#Rire.

  • il y a 4 mois
Transcript
00:00:00Musique du générique
00:00:15Musique du générique
00:00:45Bonsoir à tous et bienvenue pour ce nouveau numéro de Parlons Santé,
00:01:04deux ans et demi, désormais que nous diffusons en direct tous les mardis soirs,
00:01:09désormais rendez-vous hebdomadaire, n'oubliez pas de vous abonner à notre chaîne YouTube,
00:01:13reinfosanté.fr également, notre fil Telegram et notre page Facebook pour être informé,
00:01:21on ne dérange pas trop, vous pouvez y aller pour avoir différentes informations sur le
00:01:26contenu de nos émissions et pourquoi pas commenter également. Nous sommes une chaîne
00:01:30de santé intégrative, c'est-à-dire nous donnons la parole à des praticiens de différents horizons,
00:01:36même des individus de différents horizons, qui apportent un regard sur la complexité du vivant
00:01:41et puis un mieux vivre, un mieux comprendre et un mieux agir également, tout en mettant
00:01:46l'individu au centre. Nous avons eu plusieurs thématiques au cours des deux dernières années
00:01:52et demie, nous avons abordé deux fois la mort mais pas une seule fois le rire, ces choses faites
00:01:57ce soir nous allons réparer cela avec nos trois invités pour discuter, rire sans doute, j'espère,
00:02:06vous aussi, partager quelques blagues dans le chat autour des effets positifs du rire sur la santé,
00:02:10comment rire ensemble, quelle est la place du rire, mais également l'absence de rire à certains
00:02:17endroits provoque-t-il un déficit de santé. Voilà c'est joyeusement que nous allons parler de tout
00:02:23cela, j'en profite pour faire une double annonce, la semaine prochaine, mardi prochain, nous serons
00:02:28en direct, deuxième Parlons Santé en direct, le premier avait été sur l'intervention artificielle
00:02:33il y a un peu plus d'un mois, celui-ci sera en direct de Sainte sur le papillomavirus,
00:02:40on va dire de l'HPV, toute la polémique qu'il y a autour et je vous rappelle que pour Sainte,
00:02:47la 150e du CSI, donc le conseil scientifique indépendant, émission elle aussi hebdomadaire
00:02:52mais le jeudi soir, puisque le jeudi c'est CSI, pour célébrer la 150e émission, les trois ans du
00:02:59CSI, il y aura comme l'année dernière un grand rassemblement à Sainte, toujours le mercredi 8 mai,
00:03:06pour toute une journée de sciences et de découvertes et de partage de tables rondes et
00:03:14d'informations. Il reste quelques places disponibles, vous pouvez regarder dans le
00:03:18chat le lien pour réserver votre place à la 150e du CSI et continuer le travail de fonds
00:03:26d'informations et celui de réinformation de la part des intervenants. En attendant, pour ce soir
00:03:34ce qui nous anime, trois intervenants, j'accueille Yvan, Yvan bienvenue, c'est ta première parmi nous
00:03:41dans Parlons Santé, déjà bienvenue, merci d'avoir accepté l'invitation et puis je te laisse la parole
00:03:47pour te présenter, qui es-tu et puis pourquoi avoir choisi la thématique du rire dans ta vie,
00:03:54dans ton quotidien ? Eh bien déjà Fabien vraiment merci infiniment, déjà tu me donnes la parole le
00:04:01premier, je ne sais pas ce que je veux vraiment en faire, mais enfin je vais en faire quelque chose
00:04:06déjà, ça c'est sûr. Je vais commencer par me présenter, alors moi je suis Yvan Haddad Weinblum,
00:04:14on peut m'appeler aussi Ariel, c'est plus simple. Je suis animateur certifié en yoga du rire et
00:04:25j'interviens en EHPAD auprès de personnes qui sont très âgées et ou malades pour des séances
00:04:34donc de yoga du rire. Mon approche du rire elle est au départ à la fois philosophique et
00:04:40psychologique, ce qui est important pour moi dans la vie en fait, pour citer un philosophe que
00:04:50je n'aime pas tellement, mais enfin c'est lui qui l'a dit, alors je le reprends. Ce qui est important
00:04:54dans la vie pour moi c'est la vie, pourquoi ? Parce qu'une chose dont personne ne peut douter c'est
00:05:01qu'on va mourir un jour, la finitude et donc pour moi en tout cas le rire ça peut être un moyen de
00:05:12faire face au tragique et à cette réalité qui est la condition humaine. Voilà je crois que c'est
00:05:24une première approche que j'ai envie de témoigner. Merci pour ça Yvan, bienvenue et puis avec joie
00:05:37pour échanger sur cette soirée avec toi. Un deuxième invité, un habitué des dénouements,
00:05:45Louis Fouché, bienvenue à toi, je te laisse te présenter ce que tu juges intéressant dans le
00:05:54rire comme partage pour ce soir, avec quelle intention tu viens ? Bonjour Fabien, bonjour
00:05:59Ariel, bonjour à tous ceux qui sont derrière à la technique qu'on ne voit pas et qui pourtant
00:06:02permettent que chaque semaine ça se masse et un grand merci pour ça parce que c'est un rendez-vous
00:06:07hebdomadaire qui permet aussi de se retrouver, de célébrer ensemble une envie d'être en santé de
00:06:12manière un peu différente que juste en prenant des cachetons antidépresseurs toute la journée
00:06:17pour essayer de se remonter le moral et donc merci d'exister, merci d'être là et puis de m'inviter,
00:06:24bonjour à Ariel, bonjour à Dr Alouest qui est encore dans les coulisses et puis à toi et à tous ceux qui
00:06:31nous écoutent. Moi je suis médecin anesthésiste réanimateur, on pourrait penser que c'est assez
00:06:34loin du rire et pourtant le fait de côtoyer la mort en permanence dans la réanimation induit
00:06:41une sorte d'humour noir, quelque chose qui m'a toujours apparu comme complètement inaudible
00:06:49pour des gens qui viendraient de l'extérieur, c'est-à-dire si tu mettais des caméras dans
00:06:53les staffs de réanimation ou dans les salles de repos, tout le monde serait choqué et probablement
00:06:58on aurait vraiment, ça ferait le buzz dans cet avou, c'est dans l'air, sur le plateau de tout
00:07:07parce que c'est un humour très noir qui essaye au fond de dompter, d'apprivoiser la peur de la
00:07:13mort et donc moi c'est mon premier regard un petit peu sur le rire, c'est une façon de dompter ou
00:07:19d'apprivoiser des choses qui font peur, la mort entre autres, mais pendant le Covid on a essayé
00:07:24de dompter la peur du grand déferlement totalitaire qu'on voyait arriver devant nous ou du Covid lui
00:07:30même aussi pour ceux qui ont eu peur du Covid, en fait chacun a eu ses peurs, que ce soit celle de
00:07:34Bill Gates ou celle d'un virus, que ce soit celle d'Emmanuel Macron ou d'Olivier Véran ou de
00:07:39leurs équivalents dans d'autres pays, finalement on a vu fleurir énormément de propositions
00:07:46humoristiques et moi j'ai vu ça de manière tout à fait fascinée et étonnée, en me disant tiens
00:07:53c'est marrant à ce moment où on devrait tous flipper comme des malades, au fond j'ai jamais
00:07:58vu autant de trucs humoristiques et dans le collectif qu'on a fondé et où Fabien a participé
00:08:04entre autres, pour tenir le coup on a demandé à quelqu'un de nous faire de l'humour et dès le
00:08:10début, c'est à dire même avant que Fabien soit là, avant d'autres, dès le début on a dit il nous
00:08:13faudrait quelqu'un qui nous fasse rire pendant au moins cinq minutes par jour pour tenir le
00:08:17coup et donc il y avait une personne qui était en charge de ça, de nous donner des vidéos, des
00:08:22flyers, des vignettes, des brèves, des petits podcasts, des trucs comme ça, des photos retouchées
00:08:29pour qu'on puisse se marrer pendant cinq minutes et heureusement que c'était là. Merci Louis,
00:08:35docteur Alouet si tu en parlais, bienvenue à toi, je te laisse te présenter, bienvenue,
00:08:49première apparition pour toi également sur Parle en Santé, bienvenue, on parlait,
00:08:56Louis tendait une perche en disant que le rire pendant cette crise-là sur les dernières années
00:09:02était important, tu t'es pas mal illustré de différentes manières sur le terrain et en vidéo,
00:09:09je te laisse te présenter par rapport à ton travail, qui tu es, comment tu utilises le regard.
00:09:15Ecoute, comédien, humoriste, je n'ai pas de conflit d'intérêt, très important déjà,
00:09:24je ne suis pas payé par aucune chaîne de télé, je suis payé par aucune chaîne de télé parce que
00:09:30sinon je pourrais défendre une cause en particulier, non, non, je fais du one man show depuis un
00:09:37moment déjà, du sketch depuis vingt ans on va dire, et de la vidéo sur YouTube, les gens me
00:09:44connaissent, donc j'ai créé une chaîne en 2013, mais je pense que c'est plus pendant le Covid que
00:09:48les gens m'ont connu parce que j'ai fait une vidéo qui a bien marché, c'était avec Rambo,
00:09:52j'avais appelé ça Covid-19, la démission, démission du gouvernement, j'avais repris le
00:10:00film Rambo 2 où je parlais à Stallone quand il cassait des cailloux dans le film et puis je
00:10:06lui disais il y a un problème, le gouvernement, enfin bref, il gère tout mal, c'est une vidéo
00:10:10qui a fait plus de deux millions de vues sur Facebook et puis qui a été partagée dans plein
00:10:15de choses, donc là on est en 2020 et c'est cette vidéo qui m'a fait connaître par un plus large
00:10:20public, on va dire qu'avant j'étais quand même dans le fin fond de YouTube, et écoute depuis je
00:10:29tourne un peu partout en France à droite à gauche avec mon spectacle et je rencontre plein de gens
00:10:33de divers horizons et on rigole tous ensemble, c'est ça qui est bien. Merci à toi pour la
00:10:43présentation et merci à vous trois, on va commencer à faire un petit tour de piste parce que vous
00:10:50avez chacun commencé à poser des banderilles sur vos intentions puis le regard que vous exercez
00:10:57sur le rire, tu parlais docteur Alouès d'aller à la rencontre du public, Louis parlait du quotidien
00:11:04en tension et puis avec la mort statistique dans les services de réanimation, toi aussi sur la fin
00:11:12de vie Yvan, le rire comme élément de mise en lien, c'est ça que j'entends dans vos paroles, Yvan
00:11:19est-ce que tu aimerais prendre cette thématique ? Peut-on considérer le rire comme un élément de
00:11:25mise en lien dans des situations où le lien semble être perdu ? Quand il est partagé, évidemment,
00:11:33c'est peut-être le meilleur vecteur de mise en lien qui existe mais encore faut-il qu'il soit
00:11:43partagé déjà et puis trouver finalement quelque chose, un dénominateur commun qui fait qu'à un
00:11:50moment le rire va exploser mais c'est ça, c'est un rêve, un idéal mais qui peut être assez
00:12:02rapide à trouver, je pense qu'avec docteur Alouès que je connais un peu, si il me reconnaît,
00:12:09je ne sais pas, Gérard Benayoun, on va faire quelque chose là. Gérard, ton pote Gérard,
00:12:16tu veux dire, non ? Ce n'est pas ton pote ? Ben oui, on se connaît depuis plus de 15 ans avec Gérard.
00:12:23Voilà, super. Déjà, le rire relationnel, le fait qu'on se connaisse, ça aide un peu mais enfin,
00:12:32on est dans une émission de pro, on n'est pas obligé non plus de se connaître pour rigoler
00:12:38ensemble, Louis et Fabien, j'ai envie de dire. C'est ça pour moi. Pardon, je termine là-dessus,
00:12:47c'est ça, il faut que le rire, il faut que ça circule, donc je relaisse ma place au prochain,
00:12:56au suivant, comme dirait l'autre. Tu interpellais Louis, toi tu avais tendu la perche, j'imagine dans
00:13:06les difficultés qu'il y a, pouvoir dialoguer des fois, reprendre dans un service des moments
00:13:12difficiles parce qu'une urgence succède à une autre. Est-ce que le rire, finalement, ça pouvait
00:13:17souder à un groupe dans des périodes de tensions assez extrêmes et puis permettre d'exorciser le
00:13:24drame un peu vécu ? Parce que tu nous parles de la réanimation, on a peut-être l'image en fin de
00:13:29vie, mais en fait, on peut recevoir tout type de patients, y compris des gens sur lesquels on
00:13:33pourrait mettre beaucoup d'affects ou faire des transferts comme les enfants ou des personnes d'âge
00:13:38assez faible. Et tu parlais d'un rire qui pourrait être inaudible par l'extérieur, est-ce que ce rire
00:13:43qui appartient à l'intime, il peut sédimenter un groupe et créer un lien ? Vous êtes parti sur
00:13:52cette idée du lien à travers le rire, en même temps je vois que assez souvent le rire peut exclure
00:13:58quelqu'un, il peut être aussi à l'origine de moqueries, d'ironie, d'un certain cynisme, comme
00:14:05s'il cherchait à mettre à distance quelque chose, quelque chose qui était un peu monstrueux. Et
00:14:10peut-être que si on se moque de la mort par exemple, comme en Amérique du Sud, dans la fiesta de los
00:14:16muertos, vous savez chaque année il y a cette fête où on se moque de la mort et où elle est avec ses
00:14:21ossements en train de craquer partout, elle tombe, elle tombe en morceaux, etc. Parfois elle a un air
00:14:26idiot, ça permet à tout le monde de se retrouver comme au sein de cette chose où on a mis la mort
00:14:33de côté quoi. Et au fond c'est peut-être la même chose qui se passe aussi dans les cours de
00:14:36récré ou quand il y en a un qui s'en prend plein la figure pour pas un rond. Et donc tu as une double
00:14:41dynamique, c'est à la fois faire du lien et exclure quelque chose peut-être, ou en tout cas le mettre
00:14:45à distance. Et si c'est un autre humain, c'est assez sombre, ça peut même être moche quoi, vraiment
00:14:52moche. Si c'est la mort, dans ce cas là ça aide à tenir le coup. Moi je me souviens de plusieurs
00:14:59fous rires pour les familles de patients dans les chambres de patients en train de mourir. Parce
00:15:05que la tension était telle, au bout d'un moment, qu'il y avait comme besoin de libérer ça quoi,
00:15:09que le diaphragme se mette à vivrer tout seul. Et où il y avait une différence vachement fine
00:15:14entre l'humour et les pleurs, tu vois, entre le rire et la peur. Et comme si le rire et la peur
00:15:22ils étaient tout proches quoi, presque comme les deux faces de la même pièce. Et je me souviens
00:15:29dans un film avec Belmondo qui s'appelle l'As des As, comme ça il est avec un petit garçon et
00:15:34puis ils sont un peu perdus dans la campagne, c'est la guerre, etc. Et puis il se met à rire
00:15:39un grand coup comme ça. Et le petit garçon il dit mais t'es fou, tu vas faire du bruit et tout,
00:15:43on va se faire repérer. Il dit non non non, tu vois, là quand t'as peur, tu ris, tu ris un grand
00:15:48coup. Et là d'un coup ça va mieux, en plus le type en face il pense que, ou le gars qui viendrait
00:15:53te faire la peau, il pense que t'as pas peur et donc c'est lui qui se met à avoir peur. Comme
00:15:58s'il y avait un retournement de la question de la peur à travers le rire. Voilà, donc moi j'ai eu
00:16:04un fou rire tout récemment et ça faisait très longtemps, ça m'a fait beaucoup beaucoup de bien.
00:16:06J'ai senti la décharge d'énergie qui peut y avoir, qui vidange les tensions à travers le
00:16:13fou rire. Et je me souviens de fou rire enfant à la messe quand je me faisais chier mais d'une force
00:16:19incroyable à rien comprendre de ce qui se passait et à avoir d'un coup le fou rire qui se met en
00:16:26route. Et là l'autre jour j'étais un topo et quelqu'un qui parlait et je me faisais chier mais
00:16:30alors, ça me donne l'idée de l'infini quoi. Tu t'en fous tellement que tu t'en fous que ça donne
00:16:36l'idée de l'infini quoi. Et je me suis mis à avoir du mal à me retenir, à regarder autour de moi mon
00:16:42épouse qui était là et puis un ami et je me suis dit non, il ne faut pas que je les regarde parce
00:16:45que si je les regarde, c'est sûr que je vais craquer. Et donc j'étais en train de retenir le
00:16:49truc tu vois à l'intérieur et plus ça avançait, plus je me disais mais c'est pas possible quoi.
00:16:53La personne qui est en train de parler est en train de me bouffer ma vie quoi, tellement c'est
00:16:56chiant et horrible. Et donc j'ai dû sortir et j'ai explosé de rire dans les toilettes. Donc tu
00:17:03vois, dans cette idée de créer du lien, il y a aussi mince, j'aurais pu peut-être là vraiment
00:17:07mettre le bazar dans le topo qui était en cours et avoir l'air un peu insultant vis-à-vis de la
00:17:11personne et j'ai préféré m'isoler pour rire. Je tourne autour, je ne fais pas un cours. Mais pour
00:17:18vous dire, il y a tous ces éléments-là à la fois dans la relation à la peur, dans la relation au
00:17:22danger, dans cette double face qu'est le rire et la peur. Et puis de l'autre côté, des fois des
00:17:29déclenchements de rire qui viennent de choses où tu ne sais pas pourquoi, comme s'il y avait une
00:17:33tension à vie de danger. J'avais vraiment l'impression de me faire sucer ma vie par la
00:17:36personne qui était en train de parler et je me suis dit, il faut que je trouve un échappatoire quoi.
00:17:41On a presque envie que tu donnes son nom du coup. Je plaisante. Mais c'est intéressant ce que tu dis
00:17:48sur le culturalisme aussi, le référent à la peur et aussi sur le côté enfantin parce que c'est vrai
00:17:54qu'on voit des fois des enfants quand ils ont peur, ils regardent la figure d'attachement qui est un des
00:17:58deux parents et puis je dois rire, je dois avoir peur. Et en fait, c'est le premier déclencheur,
00:18:02comme pareil quand un enfant tombe, il y a un moment de saisie et puis si l'adulte rigole,
00:18:09il va rire. Mais si l'adulte a peur, il va pleurer. Et en fait, c'est cette orientation-là qui est
00:18:14très spécifique. On dit qu'on peut conditionner une émotion. Oui, Ivan, ça te fait réagir ?
00:18:20Oui, ça me fait réagir parce que je pensais au bébé, à la réaction du bébé quand tu vas voir,
00:18:25quand le parent va voir son bébé et qu'il commence par gentiment lui caresser la joue. Après,
00:18:36il peut lui faire la pire des grimaces. Le bébé, il va sourire parce qu'il aura été mis en
00:18:42condition, il aura été conditionné. Alors que si on était arrivé vers lui et qu'on lui avait fait
00:18:48d'emblée une sale grimace, il se serait mis à pleurer le bébé. C'est tout ce que j'ai à dire.
00:18:53Oui, je pense que tu parles de conditionnement. J'ai beaucoup regardé sur la… Louis,
00:19:00on peut faire un peu de pub. Tu ne vas pas le faire, mais je le fais. Ton dernier livre,
00:19:05« Traverser la peur », où tu abordes ça. Et c'est vrai que culturellement, il y a des
00:19:11façons différentes de vivre la peur. Par exemple, chez les peuples premiers,
00:19:15quand la peur arrive, leur réflexe, c'est ou de crier ou de rire et d'exposer de rire pour le
00:19:20mettre à distance. C'est-à-dire, nous, de manière occidentale, ça va être plutôt comme ça,
00:19:24d'avoir une saisie d'émotion, de la capter, puis de verrouiller le diaphragme. Comme tu disais,
00:19:29Louis. Et puis l'autre, ça va être de crier, justement, d'un mouvement extérieur pour ne pas
00:19:34laisser rentrer ou d'exploser de rire. Et nous, on va juger ces gens un peu bizarres, un peu fous,
00:19:39et puis eux, on va dire, vous êtes en train de dérailler, vous allez laisser la peur rentrer.
00:19:44Docteur Alouest, toi, qu'est-ce que tu en penses du rire comme rempart à la folie,
00:19:52vu que ça fait 20 ans que tu essayes de comprendre les mécanismes ?
00:19:56La période qu'on a traversée avec le Covid, oui, tu as des gens, en tout cas,
00:20:03qui ont préféré rire de l'absurdité de plusieurs situations, qu'il n'y ait aucun sens. Que ce soit
00:20:09être assis dans un train, et si on était debout, on pouvait choper le virus. Ou sur les plages,
00:20:15les plages dynamiques, donc il ne fallait faire que de marcher, parce que si on s'arrêtait,
00:20:19on attrapait le virus. Il y avait plein de trucs qui n'avaient pas de sens, donc forcément,
00:20:23il fallait en rire. Rire de qui ? Rire avec qui ? Rire avec déjà les forces de l'ordre qui étaient
00:20:30censées mettre des amendes pour des trucs complètement débiles, déjà. J'ai une anecdote,
00:20:39moi, c'était dans le métro, je n'avais pas de masque, je prends le métro, puis je vois que les
00:20:46chieufs, ils montent dans le métro, tout le monde avec le masque, et ils m'ont vu que je ne l'avais
00:20:49pas, tu vois, ils m'ont vu. Et donc, moi, je vestis, je ne les ai pas vus, je continue à avancer
00:20:55dans le métro, et la rame d'après, ils montent dans ma rame, et puis ils m'attrapent, ils disent
00:21:00« Monsieur, vous n'avez pas de masque, vous pouvez descendre avec nous ». Et moi, je leur dis « Oh
00:21:05merde ! ». Je dis « J'avais un masque, j'ai couru, mais il est tombé ». Je dis « Comment on fait ? ».
00:21:10Et le flic, il a vu que je me foutais de sa gueule, pour ne pas perdre la face devant les gens,
00:21:17et il a dit « Bon, je vais vous en donner un ». Il a dû fouiller dans son, tu sais, il m'a sorti
00:21:22une pochette qu'on leur donne avec plein de masques, tu vois. C'était marrant, tu sais,
00:21:30le prendre à son… Donc, il m'a passé le masque, je l'ai mis comme ça, puis dès qu'ils se sont
00:21:34barrés, j'ai dit « C'est bon ». Mais souvent, oui, le rire, c'est lié aussi, c'est un intérêt de survie,
00:21:41parce que sinon, on craque, quoi. Enfin, on craque dans le sens, on pourrait péter les plombs. Donc,
00:21:47ça permet, c'est une soupape de sécurité, en quelque sorte.
00:21:50– Parce que là, toi, tu es en train de pointer des mesures qui étaient absurdes. Justement,
00:21:55il y a plein de personnes qu'on essaye de structurer et qu'on réussit à informer,
00:21:58en montrant le côté inique de la situation. Mais on se rend compte que c'est souvent par
00:22:03l'absurde que d'autres ont réussi à toucher un plus large public. On pourrait citer « Toi,
00:22:07tu l'as fait », mais il y a un humoriste comme Franjo qui a réussi, pareil, qui a explosé pendant
00:22:11la crise et qui a réussi avec des petits sketchs où, en fait, c'était des mises en scène du quotidien
00:22:16qui étaient complètement absurdes. Et il y a des gens qui, par leur rire, ont réussi à avoir de
00:22:20l'information. Est-ce que toi, tu as l'impression d'avoir réussi à faire passer de l'info que les
00:22:25gens n'arrivaient pas à prendre de manière structurée par des vidéos YouTube ou des blogs
00:22:30ou autre, et qui ont réussi à prendre des nouvelles enfants, de nouveau en perspective,
00:22:34face à l'absurdité du rire ? En fait, si tu veux, pendant la période Covid, je pense que tu avais,
00:22:41c'est un rapport, je dis toujours, 80-20. Tu vois, tu as 20 % de la population qui n'est pas tombée
00:22:47dedans. Le reste, ils ont suivi et quoi qu'il arrive, ils auraient appliqué tout ce que le
00:22:51gouvernement imposait. Après, parmi les 20 %, ceux qui ont résisté, en tout cas, moi,
00:22:59j'ai le souvenir d'avoir rencontré des gosses quand j'ai fait mon spectacle à Montpellier,
00:23:03donc 9 ans et 7 ans, au moment de la période de masque, quand il fallait le mettre dans les
00:23:10écoles. Et ils m'ont dit, parce que j'avais sorti une vidéo qui s'appelait « La planète des
00:23:15seringues ». J'avais repris le film « La planète des singes » et puis j'avais fait style, voilà,
00:23:20que Macron nous attaquait pour nous faire son injection. Mine de rien, c'est une vidéo,
00:23:26il y a beaucoup de gens qui m'ont remercié par rapport à cette vidéo parce que ça les a aidés
00:23:31à tenir et dont ces enfants qui l'avaient vu beaucoup avec leurs parents. Et ils m'ont dit
00:23:36que quand ils étaient à l'école et qu'on les forçait à mettre le masque ou qu'on les mettait
00:23:40au piquet parce qu'ils ne voulaient pas, ils pensaient à cette vidéo et puis qu'ils en
00:23:45rigolaient quand ils rentraient. Donc, oui, ça sert à ça en gros. C'est-à-dire, je pense que
00:23:52le rire, ça permet, comme je le disais, c'est une soupape de sécurité, ça permet de décompresser,
00:23:58de se dire « attends, là, il y a un truc qui ne va pas, il vaut mieux le prendre avec une
00:24:04certaine distance, tu vois, au lieu de… ». Mais après, chacun, c'est sûr que chacun implique…
00:24:09Il y en a, ils ne sont pas du tout dans cette vision. Je ne sais pas, vous en pensez quoi,
00:24:16Ivan ? Oui, je pense que c'est essentiel, c'est la vie. On est dans un souffle et on va mourir dans
00:24:29un souffle aussi si on met du rire là-dessus. Moi, avec les personnes âgées, je me suis posé la
00:24:36question parce que je me suis dit, ça va peut-être être mal perçu, mais je me suis dit qu'il faut
00:24:42y aller, il faut leur apprendre à partir parce qu'il y en a qui sont très angoissés. Et donc,
00:24:50on va leur apprendre à respirer, à respirer jusqu'au bout. Et ça veut dire quoi « respirer
00:24:55jusqu'au bout », c'est respirer par le ventre, évidemment. C'est ici que ça se passe, c'est au
00:25:00niveau de l'abdomen. Donc, on pose un son, on peut faire un petit truc, on peut faire un petit
00:25:07essai ensemble si vous voulez. On peut fabriquer du rire. Le yoga du rire, c'est ça. Pardon,
00:25:13je fais juste une parenthèse très rapide, mais le yoga du rire, c'est dire la chose suivante.
00:25:18Évidemment, le rire est spontané, mais on peut aussi le fabriquer. Et quand on le fabrique,
00:25:26les effets sur le corps sont les mêmes. J'ai fait toute une liste, mais ça va être hyper scolaire,
00:25:33je vais laisser tomber parce que j'ai préparé l'émission quand même, les gars. J'avais envie
00:25:39de lui donner… Les intervenants sont là déjà et donnent à cette émission une grande qualité.
00:25:48Mais par le propos aussi, j'avais envie d'enrichir si possible, en tout cas,
00:25:56par mon intervention, l'émission. Et donc, j'en ai perdu le fil de ma pensée.
00:26:06Alors, bravo, bravo. T'as foutu l'émission en l'air, voilà.
00:26:13J'ai entendu que tu nous proposais des méthodes de rire, en fait, que ça pouvait être juste…
00:26:21Ah oui, oui.
00:26:22Le décider aussi et le mettre en résonance de manière collective, un peu comme toutes les
00:26:27émotions. Tout le monde peut être en colère. Si vous arrivez auprès de gens qui sont en colère,
00:26:30vous-même, peut-être, vous allez ressentir cette colère. S'il y a des gens en train de se battre à
00:26:34la gare là-bas, vous allez être en train de se battre. Si vous arrivez pour essayer de mettre
00:26:36la paix, il y a des chances que ça ne marche pas, que vous finissiez par vous en prendre une et
00:26:39vous mettre en donner une à quelqu'un. Donc, on est des êtres mimétiques, on est bourré de neurones
00:26:44miroirs, on a un cortex préfrontal qui est gigantesque. Et donc, on passe notre temps à
00:26:47servir de miroir à l'autre et à répondre, en fait, en miroir à l'autre. Et ce qui est
00:26:52intéressant, c'est qu'il y a aussi ce miroir sur le rire. Si tout le monde est en train de rigoler
00:26:56dans un coin et que vous abordez un groupe qui est en train de rigoler, vous arrivez plutôt avec
00:26:59le sourire et l'envie de rigoler aussi. Oui, parce que le rire est contagieux,
00:27:03en effet. C'est contagieux. Et on peut… Pardon, je termine là-dessus. Effectivement,
00:27:08merci Louis de m'avoir remis sur les rails. On peut effectivement le travailler et libérer dans
00:27:17le corps tout un… Alors là, c'est le médecin qui va peut-être prendre le relais, mais moi,
00:27:23je sais que ça libère, ça diminue, ça libère du cortisol, des endorphines, de la dopamine qui
00:27:34sont… La dopamine, je crois que c'est un neurotransmetteur. Tu me dis, Louis, si je me
00:27:37trompe, c'est un neurotransmetteur qui procure du plaisir. Eh bien, prenons du plaisir en riant.
00:27:46Ça diminue le cortisol et une autre hormone du stress. Eh bien, ça fait plein de… Il y a plein
00:28:00d'effets positifs. Je les ai notés. Je pourrais les dire à un moment si besoin, si vous me relancez
00:28:07là-dessus. Voilà. À vous, les studios. Bravo, bravo à toi. Docteur Allouet, je peux rebondir ? Non,
00:28:17ben c'est sûr. Les bienfaits, on parlait du rire qui est communicatif. C'est comme bailler. Quand
00:28:21on a quelqu'un en face de nous qui baille, on va se mettre à bailler. Après, je pense que dans le
00:28:28travail de Louis, par exemple, quand on est aux urgences, enfin quand on est urgentiste, bon,
00:28:34je veux dire, moi, ça va. Les gens, quand ils viennent me voir, normalement, ils sont en bonne
00:28:38santé. Ils sont dans un état… Je n'ai pas des gens qui sont… Ils ont eu un accident où ils sont
00:28:45mal en pointe. Je pense que c'est là où le rire, il est plus peut-être bienfaiteur. Quand dans une
00:28:57situation grave, les gens arrivent quand même à se libérer par ça. Non ? C'est vrai que c'est…
00:29:05Moi, je remarque souvent quand il y a des trains ou des rames de métro arrêtées, des trains en
00:29:10retard, le premier réflexe des gens, c'est « pfff, fais chier ». Et puis, il y a un brouhaha de « fais
00:29:16chier », encore la SNCF, encore machin. Mais s'il y en a un qui fait une connerie, s'il y en a un qui
00:29:20commence à propulser une blague, l'ambiance du wagon, elle change complètement. Et en fait,
00:29:26le temps qui semble être perdu ou frustrant, le rendez-vous en retard ou les courses qu'on ne va
00:29:30pas pouvoir faire ou autre, ça prend un autre relief parce qu'il y a l'inattendu qui arrive,
00:29:35parce que la panne, elle est quelque part attendue. C'est dans l'algorithme. Par contre, le rire qui
00:29:41surgit, l'événement inattendu, celui-là, il ne vient pas. Et en fait, l'événement pourri qu'on
00:29:47ramènerait à la maison, « fais chier », tu as vu, il y a encore la rame du RER A qui était bondée,
00:29:53« fais chier chérie ». Et puis là, on part sur un sujet de discussion merdique. Au final,
00:29:57tu vas retenir le fait que le mec a fait une blague, qu'il a peut-être fait un truc à la
00:30:02con. Et puis du coup, tu ramènes ça à la maison. Et tu me fais penser, pardon Fabien, je t'interromps,
00:30:09mais tu me fais juste penser à un truc dans les transports en commun. C'est l'histoire de ce
00:30:13chauffeur de bus qui prenait son micro. Ils ont des petits micros, les chauffeurs de bus. Et à
00:30:19chaque station, pour ne pas la citer, la ligne 62, il y a Edgar Ford. Edgar Ford, il racontait une
00:30:28petite histoire sur chaque station. Et je crois que c'est Edgar Ford qui est mort, il racontait
00:30:33au micro pour les gens dans le bus qui étaient morts de rire, qu'Edgar Ford était mort dans un…
00:30:39Alors, il faut vérifier si c'est bien Edgar Ford. C'est un président de la République,
00:30:44de la Quatrième République, qui est mort pendant le coït.
00:30:48Avec sa maîtresse.
00:30:49Oui, c'est ça. Voilà, donc, voilà, il se met de la joie, c'est tout simple en fait,
00:30:55dans les transports. J'en ai terminé.
00:30:58Ben oui, c'est ça en fait, c'est du quotidien, tu peux le transformer par un peu de magie. Et le
00:31:04rire, c'est ce qui sédimente beaucoup. On parlait tout à l'heure culturellement, j'évoquais le fait
00:31:09qu'il y avait des différends culturels de jouer les émotions. Dans tous les anthropologues,
00:31:14ce qu'ils ont étudié dans le caractère, il y a un seul déterminant commun sur les mimiques.
00:31:18Louis, tu parlais de mimétisme, il y a un seul déterminant commun, en fait, c'est le sourire.
00:31:22Les clignements des yeux, les choses comme ça, ça peut avoir des symboliques différentes selon
00:31:28les cultures, sauf le sourire. Et tu parlais de l'empathie avec le baillement à l'ouest,
00:31:33et bien le sourire, c'est aussi ça. C'est un des rares vecteurs où si tu souris à quelqu'un,
00:31:37il y a de grandes chances qu'il te sourit. Et souvent, quand tu arrives dans des endroits pas
00:31:43connus où c'est un peu en tension, si tu arrives avec un sourire, tout de suite, il se passe
00:31:48quelque chose d'autre. Et si tu arrives avec une blague, là, c'est le jackpot. Je voulais vous
00:31:54lancer sur quelque chose où, justement, le rire comme soutien. Et c'est vrai que sur les dernières
00:32:00années, il y a beaucoup de personnes qui ont fustigé l'absence de soutien d'abord des artistes.
00:32:06Sans parler de positionnement idéologique, pour ou contre, ou anti, ou pro, quoi que ce soit,
00:32:11mais simplement de soutien moral, de ramener de l'art, du beau, pour faire émerger quelque chose
00:32:19qui est de vivant, de joyeux, de chaleureux, dans la froideur. Et parmi les artistes, on peut citer
00:32:26très peu d'humoristes qui ont choisi d'investir ce champ-là de soutien populaire, de dire que c'est
00:32:31le moment, plus que jamais, de ramener de la joie. On avait vu des humoristes rester sur scène et
00:32:38maintenir leur tournée, leur date, quand il y avait eu, par exemple, certains attentats,
00:32:41notamment au Bataclan. Il y a des humoristes qui ont choisi de finir leur show en disant que plus
00:32:47que jamais, c'est le moment d'amener du soutien. Or, dans les quatre dernières années, c'est comme
00:32:53s'il y avait eu un tabou à venir faire rire avec quelque chose qui était trop clivant ou qui
00:32:58semblait trop politique. Comment tu l'as évalué, toi, Docteur Alouès, sans faire le père-la-morale
00:33:04avec tes collègues humoristes, mais comment tu as réfléchi à ça et comment tu as choisi de te
00:33:10positionner ? Écoute, moi, déjà, de base, j'ai fait toutes les manifs contre le pass, contre l'injection,
00:33:18donc j'étais avec les gens dans la rue. Quand le pass est arrivé, je jouais comme beaucoup,
00:33:26puis j'ai vu cette merde arriver. Excuse-moi, j'appelle ça cette merde. Je n'ai pas joué,
00:33:30j'ai arrêté. Parce que pour moi, ce n'était pas possible de participer à cette mascarade,
00:33:36en fait, la discrimination de la population. Et donc, écoute, il y a des gens qui m'ont fait
00:33:42marrer avant et quand il y a eu le pass qui est arrivé, j'ai vu leur position, je me suis dit,
00:33:48je suis désolé, qu'ils aillent se faire foutre. C'est-à-dire qu'en gros, je ne donnerai jamais
00:33:57d'argent à ces gens. C'est-à-dire qu'à partir du moment où… Je préfère une personne qui ne dit
00:34:01rien. On va prendre un type comme Franck Dubosc, je prends lui parce que tout le monde voit c'est
00:34:05qui. Franck Dubosc qui est un humoriste populaire, il a essayé de parler une fois par rapport au
00:34:11gilet jaune. Après, il a dit, c'est bon, il ne reparlera plus jamais. Mais de toute façon,
00:34:17ce n'est pas ce qu'on attendait de Franck Dubosc parce que Franck Dubosc, ce n'est pas un
00:34:21humoriste qui fait des sketchs et qui a souvent tenu des positions critiques vis-à-vis du
00:34:26gouvernement. Donc, à la limite, que Franck Dubosc ne dise rien, moi, ça ne me dérange pas. Moi,
00:34:33par contre, des gens qui ont voulu faire ce qui avait une grande gueule, comme par exemple Jérémy
00:34:38Ferrari, qui avait un spectacle qui s'appelle, il l'a terminé de toute façon, mais qui s'appelait
00:34:44Urgence à l'hôpital, quelque chose comme ça. Où il défonçait l'homéopathie. Où il parlait de
00:34:58l'état de l'hôpital. Il aime bien faire son cinéma quand il va dans les plateaux télé en disant
00:35:05qu'il a bien étudié le sujet, qu'il a fait des enquêtes, qu'il allait voir du personnel soignant.
00:35:11Il n'a rien dit quand les soignants étaient suspendus. Pour tous les soignants qui se sont
00:35:18retrouvés sans boulot, sans salaire, il n'a pas dit un mot. Il a joué pendant le passe. Donc,
00:35:24par exemple, lui, j'aurais plutôt tendance à lui en vouloir. Parce que je me dis, voilà,
00:35:28c'est un type qui fait semblant. Mais Franck Dubosc, lui, je ne lui en veux pas. Parce que de
00:35:32toute façon, il n'a jamais… Franck Dubosc ou plein d'autres, qui n'ont pas forcément de
00:35:37position. Après, qui d'autres auraient pu prendre de position ?
00:35:41Sans parler de prendre position, mais juste de dire, là, plus que jamais, on va faire rire. Par
00:35:47exemple, quand il y avait les confinements, il y a eu la tournée fantastique, par exemple,
00:35:54d'Éric Barou. Ingrid Courrèges aussi a chanté. Il y a eu des gens qui ont dit, on va tourner,
00:36:00on va tourner, amener de la joie populaire en chanson. C'était des chansons joyeuses. Eh bien,
00:36:07on a vu peu d'humoristes investiguer ce chant-là. C'est-à-dire, il n'y a même pas besoin d'être
00:36:11pour ou contre, mais simplement de dire, on va mettre de la joie dans les chœurs, on va mettre
00:36:15du rire. Parce que c'est un moment dramatique. Il y a des gens qui sont en train de se saouler à
00:36:19la maison. Un petit clin d'œil à Jérémy Ferrari, d'ailleurs. Je ne l'aime pas parce que je n'aime
00:36:31pas du tout la façon de leur tournement de veste. Bref. Du coup, simplement d'amener de la joie
00:36:38dans les chœurs. Il y a peu d'humoristes. Toi, tu as été beaucoup sur le terrain. Tu as joué
00:36:42notamment et tu as reversé tes bénéfices au soignant suspendu. Donc, il y avait cet investissement
00:36:49idéologique. Mais on aurait pu le faire de manière tout à fait neutre, simplement pour dire, voilà
00:36:55de la joie dans le tourbillon de nos chœurs. Ça fait du bien, en fait. Du rire gratuit,
00:37:01mais sans concept même. Non, mais moi, ce que je pense. Après, on me donnera. Je ne veux pas
00:37:07monopoliser la parole. Ne vous inquiétez pas, les amis. Ce que je veux juste dire, c'est que moi,
00:37:12je pense que les gens, à un moment, on se doutait. Enfin, on voyait tous qu'il y avait quelque chose
00:37:19qui n'allait pas. Et donc, c'était une question de solidarité entre nous tous, toute la population.
00:37:24Et je trouve qu'il y en a qui n'ont pas été corrects par rapport à ça vis-à-vis de leur
00:37:28position, c'est-à-dire qu'ils avaient les moyens de faire pression puisqu'ils avaient une certaine
00:37:31notoriété. Ils n'ont rien fait. Moi, je ne vais pas me la jouer parce qu'à côté d'eux, c'est sûr
00:37:37qu'ils connaissent le docteur à l'ouest, à part ceux qui vont voir sur Youtube. Personne ne sait
00:37:41qui je suis. Je te connais, moi, docteur. Je te connais. On te connaît tous. Non, mais tout est
00:37:49relatif. Ce que je veux dire, c'est qu'en fait, écoute, moi, si tu prends Ferrari, il va remplir,
00:37:55vu qu'il est médiatisé, il remplit la Corentel Arena. Moi, écoute, si je fais une salle de 200
00:38:02personnes, je suis content. C'est ça que je veux dire. Il faut se remettre dans son contexte.
00:38:07Quand je tourne un peu partout en France, je ne remplis pas des stades de France, des stades de
00:38:13foot plutôt. Après, ce que je veux dire, c'est que je pense qu'il y avait des gens, ils pouvaient
00:38:20mettre un peu la pression. Ils ne l'ont pas fait. C'est dommage. Vous en pensez quoi, les autres ?
00:38:26Alors moi, j'en place une pour Alexandre Astier, que j'aimais beaucoup et dont j'ai trouvé les
00:38:35propos sur le pass sanitaire absolument dégueulasse. Peut-être parce qu'il avait son film à vendre,
00:38:40mais avec ça, ça m'a fortement déplu. C'est quelqu'un qui fait des spectacles sur la physique
00:38:46quantique, le rire, qui se prend aussi au sérieux. Et là, le fait qu'il légitime le pass et le fait
00:38:53de forcer la population à se faire vacciner pour aller voir un spectacle, comme tu dis,
00:38:59avec le poids, l'audience, et puis c'est un humoriste, un télo, on va dire. Il y avait un
00:39:07poids. Et c'est vrai que moi, par exemple, ça fait partie des humoristes à qui je donnerais
00:39:11plus un demi-centime. C'est évident. Je pense qu'il s'en fout, il n'a pas besoin de mon soutien,
00:39:17mais symboliquement, c'est plus possible pour moi d'écouter ou d'adhérer à quelque chose. Ça a été
00:39:23trop loin. C'est presque un sacrilège. Louis, tu veux défendre la parole ?
00:39:28Oui, je veux bien. Sur cette question, en fait, de ceux qui étaient censés nous faire rire de
00:39:34manière institutionnelle, pour moi, ça rejoint un peu à toutes nos structures institutionnelles.
00:39:38Elles ont failli, elles ont trahi les gens. Et quelque part, moi, je n'en veux à personne. J'ai
00:39:43l'impression que chacun a fait avec les ressources qu'il avait, du mieux qu'il pouvait dans toutes
00:39:48les contraintes existentielles, sociales, économiques dans lesquelles il était pris. Effectivement,
00:39:53il y en a qui ont surjoué les salauds. C'est bien, en fait, les masques tombent. La période permet de
00:40:00savoir qui est qui et, au fond, de se restructurer soi et de se dire mais je n'ai pas besoin d'un gars
00:40:05sur BFM ou je ne sais pas quoi, ou avec Hanouna, pour me faire rire. Ça doit se passer près de
00:40:12chez moi. Je peux rire avec les gens que j'aime. Je peux rire chaque jour. C'est une pratique
00:40:16quotidienne à mettre en œuvre qui consiste à regarder le monde avec un regard plus léger,
00:40:20avec un peu de distance, en essayant de voir la beauté aussi. Et pas seulement que les trucs
00:40:26sombres, c'est aussi une façon de déshabiller les puissants quelque part. On dit souvent tailler
00:40:34un short, tu sais, mais c'est plus que ça. Tu les déshabilles, tu les fous à poil en fait par
00:40:37l'humour parce que tu montres réellement ce qu'ils sont. Et ce que j'ai vu, c'est que se sont
00:40:41multipliés des propositions de rire hors les murs institutionnels. Je pense à une première en
00:40:47particulier qui était « Rien, faux, humour ». Il faut rendre à César ce qui était à César. C'est
00:40:51Olivier Soulier qui a lancé cette idée en disant qu'on n'a plus les guignols, on n'a plus nos
00:41:02grands humoristes comme Coluche. C'est peut-être le moment de le faire. Et donc, ils ont fait des
00:41:06séries d'émissions avec des gens très talentueux qui m'ont beaucoup fait rire en tout cas à ce
00:41:11moment-là en disant qu'on n'attend plus que les gens fassent à notre place. On fait par nous-mêmes.
00:41:15Ce que disait Yvan tout à l'heure, c'est qu'au fond, on peut construire du rire et peut-être
00:41:20cette période, elle nous aide aussi à s'autonomiser de ce côté-là. Juste pour Dr Alouest, ce soir,
00:41:25on est 1640, même plus, sur le live. Donc, tu vois, tu fais plus que Jimmy Ferrari où je peux
00:41:30acquérir. Donc moi, juste pour dire au fond, s'il s'agit de sniper tous ceux qui ont fait de la
00:41:39merde, j'ai peur que ça ne nous amène pas à une résolution. Par contre, comme tu l'as dit,
00:41:44moi, je ne filerai plus un rond effectivement. Ce sera ça ma sanction. Je n'ai pas besoin de les
00:41:48critiquer par la parole. Je n'ai même pas besoin de leur donner un nom pour les soumettre à la
00:41:53vindicte populaire. Juste mon choix personnel. Maintenant, ça ne me fait plus rire. En fait,
00:41:59il y en a beaucoup qui ne m'ont jamais fait rire. Que ce soit Pierre Palmade ou d'autres,
00:42:04ça ne m'a jamais fait rire. Puis une fois qu'il a eu écrasé des gens sous emprise de drogue,
00:42:10etc., qu'on a vu ce qu'en a fait la justice, c'est tellement révoltant que là, justement,
00:42:15il y a un franchissement. Ce n'est plus drôle. Là, ce n'est pas drôle. Ça devient tragique.
00:42:20Et tu vois, je pense que le destin de pas mal d'humoristes, ça a été de rejoindre leur
00:42:25destin tragique. Au fond, c'est des gens qui étaient à la limite par l'humour et qui ont
00:42:30rejoint toutes les compromissions qu'ils dénonçaient avant. Et au fond, c'est plutôt triste pour eux
00:42:35plus que pour nous. Ce n'est pas grave. Ce n'est pas grave. Moi, je te dirais, là, tu abordes un
00:42:42point intéressant, c'est-à-dire qu'en fait, humoriste, c'est être quoi finalement ? Est-ce
00:42:47que c'est être le bouffon du roi ? C'est-à-dire que tu dois simplement plaire à la Macronie pour
00:42:53exister ? Tu parles de Pierre Palmade. S'il a eu, on va dire, des passe-droits, puisque le mec n'a
00:43:01pas été en taule et qu'on ne sait même pas s'il ira un jour, tu te dis, voilà les connexions,
00:43:07ce qu'elles apportent. Ces gens sont capables de faire les pires des choses et au final,
00:43:11ils ne seront jamais jugés comme un autre citoyen. Et en fait, tu te dis donc, est-ce que l'humour,
00:43:17c'est donc être un bouffon du roi ou alors être un bouffon au service du peuple et donc qui
00:43:24dénonce un peu les manquements et puis les dérives de la royauté, entre guillemets ? Je vais dire
00:43:33que moi, je préfère être positionné du côté de celui qui se moque des puissants. Donc, à la limite,
00:43:39j'en ai un peu rien à foutre de ne pas passer à rire et chanson ou dans les médias traditionnels.
00:43:43Mais au moins, je sais que nous, on s'amuse entre nous et qu'on peut se moquer. Dernièrement,
00:43:48j'ai entendu Nathalie Loiseau. Vous avez peut-être entendu ce qu'elle a dit, non ? Elle a dit qu'en
00:43:56gros que la France, elle avait très bien géré la période Covid. J'espère que Nathalie Loiseau,
00:44:03elle ne croisera jamais un chasseur anti-vax. J'assume, Nathalie, s'il y a un problème,
00:44:12c'est moi qu'il faut que tu... Mais ce que je veux dire, c'est que les gens sont persuadés que tout
00:44:18ce que fait la Macronie, c'est bien, comme Nathalie Loiseau. Donc, nous, on est là pour
00:44:23leur dire que non, vous faites de la merde et nous, on va vous montrer, on va le dire aux gens
00:44:27partout que vous faites de la merde. Moi, je préfère être de ce côté de l'humour.
00:44:33Tu abordes une dimension, docteur Alouès, du rôle politique, presque de l'humour. C'est-à-dire
00:44:38qu'on est parti sur la question du lien, sur la question de la santé, sur la question de
00:44:42comment on fait société autour du rire aussi, comment ça peut être la désignation d'un ennemi.
00:44:47Et il y a une fonction politique, celle que tu as dite, le bouffon du roi. Mais dans beaucoup de
00:44:52cultures, et c'était vrai en France aussi, il y avait des moments de bouffonnerie, c'est-à-dire
00:44:56d'inversement des rôles. Et nous, on avait ça en médecine. C'est le moment où une journée dans
00:45:02l'année, on se fout de la gueule des chefs de service. Et ils sont invités là pour qu'on se
00:45:06foute de leur gueule. Et donc, c'est une grande fête qui a lieu dans toutes les facs à peu près
00:45:10en France. C'est en désuétude, c'est-à-dire que ça se fait presque plus. Mais avant, c'était hyper
00:45:16trash. On leur envoyait dans la figure tout ce qu'on gardait secret avant. Et ce jour-là,
00:45:23tu as le droit. Moi, je pense qu'on manque un peu de petits moments, un peu d'exultoires comme ça,
00:45:28de catharsis collective. Il y en a eu. Il y a eu des moments très drôles quand tout le monde dans
00:45:34des concerts a crié Macron enculé en rythme. Quelque part, c'est très drôle. Je ne sais pas
00:45:40si c'est vrai, pas vrai. Je ne veux pas savoir. Je pense qu'il ne faut pas être grossier et
00:45:44insulter personne. Mais la mise en résonance collective autour d'un concert avec un DJ qui
00:45:50met ça comme musique, quelque part, tu vois, notre société est en train de déraper complet. Et les
00:45:58puissants tiennent à un fil, on pourrait dire. Donc, s'il y avait peut-être plus d'humour,
00:46:02il y aurait peut-être moins de totalitarisme. Parce que justement, si nos puissants se prenaient
00:46:09un peu moins au sérieux, ils auraient peut-être un peu moins peur aussi. Oui, alors moi, je rebondis
00:46:15un tout petit peu là-dessus parce que je suis moins sur le fait de stigmatiser, de montrer du
00:46:25doigt et de dire des noms plutôt que de s'engager soi-même et au fond de convaincre, de convaincre
00:46:37par le rire. Je crois que c'est ça. En tout cas, mon engagement, il est là. Il est moins d'aller
00:46:44dire, on va dire, du mal des... Je n'aime pas les puissants nécessairement, mais moins d'aller dire
00:46:55du mal de l'autre que d'essayer de convaincre par l'émotion. Voilà. Moi, je te dirais, l'autre,
00:47:03je voulais juste rajouter un truc, c'est qu'en fait, on est parti, c'est vrai, sur le délire,
00:47:09enfin, c'est moi qui l'ai amené, je m'excuse, sur le délire de critiquer le politique. Mais
00:47:14ça peut être une maladie. Tu vois, l'ennemi, ce n'est pas forcément, c'est celui qui t'embête à
00:47:18un moment. Donc, si tu es dans un hôpital en cancérologie, par exemple, ça peut être de dire
00:47:23aux malades, apprenez à être plus fort que votre maladie, ce n'est pas elle qui va gagner. Donc,
00:47:28il faut la ridiculiser en disant, elle ne vous aura pas parce que vous êtes plus fort, que ce
00:47:32soit un cancer ou n'importe quelle autre pathologie. Et pareil, je pense, quand tu vas dans les maisons
00:47:39de retraite, en fait, les personnes âgées, on a tendance à les voir comme des personnes qui tombent
00:47:46en, tu vois, de leur dire de ne pas tomber dans un état léthargique, mais de montrer qu'elles sont
00:47:55fortes, combatives. Pardon, docteur Alouès, je ne suis pas tout à fait d'accord avec toi. Quand
00:48:00on va à l'hôpital, on est vraiment chez les enfants malades, en tout cas, on est au service
00:48:08complètement de l'enfant. C'est lui, s'il a envie de nous voir, on vient, s'il n'a pas envie de nous
00:48:16voir, on n'y va pas. C'est vraiment lui, j'allais dire, le donneur d'ordre. Il n'y a aucun de notre
00:48:22côté, on est complètement son jouet, j'allais dire, on est le jouet de l'enfant, toute raison
00:48:31gardée, toute limite gardée, mais on est son jouet vivant. Il n'y a pas d'injonction, si tu veux,
00:48:40il n'y a aucune injonction. Ils ont envie, ils n'ont pas envie, c'est eux qui décident.
00:48:45Est-ce que toi, Yvan, tu interviens également avec les enfants ? Tu ne fais pas que les services de…
00:48:50Non, non, non, je n'interviens pas avec les enfants, je n'ai pas été formé pour ça. Je vais les citer
00:49:01quand même, parce que j'ai travaillé un petit peu pour eux. De ce que j'ai compris de leur
00:49:06conception, c'est la conception du rire médecin à Paris. Quand ils vont à l'hôpital, les clowns,
00:49:17en tout cas, je suis aussi clown, mais je ne travaille pas pour le rire médecin, je travaille
00:49:23pour son concurrent, mais j'ai envie du bien de mon concurrent en fait, parce qu'on coopère
00:49:29en réalité. Quand ils vont à l'hôpital, ils rencontrent à la fois l'équipe médicale,
00:49:38ils rencontrent les parents et puis ils sont complètement à la disposition, après qu'on
00:49:47les ait briefés, des enfants. Il n'y a aucune injonction, il n'y a aucune obligation de nous
00:49:57voir, de voir en l'espèce les clowns du rire médecin, il y a juste être à disposition,
00:50:08être leur jouet et on le fait. Et si j'ai l'occasion de le faire un jour, je le ferai
00:50:13vraiment dans cet esprit-là. Merci Yvan. Oui, Louis. Je veux bien prendre sur cette idée qu'on
00:50:22ne peut pas toujours recevoir le rire ou le mettre en œuvre, parce qu'on dit souvent on peut rire
00:50:30de tout, mais pas avec n'importe qui. Il y a deux dimensions que je voudrais rajouter,
00:50:33c'est cette dimension que le rire partagé, il implique une certaine intimité avec l'autre,
00:50:38peut-être une certaine connivence de compréhension du monde. Yvan l'a dit tout à l'heure, une maman
00:50:45qui fait adada sur l'ombidé, qui fait semblant de faire tomber son enfant après l'avoir abercé,
00:50:51c'est drôle pour l'enfant. Mais si c'est un oncle qu'on ne connaît pas, ce n'est pas drôle du tout,
00:50:55c'est hyper inquiétant même. Je suis en train de me faire tomber. Il y a cette idée que le rire
00:51:01fait basculer le réel, d'un coup, il induit d'un coup une sorte de distorsion par rapport à tout ce
00:51:06qui était attendu et à l'habitude, et que cette distorsion n'est possible que pour ceux qui sont
00:51:10déjà un peu en sécurité, parce que ça pourrait aller trop loin et être très inquiétant. Et au
00:51:16fond, le rire, quelque part, est un test de ma stabilité intérieure. Je pense à une pratique
00:51:22qui a lieu dans la méditation pleine conscience et qui a été popularisée par quelqu'un qui s'appelle
00:51:26Thich Nhat Hanh, qui est un moine bouddhiste d'origine vietnamienne, qui a beaucoup œuvré à
00:51:32amener la méditation de manière non religieuse, mais plutôt comme une pratique de santé et de
00:51:37reliance au monde, et qui dit au début des pratiques de méditation, essayez, si vous avez envie, de
00:51:44mettre un demi-sourire sur le visage, même pas un sourire entier, un demi-sourire, on fait ce qu'on
00:51:49peut, et écoutez ce que ça fait. Est-ce que vous y arrivez ? Est-ce que vous n'y arrivez pas déjà ?
00:51:57Peut-être que vous avez envie de faire la gueule, peut-être que c'est trop lourd, qu'il y a un truc à porter
00:52:00qui est trop gros, et que ce ne sera pas le moment. Mais c'est intéressant de se projeter, de dire
00:52:04« là, je n'y arrive pas, alors, ce truc-là, il est trop gros, il faut que ça sorte, il faut que
00:52:09j'en parle, il faut que j'en pleure ». Et je voyais dans le chat des gens qui disent que parfois on
00:52:13passe du rire aux larmes, et que le rire, il va libérer un truc qui ensuite va faire pleurer.
00:52:18Je vous en avais parlé sur la fin de vie dans les réals, des gens qui se mettent à avoir un
00:52:23fou rire, et puis après, ils éclatent en larmes et en sanglots dans les bras les uns des autres.
00:52:27Et je pense qu'au fond, on pourrait faire ce test chaque matin, chaque midi, chaque soir,
00:52:34dire « est-ce que j'arrive à mettre un demi-sourire ? Et si je n'y arrive pas, qu'est-ce qui me pèse
00:52:40tellement que je n'y arrive pas ? ». Parce que quand j'y arrive, par contre, là, je ressens que
00:52:45dans le cou, ça se relâche, que dans les épaules, ça se relâche, que dans le ventre, ça se relâche,
00:52:49que dans la pensée, ça commence à avoir des paillettes et du rose et de la beauté, que je
00:52:56me mets à penser à des gens que j'aime, etc. Et qu'au fond, si je fais cet effort d'essayer de faire
00:53:00un demi-sourire, les yeux fermés ou un sourire sur mon visage, je le force. C'est-à-dire que je n'avais
00:53:05pas forcément envie de mettre un sourire ou de rigoler, je le force. Et en même temps, les
00:53:09effets vont se passer, ce que disait Yvan tout à l'heure aussi. C'est-à-dire que si je construis
00:53:13un rire artificiel, tous les effets physiologiques vont se passer quand même, ou m'aider à mettre le
00:53:19bon thermostat sur ce que je suis en train de ressentir et avoir de la clarté sur mes émotions.
00:53:23Parce qu'on est très nombreux à être tellement pris, brassé dans tous les sens que c'est dur
00:53:28d'avoir de la clarté sur ce qu'on ressent. Et puis, ça va, ça vient. Il y a des heures, nous,
00:53:33on est désespéré sur ce monde, on n'y croit plus, on dit « Bon, laisse tomber, ça va,
00:53:37les transhumanistes vont tout foutre en l'air, etc. ». Puis une heure après, on va en rire. Et
00:53:41tu vois, je trouve que c'est important d'arriver à chevaucher un peu cette oscillation.
00:53:45– Je vais raconter une anecdote dans le sens de ce que tu dis pour montrer que c'est toujours
00:53:51un peu comme ça. Il y avait Triboulay, le bouffon de François 1er, qui était un bouffon très connu,
00:53:59très populaire et qui était le chouchou de François 1er, qui le faisait beaucoup rire
00:54:03à la cour, et puis qu'il aimait bien sortir pour amuser la galerie, la cour. Et il allait très loin
00:54:10dans l'humour. Et un jour, il va très loin dans l'humour, mais il va trop loin dans l'humour,
00:54:15il fait rire aux dépens du roi, donc de François 1er, le sacrilège. François 1er, c'est une histoire
00:54:22vraie, ils se sont trahis et ils l'enjaulent. Et l'autre continue à être renega, à se foutre de
00:54:29sa gueule. C'est non seulement qu'il l'enjaule, mais il veut le buter. Il va dans sa jaule et il
00:54:36dit « tu m'as bien fait rire, donc en fait, je te laisse juste le choix de ta mort parce que tu as
00:54:41été abject et tu m'as humilié. Et donc, l'humiliation pour le roi, c'est ce qu'il y a de pire, donc tu
00:54:46vas mourir. » Très sérieux, dans une posture, comme le disait Louis, grave, très grave. Donc,
00:54:51il dit « allez, choisis, juste pour les bons moments passés, je te laisse juste le choix de
00:54:55ta mort. » Et Tribolet lui répond « d'accord, je choisis de mourir de vieillesse. » Et donc,
00:54:59là, François 1er bascule et il rigole en fait. Il se dit « putain, le con, je suis en train de
00:55:03dire que je vais te buter. » Il arrive à rire et donc, il l'agracie. C'est ça, en fait, le rire.
00:55:07C'est ce que tu disais, Louis, le moment de tension où là, il est grave, et parce que ça devait
00:55:13lui peigner le cœur quand même de dire « je te laisse, il y a une petite part de moi qui te
00:55:16pardonne, choisis juste la mort, le choix dégueulasse. » L'autre, il arrive quand même à
00:55:21être drôle, mais le bourreau en face, celui qui donne la sanction et qui a le pouvoir de vie ou
00:55:25de mort, il arrive quand même à rire dans cette situation. Et c'est vrai qu'on peut chevaucher
00:55:30la vie. Là-dessus, il est passé en acclaquement de doigts du rire aux larmes et inversement.
00:55:35On a le commentaire de quelqu'un qui nous dit que quand on lui tendait le chèque, il jouait à
00:55:40pierre-feuille-papier-ciseaux. Donc, ça devait déstabiliser un peu le chèque en face. On peut
00:55:47raconter une anecdote là-dessus, c'est qu'on a essayé de faire la même chose avec mon épouse
00:55:51en allant au supermarché de bricolage où il fallait se faire le gel hydroalcoolique, le masque,
00:55:58etc. Et le gars, à l'entrée, lui dit qu'il faut se nettoyer, un truc comme ça. Elle dit « ah bon ? »
00:56:05Puis, elle commence à prendre le gel hydroalcoolique. Elle fait vraiment la douche partout. Il faut se
00:56:10nettoyer et tout ça. C'était un peu trop loin. Ça ne l'a pas fait rire. Ensuite, on arrive dans
00:56:16le magasin de bricolage. Puis, on met un masque, un deuxième masque, un troisième masque,
00:56:19un quatrième masque pour essayer de montrer aux gens. C'est absurde jusqu'où on va dans ce truc-là.
00:56:25Et c'est pareil, on n'a vu personne rigoler. Donc, tu vois, c'est là où de temps en temps,
00:56:31tu peux sauver ta peau avec François Premier. De temps en temps, tu peux te finir dans un
00:56:36obstacle psychiatrique peut-être. Mais ça revient au relationnel. On en profite pour faire un clin
00:56:40d'œil. Enfin, je fais un clin d'œil. On parlait des soignants suspendus à Eric Mercier qui avait
00:56:45fait les brigades du slip et qui mettait un slip kangourou à la place d'un masque et pour porter
00:56:50l'absurde de la situation. Et c'est vrai qu'il y avait un immense sourire sous son slip kangourou.
00:56:56Et voilà, il y a des remparts à la folie, à l'absurdité. Je vous réponds une absurdité,
00:57:02ça peut être ça aussi. Et peut-être que ça s'est mis une graine et puis qu'il y a des gens
00:57:04qui s'interpellent en disant « Tiens, au fait, j'ai oublié que c'est complètement con ce qu'on
00:57:07nous demande ». Ça peut faire un effet, mais c'est intéressant ce que tu soulèves, Louis.
00:57:15La relation et l'intimité qu'on a avec quelqu'un pour faire savoir que ce n'est pas contre lui ou
00:57:20contre quelqu'un, mais en fait, on cherche à créer une situation. Il y a une chose sur laquelle je
00:57:26voudrais revenir, Louis, sur laquelle je n'ai pas rebondi, mais je trouve intéressant, la censure
00:57:32du rire comme pou de l'époque, c'est-à-dire la liberté. Il y a plein de gens qui disent « Tu as
00:57:37cité Coluche, on pourrait citer les proches ». Et tout le temps, ça revient. On ne pourrait plus
00:57:41rire de ça, on ne pourrait plus dire ça. Et donc, est-ce que le rire, déjà le simple fait
00:57:48d'avoir une société qui rit moins ou des artistes qui s'engagent moins, est-ce que ce n'est pas
00:57:53déjà comprendre la société qui veut prendre ça ? Moi, je pense que c'est plus comme la société,
00:58:01elle a évolué, c'est-à-dire que maintenant, tu as peur d'un procès. Si tu fais une blague et que
00:58:09c'est mal interprétée parce que les gens ne retiennent pas la blague, mais vont aller vraiment
00:58:14chercher ce qui peut blesser des gens, c'est peut-être pour ça qu'on va plus vers une forme
00:58:21d'humour consensuel. Aujourd'hui, je ne sais pas, il y a des sketchs, on se dit de Coluche,
00:58:29par exemple, est-ce qu'il pourrait les faire ? Ou les inconnus, je te donne un exemple,
00:58:34les inconnus quand ils font le sketch avec Barbès, tu sais, je ne sais pas ce que tu veux dire.
00:58:38Ou Choyard dans ton froc.
00:58:39Voilà, tu dis, est-ce qu'aujourd'hui, il pourrait le faire ? Pourtant, c'est drôle,
00:58:45tu vois, mais tu auras peut-être des assos qui attaqueraient, ou je ne sais pas, les nuls quand
00:58:50ils font Royal Rabat, tu vois, aujourd'hui, tu dis, merde, les gens, ils prennent tout au premier
00:58:56degré, c'est compliqué, quoi, tu vois. Après, je ne sais pas, c'est les mentalités qui ont.
00:59:03On peut bien prendre avant, Yvan, peut-être, si tu es OK. On a fait des sketchs humoristiques,
00:59:10notamment avec un être humain sur la vaccination, tu vois, où on a fait des sketchs en vidéo. On a
00:59:18fait d'autres sketchs avec Fabien aussi, d'autres, et ils ont été censurés, censurés par YouTube,
00:59:23parce que dans les règles du jeu de YouTube, il a été rajouté à un moment qu'on n'avait pas le
00:59:29droit de faire de l'humour sur le Covid. C'était contre les standards de la communauté. Et ça,
00:59:35moi, ça m'a vraiment choqué, en fait, parce qu'il faut voir à quel point ça a été censuré
00:59:41rapidement. Alors, il y a plusieurs choses à y voir, à mon avis. Le sketch avec Terry sur la
00:59:47vaccination, c'était un médecin qui recevait un patient. Le médecin était standard, à fond la
00:59:52caisse. Et le patient lui posait des questions. Et le sketch a été censuré en moins de quatre
00:59:57heures. Donc, ça va vite, parce que des fois, c'est un peu plus long que ça, le temps qu'on
01:00:02voit le truc et tout ça. Là, en moins de quatre heures, le truc avait disparu. Et à la fois,
01:00:08c'était hyper choquant sur notre époque. À la fois, on s'est dit, mais justement, c'est dire
01:00:12que l'humour est extrêmement puissant et extrêmement dangereux pour l'ordre établi.
01:00:19Et donc, il faut encore plus en faire. C'est une super arme de réconciliation, de remise en lien
01:00:27de notre société et de prise de distance par rapport à cette société de la peur et terroriste
01:00:35dans laquelle on vit en permanence. Il faudrait avoir peur de tout, de tout le monde, de froisser
01:00:40tout le monde tout le temps. Tu fais bien de préciser cela. J'ai oublié de le dire en
01:00:45introduction de l'émission. Evidemment, Parlons Santé comme Réinfo Santé et Ecofriendly est
01:00:49inclusif. Donc, vous voyez qu'on a des petits logos verts et donc, voilà, on n'a pas tous les
01:00:55logos en place, mais l'arc-en-ciel vient bientôt. Donc, nous, on est plutôt dans ce discours-là
01:01:01vraiment inclusif et évidemment, on se désolidarise de nos invités globalement. Donc, il n'y a pas de
01:01:07souci. Donc, quoi que tu dises, Yvan, sache qu'on ne le soutient pas et on ne le cautionne pas. Mais
01:01:13vas-y, tu peux parler quand même. J'espère bien. J'espère bien. C'est important que je le sache.
01:01:17Je voudrais qu'on termine sur des choses qui ne vont pas justement. Pour rebondir sur Louis,
01:01:23en vous donnant quelques chiffres. En 1939, les Français riaient 19 minutes par jour. En 1983,
01:01:32le neurologue Henri Rubinstein nous dit qu'il ne rit plus que 6 minutes par jour. Et aujourd'hui,
01:01:40nous serions à moins d'une minute. Et un sondage, pour terminer, indique que 7% des
01:01:49Français ne rient jamais. Il y a quelque chose qui ne va pas, là. Il y a un truc qui ne va pas,
01:01:56les gars. Oui, ça ne va pas, oui. Tu plombes le moral. Alors moi, j'ai réfléchi à un truc qui
01:02:03va peut-être valoir dedans. J'ai été beaucoup en contact avec des artisans. Et en fait, ces gens-là
01:02:10blaguent beaucoup. Donc, je pense qu'il y a moins de métiers manuels aussi. Et il y a quelque chose
01:02:15qui me fascine. Moi, tout gamin, j'entendais des sifflements, des gens siffler. Et les gens ne
01:02:20sifflent plus aussi. Et je voulais faire un documentaire sur ça, le sifflement. J'ai toujours
01:02:24entendu des ritournelles. Et c'est la joie, en fait. On parlait de Mme Loiseau, là, tout à l'heure.
01:02:30En fait, c'est des airs concifs. Ça passe le temps. C'est une communication aussi avec l'air.
01:02:36Et je pense que le rire et le sifflement sont des indicateurs de l'état d'esprit. Je pense que de
01:02:43plus entendre ces sifflements et ces rires-là, c'est assez symptomatique d'une société qui se
01:02:47referme là-dessus. Alors, il y a plein de trucs machins qui vous proposent de rire. Mais au final,
01:02:52on rit tout seul. Enfin, on sourit à peine dans le transport en commun. Et on ne va plus rire
01:02:56ensemble. Du coup, tu nous as fait le diagnostic, Ivan. Est-ce que tu n'aurais pas une réponse sûre
01:03:02et efficace à 95% au niveau statistique ? J'ai une réponse. Alors, au niveau statistique,
01:03:09une réponse par rapport au sifflement, là, je suis très étonné. Non, non. Je veux dire,
01:03:14du coup, toi, qu'est-ce que tu vois comme opportunité, comme suggestion, comme proposition ?
01:03:19Alors, tu parlais du yoga du rire. Je pense qu'il n'y a pas beaucoup de personnes qui connaissent
01:03:23le yoga du rire. Est-ce qu'on pourrait en parler ? Je n'en sais rien. Mais en tout cas,
01:03:28parlez-nous de ça. On va faire une petite séance en deux minutes ou même pas en 30 secondes
01:03:34virtuelles. Simplement, il suffit de placer une voyelle, par exemple, sur une expiration. Donc,
01:03:46vous inspirez. D'abord, on peut le faire tous ensemble si vous voulez, si vous avez envie. On
01:03:51inspire et on expire, par exemple. Et ensuite, on le multiplie si vous voulez bien. Je ne sais
01:04:20plus. Je ne plaisante pas à peine. Je ris, je pleure, je ne sais plus. Mais il faut lancer le
01:04:26truc. Il faut amorcer la pompe, sinon on n'y arrivera pas, les gars. Donc, en gros, il y a
01:04:34des séances de yoga du rire comme ça. Les gens peuvent aller. Moi, j'ai un ami qui était animateur
01:04:39yoga du rire aussi. Oui. Et donc là, ça se trouve, il y a des gens vers chez eux qui peuvent
01:04:44retrouver parce que je pense… Là, c'est pour ça que je te disais, le diagnostic, c'est on ne rit
01:04:47plus assez. Il y a des gens qui n'ont même plus la mécanique du rire. Et donc, il y a des lieux
01:04:51où tu peux aller réamorcer la pompe, entre guillemets, refaire du lien et remettre du charbon
01:04:58dans la machine. Oui, bien sûr. Il y a des clubs. J'invite tout le monde, s'ils ont envie de se
01:05:06marrer avec d'autres qui ne connaissent pas, à aller dans ces clubs de yoga du rire. Oui,
01:05:13ça, j'en suis sûr à 95 %, même à 100 %. Mais t'es où ? Ton club, il est où ?
01:05:24Le club, je l'ai fermé. La mairie de Meudon, je suis à Meudon, dans les Hauts-de-Seine. Et la
01:05:33municipalité m'avait gentiment offert une salle. On était un petit groupe, mais on a fermé le club.
01:05:42Je le rouvrirai peut-être, oui, si vous… En tout cas, vraiment, vous êtes les bienvenus.
01:05:47Tu cherches un local, un endroit pour… Non, non, non, pas du tout. Non, je cherche… Merci.
01:05:55T'es où ? Je cherche rien, j'ai tout. J'ai tout ce qu'il faut. Non, non, je suis très heureux.
01:06:02Je cherche surtout… Pardon, je vais parler, juste pour terminer peut-être de moi.
01:06:07Baissons les masques. On est là pour ça aussi. Dans ma petite enfance, on m'a dit que c'était
01:06:15important de réussir sa vie. Et j'ai l'impression que de là où je viens, de très loin, je reviens
01:06:21de loin, je suis en train de réussir ma vie. Et j'ai envie de le partager avec d'autres, évidemment.
01:06:28Merci pour ça, Yvan. Juste avant de finir, j'aimerais juste lancer ça,
01:06:36tu parlais des nuls ou des inconnus à l'Ouest. Je me fais la réflexion, moi, j'écoute des chansons,
01:06:42enfin, j'aime bien écouter des conneries. Et donc, je me faisais la réflexion, j'ai dit qu'en
01:06:49musique comme en humour, on voit de moins en moins de groupes. On est plus sur des solistes et moins
01:06:54sur des compositions. En fait, c'est des choses simples. Il n'y a plus d'écriture de sketch,
01:06:57il n'y a plus de personnages, de la même façon qu'il n'y a plus de complexité. Je parle évidemment
01:07:02dans ce qui est proposé de manière populaire. Je ne parle pas de la création générale où il y a
01:07:05toujours évidemment un vivier de création, mais il y a moins de propositions déjà collectives et
01:07:11avec une recherche et un style singulier. C'est beaucoup dans le mimétisme et dans un humour qui
01:07:17est stigmatisant et communautaire, souvent, mais rarement partagé. C'est des niches d'humour,
01:07:22moins que des groupes d'humoristes qui arrivaient à parler à un large public, comme les nuls ou
01:07:28comme les inconnus, par exemple. Moi, je te dirais que c'est plus lié au fait que le
01:07:35marché l'a changé. C'est-à-dire que nous, dans les années 80, 90 ou même avant, tu vois,
01:07:40l'époque des humoristes déjà des années 60, Jean-Yann, Pierre Dac, tout ça, tu avais le temps
01:07:46de faire un sketch qui était multi-diffusé et qui prenait le temps de se diffuser partout
01:07:52dans la population. Aujourd'hui, ça va tellement vite avec les réseaux sociaux que tu sois un
01:07:58chanteur, un humoriste, en fait, il faut être vachement productif. C'est-à-dire qu'aujourd'hui,
01:08:02je pense que quelqu'un qui sortirait un album tous les cinq ans, il n'existe plus, tu vois.
01:08:06Maintenant, il faut que tu aies une actu. Si tu es un chanteur, il faut que tous les six
01:08:10mois, tu sois présent, que tu sortes, je ne sais pas, deux, trois titres, que tu fasses un clip
01:08:15qui tourne dans les réseaux sociaux pour dire que tu es là. Et pour le sketch, tu regardes,
01:08:20de toute façon, on est un peu tous pareil pour les humoristes. Si on ne sort pas quelque chose
01:08:24sur YouTube, on n'existe pas. On n'a pas de... Moi, en tout cas, si je ne sors pas une vidéo,
01:08:29encore, je ne suis pas très productif une fois par mois et encore un peu plus récemment. Mais si
01:08:34je ne sors pas quelque chose tous les mois, comment je remplis mes salles? Donc, c'est pour
01:08:39ça qu'il faut être... Les gens, maintenant, sont plus dans l'instant, dans la consommation. C'est
01:08:44l'instantanéité. Il n'y a plus le temps, en fait, je pense. On aimerait bien, mais maintenant,
01:08:51c'est compliqué, tu sais. Je ne sais pas ce que vous en pensez. Tu parles comme un ancien.
01:08:57Je suis un ancien. Oui, tu crois quoi? Mes références, c'est les vieux films. Tout ce qui
01:09:06se fait maintenant, j'avoue que je ne suis même pas trop, je ne suis pas à la mode, je ne suis
01:09:09pas à la page. Tu sais que Jean Noir est mort. Oui, je sais, t'inquiètes, je suis mort, moi.
01:09:16À la lumière référence, oui. Je pense que c'est l'inconnu, oui. Le vendeur de piles.
01:09:27Non, mais c'est vrai. En fait, les inconnus, tu vois, c'était du temps où ils faisaient des vrais
01:09:33sketchs, ils faisaient des situations. Aujourd'hui, tu regardes l'humour qui a pris le dessus. C'est
01:09:39le stand-up, c'est des gens qui viennent avec un micro à la main, puis ils te parlent d'anecdotes,
01:09:44ça s'enchaîne. Et toi, quand t'écoutes, t'es simplement un spectateur. Tu remarqueras qu'il y
01:09:50a une succession. Si tu assistes à un plateau, les uns s'enchaînent à la suite des autres. Mais
01:09:55tu ne te rappelles plus de ce qu'ils t'ont dit. Parce qu'ils ne font pas de situation. Avant,
01:09:59je ne sais pas, tu prends Coluche, il faisait le sketch l'autostoppeur. Bon, c'est une situation,
01:10:04un autostoppeur, Bigard, la chauve-souris. Tu vois, je ne sais pas, je te dis Didier Benhureau,
01:10:08la belle-mère. Vous connaissez ce sketch, non ? Ah oui. La belle-mère. C'est marrant,
01:10:13celui-là, tu vois. Oui, il est horrible. Oui, bien sûr. Mais il est drôle, tu vois. Voilà,
01:10:18tu vois, c'est une situation. Bon, il y a eu des humours. Jérémy Ferrari fait encore des
01:10:22sketchs, mais les humoristes de maintenant, ils font surtout du stand-up. C'est différent. C'est
01:10:29l'époque qui a changé. Yvan, Louis, on peut refaire un petit tour. On arrive à 1h20 d'émission.
01:10:38Mais on peut faire un petit tour de table pour se saluer. Puis parce que chacun laisse une
01:10:44intention, une réflexion, ou une blague. Voilà, donc, je ne mets pas de la pression à personne.
01:10:53Mais voilà, un élément de partage. Donc, Yvan, si tu veux prendre la parole.
01:10:59Tu nous fais une blague ? Tu es un comique mimétique ? Non, pas du tout. Je suis très
01:11:16heureux de vous avoir rencontré, déjà. Ça, c'est la première chose. Et j'espère qu'il y
01:11:25aura plein d'autres émissions sur le rire et qu'on prendra encore du temps à en parler parce
01:11:31que c'est quelque chose d'important et d'essentiel. Voilà, pour faire sobre. Merci, Yvan. Et puis,
01:11:41merci d'avoir été là et de ton partage. Louis ? Oui, merci beaucoup, Fabien. Merci,
01:11:48Docteur Alouest. Et merci, Yvan, et à tous ceux qui nous ont regardés. Il y a plus de 2500
01:11:51personnes. Avec un peu ma bouteille à la mer, c'est qu'on est dans une époque assez grotesque,
01:11:57en vrai. Il y a beaucoup, beaucoup de sujets dont on peut rire. Ils paraissent parfois tragiques,
01:12:03ils paraissent parfois terrifiants, ils paraissent parfois apocalyptiques. Et en même temps,
01:12:10dès qu'on commence à en rire, on arrive à les alléger. Et on parlait de rire et de santé.
01:12:17Peut-être que les gens se posent plein de questions sur les clés de santé. Ils lisent
01:12:21pendant des semaines, des mois, des années, des trucs pour être en meilleure santé. Alors que
01:12:27voilà, une pratique de 15 minutes par jour de rire, ce n'est peut-être pas impossible comme
01:12:33objectif. Il y a des trucs difficiles. Arrêter de fumer, c'est difficile. Arrêter de boire,
01:12:37c'est difficile. Mais se mettre à rire 15 minutes par jour, c'est plutôt un travail pour et qui n'est
01:12:44peut-être pas si difficile que ça. Donc, c'est une proposition en tant que soignant,
01:12:51la prescription. Commencez par 5 minutes, montez doucement la dose. Progressivement,
01:12:56voyez comment vous tolérez. Une fois que vous arrivez à 10 minutes, voyez un peu si c'est
01:13:04tolérable. Et puis vous montez, vous montez la dose jusqu'à arriver à une bonne heure par jour. Je
01:13:11pense que là, vous êtes en pleine forme. Et en plus, ça aura le don de vous attirer autour de
01:13:17vous tout plein de gens merveilleux qui vont vous aider à faire que votre vie va devenir de plus en
01:13:22plus chouette. Donc voilà, c'est un peu une prescription que je propose ce soir. Merci
01:13:29d'aborder ce sujet. Peut-être qu'on pourrait rentrer plus dans le détail les prochaines
01:13:33fois sur des modalités pratiques de comment déclencher la pompe à rire, comme nous l'a dit
01:13:37Yvan, de voir peut-être aussi, encore une fois, les puiser dans le savoir de nos anciens. C'était
01:13:44quoi l'humour ancien ? Parce que ça paraît un humour presque enfantin des fois, un peu naïf. Et
01:13:52là, nous, c'est comme si on avait besoin de choses très compliquées, avec des trucs à double détente,
01:13:56à triple détente, où on tire dans les coins avec cinq coups de billard à bande, alors que quand
01:14:03on prend les blagues des fois qu'on pouvait voir avant ou que nos enfants apprécient,
01:14:08elles sont très naïves. Et peut-être qu'il y a aussi derrière le rire cette idée de retrouver une
01:14:13part de notre enfance et notre joie d'enfant à être dans ce monde. Et si on retrouve ça,
01:14:20je pense qu'on retrouve de la créativité, on retrouve l'envie d'être avec les autres,
01:14:24l'envie d'apprendre et puis l'envie de construire et de vivre un monde meilleur.
01:14:28C'est très très juste que tu disais, Louis. Moi, réactiver la pompe à rire,
01:14:33en fait, c'est observer les enfants. Si vous avez la chance d'avoir des enfants,
01:14:37laissez les faire et vous vous emmenez dans leur rire, dans leur joie. Le climat, l'instinct
01:14:44naturel, l'expression naturelle d'un humain, c'est d'être en pleine santé et la joie. Moi,
01:14:49je suis accompagnateur de jeûne. Il y a plein de questions. C'est quand est-ce qu'on arrête le
01:14:53jeûne ? Est-ce que la détox est finie ? Il y a plein de gens qui ont réfléchi de manière très,
01:14:57très sérieuse, très sérieuse là-dessus, la langue, l'acétose, plein de trucs. Désirer
01:15:05n'est rien. Donc, mon formateur me disait quand la joie revient, tout est nettoyé. La personne,
01:15:10elle est nettoyée de ses entraves à elle-même. Donc, d'être en bonne santé et d'exprimer de la
01:15:16joie et d'être chiant, c'est-à-dire de faire rire, de faire le clown en fait et de revenir
01:15:22un enfant. Donc, je pense que c'est notre état naturel. C'est la pleine santé, c'est d'être
01:15:27heureux et d'être adieux. Et donc, de laisser entraîner. Et c'est marrant que quelqu'un qui
01:15:32soit biologiste vous donne ça comme élément de diagnostic pour la fin d'un processus catabolique,
01:15:38quoi. C'est quand le rire et la joie reviennent. Et donc, en effet, les enfants nous entraînent
01:15:43dans leur délire. Et c'est souvent quand on leur… Tu parlais de réussir sa vie,
01:15:47à un moment donné, on nous demande d'être sérieux. Peut-être que d'être sérieux,
01:15:52c'est commencer à dépérir un peu. Docteur Alouest.
01:15:57Ben écoute, moi, je termine en faisant mon autopropos en disant que je joue la dernière
01:16:03de mon spectacle. Donc, ce sera ce samedi. Je ne l'ai pas fait de toute l'émission. Donc,
01:16:11je jouerai ce samedi à 21h15 au Théâtre Les Enfants du Paradis. C'est à Paris dans le
01:16:169e. Donc, c'est au 34 rue Richet, métro Grand Boulevard. Donc, 21h15, Théâtre Les Enfants du
01:16:23Paradis. Voilà, dernière de mon spectacle. Et ensuite, je bosserai sur un nouveau. Et je dirais
01:16:29aux gens de ne pas hésiter à faire du lien avec les gens autour d'eux, à leurs voisins,
01:16:34partout où ils passent. En tout cas, de toujours avoir le sourire, d'essayer de se motiver comme
01:16:38Yvan disait. Non, même c'est Louis, je crois. Le matin, en tout cas, de s'imposer, de rigoler.
01:16:43Comme il y en a qui font de la gymnastique, on peut faire de la gymnastique et écouter des
01:16:48blagues, je ne sais pas. Et puis, rire en tout cas pour être en pleine forme. Et comme ça,
01:16:52quand on arrive dans le métro, enfin ou dans les transports en commun ou au boulot, ou quand on
01:16:57croise des gens, on fait moins la gueule et les gens, forcément, ça les rend plus heureux. Donc,
01:17:03voilà ce que je dirais pour finir. Merci à tous, en tout cas. Merci à vous, Louis, Yvan et Fabien,
01:17:08de m'avoir reçu. Merci à toi pour ta présence. Merci à Yvan, merci à Louis. Merci également à
01:17:16Aurélie en coulisses de cette émission et de toute l'organisation des Parlons Santé. On le
01:17:21rappelle, deux événements proches. Ta dernière à toi à l'Ouest, samedi, 21h15, au Théâtre des
01:17:30Enfants du Paradis. Vous pouvez retrouver les places sur Bière et Duc. Vous tapez Docteur à
01:17:35l'Ouest. Et puis, la 150e du CSI, du Conseil scientifique indépendant. Donc, trois ans
01:17:40d'émission hebdomadaire à tenir le coup. Là, on est sur un autre versant, c'est le sérieux
01:17:45scientifique. Voilà l'affiche qui s'est affichée subaptissement. Donc, réservation aussi dans le
01:17:53lien, dans le tchat. Donc, le mercredi 8 mai 2024 à Sainte, deuxième édition où vous avez des
01:18:01conférences, des tables rondes, de différents intervenants autour pour mettre du sens et de la
01:18:07raison sur un monde qu'on a perdu un petit peu. Oui, Louis, tu veux compléter ? Oui, merci pour
01:18:11ça et j'en profiter juste peut-être une proposition de prescription encore une fois, d'assortir tout
01:18:19envoi d'informations toxiques du style Ursula von der Leyen, du style la dernière du Parlement, du
01:18:26style la prochaine de je ne sais pas quoi. Quel truc a été voté ? On va vous pomper votre épargne,
01:18:32vous allez bouffer du grillon, je ne sais pas quoi. D'essayer de mettre avec deux ou trois trucs
01:18:38humoristiques. Peut-être que les gens qui le recevront le regarderont un peu autrement.
01:18:44Voilà, c'est ça. Je pense que c'est une bonne façon de détendre et puis dans la brèche d'arriver
01:18:52et dans la soupape à comprimer un petit peu. Merci pour tout ça. Prochain rendez-vous de Parlons
01:19:00Santé en direct de Sainte sur le papillomavirus. Voilà, ça concerne les enfants, c'est moins drôle,
01:19:05mais bon, on oscille, on danse un petit peu. Merci à vous d'être resté. Plus l'émission a avancé,
01:19:14plus vous étiez connecté. Vous êtes 2700 quasiment. Merci de votre présence, de votre fidélité.
01:19:20N'hésitez pas à vous abonner à la chaîne YouTube de Réinfo Santé, notre canal Télégramme aussi,
01:19:27vous tapez Réinfo Santé dans Télégramme, notre page Facebook et puis la newsletter. On ne vous
01:19:31embête pas trop, rassurez-vous, sur Reinfo Santé.fr. Merci encore à nos trois invités du soir. Prenez
01:19:40soin de vous et puis évidemment, comme je disais, Louis, la prescription à rire, passez du bon temps
01:19:45et animez votre journée de sourire et de rire. Prenez soin de vous. Merci à vous. Merci.