Sous la direction de George Benjamin, l'Orchestre philharmonique de Radio France joue Marsyas de Wolfgang Rihm. Extrait du concert donné le 10 décembre à la Maison de la Radio et de la Musique.
Selon la mythologie grecque, Athéna aurait inventé la flûte, faite d’os de cerf ou, comme le relate Ovide, de roseaux du lac de Triton. « La Déesse fabriqua la flûte, l’instrument riche en sons de toute espèce, pour imiter avec lui la plainte sonore qu’Euryale proférait de ses lèvres fébriles », écrivait déjà Pindare. Mais, moquée par Héra et Aphrodite, Athéna constata bientôt, dans le reflet d’une fontaine de l’Ida, que l’instrument, quand elle en jouait, altérait les traits de son visage. Aussi le jeta-t-elle, vouant au pire supplice quiconque le ramasserait
Marsyas, un silène phrygien, s’en saisit pourtant et devint maître de l’aulos, la flûte à anche double, gagnant par son art tous ses auditoires. Les Pythagoriciens lui attribuèrent en conséquence l’invention de la musique et des chants religieux en l’honneur de Cybèle.
Wolfgang Rihm se saisit de ce mythe et trouve, dans la trompette, instrument à embouchure, l’équivalent de la distorsion antique du visage, quand la percussion soliste anime quelques notes par des trémolos de marimba, avant de sanctionner, par les peaux de sept tambours, le sort tragique du silène, cou pant, avec une vigueur toute verticale, la musique. L’œuvre de Rihm s’abreuve volontiers à la mythologie grecque et aux interprétations qu’en donnent le romantisme et l’idéalisme allemands : Penthesilea Monolog (2005), d’après Heinrich von Kleist, Mnemosyne (2006-2010), sur un poème de Friedrich Hölderlin, Kolonos (2008), deux fragments du même Hölderlin d’après Sophocle, ou encore Dionysos (2010), fantaisie lyrique sur un livret du compositeur d’après les Dithyrambes de Dionysos de Friedrich Nietzsche. Et dans Œdipus (1986-1987), Rihm convoquait la traduction par Hölderlin d’Œdipe le tyran, un fragment de Nietzsche, « Œdipe. Entretiens du dernier philosophe avec lui-même » et le poème « Commentaire-Œdipe » de Heiner Müller, en une polyphonie de strates historiques. Nul texte dans Marsyas, mais une tension entre le tragique et un lyrisme rhapsodique, presque immédiat. Plus qu’une grammaire émergent des situations poétiques aux affects puissants.
Selon la mythologie grecque, Athéna aurait inventé la flûte, faite d’os de cerf ou, comme le relate Ovide, de roseaux du lac de Triton. « La Déesse fabriqua la flûte, l’instrument riche en sons de toute espèce, pour imiter avec lui la plainte sonore qu’Euryale proférait de ses lèvres fébriles », écrivait déjà Pindare. Mais, moquée par Héra et Aphrodite, Athéna constata bientôt, dans le reflet d’une fontaine de l’Ida, que l’instrument, quand elle en jouait, altérait les traits de son visage. Aussi le jeta-t-elle, vouant au pire supplice quiconque le ramasserait
Marsyas, un silène phrygien, s’en saisit pourtant et devint maître de l’aulos, la flûte à anche double, gagnant par son art tous ses auditoires. Les Pythagoriciens lui attribuèrent en conséquence l’invention de la musique et des chants religieux en l’honneur de Cybèle.
Wolfgang Rihm se saisit de ce mythe et trouve, dans la trompette, instrument à embouchure, l’équivalent de la distorsion antique du visage, quand la percussion soliste anime quelques notes par des trémolos de marimba, avant de sanctionner, par les peaux de sept tambours, le sort tragique du silène, cou pant, avec une vigueur toute verticale, la musique. L’œuvre de Rihm s’abreuve volontiers à la mythologie grecque et aux interprétations qu’en donnent le romantisme et l’idéalisme allemands : Penthesilea Monolog (2005), d’après Heinrich von Kleist, Mnemosyne (2006-2010), sur un poème de Friedrich Hölderlin, Kolonos (2008), deux fragments du même Hölderlin d’après Sophocle, ou encore Dionysos (2010), fantaisie lyrique sur un livret du compositeur d’après les Dithyrambes de Dionysos de Friedrich Nietzsche. Et dans Œdipus (1986-1987), Rihm convoquait la traduction par Hölderlin d’Œdipe le tyran, un fragment de Nietzsche, « Œdipe. Entretiens du dernier philosophe avec lui-même » et le poème « Commentaire-Œdipe » de Heiner Müller, en une polyphonie de strates historiques. Nul texte dans Marsyas, mais une tension entre le tragique et un lyrisme rhapsodique, presque immédiat. Plus qu’une grammaire émergent des situations poétiques aux affects puissants.
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