Le journaliste et écrivain Bernard Pivot, présentateur de l’émission “Apostrophes”, est décédé à Neuilly-sur-Seine à l’âge de 89 ans
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00:00Ça c'est une légende Bernard Pivot !
00:02Ah bah tout à fait, j'entends Philippe avec beaucoup d'intérêt,
00:04bonsoir à tous, de toute façon il était irremplaçable
00:08et je le sais d'autant plus que je l'ai remplacé,
00:10donc j'ai bien vu les dégâts après.
00:12C'est un peu comme essayer de mettre à la place
00:15de Peter Fould quelqu'un d'autre dans Columbo,
00:18tout ce que Philippe vient de dire est tout à fait justifié,
00:21à la fois le travail, une période qui était quand même
00:24la sanctification de la littérature, ce n'est plus le cas aujourd'hui
00:27dans le domaine de la culture,
00:29c'est le géant dont on vient de parler.
00:31Effectivement, moi je me souviens par exemple
00:33quand il taquinait Marguerite Oursena
00:35en lui disant qu'elle avait assisté à des manifestations,
00:39qu'elle envoyait des apostrophes au président américain
00:41parce que c'était une nationalité américaine,
00:43en fait elle l'a taquiné et mélangé à la fois
00:45les interrogations de fond sur les mémoires des Auréliens
00:48et en même temps il s'intéressait beaucoup aux personnages
00:50et puis il y avait ce côté français,
00:52ultra français,
00:54qui n'existe nulle part ailleurs au l'Est,
00:57c'est-à-dire qu'il n'y a jamais eu dans aucun autre pays du monde
00:59une émission comme celle de Pivot,
01:01c'était une sorte d'autoportrait.
01:03Il y avait une chaise pour lui,
01:05des chaises pour les invités, une petite table,
01:07des livres et lui.
01:09Et puis il avait ses lunettes à la main.
01:11La lunette à la main, j'ai essayé de copier, ça ne marche pas.
01:13Et le livre dans l'autre.
01:15Il avait lancé son émission en 1975,
01:18là on parle quand même d'un temps que les moins de 20,
01:2030 ou même 40 ans n'ont pas connu,
01:22c'est la télé aussi d'autrefois,
01:24la télé où il n'y avait que trois chaînes de télévision,
01:26c'est plus simple pour faire aussi de l'audience,
01:28parce qu'on n'avait pas tellement le choix,
01:30on ne zappait pas à l'époque,
01:32on n'était pas distrait par d'autres programmes.
01:34Comment il avait réussi justement à rester aussi longtemps ?
01:36Parce qu'il a fait 15 ans d'Apostrophe
01:38et puis ensuite Bouillon de Culture
01:40qui était le prolongement d'Apostrophe.
01:42Aujourd'hui on ne peut plus tenir aussi longtemps avec des émissions.
01:44Je ne sais pas, ce que je sais,
01:46c'est qu'à cette époque, vous venez de donner les dates,
01:48c'est très important, Sartre était encore vivant,
01:50De Beauvoir était encore vivant,
01:52vous prenez Saint-Germain-des-Prés,
01:54c'est-à-dire qu'il existait encore
01:56en circulation des monstres de la littérature.
01:58Ce qui n'est plus le cas aujourd'hui, c'est-à-dire que s'il était
02:00aujourd'hui un Postrophe, il serait malheureux ?
02:02Non, il ne serait pas malheureux,
02:04mais il y a ce premier aspect
02:06qui est de l'importance de la littérature en France
02:08et de l'importance de la littérature
02:10dans le monde, Norman Mailer, les Anglais,
02:12etc.
02:14Deuxième point, il est arrivé,
02:16là je parle de télé, à un moment
02:18où les talk-shows de l'Infotainment
02:20n'étaient pas encore
02:22massivement arrivés,
02:24et lui ont fait d'ailleurs, à la fin de sa carrière,
02:26une concurrence terrible.
02:28Je le sais, parce que là aussi, j'y étais.
02:30C'est-à-dire que quand je reçonnais Wellbake
02:32à nulle part ailleurs, c'est les éditeurs qui décidaient,
02:34par exemple pour les particules élémentaires,
02:36ils considéraient
02:38Saint-Bernard, pardonne-moi,
02:40ils considéraient les éditeurs qu'aller dans un public
02:42plus jeune, avec l'existence
02:44d'une émission qui avait été lancée par Gildas
02:46et de Cohn, c'était plus intéressant.
02:48Puis après il est arrivé à Ardisson.
02:50Donc il y a toute une conjonction
02:52télévisuelle qui a accompagné
02:54d'ailleurs la modification d'Apostrophe
02:56en Bouillon de Culture, où il même
02:58recevait des acteurs,
03:00des metteurs en scène, d'autres personnages.
03:02Si vous voulez, mais cette période
03:04bénie dont on parle, c'est-à-dire ce moment
03:06d'histoire mythique, où même jeunes,
03:08même dévorés par leur vie de sortie
03:10ont resté pour voir Bernard Pivot,
03:12c'est un moment qui est un moment exceptionnel.
03:14D'ailleurs dans les talk-shows américains, on disait
03:16« As Bernard Pivot said at the end of
03:18his program » et on citait justement
03:20l'interrogatoire de Pivot.
03:22Donc ça c'est quelque chose qui a été bruyant
03:24et nous le regrettons.