• il y a 6 mois
GOLF+ Le Mag en replay : https://can.al/GolfPlus-LeMag

⛳️ PGA Tour, Tour Européen, tournois majeurs (Augusta, Ryder Cup, US Open…) : encore plus de Golf sur myCANAL : https://www.canalplus.com/sport/golf

Abonnez-vous pour suivre toute l’actu sport de CANAL+ !

GOLF+ sur les réseaux :
▸ Facebook : https://www.facebook.com/Golfcanalplus/
▸ Twitter : https://twitter.com/GolfCanalPlus
▸ Instagram : https://instagram.com/canalplussport/ 
▸ TikTok : https://tiktok.com/@canalplussport
▸ Twitch : https://twitch.tv/canalplus_sport


#Golf

Category

📺
TV
Transcription
00:00 [Musique]
00:10 Bonjour à tous, ravis de vous retrouver pour un nouvel épisode de l'Œil des pros,
00:14 où nous avons le plaisir d'accueillir Karine Espinaz-Beauvalet
00:17 pour parler d'une notion primordiale dans le golf, le mental.
00:21 Salut Karine, merci beaucoup d'être avec nous.
00:24 Alors tu le sais certainement, dans l'Œil des pros,
00:26 on a l'habitude de partir un petit peu avec la carte d'identité de notre invité.
00:30 Eh bien tu ne vas pas y couper, on va regarder un petit peu ton palmarès,
00:34 ta carrière qui débute tout simplement sur le circuit européen féminin,
00:38 de 1986 à 1998, donc une longue période où tu as joué partout dans le monde.
00:43 Ensuite directrice du Golf des Yvelines, coach désormais à Terre Blanche et à la Boulisse,
00:47 ça tu vas nous en parler dans l'émission, et puis surtout, la raison pour laquelle tu es là,
00:51 super coach à Vision 54, bref un palmarès très très riche.
00:56 Avant de se lancer un petit peu dans ce sujet si important, le mental,
01:01 j'ai envie qu'on revienne aussi, parce que ça a fait les fondements certainement
01:05 de ton enseignement sur ta carrière, et je vais commencer avec une question très simple,
01:09 quel est ton meilleur souvenir en tant que joueuse ?
01:12 Alors j'en ai, comme tu peux l'imaginer, beaucoup, d'ordre sportif, social,
01:18 j'ai rencontré de très belles personnes, j'ai pu jouer sur des parcours fantastiques,
01:23 mais il y a une chose qui restera à tout jamais marquée dans ma mémoire,
01:28 c'est ma rencontre avec Cévé, Cévéano Balesteros, au détour d'un tournoi à Kuala Lumpur,
01:33 où il y avait une épreuve hommes et femmes en Malaisie, je connaissais bien son frère,
01:38 Vincent et puis on est resté comme ça en contact, et nous avons trouvé un jour à la Manga,
01:43 en Espagne, il était là, sans que je le sache, et son frère m'a dit "si tu veux jouer avec Cévé, quelques trous"
01:50 Et donc tu es partie sur le parcours avec Cévé Balesteros, il paraît-il, en tout cas,
01:55 parce que je n'ai jamais eu la chance de le connaître, quelqu'un de très ouvert,
01:59 vraiment très généreux dans ses conseils, ça reste encore une fois un souvenir qui t'a vraiment marquée ?
02:05 Oui, des conseils non-stop, c'est-à-dire qu'on sentait qu'à chaque fois que je lui tapais un coup,
02:09 chaque fois qu'il en tapait un, c'était plus fort que lui, il fallait toujours qu'il donne des conseils,
02:14 et j'ai d'ailleurs donné un conseil émanant de lui, il y a trois jours à Terre Blanche,
02:18 auprès de mes garçons, c'est la transmission, c'est la joie, le bonheur de pouvoir transmettre des choses
02:25 qui sont venues de sa part, et qui pour moi, c'est la patrie.
02:29 Alors justement, Karine, tu parles de transmission, on va attaquer l'enseignement,
02:33 comment tu es arrivée à enseigner et pourquoi tu es partie dans cette voie de Vision 54 ?
02:39 Avant de m'intéresser à l'approche mentale du jeu de golf, j'ai enseigné comme beaucoup,
02:45 très classique, dans pas mal de golf, et puis finalement, lorsque j'ai arrêté mon poste de directrice de golf,
02:53 je me suis posé des bonnes questions, je me suis dit qu'est-ce qu'aujourd'hui je n'ai pas encore fait,
02:58 et qu'est-ce que je pourrais transmettre, par rapport à mes expériences personnelles de joueuse,
03:04 ce que je n'ai pas eu, parce que ce soir, je n'en ai pas bénéficié,
03:09 parce qu'à l'époque, le mental, on n'en parlait pratiquement pas.
03:12 C'était presque, parfois, même une honte cachée, c'est-à-dire qu'on allait dire de quelqu'un,
03:17 sans l'aider, il est faible mentalement, il n'y avait pas, je trouve, cette approche et cette ouverture
03:22 sur l'aspect mental comme on peut l'avoir aujourd'hui.
03:24 Alors, pire que cela, Julien, c'était soit tu avais un mental et tu réussissais,
03:29 tu n'en avais pas, tu n'y arrivais pas.
03:31 C'était bon à mettre à l'avantage.
03:32 Alors que pour moi, c'est une hérésie. Un être humain qui a un cerveau a forcément un mental.
03:36 Donc c'est un raccourci qui était trop facile.
03:38 Aujourd'hui, c'est différent. Aujourd'hui, on parle de mental.
03:41 Donc moi, c'était vraiment pour moi une totale reconversion,
03:44 et je me suis intéressée à la philosophie Vision 54, tout simplement parce que l'une des deux créatrices,
03:51 il y a Lynn Merriott et Pia Nielsen, et Pia joueuse suédoise qui était sur le circuit européen avec moi
03:56 au tout début de ma carrière. Je l'ai suivie, on est resté amies, et c'est parti comme ça.
04:01 J'ai été formée pendant quatre mois et demi, et me voilà en train d'enseigner une philosophie qui est absolument fabuleuse.
04:07 Alors, donne-nous justement les grands fondamentaux de cette philosophie, dans les grandes lignes.
04:11 Comment ça fonctionne ? Sur quoi on se base ?
04:13 Alors, c'est principalement une vision beaucoup plus globale, beaucoup plus large du jeu de golf,
04:20 tel qu'on peut l'appréhender. Quelqu'un, un joueur ou une joueuse, qui va avoir une vision large sur l'aspect du jeu,
04:27 va davantage progresser et performer, puisque le jeu de golf ne se résume pas à un grip, un swing, une posture.
04:36 Ça va au-delà.
04:37 Quand tu dis "vision large", ça veut dire qu'on intègre le physique autant que le mental, autant que la technique ?
04:42 On met sur le même niveau la technique, qui est imparable, qui est incontournable, et je ne dirai jamais le contraire.
04:48 Le physique, le mental et la stratégie, le côté tactique.
04:53 Je donne l'exemple d'une chaise qui a quatre pieds.
04:57 Ces quatre pieds, ce sont les quatre ateliers dont je viens de parler.
05:00 S'il y en a un que l'on sabote, tu ne tiens pas sur la chaise.
05:04 Et c'est une image qui est très parlante, parce que ça veut dire quoi ?
05:07 Ça veut dire que les quatre pieds de la chaise sont aussi importants que les uns que les autres.
05:12 Pour avancer un peu dans ton rôle sur la boulie, sur Terre blanche, avant d'aller dans du très concret,
05:19 parce que tu nous as ramené des outils aujourd'hui pour progresser dans une notion qui parfois paraît un peu abstraite,
05:26 le mental.
05:27 C'est vrai que quand on le travaille, on ne sait pas trop dans quelle direction on doit aller, comment le travailler.
05:32 Justement, tu nous as amené du concret.
05:34 Mais avant ça, quel est ton rôle là-bas ? Quel est ton rôle à Terre blanche ? Quel est ton rôle à la boulie ?
05:39 La boulie, c'est mon club de cœur. J'y ai passé beaucoup d'années en tant qu'amateur.
05:44 Avec le comité de pilotage, le comité directeur de la boulie, on a décidé de faire une première expérience,
05:51 sachant que le président Arnaud Bonhomme est aussi très axé sur le mental et connaît parfaitement Vision 54.
05:58 Donc ça m'a beaucoup aidé pour le mettre en place.
06:00 On a choisi de démarrer avec une expérience auprès des jeunes.
06:03 Deux groupes de U16 et un groupe de U12.
06:06 Pendant l'hiver, sur cinq sessions, une par mois.
06:10 J'ai été agréablement surprise de voir que finalement, cette notion de mental a très vite été acceptée par les jeunes.
06:18 Ils sont quand même très jeunes, entre 11 et 15 ans.
06:20 Ils ont tout de suite pris conscience de l'importance du mental.
06:24 On a vu des progrès, des résultats sur le comportement, sur la gestion, de l'entraînement, les objectifs à se fixer,
06:33 les plans carrières à court, moyen, long terme.
06:36 Grâce à ces échanges, ils ont pu prendre conscience de toutes ces choses-là.
06:40 J'ai pu voir l'évolution en quelques mois pour certains qui a été absolument fabuleuse.
06:45 Parce que le côté mental, si tu veux, le mot mental fait peur.
06:49 C'est assez clivant.
06:50 Le mental ramène à la psychologie, à la psychiatrie.
06:55 Et ça, ça peut faire peur, surtout à des parents.
06:57 "Ah non, attendez, je ne suis pas mon enfant mental."
06:59 Non, c'est une approche, une vision tellement beaucoup plus didactique, beaucoup plus ludique,
07:05 qu'en aucun cas, je ne permettrais d'être psychiatre ou psychologue.
07:09 Ce n'est pas du tout mon métier.
07:10 Alors, on a vu un petit peu l'étendue désormais de ton activité.
07:15 On va rentrer dans l'émission puisque là, on va parler d'émotions.
07:19 Les émotions, c'est forcément lié au mental.
07:22 C'est quelque chose à gérer.
07:24 Tu vas nous expliquer tout ça.
07:25 Mais avant, on va regarder quelques images préparées par Martin Breteau.
07:29 Oh l'erreur !
07:36 La balle dans l'eau de Jordan Spieth !
07:40 Là, c'est une demi-soquette.
07:41 Christian !
07:46 C'est pas possible !
07:47 La catastrophe !
07:48 La cracouille de Jordan Spieth !
07:54 Celle-là ne va pas être courte.
07:55 Il va marger forcément.
07:56 Il est dans le bunker, flogué.
07:57 Oh là là, qu'il y a de top pour Jordan Spieth !
08:00 Attention !
08:15 Avec le drive, c'est dangereux si elle va tout droit.
08:19 Aïe, aïe, aïe, j'espère qu'il ne peut pas...
08:22 Elle est tombée...
08:23 Il a pris l'arbre en fait.
08:24 Aïe, aïe, aïe, aïe.
08:28 Étreint par l'émotion.
08:45 Oh !
08:46 Karine, on vient de voir beaucoup d'agacement,
08:52 beaucoup d'énervement de la part de ces grands professionnels.
08:54 Est-ce que c'est également des émotions que tu retrouves chez les amateurs ?
08:57 Bien évidemment.
08:58 Il faut savoir qu'un être humain passe par des dizaines d'émotions par jour,
09:01 positives ou négatives.
09:03 Ce qu'il faut, c'est surtout pas les rejeter.
09:05 Il faut les accepter, les identifier,
09:08 pour ensuite les travailler.
09:09 Donc ces émotions, oui, ce qu'on voit là,
09:12 effectivement, on va vous dire,
09:14 ce n'est pas forcément un bon exemple à montrer.
09:16 Mais avant d'être un golfeur,
09:18 ce sont d'abord des êtres humains.
09:20 Et l'être humain a besoin de montrer ses émotions.
09:24 Par contre, des fois, lorsque c'est trop et trop fort,
09:28 ça a forcément un impact derrière.
09:30 Et surtout pour le coup d'après.
09:31 Alors, si je comprends bien,
09:32 le but d'un amateur comme d'un joueur professionnel,
09:35 c'est de savoir gérer ses émotions
09:37 plutôt que de chercher à les supprimer ?
09:39 Il ne faut surtout pas les supprimer.
09:40 Elles viennent à toi, il faut les accepter.
09:43 Après, il y a tout un travail,
09:44 et c'est mon travail justement,
09:46 de faire en sorte que la joueuse ou le joueur
09:48 puissent les appréhender, les comprendre,
09:51 identifier et travailler dessus,
09:53 pour finalement être quoi ?
09:54 Être le plus neutre possible, après un coup.
09:58 Et repartir sur le coup suivant.
10:00 Exactement.
10:01 Avec quelque chose de stable et calme.
10:04 Tout à fait.
10:05 Parce qu'on parle souvent des réactions négatives
10:06 après un mauvais coup.
10:07 Alors justement, ça, ça me passionne.
10:09 Parce que souvent, Karine, on voit des joueurs
10:12 qui vont à la suite d'un double boguet,
10:14 s'agacer, s'énerver.
10:15 Et parfois, on a des réactions, des scores ensuite
10:18 qui sont totalement différents.
10:19 Certains réussissent à enchaîner quatre birdies de suite,
10:22 d'autres à repartir dans des doubles ou des triples boguets.
10:25 Qu'est-ce qu'il faut faire ?
10:26 Est-ce qu'on doit s'énerver ?
10:27 Est-ce qu'on doit célébrer ces bons coups ?
10:29 C'est quoi la bonne marche à suivre ?
10:31 Alors moi, je dirais, pour être très basique,
10:34 l'être humain a le droit de montrer ses émotions.
10:38 Et il peut se permettre, pendant quelques secondes
10:41 après le coup, de sortir une éventuelle frustration,
10:45 de démontrer un bonheur absolu,
10:47 après un 3 en 1, après un Eagle,
10:49 après un Albatros, un coup rentré.
10:51 Parce qu'on parle souvent des émotions négatives
10:54 qui sont mal gérées.
10:55 Mais il faut aussi parler des émotions positives.
10:57 Qu'est-ce qui se passe ?
10:58 Lorsqu'on a une émotion,
10:59 on a le taux d'adrénaline qui va monter.
11:02 Et plus vite il va monter,
11:03 plus vite il va redescendre.
11:05 Et c'est pas bon.
11:06 Il y a un pic, il y a une chute.
11:08 Donc l'idée, c'est d'être le plus neutre possible.
11:10 La neutralité est le secret.
11:13 Absolu.
11:14 Tu viens de nous parler de science, d'adrénaline,
11:16 de pic d'adrénaline.
11:18 Tu nous as ramené un outil extrêmement intéressant
11:21 puisque Karine nous a ramené un Focus Band.
11:23 Ça va permettre à Karine d'évaluer un petit peu
11:26 mes capacités de concentration.
11:28 Et je vais faire le cobaye.
11:30 Je vais prendre mon putter.
11:31 De ton côté, Karine, tu peux sortir du coup le Focus Band.
11:34 Déjà, explique-nous un petit peu en quoi ça consiste.
11:37 C'est un bandeau dans lequel se trouvent des électrodes,
11:42 des capteurs, comme si tu passais un électroencéphalogramme
11:45 qui va enregistrer l'activité de ton cerveau à tout moment.
11:49 Relié à une application qui se trouve sur mon téléphone.
11:54 Et je vais pouvoir regarder à l'instant T
11:58 ce qu'il se passe au niveau de l'intensité de ton cerveau
12:01 et quel hémisphère va travailler à un moment donné,
12:05 soit dans la préparation de ton coup
12:07 ou dans l'action de ton coup.
12:09 Rappelle-nous un petit peu, on parle souvent des deux hémisphères,
12:12 le droit, le gauche, à quoi correspondent les deux ?
12:14 Le gauche, c'est tout le côté analytique, réflexion.
12:17 Le droit, c'est l'intuition, la créativité.
12:21 Et quand on fait un coup de golf, sur lequel on se concentre,
12:24 sur lequel on devrait normalement avoir les bonnes images
12:27 dans quelques instants ?
12:29 C'est vraiment la préparation, la routine.
12:32 Phase analytique.
12:33 Analytique, cerveau gauche, on passe dans la notion d'action.
12:36 J'agis, je joue, je tape, je ne réfléchis plus.
12:40 J'agis, donc c'est tous les sensoriels intuitifs.
12:43 Cerveau droit.
12:44 Parfait, bon allez, on se lance.
12:46 Je vais faire un premier test.
12:47 Là, je peux faire ma routine comme d'habitude ?
12:49 Tu fais ce que tu fais habituellement lorsque tu tapes un pote.
12:53 D'accord, très bien, parfait.
12:56 Tu as pensé à quelque chose ?
12:59 Je n'ose pas dire.
13:01 Mais là, ce n'était vraiment pas un très bon pote.
13:04 J'ai ressenti la phase de club qui s'est complètement refermée.
13:06 Là-bas, les parties vives de la phase de club.
13:09 Franchement, je n'étais pas là.
13:11 Tu as pensé à quelque chose de précis, une notion technique ?
13:14 En fait, j'étais un peu partagé sur le fait de chercher mon mouvement
13:18 un petit peu à la montée, avoir un sens de la montée.
13:21 Le fait de chercher mon mouvement un petit peu à la montée,
13:24 avoir un résultat, un peu dans l'émission aussi.
13:27 Du coup, rouge, c'est ça ?
13:30 Voilà ce qui apparaît sur mon écran à l'instant où tu as tapé ce pote.
13:34 Il y a un curseur.
13:36 Tu vois là, c'est du rouge, un peu à gauche, un peu à droite.
13:38 On sent qu'il y a un effort vers le vert, mais ce n'est pas encore ça.
13:43 Ça veut dire que là, pour le coup, tu étais dans une réflexion.
13:46 Alors que lorsqu'on a l'action, on ne réfléchit pas.
13:49 D'accord, donc on en fait une petite.
13:51 Qu'est-ce que je peux changer ? Qu'est-ce que je peux améliorer
13:53 pour avoir une intensité plus importante de concentration ?
13:56 Le regard est important.
13:57 Avec les yeux, je vais te demander de fixer quelque chose
14:00 d'infiniment précis, petit, sur la balle.
14:04 Cela peut être une alvéole ou le numéro de ta balle,
14:08 mais du moment que c'est petit.
14:10 Plus c'est petit, plus on est dans l'obligation d'être focalisé sur cette chose.
14:15 Je peux regarder quand même le trou avant de jouer comme je le fais ?
14:17 Pas trop souvent, juste une seule fois.
14:19 D'accord, très bien. Une fois, je pose mes yeux, je suis focalisé.
14:23 C'est mieux. Est-ce que tu t'es senti plus relâché ?
14:29 Plus relâché et beaucoup plus dans ce que j'avais à faire.
14:32 Là, pour le coup, aucune pensée parasite.
14:35 Pas encore très habitué à me concentrer vraiment à 100%,
14:38 mais j'ai senti une sorte de tunnel déjà un petit peu plus important.
14:41 C'est la base des visions 54.
14:43 Être engagé, dédié au coup, être dans l'instant présent.
14:48 D'accord, et ça, ça représente ?
14:50 Voilà, tout de suite, c'est criant.
14:52 On voit le cerveau droit en vert.
14:54 Ça, c'est tout bon.
14:55 Le curseur est vraiment installé dans le vert.
14:58 Le plus important pour moi et pour toi,
15:01 c'est le bon hémisphère qui travaille au bon moment.
15:03 D'accord, et si on prend l'exemple d'un joueur professionnel,
15:07 vraiment de très haut niveau, parfaitement concentré,
15:11 ça donnerait quoi comme type d'image ?
15:13 Quelle serait finalement la représentation qu'on pourrait avoir avec l'application ?
15:19 L'excellence d'un pote, tout d'un coup, se traduit sur mon application
15:23 par déjà un curseur totalement vert, un cerveau droit effectivement vert
15:28 et ce fameux triangle qui s'appelle en anglais le "quiet eye".
15:34 Donc, si on traduit l'œil, calme, tranquille.
15:37 C'est ce qu'on appelle dans notre jargon sportif,
15:40 le flot, le fameux flot.
15:42 C'est cet état où on a l'impression qu'on fait les choses naturellement,
15:46 sans forcer, sans réfléchir, ça part tout seul.
15:49 Ça, c'est le pote, le coup parfait à l'écran.
15:52 Génial. On a déjà bien avancé sur le fonctionnement du cerveau.
15:55 On va s'intéresser maintenant, Karine, à une notion très importante,
15:58 la routine, grâce notamment à un conseil de Fabrice Tarnot.
16:02 Me voilà déjà sur le green, sur ce par 5 en 2, c'est cool,
16:08 avec un long pote.
16:10 Non, bah oui, c'est un long pote, mais non, avec un pote à faire,
16:14 avec un coup à faire, avec une situation à négocier.
16:18 Je dis ça parce que, sur la partie au moins inconsciente de nous-mêmes,
16:23 quand j'en entends dire "long pote", j'entends presque déjà "trois potes".
16:27 Non, non, non, j'ai un coup à faire.
16:29 Et c'est quoi ?
16:31 Ça veut dire quoi négocier une situation ?
16:34 Quand on est sur un green, c'est marquer sa balle,
16:36 comme ça on peut la nettoyer pendant qu'on prend les infos.
16:39 Comme je suis près de mon marqueur, comme d'habitude,
16:41 c'est toujours la même chose.
16:43 Je vais m'aider un petit peu avec mon pendule, mon fil à plomb.
16:48 Je vais prendre une info quant aux pentes, droite-gauche, gauche-droite,
16:52 les deux ou pas du tout.
16:54 Je vais faire comme ça, deux, trois moves, vous demandez.
16:57 C'est très feeling, les yeux sur la cible, mon regard envoie de l'information au corps.
17:03 Je me mets au milieu de mon pote, un peu en retrait.
17:08 Je regarde ce qu'il en est du dénivelé.
17:12 Alors là, clairement, le marqueur est bien plus haut que le trou.
17:17 Alors comme je suis un adepte du pote-étalon, j'aime bien compter les pas.
17:22 Quand je le peux, quand j'ai le temps.
17:24 Ça y est, moi j'ai mes infos, je m'installe,
17:27 je place mon poteur dans l'axe de trait de ma balle.
17:32 Un petit coup d'œil sur la cible, je ramène les yeux et je déclenche.
17:36 Un, deux.
17:38 Et maintenant je regarde ce qu'il se passe.
17:40 Elle arrive un poil forte.
17:43 Bon, pas si mal.
17:45 En plus, j'ai joué en parlant.
17:47 Ça, je ne vous demande pas de le faire, surtout dans la rubrique parcours accompagné.
17:50 C'est moi qui vous parle.
17:51 Mais au final, ma balle avait un poil trop de vitesse, certes.
17:54 Je suis resté hyper lucide, sans me faire un monde ou m'emballer
17:59 dans un succès potentiel de la situation que j'avais à négocier.
18:05 Et au final, quand j'ai démarré mon mouvement,
18:08 j'étais dans le juste, dans le vrai, dans le simple.
18:13 C'est comme ça que vous allez progresser.
18:15 Karine, on a vu pas mal de notions finalement dans cette routine.
18:19 Mais l'essence même de l'œil des pros, c'est de donner du concret aux amateurs.
18:23 On l'a vu avec Fabrice.
18:24 Et nous, on va le faire avec l'exemple d'un très grand joueur actuel, Ludwig Hoberg.
18:30 On va prendre sa routine, on va la décortiquer.
18:32 Habituellement, on fait ça avec les swings.
18:34 Mais on a le plaisir de t'avoir, donc on va s'intéresser maintenant à la routine.
18:38 Donc, on est au départ du trou numéro 16, du trou numéro 10, pardon.
18:44 On est au Canada.
18:45 Il vient de planter sa balle.
18:47 Donc là, tu vas me guider.
18:48 On va avancer tranquillement.
18:50 Et tu vas me dire à quel moment il y a déjà une première chose.
18:54 Là.
18:55 Qu'est-ce qui s'est passé entre le moment où il a planté sa balle et ce moment ?
18:59 À cet instant précis, il est totalement engagé dans son coup.
19:02 Il a pris sa décision.
19:04 Il a pris toutes les informations nécessaires pour son choix de club.
19:08 Maintenant, il va imaginer son coup.
19:11 D'accord.
19:12 Donc à partir de maintenant, je vais faire dérouler la vidéo.
19:18 Là, il est dans ce qu'on appelle la zone de préparation.
19:21 C'est dans cette zone-là qu'on a le droit de faire un, deux, trois coups d'essai.
19:26 D'accord.
19:27 Je dirais que moins on en fait, mieux c'est.
19:29 Ça, c'est mon avis.
19:30 La zone de préparation, c'est la routine.
19:32 C'est je capte toutes les infos pour être à 100 % sûre de mon choix.
19:38 S'il y a le moindre doute qui traîne, je ne serai pas engagé dans mon coup.
19:42 Là, on voit un regard extrêmement focalisé, concentré, fort.
19:47 Très fort.
19:48 Il a vu son coup, il l'imagine, il le visualise.
19:52 Chacun et chacune doit aller chercher différentes possibilités
19:56 pour trouver sa manière de se préparer dans sa routine.
19:59 On continue d'avancer.
20:01 Il vient viser une dernière fois.
20:04 Ça, c'est quelque chose...
20:06 C'est personnel.
20:07 Personnel, très bien.
20:08 Et maintenant, qu'est-ce qui se passe ?
20:09 Alors là, il est rentré dans sa zone d'action.
20:12 C'est-à-dire que là, il est...
20:15 "committed" en anglais, c'est-à-dire qu'on dit...
20:17 Il est totalement engagé dans l'action.
20:19 Il faut que cette zone d'action soit la plus courte possible.
20:23 Lui, on l'a calculé, j'ai chronométré.
20:25 C'est 5-6 secondes.
20:26 On démarre le chronomètre à partir du moment où il franchit une ligne imaginaire au sol,
20:31 un mètre avant la balle, jusqu'à la fin de son swing, jusqu'au finish.
20:35 Plus cette zone sera courte,
20:38 moins les effets négatifs, moins les pensées négatives pourront imprégner votre cerveau.
20:43 Donc c'est important, dans ce moment précis, d'être non pas concentré,
20:47 parce que la concentration, c'est la résultante de quelque chose.
20:50 On n'est pas concentré quand on le veut.
20:52 On le devient grâce au travail effectué en amont.
20:55 Là, Ludwig Goebbels, il va rentrer dans sa zone,
20:58 ça va faire "tac-tac", ça va aller très, très rapidement.
21:01 Très bien.
21:02 Si je résume, une phase d'analyse, je décide du coup,
21:06 une phase où je sens un petit peu, je fais quelques mouvements d'essai,
21:10 et ensuite, la troisième phase, on passe la ligne rouge,
21:13 et là c'est parti, 100% focalisé sur ce qu'on a à faire.
21:17 Tout à fait. On prend le temps avant, on prend moins de temps pendant.
21:20 C'est ça le secret.
21:21 D'accord.
21:22 Et souvent les gens font l'inverse.
21:23 Ils ne se préparent pas, pas assez, et ils sont devant la balle, ils passent des minutes.
21:27 Alors, si je mets cette petite baguette,
21:30 qui pourrait représenter éventuellement le trait rouge,
21:33 qu'est-ce que j'ai le droit de faire ici ?
21:35 Est-ce que j'ai le droit, par exemple, de faire des swings d'essai extrêmement techniques,
21:39 parce que mon enseignant m'a demandé de changer mon démarrage,
21:42 ma rotation, ma reprise d'appui, peu importe ?
21:44 C'est le seul moment où tu as le droit de le faire.
21:46 D'accord.
21:47 Tu as un repère technique, ton coach t'a demandé de travailler quelque chose de particulier,
21:50 ça peut être le démarrage, le "take away", peu importe.
21:53 Tu as le droit. C'est uniquement là.
21:55 Si je veux associer, on va dire, un démarrage avec une trajectoire,
22:00 je veux démarrer intérieur, imaginons, pour faire un draw,
22:03 j'ai le droit ici aussi ?
22:04 Tout ce qui est sensitif.
22:05 Très bien.
22:06 Une fois que tout ça est réglé, j'avance vers ma balle.
22:11 Imaginons que la balle soit ici.
22:13 Tout à fait.
22:14 Ou peut-être là, un peu plus de distance.
22:15 Il faut un mètre à peu près.
22:16 Donc on va imaginer cette balle-là.
22:18 Là, j'ai le droit de regarder la cible ?
22:20 Pas trop longtemps.
22:21 Pas trop longtemps.
22:22 Regarde bref ?
22:23 Très bref.
22:24 Très bien.
22:25 Histoire de se rassurer qu'on soit bien aligné par rapport à la cible, par exemple.
22:28 Mais très court.
22:29 Est-ce que j'ai le droit au waggle ?
22:32 Je ne peux pas non plus interdire au joueur ou à la joueuse.
22:35 C'est quelque chose qui va peut-être le ou la rassurer,
22:38 donc il ne faut pas le mettre de côté.
22:39 Mais court aussi.
22:40 Mais court aussi.
22:41 Parce que de toute façon, comme tu nous l'as dit tout à l'heure,
22:43 il faut que le moment entre la baguette et l'exécution du coup
22:47 soit finalement beaucoup plus court.
22:48 Parfait.
22:49 C'est très clair.
22:50 Avec ces ingrédients, on a forcément de quoi travailler au practice,
22:55 travailler dans les deux zones.
22:57 Juste une dernière question.
22:58 Quelles sont pour toi les joueurs ou joueuses d'ailleurs
23:02 qui possèdent une routine intéressante pour nos téléspectateurs,
23:05 vous qui nous suivez sur Canal+, Golf+,
23:08 quels joueurs on peut aller regarder, s'inspirer pour progresser dans sa routine ?
23:14 Je dirais Ober, tout de suite, parce que pour moi, c'est ma référence.
23:18 Mes élèves avec lesquels je travaille savent que je bassine un petit peu souvent sur Ludwig Ober.
23:23 En dehors du fait qu'il soit devenu un des top joueurs sur le circuit américain,
23:29 le circuit mondial, c'est un garçon qui a tout compris.
23:32 Au-delà de sa routine, au-delà de sa manière de jouer,
23:35 lorsque je le vois faire un double bogey au master,
23:38 sortir du dernier tour, au 11, alors qu'il était en tête du tournoi,
23:41 avec la pression, avec les enjeux, et qu'il sort du green avec le sourire,
23:45 moi j'ai été bluffée.
23:47 C'est une réaction exceptionnelle.
23:48 Il a su gérer à cet instant présent ses émotions.
23:51 Après, en termes de routine, il y en a d'autres.
23:53 Scotty Scheffler, ce n'est pas forcément une routine pré-coup, pré-shot,
23:59 c'est l'ensemble.
24:00 Sa manière dont il aborde le jeu, tout est réfléchi, il ne laisse rien au hasard,
24:04 les moindres détails comptent, tout est calculé, tout est programmé.
24:08 Et pour comprendre du coup, Karine, dans ton coaching à Terre Blanche
24:12 avec des joueurs de haut niveau, tu prends des exemples régulièrement,
24:16 est-ce que tu essaies de faire en sorte que les gens s'inspirent,
24:20 peut-être pas copier mot pour mot ou geste pour geste,
24:23 mais est-ce que c'est une bonne chose d'aller chercher des exemples comme ça ?
24:26 Je vais répondre oui et non.
24:29 Oui parce que c'est forcément inspirant d'aller chercher des bonnes informations
24:32 auprès des très bons joueurs et des très bonnes joueuses.
24:35 À l'inverse, et certains de mes élèves m'ont fait la remarque,
24:38 "Ah oui, mais attends, regarde ce joueur-là, il est super lent,
24:41 il passe des 30 secondes devant la balle dans sa..."
24:44 Ryan Harman, Ian Bradley...
24:45 Mais là je lui dis que ça lui convient.
24:47 Donc si ça lui convient, on ne va pas casser le moule.
24:49 Il y a le cadre et puis il y a la personnalisation éventuelle.
24:52 Exactement, on ne va pas demander à un joueur qui joue depuis 40 ans
24:54 et qui est dans le top 10 mondial de changer sa routine
24:57 parce que c'est quelque chose qui lui convient.
25:00 Personne ne peut prétendre vouloir changer ces choses-là.
25:03 Par contre, lorsqu'on est néo-pro ou joueur amateur de haut niveau,
25:06 plus tôt on intègre ces routines préparatoire, action et réaction derrière,
25:12 une émotion qui va être générée par le coup, plus ou moins bon.
25:15 Si on commence le plus tôt possible à gérer ces trois phases,
25:19 on est vraiment dans la bonne direction vers la progression, vers la performance.
25:24 C'est passionnant. L'émission passe très vite, évidemment,
25:26 quand on a un sujet aussi passionnant.
25:28 Donc on va aborder le dernier point, un point très important
25:31 parce qu'on parle souvent de la routine juste avant d'effectuer un coup,
25:35 de la routine parfois aussi à l'échauffement.
25:37 Et bien là, on va parler d'une sorte de routine d'après-coup.
25:40 Comment on se comporte après avoir tapé un coup ?
25:43 Qu'est-ce qu'on fait après un bon ou un mauvais coup ?
25:47 Alors, un golfeur ou une golfeuse a tout à fait le droit de s'exprimer après son coup.
25:55 Sur les quelques secondes qui vont suivre le coup, je n'ai rien contre une expression.
26:00 S'il y a une frustration à sortir, il ou elle a le droit.
26:04 À l'inverse, si le coup est fabuleux, bien évidemment, il faut le célébrer,
26:07 il faut le fêter, mais pas trop longtemps.
26:09 Parce que justement, il faut redescendre, comme on dit, en pression,
26:13 et plus neutre la réaction sera, plus il sera facile de passer au coup suivant
26:20 pour être dans les meilleures dispositions pour jouer le coup qui va venir.
26:24 Est-ce qu'on a le droit de faire un swing d'essai après un mauvais coup ?
26:28 J'ai mis ma balle hors limite, elle est partie en slice,
26:30 est-ce que j'ai le droit de refaire un petit swing d'essai ?
26:32 Oui, mais c'est trop facile de blâmer la technique.
26:36 Allons chercher ailleurs les solutions aux problèmes.
26:41 Il peut y avoir un problème tout d'un coup de swing, de technique,
26:45 mais arrivé à un certain niveau, un swing ne se détraque pas comme ça du jour au lendemain.
26:49 Allons chercher plutôt ailleurs.
26:51 Me suis-je bien hydratée ? Je me suis bien alimentée ?
26:54 Est-ce que je me suis bien détendue à l'échauffement ?
26:56 Est-ce que j'ai pensé à ma routine ?
26:58 Au lieu d'aller chercher la technique, allons chercher les solutions et les problèmes ailleurs,
27:04 dans d'autres domaines.
27:05 Karine, c'est le moment où on va voir si j'étais un bon élève.
27:07 Si tu es bien écoutée, je vais faire le résumé de l'émission rapidement.
27:11 Tu me corriges si j'ai mis quelques fautes.
27:14 Il faut gérer ses émotions et ne pas les supprimer.
27:17 On sait maintenant que le cerveau, avec hémisphère droit, hémisphère gauche, doit être éduqué,
27:23 travaillé avec l'exercice que tu nous as mis en place,
27:26 cette fameuse baguette, ces différentes boxes, boîtes,
27:30 dans lesquelles on va analyser, réaliser.
27:33 On a aussi cet outil de diagnostic qui peut être un soutien au professeur éventuel.
27:40 Enfin, on a parlé de la routine d'après-coup.
27:44 Finalement, après un coup, on a le droit à une certaine liberté,
27:48 mais un peu comme dans tout le reste de ce que tu nous as expliqué,
27:51 on garde un cap assez neutre, assez calme, pour pouvoir être performant.
27:57 C'est exactement ça.
27:58 C'est bon ?
27:59 C'est très important. Bravo.
28:00 Merci beaucoup.
28:01 Très bon élève.
28:02 Merci, Karine, c'était un plaisir de te recevoir.
28:04 Merci à toi.
28:05 Merci aux équipes techniques de Canal+, Vincent Pourradier à la réalisation,
28:08 Nicolas Fabre, Stéphane Boulet, Martin Breteau et Sébastien Cometti à la préparation de cette émission.
28:14 Évidemment, vous pouvez retrouver tous les numéros de l'œil des pros,
28:17 en tout cas tous les derniers, sur l'application MyCanal.
28:20 Bon golf à vous.
28:21 [Musique]
28:31 Merci à tous !
28:33 Merci à tous !