La tête de liste des écologistes aux élections européennes Marie Toussaint milite pour un investissement massif dans les énergies renouvelables. Elle souhaite notamment "couvrir la France d'éoliennes et de panneaux solaires".
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00:00 * Extrait de France Inter *
00:04 Alexandre Amensahide, votre invitée ce matin est la tête de liste les écologistes aux élections européennes.
00:10 Bonjour Marie Toussaint.
00:11 Bonjour et merci de m'accueillir pour cette journée de l'Europe.
00:13 Absolument, 9 mai, on est à un mois du scrutin.
00:16 Alors hier c'était 8 mai 2024, 14h, EDF a commencé le chargement en combustible de l'EPR de Flamanville.
00:23 Après 12 ans de retard, ça c'est le symbole de la relance du nucléaire en France.
00:27 Marie Toussaint, pour les écologistes, c'est une bonne ou une mauvaise nouvelle ?
00:30 Bah écoutez, en tout cas c'est fait, voilà c'est relancé.
00:33 Moi je suis inquiète d'abord de ce fiasco industriel quand même, 12 ans de retard,
00:38 des coûts qui ont explosé, qui ont été multipliés par 4 pendant la durée de ce travail.
00:42 Et puis aujourd'hui, un couvercle qui est défectueux, qu'on devrait remplacer.
00:46 Mais l'urgence pour le Président de la République c'était d'envoyer un signal sur cette relance du nucléaire
00:51 plutôt que de garantir son bon fonctionnement.
00:53 Maintenant j'ai envie de vous dire, on fait face au dérèglement climatique qui est terrible.
00:57 On voit tous les jours les inondations, les feux de forêt, la montée du trait de côte qui vient engloutir des maisons.
01:03 Et donc on doit absolument agir et on doit mener une bataille sans trêve contre les énergies fossiles.
01:09 Mais justement, le nucléaire ce n'est pas une énergie fossile, ça n'émet pas de gaz à effet de serre.
01:14 Et c'est pour ça que je vous demande si c'est une bonne ou une mauvaise nouvelle,
01:16 si cette relance pour les écolos il faut la continuer.
01:19 Emmanuel Macron lui, il veut construire 6 voire 14 nouveaux EPR.
01:24 Vous savez c'est simple, les scientifiques nous disent que si nous voulons tenir les objectifs de l'accord de Paris,
01:28 il faudrait atteindre la neutralité carbone en 2040.
01:32 Pour atteindre la neutralité carbone dans des délais aussi courts, il n'y a qu'une solution, ce sont les énergies renouvelables.
01:38 Et aujourd'hui on a besoin d'investir massivement dans les énergies renouvelables, c'est le parent pauvre de la politique française.
01:43 La France est le seul pays de l'Union Européenne qui ne tient pas les objectifs qui ont été fixés.
01:47 Emmanuel Macron ne cesse de reporter toutes les législations sur la transition énergétique.
01:51 Donc nous, nous le disons, nous voulons une Europe 100% renouvelable en 2040.
01:55 Ça, ça veut dire couvrir la France par exemple d'éoliennes et de panneaux solaires pour avoir le 100% renouvelable ?
02:01 Vous connaissez bien les recours des riverains, les renouvelables on les pour,
02:05 mais alors c'est pas dans son jardin, pas derrière la maison, pas devant la maison, pas à côté de la maison.
02:10 Si on fait du 100% renouvelable, ça veut dire qu'il faut forcer les français, il ne faut pas leur laisser le choix ?
02:14 Ah non, nous ne croyons pas cela.
02:16 Et je suis convaincue au contraire que quand il y a une adhésion de la population,
02:20 ça marche mieux et qu'on a moins de recours contre ces éoliennes.
02:24 Mais j'aimerais dire une autre chose, c'est qu'aujourd'hui on a des entreprises européennes,
02:27 du pétrole et du gaz, qui continuent à investir pour ouvrir de nouveaux puits de pétrole, de gaz ou de charbon.
02:34 C'est le cas de Total, c'est le cas de Repsol, d'Eni, de ces entreprises européennes
02:37 sur lesquelles il faut reprendre le contrôle parce qu'il faut cesser tout investissement dans les énergies fossiles
02:42 et réorienter l'ensemble de ces investissements, elles font des profits colossaux, dans les énergies renouvelables.
02:47 Ça c'est possible avec un fonds de souveraineté écologique européen qui permettrait à l'Union européenne,
02:54 aux États membres, de devenir actionnaires majoritaires de ces entreprises,
02:57 pour les contraindre justement à sortir de l'argent de là où il fait mal, les énergies fossiles,
03:01 et les mettre là où il fait du bien, les énergies renouvelables.
03:04 C'est bon pour le climat, ça permettrait de créer de l'emploi sur le territoire européen
03:08 et par ailleurs de nous libérer de notre dépendance toxique à des régimes comme celui de Vladimir Poutine
03:12 ou d'Illam Aliyev en Azerbaïdjan.
03:13 Marie Toussaint, alors ce faisant, si je comprends bien, vous réorientez total,
03:16 bon ça coûte 80 milliards à peu près de prendre 51% du capital,
03:20 mais bon, vous réorientez total pour qu'ils ne produisent plus de pétrole, plus de gaz,
03:25 ça, ça fait moins de pétrole et de gaz sur le marché, ça veut dire que les prix deviennent plus chers
03:29 et c'est ce qu'on a vécu avec la Russie.
03:31 Alors vous savez aujourd'hui l'Union européenne, je vous réponds d'abord sur l'argent,
03:34 l'Union européenne donne des centaines de milliards chaque année aux énergies fossiles,
03:37 aux entreprises qui développent les énergies fossiles.
03:40 Donc ce que je propose c'est effectivement de prendre cet argent là où il fait mal,
03:42 pour le mettre là où il fait du bien.
03:44 Ça ne coûtera pas plus cher à la population ou à l'Union européenne.
03:49 Maintenant, les entreprises des énergies fossiles ont financé et ont fait un lobbying immense
03:54 pour nous rendre dépendants des énergies fossiles.
03:57 Je vous prends l'exemple de la route et du rail.
03:59 La France comme l'Europe ont investi deux fois plus pendant ces dernières années
04:03 dans la roule, dans la route que dans le rail.
04:05 Et bien ce que nous proposons c'est un plan massif d'investissement dans le ferroviaire,
04:09 c'est aussi ce à quoi appelait M. Farandou
04:11 qui s'est fait taper sur les doigts par un gouvernement qui ne cesse de dépendre des énergies fossiles.
04:15 Dans votre programme, vous voulez aussi sortir des produits toxiques,
04:17 les polluants éternels, les perturbateurs endocriniens, les pesticides dangereux.
04:22 Vous avez vu quand même ce qui est arrivé au pacte vert.
04:24 Ce qui arrive au pacte vert, réorienter, reprendre en main, taxer, interdire,
04:27 ça crée des colères puissantes partout en Europe.
04:30 Vous avez vu la colère des agriculteurs, ça nourrit l'extrême droite
04:34 qui dit qu'elle va protéger le mode de vie actuel.
04:37 Promettre plus de fermeté, certains vont vous dire
04:40 "ça y est, c'est encore l'écologie punitive".
04:42 Et bien c'est le contraire que nous proposons.
04:44 Et je veux dire à celles et ceux qui nous écoutent que la situation
04:47 de dérèglement climatique, de dévestation de la nature avec ses atteintes nombreuses sur la santé,
04:52 et bien ce n'est pas de leur faute, c'est justement de la faute des lobbies,
04:55 des dirigeantes et des dirigeants qui les soutiennent,
04:57 du modèle qu'on a construit et dans lequel nous sommes enfermés.
05:00 Il faut interdire ces produits toxiques.
05:02 Je vais vous dire, on a compté jusqu'à 19 clusters de cancers pédiatriques,
05:07 des cancers des enfants.
05:08 Et les autorités françaises refusent finalement de regarder d'où ça vient.
05:12 Les parents en sont convaincus, ça vient des pesticides,
05:15 ça vient du plomb, du cadmium qu'on a répandu dans les sols partout pendant si longtemps.
05:19 Donc maintenant il faut que ça cesse.
05:20 Il faut interdire ces produits, à commencer par les plus dangereux.
05:23 Et puis vous savez, ça peut nous permettre de faire la prochaine révolution industrielle
05:27 qui sera celle de la réparation et de la dépollution du monde.
05:30 Ce sont des emplois qui ont du sens.
05:32 Quoi de plus beau, de plus enthousiasmant que de se lever le matin
05:35 en se disant qu'on va contribuer à la dépollution du monde
05:37 et à préserver la santé des citoyennes et des citoyens.
05:40 Et cependant, dans la campagne actuelle, l'écologie n'est pas au centre des préoccupations.
05:44 Et la liste qui domine dans les sondages,
05:47 alors les sondages sont ce qu'ils sont, mais quand même,
05:49 c'est la liste de Jordan Bardella, au-dessus des 30%.
05:52 Vous, vous êtes dans une fourchette de 5,5 à 8%.
05:55 Le mot « immigration » qui est la matrice du vote d'extrême droite,
05:58 n'apparaît pas dans votre programme.
06:00 Est-ce que ce n'est pas une erreur de stratégie ?
06:03 Alors, il apparaît dans le programme long que nous avons sorti
06:06 et peut-être pas dans le programme court, mais vous savez,
06:08 vous l'avez dit vous-même, aujourd'hui, on a l'extrême droite
06:11 qui prend deux boucs émissaires.
06:12 L'étranger, qui serait la cause de tous nos problèmes,
06:15 dont d'ailleurs le dérèglement climatique, on se demande bien comment ils font.
06:18 Et puis, l'environnement et les protections,
06:21 les législations de protection de l'environnement.
06:23 Et donc, on entend l'extrême droite, qui influe sur le reste des droites,
06:28 nous expliquer que si on cessait de protéger l'environnement,
06:32 le monde irait mieux.
06:33 Moi, je veux dire que c'est le contraire.
06:36 Et l'enjeu du 9 juin prochain, l'enjeu de cette élection européenne,
06:39 il est majeur, parce que ce sera soit le pacte brun,
06:42 un mélange de climato-scepticisme et d'extrême droite,
06:45 soit au contraire, le renforcement, l'accélération
06:48 de la transformation écologique et sociale,
06:50 et ça, ce sera le pacte vert.
06:51 Pas de pacte vingt contre le pacte vert, c'est l'enjeu du 9 juin.
06:55 Alors, qui est le pacte vert ?
06:56 À gauche, on observe la remontada des socialistes
06:59 avec Place Publique et Raphaël Glucksmann,
07:01 qui talonne la liste macroniste.
07:03 En meeting à Bordeaux, c'était samedi, vous avez dit
07:05 « Glucksmann, c'est le produit sympa qu'on met en vitrine,
07:07 les socialistes sur l'écologie, c'est du Canada dry ».
07:10 Bref, vous qui vouliez une campagne axée sur la douceur,
07:12 là, vous commencez à sortir, je ne sais pas moi, le point.
07:16 Qu'est-ce qui se passe ? Vous avez perdu votre utile à gauche le 9 juin ?
07:20 Non mais écoutez, je pourchasse et je poursuivrai toujours
07:23 cet horizon de douceur, parce que je refuse et je récuse
07:26 la brutalisation de la vie politique.
07:28 Mais vous avez changé de ton.
07:29 Mais j'ai toujours dit aussi qu'il fallait débattre sans combattre.
07:33 Et je demande effectivement de la clarté à M. Glucksmann,
07:36 parce qu'il appartient à une famille politique,
07:37 ou en tout cas, il fait campagne avec une famille politique,
07:40 les socialistes, qui à Bruxelles, votent pour l'austérité,
07:43 votent pour le détricotage environnemental de la PAC
07:45 ou encore pour les méga camions, et sur le terrain,
07:48 en Occitanie en particulier, défendent l'A69,
07:52 qui est une autoroute décriée non pas par des centaines,
07:53 mais par des milliers de scientifiques pour son caractère climaticide,
07:58 destructeur de biodiversité et par ailleurs injuste.
08:00 Et je trouve qu'on entend très peu M. Glucksmann sur la question.
08:02 Je lui ai demandé plusieurs fois de clarifier sa position.
08:05 Il ne l'a pas encore fait, je crois, pour préserver ses soutiens
08:07 dans celui de Mme Delga.
08:08 - Et vous avez peur du vote utile à gauche le 9 juin ?
08:10 C'est ça ma question.
08:11 Est-ce que ce n'est pas ce qui est en train de se passer
08:12 quand on voit à quel point les intentions de vote
08:15 montent pour lui et stagnent pour vous ?
08:18 - Je vous l'ai dit, en ville des règlements climatiques,
08:20 il y a des produits toxiques répandus partout
08:22 qui rendent malades les gens de plus en plus jeunes,
08:24 qui sont emportés par exemple par des cancers
08:27 ou qui sont frappés par des maladies chroniques.
08:29 Le seul vote utile le 9 juin,
08:31 c'est celui qui permet de préserver le climat,
08:32 la biodiversité, la santé et la justice sociale.
08:35 Et ce vote-là, c'est le vote écologiste.
08:37 - Pas de liste commune avec la NUPES, c'était le choix du parti.
08:40 Vous n'avez pas de regrets quand vous regardez,
08:41 ne serait-ce que cette liste place publique PS ?
08:43 - Écoutez, ce n'est plus le temps de se poser la question.
08:45 On avait posé les listes cette semaine.
08:46 Aujourd'hui, on fait campagne.
08:47 On va convaincre les Françaises et les Français
08:49 chaque jour sur le terrain.
08:50 Je serai déjà tout à l'heure à la Rochelle.
08:52 - 13,4%, c'était le score de Yannick Jadot en 2019.
08:55 C'est possible en 2024 pour les écologistes ?
08:57 - Bien sûr. Et j'appelle les Françaises et les Français,
08:59 je l'ai dit, à venir voter pour notre liste.
09:02 - Marie Toussaint, députée européenne
09:04 et tête de liste écologiste aux Européennes.
09:06 - Merci. - Merci d'avoir accepté l'invitation de la matinale.
09:08 - Et merci Alexandra Medsaïd.