A quelques jours du festival de Cannes, alors qu’une inédite vague #MeToo ébranle le cinéma français, Emmanuel Macron a accepté de répondre aux questions du magazine ELLE. De l’affaire Depardieu à la redéfinition du consentement en passant par le détail du nouveau congé de naissance, le président nous a accordé un entretien exclusif. L’occasion de s’exprimer sur ce mouvement initié en 2017 aux Etats-Unis et cette période très singulière où de nombreuses actrices françaises prennent la parole pour dénoncer un système de violences sexuelles. Et d’ouvrir le débat sur un autre sujet hautement sensible. « Il doit y avoir non plus seulement un droit mais un devoir de visite des pères », annonce Emmanuel Macron. Faut-il instaurer un devoir de visite pour les pères ? Une proposition inattendue, qu’il explique par la volonté de décharger les familles monoparentales (une sur quatre en France), souvent portées par les mères (à 83%).Un entretien au long cours à retrouver sur votre site dans quelques heures.
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00:00C'est un devoir d'être parent, et c'est un devoir qui ne s'arrête pas au moment du divorce ou de la séparation.
00:09Bonjour à toutes les lectrices et tous les lecteurs de L.
00:13On a essayé ces dernières années pour les femmes qui élèvent seules leurs enfants,
00:19parce que 85% des familles monoparentales, qui sont 1,7 million, sont des femmes.
00:25On a essayé d'améliorer les choses, les pensions alimentaires,
00:27le rôle de la caisse d'allocation familiale, le fait que ce soit automatique,
00:31qu'on puisse aller prélever sur les revenus du père,
00:35et donc je crois que la situation s'est améliorée, même si elle reste très difficile.
00:38Néanmoins, ça ne doit pas s'arrêter là.
00:41Je veux qu'on puisse ouvrir ce débat, qui est au fond à la fois un débat sur la parentalité
00:46et un débat sur l'égalité entre les femmes et les hommes,
00:49qui est celui d'instaurer un devoir de visite, un devoir d'accompagnement jusqu'à l'âge adulte des enfants.
00:56Quand il y a un père, il faut qu'il exerce tous ses devoirs,
01:00et que la maman, quand elle est dans cette situation-là, puisse exiger des visites régulières.
01:06Elle doit pouvoir s'assurer que le père aussi, il est auprès de l'éducation nationale,
01:11dans les réunions parents-prof quand il faut, et qu'il est partie prenante de l'éducation de l'enfant.
01:16C'est un devoir d'être parent, et c'est un devoir qui ne s'arrête pas au moment du divorce ou de la séparation.
01:21Et vous êtes sûr qu'il vaut mieux un père présent malgré lui qu'un père absent ?
01:25Moi je suis sûr qu'il faut un père, une mère, il faut une famille aimante,
01:30et après il y a des familles dans nos modèles, mais il faut qu'en effet les parents exercent leurs responsabilités, et les deux.
01:38Et je pense qu'il faut que d'abord on change culturellement dans la société,
01:42qu'on se dise voilà être père, parce que c'est jamais le cas pour les mères,
01:46mais être père ça ne s'arrête pas au moment de la séparation du couple, et c'est un devoir.
01:50Et donc je pense qu'y compris pour l'enfant c'est mieux, oui.
01:53Parce qu'un enfant qui ne voit jamais son père, c'est un enfant qui se sent abandonné,
01:57c'est un enfant dont le développement affectif, éducatif, n'est pas le même.
02:01Et donc je pense que c'est une mesure fondamentale,
02:04et après évidemment on protège aussi les enfants, les familles, et ça c'est un tout autre chantier.
02:09Merci beaucoup.