• il y a 7 mois
Transcription
00:00 Bonjour les amis, on va recevoir un personnage important, il s'appelle Aimé Bill, c'est l'histoire
00:16 d'un gendarme qui est passé de sauveur en victime. 25 ans que tu essaies de clamer ta vérité Aimé,
00:22 tu as été écarté du dossier, du trou et tu as même été diffamé, donc c'est important. 25 ans
00:28 de souffrance et de cri et que nous n'avons pas entendu, personne ne t'a compris dans ce contexte
00:34 là. Je voudrais dans le bouquin lire un hommage que tu fais à ton papa, je crois que c'est important,
00:39 je veux te dire combien j'ai souffert de tes accusations méchantes et mensongères, je veux
00:44 te dire que c'est grâce à toi que je suis resté dans le droit chemin malgré les provocations et
00:47 les brimades, aujourd'hui comme toujours et à jamais, je suis fier de ton fils. Donc tu fais
00:51 hommage à ton père par rapport à ce que tu as vécu, tu as vécu l'enfer pendant 25 ans dans le silence.
00:56 Je ne peux pas dire l'enfer pendant 25 ans, j'ai vécu l'enfer de 1997 à 2003-2004,
01:05 mais bon maintenant, que je sois dans mon jardin, que je sois sur mon vélo, que je sois à la salle
01:10 de sport, que je sois dans mon voiture, il n'y a rien à faire, jamais je ne saurai retirer ça de ma tête.
01:15 Jamais. Jamais.
01:17 Le 13 septembre, un vendredi, je suis occupé dans le dossier fiscal de Dutroux et je découvre un
01:32 document confidentiel. Le gendarme René Michaud, hélas décédé, a contacté le 10 août 1995,
01:41 Julie et Melissa sont enlevées le 24 juin, donc le 10 août, il se renseigne et il dit « voilà,
01:47 je travaille pour un magistrat et une cellule spécialisée dans le rapte d'enfants et j'ai
01:53 besoin de renseignements sur Dutroux et Martin. » Donc, il laisse ses coordonnées, les coordonnées
01:59 de ses deux collègues de bureau et le 16 août, le responsable des impôts communique tout à Michaud
02:08 en disant même qu'il a téléphoné lui-même à Dutroux pour avoir des précisions sur les
02:13 couleurs de véhicules et il lui fait vraiment la liste de tous ses biens, maison, tout le bazar.
02:18 Maintenant, je ne l'ai pas mis dans mon livre parce que je l'ignorais, mais il faut savoir une
02:22 chose, donc le 16 août, Michaud a tous ses renseignements là, on est six jours avant
02:26 l'enlèvement de Anne et Fieu. Donc, si nous l'équipe de Bates, on a un bazar comme ça,
02:32 le 16 août, on est en route. Mais le samedi, à la foire du livre, j'ai devant moi un monsieur
02:38 qui regarde le livre et me dit « oui, je connais ». Finalement, après dix minutes, un quart d'heure,
02:43 j'avais même l'éditeur et des témoins, c'était un officier de Charleroi, M. Gourcet,
02:49 que je ne connaissais pas et qui nous dit « ben oui, c'est moi qui ai ordonné à Michaud de faire
02:56 le procès verbal, on était le 2 octobre ». Je lui avais déjà demandé au mois de sept ans,
02:59 il n'avait toujours rien fait. – Mais pour quelle raison ?
03:02 – Il y a des flics qui travaillent, il y a des flics qui travaillent plus vite que d'autres.
03:09 Bon, moi, on avait à peine demandé, avec notre équipe, on travaillait, on travaillait,
03:13 on était ennuyés par notre hiérarchie. Alors, on fait un procès verbal,
03:18 mais on ne fait que des perquisitions que le 13 décembre.
03:20 – D'accord, parce que déjà, à ce moment-là, tout le monde est au courant qu'il y a beaucoup
03:25 de problèmes d'enlèvement et qu'il y a des enquêtes en cours.
03:28 – Écoutez, le collègue Michaud le dit, il travaille pour une cellule spécialisée
03:33 et pour un magistrat pour des raptes d'enfants, il n'y en a pas eu 36 qui sont enlevés,
03:38 il y a Julien Mélissa qui sont enlevés depuis 6 semaines. Et on fait des perquisitions le 13 décembre,
03:42 et là, on entend des bruits, mais on découvre un spéculum, on découvre de la crème vaginale
03:49 et du chloroforme. Et on fait une perquisition le 19 décembre, et on est toujours en vie.
03:57 – Et même, beaucoup de gens comprennent bien, parce que ça a provoqué beaucoup de problèmes,
04:01 vous travaillez pour la police, et Michaud pour la gendarmerie, qui est où en fait ?
04:05 – Moi je travaille pour la gendarmerie. – Tous les deux.
04:08 – Moi je n'interviens dans le temps que l'année suivante, qu'après la découverte des corps.
04:14 Moi c'est en septembre 1996, donc un mois après la découverte des corps,
04:19 que je découvre ce document-là. Donc le vendredi 13, je fais un procès-verbal
04:24 que j'envoie directement à M. Conroth, et qui me donne directement une apostille,
04:29 pour auditionner le responsable des impôts qui me confirme tout ce que je viens de vous raconter.
04:33 Donc on est abasourdi de voir que la gendarmerie possède des renseignements
04:41 pour retrouver ces petites filles, et qu'on attend des semaines et des mois
04:44 pour faire quelque chose, et finalement on les retrouve morts.
04:48 – D'accord, et quelle est votre interprétation de ça ?
04:52 Vous avez mené une enquête là-dessus, ou quelqu'un a mené une enquête
04:55 sur ce dysfonctionnement très très grave en fait ?
04:58 – Oui, la commission parlementaire, il faut reprendre le rapport du 14 avril 1997,
05:02 qui décrit beaucoup de choses. Bon, il y a eu des mentements,
05:06 un des deux ne dit pas la vérité, c'est pas moi c'est lui, c'est bon.
05:09 Vous avez vu les conflits comme moi, bon, moi je ne sais pas intervenir
05:12 dans une enquête où je n'ai pas travaillé, mais avec mon équipe,
05:15 avec Patrick Debati, le 16 août à 12h on a des renseignements,
05:20 vous pouvez être certain qu'à 13h il y a déjà des équipes sur le terrain.
05:23 – Bien sûr.
05:24 – Donc vous travaillez de cette façon-là, et bon, je vais sortir du sujet,
05:28 mais je peux vous raconter des cas où vous prenez une plainte à 17h,
05:32 on mobilise tout le monde, pourtant on a fini journée,
05:34 allez, toi tu fais des recherches sur l'origine nationale,
05:36 toi tu regardes sur le reste des sociétés, allez, vous trois vous partez déjà,
05:39 vous vous mettez à proximité, et à 20h on débarque dans la maison,
05:43 et donc on intervient déjà.
05:45 – Donc ce serait suspect en fait, c'est difficile à expliquer uniquement par des mentements.
05:51 – C'est surtout triste, c'est surtout triste pour ses parents,
05:54 et je dis, Julien Mélissa on aurait pu les retrouver,
05:57 mais Arnaud et Fionn étaient pas encore enlevés.
06:00 – Hum, curieux.
06:00 – Je voulais vous dire une chose, il y a une phrase de Michel Bourlet,
06:03 qui traînera dans ma thèse jusqu'à la fin de mes jours,
06:05 c'est "on saura la vérité si on me laisse faire".
06:08 – Si on me laisse faire ?
06:09 – Oui, si on me laisse faire.
06:11 – Je pourrais dire la même, si on nous avait laissé faire,
06:16 nous aurions été plus loin, mais on dérangeait.
06:19 Vous savez, il y a des enquêtes,
06:21 vous savez, la gendarmerie a été supprimée pour des raisons politiques.
06:24 Quand moi je suis en brigade et que vous avez un gardes champêtes
06:27 qui fait un procès-verbal à une personne,
06:29 par exemple pour un contrôle technique, cette personne va trouver le bourgmestre,
06:33 et bien le bourgmestre va dire à son petit gardes champêtes,
06:35 "laisse tomber", et le gardes champêtes il n'a pas le choix.
06:37 Mais un gardes champêtes ne sait pas demander à un gendarme.
06:40 Alors moi le gardes champêtes me disait, "tiens, attrape celui-là",
06:42 et moi je l'attrapais, il ne fallait pas que le bourgmestre me téléphone.
06:44 Alors on a supprimé la gendarmerie déjà pour ces raisons-là,
06:48 on dit que c'est l'affaire du trou,
06:49 bon, mais je crois que c'était déjà dans une volonté depuis un petit temps,
06:53 puisqu'au départ nous avions trois ministères,
06:55 et puis on n'avait plus qu'un ministère,
06:58 et bon, ben, moi je regrette la façon dont tout ça a tourné,
07:04 vous êtes confronté à une hiérarchie,
07:06 M. Bourlais, pour le citer, lui avait aussi une hiérarchie,
07:11 et bon, il peut être procureur du roi,
07:13 mais au-dessus de lui il y a un procureur général,
07:15 et il ne fait pas ce qu'il veut,
07:16 et au-dessus du procureur général il y a le pouvoir politique,
07:19 et donc si on dit "stop, attention, on ne va pas toucher",
07:22 vous savez, si c'est des petits,
07:23 bon, ben, il y a des petits comme vous et moi,
07:25 il n'y a pas de problème, on peut foncer,
07:27 mais une fois qu'on arrive peut-être à un certain sommet,
07:30 on ne peut pas, on dérange.
07:32 Mais qui était au-dessus de le procureur Bourlais à l'époque ?
07:35 Ben, il y a Mme Tilly, donc le procureur général,
07:39 qui s'est ridiculisé, qui a menti sur le témoin X1.
07:46 Bon, vous savez, moi à Bruxelles j'ai eu le procureur général,
07:51 je connais maintenant, je vous le dis en face M. le procureur général,
07:56 si vous me regardez, vous êtes un monsieur malhonnête,
07:59 un procureur général malhonnête,
08:01 et je vous le regarde droit dans les yeux, je vous le dis.
08:04 Qui vous a adressé là ?
08:05 Je m'adresse à M. André Van Odenhove,
08:08 qui était procureur général à l'époque,
08:10 et qui a adressé le 30 mars 2000 un rapport de 17 pages d'accusation
08:14 à l'état-major de la gendarmerie sur Patrick Debades et moi-même,
08:18 et ce rapport est arrivé à l'état-major,
08:20 M. le colonel Duchâtelet m'a téléphoné, m'a dit "cette fois vous êtes mort",
08:25 et quatre mois après le colonel Duchâtelet m'a adressé une lettre en français
08:28 et une en flamand à Patrick pour dire "c'est un rapport mensonger",
08:34 et il n'a pas pondu ça de lui-même,
08:37 il a fait ça après une instruction de plus de deux ans qu'il n'avait rien mené,
08:41 et le rapport, tenez-vous bien, il date du 30 mars 2000,
08:44 si vous allez dans le Soir Illustré du 22 mars 2000,
08:47 huit jours avant, vous avez déjà des éléments de son rapport.
08:50 Alors je ne sais pas s'il a copié dans le Soir Illustré,
08:54 mais je pense, d'après les échos que j'ai eu, que ce n'est pas lui qui a fait,
08:57 il a fait la première page, mais les 16 autres pages ont été faites par un magistrat,
09:01 voire deux, un officier de gendarmerie et un journaliste du Soir Illustré.
09:04 – C'est énorme.
09:05 – C'est honteux, un rapport mensonger d'un des plus hauts magistrats du pays,
09:09 et je vous le redis M. Vanhoendenhoff, vous êtes un malhonnête.
09:13 – Oui, mais alors, mais qui est ce gendarme et qui est ce journaliste en fait ?
09:18 Vous le savez ?
09:19 – Les journalistes du Soir Illustré ?
09:21 – Oui.
09:21 – Ben c'est M. Delieche ou M. Drewez.
09:25 – D'accord.
09:26 – Il y en a un des deux qui est décédé,
09:28 mais d'après les informations que j'ai reçues, ce serait M. Drewez.
09:32 – Et donc il aurait monté un dossier de toute pièce ?
09:36 – Ben écoutez, ces gens ont fait des articles frappuleux sur nous.
09:39 – D'accord.
09:40 – Moi par exemple, j'en ai un le 23 juillet 1997, sur une page,
09:43 avec le grand titre "Qui a voulu tuer Dirupo ?"
09:46 J'ai quatre fois aimé Bill sur la page.
09:48 – D'accord.
09:49 – Et ces gens en justice ont été protégés par le juge Hénard.
09:56 – Vous dites donc que ça a été monté de toute pièce avec un journaliste du Soir,
10:01 qui a dû recevoir des instructions de quelqu'un, parce qu'il n'y a pas… spontanément.
10:05 – Vous avez un rapport qui est adressé à l'état-major de 17 pages.
10:08 La première page, on voit la forme, c'est le procureur général.
10:12 Les 16 autres pages, ce n'est pas lui.
10:15 D'ailleurs, j'ai comparé toutes les lettres qu'il a adressées à ma hiérarchie,
10:20 et la formule finale, donc vous voyez jusqu'où j'ai poussé le bouchon,
10:23 la formule finale de son rapport n'est pas la même que celle qu'il utilise chaque fois.
10:27 – D'accord.
10:28 – Donc ce rapport, il est faux, il est mensonger.
10:31 Alors, moi, j'ai eu quand même des contacts,
10:34 j'ai quand même eu de bonnes sources au palais de justice, à la gendarmerie,
10:38 et ils m'ont dit "le rapport, ce n'est pas le procureur général qui l'a écrit".
10:42 Donc, on me dit que Mme Somers aurait travaillé, donc une magistrate du parquet,
10:47 on me dit que le juge Van Espen y aurait travaillé,
10:49 que le commandant Duterme y aurait travaillé.
10:51 Là, je n'ai pas une certitude, et un journaliste du Soir Illustré,
10:56 et on m'avait cité, donc M. Bréhues.
10:59 – Parce que dans votre livre, vous mettez en cause le juge Van Espen ?
11:04 – Oui, bien sûr, je le mets en cause, c'est pas un problème.
11:07 – Donc, vous pouvez me mettre le rapport qu'il y a par rapport aux affaires
11:12 et à cette réduction que vous avez ?
11:15 – Alors, on va passer directement au dossier de la champignonnière.
11:19 – Oui, c'est pour ça que c'est compliqué, on va essayer étape par étape.
11:22 – On y va, on y va, parce que c'est là, tout se passe là,
11:25 allez-y avec le juge, c'est fondamental, c'est le lien entre les deux affaires en fait.
11:29 [Musique]
11:36 – Sylvan Espen a été assassiné, donc, atrocement, le 13 février 1984,
11:41 dans une champignonnière à Odergheim.
11:43 – Voilà.
11:44 – L'enquête a d'abord été confiée au juge d'instruction et loi.
11:49 Le juge d'instruction et loi est tombé malade en 1985.
11:53 En 1984, le juge Jean-Claude Van Espen est avocat,
11:57 et il est collaborateur avec Annie Bouty, qui est Mme Nioul.
12:03 – Michel Nioul.
12:05 – Michel Nioul.
12:07 Monsieur Van den Boenans, d'après les écrits et les déclarations de M. Nioul,
12:12 M. Van den Boenans, ancien ministre, a nommé le juge d'instruction Van Espen,
12:18 a nommé l'avocat Van Espen comme juge d'instruction.
12:22 Alors, tout le monde qui connaît M. Van Espen sait que c'est un juge financier.
12:26 25 ans après, je me demande toujours ce qu'il y avait de financier à la champignonnière,
12:29 parce qu'il se plaint toujours qu'il y a des dossiers, des dossiers.
12:32 Alors, pendant 12 ans, l'enquête a été menée par la police judiciaire,
12:37 et donc de 1985 au 30 avril 1996, c'est le juge Van Espen qui a repris cette instruction.
12:44 Alors, instruction, moi on m'a confié le dossier, donc le 5 décembre 1996,
12:50 et on m'a demandé de l'analyser.
12:51 J'ai fait un procès-verbal de 202 pages,
12:54 je crois pas qu'il y a beaucoup de fric qui peut avoir assis dans le PV,
12:57 j'ai fait un PV de 202 pages où j'ai analysé tous les PV.
13:01 Là-dedans, j'ai soulevé tous les dysfonctionnements, les manquements, les anomalies.
13:06 Enfin bon, je peux vous en citer quelques-unes, par exemple,
13:09 la maman de Christine Van Es, elle est entendue la première fois 7 ans plus tard.
13:15 La marraine, malheureusement elle est décédée, elle n'avait jamais été entendue.
13:20 Le 27 avril 1987, 3 ans après les faits,
13:27 il y a un appel anonyme qui arrive à la police d'Utterbeck, et on leur dit,
13:30 "Pour résoudre la champignonnière, vous devriez enquêter sur le Dolo".
13:36 La police d'Utterbeck fait un procès-verbal,
13:40 et on met là-dedans que c'est la voix d'un Nord-Africain.
13:43 Rappelez que le Dolo c'est sans doute une boîte...
13:45 Le Dolo c'est un établissement un peu louche où M. Nioul avait...
13:49 Je ne l'ai jamais suivi.
13:51 Alors, le juge Van Espen reçoit le PV le 30 avril 1987,
13:55 et il fait une apostille, et il demande donc d'enquêter sur le Dolo et de saisir la cassette.
14:00 Il y a juste un PV, on a saisi la cassette.
14:03 Moi, en 1996, j'ai repris la cassette, je l'ai mise dans un laboratoire à Mons, à l'université,
14:09 et ce n'est pas la voix d'un Nord-Africain, mais c'est la voix d'une personne du N.O.
14:12 Bon, il n'y a pas qu'une personne qui habite le N.O., mais vous avez tout de suite...
14:16 Je pose des questions, pourquoi n'a-t-on pas fait une enquête sur le Dolo ?
14:19 Alors, il faut savoir que le 30 décembre 1996, un de nos collègues a entendu M. Forgeaux,
14:25 qui était le patron du Dolo, et dans l'audition d'une dizaine de pages,
14:29 il lui demande de citer le nom des personnes.
14:32 Et donc, vous avez des personnalités sportives, politiques, vous avez des gendarmes,
14:37 vous avez des policiers, des policiers judiciaires, des magistrats,
14:41 et curieusement, vous avez un des deux chefs d'enquête de la Champignonnière qui est cité.
14:45 Alors, il ne faut pas s'étonner qu'on n'a pas fait d'enquête.
14:50 Alors moi, quand j'ai une enquête, ici, je reçois les parents qui me disent
14:53 « Vous nous posez des questions comme vous ne nous avez jamais posées, rien du tout. »
14:56 Et le dimanche 19 ou 20 janvier 1997, je suis au bureau avec des collègues et les parents
15:04 et le frère de Christine, et le frère nous dit
15:08 « Je vais vous dire quelque chose que je ne vous ai jamais dit. »
15:10 On se regarde, je n'ai jamais dit à personne.
15:13 Et on se dit « Ok, qu'est-ce que c'est que ça ? »
15:15 Et bien voilà, quelques mois après la mort de ma soeur,
15:19 ce policier-là, donc M. Collignon, donc un des deux chefs d'enquête,
15:23 est venu me rechercher à l'école, à l'heure de midi,
15:25 où les parents travaillaient à la librairie ainsi,
15:27 il m'a ramené à la maison, il est resté près de moi pendant que je mangeais ma tartine.
15:31 Il m'a dit que dans ce dossier, il approchait des personnalités,
15:34 qu'on allait lui retirer le dossier et qu'il allait avoir une promotion.
15:38 Donc, il vient me rechercher avec une voiture.
15:41 Moi, j'ai une bête question, vous allez me dire
15:42 « Mais enfin, il est con ce flic, pourquoi est-ce qu'il pose cette question-là ? »
15:45 Je lui ai demandé « Tiens, avec quelle voiture ? »
15:49 Parce que bon, ben, vous voyez, c'est dans mon caractère de poser des questions comme ça.
15:54 Et il me dit « Ben, une Alfa Romeo ».
15:56 Donc, je me renseigne, la police judiciaire n'avait pas d'Alfa Romeo.
15:59 Et ce policier-là avait une voiture Alfa Romeo dans la vie privée.
16:03 Alors, il faut qu'on m'explique pourquoi un policier,
16:05 donc dans sa vie privée, va rechercher un gosse et il lui explique ça.
16:09 Lorsque l'enquête débute, la police judiciaire va à son école
16:13 et on leur remet un certificat médical, délivré par un ORL, le docteur Allard.
16:18 Donc, Christine aurait été absente de l'école du 20 au 25 janvier 1984,
16:25 donc trois semaines avant sa mort.
16:26 Alors, un certificat médical, il n'est pas fait le 20, il est fait à l'issue, le 25.
16:32 Je trouve moi ça bizarre.
16:33 Ce n'est pas Christine, c'est Christiane.
16:36 Alors, quand vous avez un document comme ça en février 1984,
16:40 vous foncez, vous foncez chez le bonhomme.
16:44 Eh bien non, on l'a interrogé en 59 mois plus tard.
16:48 Vous voyez qu'en 91, on fait un portrait robot,
16:52 on appelle la gendarmerie, puisqu'il n'y avait qu'un seul portraitiste,
16:55 donc c'était à la gendarmerie.
16:56 La police judiciaire appelle un portraitiste, on établit un portrait robot
17:00 et puis on dit à la police judiciaire de la gendarmerie,
17:04 il ne faut pas le diffuser, c'est prématuré.
17:06 Et ce portrait robot n'a jamais été diffusé.
17:08 C'est moi qui l'ai montré aux parents,
17:10 eux ne l'avaient jamais vu, ils n'avaient pas connaissance de ça.
17:13 Régine Halouf, la folie
17:19 Je vais vous donner un bel exemple.
17:21 On a dit que Régine Halouf, je parle peut-être d'une chose et de l'autre,
17:23 mais on a dit que Régine Halouf c'est une folle.
17:25 Régine Halouf, c'est quel dossier qu'on comprend ?
17:27 C'est le témoin X1, c'est le fameux témoin X1.
17:31 Alors, si Régine Halouf est folle, comme on a dit,
17:34 bon d'abord il y a un rapport d'un collège de cinq psychiatres qui disent qu'elle n'est pas folle.
17:39 Mais dans une instruction à charge de Patrick Debades,
17:42 pour faux en écriture, un faux qui n'existe pas,
17:45 le juge Pignolet, qui n'est saisi que d'infos,
17:50 met le témoin X1 sous surveillance téléphonique, sous écoute téléphonique.
17:55 Vous imaginez, même des criminels n'ont pas le droit à ça.
17:58 Il l'a mis sous surveillance.
17:59 J'ai une apostille du juge Pignolet du 26 février 1998,
18:04 écoutez bien ce que je vais vous dire,
18:06 1998, 26 février, suite à l'écoute téléphonique,
18:11 Madame Régine Halouf a contacté Annémie Bulté,
18:15 donc c'était une journaliste du De Morium,
18:17 qui a fait le dossier X,
18:19 et dans la conversation elle dit avoir remis des documents à Mark Verwilgen.
18:25 Prière d'entente Régine Halouf pour savoir quels documents elle a remis à Verwilgen,
18:29 et de quelle manière.
18:31 Alors, ça serait un policier qui aurait donné des documents à Verwilgen,
18:34 on pourrait comprendre qu'il y a un secret professionnel.
18:37 Alors, ils ont la trouille, ils ont peur de Régine Halouf,
18:41 ils ont peur de ce témoin, et si elle est folle,
18:43 est-ce que vous pensez qu'on va pas la mettre sous écoute,
18:45 est-ce qu'on va passer son temps à faire ça ?
18:47 Non, c'est tout à fait vrai.
18:49 Et donc, maintenant, cette Régine Halouf, elle est toujours vivante ou pas ?
18:53 Je pense, oui, oui, bon,
18:55 vous savez, cette dame, elle en a tellement vécu,
18:59 bon, elle a, parce que là aussi, Régine Halouf,
19:01 on a fait croire que c'était mon équipe, Patrick Debats,
19:04 qui l'avait inventée en 1996, un peu après l'affaire du trou.
19:09 En 1989, en 1992, X1 est allé voir des gendarmes,
19:19 et elle leur a déjà expliqué ça, et on l'a pris,
19:22 on a dit, c'est pas possible.
19:24 Mais c'est l'histoire de la Champignonnière ?
19:26 Non, elle racontait les abus dont elle était victime.
19:28 Les abus, ok.
19:30 Alors, lorsqu'elle a été entendue par Patrick Debats
19:33 à 17 reprises des auditions vidéo filmées,
19:36 là, elle a évoqué la Champignonnière,
19:39 mais elle n'a pas dit, c'est la Champignonnière,
19:41 elle a dit, j'ai assisté à la mort d'une certaine Christine
19:44 dans une cave à Bruxelles.
19:48 Et mes deux collègues qui l'interrogeaient,
19:50 puisqu'elle parlait en flamand,
19:52 mes deux collègues se sont dit, ben, c'est la Champignonnière,
19:55 mais ça doit être élucidé, cette affaire est résolue.
19:58 Mais derrière, il y a qui dans la régie ?
20:02 Il y a des magistrats, magistrats nationaux,
20:04 et les magistrats nationaux, ils disent, non, non, c'est pas résolu.
20:07 Ce qu'elle raconte là, c'est la Champignonnière.
20:10 Et les magistrats nationaux ont ordonné au parquet de nous confier le dossier.
20:14 D'accord.
20:16 Naturellement, on est tombé sur des emmerdeurs,
20:18 parce que bon, moi, je ne peux pas les marquer blanc quand c'est rouge.
20:21 Et pour faire plaisir à mon officier,
20:23 je ne peux pas marquer 13 si c'est 14.
20:25 Alors, donc, nous, on ne fonctionne pas dans ce cadre-là,
20:28 nous, on fait notre boulot.
20:30 Un magistrat peut me demander, écrivez 13 si c'est 14,
20:33 je ne le ferai pas.
20:35 Il y en a qui le feront, pour avoir une promotion,
20:37 qu'est-ce qu'on ne ferait pas ?
20:39 Bien sûr.
20:41 Voilà.
20:43 (Chant)
20:49 Sous-titrage Société Radio-Canada
20:52 (Générique)
20:56 (...)
21:00 (...)
21:03 Merci à tous !