Apprendre à lire une partition peut être un vrai casse-tête. Mais d'où viennent tous ces symboles ? Et comment notait-on la musique avant ? On remonte l'histoire des partitions.
Des chercheurs ont retrouvé des traces de notation musicales datant de l'Antiquité. La plus ancienne représente un hymne à une déesse de la mythologie mésopotamienne, datant d'environ 1400 avant Jésus-Christ.
Pour trouver les premières notes spécifiques de la musique, il faut attendre le Moyen Âge, comme l'explique le musicologue Nicolas Donin. Au-dessus des chants liturgiques, des petits symboles, appelés "neumes", précisent la hauteur de la voix chantées des moines. Progressivement, les notes deviennent carrées, puis sont disposées sur une portée à quatre lignes.
Avec l'imprimerie, la notation musicale s'harmonise jusqu'à devenir celle que l'on connaît aujourd'hui au XVIIIème siècle.
#partition #musique #solfege
Des chercheurs ont retrouvé des traces de notation musicales datant de l'Antiquité. La plus ancienne représente un hymne à une déesse de la mythologie mésopotamienne, datant d'environ 1400 avant Jésus-Christ.
Pour trouver les premières notes spécifiques de la musique, il faut attendre le Moyen Âge, comme l'explique le musicologue Nicolas Donin. Au-dessus des chants liturgiques, des petits symboles, appelés "neumes", précisent la hauteur de la voix chantées des moines. Progressivement, les notes deviennent carrées, puis sont disposées sur une portée à quatre lignes.
Avec l'imprimerie, la notation musicale s'harmonise jusqu'à devenir celle que l'on connaît aujourd'hui au XVIIIème siècle.
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00:00 5 lignes, des notes qui se suivent, et des clés pour les reconnaître.
00:05 Comme pour apprendre à lire, il faut s'armer de patience pour savoir déchiffrer une partition.
00:10 C'est aujourd'hui un langage universel pour tous les musiciens, mais ça n'a pas toujours été le cas.
00:15 La musique a longtemps été transmise à l'oral.
00:17 Alors comment en est-on venu à noter la musique, et que signifient tous ces symboles ?
00:22 On vous raconte l'histoire des partitions.
00:25 Ce que vous écoutez, c'est la partition la plus ancienne au monde retrouvée.
00:36 Elle date de 1400 avant Jésus-Christ.
00:40 C'est un hymne à une déesse de la mythologie mésopotamienne, découvert en 1950, dans la cité antique d'Ougarit, aujourd'hui en Syrie.
00:48 Sur ces tablettes d'argile, des chercheurs ont identifié des mélodies dans une écriture cunéiforme.
00:54 Preuve d'une volonté d'inscrire la musique, même à l'Antiquité.
00:58 Mais bien sûr, il est impossible de savoir par qui et où la musique a été retranscrite pour la première fois.
01:04 Il y a des cultures dans lesquelles on a des traces de notation musicale d'autre part.
01:09 Pour nous, le référent en Occident, c'est vraiment la Grèce.
01:13 Ces notations utilisaient un système qu'on sait déchiffrer, et qui ne ressemblait pas du tout au nôtre,
01:18 qui utilise beaucoup les lettres de l'alphabet ou des signes particuliers.
01:22 En fait, on s'émerveille plutôt du moment où on a trouvé une notation avec des signes spécifiques pour la musique qui se détachaient des alphabets.
01:30 C'est au Moyen-Âge qu'apparaissent les fondements de la notation musicale occidentale.
01:36 Tout commence dans les manuscrits.
01:38 Au-dessus des textes des chants liturgiques, des petits symboles sont ajoutés.
01:42 Ça, ce sont les nœuds.
01:45 Ils indiquent la hauteur des syllabes du texte.
01:48 Au départ, la notation musicale, c'est une question d'aide-mémoire.
01:52 Il y a quand même certains signes qu'on retrouve.
01:54 Par exemple, il y a le punctum, qui va être une note.
01:56 Il va y avoir la virga, qui est aussi une note, mais qui est plus aiguë.
01:59 Et puis, il y a un certain nombre de signes pour indiquer qu'on a des mouvements,
02:03 donc ascendant, descendant, de une, deux, trois notes.
02:07 Au XIe siècle, un moine bénédictin, Guido d'Arezzo, dessine quatre lignes pour placer les notes, alors carrées, selon leur hauteur.
02:15 C'est l'apparition de la portée.
02:17 C'est ce même moine qui va nommer les notes telles qu'on les connaît aujourd'hui.
02:21 Pour cela, il s'inspire d'un hymne à Saint Jean-Baptiste.
02:25 Il reprend les lettres du début de chaque verse.
02:27 Cela donne "ut" ou "do" aujourd'hui, "ré", "mi", "fa", "sol", "la".
02:33 Le "si" viendra plus tard, au XVIIIe siècle.
02:36 Sur la fin du Moyen Âge, on se met à développer des notations spécifiques pour les instruments.
02:42 À partir du XIVe siècle, surtout du XVe, on va avoir le développement de tablatures.
02:48 Ce qu'on note, c'est la position des mains.
02:50 On la connaît bien encore aujourd'hui, puisque quiconque a voulu apprendre la guitare a eu affaire à une tablature.
02:56 La guitare et le luth, c'est de la même généalogie.
02:58 Au début de la Renaissance, une invention va bouleverser la notation musicale, l'imprimerie.
03:06 En 1501, à Venise, Ottaviano Petrucci imprime les premières partitions polyphoniques.
03:11 C'est-à-dire pour plusieurs voix.
03:13 Cette imprimerie va changer beaucoup de choses pour la musique.
03:16 D'abord, elle va contribuer à diffuser un type de répertoire qui passe bien à l'imprimerie,
03:21 qui est le répertoire instrumental.
03:23 Mais aussi, elle va avoir des contraintes techniques, de forcer à une forme de standardisation.
03:27 Par exemple, les techniques d'impression vont pousser à uniformiser les formes des notes qui vont s'arrondir.
03:34 On a eu d'un côté les tablatures qui se sont développées.
03:38 De l'autre côté, on avait une notation pour le chant, pour la voix.
03:42 Ce qui se passe, c'est qu'elles vont s'influencer.
03:45 Bien qu'elles s'harmonisent avec l'imprimerie, les partitions n'indiquent pas tout.
03:55 Elles sont un support que les musiciens viennent enrichir.
03:58 Je trouve qu'à chaque époque, il y a un coin oublié du compositeur ou de la compositrice
04:04 qui laisse beaucoup plus de choix d'interprétation.
04:06 Par exemple, dans la musique baroque, on sait grâce aux traités qu'on a le droit d'ornementer,
04:10 de rajouter des notes.
04:12 Par exemple, dans cette première partition de François Couperin,
04:15 on observe énormément de petites indications sur les notes.
04:18 Au lieu de faire ré-mi-ré, on fait ré-doré-doré.
04:23 La partition telle qu'on la connaît aujourd'hui s'installe véritablement au XVIIIe siècle.
04:34 Une portée de cinq lignes, ponctuées de notes, blanches ou noires,
04:38 avec des amples, les petits traits.
04:40 D'autres symboles présents tout au long de la partition précisent la manière de jouer un morceau.
04:45 Pour les comprendre, prenons par exemple une étude de Chopin, datant du XIXe siècle.
04:50 On va trouver tout un tas de signes qui sont encore en usage aujourd'hui.
04:54 Au tout début des portées, il y a l'armure, donc combien de bémols ou de dièses sont utilisés.
04:59 Il y a le signe de la métrique, est-ce que c'est une mesure à trois temps, à deux temps, à quatre temps.
05:04 Les signes pour dire que des notes sont piquées, détachées, staccato ou liées.
05:09 Des signes pour dire qu'on utilise non seulement des nuances piano, forté,
05:13 mais aussi des variations de nuances, un crescendo, un decrescendo.
05:17 On va tomber aussi sur des signes qui sont propres à l'instrument,
05:21 par exemple le fait d'utiliser une pédale pour conserver les sons,
05:25 un P est un signe de lever de la pédale.
05:28 On va aussi avoir des indications sur le caractère du morceau, vivace, andante.
05:33 Et avec l'invention du métronome, on va vouloir indiquer une marque métronomique.
05:37 Ça indique le nombre de battements par minute.
05:40 Au XXe siècle, d'autres signes font leur apparition sans forcément entrer dans la notation standard.
05:46 Des compositeurs cassent même les codes et créent des partitions graphiques.
05:51 Mais la partition, même la plus classique que l'on connaît, est tout sauf un objet figé.
05:58 Se retrouver devant une nouvelle partition, c'est toujours un moment d'introspection, de solitude.
06:04 C'est toujours un nouveau monde qui s'ouvre à nous.
06:07 C'est ça pour moi qui me fascine.
06:10 La notation standard est peu ambiguë,
06:13 mais elle ouvre sur une richesse d'appropriation et un imaginaire qui paraît quasiment inépuisable.
06:19 [Musique]