L’avis de Célia Khabouri, journaliste et rédatrice en chef de Cerfia.
Eugénie Bastié, journaliste au Figaro ainsi que chroniqueuse dans divers médias (CNews, Europe 1).
Thomas Huchon, journaliste et réalisateur, spécialiste du web, des infox et des théories complotistes.
Charles Merlin, fondateur de la chaîne Vivre Moins Con, qui vulgarise l'actualité.
Eugénie Bastié, journaliste au Figaro ainsi que chroniqueuse dans divers médias (CNews, Europe 1).
Thomas Huchon, journaliste et réalisateur, spécialiste du web, des infox et des théories complotistes.
Charles Merlin, fondateur de la chaîne Vivre Moins Con, qui vulgarise l'actualité.
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NewsTranscription
00:00J'ai suivi, donc oui.
00:01Non.
00:02Non.
00:03Non.
00:04Oui.
00:05Oui.
00:06Oui.
00:07Oui.
00:08Non.
00:09Je suis Eugénie Bastier, je suis journaliste au page Débat et Opinion du Figaro et également
00:13chroniqueuse à CNews et Europe 1.
00:16Oui.
00:17Non.
00:18Oui.
00:19Ça m'arrive.
00:21Dans les salles d'attente du dentiste.
00:24Bonjour, je m'appelle Charles Merlin, j'anime les comptes Vivre moins con sur Instagram
00:29et TikTok et je fais de la vulgarisation engagée de l'actualité et je mets en avant
00:34des causes d'intérêt général.
00:36Pas souvent.
00:37Ça m'arrive aussi.
00:38Les mots croisés pour ma mère.
00:40Non, jamais.
00:41Oui.
00:42Oui.
00:43Oui, pour avoir l'air moins vieux.
00:46Oui.
00:47Non.
00:48Non.
00:49Non.
00:50Non.
00:51Non.
00:52Non.
00:53Non.
00:54Non plus.
00:56Non.
00:57Non plus.
00:58Je m'appelle Célia Kabouri, j'ai 24 ans, je suis journaliste assez polyvalente, je
01:03fais des podcasts, je travaille pour la télévision, je suis également rédactrice en chef pour
01:06un site internet pour un média hybride qui s'appelle Serfia.
01:09Un très grand oui.
01:10Non plus.
01:13Oui.
01:14Non.
01:15Surtout pas.
01:16Je connais pas.
01:19Non.
01:20Oui.
01:21Bah oui.
01:22J'aime.
01:24J'aime.
01:25Bonjour, moi je m'appelle Thomas Huchon, je suis journaliste d'investigation, réalisateur
01:28de documentaires.
01:29Je suis un journaliste un peu bizarre qui s'intéresse principalement aux fausses informations
01:34et aux faux complots.
01:35Fake news, théorie du complot, c'est un peu devenu mon dada.
01:38Oui, pour me faire du mal de temps en temps.
01:41Oui.
01:42Oui.
01:43Oui.
01:44Oui.
01:45Oui.
01:46Oui.
01:47Oui.
01:48Oui.
01:49Non, parce que j'ai pas la télé.
01:51Non.
01:52Non.
01:53Non.
01:54Un peu oui.
01:55Non.
01:56Oui.
01:57Ah bah oui.
01:58Oui, bah sur Twitter ou autre.
01:59Non.
02:00Oui.
02:01Non.
02:02Par curiosité parfois, parce que j'ai l'esprit très large.
02:06Oui, tous les jours.
02:09Non.
02:10Oui, bah j'ai même écrit pour Mediapart, donc oui.
02:13Non.
02:14Pour le coup.
02:15Non.
02:16Non.
02:17Bon, ça m'est arrivé.
02:18Évidemment.
02:19Non.
02:20De temps en temps.
02:21Ouais, les pages internationales, les pages saumons.
02:24Non.
02:25Non.
02:26Non plus.
02:27Bah j'y suis allé, donc ça m'est arrivé de le regarder, mais c'est quand même assez
02:34rare.
02:35Non.
02:36Oui.
02:37Non.
02:38Oui.
02:39Relayer du contenu sur les réseaux sociaux, c'est être journaliste.
02:43Bah alors, c'est un débat très controversé, les réseaux sociaux et les journalistes,
02:45surtout avec les comptes Twitter qui prennent en volume, en abonnés, en contenu.
02:51Pour moi, publier sur les réseaux sociaux, oui, c'est être journaliste quand on le
02:55fait bien, quand on sait ce qu'on veut faire, quand on s'est ciblé.
02:58Le principe même du journaliste, c'est quoi ? C'est vouloir quoi ? Informer.
03:01Et si on le fait bien et qu'on le fait correctement, qu'on multiplie ses sources et qu'on va
03:05pas dans la gueule du loup pour faire du sensationnel tous les jours.
03:09On va pas dans la gueule du loup pour faire du sensationnel tout le temps.
03:14Je pense qu'on peut bien informer et être un bon journaliste grâce aux réseaux sociaux
03:18aujourd'hui.
03:19Je suis pas exactement d'accord, moi.
03:21En fait, c'est justement le paradoxe.
03:23Le journaliste, c'est un métier.
03:25C'est un métier avec des pratiques, des vraies pratiques, avec des règles éthiques,
03:29avec de la déontologie, avec des méthodes de travail.
03:32Et ça s'apprend.
03:33Si ça ne s'apprenait pas, il n'y aurait pas d'école de journalisme et on ne ferait
03:36pas tout ça.
03:37Je crois que le vrai problème aujourd'hui, c'est que n'importe quel citoyen peut
03:43devenir une forme de journaliste en diffusant ce qu'il veut sur les réseaux sociaux.
03:47Mais c'est pas possible de faire ça sans s'imposer un tout petit peu, un minimum
03:53de cette rigueur journalistique et de ce travail-là.
03:56Et je crois pas beaucoup à l'idée que n'importe qui peut devenir journaliste
04:00comme ça en le décidant.
04:01Il y a un travail à faire.
04:03C'est beaucoup de travail.
04:04Et quelque part, l'idée qu'on pourrait devenir journaliste en faisant un share sur
04:08Twitter, c'est terrifiant pour tous les gens, potentiellement d'ailleurs qui ont
04:12été même assassinés pour avoir fait ce métier.
04:15Je veux dire, journaliste, c'est un métier qui est hyper important et qui n'est pas
04:17du tout un espèce de truc de clic et de machin comme ça.
04:20Je suis toujours un peu perturbé par cette idée que finalement, les réseaux sociaux
04:24qui sont une agora du débat public seraient devenus l'alpha et l'oméga de la diffusion
04:29d'informations.
04:30Il y a deux sujets à la fois.
04:31C'est la question de la fin des gatekeepers dans le journalisme, c'est-à-dire le fait
04:37qu'avant, c'était une institution, un métier qui était exercé par une corporation
04:42et qu'aujourd'hui, parce que tout le monde a un smartphone, tout le monde peut potentiellement
04:45partager une information.
04:46Évidemment, il y a des gens qui sont à Gaza aujourd'hui qui ont un smartphone,
04:49qui filment, qui l'envoient sur les réseaux sociaux et c'est une information.
04:52Après, il faut la recouper, évidemment.
04:54C'est le travail des journalistes de voir si elle est vraie, etc.
04:56Mais ils donnent une information.
04:57Donc effectivement, ils participent de ce qu'était auparavant le journaliste.
05:01Parce que nous sommes passés de la graphosphère à la vidéosphère, nous sommes passés
05:07de l'écrit à l'image et aujourd'hui, la force de l'image et la multiplication
05:12et la possibilité de le répandre sur les réseaux sociaux changent effectivement la donne.
05:18Je crois que le métier de journaliste doit s'adapter à cette nouvelle donne.
05:22Je pense qu'il doit se remettre en question, peut-être avoir davantage de modestie.
05:26Il peut y avoir aussi, je pense, un retour de bâton, c'est-à-dire qu'à force d'être saturé
05:32justement d'immédiateté, d'image, peut-être qu'on va retrouver aussi le goût de l'écrit,
05:36le goût du reportage de long cours, du récit.
05:38Et ça, je pense que c'est très important également.
05:40Mais moi, ce qui m'inquiète véritablement, c'est la disparition de l'écrit.
05:43Je travaille dans un média avant tout de presse écrite, le Figaro.
05:47Et je pense que l'écrit permet une forme de nuance, une forme de...
05:51Le livre, par exemple, est une manière de délucider les désaccords, d'aller dans le fond d'un sujet
05:55que ne permettra jamais une vidéo, une image, un tweet.
05:59C'est évident. Le livre est quelque chose de fondamentalement précieux
06:03dans l'histoire du débat et de la pensée humaine.
06:05Et donc, je m'inquiète en fait de la disparition de l'écrit,
06:07parce qu'avec l'écrit, il disparaît tout un monde.
06:09C'est une manière de voir le monde, une manière de raconter les faits.
06:13Justement, on pourrait se dire, avec l'image, avec la caméra, l'objectivité est parfaite,
06:18puisqu'on voit juste des images.
06:20L'objectivité, ça n'existe pas.
06:22Je pense que ça n'existe pas.
06:23Mais on pourrait se dire, l'image, elle parle d'elle-même.
06:26Et l'écrit, au contraire, c'est un regard...
06:29On lit Proust, et c'est toute l'histoire de la recherche des temps perdus.
06:33C'est un personnage qui est vu de plein de façons différentes,
06:36et on voit qu'en fait, les faits n'existent pas.
06:38C'est tout Proust.
06:39Et en fait, on voit que c'est l'inverse qui se produit,
06:41c'est-à-dire que l'image est partout, et en réalité, il n'y a plus de faits.
06:44Il n'y a plus d'objectivité nulle part.
06:46Le simple fait de partager une news sur les réseaux, sur Internet,
06:50ça ne fait pas de la personne, de l'internaute, un journaliste.
06:52Puisqu'effectivement, les journalistes sont formés,
06:55ça dure longtemps, hein, c'est 5 ans d'études,
06:57donc en fait, ils ont une espèce d'éthique,
07:00et ils sont formés à reconnaître des informations qui sont fiables,
07:05à les digérer, à les retranscrire,
07:07et ça, effectivement, c'est quelque chose qui demande des compétences
07:10qu'en fait, on est plein à ne pas avoir, et il faut le reconnaître.
07:13Maintenant, je pense que les transformations
07:18que subit le journalisme depuis une vingtaine d'années
07:21avec l'avènement d'Internet et des réseaux sociaux
07:24est plutôt positive, parce qu'on sort justement
07:27de cette corporation dont vous parliez,
07:30et donc l'information n'est plus possédée
07:35par un certain type de personnes et par une corporation,
07:39et aujourd'hui, elle est démocratisée d'une certaine manière,
07:43ce qui soulève plein de questions, plein de risques, je suis bien d'accord,
07:46plein d'intérêts qui viennent s'insérer là-dedans,
07:49étrangers, privés, économiques, etc.
07:53Néanmoins, les réseaux sociaux, si j'élargis un petit peu la question,
07:57en fait, permettent d'avoir accès à des informations
08:01auxquelles on n'aurait jamais eu accès sans Internet et les réseaux sociaux,
08:05et ça, il faut quand même le reconnaître,
08:07donc effectivement, comme tout nouveau paradigme,
08:09ça apporte du bon et du moins bon,
08:13pour le journalisme, effectivement, c'est une mutation qui est subie,
08:17et malheureusement, il y a encore beaucoup de médias et de journalistes
08:21qui n'ont pas saisi l'ampleur de cette transformation
08:24et qui essayent de courir un peu après le train qui est déjà parti,
08:28mais qu'il faudra bien attraper à un moment ou à un autre.
08:32C'est bien nouveau, historiquement, les grands médias professionnels
08:35ont refusé d'aller sur Internet, et n'ont pas du tout investi ce champ-là,
08:40d'ailleurs, de la même manière, les grands partis politiques traditionnels
08:43n'ont pas non plus été, ne se sont pas jetés sur Internet.
08:46Quel est le premier parti politique français à créer un site Web ?
08:49C'est le Front National en 1994, plusieurs années avant les autres partis,
08:53donc il y a aussi un truc, c'est que la nature horreur du vide,
08:57et sur Internet, ce vide a été comblé par tout un tas de gens
09:01qui n'étaient pas des journalistes professionnels.
09:04Tout ça, ça participe d'une forme d'horizontalité de la diffusion d'informations
09:07qui est liée au mode de fonctionnement d'Internet,
09:10et qui, finalement, a un peu bouleversé la société, qu'on le veuille ou non.
09:14Je crois qu'on ne reviendra pas au temps d'avant, ce n'est pas possible.
09:17Ça, c'est sûr, on n'y reviendra pas.
09:20Mais, effectivement, je crois que là où je vous rejoins,
09:24j'en suis particulièrement surpris.
09:26Tu n'as pas besoin de le dire, c'est normal.
09:28Non, mais je suis surpris déjà de vous entendre citer un journaliste de vrai.
09:31Ah ben oui, ça m'a encore plus étonné.
09:35Mais surtout, là où je vous rejoins complètement,
09:38c'est que, finalement, l'un des vrais problèmes de la diffusion d'informations,
09:41aujourd'hui, c'est l'immédiateté.
09:43Et que, quelque part, le temps long est le seul qui nous permet
09:47d'avoir le recul, la réflexion nécessaire pour, à la fois,
09:51comprendre les choses, pour essayer de les expliquer,
09:54et de les expliquer de manière cohérente,
09:57et surtout pas objective, mais au moins honnête.