• il y a 7 mois
Grand témoin : Elsa Vidal, rédactrice en chef de la rédaction en langue russe de RFI, spécialiste de l'ex-URSS et autrice de « La fascination russe » (Robert Laffont)

GRAND DÉBAT / Grève pendant les JO : jackpot pour les syndicats ?

« Le récap » par Bruno Donnet

Lundi 22 avril 2024, la SNCF a signé un accord important avec les quatre syndicats CGT, UNSA, CFDT et Sud Rail, à la suite d'une menace de grève pendant la période des jours fériés et des ponts. L'accord prévoit entre autres un départ à la retraite anticipé pour les métiers dits « pénibles » tout en gardant un salaire de 75% pendant une durée pouvant aller jusqu'à 36 mois. Après cet arrangement qualifié comme « une pierre décisive » par le président de la SNCF, Pierre Farandou, le ministre de l'économie, Bruno Le Maire, a fait entendre ses critiques et a par ailleurs convoqué le PDG. Selon lui, l'accord ne serait « pas satisfaisant » et symbole d'une provocation face aux français « qui travaillent dur et qui ont accepté la réforme des retraites ». Le ministre regrette également de ne pas avoir été averti de cet accord qui est sous le joug de sa tutelle. En vue des JO, d'autres professions menacent de faire grève, notamment les éboueurs. Comment éviter la surenchère des revendications syndicales tout en assurant un bon déroulement des Jeux Olympiques et Paralympiques ?

Invités :
- Éléonore Caroit, députée Renaissance des Français établis hors de France,
- Marc Fressoz, journaliste spécialiste des transports,
- Benjamin Amar, porte-parole CGT du Val-de-Marne,
- Nelly Garnier, conseillère LR de Paris, conseillère régionale, vice-présidente « Les Républicains ».

GRAND ENTRETIEN / Elsa Vidal : Russie, la fin d'une fascination française ?

Le 4 juin 2022, près de 4 mois après l'invasion à grande échelle lancée par Vladimir Poutine sur le territoire ukrainien, Emmanuel Macron déclarait pourtant qu'« il ne faut pas humilier la Russie ». Un discours qui résume parfaitement trente ans d'aveuglement de la part des dirigeants français vis-à-vis de la Russie, comme l'explique Elsa Vidal dans « La fascination russe ». La journaliste décrypte dans cet ouvrage le fossé existant entre la perception française de la Russie et les réalités du pays slave. Alors qu'Emmanuel Macron vient de réitérer l'éventualité de déployer des troupes au sol en Ukraine, est-on enfin sorti aujourd'hui de cet aveuglement ?

Grand témoin : Elsa Vidal, rédactrice en chef de la rédaction en langue russe de RFI, spécialiste de l'ex-URSS et autrice de « La fascination russe » (Robert Laffont)

LES AFFRANCHIS

- Pierre-Henri Tavoillot, philosophe,
- Yaël Goosz, éditorialiste et chef du service politique à France Inter,
- « Bourbon express » : Elsa Mondin-Gava, journaliste LCP.

Ça vous regarde, votre rendez-vous quotidien qui prend le pouls de la société : un débat, animé par Myriam Encaoua, en prise directe avec l'actualité politique, parlementaire, sociale ou économique.
Un carrefour d'opinions où ministres, députés, élu

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Transcription
00:00:00 ...
00:00:05 -Bonsoir et bienvenue.
00:00:06 Très heureuse de vous retrouver dans "Ça vous regarde".
00:00:09 Ce soir, sortir de la fascination russe
00:00:12 avec vous, Elisabeth Vidal.
00:00:13 -Bonsoir. -Merci d'être là.
00:00:15 Notre grand témoin ce soir,
00:00:17 journaliste responsable de la rédaction russe d'RFI,
00:00:20 vous publiez "La fascination russe" chez Robert Laffaut.
00:00:23 Le mot est très fort.
00:00:25 Vous revenez sur 30 ans de complaisance française
00:00:28 envers la Russie. Alors en est-on enfin sortis ?
00:00:32 Les candidats à ces élections qui arrivent,
00:00:34 ont-ils pris la mesure de la menace Poutine ?
00:00:37 On en parlera plus tard.
00:00:38 Dans la deuxième partie,
00:00:40 dans notre grand débat ce soir,
00:00:42 ça y est, la course aux primes est ouverte et bien ouverte.
00:00:45 Les éboueurs menacent de faire grève à Paris
00:00:48 pendant les Jeux olympiques.
00:00:50 La pression a payé pour les cheminots.
00:00:52 Amakora a été passée à la SNCF sur les retraites collères de Bercy.
00:00:56 Jusqu'où faut-il lâcher pour que la fête ne soit pas gâchée ?
00:01:00 Nous en débattons avec mes invités dans un instant.
00:01:03 Enfin, nous a franchi ce soir le parti Prix politique de Yael Ghose,
00:01:07 le billet philo de Pierre-Henri Tavoyot
00:01:09 et Bourbon Express à la fin de cette émission.
00:01:12 Voilà pour le sommaire.
00:01:13 On y va, Elisabeth Vidal ?
00:01:15 -On est partis. -Ca vous regarde générique.
00:01:17 SOUS-TITRAGE : RED BEE MEDIA
00:01:20 Générique
00:01:23 ...
00:01:28 -Les préavis de grève poussent comme les bourgeons de printemps.
00:01:31 A l'approche des JO, la gréviculture est-elle de retour
00:01:34 pour reprendre le mot de Gabriel Attal ?
00:01:37 Ou au contraire, les éboueurs, les égoutiers
00:01:39 ou tout un tas de fonctionnaires sont légitimes
00:01:42 à faire pression, faire valoir leurs droits de grève
00:01:45 pour obtenir des primes ?
00:01:46 Cet été, les JO, les Jeux olympiques,
00:01:48 arment de dissuasion massive qui risque de coûter cher
00:01:52 à l'Etat.
00:01:53 Bonsoir, Eléonore Carrois. -Bonsoir.
00:01:55 -Vous êtes députée Renaissance des Français établie
00:01:58 en Amérique du Sud.
00:01:59 Vous débattez ce soir avec Nelly Garnier.
00:02:01 Bonsoir. Bienvenue,
00:02:03 conseillère régionale et républicain
00:02:05 à la région Île-de-France. Bonsoir, Benjamin Amart.
00:02:08 Ravie de vous retrouver.
00:02:09 Vous êtes le porte-parole CGT du Val-de-Marne.
00:02:12 Enfin, bonsoir, Marc Fresseau. -Bonsoir.
00:02:14 -Bienvenue, journalistes et spécialistes
00:02:17 des questions de transport.
00:02:18 C'est un débat qui nous concerne tous.
00:02:21 On prend le train et on a envie, peut-être,
00:02:23 de voir ce qui va se passer pendant les JO.
00:02:25 Vous intervenez quand vous voulez.
00:02:27 On plante le décor pour commencer.
00:02:29 Des primes pour qui ?
00:02:31 Des primes jusqu'où ?
00:02:32 C'est dans le récap de Bruno Denet, tout de suite.
00:02:35 Générique
00:02:37 ...
00:02:44 Bonsoir, Bruno. -Bonsoir, Myriam.
00:02:46 -Dans votre récap ce soir,
00:02:48 une nouvelle discipline olympique et des médailles.
00:02:50 -Oui, et je vous propose de commencer immédiatement
00:02:53 avec la médaille d'or du Flair, du Flair politique,
00:02:57 remportée haut la main par le ministre de la Fonction publique.
00:03:01 -Je rencontre beaucoup d'agents publics.
00:03:03 Il n'y en a pas un qui met à annoncer son intention
00:03:06 de faire grève pour les JO et paralympiques.
00:03:09 -Aïe.
00:03:10 C'était il y a deux mois et Stanislas Guérini
00:03:13 n'avait manifestement pas été mis au courant
00:03:15 de la nouvelle discipline olympique,
00:03:18 très en vogue, notamment, chez les syndicats.
00:03:20 La menace de grève pendant les jeux
00:03:23 ou, si vous préférez, l'usage de la flamme
00:03:26 pour mettre le feu aux poudres sociales.
00:03:28 -Oui, parce que ça fait des mois qu'on répète la même chose
00:03:31 et que tout le monde s'en fiche.
00:03:33 Les jeux, c'est des centaines de milliers
00:03:36 de travailleuses et de travailleurs qui sont percutés.
00:03:39 -Car si les mécontents sont légions,
00:03:41 les opportunistes le sont aussi.
00:03:43 -Dernier en date, les éboueurs parisiens,
00:03:45 qui estiment que les Jeux olympiques
00:03:47 vont leur apporter un surcroît de travail
00:03:50 au nom d'un axiome implacable.
00:03:52 -Qui dit recevoir du public, dit consommation.
00:03:55 Qui dit consommation, dit déchets.
00:03:58 Et qui dit déchets, dit éboueurs.
00:04:00 -Ils brandissent donc le spectre de la grève
00:04:03 durant toute la durée des Jeux et réclament une prime.
00:04:07 Mais si je vous dis que la discipline
00:04:09 est actuellement très en vogue, c'est parce qu'avant,
00:04:12 les policiers ont déjà agité la même menace.
00:04:15 Ils ont obtenu une prime dont le montant atteindra 1900 euros.
00:04:20 A la RATP, c'est le syndicat des conducteurs
00:04:22 qui a lui aussi réclamé une rallonge et décroché 1600 euros.
00:04:26 Dans le secteur aérien, les JO ont également été l'occasion
00:04:29 de négocier un gros bonus.
00:04:30 Mais c'est pas tout, puisque ça coince aussi à la SNCF,
00:04:33 où les partenaires sociaux demandent 1500 euros
00:04:36 pour tout le monde, ou encore dans les hôpitaux de Paris,
00:04:40 où les soignants exigent une indemnité Jeux olympiques
00:04:43 de 2000 euros pour cause de "congés non posés".
00:04:46 -Face à toutes ces revendications, la résistance s'organise.
00:04:50 -Très politique, même, puisqu'elle est arrivée
00:04:52 tout droit du Sénat, pas content devant ce qu'il estime
00:04:56 être une forme de chantage.
00:04:57 Le sénateur centriste Hervé Marseille
00:05:00 a fait adopter une proposition de loi
00:05:02 qui pourrait permettre au gouvernement
00:05:04 d'interdire aux agents des services publics des transports
00:05:08 de se mettre en grève durant certaines périodes,
00:05:10 ainsi que lors d'événements d'importance majeure.
00:05:14 -Quand on a affaire à des gens, comme je viens de le dire,
00:05:18 qui ont avant tout des visées politiques
00:05:20 et qui, à l'approche des JO, cherchent à faire en sorte
00:05:24 de créer le bazar dans le pays
00:05:28 et de profiter de ce moment pour prendre en otage les Français,
00:05:32 que ce soit dans le transport ou dans d'autres services publics,
00:05:36 il faut mettre un terme.
00:05:37 -Pour l'heure, le gouvernement s'est dit farouchement opposé
00:05:41 à cette proposition sénatoriale.
00:05:43 Il préfère négocier secteur par secteur
00:05:45 pour ne pas mettre l'organisation des JO en péril,
00:05:48 mais ça coûte cher.
00:05:49 Pour les éboueurs, rien qu'à Paris, accéder à leur demande
00:05:53 coûterait la rondelette somme de 38 millions d'euros.
00:05:56 -Ah oui. -On comprend, Myriam,
00:05:57 qu'au moment où les athlètes rêvent de l'or olympique,
00:06:01 les syndicats essayent de décrocher...
00:06:03 -De l'argent. Mais quelle chute merveilleuse.
00:06:06 -Merci, mon cher Bruno.
00:06:08 Je vais commencer avec vous, Benjamin Hamas.
00:06:10 Est-ce qu'il n'y a pas un peu de chantage aux JO
00:06:13 sur la méthode, franchement ?
00:06:15 Les contrôleurs aériens, les éboueurs, les cheminots,
00:06:18 les conducteurs à la RATP qui dégainent tous
00:06:20 un préavis de grève, est-ce que c'est le seul moyen
00:06:23 dans notre pays pour obtenir gain de cause ?
00:06:25 -Votre collègue, justement, pour résumer un peu votre pensée,
00:06:29 a parlé d'opportunisme.
00:06:31 Mais je suis quand même très étonné par ces remarques
00:06:34 que je retrouve sur un certain nombre de plateaux.
00:06:37 Dites-moi, quand il y a eu la réforme...
00:06:39 On fait un petit retour en arrière.
00:06:41 La réforme des retraites, en 2023,
00:06:43 j'ai lu dans à peu près tous les journaux,
00:06:46 j'ai entendu dans la bouche de tous les journalistes
00:06:49 la phrase suivante.
00:06:50 "Le gouvernement table sur la problématique
00:06:52 "du pouvoir d'achat, le fait que les Français
00:06:55 "n'ont pas les moyens de se mettre en grève trop longtemps."
00:06:59 Et donc, il mit sur le pourrissement
00:07:01 en se disant qu'avec la problématique des salaires,
00:07:04 ça va être compliqué de construire une grève...
00:07:07 -Le droit de grève est constitutionnel,
00:07:09 mais il y a une retenue. -Bien sûr.
00:07:11 Et ça, c'est quoi, si ce n'est de l'opportunisme ?
00:07:14 Le gouvernement considère la situation,
00:07:16 il dit que les Français ont une problématique
00:07:19 de pouvoir d'achat, la grève ne pourra pas trop durer.
00:07:22 Le gouvernement y profitait du terrain.
00:07:24 -Oeil pour oeil, dent pour dent. -C'est les mêmes armes.
00:07:27 Dans l'économie capitaliste, en fonçant les portes ouvertes,
00:07:30 effectivement, on profite du terrain.
00:07:33 -Mais on ne s'est pas négocié autrement.
00:07:35 -Mais vous savez, Myriam Mankawa,
00:07:37 je demanderais que ça, et mes camarades aussi,
00:07:39 on se met autour de la table,
00:07:41 il y a des propositions, celle-là est raisonnable,
00:07:44 celle-là, non. Il y a une problématique
00:07:46 de salaire en France, on travaille sur la redistribution...
00:07:49 -Il y a eu des manifestations sur le pouvoir d'achat
00:07:52 des fonctionnaires, qui n'ont pas rassemblé de façon massive.
00:07:56 -Avant les manifestations, Myriam Mankawa,
00:07:58 il y a des négociations.
00:08:00 Le gouvernement fait comme les petits singes,
00:08:02 qui se mettent les mains sur les oreilles.
00:08:04 Il nous dit qu'on a écouté, mais rien ne bouge.
00:08:07 -38 millions, ça coûte cher à l'Etat,
00:08:09 c'est pas votre problème ?
00:08:11 -Si on commence à considérer ce qui coûte cher à l'Etat,
00:08:14 les salariés du public et du privé ont une problématique
00:08:17 de pouvoir d'achat, ils sont à découvert le 10 du mois.
00:08:20 Parmi ceux qui ont fait grève, notamment le 19 mars,
00:08:23 il y a beaucoup de catégorisés de la fonction publique,
00:08:26 des gens qui gagnent 1 500, 1 400 euros.
00:08:29 Quand on ne les entend pas, bien sûr que la grève est un levier,
00:08:32 mais la grève, c'est pas un gros mot,
00:08:34 c'est l'expression du rapport de force,
00:08:36 c'est l'arme des salariés.
00:08:38 Quand elle est nécessaire, vous l'utilisez,
00:08:40 mais vous l'avez dit, ça coûte cher,
00:08:42 ça coûte 100 euros par jour.
00:08:44 -Ca coûte cher des deux côtés, à l'Etat,
00:08:46 donc aux contribuables et aux salariés grévistes.
00:08:49 Et Léonore Carroix, on se souvient tous des images
00:08:53 d'amoncellements d'ordures, et ça a fait le tour du monde,
00:08:56 à Paris, d'ailleurs, il y avait des arrondissements,
00:08:59 il y avait des ordures, c'était là où la Maillet de Paris,
00:09:02 où tout était très propre.
00:09:03 Ca, ce serait le cauchemar, pour vous, pour le pays,
00:09:06 pour l'image de la France.
00:09:08 Donc, la boîte de Pandore est ouverte,
00:09:10 vous allez céder sur toutes les demandes de primes ?
00:09:13 -Absolument pas. Il faut se remettre dans le contexte.
00:09:16 Il est tout à fait normal, et vous l'avez dit,
00:09:18 que le droit de grève, qui est un droit constitutionnel,
00:09:22 soit brandi lorsqu'il est nécessaire.
00:09:24 Il ne faut pas prendre en otage la population française.
00:09:27 -Je pense que si on se met dans un contexte des JO
00:09:30 et on prend un peu de recul et on sort d'un contexte franco-français,
00:09:33 il y a toujours des négociations comme ça à l'approche des JO.
00:09:37 On se rappelle à Londres, en 2012,
00:09:39 il y avait eu le même bras de fer de la part des mêmes catégories,
00:09:42 il y avait eu 7,5 milliards de livres...
00:09:45 -Et à la fin, il y a toujours un gouvernement qui lâche,
00:09:48 parce qu'on ne peut pas se permettre de faire autrement.
00:09:51 -Ce qu'on voit, c'est qu'il y a des négociations,
00:09:54 des discussions qui sont en train d'avoir lieu en amont,
00:09:57 qui sont positives. Il y a, par exemple,
00:09:59 la trêve JO, décidée par les contrôleurs aériens en amont,
00:10:03 justement, donc pas de grève des contrôleurs aériens.
00:10:06 En tant que débutée des Français de l'étranger,
00:10:08 c'est un sujet qu'on regarde de près.
00:10:10 Le monde entier va venir à Paris.
00:10:12 Sur certains secteurs, on trouve des accords.
00:10:15 -Plus qu'à 3,5 de prime par rapport au montant habituel
00:10:18 pour les aiguilleurs du ciel.
00:10:20 Pour vous, toutes les demandes sont légitimes,
00:10:23 il faut regarder où il y a des abus.
00:10:25 -Toutes les demandes sont, a priori, légitimes,
00:10:27 dans le sens où il faut les regarder.
00:10:30 Après, elles ne sont pas légitimes dans leur contenu.
00:10:33 Il faut les examiner une par une.
00:10:34 Ce sont des négociations, des discussions,
00:10:37 du dialogue social, c'est important.
00:10:39 Il faut éviter la grève.
00:10:41 Le président de la République l'a fait,
00:10:43 il faut le refaire, en appeler à la responsabilité de chacun.
00:10:46 Au-delà de ce que cela coûte, il y a l'image que cela renvoie.
00:10:50 C'est la première fois que l'on accueille des JO
00:10:53 depuis 100 ans, ça doit être une fête pour les Françaises
00:10:56 et les Français, ça doit être une image de la France.
00:10:59 C'est important que tout le monde soit responsable.
00:11:02 Pour autant, il faut rappeler qu'il y aura un travail supplémentaire
00:11:06 pour des catégories. -On va y venir.
00:11:08 -Ce travail supplémentaire est aussi normal
00:11:10 qu'il soit rémunéré.
00:11:12 Ce n'est pas une question de payer pour du chantage,
00:11:15 bien au contraire, mais lorsqu'il y a un travail supplémentaire,
00:11:19 et là, on écoutait les boueurs, il y a une question qui se pose,
00:11:22 c'est aussi normal qu'il y ait des primes.
00:11:25 -On va regarder qui sera le plus impacté,
00:11:27 la réorganisation, qu'est-ce que vous répondez ?
00:11:30 Honnêtement, on ne va pas se mentir,
00:11:32 mais de droite comme de gauche, à chaque grand événement
00:11:35 national, international, les gouvernements cèdent.
00:11:38 -Là, vous avez la problématique qui est qu'il y a des personnes
00:11:41 à qui on a demandé de décaler leur congé pour travailler cet été
00:11:45 et à qui on va demander un effort supplémentaire
00:11:48 car ils sont en première ligne pour l'organisation des jeux.
00:11:51 -C'est ça, c'est une question de financement.
00:11:54 Il y a des gens qui ont des primes,
00:11:56 mais il n'y a pas d'argent magique, les dépenses publiques sont contraintes,
00:12:00 donc il faut pouvoir le financer.
00:12:02 C'est pour ça que ça a fait beaucoup débat
00:12:04 quand Valérie Pécresse a annoncé le pass pour les touristes,
00:12:08 le pass transport qui est plus élevé,
00:12:10 mais c'était aussi un moyen de dire qu'on le fait à coût neutre
00:12:13 pour les Franciliens qui vont avoir leurs abonnements
00:12:16 ou acheter leur ticket à l'avance,
00:12:19 sur la RATP et tout cet énorme investissement
00:12:21 qui a été fait sur les transports.
00:12:23 Après, il faut que ça soit raisonnable
00:12:25 parce qu'il faut aussi en appeler à la responsabilité des syndicats
00:12:29 car on est tous responsables.
00:12:31 Là, on parle des agents,
00:12:33 ça va être un effort supplémentaire pour les agents,
00:12:36 mais aussi pour la population,
00:12:37 car vous avez des messages partout.
00:12:39 -Il y a des zones fermées. -Il va falloir télétravailler,
00:12:43 vous organiser. Finalement, ces jeux-là,
00:12:45 c'est comme on l'a dit quand Anne Hidalgo
00:12:48 a attaqué la politique régionale des transports,
00:12:50 il faut qu'on joue collectif.
00:12:52 On s'est engagés dans les Jeux Olympiques,
00:12:54 on a une collectivité de l'image qu'on va renvoyer
00:12:57 de notre capitale et de notre région.
00:13:00 -Pour l'instant, tout est normal ?
00:13:02 -Non, c'est pour ça que j'en appelle aussi à la responsabilité,
00:13:05 qu'on envoie à quelle image, tous les yeux,
00:13:08 comme on l'a dit, je suis désolée, en mars 2023,
00:13:10 vous avez un certain nombre de choses
00:13:13 qui ont dégradé l'image de Paris à l'international.
00:13:16 Il y a eu des tonnes de déchets amoncelés
00:13:18 dans les rues de Paris, qui jonchaient les trottoirs,
00:13:21 on ne pouvait plus traverser, il y avait une prolifération de rats,
00:13:25 c'est aussi un enjeu de santé publique
00:13:27 quand on va accueillir 15 millions de visiteurs supplémentaires.
00:13:31 Il y a un sens de la responsabilité.
00:13:33 De la même manière sur les transports,
00:13:35 c'est la première fois qu'on va avoir des Jeux Olympiques
00:13:38 où tous les sites seront accessibles en transport en commun.
00:13:42 C'est une priorité, c'est des Jeux Olympiques écologiques.
00:13:45 -On peut ne pas être surpris, mais on peut se dire
00:13:48 où est l'exemple de la fête, on ne se sent pas amonté.
00:13:51 -C'est pour ça que, si vous voulez,
00:13:53 je pense que tous les Parisiens, tous les habitants de Paris
00:13:56 qui acceptent, finalement, de se dire
00:13:58 "on va accueillir toutes ces personnes,
00:14:01 "ça va être plus compliqué de se déplacer,
00:14:03 "plus compliqué d'aller travailler",
00:14:05 ils ont besoin d'avoir le sentiment que tout le monde joue collectif.
00:14:09 Dans ces menaces, il y a quelque chose
00:14:11 qui n'est pas dans l'esprit de jouer collectif.
00:14:14 -Ne bien que Houbertin, l'esprit sportif.
00:14:16 Marc Fresos, pour bien comprendre,
00:14:18 il y a l'hôpital, les transports, le métro, le train,
00:14:21 il y a toute une série de gens
00:14:23 qui vont réorganiser leur temps de travail,
00:14:26 que ce soit du public ou du privé.
00:14:28 Qui sont ces professions les plus impactées par les JO, aujourd'hui ?
00:14:33 -Si on prend les transports, c'est les conducteurs de train,
00:14:37 c'est les gens qui entretiennent les rames de train, de métro,
00:14:41 c'est ceux qui entretiennent la voie.
00:14:44 Il y a évidemment un travail constant qui doit se faire.
00:14:48 Et on leur a dit, "Mobilisez-vous, c'est fantastique,
00:14:51 "vous allez participer aux JO,
00:14:53 "donc renoncez à vos vacances,
00:14:55 "travaillez un peu plus,
00:14:56 "avec une amplitude horaire un peu plus importante,
00:14:59 "travaillez loin de chez vous,
00:15:01 "parfois, on a besoin de vous, vous êtes mobilisés."
00:15:04 Donc c'est des détails auxquels on pense pas.
00:15:07 -Pour les transports, comment se passent les négociations ?
00:15:11 Il y a le in et le off, on fait peur avec le...
00:15:14 -Non, mais il y a deux choses.
00:15:15 -En coulisses, on négocie ?
00:15:17 -Déjà, à la SNCF, il y a un problème chronique de recrutement,
00:15:21 à la RATP aussi, donc il y a des métiers
00:15:23 qui deviennent assez compliqués,
00:15:25 étant donné l'évolution de la société,
00:15:28 il y a des métiers qu'on veut plus faire,
00:15:30 c'est-à-dire conduire le week-end, le dimanche,
00:15:33 pendant les vacances, avec des amplitudes importantes,
00:15:36 maintenir les trains, c'est la nuit que ça se fait,
00:15:39 donc il y a un problème de recrutement,
00:15:42 et les cheminots, les syndicats, alertent depuis longtemps,
00:15:45 en disant qu'on a un problème récurrent de manque d'effectifs,
00:15:48 et en plus, on va avoir les JO.
00:15:50 Les JO, on sera sous le regard du monde entier,
00:15:54 donc si on se loupe, enfin, on vous avait annoncé
00:15:57 depuis longtemps, maintenant, on arrive à trois mois,
00:16:00 et qu'est-ce que vous faites ?
00:16:01 D'un côté, le président de la SNCF,
00:16:03 il est dans une situation impossible,
00:16:06 parce qu'on lui dit, si t'as pas prévu
00:16:08 assez de conducteurs, assez de mainteneurs,
00:16:11 assez de... etc., c'est toi qui seras responsable,
00:16:14 et donc tu sautes. Et de l'autre côté,
00:16:16 on lui dit, si jamais tu passes des accords sociaux
00:16:19 et que tu lâches trop, tu sautes et tu seras...
00:16:21 -Oui, c'est loose-loose, perdant-perdant.
00:16:24 -Il y a aussi un autre paradoxe,
00:16:26 c'est qu'on discute sur les risques de rêve,
00:16:29 l'épée de Damoclès que les syndicats mettent,
00:16:32 et donc on s'offuse que de ça.
00:16:33 Et en même temps, on a un patron de la SNCF,
00:16:36 qui négocie un accord avec les 4 syndicats.
00:16:39 -On va y venir dans un deuxième temps, précisément.
00:16:42 -Non, non, c'est pas bien.
00:16:43 La réforme des retraites a fonctionné,
00:16:46 mais c'est pas bien, il faut que tu...
00:16:48 -Restons un instant sur les primes.
00:16:50 On a préparé un sujet spécifique sur cet accord SNCF-retraite.
00:16:54 Gérald Darmanin a commencé, lui, peut-être un peu vite, non ?
00:16:57 1900 euros pour les policiers, ça, ça a déjà plusieurs semaines.
00:17:01 Est-ce que dans la méthode, il n'y a pas une erreur
00:17:04 de recouvrir les vannes dès le départ ?
00:17:06 Tout le monde veut une prime équivalente dans son secteur.
00:17:10 -Je ne pense pas que ce soit le cas.
00:17:12 Je pense que vraiment, il faut regarder, secteur par secteur,
00:17:15 profession par profession, ce que ces JO vont impliquer.
00:17:18 Et je pense qu'il n'y a aucun doute sur le fait que,
00:17:21 pour les forces de l'ordre, surtout dans le contexte géopolitique
00:17:25 actuel, avec autant de personnes qui vont venir à Paris,
00:17:28 il y aura une pression supplémentaire,
00:17:31 des horaires supplémentaires.
00:17:33 Je ne pense pas que ce soit trop tôt ou trop tard.
00:17:35 Plus on est en amont, plus on se met autour de la table tôt,
00:17:39 plus on évite la cristallisation, la polarisation.
00:17:41 -C'est suffisamment tôt ? -En tout cas,
00:17:44 soit c'est trop tôt, soit c'est trop tard,
00:17:46 il y aura toujours des gens pour vous dire l'un ou l'autre.
00:17:49 Mais de prendre secteur par secteur, métier par métier,
00:17:53 ministère par ministère, et de trouver des solutions
00:17:56 qui soient acceptables par les différents syndicats,
00:17:59 c'est l'objectif qu'on devrait tous se fixer.
00:18:02 -On va atterrir, même si ça coûte cher.
00:18:04 -Dans les prochaines semaines, on va y arriver.
00:18:07 Il faut qu'on y arrive, c'est notre image collective.
00:18:10 Je ne dis pas que tout va pour le mieux,
00:18:12 mais c'est normal qu'il y ait des crispations,
00:18:15 et c'est important de les anticiper.
00:18:17 -B.Ammar. -Oui, moi, j'entends ce que vous dites
00:18:20 et je l'apprécie, mais tout le monde,
00:18:22 au sein de la Macronie, n'est pas sur ce même registre.
00:18:25 Vous avez passé, M. Guérini, en disant,
00:18:28 effectivement, en expliquant dans le récap,
00:18:31 qu'il n'avait pas eu de flair,
00:18:33 mais il a eu surtout des propos incendiaires.
00:18:36 Il y a quelques semaines, il expliquait
00:18:38 qu'il trouvait que c'était le moment
00:18:40 pour évoquer le licenciement des fonctionnaires.
00:18:43 Avec ce genre de déclaration à l'emporte-pièce,
00:18:45 on est en train d'agiter le bocal, pas très finement,
00:18:48 mais je suis tout à fait d'accord,
00:18:51 je plussois dans ce que vous expliquiez tout à l'heure.
00:18:55 C'est-à-dire qu'il faudrait savoir.
00:18:57 Soit on a un gouvernement et une majorité
00:18:59 qui nous chantent depuis 2017 que ce qui compte,
00:19:02 c'est le dialogue social,
00:19:03 et lorsque M. Farandou joue la carte du dialogue social,
00:19:07 rappelons que l'accord est signé par tout le monde.
00:19:09 -Vous allez venir, restons à l'instant
00:19:12 sur les négociations catégorielles.
00:19:14 -C'est le dialogue social avec, sur le dos des salariés,
00:19:17 pour le recul social.
00:19:18 -M. Le Maire, vous représentez les Républicains.
00:19:21 On l'entend, cette petite musique, ancienne,
00:19:24 la CRV Marseille, le sénateur UDI,
00:19:26 qui dit qu'il faut limiter, tout simplement,
00:19:29 ce droit de grève, parce qu'il y a la liberté de circuler,
00:19:32 d'aller au travail, et ça fait partie
00:19:34 des grandes libertés à garantir dans nos droits.
00:19:37 Il y a aussi Xavier Bertrand,
00:19:39 qui reparle d'un droit de grève encadré
00:19:42 pendant les vacances, scolaires, les jours fériés,
00:19:45 pendant les grands événements sportifs.
00:19:47 Vous dites que c'est le moment ?
00:19:49 -Je pense que ce que dit Hervé Marseille,
00:19:52 c'est notamment sur les grands événements sportifs
00:19:54 et parce qu'il y a eu la problématique
00:19:57 de la grève pendant les Jeux olympiques.
00:19:59 On le sait, les Jeux olympiques,
00:20:01 je l'ai dit, 10 tonnes de déchets amoncelées dans les rues,
00:20:04 avec deux fois plus de rats à Paris que d'habitants,
00:20:07 vous avez un risque sanitaire, de santé publique.
00:20:10 Il y a un moment où on doit, et on l'avait dit, d'ailleurs,
00:20:13 où on avait appelé, finalement, le préfet,
00:20:16 vous vous souvenez, en mars 2023, avait fini par agir
00:20:19 pour justement retirer ces déchets
00:20:21 dans cet objectif-là.
00:20:23 Et donc, si vous voulez, le problème,
00:20:25 quand vous ne posez pas de limite,
00:20:27 c'est que finalement, on peut avoir des menaces à la grève
00:20:30 jusqu'à la veille des Jeux olympiques,
00:20:33 et donc, finalement, ça remet en cause peut-être
00:20:35 la venue de certains touristes,
00:20:37 parce qu'on le sait, Paris n'est pas une destination facile.
00:20:41 On a eu les grèves qui ont donné une image à l'international
00:20:44 l'année dernière qui n'était pas la meilleure pour Paris,
00:20:47 on a eu les émeutes, et on voit bien que,
00:20:49 quand on voit les logements Airbnb,
00:20:51 où on s'imaginait que ça allait être la cohue sur Paris,
00:20:55 il y a aussi une réticence par rapport à toutes ces menaces,
00:20:58 je dirais, qui sont liées aussi à cette possibilité de grève,
00:21:02 et donc, moi, ça me paraît normal que, sur la période des Jeux,
00:21:05 on garantisse que ça se passe bien.
00:21:07 -Un service minimum garanti. -Les fiches de chantage
00:21:10 s'arrêtent. -Je vous redonne la parole,
00:21:12 mais j'aimerais votre sentiment, parce que c'est vrai
00:21:15 qu'il y a des endroits de chez nos voisins
00:21:17 où le droit de grève est très encadré,
00:21:20 et il n'y a pas ce moment de ferveur.
00:21:22 On s'attendait, ça y est, là, on y est quasi.
00:21:25 -Ca vous surprend ? -Non, parce qu'on est
00:21:27 dans un contexte tant interne qu'international
00:21:29 extrêmement difficile, nourri de nombreuses menaces.
00:21:32 Je rappelle que, là, quand même, on évoque la grève
00:21:35 dans des services publics, des services publics
00:21:38 que la crise du Covid avait permis, peut-être,
00:21:40 de remettre au devant de la scène,
00:21:42 et pour lesquels on était censé faire beaucoup,
00:21:45 pour prendre en compte la difficulté
00:21:47 de cette population, qui est, en général, en sous-nombre,
00:21:51 moins bien payée,
00:21:53 et qui est la République, en réalité,
00:21:56 la manifestation de la République et de l'Etat-providence.
00:21:59 Donc, je dirais que la dégradation d'un climat social,
00:22:03 l'usage du droit de grève,
00:22:04 juste avant une cérémonie ou des épreuves sportives
00:22:07 comme les JO, en fait, reflète l'état des tensions
00:22:10 dans la société. Vous voulez en avoir moins,
00:22:13 vous le préparez en amont.
00:22:14 La France est de tradition plus confrontationnelle
00:22:17 que nos voisins allemands,
00:22:19 donc c'est comme ça qu'on négocie,
00:22:21 c'est le but de la négociation, mais il faut s'y prendre.
00:22:23 Effectivement, c'est un bras de fer,
00:22:25 mais c'est comme ça que les droits progressent.
00:22:28 Je pense que les limiter, en raison d'une cérémonie sportive,
00:22:33 ça ouvre la porte à d'autres limitations
00:22:37 qui viendront rogner le droit de grève,
00:22:39 et à défaut de complètement changer le système,
00:22:42 on se retrouvera avec l'autorisation de faire grève
00:22:44 dans des moments où on n'a plus eu la possibilité
00:22:47 de peser sur la négociation.
00:22:49 -C'est le pseudo grève ? -Sans compter
00:22:51 qu'il y aura d'autres menaces, et peut-être on en parlera.
00:22:54 -Et qui délègerait, par ailleurs, que les agents
00:22:57 des forces de l'ordre fassent peut-être moins de zèle
00:23:00 ou la grève du zèle, parce qu'ils sont mis
00:23:03 à contribution depuis plus de dix ans,
00:23:05 et s'ils détournaient le regard au moment
00:23:08 où les menaces sont plus fortes,
00:23:10 alors que nous allons encourager tous nos citoyens
00:23:13 à profiter de l'état des jeux,
00:23:15 c'est-à-dire à ne pas faire attention aux menaces,
00:23:18 est-ce qu'on serait d'accord pour que nos policiers
00:23:21 soient moins ailés ? -Marc Fresseau,
00:23:23 c'est vrai que ces débats récurrents
00:23:25 sur le droit de grève, les limites à poser,
00:23:28 vacances, événements sportifs, ressurgissent,
00:23:31 de toute façon, c'est pratiquement
00:23:33 politiquement impossible. -Et puis c'est absurde.
00:23:36 Les grands événements sont toujours prétextes
00:23:38 à renier des libertés, la liberté de circuler,
00:23:41 là, on va l'expérimenter,
00:23:43 autour des zones...
00:23:45 Autour des zones où se passent les JO,
00:23:47 enfin, certaines épreuves.
00:23:49 On veut limiter le droit de grève sous prétexte
00:23:52 qu'il y a des grands événements
00:23:54 et qu'on n'a pas su les gérer avant,
00:23:56 donc il y a cette idée un peu surréaliste.
00:23:58 Mais non, ce que je voulais dire par rapport aux JO,
00:24:01 ce phénomène de revendication est alimenté
00:24:04 par le fait que l'esprit olympique,
00:24:06 c'est bien gentil, mais ce n'est pas que l'esprit de Coubertin,
00:24:09 c'est quand même un grand événement commercial
00:24:12 qui va brasser énormément d'argent.
00:24:14 On dit aux gens qui sont dans les services publics
00:24:17 "Venez travailler, ne partez pas en vacances, faites ça",
00:24:20 et oui, on leur dit "Oui, mais moi, qu'est-ce que je fais ?
00:24:23 "Je peux pas..." Voilà.
00:24:24 Et l'autre chose, on se dit "Mais des événements comme ça,
00:24:28 "pourquoi on ne donnerait pas une place
00:24:30 "aux gens qui participent ?"
00:24:32 -On ne va pas rouvrir le débat de la cérémonie d'ouverture,
00:24:35 parce qu'il a été hautement négocié.
00:24:37 -Je ne suis pas un match, un truc, une épreuve sportive.
00:24:40 -Alors, on va parler, et ce sera l'occasion
00:24:43 d'un dernier tour de table, de cet accord SNCF,
00:24:46 vous commenciez d'ailleurs largement à amorcer ce débat.
00:24:49 La SNCF, entreprise détenue à 100 % par l'Etat,
00:24:52 a accepté de revenir sur la réforme des retraites
00:24:55 pour les cheminots, d'ailleurs, la pression,
00:24:57 d'une certaine façon, par la grève à payer.
00:25:00 Ils pourront partir, deux ans avant le nouvel âge légal,
00:25:03 avec 75 % de leur salaire,
00:25:05 explication d'Ario Borgogno.
00:25:07 Musique de tension
00:25:09 ...
00:25:12 Pas de grève de cheminots pour bloquer les ponts du mois de mai.
00:25:15 La direction de la SNCF peut souffler,
00:25:18 mais à quel prix ?
00:25:19 Celui d'un accord négocié avec les syndicats
00:25:22 sur un aménagement des fins de carrière de ses salariés.
00:25:25 Résultat, dès le 1er janvier 2025,
00:25:28 les agents de la SNCF auront l'option de partir à la retraite,
00:25:32 18 mois avant l'âge légal, avec 75 % de leur salaire,
00:25:36 pour ceux ayant occupé des postes à la pénibilité avérée.
00:25:40 Un accord dont le PDG, Jean-Pierre Farandou, s'est félicité.
00:25:44 -Je tiens à souligner le sens des responsabilités
00:25:47 des partenaires sociaux, qui, grâce à un dialogue constructif
00:25:50 lors de nos nombreux échanges, ont su saisir le compromis proposé
00:25:54 dans l'intérêt de tous.
00:25:55 Cet accord prouve la capacité de la SNCF
00:25:58 à nourrir un dialogue social équilibré.
00:26:00 -Cet accord contourne la réforme des retraites,
00:26:03 adoptée par 49-3 l'année dernière,
00:26:05 après une longue bataille pour le gouvernement.
00:26:08 C'est pour les élus de la majorité présidentielle à l'Assemblée.
00:26:12 -De quel droit une entreprise publique
00:26:14 permet-elle à ses employés de s'exonérer d'une réforme
00:26:17 qui s'applique à tous les Français ?
00:26:19 L'Etat a repris à son compte la dette de la SNCF,
00:26:22 à hauteur de 35 milliards d'euros entre 2020 et 2021,
00:26:25 qu'il verse chaque année des milliards
00:26:27 pour financer le régime des retraites de la SNCF.
00:26:30 Cet accord sonne comme un camouflet terrible
00:26:33 pour tous les Français qui financent cette entreprise.
00:26:36 Le ministre de l'Economie est agacé par ces négociations.
00:26:39 -J'ai en partie, avec d'autres, la tutelle de la SNCF,
00:26:43 notamment la tutelle financière.
00:26:45 Un accord est signé qui engage les équilibres
00:26:48 de la réforme des retraites, les équilibres financiers de la SNCF.
00:26:51 Je n'ai pas été averti.
00:26:53 J'ai donc convoqué le président-directeur général
00:26:56 de la SNCF pour qu'il me rende des comptes sur cet accord.
00:26:59 -Le PDG sera aussi entendu le 7 mai au Sénat,
00:27:01 où les sénateurs de la droite prévoient de le questionner
00:27:05 pour l'accord qu'ils jugent catastrophique.
00:27:07 -Et Léonore Carrois, un ministre de tutelle,
00:27:11 Bruno Le Maire, mis devant le fait accompli,
00:27:14 manifestement très en colère,
00:27:15 qui va demander des comptes à Jean-Pierre Farandou,
00:27:18 il est inacceptable ?
00:27:20 -Il va falloir voir ce qu'il contient.
00:27:22 On en saura plus après cette discussion.
00:27:24 -On a compris. -Surtout, combien il va coûter ?
00:27:27 -Il va permettre d'exempter de 2 ans, 18 mois,
00:27:29 les cheminots, en départ à la retraite.
00:27:32 -Ce qu'il faut, je pense, rappeler,
00:27:34 c'est que depuis le pacte ferroviaire de 2018
00:27:37 et puis ensuite depuis 2020,
00:27:39 la SNCF est une société anonyme.
00:27:42 Même si elle est entièrement détenue par l'Etat,
00:27:44 c'est très important de le rappeler,
00:27:47 dans sa prise de décision, dans son fonctionnement,
00:27:49 elle fonctionne comme une société.
00:27:51 La direction est arrivée à un accord
00:27:53 avec les quatre principaux syndicats.
00:27:56 Cet accord, nous a-t-on dit, ne coûtera pas un centime
00:27:59 aux contribuables français,
00:28:01 qui sont financés par les bénéfices de la SNCF.
00:28:03 Maintenant, c'est tout à fait normal
00:28:05 que le ministre de l'Economie, en tant qu'actionnaire,
00:28:08 en quelque sorte, demande des comptes...
00:28:11 -Vous comprenez que ceux qui nous regardent
00:28:13 se disent que vous, dans l'hémicycle,
00:28:15 vous avez dit qu'il faut travailler plus longtemps,
00:28:18 financer notre modèle social,
00:28:20 et on ne peut pas faire autrement.
00:28:22 Vous trouvez normal qu'on puisse dire que les cheminots,
00:28:25 ce sera différent ? -Il faut regarder
00:28:27 de quoi on parle avant de jeter de l'huile sur le feu.
00:28:31 C'est cela de ce que je comprends.
00:28:33 -C'est le ministre lui-même de votre gouvernement.
00:28:35 -Non, je ne parle pas du ministre.
00:28:37 Le ministre a tout à fait raison d'être étonné.
00:28:40 Il doit, évidemment, être informé.
00:28:42 Comme un actionnaire dans une société,
00:28:44 il doit comprendre ce que cette décision va impliquer.
00:28:48 Il est, évidemment, complètement dans son rôle.
00:28:50 En revanche, ce qu'il faut voir,
00:28:52 c'est que cet accord ne s'applique pas à tout le monde,
00:28:55 mais à trois catégories,
00:28:57 qui sont touchées par des critères de pénibilité,
00:29:00 qui, d'ailleurs, nous dit-on du côté de la SNCF,
00:29:02 ne coûtera pas un centime aux contribuables.
00:29:05 Il faut le vérifier.
00:29:06 Si c'est avéré, on est aussi dans la gestion par une entreprise.
00:29:10 Comme on disait dans ce plateau,
00:29:11 on veut du dialogue social.
00:29:13 Assurons-nous que ça ne coûte rien aux contribuables.
00:29:16 Si c'est le cas, laissons que les discussions avancent.
00:29:19 -Néle Garnier. Il est dans une position...
00:29:22 C'est vrai, c'était intéressant, ce que disait Marc Fresseuse,
00:29:25 d'équilibriste, un peu impossible, Jean-Pierre Farandou.
00:29:29 Il parle de transports pendant les JO,
00:29:31 les trains, et en même temps,
00:29:33 on lui dit cet accord inacceptable,
00:29:35 ces deux poids, deux mesures.
00:29:37 -Moi, je pense que les régimes d'exception
00:29:39 sont mal vécus par les Français,
00:29:41 parce qu'ils ont l'impression qu'il y a des corps
00:29:44 qui sont à même de défendre leurs privilèges
00:29:46 et qu'il y a une rupture d'égalité.
00:29:48 Quand je disais, finalement, les Jeux Olympiques,
00:29:51 c'est un effort pour tous les Parisiens,
00:29:54 pour tous les habitants d'Ile-de-France,
00:29:56 pour tous les professionnels qui ne sont pas des agents
00:29:59 des services publics à qui on a demandé de travailler cet été
00:30:02 et qui, eux aussi, doivent poser leurs vacances
00:30:05 en ce moment sur les ponts de Mai,
00:30:07 et c'est eux qu'on va pénaliser, et c'est eux qui n'auront pas
00:30:10 de primes, parce qu'ils ne sont pas dans ces corps
00:30:13 qui sont toujours en train de se défendre.
00:30:16 Je pense qu'à un moment, il y a aussi cette responsabilité
00:30:19 de ne pas maintenir des privilèges et de pouvoir envoyer...
00:30:22 -Il est lâché, ce mot.
00:30:24 -Les cheminots sont des bords dédiés.
00:30:26 -B.Mamah, on croyait que les régimes spéciaux,
00:30:29 c'était fini avec la réforme des retraites.
00:30:31 On en retricote d'une certaine façon.
00:30:33 -Avec les libéraux, on est toujours le privilégié de quelqu'un.
00:30:37 Un jour, c'est les secteurs de l'aérien,
00:30:39 l'autre, les agents de maintenance dans les raffineries.
00:30:42 Les cheminots, c'est une cible particulière,
00:30:45 mais moi, je pense qu'on a un problème de mémoire.
00:30:48 On ne se souvient pas de la manière
00:30:50 dont le débat sur les retraites a été mené,
00:30:52 le gouvernement a tout fait pour fagociter le débat,
00:30:55 pour éviter un débat en bonne et due forme.
00:30:57 49-3, 44-3, 47-1,
00:31:00 article 38 du CEDAQ... -Il a eu lieu, le débat,
00:31:02 au moins dans la société. -Non, je ne laisserai pas dire ça.
00:31:06 -Pas au Parlement, je comprends l'argument.
00:31:08 -Les lois se votent au Parlement, pas dans la société.
00:31:11 On n'a pas de débat, ça passe au forceps,
00:31:13 et ensuite, on a M.Lemeyer, qui joue les vestales outragés,
00:31:17 et qui nous dit comment ça, c'est pas possible.
00:31:20 Je pense que, derrière, on a, effectivement,
00:31:22 et je le dis, on comprend donc
00:31:24 que le dialogue social chez Bruno Le Maire,
00:31:27 c'est un dialogue social sur le don des salariés.
00:31:30 -Vous connaissez bien les négociations syndicales à la CGT,
00:31:33 il ne va pas bouger, cet accord ?
00:31:35 Farandou va venir à Bercy ? -On verra bien.
00:31:37 -Il a les moyens d'y toucher, le ministre ?
00:31:40 -On verra bien ce que M. Le Maire voudra bien faire,
00:31:43 mais rappelons quand même que c'est très important,
00:31:46 cette attitude de Bruno Le Maire.
00:31:48 Il dit que, en permanence, vis-à-vis des acteurs économiques,
00:31:51 le gouvernement ne peut rien faire,
00:31:53 même quand l'Etat est actionnaire principal
00:31:56 ou majoritaire d'une entreprise,
00:31:58 il a parlé de Stellantis et de Renault qui délocalisent.
00:32:01 Il faut que Stellantis et Renault fassent attention
00:32:04 à leurs sous-traitants, et sinon, qu'est-ce qui se passe ?
00:32:07 Il ne se passe rien.
00:32:09 -On reste pour terminer concentré sur la question de cet accord.
00:32:12 Le mot de la fin, Marc Fresos ?
00:32:14 -C'est que la SNCF a changé.
00:32:16 -Qu'est-ce qui va se passer ? -Qu'est-ce qui va se passer ?
00:32:19 Je pense que tout va rouler,
00:32:21 parce que les cheminots iront travailler,
00:32:24 mais que, sans doute, il y aura des problèmes,
00:32:26 parce qu'il n'y aura pas assez de personnel, de maintenance.
00:32:30 On connaît l'état du réseau francilien.
00:32:32 C'est un peu la...
00:32:34 -Et pour Jean-Pierre Farandou ?
00:32:36 -Pour Jean-Pierre Farandou... -Le maire Farandou ?
00:32:39 -Ce serait contre-productif de le remercier avant les JO.
00:32:42 De toute façon, son mandat se termine plus ou moins,
00:32:46 donc la question, c'est de savoir si il va être reconduit
00:32:49 ou si c'est Jean Castex qui va être nommé.
00:32:51 -Qui va passer de la RATP à la SNCF.
00:32:53 -Il adore le travail.
00:32:55 -Voilà, un nouveau débat qui va se poursuivre.
00:32:58 Merci beaucoup. On s'arrête là.
00:33:00 Merci d'être venu sur le plateau de LCP.
00:33:02 Vous restez avec moi, Elsa Vidal.
00:33:04 Dans une dizaine de minutes, les partis pris de nos affranchis.
00:33:08 Ce soir, Gauze revient sur un paradoxe.
00:33:10 L'Europe joue sa survie, mais les Français regardent ailleurs.
00:33:14 La question permanente sera dans le parti pris de Pierre-Henri Tavoyau
00:33:17 sur les blocages récents à Sciences Po.
00:33:20 Et le menu de Bourbon Express, Elsa Mondingava ?
00:33:22 -Je vous parle de Judith Godrej, présente à l'Assemblée
00:33:26 pour la création de la commission d'enquête
00:33:28 sur les violences sexuelles.
00:33:30 -A tout de suite, les amis.
00:33:31 Mais d'abord, la fascination russe avec vous, Elsa Vidal.
00:33:35 C'est le titre de votre livre, chez Robert Laffont.
00:33:39 On ne peut pas comprendre pourquoi la France a pris tant de temps
00:33:43 à ouvrir les yeux sur Poutine si on ne comprend pas
00:33:45 comment nos élites, nos dirigeants, nos intellectuels,
00:33:49 nos artistes, aussi, ont une forme de fascination,
00:33:52 ont nourri une complaisance envers la Russie.
00:33:55 Alors sommes-nous enfin réveillés ?
00:33:57 L'invitation de Marco Pommier, interview juste après.
00:34:00 -Si on vous invite, Elsa Vidal,
00:34:07 c'est pour nous parler des relations franco-russes
00:34:10 tumultueuses et ambiguës.
00:34:12 30 années de complaisance, dites-vous,
00:34:14 d'aveuglement, d'illusion, jusqu'à l'éclatement.
00:34:17 L'invasion de l'Ukraine par les troupes du maître du Kremlin.
00:34:21 -J'ai pris la décision d'une opération militaire.
00:34:25 -Qui mieux que vous, Elsa Vidal, pour nous arracher
00:34:28 à notre vision malsaine de Moscou ?
00:34:30 Ce sont vos mots, vous, qui vous êtes immergée
00:34:33 très tôt dans la société russe
00:34:35 pour comprendre le point de vue soviétique.
00:34:37 Journaliste, responsable de la rédaction russe de RFI,
00:34:42 dans votre nouveau livre, vous brossez un portrait
00:34:45 tout sauf tendre de la diplomatie française,
00:34:47 de Jacques Chirac, l'amoureux de la Russie,
00:34:50 à Nicolas Sarkozy, le candidat anti-Poutine,
00:34:54 puis président pro-russe.
00:34:55 -La France veut être un partenaire privilégié de la Russie.
00:34:59 J'ai senti la même volonté de la part de nos amis russes.
00:35:04 -Seule exception à cette fascination russe, d'après vous,
00:35:07 François Hollande.
00:35:08 Alors, comment expliquer les erreurs de jugement
00:35:11 des élites françaises ?
00:35:12 D'abord, vous pointez du doigt notre anti-américanisme,
00:35:16 notre culte de l'homme fort et du pouvoir vertical,
00:35:19 notre nostalgie aussi de la grandeur perdue de la France,
00:35:23 sans oublier nos illusions, celles d'une grande Russie
00:35:26 gardienne des valeurs chrétiennes et traditionnelles.
00:35:29 Un aveuglement peut être révolu.
00:35:31 Aujourd'hui, le chef de l'Etat souhaite sans ambiguïté
00:35:34 la victoire de l'Ukraine, Emmanuel Macron,
00:35:37 ou le grand écart, lui qui appelait au début
00:35:39 de l'invasion de l'Ukraine à ne pas humilier la Russie,
00:35:42 tentant de jouer les médiateurs
00:35:44 en multipliant les appels aux maîtres du Kremlin.
00:35:47 Le ton a bien changé.
00:35:49 -Rien ne doit être exclu.
00:35:51 -Ce jeudi, le président met en garde Vladimir Poutine
00:35:54 d'un envoi de troupes au sol.
00:35:56 -Si les Russes devaient aller percer les lignes de front,
00:35:59 s'il y avait une demande ukrainienne,
00:36:01 ce qui n'est pas le cas,
00:36:02 on devrait légitimement se poser la question.
00:36:05 -Mais l'ambiguïté stratégique voulue par Emmanuel Macron
00:36:09 suffira-t-elle ? Malgré les intentions,
00:36:11 malgré les centaines de milliards d'euros
00:36:13 débloqués par les Etats-Unis ou l'Union européenne,
00:36:16 les Russes gagnent du terrain à l'est de l'Ukraine.
00:36:19 Ce soir, nous avons une question pour vous.
00:36:21 L'Ukraine peut-elle encore gagner cette guerre ?
00:36:24 -Réponse.
00:36:25 -Personne ne le sait.
00:36:27 Tout le monde est dépendant de ce qui va se jouer
00:36:30 sur le terrain militaire.
00:36:31 Sur le terrain militaire, pour l'instant,
00:36:34 les choses sont mal engagées du fait que nous n'avons
00:36:37 collectivement, nous, les alliés de l'Ukraine,
00:36:39 pas fait ce qu'il fallait pour que l'aide
00:36:42 à laquelle nous nous étions engagés soit livrée à temps.
00:36:45 Les Ukrainiens, de leur côté,
00:36:47 font preuve d'une grande ingéniosité,
00:36:49 créativité, d'une très grande détermination,
00:36:52 mais personne ne peut prévoir à l'heure actuelle
00:36:54 l'issue de cette guerre. -Si les Russes gagnaient,
00:36:57 en tout cas, ne perdaient pas cette guerre
00:37:00 et annexaient une grande partie du Donbass à l'est de l'Ukraine,
00:37:03 est-ce que c'est la sécurité entière de l'Europe
00:37:06 qui serait menacée ? -Aujourd'hui,
00:37:08 je le crois, au sens où je pense qu'il s'est véritablement passé
00:37:11 une révolution ou une inflexion significative
00:37:14 dans l'esprit de Vladimir Poutine et de quelques hommes
00:37:17 qui le conseillent autour de lui, notamment pendant la période
00:37:20 du Covid. Je pense aussi que cette agressivité
00:37:23 ou cette assertivité, au départ, renforcée de la Russie
00:37:26 sur la scène internationale, vient de loin,
00:37:29 mais que depuis le début de l'invasion à grande échelle,
00:37:33 telle qu'on l'appelle en russe, notamment, de l'Ukraine,
00:37:36 il y a une volonté désormais de confrontation
00:37:40 qui va, au-delà de l'Ukraine, renforcer
00:37:43 depuis notre aide,
00:37:45 notre aide constante et abondante,
00:37:47 et même si nous étions encore tentés
00:37:50 par une position de compromis
00:37:52 semblable à celle que nous avons menée
00:37:54 depuis une trentaine d'années, je ne crois pas
00:37:57 que les élites russes au pouvoir à l'heure actuelle
00:38:00 en soient preneuses,
00:38:03 en tout cas sincèrement.
00:38:05 -Alors, on va, avant de revenir à l'actualité du conflit,
00:38:08 parler des élections européennes qui arrivent dans un mois,
00:38:11 revenir sur ce mot de fascination.
00:38:13 C'est le titre de votre livre.
00:38:15 "Fascination", ça veut dire "séduction irrésistible",
00:38:18 "attrait irrésistible". Pourquoi vous l'avez choisi ?
00:38:21 -Parce qu'il y a, dans cette...
00:38:24 Cette position par défaut de la France,
00:38:27 et quand je dis de la France, en réalité,
00:38:29 c'est des décideurs ou des élus français
00:38:32 vis-à-vis de ce qu'ils pensent être la Russie,
00:38:35 un effet de miroir qui dissimule la réalité russe.
00:38:40 Les décisions, et je parle de fascination,
00:38:43 parce qu'on évoque dans ce rapport un fantasme,
00:38:46 une Russie fatale, un peu comme une femme fatale,
00:38:49 faite d'attributs absolument incroyables et exceptionnels,
00:38:53 qui n'a que très peu de choses en commun
00:38:55 avec la Russie véritable,
00:38:57 avec les Russes aussi qui la peuplent,
00:39:00 et qui est promue et véhiculée à dessein
00:39:03 par les autorités russes, parce qu'elles lui profitent,
00:39:06 et par des décideurs français,
00:39:08 car c'est la seule chose qu'ils connaissent de la Russie.
00:39:11 C'est peut-être le malheur de la vie internationale,
00:39:14 mais les hommes politiques qui prennent les décisions
00:39:17 pour nos collectivités ne sont pas des praticiens
00:39:20 de la politique internationale, ils ont des expériences valables,
00:39:23 mais ce ne sont pas les spécialistes de la Russie
00:39:27 qui, par exemple, ont conseillé longtemps
00:39:29 le président Macron sur la Russie.
00:39:31 -Donc cette cécité, cette complaisance,
00:39:33 elle vient vraiment de connaissances,
00:39:36 voire d'expériences sur la Russie, les Russes,
00:39:38 les autorités russes.
00:39:40 -Oui, d'une part, mais aussi,
00:39:42 elle est facilitée par une attitude,
00:39:44 encore une fois, par défaut,
00:39:46 par un fantasme,
00:39:48 une perméabilité à ce que nous pensons être la Russie.
00:39:53 -La grandeur de l'Empire.
00:39:55 -La grandeur, la nostalgie, la grandeur,
00:39:57 la culture et la brutalité en même temps.
00:40:00 Quelque chose qui serait à mi-chemin
00:40:02 entre ce que la civilisation a à offrir de mieux
00:40:05 et ce que la barbarie asiatique a à offrir de plus puissant,
00:40:08 quelque chose comme ça, qui est très savamment entretenu.
00:40:11 -Il y a aussi, vous le dites,
00:40:13 il faut partir de la près-Seconde Guerre mondiale,
00:40:16 de la Guerre froide, pour bien saisir
00:40:18 comment nos dirigeants ont toujours reproduit
00:40:21 la même politique vis-à-vis de Moscou.
00:40:24 -L'ombre projetée du général de Gaulle.
00:40:26 Vous dites qu'on lui a fait dire un peu tout et l'inverse.
00:40:29 -Absolument. -On a déformé sa vision.
00:40:31 Il n'était pas si pro-russe et pas si anti-américain.
00:40:34 -Il y a énormément de choses à dire sur l'héritage
00:40:37 du général de Gaulle. Je me suis rendue compte,
00:40:40 à l'occasion de l'écriture de ce livre,
00:40:42 à quel point on avait couturé, c'est-à-dire découpé, couturé
00:40:46 et recréé un général de Gaulle pour parler de la Russie,
00:40:49 qui n'avait rien à voir avec la variété de ses positions.
00:40:53 C'était quand même un homme politique
00:40:55 qui a une carrière extrêmement longue
00:40:57 et les menaces pesées par ce que nous appelons aujourd'hui
00:41:00 la Russie, mais qui était essentiellement
00:41:03 l'Union soviétique à l'époque du général de Gaulle,
00:41:06 ont varié dans le temps.
00:41:07 Mais quand il s'est agi de confrontation militaire,
00:41:10 et c'est dans cette situation que nous nous trouvons,
00:41:13 le général de Gaulle a fait face de manière extrêmement ferme
00:41:17 face à l'impérialisme soviétique et il a pris,
00:41:19 sans coup férir, le parti de l'Alliance.
00:41:22 Ce qui n'exclut pas, par ailleurs, qu'il ait pu retirer la France
00:41:25 du commandement intégré de l'OTAN en 1966,
00:41:28 le pari de l'Alliance otanienne,
00:41:30 et ce qui n'exclut pas non plus qu'il ait eu
00:41:32 un penchant prorusse très fort,
00:41:34 mais la Russie à laquelle il se sentait attaché
00:41:37 n'était pas le régime bolchévique.
00:41:39 L'homme de Gaulle pensait qu'il existait véritablement
00:41:43 des natures, la nature de la Russie,
00:41:46 la nature de la France, que les régimes étaient mortels
00:41:50 et qu'à un moment, la Russie chrétienne,
00:41:53 la Russie chrétienne, puisqu'il croyait à cela,
00:41:56 ressurgirait sur la scène politique.
00:41:58 Donc, fort de tout cela et de son expérience,
00:42:01 il a aussi bénéficié de l'appui des Soviétiques
00:42:03 pour se faire reconnaître comme le chef incontesté
00:42:06 de la France libre pendant la Seconde Guerre mondiale,
00:42:09 ce qui explique qu'il ait pu voir dans l'Union soviétique
00:42:12 un moyen de sa politique.
00:42:14 C'est le choix qu'il a fait dans les années 60,
00:42:16 d'aller chercher une forme d'ouverture du dialogue
00:42:19 pour contrebalancer l'influence américaine,
00:42:22 qui, à l'époque, était très forte.
00:42:24 On vit dans l'héritage de cette période,
00:42:26 et dans la période de Yalta, les zones d'influence,
00:42:29 qui ont l'air d'être normales,
00:42:31 ce qui signifie usage de la violence autorisé
00:42:34 sur des gouvernements souverains.
00:42:36 Cet héritage n'est pas questionné.
00:42:38 Il est porté par des gens,
00:42:39 des spécialistes des relations internationales
00:42:42 ou des anciens ministres, qui sont nés à cette période,
00:42:45 qui ont illustré le mieux cette période,
00:42:48 et qui en sont encore aujourd'hui.
00:42:50 -C'est intéressant, parce que de Mitterrand à Jacques Chirac,
00:42:53 en passant par Nicolas Sarkozy, qu'on a cru au départ,
00:42:56 quand on a vu "En rupture avec la Géorgie",
00:42:59 c'est la fausse rupture, vous dites qu'ils ont tous reproduit,
00:43:02 à l'exception d'un, François Hollande,
00:43:04 parce qu'il a compris, mieux que les autres,
00:43:07 qu'il était vraiment Poutine, sa menace,
00:43:09 le danger qu'il représentait.
00:43:11 -On m'a fait reproche récemment d'avoir été trop indulgente
00:43:15 avec François Hollande et de lui avoir prêté
00:43:17 un peu plus aigu que les autres présidents.
00:43:20 Je pense réellement que François Hollande est arrivé
00:43:23 avec l'héritage du Parti socialiste et de la SFIO
00:43:25 vis-à-vis de l'Union soviétique et du communisme stalinien,
00:43:29 qui était finalement un héritage antitotalitaire,
00:43:32 et donc avec une défiance vis-à-vis de ceux
00:43:34 qui ont tendance à incarner
00:43:36 une manière autoritaire, un habitus autoritaire
00:43:39 de la politique.
00:43:40 Je pense que c'est essentiellement ça
00:43:42 qui a préservé François Hollande du charme, du cocktail,
00:43:46 du charme, du cocktail Poutine.
00:43:48 Après, sur la véritable question de la vente des Mistral,
00:43:51 il y a une conjonction,
00:43:52 il y a bien sûr une décision politique très opportune
00:43:55 qui est prise par François Hollande,
00:43:57 mais d'abord sous la pression des alliés de la France
00:44:01 et dans un contexte international extrêmement dégradé,
00:44:04 avec, bien sûr, l'entrée de la Russie
00:44:06 aux côtés de Bachar el-Assad en Syrie,
00:44:08 les bombardements,
00:44:10 et le précédent de la guerre géorgienne.
00:44:12 Bon, grande pression.
00:44:14 -La situation de terrain lui a permis
00:44:16 une clairvoyance que les autres n'ont pas vue.
00:44:18 Il n'a pas livré les fameux portes-hélicoptères Mistral
00:44:21 après l'élection de Lacrimer.
00:44:23 Je voudrais qu'on aille un peu plus vite
00:44:25 d'Emmanuel Macron.
00:44:27 Alors, lui, il a énormément évolué en deux ans de guerre.
00:44:30 Au début, il martelait qu'il ne fallait pas humilier la Russie,
00:44:33 lui, offrir des garanties de sécurité.
00:44:35 Aujourd'hui, il évoque la possibilité d'envoyer des troupes au sol.
00:44:39 Aujourd'hui, il dit si les lignes de front sont percées
00:44:42 et si Kiev nous le demande.
00:44:44 Mais les lignes de front, elles sont percées, non ?
00:44:47 -Alors, non, les lignes de front, elles reculent,
00:44:50 elles sont mouvantes, mais il n'y a pas d'effondrement
00:44:53 de la défense ukrainienne, donc pas de percées des troupes russes.
00:44:56 Elles avancent de 4 km2 par jour.
00:44:58 C'est très peu, mais néanmoins,
00:45:00 l'élan militaire, en ce moment,
00:45:02 est favorable à la Russie.
00:45:04 Cela est vrai.
00:45:05 -Et donc, quand il dit qu'il assume cette position,
00:45:08 quand il dit aussi que la dissuasion nucléaire
00:45:12 doit être portée, partagée par toute l'Europe,
00:45:15 protégée, l'arme nucléaire française protégera les 27,
00:45:18 il comprend, il sort de la fascination,
00:45:21 définitivement ? -Définitivement,
00:45:23 je ne saurais le dire, mais en tout cas,
00:45:25 il a fait un mouvement qui a arraché la position française
00:45:29 à cette orbite russe, et les réactions civiles
00:45:32 du côté des décideurs russes illustrent
00:45:34 qu'ils ont parfaitement compris, à Moscou,
00:45:37 la perte diplomatique de capital
00:45:39 qui s'en suit avec cette révolution.
00:45:41 Je pense qu'Emmanuel Macron fait véritablement
00:45:44 une révolution dans le positionnement traditionnel
00:45:47 des présidents français, et il le fait
00:45:49 au bénéfice d'une idée européenne,
00:45:52 et en redonnant toute leur place aux pays issus de l'exurse,
00:45:55 qui sont rentrés dans l'Union européenne.
00:45:58 On a fêté, il y a deux jours, seulement,
00:46:00 l'anniversaire de leur entrée, les 20 ans de leur entrée.
00:46:04 Enfin, ces pays vont retrouver, ou trouver,
00:46:07 le même niveau de priorité stratégique, à nos yeux,
00:46:10 qu'occupait, avec un monopole, la Russie au préalable.
00:46:13 -Je voudrais qu'on termine par une image.
00:46:15 Bill, ici. -Oui.
00:46:17 -Pas qu'on en dise un mot. -Absolument.
00:46:19 -Ce qui se passe dans la capitale géorgienne,
00:46:22 où il y avait une véritable marée humaine,
00:46:24 on a vu des drapeaux européens, la foule proteste
00:46:27 contre une loi sur l'ingérosse étrangère,
00:46:30 contre l'oligarque aussi au pouvoir, là-bas.
00:46:32 -Ivina Ivanishvili.
00:46:34 -Est-ce qu'on peut craindre quoi ?
00:46:36 La répression massive ? Qu'est-ce qui peut se passer ?
00:46:39 -On peut véritablement craindre
00:46:41 une déstabilisation durable du pays,
00:46:44 sous la poussée russe.
00:46:46 Je pense que ce régime essaie de pousser
00:46:48 les dirigeants de l'Union européenne à la faute.
00:46:51 Ils essaient de faire en sorte que l'Europe rejette la Géorgie,
00:46:54 pour ces raisons-là, parce qu'il y aurait des troubles,
00:46:57 parce qu'il y aurait une prise d'opposition,
00:47:00 l'adoption de cette loi, qui ne serait pas compatible
00:47:03 avec le régime démocratique européen.
00:47:06 Ils essaient d'enterrer, de pousser à une rupture
00:47:08 pour que cette trajectoire européenne,
00:47:11 profondément voulue par les Géorgiens,
00:47:13 mais pas par certains qui les dirigent,
00:47:15 n'advienne pas.
00:47:17 -Et nos candidats en France ?
00:47:19 Ils sont sortis de l'aveuglement et de la fascination ?
00:47:22 -Je ne pense pas. C'est trop long.
00:47:24 Il faut encore beaucoup de travail avant que les représentations
00:47:28 évoluent. -La fascination russe,
00:47:29 merci beaucoup, Elisabeth Dalles.
00:47:32 Chez Robert Laffont, 30 ans de complaisance
00:47:34 vis-à-vis de la Russie et cette révolution,
00:47:37 je retiens ce mot, cher à notre président,
00:47:39 d'Emmanuel Macron. On repart pour leur parti.
00:47:42 Musique rythmée
00:47:45 ...
00:47:51 Et on retrouve avec plaisir Yael Ghos de France Inter
00:47:54 et Pierre-Henri Tavoyeux du Collège de philosophie.
00:47:57 Bonsoir, messieurs. On commence avec vous, Yael.
00:48:00 Explication d'un paradoxe.
00:48:01 Ce soir, jamais l'Europe n'a été aussi centrale,
00:48:04 vitale, mortelle, pour reprendre les mots du président français.
00:48:08 Et pourtant, l'intérêt des Français pour ce scrutin
00:48:11 est très limité. -Oui, une participation
00:48:13 estimée à 45 % le 9 juin, nous dit Ipsos,
00:48:15 au moins un électeur sur deux à la maison,
00:48:18 même si tout n'est pas encore cristallisé.
00:48:20 Des isoloirs moins vides.
00:48:22 Il faut le savoir, qu'au régional et au départemental de 2021,
00:48:25 élection locale, il y avait 70 % d'abstention.
00:48:28 Il n'empêche, c'est quand même assez peu
00:48:31 quand on a un menu aussi riche.
00:48:33 Au moins 34 listes, comme en 2019 à venir,
00:48:35 elles seront déposées au cours de la semaine prochaine,
00:48:38 à départager à la proportionnelle.
00:48:40 -Pour vous, il y a confusion d'échelons.
00:48:43 -Oui, et il y a aussi une faible mobilisation,
00:48:45 parce qu'elle s'explique par la complexité même du scrutin.
00:48:49 Il faut être un fanat politique pour comprendre comment ça marche
00:48:52 et pourquoi on vote pour les uns.
00:48:54 Valérie Aillé, Raphaël Glucksmann, les écologistes,
00:48:57 le 9 juin, c'est voté pour l'Ukraine et contre Poutine,
00:49:01 contre Trump et contre la Chine qui nous menace,
00:49:03 tout en déroulant le tapis rouge à Xi Jinping.
00:49:06 Vous me suivez ? C'est pas simple.
00:49:08 Pour les autres, RN et Reconquête,
00:49:11 c'est un vote national, référendum,
00:49:13 sanction anti-Macron, avec dissolution promise à la clé,
00:49:17 alors qu'on parle pas du même Parlement.
00:49:19 Pour d'autres, les Insoumis, c'est l'avenir de la Palestine.
00:49:22 C'est dur à suivre.
00:49:24 -Oui, donc c'est la confusion
00:49:25 qui explique cette faible mobilisation.
00:49:28 -Des échelons.
00:49:29 -Personne ne conteste le fait qu'Emmanuel Macron
00:49:32 a une vision pour l'Europe et sa défense,
00:49:34 dans un monde dangereux, mais c'est comme
00:49:36 l'hypothèse d'envoyer des troupes en Ukraine,
00:49:39 ça prend pas dans l'opinion.
00:49:41 Les Français regardent d'abord, c'est Yves Sausse qui le dit,
00:49:44 pouvoir d'achat, climat et immigration non régulée.
00:49:47 C'est comme s'il y avait une dissonance cognitive
00:49:50 avec le président. On paye aussi l'absence
00:49:53 d'un véritable espace démocratique européen.
00:49:55 On reste entre candidats français.
00:49:58 Que ce soit dans les 26 autres Etats de l'Union,
00:50:00 les listes transnationales
00:50:02 auraient pu aider à créer cet espace,
00:50:04 elles n'existent pas, elles sont restées
00:50:06 dans les cartons du premier discours de la Sorbonne.
00:50:09 Après, elle a essayé d'expliquer pourquoi
00:50:12 un François-Xavier Bellamy ou un Raphaël Glucksmann
00:50:15 ne votent pas comme le groupe européen
00:50:17 dans lequel il siège, à Strasbourg,
00:50:19 ou que Bardella peut finir premier à Paris
00:50:22 et être impuissant et sans groupe à Strasbourg.
00:50:25 Il a dit "Où va-t-il quand je vote ?"
00:50:27 Où va-t-il quand il est envoyé à Strasbourg ?
00:50:29 -Et la jeunesse, Erasmus ? Elle est où ?
00:50:32 -Elle reste à l'auberge, espagnole,
00:50:34 paradoxe d'une génération qui vit concrètement l'Europe
00:50:37 mais qui ne se sent pas assez concernée par l'élection
00:50:40 et qui, par son abstention massive,
00:50:42 laisse les clés de son avenir au seigneur.
00:50:45 L'abstention, certains vous diront que c'est un vrai choix
00:50:48 pour dire que l'offre politique n'est pas à la hauteur.
00:50:51 Allez dire ça aux jeunes britanniques
00:50:54 et aux référendums sur le Brexit,
00:50:55 ils risquent de vous engueuler et de vous dire "go to vote, frogs".
00:50:59 -Merci beaucoup, Elsa Vidal.
00:51:01 Elle est mortelle, l'Europe, comme l'a dit le président,
00:51:04 et on ne s'en rend pas compte. -Oui, elle est mortelle,
00:51:07 mais l'équation dans laquelle elle se présente
00:51:10 au scrutin européen est extrêmement ardue.
00:51:12 A part s'en remettre à une conviction profonde
00:51:15 et se dire qu'on va voter aux Européennes
00:51:17 un peu comme on aurait voté à l'échelon national,
00:51:20 c'est difficile de trouver son chemin
00:51:23 et elle aurait vraiment beaucoup aidé à voir incarner l'Europe.
00:51:26 -Le président français l'avait proposé.
00:51:28 -Il a toujours ses positions sous la table,
00:51:31 mais il faudrait un sacré accord européen.
00:51:33 -Il va falloir attendre encore cinq ans.
00:51:36 On enchaîne avec vous, Pierre-Henri Tavoyeux.
00:51:38 C'est un peu le miroir versé de votre chronique ce matin
00:51:41 sur France Inter. Vous vouliez revenir
00:51:43 sur les blocages à Sciences Po et à la Sorbonne
00:51:46 par les étudiants militants pro-palestinien.
00:51:49 -J'arrive de la Sorbonne, donc,
00:51:51 j'ai bloqué la place de la Sorbonne.
00:51:53 C'est vrai, un peu choqué, comme beaucoup,
00:51:55 j'imagine, par le fait que la défense de la cause palestinienne
00:51:59 passe par un appel à la destruction d'Israël.
00:52:01 Ça a du mal à passer.
00:52:03 Mais je voudrais parler surtout de cette pratique des blocages.
00:52:06 A l'université, c'est devenu une pratique
00:52:09 extrêmement régulière, extrêmement courante,
00:52:11 et l'exceptionnel est devenu un peu normal.
00:52:14 -C'est pas un phénomène complètement nouveau.
00:52:16 -Vous avez raison, mais 68,
00:52:19 on a eu aussi la loi de Vaquet,
00:52:20 le contrat d'insertion professionnelle.
00:52:23 Je voudrais faire remarquer,
00:52:25 on a tendance à l'oublier dans le flux de l'actualité,
00:52:28 depuis 2015, aucune année universitaire
00:52:31 n'a eu un semestre complet.
00:52:33 C'était un mois, deux mois, trois mois,
00:52:35 quatre mois, parfois, de blocage.
00:52:38 Alors, il y a eu la loi El Khomri,
00:52:40 il y a eu le parcours sup,
00:52:43 scandale, le parcours sup, bien sûr,
00:52:45 parcours sup couplé avec la réforme de la SNCF,
00:52:49 on en parlait tout à l'heure.
00:52:50 Il y a eu réforme des retraites 1, 2019,
00:52:53 il y a eu réforme de mes retraites 2,
00:52:56 franchement. -2023.
00:52:57 -2023. Il y a eu le confinement,
00:52:59 bon, ça, c'est autre chose,
00:53:01 mais un étudiant aujourd'hui qui a son diplôme de master
00:53:04 de la Sorbonne n'a pas eu un semestre complet
00:53:07 dans une année depuis 2015.
00:53:10 -Donc, il y a une accélération des blocages.
00:53:12 -C'est un désastre et c'est un énorme gaspillage
00:53:15 pour une université qui considère qu'elle n'a pas de moyens.
00:53:18 Vraiment, c'est...
00:53:20 -Comment vous l'expliquez, cette banalisation ?
00:53:23 -Il y a deux explications, mais à la louche.
00:53:25 Première explication politique,
00:53:27 les partis révolutionnaires, aujourd'hui,
00:53:29 l'extrême-gauche, sont bien en peine
00:53:32 parce qu'il n'y a plus de prolétariat,
00:53:34 ou plus exactement, le prolétariat qu'ils ont sous la main,
00:53:37 c'est un prolétariat conservateur qui défend les acquis sociaux
00:53:40 ou un prolétariat qui vote RN,
00:53:42 donc ça va pas pour la révolution.
00:53:44 Donc, il y a trois cibles possibles.
00:53:46 Il y a les migrants qui sont instrumentalisés
00:53:49 pour faire la révolution, les lycéens dont on profite
00:53:51 de la naïveté, et puis les étudiants,
00:53:54 mais les étudiants sont de moins en moins militants.
00:53:57 D'ailleurs, c'est le deuxième problème.
00:53:59 La deuxième explication, c'est qu'au sein des universités,
00:54:02 on voit que ces blocages sont toujours le fait
00:54:05 d'une très faible minorité, extrêmement faible,
00:54:07 mais face à cette minorité, il y a une majorité
00:54:10 qui est très silencieuse. Pourquoi ?
00:54:12 Parce qu'elle n'a pas de représentant.
00:54:15 Je rappelle le taux de participation
00:54:17 aux élections étudiantes pour mon université,
00:54:20 la Sorbonne, en novembre 2003.
00:54:22 Le taux est de 3,83 %.
00:54:25 D'où ma proposition.
00:54:27 -Pour terminer ?
00:54:29 -Il faut rendre le vote étudiant obligatoire.
00:54:32 Selon le principe, pas de vote, pas de note,
00:54:35 avec des représentants, on aura au moins
00:54:37 une majorité parlante.
00:54:39 -J'espère qu'elle suffisera pas mal de réactions
00:54:42 et pourquoi pas un vrai débat sur pas de vote,
00:54:44 pas de note ?
00:54:45 Il faut renforcer la participation
00:54:48 des représentations étudiantes.
00:54:50 Merci beaucoup. En voilà un parti pris.
00:54:52 On garde du temps, elle hérite votre chronique.
00:54:55 L'histoire du jour à l'Assemblée.
00:54:57 Elza Mondingaba.
00:54:58 Musique rythmée
00:55:00 ...
00:55:04 -Bonsoir, ma chère Elza. -Bonsoir.
00:55:06 -Deux Elzas ce soir.
00:55:07 Vous nous parlez d'une commission d'enquête
00:55:10 recréée à l'Assemblée.
00:55:11 -Oui, et l'histoire d'une actrice
00:55:13 dans l'hémicycle, c'est pas courant.
00:55:15 L'Assemblée a voté ce matin en faveur de la création
00:55:18 d'une commission d'enquête sur les violences sexuelles
00:55:21 et sexistes dans les milieux artistiques,
00:55:24 le cinéma, l'audiovisuel, la mode,
00:55:26 le spectacle vivant et la publicité.
00:55:28 C'est un vote qui s'est fait à l'unanimité
00:55:30 de l'Assemblée nationale.
00:55:32 En ce moment, c'est très rare.
00:55:34 -Pour 52 contre 0, l'Assemblée nationale a adopté.
00:55:37 Applaudissements
00:55:39 -Les applaudissements des députés.
00:55:41 En tribune, il y avait Judith Gaudrèche,
00:55:43 très émue, elle n'a pas pu retenir ses larmes.
00:55:46 Elle a été citée à de nombreuses reprises
00:55:48 dans les discours des députés,
00:55:50 puisque depuis plusieurs mois, l'actrice est devenue
00:55:53 le visage du combat contre les violences sexuelles
00:55:56 dans le cinéma. Quelques instants après ce vote,
00:55:59 elle a accepté de répondre.
00:56:01 -Là, à cet endroit-là, à l'Assemblée nationale,
00:56:03 j'ai eu le sentiment, justement, que nos paroles s'ancraient
00:56:07 dans un rapport à la loi qui était entendu.
00:56:10 J'ai eu le sentiment que les petites voix d'enfants,
00:56:15 que les voix silencieuses de techniciennes
00:56:18 qui n'osent pas parler, qui n'osent pas prendre la parole,
00:56:21 par peur, étaient entendues.
00:56:23 C'est pas mon visage, mes mots, c'est une foule,
00:56:26 c'est des visages et des mots.
00:56:28 -Aujourd'hui, cette commission d'enquête,
00:56:30 c'est une nouvelle étape de votre combat ?
00:56:33 -Oui, moi, j'ai le sentiment d'être juste l'écho
00:56:38 d'un écho qui fait écho à un autre écho,
00:56:40 et que tout ça, c'est... Voilà, on est une...
00:56:43 Une...
00:56:45 Une fanfare, j'espère, bientôt, et...
00:56:48 Et dont je fais partie, mais...
00:56:50 Cette commission d'enquête, pour moi,
00:56:53 était indispensable. Ca sera aux yeux du monde,
00:56:56 filmée et sous serment.
00:56:58 -Une commission d'enquête, on est obligés
00:57:01 de répondre à la convocation,
00:57:03 et on jure de dire la vérité.
00:57:05 -C'est Julie Daudra,
00:57:06 qui avait fait la demande de cette commission d'enquête.
00:57:09 Consensus rare.
00:57:10 -C'est ce qu'on disait, en ce moment,
00:57:12 c'est un climat politique tendu.
00:57:14 Il n'y avait pas énormément de monde,
00:57:17 mais au moins, tous les députés étaient d'accord.
00:57:20 -C'est une commission transpartisane,
00:57:22 votée à l'unanimité dans l'hémicycle ce matin.
00:57:25 Ca, c'est important,
00:57:26 c'est pas souvent à l'Assemblée qu'il y a du consensus.
00:57:29 -C'est rarissime qu'il y ait des commissions d'enquête
00:57:32 transpartisanes, mais on n'a pas eu de difficulté
00:57:35 à avoir le soutien de nos collègues,
00:57:37 déjà quelques heures après le dépôt de cette demande.
00:57:40 -Ce sont les écologistes qui avaient proposé
00:57:43 cette commission d'enquête.
00:57:45 Au début, elle ne devait s'intéresser qu'aux mineurs.
00:57:48 Elle a été élargie aux majeurs.
00:57:49 Elle va travailler dans quel sens ? On a demandé un de ses membres.
00:57:53 -Quel est le but de cette commission d'enquête ?
00:57:56 Qu'est-ce que vous allez rechercher ?
00:57:58 -Une commission d'enquête, je le dis avec force,
00:58:01 nous ne sommes ni des juges ni des procureurs,
00:58:04 et une commission d'enquête n'est pas un procès.
00:58:06 Une commission d'enquête s'attache à travailler sur un système.
00:58:10 Et donc, on va travailler avec rigueur, détermination,
00:58:15 pour faire un certain nombre de propositions,
00:58:17 des propositions pour que ce monde merveilleux
00:58:20 des arts, de la culture,
00:58:22 ne soit pas sali par le fléau des violences sexistes et sexuelles.
00:58:27 -Francesca Pasquini et Erwann Barlanan
00:58:30 sont tous les deux candidats pour être
00:58:32 les rapporteurs présidents de cette commission d'enquête.
00:58:35 Elle devrait s'installer le 14 mai.
00:58:37 C'est le jour de l'ouverture du Festival de Cannes.
00:58:40 -Merci beaucoup, Elisabeth Vidal. Elle est bienvenue, enfin.
00:58:44 Il va falloir réguler un peu, notamment les mineurs,
00:58:47 sur les tournages de cinéma. -C'est nécessaire,
00:58:49 mais après une commission d'enquête,
00:58:51 ça peut être un enterrement de première classe.
00:58:54 J'espère que ce sera suivi d'autre chose.
00:58:56 Quelques jours après le placement en garde à vue
00:58:59 de Gérard Depardieu, suite à deux nuits
00:59:02 de nouvelles accusations, combien en fout-il,
00:59:04 je ne sais pas, pour détrôner de son piédestal
00:59:07 une star française, je rends plutôt hommage
00:59:09 à Anouk Grimberg, qui est une des seules dans son milieu
00:59:13 à dire que nombreux étaient ceux qui savaient
00:59:15 et qui s'en arrangeaient. La question que ça pose,
00:59:18 la question des violences sexistes et des agressions sexuelles
00:59:21 qui en découlent, c'est celle du partage du pouvoir.
00:59:24 Dans un milieu comme le cinéma, le pouvoir est au star
00:59:27 et au réalisateur, donc c'est normal que ça fasse trembler.
00:59:31 Personne n'aime rendre le pouvoir. -Merci beaucoup.
00:59:33 Personne n'aime rendre le pouvoir, mais je vais devoir rendre l'antenne.
00:59:37 Merci infiniment. -Merci.
00:59:39 -Elisée La Fascination russe chez Robert Laffont.
00:59:42 Très belle soirée documentaire à présent.
00:59:44 Jean-Pierre Gratien, à demain.
00:59:46 SOUS-TITRAGE : RED BEE MEDIA
00:59:48 Générique
00:59:50 ...

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