S'adapter : c'est renoncer ?
2èmes rencontres nationales d'Adaptation Radicale le Samedi 6 avril 2024
Captation vidéo du débat à @academieduclimat
Merci à l’Académie du Climat pour l’accueil
Merci à Corine Faugeron, Nicolas Fournier et Juliette Nouel pour leur intervention.
Animation : Nadège Perino-Chinchin
Présentation : Daniel Rodary
Prises de vue : Laurent Fayeulle
️Images additionnelles : Luciano Ibarra
♂️Montage : Laurent Fayeulle, avec l’aide de Florian Poncelin
Musique : Desire BY Markvard CC BY 3.0 Deed https://www.auboutdufil.com/index.php...
Quelques liens :
L'article fondateur de Deep Adaptation, sur le site de Jem Bendell (multilingue) : https://link.infini.fr/WFyVfatf
Mission Paris 50°, rapport à télécharger ici : https://link.infini.fr/NGJKkSPJ
Banlieues Climat https://banlieues-climat.org/
Agence Parisienne du Climat : https://www.apc-paris.com/
Articles sur Sandra Lavorel
Libé : https://link.infini.fr/j4BPzX-G
Deklic : https://link.infini.fr/6BeS7ze6
Makan Fofana
en discussion avec Laurent Fayeulle & Adaptation Radicale Francophone autour du pouvoir de l'imaginaire : https://link.infini.fr/YQomwtwP
sur l'atelier des futurs : https://link.infini.fr/JzR3bbaJ
L'organisation de cette réunion et la création de cette video ont été possibles via vos dons.
https://www.helloasso.com/associations/adaptation-radicale-deep-adaptation/
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Musique : Desire BY Markvard CC BY 3.0 Deed https://www.auboutdufil.com/index.php...
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ÉducationTranscription
00:00:00Bonsoir à toutes et à tous, on est très content de vous recevoir, on n'est pas tout à fait ce soir, on n'est pas tout à fait ce matin, donc de vous recevoir maintenant à l'Académie du Climat de Paris qui nous rend vraiment un grand service, entre guillemets, dans le sens où on nous met à disposition des salles,
00:00:29des super chouettes salles en plus, pour discuter de trucs super importants et pour essayer d'échanger, de réfléchir ensemble.
00:00:38Il n'y a pas beaucoup de lieux en France pour avoir cette liberté, donc c'est quand même une chance et on remercie l'Amérique de Paris et l'Académie du Climat de nous permettre ça aujourd'hui.
00:00:50On a du coup une journée qui a commencé ce matin avec une animation du matin qui s'appelle le Forum des 4 R, les 4 R que vous allez pouvoir voir un petit peu plus tard et puis on va en parler pour présenter l'adaptation radicale.
00:01:06Et cet après-midi on a fait le jeu de l'entraide animé par Julien Lecaille, un jeu de l'entraide qui permet en fait de se mettre dans un rôle, dans une situation donnée, d'interagir en fonction de cartes qu'on a en main.
00:01:21Pour celles et ceux que je vois là qui avaient des rôles à endosser avec des cartes à jouer pour décider ensemble en fonction de la situation qui est imposée par le maître du jeu.
00:01:33Vous aurez d'ailleurs la possibilité de jouer ce soir également entre 20h et 22h pour la deuxième session du jeu de l'entraide. Vous pouvez encore vous inscrire pour ce soir pour celles et ceux qui sont intéressés.
00:01:44Donc voilà, nous sommes là maintenant pour à peu près deux heures ensemble pour discuter du thème de la journée qui est s'adapter de points, c'est renoncer mais points d'interrogation bien sûr parce qu'on va discuter de tout ça.
00:02:00On a une petite heure et demie ensemble de discussion avec les invités puis après vous aurez la possibilité de poser des questions ou d'intervenir.
00:02:10Daniel vous frapasserait le micro. On a Julien qui est pas loin non plus, on le remercie parce qu'il y a une personne devant, il y a toujours plein de personnes derrière qui oeuvrent et qui rendent possible les choses donc on n'oublie pas ce qu'on ne voit pas.
00:02:23On remercie également Laurent qui a la gentillesse de filmer cet échange pour celles et ceux qui ne peuvent pas être là ce soir et qui vont pouvoir le voir en différé.
00:02:34Donc vous pouvez également ensuite le retrouver sur une chaîne YouTube qu'on a mis beaucoup de temps à ouvrir parce qu'on n'était pas super d'accord avec le phénomène YouTube.
00:02:42Mais on ne s'est pas privé du coup on a décidé de renoncer à la perfection et aux différents modèles qu'on utilisait pour discuter avec d'autres et s'ouvrir parce que sinon on était un petit peu entre nous et on se rend compte des limites en fait de l'entre-soi.
00:02:59Ce qui est en plus assez stérile au niveau des débats et de l'évolution de la pensée.
00:03:03Moi je m'appelle Nadege Perino-Chinchin, je fais partie de l'équipe gouvernance d'adaptation radicale depuis l'automne 2020.
00:03:12Donc je vais essayer notamment en plus des interventions des trois personnes que je vais vous présenter et qui vont se présenter à vous de donner un petit peu ce qu'on pense nous à l'adaptation radicale, notre vision des choses et de donner entre guillemets le change et faire tourner la parole au mieux pour que ça vous apporte des graines de réflexion et pourquoi pas quelques pistes d'action éventuellement.
00:03:37La question que nous posons ce soir est cruciale, elle est passionnante mais il faut déjà qu'on définisse les termes du débat parce qu'adaptation, qu'est-ce que ça veut dire adaptation ? On n'est pas tous raccord là-dessus, quelquefois il y a des ambiguïtés par rapport à l'atténuation, tout ça on va essayer de définir ces termes.
00:03:54Et puis à quoi faut-il s'adapter et puis à quoi faut-il renoncer ? Des grandes questions. Durant le débat on va donc, une fois avoir défini ces termes, on va essayer de s'appuyer sur des exemples concrets que vous avez pu rencontrer de par vos interventions et vos métiers respectifs. Pourquoi ? Parce que l'adaptation c'est du concret en fait.
00:04:18Si on était dans un schéma d'adaptation, ça changerait la vie des gens et il y a déjà la vie des gens qui est changée alors que l'adaptation n'est pas forcément en oeuvre. Donc on va essayer justement de se baser sur des faits concrets pour que ça parle, que ce ne soit pas juste du discours, que ce soit ancré dans la réalité des populations et donc ça à travers les exemples qui vont nous être fournis.
00:04:40Et enfin on va essayer de penser qui s'adapte et qui décide de s'adapter. Donc on a quand même ce souci de ne pas tomber dans un autoritarisme même s'il était bienveillant et surtout s'il était bienveillant parce qu'il y a énormément de choses derrière qui se jouent.
00:04:58Comment est-ce qu'on fait que ces décisions d'adaptation ou non d'ailleurs sont prises de la manière la plus démocratique possible et comment est-ce qu'on met en oeuvre ce processus de recueil de la parole et de décision qui pour l'instant n'est pas en oeuvre en tout cas de manière générale.
00:05:16Elle l'est de temps en temps dans des associations ou dans des mouvements citoyens très précis mais ce n'est pas du tout répandu parce qu'aujourd'hui ce sont des personnes qui vont décider les lois mais elles ne seront pas forcément intégrées par les populations parce qu'elles ne sauront pas penser avec.
00:05:32On a vu avec la convention citoyenne du climat des personnes qui n'étaient pas du tout au courant des choses avec des éléments et un peu de temps tout à fait compris les enjeux.
00:05:48Donc on a vraiment confiance dans l'intelligence collective simplement on n'a pas tous accès aux mêmes choses on n'a pas tous les mêmes capacités de réflexion ou les mêmes temps de réflexion et ça comment est-ce qu'on l'organise et comment on fait pour embarquer le maximum toutes les populations dans cet enjeu qui est l'enjeu de toute l'humanité en fait qui se dresse devant nous.
00:06:10Du coup avant de donner la parole aux invités je vais demander à Daniel de présenter l'adaptation radicale pour celles et ceux qui ne nous connaissent pas.
00:06:17Merci donc moi je suis Daniel Rodary je travaille à l'adaptation radicale enfin on est tous volontaires en France depuis le premier confinement en 2020 on a commencé à se réunir avec Julien Lecaille qui est là bas au fond de la salle en visio chacun depuis notre lieu de confinement.
00:06:35Moi j'avais fait un petit peu d'adaptation radicale avant en Inde parce que je vivais à Auroville près de Pondichéry à ce moment là et en fait l'adaptation radicale datait encore d'un an plus tôt.
00:06:45Donc le point initial qui a lancé cette espèce de mouvement protéiforme qui est parfois des assos parfois des groupes de gens parfois juste un article scientifique.
00:06:55C'est justement un article scientifique qui est paru qui a été publié par un chercheur un prof en Angleterre qui s'appelle James Bendell qui faisait du développement durable de la formation des décideurs du boulot pour l'ONU du boulot pour le WWF des choses comme ça depuis 20 ans.
00:07:18Qui travaillait donc pas mal dans le cadre international et dans le cadre international les deux mamelles de la réaction à toutes les crises mais en particulier au climat c'est atténuation et adaptation.
00:07:31Et l'atténuation donc par exemple pour le climat les mesures d'atténuation c'est tout ce qui est fait pour limiter notre futur effet sur le climat ou notre effet actuel sur le climat.
00:07:42L'atténuation a toujours été en tête très très largement devant l'adaptation historiquement et jusqu'à maintenant.
00:07:48Et lui il a commencé à concevoir dans son boulot la petite inquiétude le petit doute le petit frisson dans les chines qui dit mais si tout ce qu'on était en train de faire ne suffisait pas du tout.
00:08:00Et quand ce doute est devenu assez prononcé il a pris une année sabbatique et il a profité de son statut de chercheur pour contacter d'autres chercheurs.
00:08:10De chercheur à chercheur on peut se communiquer des données des directions de recherche des résultats préliminaires de projet très facilement.
00:08:18On peut les demander à un autre chercheur à l'autre bout de la planète en général il y a moyen de discuter de communiquer.
00:08:24Donc il a fait sa petite recherche personnelle pendant six mois ou un an je ne sais plus.
00:08:28Et en sortant il a dit oui en fait j'avais raison de me poser des questions en tout cas pour lui c'était clair.
00:08:34Et il a fait un article qu'il a essayé de publier comme un article scientifique qui a été revu par des pairs.
00:08:40Et la tonalité de la revue pour deux des trois c'était que l'article était trop inquiétant, trop dramatique, trop effrayant.
00:08:48Et qu'il fallait le modifier dans le sens de le rabaisser un peu dans ses prétentions et dans ses affirmations parce que sinon les gens allaient avoir trop peur en lisant ça.
00:08:58Or lui il disait ben non justement je pense qu'il faut leur dire la vérité.
00:09:02Donc il a refusé les modifications demandées du coup il n'a pas pu publier.
00:09:05Donc c'est un article scientifique non publié qu'il a posté sur son site.
00:09:09Et l'histoire c'est que l'article scientifique donc c'est de la science, c'est de la sociologie, du développement durable.
00:09:16Un truc un peu hermétique a été téléchargé très rapidement jusqu'à un million de fois.
00:09:21Et qu'il a commencé à avoir des dizaines d'emails chaque matin puis des centaines et des milliers.
00:09:26Et dans les emails il y avait des gens qui étaient banquiers depuis 20 ans qui leur disaient ben j'ai quitté.
00:09:31Il y avait des gens qui étaient à la commission européenne qui disaient il faut qu'on fasse quelque chose, comment on s'organise.
00:09:36Enfin il y avait plein de profils comme ça un peu de tous les côtés.
00:09:39Donc il y a un mouvement qui a commencé à se créer sans que lui fasse rien.
00:09:43Après il s'est mis dans l'organisation de ce mouvement.
00:09:46Et je vais exploser mon temps si je continue comme ça.
00:09:50Et donc il y a eu ce mouvement spontané qui a originé en Angleterre.
00:09:56Qui s'est pas mal déployé évidemment dans les pays anglophones au départ.
00:10:01Et qui est toujours à l'heure actuelle beaucoup plus présent dans les pays francophones, anglophones pardon.
00:10:07L'idée c'est que là-bas la collapsologie, les théories sur l'effondrement etc.
00:10:16avaient jusque là beaucoup moins touché un grand public.
00:10:20Elles sont, si on recherche, elles sont antérieures.
00:10:22Jared Diamond il a publié d'abord en anglais, il est anglophone.
00:10:26Mais ça avait touché un public assez restreint, assez confiné on va dire.
00:10:32Ça avait touché tous les preppers, les survivalistes et tout ça.
00:10:37Ça avait trouvé un public mais ça avait clairement pas trouvé un grand public.
00:10:41Et ça avait pas trouvé un public je pense très très divers.
00:10:45Et là lui quand il a commencé à lancer ça, ça a touché plein de gens de toute origine.
00:10:51Alors on pourrait discuter de ça plus en détail, c'est pas vraiment de toute origine.
00:10:56Mais ça a touché beaucoup plus de gens qu'avant.
00:10:59Et donc ça a donné des publications.
00:11:02Lui il a continué à publier en forme blog des articles etc.
00:11:06Et donc quelque part en 2019, Julien et d'autres ont en France traduit certains articles en français.
00:11:12Ça a donné un bouquin en français.
00:11:14Ce qui est marrant c'est que c'est un auteur anglais qui parle pas français.
00:11:16Son premier bouquin est en français.
00:11:18Adaptation radicale aux liens qui libèrent.
00:11:21Les liens qui libèrent.
00:11:23Donc un bouquin qui n'a pas d'équivalent, il existe pas en anglais.
00:11:26C'est son premier livre.
00:11:29Et nous on a commencé à faire de l'adaptation radicale.
00:11:32Moi j'étais avec un groupe de gens qui explorait la collapso en Inde.
00:11:37Et puis le groupe ici qui a traduit le bouquin, qui a traduit les articles a commencé à se constituer comme ça.
00:11:42Donc on est là depuis 2020.
00:11:45Et on est toujours un groupe assez informel.
00:11:48On a une association, mais on n'est pas l'association.
00:11:51On a une association qui s'appelle Adaptation radicale Deep Adaptation.
00:11:55Donc la traduction aussi c'est important.
00:11:57Lui il a appelé ça Deep Adaptation.
00:12:00L'adaptation, si vous reprenez ce que je vous ai dit sur l'ONU,
00:12:03c'est le pendant de l'atténuation.
00:12:06Donc on atténue tout ce qu'on peut et on s'adapte à tout ce qu'on n'a pas pu atténuer, en gros.
00:12:11Et lui il a rajouté Deep devant.
00:12:14Alors il y a sans doute un clin d'oeil à la Deep Ecology, l'écologie profonde.
00:12:18Mais c'est aussi pour dire, on ne va pas s'adapter au problème du changement climatique
00:12:23ou à tel ou tel souci de pétrole, de ressources.
00:12:26On va s'adapter aux effondrements qui vont provenir de ces problèmes.
00:12:31Donc un des prémices de l'adaptation radicale, c'est qu'on n'évitera pas tous les effondrements,
00:12:36quoi qu'on fasse, même si on se réveille tous demain matin, même, même, même,
00:12:40il y aura des effondrements.
00:12:42Et on ne peut pas prouver que c'est vrai, mais on peut se dire,
00:12:45c'est tellement probable que c'est une bonne idée de bosser sur cette base.
00:12:49On ne perdra pas notre temps.
00:12:51Donc ça c'est vraiment un des trucs qu'on ne passe pas énormément de temps à discuter.
00:12:55On part de là, c'est notre point de départ.
00:12:57Donc il y aura des effondrements par nature difficiles à prévoir
00:13:01et lesquels, à quelle vitesse, dans quel domaine, quelle amplitude, quel pays,
00:13:06même quelle granularité géographique.
00:13:09C'est beaucoup plus compliqué à détailler.
00:13:11Donc il y a une forme d'adaptation qui peut s'adapter à tout ça.
00:13:15Ce n'est pas on s'adapte à la montée des eaux plus les vents violents, plus machin.
00:13:19On commence à essayer de comprendre comment adapter notre monde
00:13:23à cet ensemble de choses qui n'est pas totalement caractérisable.
00:13:27Un des trucs qui découle de ça, c'est qu'on ne peut pas adapter tel secteur,
00:13:30telle communauté, genre les communautés de bord de mer,
00:13:34puisque ce n'est pas que ça.
00:13:36Donc il y a une dimension très forte qui est sociétale.
00:13:39On ne cherche pas à s'adapter individuellement,
00:13:42on ne cherche pas des solutions ponctuelles,
00:13:44on s'intéresse aux réponses sociétales.
00:13:48Et on a donc dans notre groupe,
00:13:51je définis ça avec une petite phrase, un espèce de sous-titre,
00:13:54qui est concevoir et développer ensemble des réponses face au processus d'effondrement.
00:13:58Le mot important là-dedans est ensemble, en particulier.
00:14:02On a une raison d'être qui vient un peu de toutes nos activités,
00:14:05comment on voit qu'on travaille,
00:14:07qui est reconnaître et accueillir les émotions de chacun et de chacune,
00:14:11accompagner la prise de conscience et l'acceptation des processus d'effondrement,
00:14:15parce que quand vous commencez à rentrer là-dedans,
00:14:17il peut y avoir plusieurs événements dans votre vie,
00:14:20qui peuvent être par exemple une déprime ou une dépression,
00:14:23ou des choses comme ça.
00:14:24Il ne faut pas rester tout seul, il faut parler avec d'autres.
00:14:26Et parler avec d'autres qui sont déjà passés par là ou qui sont en cours, ça aide.
00:14:30Prendre soin des communautés humaines et des écosystèmes,
00:14:32avec inclusion, soutien et entraide.
00:14:34Donc ça c'est la dimension humaine et environnementale.
00:14:38Agir, expérimenter et apprendre ensemble pour soutenir l'adaptation,
00:14:41en tissant des liens avec les autres initiatives,
00:14:44pour construire un futur désirable et pérenne.
00:14:46Donc ça c'est notre raison d'être.
00:14:48Ensuite on a quelque part un truc qui s'appelle les 4 R.
00:14:51Donc ça c'était des questions que Jem Bendel s'était posées dans l'article initial,
00:14:55et qui sont assez centrales dans la façon de penser et dans la façon de réfléchir.
00:15:00On a fait ce matin un forum des 4 R.
00:15:02Le premier R c'est la résilience,
00:15:05et on oublie les autres sens de ce mot pour l'instant, s'il vous plaît.
00:15:08La résilience veut dire dans ce cadre là, que voulons-nous préserver ?
00:15:11Donc on sait qu'il va y avoir des effondrements,
00:15:13qu'est-ce qu'on voudrait garder en tant que société ?
00:15:16En tant qu'humanité, en tant que groupe local,
00:15:19ça peut se faire à différents niveaux.
00:15:21Qu'est-ce qui nous tient le plus à coeur ?
00:15:23Qu'est-ce qui est le plus important dans notre vie ?
00:15:25Qu'est-ce qu'on voudrait que nos enfants puissent continuer à avoir ?
00:15:28Donc c'est pas la piste cyclable de la rue de Rivoli,
00:15:31c'est l'école publique ou des choses comme ça,
00:15:34la démocratie, des choses un petit peu...
00:15:37Et du coup comme c'est des choses un petit peu larges comme ça,
00:15:39on sent bien qu'on ne va pas les garder
00:15:41avec l'association des écologistes du quatrième arrondissement.
00:15:45Il va falloir des structures un peu plus globales,
00:15:48pas que globales, mais aussi globales.
00:15:51Donc on parle avec des institutions,
00:15:53enfin on essaye de voir ça à plusieurs niveaux sociétaux.
00:15:56Le deuxième R c'est le renoncement,
00:15:58et il est super important,
00:16:00et c'est le renoncement à des choses
00:16:03auxquelles on doit renoncer parce qu'elles vont disparaître,
00:16:06mais c'est aussi le renoncement à des choses
00:16:08qui nous permettront de préserver
00:16:10ce qu'on avait établi comme nos priorités.
00:16:13C'est très intéressant parce que quand on commence
00:16:15à établir nos priorités et ce qu'on pourrait avoir
00:16:18à abandonner pour préserver ces choses-là,
00:16:20on comprend que l'adaptation,
00:16:22c'est pas un abandon de toute gouvernance,
00:16:26de tout agencement des choses,
00:16:29mais que ça va être super dur,
00:16:31et que donc l'atténuation,
00:16:33on pourrait aussi faire des efforts.
00:16:35Donc l'adaptation nourrit l'atténuation,
00:16:37ce qui est souvent pensé que l'adaptation,
00:16:39c'est quand on a raté l'atténuation.
00:16:41En fait, l'adaptation va faire des allers-retours
00:16:43avec l'atténuation et va nous donner l'énergie
00:16:46pour l'atténuation aussi.
00:16:48Troisième R, c'est que pouvons-nous retrouver
00:16:50pour nous aider à relever les défis à venir.
00:16:53Donc là, on a fait le forum ce matin,
00:16:55on a dit par exemple, on se plaçait
00:16:57comme une communauté de parisiens qui se demanderaient
00:16:59qu'est-ce qu'on pourrait faire pour l'île de France.
00:17:03Un des trucs à restaurer qui pourrait être sympa,
00:17:06c'est l'utilisation qu'on avait du fleuve il y a longtemps.
00:17:10Alors là, on est carrément remonté un peu loin
00:17:12parce qu'on a dit les chemins de halage
00:17:14et la traction animale des bateaux sur le fleuve.
00:17:16Mais ça, c'est un truc, si on le restaure,
00:17:18on sait que ça marche,
00:17:20c'est assez à l'épreuve des crises.
00:17:22Vous avez des chevaux, une corde et un bateau, ça marche.
00:17:24En gros, c'est assez simple.
00:17:26Une idée comme ça, ça pourrait être restaurer
00:17:28le trafic en péniche au pétrole.
00:17:31On n'est pas obligé de retourner,
00:17:33on décide un peu où on va.
00:17:35Et le quatrième R, c'est celui
00:17:37qui est un peu difficile à comprendre.
00:17:39Il s'intitule réconciliation.
00:17:41Avec qui, avec quoi faire la paix
00:17:43à l'heure où nous découvrons notre mortalité commune.
00:17:46Et ça, la façon de le traduire,
00:17:48déjà, c'est une traduction de l'anglais,
00:17:50c'est de dire, en gros, malgré tous ces efforts,
00:17:53malgré les trois R, ça ne va pas marcher complètement.
00:17:55On parle d'effondrement.
00:17:57Donc, il va y avoir des problèmes.
00:17:58Il va y avoir des gens qui le prennent différemment.
00:18:00Il va y avoir des choses qui ne marchent pas,
00:18:01même dans nos adaptations et nos atténuations.
00:18:03Et il va falloir faire la paix avec tout ça.
00:18:05Et c'est intéressant de se poser ces questions au début.
00:18:07Avec qui je pourrais faire la paix ?
00:18:09Avec qui je pourrais bosser ?
00:18:11Avec quoi, dans mon action, dans mes échecs,
00:18:13je pourrais faire la paix en moi ?
00:18:15Ou dans notre organisation ?
00:18:17Voilà, ça ne va pas marcher complètement.
00:18:19Comment est-ce qu'on peut absorber ça, l'accepter ?
00:18:21Ça, c'est les quatre R.
00:18:23On s'arrête là. Merci.
00:18:25C'est difficile de se démarquer.
00:18:29Il y a beaucoup, beaucoup de mouvements qui existent.
00:18:31Il y a beaucoup de choses qui sont à l'œuvre.
00:18:33Nous, notre radicalité,
00:18:35elle n'est pas violente.
00:18:37Elle n'est pas va-t'en-guerre.
00:18:39Elle est juste à la racine.
00:18:41C'est-à-dire qu'en fait,
00:18:43nous souhaitons repenser les choses
00:18:45pas en surface.
00:18:47On pense qu'il faut repenser les choses à la racine
00:18:49dans leur radicalité.
00:18:51C'est un mot qui est très beau.
00:18:53Il est beau parce qu'il engage.
00:18:55Et nous ne voulons pas
00:18:57être ceux qui pensons
00:18:59que nous sommes petits,
00:19:01parce que l'enjeu est énorme.
00:19:03Nous assumons notre radicalité
00:19:05et nous essayons d'en faire quelque chose
00:19:07de beau et d'audacieux.
00:19:09Ce n'est pas du tout de la violence,
00:19:11même si le monde et l'enjeu
00:19:13l'est lui-même.
00:19:15Nous avons le plaisir d'accueillir Juliette Noël.
00:19:17Bonsoir, Juliette.
00:19:19Bonsoir.
00:19:21Peut-être que tu peux te présenter ?
00:19:23Volontiers.
00:19:25Je suis la créatrice des ateliers de l'adaptation
00:19:27au changement climatique.
00:19:29Par ailleurs, je suis journaliste.
00:19:31C'est le métier que j'ai le plus exercé
00:19:33et que j'exerce toujours
00:19:35d'une autre façon aujourd'hui,
00:19:37mais qui est vraiment
00:19:39dans mon ADN.
00:19:41Voilà.
00:19:43Je te remercie.
00:19:45Nicolas Fournier, bonsoir.
00:19:47Est-ce que tu peux te présenter
00:19:49succinctement ?
00:19:51Je suis de formation actuaire.
00:19:53Actuaire, il y en a une autre dans la salle
00:19:55Actuaire, à la base,
00:19:57c'est calibrer,
00:19:59quantifier le montant
00:20:01des primes d'assurance.
00:20:03C'est vraiment la définition du métier.
00:20:05C'est prendre en compte le risque
00:20:07pour définir
00:20:09comment fonctionne et combien coûte une assurance.
00:20:11Aujourd'hui,
00:20:13je contrôle
00:20:15la solvabilité,
00:20:17c'est-à-dire la solidité des assureurs.
00:20:19Je ne suis pas directement assureur,
00:20:21je contrôle plutôt ce qu'ils font.
00:20:23Dans le cadre de ces contrôles,
00:20:25se posent de plus en plus
00:20:27de questions sur
00:20:29changement climatique, augmentation des catastrophes
00:20:31naturelles, mais pas que.
00:20:33Augmentation des pandémies suite au
00:20:35Covid, variation de l'espérance de vie.
00:20:37C'est tout un monde
00:20:39qui va
00:20:41devoir repenser sa transformation,
00:20:43son adaptation.
00:20:45Merci beaucoup. Corinne, si tu peux bien
00:20:47te présenter. Bonjour.
00:20:49Je suis l'élu.
00:20:53La personne qui, normalement,
00:20:55met en oeuvre des politiques publiques.
00:20:59J'aurai quelques exemples à vous donner.
00:21:01Les élus vivent
00:21:03dans un monde qui n'a pas
00:21:05peut-être été soumis
00:21:07à l'actuaire.
00:21:09Ils ne comprennent pas,
00:21:11je pense, quel est l'enjeu
00:21:13et la puissance
00:21:15de ce qui est en train de se passer.
00:21:17Franchement, la grosse différence,
00:21:19c'est que je suis écolo depuis
00:21:21toujours, je suis parisienne depuis toujours,
00:21:23cycliste, mais bien sûr, ce n'est pas
00:21:25en faisant du vélo que j'empêche la pollution
00:21:27à Paris.
00:21:29Donc, je
00:21:31me dis, même dans les années
00:21:33de mai, on n'imaginait pas que ce dérèglement
00:21:35climatique serait aussi
00:21:37fort qu'il est aujourd'hui.
00:21:39La vitesse à laquelle les choses
00:21:41s'accélèrent, elles s'accélèrent
00:21:43tous les jours.
00:21:45C'est vraiment important de réfléchir
00:21:47à la globalité de ce qui
00:21:49se passe, et je pense que la résilience
00:21:51est importante.
00:21:53Donc,
00:21:55les 4 R sont bien sûr importants,
00:21:57mais comment on va
00:21:59s'adapter ? Je pense que
00:22:01il faut déjà définir les mots,
00:22:03c'est vraiment la première chose.
00:22:05Partager ensemble le même vocabulaire
00:22:07pour pouvoir avancer ensemble.
00:22:09Merci pour la transition, parce que
00:22:11c'est vraiment parfait.
00:22:13Nicolas, si tu veux bien,
00:22:15pour toi, justement, les différences,
00:22:17le terme d'adaptation,
00:22:19d'atténuation, comment tu
00:22:21vois les choses ? Quelles sont les définitions ?
00:22:23Comment tu les expliquerais ?
00:22:25La différence, notamment,
00:22:27entre atténuation et adaptation ?
00:22:29Déjà,
00:22:31maintenant, en Europe,
00:22:33il y a une définition un petit peu
00:22:35officielle de ces termes-là
00:22:37via la taxonomie verte.
00:22:39D'accord ?
00:22:41La taxonomie verte,
00:22:43c'est définir
00:22:45toutes les activités qui sont
00:22:47entre guillemets durables,
00:22:49que ce soit à moyen ou à long terme.
00:22:51D'accord ? Et là-dedans,
00:22:53ces termes atténuation et adaptation
00:22:55sont définis. Atténuation,
00:22:57c'est tout ce
00:22:59qui permet
00:23:01de limiter le réchauffement climatique.
00:23:03D'accord ? Donc c'est moins d'énergie
00:23:05fossile.
00:23:07C'est aussi, même si ça reste
00:23:09un peu en débat, parce que
00:23:11il y a le changement climatique, mais il y a aussi la biodiversité.
00:23:13D'accord ? Donc il y a aussi
00:23:15tous les enjeux d'écosystème
00:23:17qui sont probablement
00:23:19encore pires que les enjeux de changement
00:23:21climatique. Donc l'atténuation,
00:23:23ça va être cette partie-là. L'adaptation,
00:23:25ça va être de dire
00:23:29comment
00:23:31continuer, comme avant ou pas,
00:23:33ça c'est un autre débat,
00:23:35à vivre dans un monde en changement.
00:23:37D'accord ? Un monde en changement,
00:23:39ça veut dire...
00:23:41Jakarta, c'est en dessous du niveau de la mer.
00:23:43Aujourd'hui, on en reparlera, mais
00:23:45Jakarta, la ville, ils vont la reconstruire.
00:23:47D'accord ? C'est la capitale, c'est
00:23:49des millions d'habitants. On prend la ville
00:23:51et on la bouge. D'accord ? C'est une
00:23:53forme d'adaptation. C'est pas la seule.
00:23:55Et les adaptations
00:23:57vont être de plus en plus nombreuses là-dessus.
00:24:01D'accord. Merci beaucoup.
00:24:03Peut-être, justement,
00:24:05Juliette, toi, l'adaptation
00:24:07et l'atténuation, tu définirais
00:24:09comment, avec ton regard à toi ?
00:24:11Alors, moi, j'ai
00:24:13pas un regard
00:24:15personnel.
00:24:17Les ateliers que j'ai créés sont
00:24:19entièrement fondés sur le
00:24:21rapport du GIEC, le dernier
00:24:23rapport du GIEC, et là, il y a une définition
00:24:25extrêmement précise de l'atténuation
00:24:27et de l'adaptation, et l'atelier
00:24:29commence à une longue
00:24:31introduction pour discerner
00:24:33bien les deux, parce qu'en fait, quand on parle
00:24:35d'adaptation,
00:24:37la très grande majorité des gens,
00:24:39quand on leur dit qu'il va falloir s'adapter au changement climatique,
00:24:41cliquent, ils comprennent.
00:24:43Ah oui, il va falloir enfin
00:24:45se mettre à réduire les émissions.
00:24:47Voilà. Donc, ce n'est pas du tout ça.
00:24:49Et là,
00:24:51la première image qu'on donne
00:24:53et la première question qu'on leur pose, c'est
00:24:55votre salle de bain est inondée,
00:24:57qu'est-ce que vous faites en premier ?
00:24:59Parce que le robinet d'eau coule.
00:25:01Donc, évidemment, tout le monde répond, j'essaie de fermer
00:25:03le robinet, et là, on dit, vous ne
00:25:05pouvez pas le fermer, le robinet est grippé.
00:25:07Et donc, qu'est-ce que vous faites en deuxième ?
00:25:09Les gens disent, j'écope
00:25:11ma salle de bain. Et là, on leur dit,
00:25:13essayez de fermer le robinet,
00:25:15c'est ce qu'on appelle en langage
00:25:17climatique international,
00:25:19l'atténuation, réduire les émissions, parce que
00:25:21ce qui sort du robinet, ce sont les émissions
00:25:23de gaz à effet de serre, et écoper,
00:25:25surélever les objets, les changer
00:25:27de place, c'est l'adaptation.
00:25:29Donc, atténuation,
00:25:31je réduis les causes du changement climatique,
00:25:33et adaptation, je réduis les conséquences
00:25:35du changement climatique.
00:25:37Atténuation, je vais essayer
00:25:39d'éviter l'ingérable,
00:25:41alors que l'adaptation, je vais
00:25:43essayer de gérer l'inévitable,
00:25:45c'est-à-dire tout ce qu'on va se
00:25:47prendre dans la figure, au moins dans les
00:25:4920 prochaines années, puisque
00:25:51le climat est déjà plié dans les
00:25:5320 prochaines années. Donc, vraiment,
00:25:55on s'attarde beaucoup là-dessus,
00:25:57et puis après, dans un
00:25:59deuxième temps, puisque
00:26:01ce qu'il y a de commun entre
00:26:03l'atténuation et l'adaptation, c'est de réduire
00:26:05le risque climatique,
00:26:07on rentre à l'intérieur de la notion
00:26:09de risque, et on explique qu'un risque,
00:26:11c'est la
00:26:13conjonction de 3 composantes
00:26:15du risque, alors désolé, c'est un peu technique,
00:26:17mais c'est l'aléa, l'exposition
00:26:19et la vulnérabilité.
00:26:21Et donc, on explique que réduire les émissions,
00:26:23on va réduire les aléas,
00:26:25on va réduire
00:26:27l'intensité, la longueur,
00:26:29la force des tempêtes,
00:26:31des sécheresses,
00:26:33des pluies extrêmes. Donc ça,
00:26:35l'atténuation, elle vient réduire
00:26:37la composante du risque qu'on appelle
00:26:39l'aléa, tandis que
00:26:41l'adaptation, elle vient réduire
00:26:43les 2 autres composantes du risque, qui sont
00:26:45l'exposition et la vulnérabilité.
00:26:47Donc, être
00:26:49exposé, c'est être présent
00:26:51là où il va y avoir un aléa, donc pour réduire
00:26:53ça, je peux déménager,
00:26:55par exemple, c'est un
00:26:57cas extrême, je peux aussi
00:26:59construire une digue, ce qui n'est pas forcément une bonne idée,
00:27:01mais je vais quand même réduire mon exposition.
00:27:03Et puis, réduire ma vulnérabilité, c'est
00:27:05réduire ma sensibilité à la
00:27:07menace et tenter
00:27:09d'acquérir les moyens
00:27:11d'y faire face.
00:27:13Donc, je m'arrête là.
00:27:15C'est très intéressant, moi, ça m'apporte
00:27:17des éléments aussi, parce que c'est très compliqué
00:27:19justement de savoir, lorsqu'on voit des
00:27:21choses qui sont mises en œuvre, ou même des politiques,
00:27:23à quel niveau ça se passe,
00:27:25est-ce que c'est de l'atténuation, est-ce que c'est de l'adaptation ?
00:27:27Et peut-être
00:27:29le concept
00:27:31de maladaptation, c'est quelque chose
00:27:33que tu maîtrises un petit
00:27:35peu ou pas ?
00:27:37Oui, c'est une très grande
00:27:39partie de l'atelier,
00:27:41c'est d'essayer de faire comprendre
00:27:43que, et là encore,
00:27:45je suis exactement ce que dit le GIEC,
00:27:47le GIEC dit qu'on voit de plus en plus
00:27:49de tentatives d'adaptation
00:27:51et malgré tout,
00:27:53de plus en plus de maladaptation.
00:27:55La définition
00:27:57la plus simple de la maladaptation,
00:27:59c'est une réponse
00:28:01au risque qui augmente
00:28:03le risque.
00:28:05Je vais donner l'exemple le plus
00:28:07courant.
00:28:09Il y a une vague de chaleur,
00:28:11mettre la clim, c'est une adaptation
00:28:13à la vague de chaleur. Or, en mettant
00:28:15la clim, j'augmente
00:28:17les trois composantes du risque.
00:28:19Un, j'augmente l'aléa,
00:28:21si jamais,
00:28:23déjà, il y a des
00:28:25gaz à effet de serre ultra-puissants
00:28:27qui peuvent s'échapper de la clim,
00:28:29en plus, la clim est très
00:28:31énergivore, et si mon mix
00:28:33électrique n'est pas bas carbone, comme
00:28:35dans quasiment tous les pays du monde sauf la France,
00:28:37je vais faire tourner des centrales à charbon
00:28:39et donc mettre la clim, j'augmente
00:28:41l'aléa
00:28:43à court et moyen terme. J'augmente
00:28:45l'exposition aussi, puisque
00:28:47la clim réchauffe l'air extérieur,
00:28:49donc pour moi, c'est OK,
00:28:51mais pour les autres, c'est pas OK, donc en plus,
00:28:53c'est pas juste et équitable, et j'augmente
00:28:55la vulnérabilité de toutes les personnes qui sont
00:28:57sensibles à la chaleur.
00:28:59Une autre maladaptation, la digue,
00:29:01eh bien, la digue, elle crée
00:29:03l'aléa submersion rapide.
00:29:05Alors là,
00:29:07je ne fais que réciter
00:29:09le GIEC et le Haut Conseil pour le Climat.
00:29:11Donc la digue, elle crée
00:29:13l'aléa submersion rapide.
00:29:15Par ailleurs,
00:29:17elle fait croire à un faux sentiment de sécurité
00:29:19parce que dans un climat qui change,
00:29:21une digue ne sera jamais bien dimensionnée.
00:29:23Et donc, comme on est dans un faux sentiment
00:29:25de sécurité, il y a plus d'enjeux
00:29:27qui vont venir se mettre derrière la digue
00:29:29et donc on augmente l'exposition
00:29:31et en plus, comme on oublie
00:29:33le danger, on ne se
00:29:35prépare pas et on est vulnérable.
00:29:37Donc la digue, zéro,
00:29:39mais en plus,
00:29:41ça coûte hyper cher
00:29:43et ça coûte cher à entretenir.
00:29:45Mais attention,
00:29:47j'insiste, alors,
00:29:49il y a plein d'autres sortes de maladaptations,
00:29:51donc je ne vais pas garder le micro pendant des heures,
00:29:53j'insiste juste
00:29:55sur une notion extrêmement importante,
00:29:57c'est que ce que je viens de dire
00:29:59sur le papier, on a l'impression
00:30:01que attention la climat, attention la digue,
00:30:03il ne faut jamais en faire, il y a des solutions qui sont
00:30:05intrinsèquement mauvaises. C'est absolument pas ça
00:30:07qu'il faut retenir. Il n'y a pas de mesure
00:30:09intrinsèquement mauvaise
00:30:11qu'il s'agisse d'adaptation ou d'atténuation,
00:30:13tout ce qui compte, c'est
00:30:15la trajectoire de transformation
00:30:17dans laquelle je vais me mettre.
00:30:19Et dans ces moments-là,
00:30:21une fois que j'ai une trajectoire de transformation,
00:30:23je vais peut-être
00:30:25avoir besoin d'une digue.
00:30:27L'essentiel, c'est d'expliquer qu'elle est là
00:30:29que pour 10 ou 15 ans. Et de même,
00:30:31on ne peut pas dire, ah non, il ne faut pas mettre
00:30:33de clim dans un hôpital
00:30:35où les gens crèvent de chaud alors qu'ils sont
00:30:37en train de mourir, ou dans
00:30:39un EHPAD, ou dans une maternelle.
00:30:41Autre exemple,
00:30:43il y a des stations de ski
00:30:45en transition qui continuent
00:30:47à utiliser des canons à neige.
00:30:49Donc c'est complexe
00:30:51l'adaptation. Et il ne faut pas
00:30:53avoir de jugement de valeur à dire, waouh, c'est
00:30:55une maladaptation. Non. Ce qui compte, c'est la trajectoire.
00:30:57Merci beaucoup.
00:30:59Rappelez justement qu'il n'y a pas
00:31:01d'un côté des bonnes choses,
00:31:03d'un côté des mauvaises choses. Je pense que la nuance
00:31:05est peut-être
00:31:07ce qui nous définit
00:31:09en plus, en tout cas, l'adaptation radicale,
00:31:11c'est qu'on souhaite toujours penser
00:31:13et ça, merci de parler de
00:31:15trajectoire, on ne peut pas
00:31:17avoir une prescription
00:31:19comme ça que l'on
00:31:21calquerait avec des gens
00:31:23qui ont bien pensé les choses, parce que
00:31:25c'est en fonction du public,
00:31:27en fonction des territoires,
00:31:29en fonction de beaucoup de choses, que chaque
00:31:31chose doit être pensée.
00:31:33Et peut-être, justement, c'est pour ça qu'on
00:31:35souhaite vraiment qu'il y ait beaucoup de monde qui réfléchissent
00:31:37à ça, pour pouvoir s'emparer.
00:31:39On a vu le problème des voitures,
00:31:41entre la ruralité et
00:31:43l'urbanité, des discours qui étaient
00:31:45inaudibles dans certains
00:31:47territoires, parce que
00:31:49quelqu'un qui est parisien, qui a le métro, disait
00:31:51je ne prends pas ma voiture, moi je suis écolo.
00:31:53Non mais ça crée
00:31:55des problèmes, même de compréhension
00:31:57en fait des politiques
00:31:59et c'est vrai que c'est intéressant de ne pas être
00:32:01dans un côté, je donne,
00:32:03moi je fais bien et toi tu ne fais pas bien, c'est ça
00:32:05qu'il faut faire, c'est pas ça qu'il faut faire, on est plus dans une
00:32:07démarche, je vais récupérer le micro
00:32:09juste un petit instant, j'ai demandé à Corinne,
00:32:11si tu veux bien, est-ce que tu as,
00:32:13par exemple,
00:32:15dans ton expérience d'élu,
00:32:17vu un changement,
00:32:19une modification de compréhension
00:32:21de l'enjeu, entre
00:32:23justement adaptation, atténuation, sont
00:32:25des termes qui commencent à
00:32:27être plus saisis ?
00:32:29Oui et non,
00:32:31c'est difficile, parce que
00:32:33dans la précédente mandature, on avait même
00:32:35un service de la résilience
00:32:37qui était à l'hôtel de ville,
00:32:39avec toute une équipe et qui était
00:32:41tout à fait intéressant et finalement
00:32:43ces propositions,
00:32:45voilà,
00:32:47elles ont été retenues,
00:32:49elles existent quelque part, on ne sait pas où.
00:32:51Et voilà, c'est ce qui est très dommage.
00:32:53Là,
00:32:55on vient de voter,
00:32:57un nouveau
00:32:59PLU, plan local d'urbanisme
00:33:01bioclimatique, qui normalement
00:33:03tient totalement compte du changement
00:33:05climatique. Et je pense
00:33:07que ce qui était intéressant justement
00:33:09à la trajectoire, c'est parce que c'est aussi la trajectoire,
00:33:11c'est aussi la durée.
00:33:13C'est-à-dire qu'il faut
00:33:15étudier le temps,
00:33:17le temps de ce qu'on est en train de mettre en place
00:33:19et comment
00:33:21les choses vont agir
00:33:23dans le temps, donc on fait des projections
00:33:25dans le temps, et ça c'est très très important.
00:33:27J'espère,
00:33:29on a essayé d'éviter
00:33:31de mettre partout des gratte-ciels,
00:33:33ce qui était quand même la solution, puisqu'on avait
00:33:35fini par décider qu'il ne fallait
00:33:37plus s'étaler,
00:33:39la ville ne devait plus s'étaler,
00:33:41mais se rétrécir sur elle-même.
00:33:43Paris, c'est quand même
00:33:45une des villes les plus denses au monde,
00:33:47alors la rétrécir sur elle-même,
00:33:49c'était un peu dur, parce qu'on est déjà très nombreux
00:33:51dans un tout petit territoire,
00:33:53et donc il y avait quand même beaucoup de personnes
00:33:55qui imaginaient qu'on allait monter
00:33:57en hauteur tout, pour ne pas
00:33:59s'étaler.
00:34:01Et franchement, se monter en hauteur,
00:34:03c'est-à-dire que sur le temps,
00:34:05imaginons que demain,
00:34:07notre fameuse
00:34:09centrale nucléaire qui est à 100 km de Paris
00:34:11ne puisse plus nous fournir
00:34:13d'électricité en plus, ça veut dire
00:34:15comment on monte au 50ème étage
00:34:17à pied,
00:34:19c'est quand même un peu compliqué, déjà 9 étages
00:34:21à pied, c'est beaucoup,
00:34:23puisqu'on s'arrête à 37 mètres,
00:34:25on s'arrête à 9-10 étages,
00:34:27voilà, il faut
00:34:29penser à ça dans le temps,
00:34:31demain, parce qu'il faut s'adapter,
00:34:33imaginer quand même ce qui va se produire,
00:34:35c'est-à-dire qu'on n'aura plus
00:34:37quand même la ressource
00:34:39aussi disponible, la ressource énergétique
00:34:41aussi disponible qu'on l'a aujourd'hui,
00:34:43eh bien il faut créer les conditions
00:34:45pour qu'on puisse vivre avec moins
00:34:47de ressources énergétiques, mais quand même
00:34:49essayer de vivre bien
00:34:51entre nous, enfin je pense que
00:34:53c'est ça le sujet, et c'est
00:34:55un petit peu ce que vous travaillez
00:34:57avec la trajectoire, je pense que c'est
00:34:59absolument indispensable de
00:35:01ne pas travailler juste pour demain
00:35:03et pour essayer de conserver son
00:35:05petit confort, et sur
00:35:07l'effondrement qui a été
00:35:09envisagé au tout début,
00:35:11eh bien moi je fais partie
00:35:13des écologistes, et au départ j'étais
00:35:15chez les Verts, et chez les Verts nous avions
00:35:17Yves Cochet, qui le 1er
00:35:19nous a tous alertés
00:35:21sur l'effondrement,
00:35:23donc on a beaucoup réfléchi
00:35:25sur le sujet, et c'est pour ça qu'on a
00:35:27beaucoup de mal à faire comprendre
00:35:29justement ces idées de trajectoire, de
00:35:31durabilité dans le temps,
00:35:33et d'ailleurs on avait abandonné le mot durable
00:35:35qui avait été inventé un peu
00:35:37par les écologistes pour mettre
00:35:39soutenable, parce que soutenable
00:35:41il y avait l'idée du temps.
00:35:43Merci beaucoup. Du coup peut-être
00:35:45Nicolas, de ton point de vue,
00:35:47à quoi
00:35:49il est évident qu'on va devoir
00:35:51s'adapter, et à quoi il faudra du coup
00:35:53renoncer
00:35:55de manière évidente aujourd'hui,
00:35:57qui est ces ancrées, ces
00:35:59documentés de ce que
00:36:01tu vois toi ?
00:36:03Aujourd'hui dans le monde,
00:36:05on va dire financier au sens large,
00:36:07incluant l'assurance,
00:36:09il y a énormément de travaux
00:36:11sur la transition,
00:36:13le risque de transition,
00:36:15et le risque physique.
00:36:17Ces travaux, si on regarde sur la partie
00:36:19risque physique, vont
00:36:21couper en deux, en disant on a
00:36:23deux sortes de risques, on a un risque aigu,
00:36:25le risque aigu c'est les catastrophes naturelles,
00:36:27l'augmentation de leur fréquence
00:36:29et de leur intensité, et ensuite on a
00:36:31le risque chronique, qui lui est le risque
00:36:33de transformation des territoires.
00:36:35En termes de renoncement, il y a des choses assez évidentes,
00:36:37il y a eu 2-3 articles
00:36:39qui sont sortis
00:36:41dans les 3-4 derniers jours, c'est
00:36:43toutes les maisons à bord de mer.
00:36:45Et les maisons à bord de mer, ben non.
00:36:47Derrière, il y a un article,
00:36:49je trouve
00:36:51la conclusion va être drôle,
00:36:53je crois que c'est les Pyrénées-Orientales,
00:36:55il y a 270 maisons,
00:36:57et ils proposent de les déplacer de bord de mer
00:36:59à derrière la ville.
00:37:01Tous ceux qui se sont acheté la maison Vumer,
00:37:03résidence secondaire, pour
00:37:05passer
00:37:07leurs petites vacances ou leurs retraites,
00:37:09vont adorer de se retrouver
00:37:11entre le camping et la station d'épuration
00:37:13à l'arrière de la ville.
00:37:15Ça, ça va être une forme de renoncement
00:37:17un peu de force.
00:37:21Il faut se dire là-dedans
00:37:23que
00:37:25tout ce qui est assurance,
00:37:27le principe de base de l'assurance,
00:37:29c'est un aléa mutualisé
00:37:31sur le plus de personnes
00:37:33possible. Donc une assurance
00:37:35locale, ça ne marche pas, et quand
00:37:37l'aléa devient une certitude, ça ne marche
00:37:39plus. Donc aujourd'hui,
00:37:41on est à des moments où
00:37:43des choses ne sont plus assurables.
00:37:45Si on refait là-dessus
00:37:47en termes de renoncement,
00:37:49pour ceux qui
00:37:51ne l'ont pas vu, il y a pas mal d'articles là-dessus,
00:37:53l'estimé,
00:37:55parce que c'est très difficile à avoir comme chiffre,
00:37:57c'est que 1500 communes ne sont
00:37:59plus assurées.
00:38:011500 communes, c'est 5% des communes
00:38:03à la Louche, il y en a 36 000.
00:38:05Elles ne sont plus assurées,
00:38:07dans les exemples, c'est
00:38:09les Sables d'Olonne, parce que tous les ans, il y a une
00:38:11submersion marine.
00:38:13Celle qui a fait pas mal parler d'elle,
00:38:15c'était le Coteau, c'est en face de Rohan,
00:38:17c'est la Grêle.
00:38:19Alors, c'est les communes
00:38:21qui ne sont plus assurées, donc c'est les bâtiments municipaux.
00:38:23Voilà.
00:38:25Donc si la commune
00:38:27s'est endettée pour construire
00:38:29un stade et qu'elle n'est plus assurée,
00:38:31et que le stade est détruit, le stade
00:38:33ne sera jamais reconstruit, quelque part.
00:38:35Ou la question sera, qui va
00:38:37payer ? D'accord ? Donc là, il y a
00:38:39une réflexion à avoir
00:38:41sur ces deux axes.
00:38:43Donc c'est ce qu'on appelle
00:38:454 NAT, donc tout l'axe
00:38:47catastrophe naturelle, d'accord ?
00:38:49Et l'axe transformation
00:38:51des territoires. Alors, l'axe
00:38:53catastrophe naturelle, il y a des choses qui commencent.
00:38:55On peut se dire, par exemple,
00:38:57on voit des assureurs qui commencent
00:38:59à dire, je ne vous assure plus,
00:39:01sauf si vous
00:39:03adaptez les bâtiments. D'accord ?
00:39:05Là, derrière,
00:39:07comme on parlait de PLU,
00:39:09est-ce que le PLU est compatible ?
00:39:11D'accord ? Est-ce que j'ai un PLU
00:39:13anticyclonique ? Ah ben non, j'ai un PLU
00:39:15qui demande les tuiles à l'ancienne parce que je suis
00:39:17dans une zone classée monument historique.
00:39:19Qu'est-ce qu'on fait ? Ben, on n'est plus assuré.
00:39:21D'accord ? Donc c'est
00:39:23vraiment toute une question systémique
00:39:25pour revenir à
00:39:27finalement
00:39:29quelque chose qui peut fonctionner.
00:39:31Voilà.
00:39:33Aujourd'hui, il y a plein de rapports là-dessus.
00:39:37Ce qu'on appelle la multirisque habitation,
00:39:39en fin de compte, c'est une assurance qui a différentes
00:39:41composantes. Vous avez la composante
00:39:43obligatoire, c'est la responsabilité civile.
00:39:45D'accord ? Vous mettez le feu à l'appartement,
00:39:47ça met le feu à tout l'immeuble, il faut être couvert.
00:39:49Celle-là, elle est obligatoire, elle sera toujours là, elle posera
00:39:51aucun problème. D'accord ? Vous avez la
00:39:53tempête neige-grêle. Pour l'instant,
00:39:55elle n'a jamais été proposée en option
00:39:57par certains assureurs.
00:39:59Elle va l'être. Il y a un moment
00:40:01donné, on va être obligé de dissocier.
00:40:03Ensuite, vous avez la
00:40:05composante catastrophe naturelle.
00:40:07D'accord ? Il faut bien dissocier les événements
00:40:09météo, tempête,
00:40:11neige-grêle, de l'événement catastrophe
00:40:13naturelle. D'accord ? Catastrophe naturelle,
00:40:15il doit y avoir un décret décrétant
00:40:17la catastrophe naturelle, d'où tous les débats
00:40:19pour savoir si, etc.
00:40:21Et là, derrière, c'est une entité
00:40:23publique, la caisse centrale de
00:40:25réassurance. Derrière, c'est l'Etat.
00:40:27D'accord ? La CCR a une garantie inconditionnelle
00:40:29de l'Etat. D'accord ?
00:40:31Mais jusqu'où ? D'accord ? Voilà.
00:40:33C'est... Toute la question
00:40:35va être là. Si on regarde aujourd'hui
00:40:37les habitations à risque
00:40:39sur le retrait gonflement des
00:40:41argiles, sur les tempêtes, sur les
00:40:43submersions marines, sur les inondations,
00:40:45sur, sur, sur, et
00:40:47qu'on voit quand il y a eu
00:40:49l'inondation dans le Pas-de-Calais, que
00:40:51mon ministre préféré dit, ok, on va
00:40:53proposer aux gens de racheter leur maison
00:40:55jusqu'à 200 000 euros la maison.
00:40:57Ok, s'il y a 50% des maisons
00:40:59en France à racheter, est-ce qu'on peut payer 200 000 euros
00:41:01la maison ? D'accord ? Donc
00:41:03il va y avoir toutes ces problématiques
00:41:05qu'il va falloir prendre en compte, justement,
00:41:07dans l'adaptation. D'accord ?
00:41:09Qu'est-ce qu'on fait ? D'accord ?
00:41:11L'assurance est en train
00:41:13de changer très, très vite là-dessus.
00:41:15Les Etats-Unis sont un peu
00:41:17à la pointe sur la submersion
00:41:19marine en Floride et sur les incendies en Californie.
00:41:21D'accord ? Voilà.
00:41:23Le risque,
00:41:25c'est qu'on rentre dans quelque chose
00:41:27qui soit encore moins équitable
00:41:29qu'aujourd'hui et qui soit encore
00:41:31moins acceptable socialement.
00:41:33D'accord ? Je prenais un exemple tout à l'heure.
00:41:35En Californie,
00:41:37le plus gros assureur a dit
00:41:39j'arrête. D'accord ? Je ne prends plus une seule...
00:41:41Alors, il n'a pas dit je résilie celles qui sont là,
00:41:43il a dit je n'accepte plus de nouvelles
00:41:45assurances d'habitation.
00:41:47Pour autant, on va avoir des assureurs
00:41:49qui assurent
00:41:51les villas de luxe des stars,
00:41:53on va dire.
00:41:55Mais ces assureurs,
00:41:57en fin de compte, ils ont monté des services
00:41:59totalement indépendants de l'Etat.
00:42:01Ils ont leurs pompiers
00:42:03qui ne s'occupent que de la maison des stars
00:42:05qui est assurée par l'assureur.
00:42:07Ces pompiers viennent tous les 3 mois,
00:42:09refont les bordures antifeu,
00:42:11débroussaillent les terrains et font
00:42:13tout l'entretien.
00:42:15Ça, ça existera.
00:42:17Mais si les gens qui ont leur maison,
00:42:19les gens comme nous, ont leur maison à côté,
00:42:21on leur dit, bah non, toi, ta maison,
00:42:23elle va cramer, on ne t'assure plus.
00:42:25On va même, dans le monde de l'assurance,
00:42:27on va retrouver cette problématique
00:42:29d'équité sociale.
00:42:31Cette question de l'adaptation,
00:42:33elle est assez fondamentale, en particulier
00:42:35sur l'habitat.
00:42:37D'accord. Du coup, ce qui est aussi intéressant,
00:42:39peut-être tu peux passer le micro à Juliette.
00:42:41Merci Nicolas.
00:42:43Toi, justement, dans tes ateliers,
00:42:45des personnes qui ont des profils un peu différents
00:42:47les uns des autres.
00:42:49Je voudrais d'abord compléter. Oui, vas-y, je t'en prie.
00:42:51Avant de passer à autre chose.
00:42:53Il se trouve que
00:42:55il y a quelques jours,
00:42:57il y a un rapport
00:42:59qui avait été mandaté
00:43:01par le gouvernement auprès de 3 experts
00:43:03qui s'appellent Thierry Langrenet,
00:43:05que tu connais sûrement,
00:43:07qui est un ancien
00:43:09qui était chez Pacifica,
00:43:11qui était DGA de Pacifica,
00:43:13au Crédit Agricole.
00:43:15Trois experts, Thierry Langrenet,
00:43:17un assureur,
00:43:19Gonéri Lugazanet, qui est un auteur du GIEC,
00:43:21et Myriam Merad, qui est
00:43:23une spécialiste du risque,
00:43:25qui ont rendu, il y a 3 jours, un rapport
00:43:27sur le maintien
00:43:29du système assurantiel
00:43:31face au changement climatique.
00:43:33Et ce rapport
00:43:35dit clairement
00:43:37que le grand risque,
00:43:39il y en a 2,
00:43:41c'est un qui est un renoncement
00:43:43à les assurer parce que les primes
00:43:45deviennent trop importantes,
00:43:47et le 2e risque,
00:43:49c'est que, eh bien,
00:43:51l'inverse, si je puis dire,
00:43:53c'est que les assureurs, eux, refusent
00:43:55complètement
00:43:57de maintenir l'assurance
00:43:59dans certaines régions, parce qu'elles seront
00:44:01soumises à un très gros nombre d'aléas.
00:44:03Et donc ce rapport, il est très clair
00:44:05sur le fait qu'il faut absolument éviter ça,
00:44:07et justement,
00:44:09pour maintenir
00:44:11l'équité sociale
00:44:13et la mutualisation,
00:44:15qui est une des spécificités
00:44:17françaises, et il fait
00:44:19je ne sais plus combien de recommandations,
00:44:21j'ai oublié, mais il est consultable
00:44:23très facilement, et notamment,
00:44:25il y en a une, puisqu'on a parlé des résidences
00:44:27secondaires, qui est assez amusante, entre guillemets,
00:44:29qui dit tout simplement
00:44:31que, eh bien,
00:44:33les villas super luxueuses
00:44:35qui sont en bord de mer,
00:44:37et qui sont achetées encore des millions
00:44:39par des gens qui connaissent extrêmement bien
00:44:41le risque de la montée du niveau de la mer,
00:44:43le rapport préconise tout simplement
00:44:45de les sortir du régime 4 notes,
00:44:47qui reviendrait finalement
00:44:49à ce qu'elles aient des primes
00:44:51qu'elles ne pourraient plus s'assurer au final.
00:44:53Et donc c'est une façon
00:44:55de régler la question.
00:44:57Et quand on voit...
00:44:59Là, il y a deux autres rapports,
00:45:01je suis un peu la tête dans l'actu en permanence,
00:45:03mais il y a deux autres
00:45:05rapports qui viennent de sortir,
00:45:07un du CEREMA,
00:45:09hier, qui a donné
00:45:11le nombre de bâtiments qui sont
00:45:13exposés à la montée du niveau de la mer
00:45:15et qui vont disparaître
00:45:17dans 5 ans, d'ici 5 ans,
00:45:19donc c'est plus de 1 000.
00:45:21Et par ailleurs,
00:45:23il y a le rapport de la Cour des comptes
00:45:25qui lui a donné quelques indications,
00:45:27qui étaient cette année entièrement dédiées à l'adaptation,
00:45:29et qui a donné des indications
00:45:31de coûts faramineux.
00:45:33Alors je donne, la Cour des comptes
00:45:35dit que pour délocaliser
00:45:37un quartier de 30 maisons,
00:45:39ça coûterait
00:45:4122 millions.
00:45:43Donc c'est à peu près 700 000 euros la maison,
00:45:45si mes calculs sont bons.
00:45:47Et pour protéger
00:45:493 kilomètres de côte,
00:45:51là, la Cour des comptes dit
00:45:53que ça coûterait environ
00:45:55835 millions,
00:45:57donc un petit milliard, 3 kilomètres de côte.
00:45:59Donc là,
00:46:01pour répondre à ta question,
00:46:03il est évident que
00:46:07la question du renoncement
00:46:09va très vite arriver.
00:46:11J'ai un autre exemple de coûts en tête,
00:46:13dans les Hauts-de-France,
00:46:15pour réparer
00:46:1760 mètres de départemental,
00:46:19je dis bien 60 mètres,
00:46:21ça coûte 500 000 euros.
00:46:23Voilà.
00:46:25Suite aux inondations.
00:46:27Et ils ont repéré 250 points
00:46:29dans le département du Pas-de-Calais
00:46:31qui nécessitaient des réparations.
00:46:33Donc ils explosent leur budget
00:46:35d'entretien des routes, qui est normalement
00:46:37de 1 million par an,
00:46:39et on ne va pas pouvoir
00:46:41maintenir toutes ces routes.
00:46:43Il va falloir se poser la question
00:46:45quelle est la route essentielle,
00:46:47par où elle passe,
00:46:49est-ce que je garde la route qui va passer par l'hôpital
00:46:51et je sacrifie celle qui,
00:46:53voilà, serpente dans la campagne,
00:46:55qui est très jolie, mais bon.
00:46:57En plus, comme elle est beaucoup plus longue,
00:46:59elle va demander
00:47:01beaucoup plus d'essence
00:47:03pour la parcourir, ou d'énergie électrique.
00:47:05Voilà. Donc toutes ces questions,
00:47:07elles se posent de façon
00:47:09très concrète avec
00:47:11le premier déterminant,
00:47:13enfin, un déterminant
00:47:15qui est le prix,
00:47:17combien ça va coûter,
00:47:19et le deuxième, et là je rebondis sur
00:47:21encore avant, qui est
00:47:23l'avis des gens
00:47:25qui sont concernés. Enfin, l'avis
00:47:27de L'AVIS.
00:47:29Et j'en profite
00:47:31pour dire que la
00:47:33signature des ateliers
00:47:35d'adaptation, ADAC, de leur petit nom,
00:47:37c'est la méthode
00:47:39pour faire collectivement les meilleurs choix possibles.
00:47:41Donc les meilleurs choix possibles, parce qu'il n'y a
00:47:43pas de bon choix, et
00:47:45collectivement, parce qu'une
00:47:47mesure qui n'inclut pas
00:47:49toutes les gens qui vont être concernés
00:47:51par cette mesure, ne peut
00:47:53pas fonctionner.
00:47:55Donc ça, c'est le GIEC qui le dit,
00:47:57la Cour des Comptes aussi le dit,
00:47:59la Cour des Comptes a dit, l'adaptation
00:48:01elle concerne absolument tout le monde,
00:48:03l'administration
00:48:05publique, mais évidemment les entreprises,
00:48:07et le citoyen est au
00:48:09centre, et rien
00:48:11ne peut se faire sans lui,
00:48:13ni contre lui.
00:48:15Donc, voilà.
00:48:17Donc, du coup, si on peut compléter
00:48:19par rapport aux réflexions qu'il y a eu
00:48:21tout au long de la journée, c'est
00:48:23justement, les coûts sont faramineux,
00:48:25il y a des augmentations des fréquences
00:48:27des problématiques,
00:48:29de leur intensité,
00:48:31des choses qu'on ne peut pas prévoir, mais ce qu'on sait
00:48:33c'est que tout ça va coûter beaucoup plus cher,
00:48:35qu'il va y avoir une incidence énorme, et sur les
00:48:37contrats d'assurance, et sur l'assurabilité
00:48:39des biens, tout simplement.
00:48:41Comment est-ce qu'on fait, entre guillemets, pour
00:48:43que ce soit une réflexion collective,
00:48:45parce que le renoncement, il va
00:48:47devoir avoir lieu, et comment
00:48:49on en fait à un enjeu de société,
00:48:51et non pas seulement une question d'argent ?
00:48:53Parce que, derrière
00:48:55l'argent, il y a aussi
00:48:57le pouvoir de décision,
00:48:59donc,
00:49:01une assurance peut décider ou non
00:49:03d'assurer, je ne sais pas dans quelle mesure,
00:49:05d'ailleurs, il y a peut-être des obligations
00:49:07d'assurance, je ne sais pas,
00:49:09mais comment est-ce qu'on fait pour
00:49:11justement, cette route
00:49:13qui coûte je ne sais combien à reconstruire,
00:49:15alors qu'il y a d'autres besoins par ailleurs,
00:49:17dans les hôpitaux, les services publics, etc.
00:49:19Comment est-ce qu'on flèche l'argent public ?
00:49:21Mais on ne pourra pas
00:49:23ne pas renoncer à
00:49:27rebâtir à l'identique,
00:49:29à refaire les mêmes erreurs pour qu'à nouveau,
00:49:31il y ait en plus une problématique qui se pose.
00:49:33Le point juste,
00:49:35c'est toute petite interruption,
00:49:37c'est qu'on ne peut assurer qu'un aléa.
00:49:39D'accord ?
00:49:41C'est légal, c'est la loi, c'est comme ça.
00:49:43Quelque chose qui n'est
00:49:45pas aléatoire ne peut pas être
00:49:47assuré.
00:49:49Si on est certain que tous les ans,
00:49:51une ville a une submersion marine,
00:49:53on n'a pas le droit de l'assurer.
00:49:55Ce n'est pas assurable.
00:49:57Le principe
00:49:59même de l'assurance, c'est un aléa.
00:50:01À partir du moment où un événement
00:50:03survient tous les ans,
00:50:05ce n'est pas assurable.
00:50:07Quand on parlait
00:50:09tout à l'heure,
00:50:11c'est vraiment la fréquence
00:50:13et l'intensité.
00:50:15L'intensité, c'est
00:50:17le montant des dommages, mais la fréquence,
00:50:19ça va être un élément assez clé.
00:50:21La coalta de Venise, ce n'est pas assurable.
00:50:23Le casino de Biarritz, il n'est plus assurable
00:50:25depuis des années. Parce que tous les ans,
00:50:27son rez-de-chaussée, il est sous l'eau.
00:50:29Au moins une fois dans l'année.
00:50:31Donc ça n'est plus assurable.
00:50:33Après, sa responsabilité civile est toujours assurable.
00:50:35Mais les dégâts causés par
00:50:37des événements qui arrivent
00:50:39tout le temps ne sont pas assurables.
00:50:41Il faut raisonner différemment là-dessus.
00:50:43Et ça, c'est vraiment un point hyper important
00:50:45sur le monde de l'assurance.
00:50:47L'assurance, ce n'est pas
00:50:49mécaniquement
00:50:51tous nos dégâts
00:50:53sont réparés.
00:50:55Il y a des limites à l'assurabilité.
00:50:57C'est vraiment
00:50:59le fondement même.
00:51:01Du coup, par rapport
00:51:03à cette notion
00:51:05d'anticipation des
00:51:07probabilités que les choses arrivent,
00:51:09Alors,
00:51:11je rebondis deux secondes.
00:51:13Ça, c'est ce qui m'a énervé dans ce rapport d'il y a deux jours.
00:51:15Aujourd'hui,
00:51:17on a énormément
00:51:19de rapports
00:51:21qui sortent.
00:51:23Des visions prospectives.
00:51:25Oui, on a tous les travaux du GIEC.
00:51:27Les travaux du GIEC, c'est un consensus
00:51:29de modèles. Donc c'est
00:51:31moyenné. Ce n'est pas
00:51:33le cas extrême.
00:51:35Du tout.
00:51:37On a des modèles
00:51:39où on a une moyenne et un écart type.
00:51:41Le plus flagrant,
00:51:43c'est la montée de la mer.
00:51:47Il n'est pas forcément suffisamment pessimiste.
00:51:49Comment on veut s'adapter ?
00:51:51Dans quel contexte on veut s'adapter ?
00:51:53Est-ce qu'on veut s'adapter à ce qui peut
00:51:55arriver en moyenne ? Ou est-ce qu'on veut s'adapter
00:51:57à ce qui pourrait arriver de pire ?
00:51:59Et ça, c'est une vraie question.
00:52:01Non, attends.
00:52:03Je vais reprendre parce que je voudrais donner la parole.
00:52:05Merci beaucoup.
00:52:07Ce qui me
00:52:09semble intéressant,
00:52:11c'est par rapport notamment à la ville de Paris.
00:52:13Il y a une mission qui a
00:52:15commencé à réfléchir à
00:52:1750 degrés. Je ne sais pas si vous avez
00:52:19entendu parler de cette mission qui a du coup
00:52:21réfléchi
00:52:23à cette habitabilité
00:52:25et les pourcentages de chances que ça
00:52:27arrive et comment est-ce qu'on s'adapte. Est-ce que tu peux
00:52:29nous en parler un peu ?
00:52:31Je ne faisais pas partie
00:52:33de l'équipe de cette mission,
00:52:35mais on a eu
00:52:37le rapport qui est
00:52:39tout à fait intéressant. C'est-à-dire
00:52:41qu'il y a
00:52:43urgence, en tout cas pour
00:52:45un Paris à 50 degrés,
00:52:47déjà à isoler tous les combles
00:52:49parce qu'il y a beaucoup de monde qui habite
00:52:51sous les combles et que
00:52:53là-haut, ils n'auront pas 50, ils auront
00:52:5560. Donc il y a
00:52:57un très gros travail
00:52:59en cours. En tout cas,
00:53:01le problème, cette mission,
00:53:03c'est une mission d'information et d'évaluation.
00:53:05Donc elle donne
00:53:07juste des
00:53:09avis, mais il n'y a
00:53:11aucune obligation de les suivre et en
00:53:13général, la plupart des missions sont enterrées.
00:53:15Mais
00:53:17tout de même, on essaye
00:53:19d'avancer au moins...
00:53:21Il y avait aussi
00:53:23le problème de la couverture à Paris.
00:53:25La plupart des
00:53:27couvertures des immeubles, c'est du zinc.
00:53:29Et le zinc est quelque chose
00:53:31qui absorbe la chaleur
00:53:33et qui la restitue
00:53:35quand il n'y a plus de chaleur dessus et qui la restitue
00:53:37bien sûr sur ceux qui sont en dessous.
00:53:39Donc tout ça, c'est
00:53:41quand même très inquiétant
00:53:43et on est en train de réfléchir
00:53:45à peut-être
00:53:47passer un certain
00:53:49nombre... C'est très compliqué puisque
00:53:51les toits de Paris
00:53:53sont en voie de
00:53:55devenir classés
00:53:57au titre de l'UDESCO.
00:53:59C'est vraiment
00:54:01très compliqué puisque
00:54:03la solution, ce serait en gros
00:54:05de les mettre en blanc.
00:54:07Alors ils ne vont plus
00:54:09être classés en blanc.
00:54:11Pardon ?
00:54:15Je pense que le risque là, c'est que
00:54:17les gens, à un moment,
00:54:19ils vont balancer un beau de peinture sur leur toit
00:54:21et ils n'en auront rien à faire des
00:54:23architectes des bâtiments de France.
00:54:25On ne peut pas...
00:54:27Voilà.
00:54:29Donc la priorisation, le fait
00:54:31qu'on décide collectivement que ça c'est
00:54:33prioritaire, que le fait d'être
00:54:35habitable c'est plus important que ce soit
00:54:37les bâtiments... Après on peut à chacun
00:54:39avoir son avis, mais on devrait pouvoir
00:54:41en discuter en fait de l'échelle des normes,
00:54:43de la hiérarchie des normes et de
00:54:45celles qui s'imposent et qu'on décide ensemble
00:54:47d'imposer avant d'autres.
00:54:49Ça c'est quelque chose qui
00:54:51bouge selon toi ?
00:54:53En tout cas, on a une structure
00:54:55qui s'appelle l'agence parisienne du climat
00:54:57avec laquelle on
00:54:59travaille quand même sur les toits et la
00:55:01possibilité, mais c'est vrai que
00:55:03ce procédure de classement
00:55:05il se fait
00:55:07à côté. Cette procédure de classement
00:55:09des toits de Paris, ça se fait
00:55:11pas... C'est pas
00:55:13fait par les parisiens.
00:55:17Parfois c'est super parce que ça nous
00:55:19a permis de virer les voitures
00:55:21des berges. La procédure de
00:55:23classement, c'est grâce à ça qu'on a
00:55:25pu faire sortir toutes les voitures des
00:55:27berges et rendre les berges aux piétons.
00:55:29Mais derrière, il y a aussi
00:55:31cette idée du classement des toits
00:55:33et là je sais pas comment on peut
00:55:35empêcher quelque chose qui se met en
00:55:37route en dehors de nous
00:55:39et dans
00:55:41lesquels on ne nous demande absolument pas notre avis
00:55:43alors pour le coup, ni
00:55:45aux communes, ni même
00:55:47ni aux parisiens. Je sais pas
00:55:49exactement où ça, ça se décide.
00:55:51Voilà,
00:55:53patrimoine mondial
00:55:55de l'humanité, mais
00:55:57qui s'occupe du patrimoine mondial
00:55:59de l'humanité ?
00:56:01Il y a sans doute l'État dedans
00:56:03mais peut-être pas que l'État, je sais pas.
00:56:05Donc du coup, on est face à des...
00:56:07C'est le problème de la démocratie,
00:56:09c'est que souvent, c'est très flou
00:56:11et on ne sait pas à qui il faut s'adresser.
00:56:13Peut-être on pourrait interroger le mot
00:56:15démocratie dans ce que tu viens de dire parce que
00:56:17du coup, ça paraît flou,
00:56:19ce niveau de décision
00:56:21qui est justement... Est-ce que les parisiens,
00:56:23si on leur posait la question, ils choisiraient
00:56:25de définir...
00:56:27C'est une question qui ne se pose pas.
00:56:29Non mais si ça, ça se passe,
00:56:31moi je veux bien
00:56:33créer un collectif des toits blancs
00:56:35et je pense que
00:56:37et c'est pas simplement
00:56:39parce que j'habite au dernier étage
00:56:41mais un peu quand même.
00:56:43Non mais je rigole, mais je pense
00:56:45que ça soulèverait un tel mouvement
00:56:47de colère que
00:56:49cette décision soit prise en dépit
00:56:51de la fournaise vers laquelle
00:56:53on se dirige, qu'il y aurait
00:56:55des mouvements de protestation et que
00:56:57ça ne tiendrait pas la route.
00:56:59Donc...
00:57:01Je savais pas,
00:57:03je vais creuser un peu parce que
00:57:05je trouve ça dingue.
00:57:07Ce qui est
00:57:09fou justement, c'est la connaissance
00:57:11qu'on a des choses, la connaissance
00:57:13parce que même si on est en démocratie
00:57:15et qu'il y a beaucoup de règlements
00:57:17qui sont à notre disposition, on est quand même assez peu
00:57:19moi j'en fais pas partie en tout cas
00:57:21à pouvoir les lire et les comprendre
00:57:23avoir l'incidence que ça a
00:57:25on a besoin de personnes qui vont dégrossir
00:57:27tout ça et est-ce que les élus déjà
00:57:29vous êtes en capacité de lire tout ce qui sort
00:57:31c'est juste pas possible.
00:57:33Il y a un moment donné où la démocratie
00:57:35c'est inatteignable
00:57:37dans la compréhension des choses et alors comment
00:57:39est-ce qu'on fait ? Tu parles d'un collectif
00:57:41de citoyens qui pourrait se monter pour les toits blancs
00:57:43et pourquoi pas.
00:57:45En fait on n'a pas
00:57:47des fois, on n'a plus voix au chapitre
00:57:49alors qu'on est censé être en démocratie
00:57:51et même les élus se rendent compte qu'ils sont
00:57:53vraiment limités pour faire des choses qui sont pourtant
00:57:55salutaires, d'ordre
00:57:57du maintien de la vie
00:57:59des personnes qui vivent sous les toits
00:58:01et même de bon sens.
00:58:03Toi par exemple, Nicolas,
00:58:05est-ce que tu vois que dans le monde assurancé
00:58:07lors du fait qu'il y a un dégât financier
00:58:09qui ne sera plus couvert, comment ce milieu
00:58:11a évolué récemment ? Est-ce que
00:58:13du coup ils entrevoient justement
00:58:15le changement climatique comme quelque chose de certain ?
00:58:17C'est quelque chose qui est ancré
00:58:19donc ils ont compris le GIEC, ils ont compris
00:58:21tout ça.
00:58:23Il n'y a pas de déni.
00:58:25Il n'y a pas de déni, c'est déjà là.
00:58:27Les assureurs
00:58:29ne parlent pas du changement climatique
00:58:31dans 10 ans. Les assureurs parlent
00:58:33du nouveau monde d'aujourd'hui.
00:58:35Lisez les rapports
00:58:37des catastrophes naturelles de la CCR
00:58:39sur l'année 2023-2022.
00:58:41Regardez tous les chiffres de l'explosion
00:58:43des montants
00:58:45de dommages dans le monde.
00:58:47On ne parle pas que de la France
00:58:49sur 2022-2023.
00:58:51On est déjà rentrés dans un monde
00:58:53où les catastrophes naturelles ne sont pas
00:58:55celles en moyenne sur les 30 dernières
00:58:57années. J'adore cette phrase.
00:58:59On est dans un nouveau monde. Les régulateurs
00:59:01de l'assurance au niveau européen
00:59:03sortent de très bons papiers en disant
00:59:05les catastrophes
00:59:07naturelles sont nouvelles.
00:59:09Aujourd'hui,
00:59:11l'assurance, on ne parle pas de 2050,
00:59:132080, 2100. On dit comment on passe
00:59:15l'année prochaine.
00:59:17Les assureurs
00:59:19se réassurent et les réassureurs
00:59:21peuvent mettre et mettre ce qu'on appelle
00:59:23des cas de bonds.
00:59:25Eux-mêmes, ils vont dire je ne sais plus faire.
00:59:27Cela fait des années que
00:59:29les réassureurs disent
00:59:31le cyclone en Floride
00:59:33et l'incendie en Californie, je ne fais plus.
00:59:35Maintenant, on commence à trouver
00:59:37des assureurs et réassureurs français
00:59:39qui vont dire tempête nommée
00:59:41en France, je ne fais plus.
00:59:43Nommée, c'est
00:59:45à partir d'un certain kilomètre heure.
00:59:47Ce ne sont pas toutes les tempêtes.
00:59:49Mais on commence à trouver ça.
00:59:53Je ne sais pas si vous avez vu,
00:59:55il y a deux jours, il y a eu une tornade
00:59:57dans les Vosges.
00:59:59Une tornade dans les Vosges.
01:00:01La tempête en Corse
01:00:03en 2022,
01:00:05elle était
01:00:07à moitié prévue.
01:00:09Mais quelque part, ils ne l'ont pas annoncée
01:00:11parce que c'était qu'un modèle météo qui la donnait
01:00:13alors que les autres modèles météo ne la donnaient pas.
01:00:15On a une
01:00:17météo qui a complètement
01:00:19changé, qui amène des événements
01:00:21naturels qu'on ne connaissait pas.
01:00:25Je vais le dire comme ça pour m'amuser.
01:00:27C'est le côté assurance.
01:00:29En 2023, on a
01:00:316 ou 7 tempêtes qui ont battu tous les records
01:00:33historiques.
01:00:35Sur l'année, il y a des très bons sites de
01:00:37météo qui font le récap.
01:00:396 fois dans l'année,
01:00:41on a écrit sur des tempêtes
01:00:43record absolu battu.
01:00:45Et pas que en Bretagne.
01:00:47C'est un peu partout.
01:00:496 fois en
01:00:512023.
01:00:53Après, la question en termes de modélisation,
01:00:55c'est est-ce que les années 2022 et 2023
01:00:57sont particulières ?
01:00:59Ou est-ce qu'il s'est passé quelque chose qu'on ne maîtrise pas ?
01:01:01Vous voyez tous,
01:01:03je pense, passer les petits graphiques avec
01:01:05la température moyenne sur Terre, la température moyenne
01:01:07sur les océans. On a la moyenne.
01:01:09On a 2022 et on a 2023.
01:01:11Est-ce qu'il se passe quelque chose de
01:01:13court terme qu'on ne maîtrise pas ? Est-ce que la
01:01:15modification long terme s'est emballée ?
01:01:17Aujourd'hui, personne n'a vraiment la réponse.
01:01:19La seule chose
01:01:21certaine dans le monde de l'assurance,
01:01:23c'est que tout ce qui est
01:01:25catastrophe naturelle,
01:01:27c'est François Hollande qui était précurseur.
01:01:29Le changement, c'est maintenant.
01:01:31C'est déjà là. Il ne faut pas
01:01:33qu'on raisonne en disant que c'est dans 10 ans.
01:01:35C'est là. Il faut qu'on vive avec.
01:01:37Ça peut être encore
01:01:39pire dans 10 ans. Mais déjà, ce
01:01:41qu'on a aujourd'hui n'est plus ce qu'on avait
01:01:43il y a 10 ans, il y a 20 ans, il y a 30 ans. Non, ce n'est pas vrai.
01:01:45Il y a une question qui se pose quand même.
01:01:47Tu parlais des modèles météo qui annonçaient
01:01:49oui ou non une catastrophe.
01:01:51On parlait également
01:01:53des perspectives par rapport au réchauffement climatique
01:01:55qui étaient faites que par des blancs,
01:01:57que par des personnes qui étaient
01:01:59soit européens, soit en Amérique du Nord
01:02:01et qui du coup avaient une vision des choses
01:02:03qui leur étaient propres. Ce n'est pas qu'elle est fausse,
01:02:05c'est qu'elle est incomplète puisqu'en fait,
01:02:07il y a tout le reste de l'humanité qui pourrait réfléchir
01:02:09différemment avec d'autres concepts.
01:02:11Et que du coup,
01:02:13on n'arrive pas à voir
01:02:15de manière systémique.
01:02:17C'est de la systémique, mais partielle en fait.
01:02:19Puisqu'il y a un choix qui est fait de modèles.
01:02:21Le choix par exemple de la moyenne.
01:02:23Tu parlais, on ne décide pas forcément
01:02:25de choisir le pire
01:02:27en essayant de se prévenir du pire scénario.
01:02:29On décide d'une moyenne.
01:02:31Mais ça du coup, ça ne met pas,
01:02:33ça n'illustre pas le pire
01:02:35qui pourrait arriver et on ne s'y prépare pas.
01:02:37Donc ça, ça pourrait être un choix de société
01:02:39où on décide ensemble
01:02:41de dire que le pire,
01:02:43même s'il n'est pas certain,
01:02:45il est possible.
01:02:47Est-ce qu'on ne décide pas de se préparer au mieux
01:02:49plutôt que de se préparer moyennement ?
01:02:51C'est une question. Est-ce qu'on ne pourrait pas
01:02:53que ça devienne quelque chose ?
01:02:55En tant que société, on décide
01:02:57qu'il vaut mieux se préparer au pire
01:02:59et que ça n'arrive pas
01:03:01plutôt que de se préparer à une moyenne
01:03:03et de ne pas pouvoir couvrir le pire.
01:03:05C'est une question.
01:03:07C'est toute l'ambiguïté
01:03:09de Christophe Béchut,
01:03:11le ministre de la Transition écologique,
01:03:13qui dit qu'il va falloir se préparer
01:03:15à une France à plus 4 degrés
01:03:17en 2100.
01:03:19Donc là, déjà,
01:03:21quand il a dit ça,
01:03:23tout le monde lui est tombé dessus,
01:03:25pratiquement tout le monde lui est tombé dessus,
01:03:27alors qu'il a tout de suite dit derrière
01:03:29que ça ne voulait pas dire renoncer
01:03:31à réduire les émissions.
01:03:33Mais ce message,
01:03:35plus 4 degrés en 2100 en France,
01:03:37il est tellement flippant
01:03:39que les gens n'ont pas voulu
01:03:41l'entendre.
01:03:43Or,
01:03:45c'est optimiste.
01:03:47Plus 4 en 2100,
01:03:49ça va arriver bien avant,
01:03:51c'est une moyenne
01:03:53et en plus,
01:03:55c'est calé
01:03:57sur un scénario
01:03:59où les Etats respectent leurs engagements.
01:04:01Là où je rejoins
01:04:03ce que tu dis, c'est qu'en gestion
01:04:05des risques, on doit,
01:04:07quand on craint des conséquences
01:04:09irrémédiables qui touchent
01:04:11des vies humaines, on doit se caler
01:04:13le pire scénario, je crois que
01:04:15Nicolas sera d'accord.
01:04:17Et c'est aussi ce que
01:04:19dit le GIEC.
01:04:21Par exemple, quand on regarde
01:04:23la montée du niveau de la mer,
01:04:25le GIEC dit que normalement,
01:04:27ça devrait être plus
01:04:291 mètre à la fin du siècle.
01:04:31Mais, et on voit très bien
01:04:33sur les courbes, il ne faut absolument pas
01:04:35exclure,
01:04:37c'est un événement à probabilité
01:04:39faible mais à fort impact,
01:04:41qui est la déstabilisation
01:04:43de la calotte glaciaire.
01:04:45Et là, il ne s'agit plus du tout
01:04:47de plus 1 mètre, on passe à
01:04:49plus 1,50 mètre, plus 2 mètre
01:04:51à la fin du siècle.
01:04:53Et le GIEC dit, dans la gestion
01:04:55des risques, on ne doit pas
01:04:57l'exclure.
01:04:59Évidemment, j'abonde
01:05:01dans ce sens, les scientifiques
01:05:03abondent dans ce sens, de dire
01:05:05il ne faut pas
01:05:07oublier que
01:05:09les températures plus 4, c'est
01:05:11une moyenne, et d'ailleurs, quand c'est sorti,
01:05:13vous avez écrit Stophe Cassou,
01:05:15qui a passé son temps à alerter en disant
01:05:17plus 4
01:05:19sur un an,
01:05:21ça peut vouloir dire, ça sera
01:05:23plus 5 l'été, voire plus
01:05:257 quand il y aura des vagues
01:05:27de chaleur. On est entre gens
01:05:29d'accord, donc le débat
01:05:31en fait, il n'y a pas de débat contradictoire,
01:05:33parce qu'on est d'accord, mais par contre, on complète
01:05:35la vision avec des éléments
01:05:37un petit peu,
01:05:39voilà, et je trouve ça très intéressant.
01:05:41Par contre, ça m'intéresserait, s'il te plaît,
01:05:43que tu nous relates un petit peu
01:05:45ce qui se passe dans tes ateliers,
01:05:47les personnes que tu croises,
01:05:49comment est-ce que tu vois
01:05:51la prise de conscience,
01:05:53quels sont les cheminements que tu
01:05:55peux voir évoluer, notamment des personnes
01:05:57qui travaillent dans le bâtiment, peut-être ?
01:05:59Alors,
01:06:01les ateliers d'adaptation
01:06:03au changement climatique,
01:06:05petit mot dessus, quand même, pour dire
01:06:07que c'est un atelier qui est entièrement
01:06:09fondé sur la science
01:06:11et qui, aujourd'hui,
01:06:13bénéficie d'une communauté
01:06:15de près de...
01:06:17plus de 550 animateurs dans toute la France
01:06:19et dans les Dromtom. On est soutenus
01:06:21par l'ADEME et
01:06:23on s'adresse aussi bien
01:06:25aux agents de l'Etat, puisqu'on est dans le catalogue
01:06:27du ministère, que
01:06:29évidemment aux entreprises et
01:06:31qu'aux collectivités territoriales
01:06:33et au grand public.
01:06:35Il faut que tout le monde soit sensibilisé
01:06:37à la question de l'adaptation au changement
01:06:39climatique. Alors,
01:06:41attention, quand on
01:06:43parle d'adaptation, déjà, nous, la première
01:06:45chose qu'on essaye de débunker, c'est
01:06:47que les gens arrêtent
01:06:49de croire qu'on va leur parler d'atténuation
01:06:51et d'enfin réduire les émissions.
01:06:53Et d'autre part,
01:06:55eh bien,
01:06:57il y a, malgré tout,
01:06:59quand on parle d'adaptation au changement climatique,
01:07:01une espèce de petite lumière
01:07:03d'espoir et de résilience
01:07:05qui s'allument dans la tête des gens.
01:07:07Or, l'atelier,
01:07:09il lance une dynamique,
01:07:11on fait comprendre que
01:07:13l'adaptation, ça se fait
01:07:15au niveau local et qu'on peut avoir
01:07:17des effets tout de suite.
01:07:19Donc ça, c'est génial par rapport à l'atténuation,
01:07:21parce que l'atténuation, il faut que la planète entière
01:07:23se mette à réduire et qu'au mieux, on aura
01:07:25des effets dans 20 ans. Donc là, on a quand même
01:07:27deux bonnes nouvelles sur l'adaptation.
01:07:29Mais on est quand même
01:07:31obligés de donner les messages,
01:07:33enfin, les messages, la réalité.
01:07:35C'est que ça va pas
01:07:37être facile, que ça coûte cher,
01:07:39qu'il faut avoir l'avis de tout le monde,
01:07:41qu'une mesure transformationnelle, ça prend du temps
01:07:43et qu'enfin,
01:07:45au-delà d'un certain seuil de réchauffement,
01:07:47au-delà d'une certaine destruction
01:07:49de la biodiversité et au-delà
01:07:51d'une certaine augmentation des inégalités
01:07:53sociales, parce qu'on en parle énormément
01:07:55dans l'atelier, on ne pourra plus
01:07:57s'adapter ou les mesures ne seront plus acceptées.
01:07:59Donc, les participants,
01:08:01ils prennent tout ça dans la figure,
01:08:03ça dure 3h30,
01:08:05mais malgré tout, on arrive
01:08:07à les faire dessiner une trajectoire
01:08:09et donc, les exemples
01:08:11que je peux donner, ils ne seront que extrêmement
01:08:13précis. Je vais donner l'exemple
01:08:15d'une ville
01:08:17qui a une place
01:08:19publique, centrale,
01:08:21extrêmement minérale
01:08:23et où l'été, ce n'est plus vivable.
01:08:25Notre enjeu, c'est la santé
01:08:27des usagers qui traversent cette place
01:08:29et des habitants qui sont autour.
01:08:31On va réfléchir à comment on peut
01:08:33réduire l'exposition
01:08:35et la vulnérabilité de tous ces gens
01:08:37et généralement, on arrive
01:08:39à des mesures assez transformationnelles
01:08:41où on va planter des arbres en pleine terre
01:08:43sur la place
01:08:45qui, aujourd'hui, n'est plus du tout
01:08:47utilisable
01:08:49l'été.
01:08:51On a fait ça dans plein de grandes villes
01:08:53de France.
01:08:55Le problème, c'est que bien souvent, dessous, il y a un parking
01:08:57et donc, on ne peut pas
01:08:59planter les arbres.
01:09:01Et donc,
01:09:03les gens qui sont autour de la table,
01:09:05ils décident de sacrifier
01:09:07puisque, de toute façon, il faudra moins
01:09:09de voitures. On est dans une
01:09:11expérience de pensée. Donc, on sacrifie
01:09:13l'étage du parking
01:09:15qui est le plus proche du sol
01:09:17pour pouvoir planter des arbres
01:09:19et on maintient
01:09:21les étages inférieurs
01:09:23parce qu'on se dit que,
01:09:25quand il va faire très chaud, on sera ravi
01:09:27de passer en sous-sol, un peu comme au Canada.
01:09:29Inversement, on passe en sous-sol
01:09:31quand il fait très froid.
01:09:33Et donc, évidemment, tout ça, ça ne va pas se mettre
01:09:35en place du jour au lendemain.
01:09:37Il faut demander l'avis des habitants,
01:09:39l'avis des commerçants. Il faut aller faire
01:09:41un benchmark.
01:09:43En attendant
01:09:45cette mesure transformationnelle,
01:09:47ils pensent à des mesures qu'on appelle
01:09:49à la marche.
01:09:51Aujourd'hui, il n'y a pas de banc,
01:09:53il n'y a pas de fontaine,
01:09:55il n'y a pas d'ombrière
01:09:57sur cette place.
01:09:59Ça, c'est très facile à mettre en oeuvre.
01:10:01Donc là,
01:10:03on peut dessiner une trajectoire
01:10:05de transformation. Pour une entreprise,
01:10:07elle a mille et une
01:10:09façons d'être impactée par les...
01:10:11Tu me disais
01:10:13dans la construction.
01:10:15Je ne vais pas citer le nom d'entreprise,
01:10:17la construction. Le principal
01:10:19problème, celui qui apparaît
01:10:21de façon évidente, c'est la santé
01:10:23des travailleurs par
01:10:25vague de chaleur.
01:10:27Qu'est-ce qu'on peut faire pour
01:10:29réduire
01:10:31l'exposition et la vulnérabilité ?
01:10:33Pour réduire l'exposition
01:10:35des travailleurs, la première idée, c'est
01:10:37de les faire travailler la nuit.
01:10:39Sauf que, dommage,
01:10:41c'est une maladaptation.
01:10:43Voilà. Parce que
01:10:45ça augmente l'accidentologie
01:10:47et qu'on sait
01:10:49que les gens qui ne font que travailler
01:10:51la nuit, ce n'est pas du tout juste
01:10:53et équitable parce qu'ils perdent 10 ans
01:10:55d'espérance de vie.
01:10:57En plus, ce n'est pas génial pour la biodiversité
01:10:59parce que si on se met à éclairer...
01:11:01Donc, il y a
01:11:03plein de problèmes avec ça. On va se dire
01:11:05qu'on va décaler non pas
01:11:07du jour à la nuit,
01:11:09mais des mois hyper chauds
01:11:11aux mois moins chauds.
01:11:13Ça peut être une solution pour réduire l'exposition.
01:11:15Et après, pour réduire la vulnérabilité,
01:11:19là, tout d'un coup, ça devient beaucoup
01:11:21plus complexe. Déjà,
01:11:23qu'est-ce qui fait qu'on est vulnérable
01:11:25par rapport à d'autres ? C'est une caractéristique
01:11:27essentielle. Ça veut dire notre âge.
01:11:29Donc, on va essayer de ne pas prendre des personnes
01:11:31âgées ou de ne pas prendre
01:11:33des personnes qui ont des
01:11:35co... qui sont malades.
01:11:37Et surtout, il faut vraiment
01:11:39travailler sur
01:11:41comment dire...
01:11:43l'aspect social.
01:11:45Parce que souvent, les gens qui travaillent dans le bâtiment,
01:11:47ils ont...
01:11:49C'est du travail précaire.
01:11:51Donc, ils vont pas oser
01:11:53dire qu'ils ont besoin d'une pause.
01:11:55Et puis souvent, ils habitent très loin.
01:11:57Donc, ils ont des temps de trajet plus longs
01:11:59qui font qu'ils ont encore plus...
01:12:01Ils sont encore plus fatigués.
01:12:03Et puis, ils portent
01:12:05des charges lourdes. Tout ça, c'est...
01:12:07Donc, il faut travailler tout ça
01:12:09pour réduire la vulnérabilité
01:12:11et essayer de voir...
01:12:13Ça veut dire embaucher
01:12:15plus de gens aussi.
01:12:17Ça veut dire ne pas avoir
01:12:19des intérims dont on ne
01:12:21connaît pas les fragilités
01:12:23et les vulnérabilités intrinsèques.
01:12:25Donc, c'est
01:12:27compliqué et c'est là-dessus
01:12:29qu'on travaille.
01:12:31Ce qui est intéressant, c'est qu'on
01:12:33se rend compte qu'en traitant, en fait,
01:12:35une problématique de chaleur sur une place
01:12:37qui est... Tout le monde partage
01:12:39le constat. Il fait vraiment
01:12:41trop chaud à cet endroit-là. On tire
01:12:43le fil. On se rend compte qu'il y a le problème du parking.
01:12:45Il y a le problème de l'acceptabilité,
01:12:47des modifications, des travaux qui vont
01:12:49devoir avoir lieu. Donc, des personnes
01:12:51qui vont faire les travaux. Et puis, des nuisances
01:12:53des travaux qui...
01:12:55Les travaux vont, en plus, entraîner
01:12:57une gêne au niveau du bruit,
01:12:59au niveau de beaucoup de choses.
01:13:01Donc, l'acceptabilité
01:13:03de la modification, elle est
01:13:05essentielle pour que tout ça puisse se passer
01:13:07dans 100 heures, et en tout cas
01:13:09au mieux. Du coup,
01:13:11toujours la question de comment est-ce qu'on met
01:13:13l'usager,
01:13:15ou la personne qui habite à côté, au cœur
01:13:17de ces décisions pour qu'il
01:13:19les prenne de lui-même. Oui, OK, on va avoir
01:13:21des travaux, mais moi, je suis content parce que, justement,
01:13:23je vais pouvoir avoir un peu
01:13:25d'ombre. L'idée, si on reprend cette
01:13:27histoire de place publique,
01:13:29et d'ailleurs, c'est intéressant, symboliquement,
01:13:31c'est de mettre
01:13:33à la fois des élus autour de la table,
01:13:35mais des habitants,
01:13:37des commerçants, des
01:13:39architectes, des gens qui ont déjà fait
01:13:41ça ailleurs. C'est vraiment une décision
01:13:43collective, en écoutant
01:13:45tous les points de vue.
01:13:47Une décision d'adaptation, elle doit
01:13:49non seulement ne pas
01:13:51être une maladaptation, c'est-à-dire
01:13:53aggraver, que la réponse
01:13:55au risque aggrave le risque climatique
01:13:57et de biodiversité, mais elle doit
01:13:59aussi être un
01:14:01compromis entre toutes les personnes
01:14:03concernées.
01:14:05Oui, donc, je vais peut-être
01:14:07repasser la parole.
01:14:09Est-ce que, par exemple,
01:14:11dans les
01:14:13solutions existantes, par exemple, dans les conseils
01:14:15de quartier, je ne sais pas ce qui se passe exactement
01:14:17à Paris, est-ce qu'il y a déjà des endroits
01:14:19où on arrive à pouvoir
01:14:21dialoguer, justement,
01:14:23dans ce sens-là, pour des modifications
01:14:25importantes,
01:14:27telle une rénovation de place ?
01:14:29Il y a eu cette question sur la place de l'hôtel de ville,
01:14:31qui est une
01:14:33grande place, qui a une fournaise,
01:14:35bien qu'il y ait
01:14:37vaguement deux fontaines
01:14:39à chaque bout, et qui
01:14:41a un énorme parking en dessous.
01:14:43Mais ça coûtait tellement cher
01:14:45de casser pour aller chercher
01:14:47la terre, que puisqu'il y a eu
01:14:49à un moment l'idée de mettre une forêt
01:14:51urbaine à cet endroit-là,
01:14:53ça ne se fait pas,
01:14:55parce que ça coûte beaucoup trop cher
01:14:57à la ville. Voilà.
01:14:59Donc je ne sais pas
01:15:01comment on va
01:15:03régler le problème.
01:15:05Avec l'argent des JO.
01:15:07Avec l'argent des JO, toujours.
01:15:09Mais je ne suis pas sûre, malheureusement,
01:15:11qu'on puisse le récupérer là.
01:15:13Mais voilà, ce sont des questions.
01:15:15Alors, on travaille beaucoup
01:15:17sur les trames vertes. Les trames
01:15:19vertes, honnêtement, qui sont d'une grande
01:15:21efficacité. Moi, dans le 4e,
01:15:23on avait un endroit qui a
01:15:25su l'immorland, justement, au bout
01:15:27du fameux pont qui est cassé.
01:15:29Il y avait...
01:15:31Il y a une bibliothèque
01:15:33et devant cette bibliothèque,
01:15:35c'était un grand parvis tout engravié.
01:15:37Et ça longe
01:15:39en plus les écuries
01:15:41de la garde républicaine.
01:15:43Et cet endroit, une fournaise
01:15:45totale, alors qu'il y avait plein
01:15:47d'enfants qui faisaient le trajet
01:15:49pour aller à l'école, qui étaient obligés de prendre tout ce
01:15:51trajet pour aller à l'école et en revenir.
01:15:53Eh bien,
01:15:55non seulement... Et c'est
01:15:57le conseil de quartier qui a obtenu
01:15:59que ce parvis engravié
01:16:01soit planté.
01:16:03Et là, pour le coup, il n'y avait pas de problème.
01:16:05Ils ont tout essayé pour qu'on ne puisse pas le faire.
01:16:07On nous a raconté que c'était les réserves
01:16:09de la bibliothèque, qu'il y avait
01:16:11des restes
01:16:13médiévaux. Il y en avait
01:16:15bien sur un tout petit bout, mais sur un tout petit bout
01:16:17de la place. On a pu transformer
01:16:19toute la place en un très joli jardin.
01:16:21On n'a pas eu le droit tout à fait de planter
01:16:23des arbres à grand développement
01:16:25pour préserver la covisibilité
01:16:27de la façade
01:16:29de la bibliothèque et du pavillon
01:16:31de l'arsenal. Mais enfin, quand même,
01:16:33c'est un jardin et il y a beaucoup de personnes
01:16:35qui vont y déjeuner à l'abri
01:16:37du soleil quand même, parce qu'il y a de l'ombre.
01:16:39Et puis toute la rue de Sully a été
01:16:41aussi, là aussi, conseil de quartier,
01:16:43budget participatif
01:16:45en fait, budget participatif,
01:16:47transformer cette rue. Et c'est une
01:16:49trame verte. Et c'est une trame verte.
01:16:51Et honnêtement, quand on arrive
01:16:53du boulevard Henri IV et qu'on passe
01:16:55là pour continuer le chemin,
01:16:57on sent la différence.
01:16:59En plein été, réellement,
01:17:01on sent ces 3-4
01:17:03degrés en moins.
01:17:05C'est vraiment
01:17:07très, très efficace. Donc,
01:17:09l'idée sur Paris aujourd'hui, c'est
01:17:11de continuer ces trames vertes
01:17:13et de les relier aux trames vertes
01:17:15au-delà de Paris. C'est-à-dire
01:17:17d'essayer vraiment, avec au moins
01:17:19la métropole, de faire
01:17:21une espèce de convergence de toutes ces
01:17:23trames vertes. Alors c'est très compliqué
01:17:25à obtenir, parce que, voilà,
01:17:27ça demande de tout débitumer,
01:17:29ça coûte cher,
01:17:31ça va mettre parfois de la gadoue.
01:17:33Bon, il y a plein
01:17:35de raisons pour dire non.
01:17:37Mais quand même,
01:17:39je dirais que le plan,
01:17:41c'est d'essayer de relier ces trames vertes
01:17:43et puis on a la chance à Paris
01:17:45d'avoir la Seine, ce qui est quand même
01:17:47une chance incroyable, puisque c'est notre
01:17:49grand corridor écologique et de fraîcheur,
01:17:51parce que ça amène quand même
01:17:53un tout petit peu de... Enfin, ça amène
01:17:55beaucoup de ventilation. Là aussi,
01:17:57quand il fait très chaud, eh bien, pouvoir
01:17:59aujourd'hui les mettre près de l'eau,
01:18:01eh bien, ça change beaucoup les choses.
01:18:03Et on a en plus le canal,
01:18:05et le canal, voilà, nous, on a cette chance-là
01:18:07à Paris, et ce sont nos
01:18:09trames bleues, et là aussi, on
01:18:11essaye de les aménager
01:18:13pour qu'elles soient
01:18:15les plus
01:18:17accueillantes possibles, surtout en cas de canicule.
01:18:19Et puis, derrière,
01:18:21maintenant, on a identifié, pour pouvoir
01:18:23planter dans Paris, puisque c'est
01:18:25un des gros sujets à Paris,
01:18:27c'est les cours d'école.
01:18:29Donc ces fameuses cours d'école transformées
01:18:31en cours oasis, d'abord pour les
01:18:33enfants dans la semaine et le
01:18:35week-end, qui peuvent être ouverts
01:18:37pour les gens qui habitent à côté.
01:18:39Et puis, si jamais
01:18:41comme la canicule
01:18:43va de plus en plus arriver,
01:18:45eh bien, ce sera la possibilité,
01:18:47le soir, d'aller se réfugier dans la cour
01:18:49de l'école qui est juste à côté. Enfin, voilà.
01:18:51Donc il y a quand même beaucoup de choses qui sont
01:18:53en marche aujourd'hui.
01:18:55C'est toujours compliqué
01:18:57de les réaliser. C'est aussi
01:18:59beaucoup d'argent. Donc, en effet, il y a toujours
01:19:01la manne des Jeux olympiques, mais
01:19:03je ne sais pas si ce sera vraiment une manne,
01:19:05si ça va vraiment nous tomber dessus, je n'y crois pas trop.
01:19:07Mais on aurait
01:19:09pu anticiper ça,
01:19:11ça, c'est sûr, et c'est dommage.
01:19:13Mais on y travaille quand même.
01:19:15On travaille à essayer de créer
01:19:17justement une ville résiliente,
01:19:19une ville
01:19:21en transition
01:19:23due à ce changement
01:19:25climatique très important.
01:19:27Alors, du coup, je te remercie.
01:19:29Il y a une chose
01:19:31qui est un fil rouge depuis le départ,
01:19:33c'est qu'on a parlé d'argent, parce qu'en fait,
01:19:35on sait
01:19:37qu'on sait que, justement, ça,
01:19:39ça coûte de l'argent, ça, ça empêche d'autres d'en faire
01:19:41de l'argent. Pourtant,
01:19:43il me semble, et peut-être, Nicolas, tu pourras
01:19:45nous donner des éléments là-dessus, que le fait
01:19:47de prévenir un risque
01:19:49peut coûter de l'argent,
01:19:51mais ça coûte encore plus cher
01:19:53quand il faut le réparer, justement.
01:19:55Est-ce que même, d'une façon complètement
01:19:57capitalistique, est-ce que ce n'est pas
01:19:59un mauvais pari
01:20:01de ne pas prévoir le pire ?
01:20:03Alors,
01:20:05c'est forcément un bon pari. Après,
01:20:07il faut qu'il soit pour autant
01:20:09bien réalisé.
01:20:11Il y a eu
01:20:13une histoire assez drôle, comme ça,
01:20:15dans les Hamptons, aux Etats-Unis.
01:20:17Alors, c'est les
01:20:19résidences secondaires des très riches de New York,
01:20:21où il y avait plusieurs
01:20:23maisons en bord de mer, très jolies.
01:20:25Et
01:20:27quelqu'un dans la ville a convaincu tout le monde
01:20:29de verser dans une cagnotte.
01:20:31Ils ont collecté 500 000 dollars et ils ont fait
01:20:33une dune en sable.
01:20:35Il y a eu une tempête qui est arrivée, la dune a duré deux jours.
01:20:37Donc, 500 000 dollars
01:20:39deux jours, c'est un ratio
01:20:41un peu élevé.
01:20:43Sur les digues, il y a vraiment cette question
01:20:45de comment les faire
01:20:47et à quoi ça rime et jusqu'à quand.
01:20:49Les Pays-Bas ont annoncé
01:20:51il y a déjà un petit moment que
01:20:53la partie nord du pays, ils l'ont laissé sous l'eau.
01:20:55Ils arrêtaient les digues.
01:20:57C'est 30% de leur surface habitable.
01:20:59Parce que là, quelque part,
01:21:01c'est vraiment ce problème
01:21:03financier derrière.
01:21:05C'est bien de continuer à monter et monter
01:21:07les digues, mais il y a un moment, il faut aussi
01:21:09savoir s'arrêter.
01:21:11Quand on parlait de renoncement, par exemple,
01:21:13sur la prévention,
01:21:15je pense que c'est peut-être un
01:21:17exemple assez marquant.
01:21:1930% du territoire, ça va se voir. Pour autant,
01:21:21ils vont décider de se consacrer sur Amsterdam
01:21:23et sur les grandes villes, où là, ils ont
01:21:25énormément de boulot et où ça va leur coûter
01:21:27très cher.
01:21:29On commence vraiment à voir
01:21:31des cas d'assurance.
01:21:33Je vous assure, mais il faut que la commune ait
01:21:35un plan de prévention des risques.
01:21:37Si la commune n'a pas de plan de prévention des risques,
01:21:39si la commune n'a pas fait ceci, cela,
01:21:41dans ce cas-là, je ne vous assure plus.
01:21:43Ça, c'est
01:21:45pour l'instant plutôt au niveau
01:21:47local qu'individuel.
01:21:49Mais après, on arrivera probablement
01:21:51à une
01:21:53différenciation, au cas par cas,
01:21:55maison par maison.
01:21:57Il y a quelques années, il y avait un gros
01:21:59débat pour savoir si les maisons qui avaient
01:22:01des panneaux solaires étaient encore assurables.
01:22:03Parce que quand c'est mal monté,
01:22:05ça prend feu.
01:22:07C'est très chaud, des panneaux solaires.
01:22:09Il y a plein de maisons qui ont brûlé en France.
01:22:11Je connais des gens
01:22:13dans le cas. Ça a été
01:22:15trois ans avant de savoir si
01:22:17c'était assuré ou pas.
01:22:19Donc,
01:22:21la prévention est forcément une bonne idée.
01:22:23Après, le cas de Ladigue, il est assez
01:22:25problématique.
01:22:27Est-ce qu'on a la bonne vision ?
01:22:29Est-ce qu'elle sera suffisamment haute ?
01:22:31Est-ce qu'elle sera suffisamment solide ?
01:22:33Et est-ce que ce n'est pas une fausse
01:22:35solution temporaire ?
01:22:37C'est aussi ça, quelque part,
01:22:39quand on dit...
01:22:41Oui, le GIEC dit que c'est entre 1m et 2m50,
01:22:43mais si c'est 3m.
01:22:45Qu'est-ce que ça veut dire ?
01:22:47À quel moment on dit
01:22:49la Camargue, le marais Poitvin,
01:22:51le marais Breton et le Pas-de-Calais
01:22:53ne sont plus habitables ?
01:22:55À quel moment on dit j'interdis tout nouveau
01:22:57permis de construire ?
01:22:59Le GIEC, il est très clair sur les digues.
01:23:01Je ne parle même pas des digues.
01:23:03Le marais Poitvin, il n'y a pas encore de digue.
01:23:05La digue, ce n'est pas la solution.
01:23:07Ah non, c'est clair.
01:23:09Mais ça, ça veut dire renoncer au territoire.
01:23:11Et
01:23:13à un moment, il faudra le dire.
01:23:15Après,
01:23:17oui, il y a des cas. Peindre le toit en blanc,
01:23:19évidemment...
01:23:21Ce qui est bien dans les toits en zinc de Paris,
01:23:23c'est que ça résiste vachement bien la tempête.
01:23:25On ne peut pas tout avoir.
01:23:27Si on les peint,
01:23:29ça résiste toujours autant.
01:23:31Derrière, c'est vraiment de se dire
01:23:33dans quelles conditions je me mets,
01:23:35à quel horizon,
01:23:37avec quelle incertitude sur le niveau de risque,
01:23:39et qu'est-ce que ça veut dire
01:23:41s'adapter,
01:23:43se protéger de ce niveau de risque-là.
01:23:47Et toute la question va être là.
01:23:49Quand je disais tout à l'heure,
01:23:51les catastrophes naturelles sont déjà là,
01:23:53en partie seulement.
01:23:55L'énorme boulot du côté des assureurs,
01:23:57c'est sur les enchaînements.
01:23:59On a toujours eu des grosses sécheresses,
01:24:01oui. On a toujours eu des grosses pluies, oui.
01:24:03Mais une grosse pluie juste derrière
01:24:05une grosse sécheresse n'a pas du tout
01:24:07la même conséquence que quand le sol
01:24:09avait une certaine humidité et pouvait
01:24:11encore absorber l'eau.
01:24:13Il y a aujourd'hui encore toute une série de travaux
01:24:15sur les enchaînements de catastrophes naturelles.
01:24:17Des travaux qui ne sont pas forcément finalisés.
01:24:19Du coup,
01:24:21on a dressé un portrait
01:24:23où il n'y a pas de réponse.
01:24:25On se rend compte qu'il n'y a pas de réponse.
01:24:27On en arrive souvent là,
01:24:29dans les discours,
01:24:31et quand on décide
01:24:33de discuter de choses un petit peu complexes,
01:24:35parce que, justement, c'est complexe.
01:24:37Il y a beaucoup d'éléments.
01:24:39Nous, Adaptation Radicale,
01:24:41on a déjà décidé
01:24:43de renoncer à tout prévoir
01:24:45et à pouvoir tout prévoir.
01:24:47Et on a un petit peu
01:24:49cette habitude, moi depuis que je suis née,
01:24:51c'est ça, si tu fais ça, tu obtiendras ça.
01:24:53Si tu travailles bien, tu auras un bon boulot.
01:24:55Des choses assez binaires,
01:24:57assez simples, en fait. Et là, on se rend compte
01:24:59que non, ce n'est pas simple.
01:25:01Et que tout est systémique et que, justement,
01:25:03tout est relié. On a décidé
01:25:05de renoncer à avoir cette ambition
01:25:07de pouvoir prévoir
01:25:09ce qui va arriver. On a plus des
01:25:11pistes.
01:25:13Des éléments de pistes. On se dit
01:25:15qu'il vaut mieux manger
01:25:17des bonnes choses de saison plutôt que d'importer
01:25:19des trucs de l'autre bout du monde.
01:25:21Parce que ça a des conséquences sur les personnes,
01:25:23sur le transport, sur la santé
01:25:25des personnes et la santé de la planète.
01:25:27Du coup, c'est quand même
01:25:29une piste qui est bien ancrée
01:25:31dans beaucoup de nos valeurs.
01:25:33On renonce, en fait,
01:25:35déjà à savoir ce qu'il va
01:25:37se passer. Et ça,
01:25:39dans notre schéma
01:25:41de société,
01:25:43qui essayons de tout prévoir.
01:25:45On veut maîtriser la nature.
01:25:47On se rend compte qu'on maîtrise de moins en moins.
01:25:49Et c'est très difficile de lâcher ça.
01:25:51De lâcher ce truc
01:25:53qui nous rassure en disant
01:25:55oui, alors si on se pré...
01:25:57On a calculé, donc ça va arriver tous
01:25:59les dix ans, donc on sait faire. Non, on sait plus faire.
01:26:01On se rend compte qu'on sait de moins en moins faire.
01:26:03Et qu'en plus,
01:26:05c'est très douloureux dans notre égo
01:26:07de personnes
01:26:09d'humains, très intelligents.
01:26:11On est censé être au-dessus de tout. On est au-dessus de rien du tout.
01:26:13Adoptation radicale,
01:26:15on essaye justement de renoncer
01:26:17à tout savoir.
01:26:19On pleure sur notre incapacité,
01:26:21sur notre impuissance devant
01:26:23beaucoup de choses.
01:26:25Il y a de quoi pleurer, franchement.
01:26:27On n'a pas peur de la
01:26:29négativité, même si on s'attarde.
01:26:31On essaye de ne pas parler que de ça.
01:26:33Mais,
01:26:35je pense qu'on a un chemin en tant que société
01:26:37à faire,
01:26:39en tant qu'individu aussi, à se dire,
01:26:41voilà, on ne sait pas trop ce qui va se passer.
01:26:43On essaye de se prémunir,
01:26:45mais en tout cas, on doit aborder les sujets
01:26:47qui fâchent, parce que
01:26:49ça va nous arriver, plus ou moins,
01:26:51plus ou moins fortement, en fonction
01:26:53d'où on est dans l'échelle sociale,
01:26:55où on est sur la planète. Mais il y a quand même
01:26:57beaucoup de gens qui sont déjà confrontés aujourd'hui
01:26:59à des choses dramatiques,
01:27:01et depuis longtemps. Et nous, on est encore protégés,
01:27:03mais on ne le sera pas longtemps.
01:27:05On a un débat qui est ouvert,
01:27:07en fait, avec encore plein de choses
01:27:09en l'air, où on a envie de s'en saisir.
01:27:11On vous invite à
01:27:13nous rejoindre pour discuter de tout ça.
01:27:15Sur adaptationradicale.org,
01:27:17vous avez la possibilité
01:27:19d'avoir accès aux différents réseaux
01:27:21sur lesquels on intervient,
01:27:23les actions qu'on met en place, les discussions qu'on propose.
01:27:25Et là, du coup,
01:27:27on va pouvoir passer la parole
01:27:29dans le public, si vous avez des questions,
01:27:31des interventions à faire,
01:27:33aux intervenants. Daniel,
01:27:35si tu veux bien récupérer le petit micro.
01:27:37Merci.
01:27:39On a une question.
01:27:41Je voulais revenir sur la question
01:27:43des coûts, notamment.
01:27:45Vous avez dit tout à l'heure, par exemple,
01:27:47que si je ne dis pas de bêtises, sous l'hôtel de ville,
01:27:49ça coûterait trop cher, etc.
01:27:51On a un problème, c'est qu'effectivement, on a l'impression
01:27:53qu'on manque tout le temps d'argent, et donc
01:27:55c'est toujours compliqué, il faut faire des choix, etc.
01:27:57Puis on se dit, s'il y a des dégâts, ça va coûter
01:27:59plus cher encore, etc. Et on a une façon
01:28:01de raisonner qui est quand même très particulière,
01:28:03qui est liée à la façon dont la monnaie est créée,
01:28:05et dont elle circule.
01:28:07Ce serait bien, je pense, qu'à un moment donné,
01:28:09on arrive
01:28:11à quelque chose de beaucoup plus cohérent,
01:28:13qui serait, au fond,
01:28:15on ne devrait pas manquer de monnaie pour faire
01:28:17ce qu'il y a à faire.
01:28:19Notre préoccupation, ça devrait être le bien-être
01:28:21des générations présentes
01:28:23et des générations à venir.
01:28:25Et ça implique
01:28:27qu'à chaque fois qu'on veut faire quelque chose,
01:28:29qu'on a l'intention de faire quelque chose,
01:28:31de se dire, au fond, déplacer une dune là,
01:28:33avec un risque que cette dune
01:28:35soit emportée
01:28:37à la prochaine tempête,
01:28:39ça a demandé beaucoup de pétrole,
01:28:41j'imagine, parce qu'il a fallu déplacer
01:28:43cette dune, ça ne s'est pas fait à la main.
01:28:45C'est vraiment des calculs qu'on devrait faire
01:28:47qui sont non pas de l'ordre de la monnaie,
01:28:49mais de l'ordre de la matière,
01:28:51et de l'ordre de l'impact climatique, etc.
01:28:53Je pense que vraiment, là, on a une révolution
01:28:55à faire, parce qu'on n'arrive pas encore à
01:28:57résonner comme ça. Et ça, ça me paraît vraiment important.
01:28:59Effectivement, ça serait
01:29:01super, mais pour l'instant,
01:29:03je pense que dans les cercles de décision, on n'en est pas là.
01:29:07Dans les cercles de décision ?
01:29:09Le triple capital, c'est pas une vue
01:29:11de l'esprit. Le Comité
01:29:13national français d'expertise comptable
01:29:15cherche
01:29:17à intégrer des nouveaux modèles
01:29:19de comptabilisation. Il y a des tas
01:29:21de groupes de prospective sur la
01:29:23monnaie, qui
01:29:25parlent notamment de remettre
01:29:27la création monétaire
01:29:29au niveau des banques centrales, et puis
01:29:31des banques privées. Donc, c'est rediriger
01:29:33toute l'économie
01:29:35sur des
01:29:37axes centraux. Donc ça, c'est des réflexions
01:29:39qui sont menées dans le monde, et un peu partout,
01:29:41pas qu'en France. C'est intéressant de pouvoir
01:29:43échanger sur des réalités
01:29:45qu'on ne connaît pas les uns les autres.
01:29:47Merci beaucoup. Vous avez
01:29:49des compléments ? Moi, j'avais une question.
01:29:51Il y a quelque chose que j'ai rencontré il y a
01:29:53quelques années, et j'aimerais bien savoir si ça
01:29:55fait écho chez l'un d'entre vous, des intervenants.
01:29:57Dans le cadre de l'adaptation,
01:29:59bien sûr, les technologies sans regret
01:30:01ou les adaptations sans regret
01:30:03en écho
01:30:05aux histoires
01:30:07de maladaptation ou malatténuation
01:30:09même. Effectivement,
01:30:11merci pour cette question,
01:30:13parce qu'on met souvent
01:30:15l'accent sur la maladaptation,
01:30:17et on oublie de parler
01:30:19des co-bénéfices.
01:30:21C'est quelque chose que,
01:30:23dans les ateliers de l'adaptation, on essaye
01:30:25de vraiment mettre en exergue
01:30:27et en lumière. C'est qu'autant
01:30:29effectivement il faut
01:30:31éviter la maladaptation, autant
01:30:33il faut rechercher les adaptations
01:30:35qui ont des co-bénéfices.
01:30:37C'est quoi une adaptation qui a un co-bénéfice ?
01:30:39C'est une adaptation qui va
01:30:41d'abord jouer sur l'aléa,
01:30:43qui va permettre d'en même temps être de l'atténuation.
01:30:45Et puis, ça peut être
01:30:47une adaptation qui va
01:30:49favoriser la biodiversité,
01:30:51qui va,
01:30:53non pas faire disparaître les inégalités,
01:30:55mais en tout cas ne pas les aggraver,
01:30:57voire tenter de les diminuer.
01:30:59Une option qui peut être bonne pour la santé,
01:31:01ou qui peut
01:31:03être bonne pour les autres limites
01:31:05naturelles que la biodiversité et le climat.
01:31:07Il y en a beaucoup, il y en a sept autres.
01:31:09Je vais donner un exemple.
01:31:11On parle de solutions
01:31:13sans regrets, par exemple.
01:31:15Végétaliser les villes,
01:31:17c'est une option d'adaptation.
01:31:19C'est une solution d'adaptation
01:31:21qui offre
01:31:23énormément de co-bénéfices, tout simplement
01:31:25parce que planter un arbre, c'est capter du CO2,
01:31:27déjà.
01:31:29On agit sur la composante
01:31:31aléa du risque.
01:31:33On agit évidemment sur la composante
01:31:35exposition, puisqu'il va faire
01:31:37moins chaud grâce aux arbres.
01:31:39Et puis, sur la vulnérabilité
01:31:41des personnes sensibles.
01:31:43Évidemment, il ne faut pas
01:31:45faire n'importe quoi. Il ne faut pas planter
01:31:47des essences
01:31:49qui sont invasives ou qui ne sont pas
01:31:51adaptées au climat de la ville. Mais c'est
01:31:53bon pour la biodiversité.
01:31:55Et si on plante plus
01:31:57d'arbres là où il y en a le moins, c'est-à-dire
01:31:59dans les quartiers
01:32:01défavorisés la plupart du temps,
01:32:03c'est juste et équitable.
01:32:05Et il y a plein de
01:32:07mesures comme ça qui ont des co-bénéfices.
01:32:09La plupart du temps, elles sont ce qu'on
01:32:11appelle des solutions fondées sur la nature.
01:32:13Évidemment, ça,
01:32:15je pense que c'est très important.
01:32:17D'ailleurs,
01:32:19pour la première fois,
01:32:21le CNRS a donné une médaille d'or
01:32:23à une écologue
01:32:25qui, justement,
01:32:27travaille et qui est la première à
01:32:29avoir dit qu'une partie
01:32:31des réponses au changement
01:32:33climatique était dans la nature
01:32:35et qu'il fallait travailler sur
01:32:37la nature, c'est-à-dire emmener
01:32:39avec nous tout le monde,
01:32:41bien sûr, mais aussi le règne végétal
01:32:43et le règne animal.
01:32:45On est tous liés et
01:32:47on interagit les uns
01:32:49sur les autres. C'est-à-dire que si on n'avait
01:32:51pas de vers de terre, on n'aurait rien
01:32:53à bouffer comme pour
01:32:55les abeilles.
01:32:57Les abeilles et les vers
01:32:59de terre sont absolument indispensables
01:33:01dans notre système de nourriture.
01:33:03Bien sûr, il y en a qui disent
01:33:05mais on peut faire des choses
01:33:07tout à fait chimiques qui nous apporteront
01:33:09la même chose. Ce n'est pas sûr.
01:33:11Surtout que c'est
01:33:13comme l'histoire des chevaux
01:33:15qui fonctionneront toujours, les chemins
01:33:17de halage qui fonctionneront toujours.
01:33:19Eh bien, si la
01:33:21terre peut toujours nous faire
01:33:23pousser des choses qu'on va manger,
01:33:25on est moins liés
01:33:27à la disparition
01:33:29de l'énergie,
01:33:31des différentes énergies.
01:33:33Tout ça, ça me paraît très important.
01:33:35Il y a quelques années, j'avais pu commander
01:33:37une étude au muséum
01:33:39sur comment
01:33:41préserver et si possible
01:33:43développer la biodiversité dans le quatrième
01:33:45arrondissement.
01:33:47Cette étude a été absolument passionnante,
01:33:49dirigée par Nathalie Machon.
01:33:51Je ne sais pas si vous connaissez,
01:33:53elle a écrit ce livre formidable et sauvage de Maru
01:33:55où elle nous explique que toutes ces herbes
01:33:57folles qu'on voit dans la rue,
01:33:59elles sont ceci, cela, elles viennent de
01:34:01telle époque, elles sont arrivées comment,
01:34:03ici, etc. Ce qui était très
01:34:05intéressant, non seulement parce
01:34:07qu'il nous donnait des pistes de choses à faire,
01:34:09alors bien sûr,
01:34:11il a manqué derrière la volonté politique
01:34:13de faire les choses, mais
01:34:15on avait vraiment les pistes et
01:34:17derrière, ça nous a donné aussi un
01:34:19cadre et je me dis que c'est quelque chose,
01:34:21en tout cas, qu'on pourrait
01:34:23retravailler avec
01:34:25les mêmes méthodes sur
01:34:27un certain nombre de quartiers puisque c'était
01:34:29travailler aussi sur un quartier
01:34:31ancien et dense. Comment travailler
01:34:33sur la biodiversité dans un quartier ancien
01:34:35et dense ? Donc, là-dessus,
01:34:37on a une vraie méthode et
01:34:39on a eu beaucoup de chance. Donc,
01:34:41j'espère qu'un jour, d'autres personnes
01:34:43pourront se saisir de cette méthode.
01:34:45Voilà.
01:34:46On est à Paris Intramuros.
01:34:48Il n'y a pas les mêmes problématiques
01:34:50en banlieue que dans Paris.
01:34:52Pourtant, il y en a des
01:34:54très importantes. Il y a des gens
01:34:56qui font un travail formidable. Je ne sais pas si vous
01:34:58connaissez Banlieue Climat,
01:35:00qui a été reçu ici.
01:35:02Il y a également Omakar Fofana
01:35:04qui travaille
01:35:06l'imaginaire dans
01:35:08les banlieues justement pour ne pas se laisser
01:35:10enfermer parce que pour imaginer
01:35:12ce monde un petit peu différent,
01:35:14on a besoin de bouger quand même dans nos têtes
01:35:16pas mal de choses et les représentations
01:35:18qu'on a justement
01:35:20de nos lieux de vie
01:35:22et des personnes qui y vivent.
01:35:24Je te laisse la parole.
01:35:26Je vous remercie déjà d'avoir parlé un tout petit
01:35:28peu de biodiversité. Moi, ce que
01:35:30je trouve dans tout cet échange
01:35:32en fait, c'est qu'on parle beaucoup d'adaptation
01:35:34humaine et il faut bien
01:35:36se rappeler une chose, c'est qu'on fait partie
01:35:38d'un tout et ça,
01:35:40c'est le centre. C'est le
01:35:42centre et je pense que quand
01:35:44on veut lire le GIEC, on lit
01:35:46Restauration.
01:35:48C'est par là qu'il faut commencer et
01:35:50ça, ça suppose de faire des choix de renoncement
01:35:52effectivement à
01:35:54nous continuer
01:35:56de s'adapter. Peut-être c'est
01:35:58faire des choix de laisser plus d'espace
01:36:00à la nature et pas simplement en mettant
01:36:02des arbres pour
01:36:04profiter quelque part d'eux
01:36:06mais c'est surtout pour leur laisser la place.
01:36:08Ça veut dire sanctuariser massivement.
01:36:10Quand je vous parlais tout à l'heure de faire
01:36:12des initiatives, par exemple,
01:36:14il y a quelque chose que je réfléchis
01:36:16depuis des années, c'est
01:36:18de déposer une demande
01:36:20à l'UNESCO pour protéger la planète.
01:36:22C'est la base.
01:36:24Et pour moi, c'est des choses
01:36:26qui sont faisables. Moi, j'ai porté
01:36:28des initiatives au niveau mondial
01:36:30donc c'est des choses qui sont réalisables mais par contre
01:36:32ça doit venir d'un Etat, ça doit
01:36:34venir de l'institutionnel et ça, ça ne peut pas être
01:36:36porté par les ONG.
01:36:42Bonsoir et merci.
01:36:44Je me pose une question
01:36:46très simple.
01:36:48Je me...
01:36:50Je suis handicapée et je me
01:36:52sens une experte du renoncement.
01:36:54Donc je me
01:36:56demande si
01:36:58on n'aurait pas réfléchi
01:37:00à aller voir les handicapés,
01:37:02qu'on n'interroge jamais parce qu'on s'en fout
01:37:04totalement, et leur demander
01:37:06quelle est leur expertise en renoncement
01:37:08parce que pour le coup,
01:37:10j'ai une super expertise.
01:37:12Bon, tout le monde s'en fout,
01:37:14personne ne le sait et il n'y a que moi
01:37:16qui le sait et voilà.
01:37:18Mais je suis super experte
01:37:20en renoncement parce que j'ai un peu renoncé
01:37:22à presque tout.
01:37:24Et je me dis, mais pourquoi il n'existerait
01:37:26pas un petit groupe
01:37:28à la mairie de Paris,
01:37:30dans le bureau de Manu,
01:37:32quelque part, où il y a
01:37:34un conseil des experts
01:37:36handicapés parce qu'on a un truc en plus
01:37:38que beaucoup d'entre vous,
01:37:40c'est qu'on a
01:37:42vachement appris à renoncer.
01:37:44Voilà, c'était ma réflexion de droite.
01:37:46Merci Carina, merci beaucoup.
01:37:52Je pense aussi que vous êtes
01:37:54expert en adaptation.
01:37:58S'il n'y a pas de questions
01:38:00ciblées,
01:38:02on peut aussi répondre à des questions sur l'adaptation
01:38:04radicale en général, sur le mouvement, etc.
01:38:08Moi je voudrais savoir s'il y a un projet de changer
01:38:10le nom de adaptation radicale,
01:38:12parce que je trouve que ce terme radical,
01:38:14il est contre-productif, il est même repoussoir
01:38:16pour certains,
01:38:18et c'est pas la traduction
01:38:20d'origine.
01:38:22On le trouve aussi déjà
01:38:24dans d'autres dimensions,
01:38:26du développement
01:38:28durable, un bel oxymore
01:38:30aussi, enfin bon bref. Les mots
01:38:32ont des charges importantes
01:38:34et je voudrais savoir si c'est dans
01:38:36les projets du groupe.
01:38:38Je me permets de répondre, pas du tout.
01:38:40On l'assume complètement.
01:38:42Ce choix a été fait
01:38:44parce que la traduction
01:38:46de Deep Adaptation, ça donnait profonde
01:38:48et que du coup
01:38:50c'est pas le choix qui a été fait.
01:38:52La radicalité, comme je l'ai
01:38:54expliqué, c'était dans le sens à la racine.
01:38:56Malheureusement
01:38:58les mots, comme tu dis,
01:39:00véhiculent tout un imaginaire
01:39:02et véhiculent beaucoup de choses, mais par contre
01:39:04on n'est pas obligé
01:39:06de céder à l'imaginaire des autres.
01:39:08On peut expliquer pourquoi on choisit ce mot.
01:39:10On pense...
01:39:12Oui c'est un choix qui a été fait.
01:39:14Un choix c'est renoncer aussi
01:39:16à l'autre possibilité.
01:39:18On se rend compte que le mot résilience
01:39:20est récupéré.
01:39:22Tous les mots en fait sont récupérés
01:39:24et maintenir le choix
01:39:26qui a été fait,
01:39:28c'est un choix,
01:39:30c'est aussi respecter ce qu'ils l'ont fait,
01:39:32pourquoi il a été fait,
01:39:34et puis prendre le temps d'expliquer
01:39:36à ceux qui sont pas d'accord ou en tout cas
01:39:38qui ont besoin d'explication. Je l'ai fait
01:39:40cet après-midi parce que les gens voient
01:39:42dans la radicalité la violence
01:39:44alors que nous sommes tous au violent
01:39:46justement, je crois qu'on n'est pas
01:39:48des énervés. On est des gens
01:39:50qui essayons de penser, même si on est
01:39:52très convaincus, mais on est
01:39:54toujours dans l'échange, on essaye
01:39:56de challenger nos idées, on se
01:39:58trompe et on avance.
01:40:00Mais on avance tout le temps
01:40:02en essayant de penser des choses à la racine
01:40:04sans justement être sûr
01:40:06de nous, parce qu'en fait tout bouge
01:40:08et puis même les connaissances scientifiques
01:40:10elles se
01:40:12renforcent malheureusement, on pourrait
01:40:14espérer autre chose. Peut-être tu peux
01:40:16compléter par rapport à ça ?
01:40:18Je suis pas d'accord avec elle.
01:40:22On finit sur ça, sur profonde, radicale ?
01:40:24Pour moi ce n'est pas une
01:40:26question de ça me plaît,
01:40:28ça me plaît pas, c'est
01:40:30vraiment de trouver une autre traduction.
01:40:32C'est le fait de se sentir
01:40:34appelée. Je suis venue,
01:40:36mais je me sentais pas appelée parce que je ne savais pas
01:40:38ce que c'était. Donc j'étais même un peu
01:40:40j'avais eu même un peu peur
01:40:42quel genre de personnes
01:40:44je vais rencontrer
01:40:46alors que je me trouve très bien.
01:40:48Donc franchement, je vous invite à revoir la traduction.
01:40:50Et il y a d'autres,
01:40:52il y a transformation, profonde transformation,
01:40:54on peut trouver ça.
01:40:56C'est pas du tout une question de choix.
01:40:58C'est une question d'appeler.
01:41:00Appeler les personnes, c'est tout.
01:41:04Moi j'aime beaucoup profonde, personnellement.
01:41:06Je fais partie des membres de l'équipe
01:41:08qui adore adaptation profonde
01:41:10et un peu moins radicale.
01:41:12Mais ceci dit, c'est des choix.
01:41:14On ne peut pas dire autre chose. Il n'y a pas de traduction
01:41:16directe et
01:41:18le bouquin originel dont j'ai parlé
01:41:20au début s'appelle Adaptation radicale.
01:41:22Donc il y a eu un choix qui a été fait
01:41:24avant que notre mouvement presque existe.
01:41:26Donc il y a aussi cet héritage.
01:41:28Est-ce qu'il y a d'autres questions ?
01:41:30Moi j'avais une question
01:41:32plus sur
01:41:34la partie, en fait on a
01:41:36beaucoup parlé d'adaptation technique
01:41:38et un petit peu de démocratie
01:41:40et je voulais savoir si vous aviez quelque chose
01:41:42à dire sur l'entraide et sur
01:41:44justement les sujets plus
01:41:46d'adaptation humaine en tant que société.
01:41:48Alors complètement,
01:41:50là on a
01:41:52utilisé la chance d'avoir des personnes
01:41:54qui avaient une technicité,
01:41:56une connaissance dans certains
01:41:58milieux. Nous on est
01:42:00très divers, on a des compétences
01:42:02diverses et notre vraie force
01:42:04c'est justement de penser
01:42:06dans l'entraide, dans la solidarité,
01:42:08dans l'écoute, qui sont des mots
01:42:10qui sont un petit peu, qui représentent
01:42:12pas mal de choses mais qui pour nous c'est
01:42:14vraiment à la racine en fait.
01:42:16La façon dont Daniel
01:42:18va penser les choses, on n'est pas d'accord sur
01:42:20plein de trucs.
01:42:22C'est la base
01:42:24et l'entraide c'est
01:42:26même dans la nature,
01:42:28puisqu'il y a les exemples
01:42:30on voit que les sociétés
01:42:32qui s'entraident, qui s'organisent, arrivent
01:42:34à être résilientes en fait.
01:42:36C'est notre base et donc
01:42:38il y a le jeu de l'entraide qui
01:42:40est proposé pour justement développer
01:42:42ces sentiments,
01:42:44ces petites expériences
01:42:46en fait d'entraide dans un cadre d'un jeu.
01:42:48Mais bon, ça a déjà le mérite d'exister.
01:42:50En fait, on exclut rien.
01:42:52Moi il y a une réflexion que j'aime bien
01:42:54là-dessus, c'est la déforestation.
01:42:56C'est...
01:42:58Aujourd'hui,
01:43:00on dit aux brésiliens
01:43:02arrêtez de déforester l'Amazonie, c'est mal.
01:43:04En tant que français, qui avons
01:43:06totalement rasé les forêts de notre pays
01:43:08sur les 200 dernières années.
01:43:10Il y a des
01:43:12voix qui commencent
01:43:14à dire, mais si on faisait
01:43:16une sorte de système de compensation.
01:43:18Ceux qui ont déforesté ou ceux
01:43:20qui déforestent payent pour ceux qui sauvegardent
01:43:22leurs forêts. Ça, ça revient à dire
01:43:24quelque part, on converge vers une espèce
01:43:26d'équité mondiale
01:43:28en disant, on veut garantir un niveau de vie
01:43:30à tout le monde, parce que brésiliens
01:43:32vont expliquer qu'ils déforestent pour pouvoir
01:43:34cultiver, pour pouvoir exporter, pour augmenter le niveau
01:43:36de vie de leur population.
01:43:38Est-ce qu'on peut leur reprocher
01:43:40de vouloir augmenter le niveau de vie de leur population ?
01:43:42Personnellement, j'en suis
01:43:44pas certain. Est-ce qu'on pourrait se dire
01:43:46nous, on a déforesté, donc
01:43:48on a augmenté le niveau de vie
01:43:50de notre population, et donc derrière,
01:43:52on va mettre en place des mécaniques
01:43:54de solidarité mondiale ?
01:43:56C'est vraisemblablement la meilleure façon
01:43:58d'arrêter la déforestation. Est-ce que
01:44:00ça sera accepté par le gouvernement français ?
01:44:02C'est une autre question.
01:44:04Mais ça peut être
01:44:06sur la déforestation, comme ça peut être sur
01:44:08le carbone, comme ça peut être sur énormément de choses.
01:44:10Toutes les réflexions
01:44:12économiques de taxe carbone,
01:44:14c'est un petit peu ça qui est derrière.
01:44:16Mais on n'a pas
01:44:18cette réflexion encore à l'échelle de la biodiversité.
01:44:20Et c'est assez
01:44:22dommage, mais
01:44:24là, je vais rejoindre ce que dit
01:44:26Pascal, ça ne pourra venir
01:44:28que
01:44:30d'instances supranationales.
01:44:32C'est des décisions qui...
01:44:34Je pense que jamais
01:44:36le gouvernement français, quel que soit le parti
01:44:38politique, ne dira
01:44:40OK, j'ai déforesté tant, donc
01:44:42tous les ans, je vais faire un chèque de
01:44:44tant au Congo, au Brésil,
01:44:46pour qu'ils protègent leur forêt.
01:44:48Ça ne peut venir que d'au-dessus.
01:44:50Tous les pays
01:44:52regardent leur dette,
01:44:54leur budget, et
01:44:56on n'a pas défini
01:44:58aujourd'hui
01:45:00une cible en équité mondiale.
01:45:02De dire quel va être
01:45:04le niveau cible. Quand on parle
01:45:06d'adaptation, d'atténuation, et qu'on entend
01:45:08ouais, mais nos voitures, on ne consomme
01:45:10pas trop. D'accord. Mais aujourd'hui,
01:45:12tout le monde n'a pas une voiture.
01:45:14Si on est 8 milliards à avoir une voiture,
01:45:16ça ne va pas être très joli longtemps.
01:45:18Donc, qui aura,
01:45:20qui devrait avoir le droit à une voiture ?
01:45:22Toutes ces réflexions-là, elles ne sont pas encore là.
01:45:24Et dans les réflexions d'atténuation et d'adaptation,
01:45:26on va regarder notre échelle.
01:45:28En se disant, on est 8 milliards.
01:45:30D'accord.
01:45:32T'avais fini ?
01:45:34Oui.
01:45:38Non, je voulais juste dire que
01:45:40juste s'intéresser à l'adaptation,
01:45:42au changement climatique,
01:45:44et même s'intéresser à l'atténuation, c'est
01:45:46en soi une démarche d'entraide,
01:45:48parce que ceux qui ont le moins
01:45:50contribué au changement climatique,
01:45:52c'est-à-dire aux émissions de gaz à effet de serre,
01:45:54sont aujourd'hui les plus exposés, les plus vulnérables.
01:45:56Donc, tenter de remédier
01:45:58à ça, c'est déjà
01:46:00de l'entraide pour
01:46:02essayer de réduire ces inégalités,
01:46:04qui sont globalement,
01:46:06à un niveau très large,
01:46:08entre les pays occidentaux
01:46:10et les pays du Sud global,
01:46:12à l'intérieur des pays riches,
01:46:14entre les riches et les pauvres,
01:46:16et puis, enfin,
01:46:18entre les générations.
01:46:20Et donc, ces trois grands types d'inégalités
01:46:22de la contribution, et puis
01:46:24le fait d'être plus victime,
01:46:26s'adapter, c'est essayer de résoudre ça.
01:46:28Donc, c'est de l'entraide entre les générations,
01:46:30c'est de l'entraide entre
01:46:32les grands blocs du monde,
01:46:34et c'est de l'entraide entre les pays,
01:46:36si on y arrive. C'est ça, l'idée.
01:46:42On va terminer là-dessus,
01:46:44on va pouvoir continuer à discuter ensemble
01:46:46autour d'un verre de l'amitié.
01:46:48Je voulais vraiment remercier
01:46:50nos trois intervenants.
01:46:52Merci infiniment d'être venus,
01:46:54parce que, voilà,
01:46:56c'est quand même génial de pouvoir continuer
01:46:58à discuter, d'avoir chacun des choses
01:47:00à apporter. Donc, ça, c'est la démocratie,
01:47:02en fait, c'est le débat.
01:47:04On remercie la Camédie du Climat
01:47:06de nous accueillir, et la Ville de Paris.
01:47:08Et puis, écoutez, si vous voulez bien
01:47:10continuer avec nous, on a un petit coup
01:47:12à boire, et puis on a aussi la suite du programme,
01:47:14un autre jeu de l'entraide entre
01:47:1620h et 22h, ou un repas partagé
01:47:18avec nous. On ne paiera pas le repas,
01:47:20mais on sera contents de le partager avec vous.
01:47:22Merci à vous,
01:47:24et bonne soirée.
01:47:42Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org