.
08:55 Il est conçu pour le cinéma, pour le grand écran.
08:58 Il peut plaire à tout le monde.
09:00 Le lien entre les deux films, entre Barbie et "The Fall Guy", c'est le côté parodique, c'est le côté ironique.
09:06 Et comment on est un bon acteur, un acteur qui joue bien tout en gardant le second degré permanent ?
09:14 Je ne sais pas. Je ne suis pas sûr de savoir, c'est une bonne question.
09:20 Vous voyez, parce qu'il ne faut jamais se départir de l'ironie.
09:24 Dans Barbie, vous voulez dire ?
09:26 Dans "The Fall Guy" aussi.
09:28 Ça vient peut-être de la possibilité que ces films donnent de se débarrasser de la frontière entre le drame et la comédie.
09:39 De pouvoir évoluer sur ce terrain où tout peut être à la fois drôle et dramatique.
09:48 Comme dans la vraie vie.
09:52 Et c'est un matériau très riche dans lequel on peut puiser.
09:56 Et si je vous dis Jean-Claude en français, ça vous rappelle quelque chose ?
10:00 Jean-Claude, c'est un de mes personnages préférés dans le film.
10:05 C'est très personnel.
10:07 Eva avait un chien nommé Hugo, un berger belge-malinois.
10:11 Eva Mendes, votre épouse ?
10:13 Il ne comprenait que le français.
10:16 On devait lui donner des ordres en français.
10:20 Il est mort depuis et il me manque terriblement.
10:24 J'ai voulu lui rendre hommage dans ce film.
10:27 J'ai écrit le personnage en pensant à lui.
10:30 Vous êtes capable de parler français aux chiens, mais vous êtes capable de parler français à d'autres gens qu'à des chiens ?
10:40 Non, c'est un but de ma vie.
10:43 Mais j'en suis encore loin.
10:45 Mais Jean-Claude comprenait des ordres très spécifiques.
10:50 Il était bilingue.
10:52 Ses ordres qu'il comprenait étaient en français.
10:56 Vous avez grandi au Canada, donc vous avez été au contact de la langue française.
11:02 Il vous en reste quelque chose ?
11:04 Oui.
11:06 J'ai grandi dans une région anglophone du Canada, près de la frontière entre le Québec et l'Ontario.
11:15 Mais il y avait là-bas une sorte de bataille linguistique.
11:22 Et moi j'ai grandi du côté anglophone, malheureusement.
11:30 J'aurais adoré pouvoir vous parler en français aujourd'hui, je devrais.
11:35 Et les films français, comme les films de Claude Lelouch, vous les regardez en français ?
11:39 Oui, mais j'ai besoin des sous-titres.
11:42 Pour les bons films, on n'a presque pas besoin de sous-titres.
11:47 Les films parlent au-delà de leur langue.
11:49 Merci beaucoup Ryan Gosling.
11:52 Merci de m'avoir invité.
11:54 Merci.

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