Sandrine Rousseau, députée écologiste de Paris, était l'invitée de BFMTV ce samedi soir.
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00:00 Ma maman qui avait un cancer depuis de très nombreuses années,
00:05 ça faisait 18 ans qu'elle avait ce cancer,
00:08 et en fait elle s'était battue de manière très courageuse,
00:11 elle avait suivi, elle avait subi de nombreux traitements,
00:14 parfois très lourds,
00:16 comme il y a des dizaines de milliers de Français qui aujourd'hui les subissent,
00:21 la chimio, la radio, et en fait,
00:23 pendant 18 ans elle a eu des périodes de rémission et des périodes de rechute,
00:28 et puis elle avait décidé que la maladie ne gagnerait pas sur elle,
00:33 c'était son choix elle,
00:35 et elle ne voulait pas que ça soit le cancer qui la tue,
00:38 elle voulait que sa vie s'arrête quand elle l'aurait décidé,
00:44 et du coup elle a profité d'un moment où je venais la voir,
00:50 je me rendais chez elle pour la voir,
00:55 et l'embrasser, lui l'asserrer dans mes bras,
01:00 et là elle a profité du moment où mon père venait me chercher à la gare
01:03 pour avaler des médicaments, et donc se suicider,
01:07 et quand je suis arrivée à la maison, elle était déjà inconsciente,
01:13 de sorte que je n'ai pas pu l'asserrer dans mes bras,
01:17 je n'ai pas pu lui dire au revoir, et elle non plus,
01:21 et elle ne l'a pas non plus fait avec mon père,
01:25 avec lequel elle a vécu plus de 40 ans, ni avec mon frère,
01:29 et elle est partie un peu clandestinement,
01:31 parce que l'aide active à mourir n'était pas autorisée dans la loi,
01:36 et en fait, je garde ce moment-là, déjà une grande douleur,
01:42 mais aussi un énorme sentiment de gâchis,
01:46 parce qu'en fait elle avait donné ses volontés,
01:49 avant elle avait dit qu'elle souhaitait mourir ainsi,
01:53 elle avait même adhéré à une association qui s'appelle l'ADMD
01:56 pour que ses volontés soient prises en compte,
01:59 et elle n'a pas trouvé, elle n'a pas eu l'occasion d'être traitée médicalement,
02:05 ce qui fait qu'en fait, à partir du moment où elle a pris ses médicaments,
02:09 pendant 10 heures, elle a eu une agonie qui n'était pas du tout maîtrisée,
02:14 de sorte qu'elle a énormément souffert,
02:16 elle avait des signes de souffrance très importants,
02:19 et au bout de 10 heures, j'étais avec elle, j'étais à côté d'elle,
02:24 et comme je m'étais engagée à respecter sa volonté,
02:29 je n'ai pas appelé les secours, nous n'avons pas appelé les secours,
02:33 et en fait des fins de vie comme ça, clandestines,
02:36 je pense qu'il y en a beaucoup, on ne sait pas combien, mais beaucoup,
02:40 et c'est cela que la loi vient modifier,
02:44 c'est faire en sorte que les personnes dont on sait que leur maladie
02:51 de toute façon est trop avancée pour qu'il y ait une espérance de vie très longue,
02:55 puissent choisir.
02:56 Et moi je trouve que c'est même très important que ces personnes
03:00 aient la possibilité de se dire "si je souffre trop, je le fais,
03:04 et si je ne souffre pas trop, je vais en soins palliatifs",
03:07 et qu'en fait comme ça s'ouvre un horizon de choix,
03:10 et je voudrais avoir une pensée pour toutes les personnes
03:13 qui actuellement sont dans cette situation,
03:15 pour leur dire que nous pensons beaucoup à elles dans l'Assemblée,
03:18 et que c'est pour elles aussi que nous faisons cette loi.