Européennes : "Nous sommes dans une économie du grand gaspillage", selon l'écologiste Majdouline Sbai

  • il y a 3 mois
Sociologue de l'environnement et présidente du Fashion Green Hub, Majdouline Sbai est candidate pour les élections européennes du 9 juin, en 5e position sur la liste des Ecologistes menée par Marie Toussaint. Elle était l'invitée ce lundi du 6-9 de France Bleu Nord.

Category

🗞
News
Transcript
00:00 Bonjour Majdouine Zbahi, vous êtes sociologue de l'environnement, présidente également du Fashion Green Hub
00:04 qui regroupe des entreprises nordistes engagées dans la mode durable.
00:07 Si je vous demande, votre projet pour l'Europe, vous allez me dire j'imagine la transition énergétique,
00:11 l'adaptation aux dérèglements climatiques, mais est-ce que les écologistes vont plus loin que les autres sur l'écologie,
00:16 qui est un thème aujourd'hui qu'on retrouve dans énormément de listes.
00:19 Qu'est-ce que vous avez de plus sur l'écologie qui est votre thème historique, votre thème porteur depuis le départ,
00:24 mais en même temps qu'on retrouve aujourd'hui chez beaucoup de listes ?
00:26 Alors nous on défend bien sûr un pacte vert et social pour l'Europe, renforcé, encore plus accéléré
00:32 pour assurer la transition écologique de notre économie, de nos territoires partout en Europe.
00:37 Mais j'invite les auditrices et les auditeurs à se poser la question de ce qu'ils ont entendu ce matin à leur réveil.
00:44 Avant on entendait beaucoup d'oiseaux, il y a un livre de Rachel Carson qui a été écrit en 1962
00:49 qui s'appelle "Le printemps silencieux" et qui raconte comment les oiseaux ont disparu des champs aux Etats-Unis
00:55 à cause des pollutions. Aujourd'hui nous rentrons aussi dans un printemps silencieux
01:00 et nous pensons que les 60 millions d'oiseaux qui disparaissent chaque année en Europe doivent tous nous inquiéter.
01:08 Donc ce qui fait la différence aujourd'hui c'est vraiment la capacité des écologistes
01:12 de porter un projet qui restaure les écosystèmes, qui restaure la nature.
01:16 Aujourd'hui rien n'est irréversible, nous avons la possibilité de réparer finalement
01:21 et donc ce que nous portons c'est une économie qui répare et qui permet aussi à chacune et à chacun de mieux vivre sur nos territoires.
01:28 Vous avez dit "nous portons un pacte vert et social", on va revenir sur la partie sociale.
01:33 Mais sur le pacte vert, l'Union européenne a déjà programmé sa neutralité carbone pour 2050,
01:37 en 2035 on arrête aussi de vendre des voitures thermiques neuves.
01:41 On peut aller plus loin que ces grands objectifs qui ont déjà été fixés ?
01:45 Vous parlez de réparation, qu'est-ce que vous proposez sur ce point-là ?
01:48 Par exemple, aujourd'hui nous sommes dans une économie linéaire, une économie du grand gaspillage,
01:53 c'est-à-dire qu'on consomme des ressources naturelles pour produire des biens de consommation courante
01:58 que nous gaspillons souvent et nous nous pensons qu'il faut passer à l'économie circulaire, régénérative,
02:04 toutes ces formes d'économies qui sont déjà pratiquées sur nos territoires
02:07 et qui permettent en fait à la fois de protéger nos écosystèmes et en même temps d'avoir des activités.
02:14 Et nous avons un autre sujet auquel nous tenons beaucoup, c'est la question de la santé environnementale.
02:19 Je pense que ceux qui nous écoutent le savent, il n'y a pas une famille qui n'est pas touchée
02:23 par des maladies chroniques ou des cancers ou encore l'infertilité.
02:26 Aujourd'hui nous sommes dans une civilisation aussi détoxique où au travers de ce que nous consommons,
02:31 la manière dont nous produisons ce que nous consommons, nous nous intoxiquons.
02:35 Nous nous souhaitons sortir de la civilisation détoxique, à savoir détoxifier les manières
02:39 dont on produit les biens de consommation courantes et aussi dépolluer nos sols, nos eaux
02:44 pour que nous ayons une meilleure santé en Europe.
02:46 Et si on revient justement sur le volet social maintenant de ce pacte vert que vous proposez,
02:51 parce que la question qui vient souvent quand on évoque la transition, c'est comment on va payer
02:53 les voitures électriques, la rénovation énergétique, tout ça à chaque fois coûte de l'argent.
02:57 Qu'est-ce que vous proposez pour accompagner ceux qui n'ont pas forcément les moyens pour suivre
03:00 justement toutes ces objectifs que vous voulez fixer ?
03:02 Alors nous on est opposé à l'austérité qui est proposée aujourd'hui.
03:06 L'Europe elle a été construite après guerre pour justement se reconstruire après cette guerre.
03:10 Aujourd'hui nous sommes dans une phase où nous devons reconstruire un modèle de société
03:14 qui est viable et durable.
03:15 Et ce que nous proposons c'est un protectionnisme vert.
03:18 Parce que ce dont souffre aujourd'hui une partie de notre économie et les travailleuses et les travailleuses,
03:22 c'est d'une concurrence déloyale.
03:23 J'étais avec les Duralex il n'y a pas longtemps.
03:25 Il y a des entreprises comme les Metex dans la région qui souffrent de ces situations.
03:29 Et la deuxième chose c'est que ce que nous proposons aussi c'est un impôt sur les grandes fortunes
03:33 dédié à la transition écologique qui va venir financer tous ces investissements.
03:37 C'est important parce que finalement celles et ceux qui seront les victimes
03:41 de ce dérèglement climatique et des crises écologiques comme les inondations dans le Pas-de-Calais,
03:44 ce n'est pas les plus riches.
03:46 Et eux ils n'auront pas de problème à avoir un plan B.
03:48 Par contre nous nous devons construire un plan B pour tous les autres.
03:51 - C'est à tort 49. Vous êtes sur France Bleu Nord.
03:54 Notre invité ce matin est Majdouline Zbahi, candidate écologiste pour les élections européennes.
03:59 Majdouline Zbahi, vous avez dit sortir des toxiques.
04:01 Des agriculteurs tiennent à nouveau des barrages ce matin dans le sud de la France encore et toujours.
04:05 Il y a derrière ça la question des pesticides.
04:07 A chaque fois que l'Union Européenne interdit un produit phytosanitaire,
04:10 les agriculteurs immédiatement disent "on n'a pas de substitut, on ne peut pas s'en passer pour le moment,
04:13 si on nous enlève les pesticides on n'arrivera pas à tenir".
04:16 Comment on fait pour accompagner les agriculteurs là aussi dans une transition,
04:20 pour changer de modèle justement, abandonner tous ces toxiques qui sont aujourd'hui répandus ?
04:24 - D'abord il y a la politique agricole commune.
04:26 Si on parle de l'Europe, nous nous sommes pour une meilleure répartition de la politique agricole commune.
04:29 Aujourd'hui, 20% des aides vont à 80%...
04:32 Enfin plutôt l'inverse, 80% des aides vont à 20% des plus grandes exploitations.
04:37 Et donc il faut rééquilibrer cette politique agricole commune
04:40 et financer les agriculteurs non pas à l'hectare mais au nombre d'emplois créés.
04:44 Et la deuxième chose c'est qu'il y a eu beaucoup d'émotions autour de la crise agricole.
04:49 Beaucoup de gens ont parlé, qui ne s'étaient jamais souciés de ce sujet là.
04:52 Nous c'est les paroles et les actes.
04:54 Marie Pochon, députée écologiste au Parlement français,
04:57 a fait voter des prix planchers pour les agriculteurs en France.
05:00 Et elle a fait voter également un fonds pour accompagner vers la transition écologique
05:04 les agricultrices et les agriculteurs.
05:06 C'est très important de le dire parce que nous, nous ne sommes pas pour une écologie punitive.
05:10 Au contraire, on est pour le fait que gouverner c'est prévoir.
05:13 Et que si on ne fait rien, c'est ça qui punit les gens parce qu'on reste vulnérable.
05:16 Sortir des phytosanitaires et des produits comme le glyphosate,
05:19 c'est protéger la santé des agriculteurs, protéger la santé des riverains.
05:22 Et faire en sorte aussi d'avoir une agriculture beaucoup plus durable qui nourrit nos territoires.
05:26 Le nucléaire, vous êtes toujours contre ?
05:28 C'est un autre sujet complètement... ok, il n'a rien à voir.
05:32 Mais si vous voulez, la question qui nous est posée par rapport à l'autonomie stratégique de la France,
05:37 par rapport à l'énergie...
05:38 J'ai l'impression que comparé à il y a quelques années, il y a de moins en moins de partis politiques,
05:42 de moins en moins d'élus qui sont contre le nucléaire.
05:44 Nous ne souhaitons pas que la France et l'Europe continuent à investir dans le nucléaire.
05:47 Parce que pour nous, aujourd'hui, il faut qu'en 2040, nous ayons atteint,
05:52 en 2040 ou en 2050, nous nous disons 2040, la neutralité carbone,
05:56 c'est-à-dire arrêter nos impacts sur le dérèglement climatique.
05:59 Comment allons-nous nous fournir en énergie ?
06:01 Comment allons-nous alimenter nos entreprises en énergie ?
06:04 Vous avez parlé des agriculteurs, une des raisons pour lesquelles ils se mobilisent,
06:06 c'est aussi la question du prix de l'énergie.
06:08 Aujourd'hui, nous avons une solution.
06:10 Ce sont les énergies renouvelables.
06:11 C'est ce qui nous garantit de pouvoir avoir de l'énergie accessible, décarbonée,
06:17 rapidement et surtout qui reste en dessous d'un prix acceptable.
06:21 C'est-à-dire que ce sera moins cher que le nucléaire.
06:24 Le nucléaire, justement, c'est la question que j'avais posée,
06:25 ne permet pas justement de faire baisser les prix ?
06:27 Non, pas du tout.
06:28 Et vous avez vu d'ailleurs les projets qui sont menés aujourd'hui,
06:31 les délais sont multipliés, les coûts sont multipliés.
06:34 Nous ne maîtrisons pas ces investissements.
06:36 Nous, nous savons que l'éolien, le solaire ou encore la géothermie,
06:41 on sait où on va.
06:42 Il faut investir dans ces technologies-là,
06:44 qui sont beaucoup plus rapides à mettre en œuvre
06:46 et dans notre région, par exemple, on a l'exemple de Ville,
06:48 qui ont, grâce à des coopératives, qui impliquent y compris les habitants,
06:52 divisé par deux la facture énergétique.
06:55 C'est ça qui est intéressant.
06:56 C'est-à-dire qu'il ne faut pas se focaliser sur une technologie
07:01 qui, pour des raisons X ou Y, on a décidé que c'était l'alpha et l'oméga
07:04 de la fourniture d'énergie en France et en Europe.
07:07 Nous, nous pensons qu'au contraire, il faut aller vers celles qui sont prêtes,
07:11 celles qui sont disponibles et nous croyons aux énergies renouvelables.
07:14 - Majd Winsbaï, merci beaucoup,
07:16 candidate écologiste pour les élections européennes
07:18 sur la liste Europe Écologie portée par Marie Toussaint,
07:21 candidate pour le scrutin du 9 juin.
07:23 Je précise que sur francebleu.fr, vous avez un article
07:26 avec les différentes interviews qu'on a pu faire la semaine dernière,
07:28 les autres candidats, mais aussi l'intégralité des listes
07:31 qui sont engagées pour ce scrutin.
07:32 Il y en a 38 en tout. Merci encore, bonne journée.

Recommandée