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Florence Trémollières, directrice du Centre de ménopause au CHU de Toulouse répond aux questions de Lionel Gougelot.
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00:00 7h-9h, Europe 1 Matin.
00:03 Il est 7h12 sur Europe 1, Lionel Gougelot, vous recevez ce matin le docteur Florence Trémolière,
00:08 directrice du centre de traitement de la ménopause au CHU de Toulouse.
00:12 Bonjour Florence Trémolière.
00:13 Bonjour.
00:15 Merci d'être en ligne ce matin sur Europe 1 pour éclairer nos auditeurs et nos auditrices.
00:19 Sur cette mission parlementaire sur la ménopause annoncée cette semaine par le président de la République Emmanuel Macron,
00:26 vous êtes vous-même à la tête, Florence Trémolière, à Toulouse, du seul centre de traitement de la ménopause en France.
00:33 Dites-nous d'abord pourquoi est-ce si important de faire un état des lieux, comme le suggère Emmanuel Macron,
00:39 sur cette question de la ménopause justement.
00:42 Justement parce que ça touche d'abord toutes les femmes.
00:45 C'est une étape physiologique qui va impacter toutes les femmes.
00:49 Et du fait de l'augmentation de l'espérance de vie,
00:52 il faut prendre conscience que chaque femme va vivre environ 30 ans dans une période de carence hormonale
00:58 qui caractérise justement cette situation de ménopause.
01:02 Donc cette carence hormonale, elle peut avoir un certain nombre de conséquences.
01:05 Et c'est tout à fait normal de s'en préoccuper de ce fait.
01:10 En quoi cela va consister cette mission, Florence Trémolière ?
01:13 Je pense qu'elle va avoir deux volets.
01:15 Un premier volet d'informer les femmes sur justement ce que c'est la ménopause
01:19 et d'étabouiser un tout petit peu ce phénomène qui reste extrêmement péjoratif dans l'imaginaire populaire.
01:26 Pour beaucoup de gens, la ménopause, c'est le début de la vieillesse,
01:30 c'est une espèce d'arrêt de la vie de femme en termes de reproduction.
01:35 Et donc ça reste quelque chose dont on ne parle pas.
01:38 Donc ça, je crois que la première mission, ça va vraiment être d'informer les femmes,
01:42 de ne pas les inquiéter, de les inciter à en parler,
01:46 en parler autour d'elles, en parler avec leurs professionnels de santé,
01:50 et d'arrêter de penser que la ménopause, c'est la fin de la vie de la femme.
01:54 Ça, c'est le premier aspect.
01:55 Le deuxième aspect, c'est également sensibiliser les professionnels de santé
02:00 sur la prise en charge de ce phénomène
02:03 et également reprendre un peu des éléments de formation
02:06 qui ne sont plus présents depuis une vingtaine d'années
02:09 pour des raisons qui seraient peut-être un peu longues à expliquer actuellement.
02:14 - Effectivement, parce que là aussi, il y a un manque en termes de formation du personnel médical.
02:19 Mais dites-nous, Florence Trémolière, les femmes que vous suivez à Toulouse,
02:24 ce sont des femmes qui sont particulièrement en souffrance ?
02:27 - Alors, nous avons beaucoup de femmes qui viennent nous voir.
02:30 On a effectivement beaucoup de femmes qui viennent,
02:32 et du reste, presque de toute la France, parce qu'elles sont en souffrance,
02:36 n'arrivent pas à trouver des praticiens qui répondent à leurs demandes.
02:40 Ça, c'est un premier aspect.
02:41 Et puis, il est vrai également qu'à Toulouse, comme le centre de Ménopause,
02:44 existe depuis une trentaine d'années.
02:46 Nous sommes très attachés au fait de considérer cette étape
02:50 comme le moment idéal pour réaliser un check-up de santé.
02:54 Donc, nous avons un réseau de médecins avec lesquels nous travaillons
02:57 et qui nous envoient des femmes régulièrement,
03:00 sur le seul prétexte, je dirais, de leur début de Ménopause,
03:03 pour faire ce bilan de santé,
03:04 pour savoir s'il y a la nécessité ou pas d'avoir une prise en charge médicale.
03:09 - Alors, quand on parle de Ménopause, on parle des symptômes, évidemment.
03:12 D'abord, quels sont-ils ?
03:14 Et est-ce qu'il y a une inégalité, finalement, entre les femmes ?
03:17 Toutes les femmes ne présentent pas les mêmes difficultés.
03:20 - Bien évidemment, il y a une très, très grande variation interindividuelle
03:24 sur le ressenti de la Ménopause et de ses symptômes.
03:28 Vous avez des femmes qui vont être extrêmement impactées,
03:30 avec notamment des bouffées vasomotrices qui peuvent être très gênantes,
03:34 des troubles du sommeil,
03:35 certaines patientes vont devoir se lever toutes les heures,
03:39 pour se doucher, pour se changer,
03:41 du fait de l'importance des sueurs nocturnes, par exemple.
03:44 Par contre, nous avons des femmes qui n'ont strictement aucun symptôme.
03:47 - Et ça tient à quoi ?
03:47 - Donc, il est hors de question, bien sûr, de proposer la même prise en charge à toutes les femmes.
03:51 - Mais ça tient à quoi, justement, cette différence ?
03:52 C'est hormonal ? C'est génétique ? Pardonnez-moi la question du profane.
03:56 - Oui, mais je veux dire, c'est difficile à en juger.
04:00 Il y a certainement une prédisposition génétique.
04:02 Il y a souvent les filles dont les mères ont eu beaucoup de bouffées de chaleur,
04:07 ont également beaucoup de bouffées de chaleur.
04:09 La date de la ménopause impacte également ces bouffées vasomotrices.
04:13 Souvent, les femmes qui sont ménopausées brutalement,
04:16 qui sont ménopausées un peu précocement, sont beaucoup plus symptomatiques
04:19 que celles qui sont ménopausées, je dirais, à un âge habituel.
04:23 Donc, il y a beaucoup de facteurs qui interviennent et dont on connaît mal encore les déterminants.
04:27 - Est-ce que c'est une pathologie, la ménopause ?
04:32 - Absolument pas.
04:33 C'est une étape physiologique qui touche toutes les femmes.
04:35 Par contre, la carence hormonale, qui est la conséquence de l'arrêt des ovaires,
04:40 elle peut être à l'origine de pathologies,
04:43 ou du moins de favoriser l'émergence de pathologies chez certaines femmes prédisposées.
04:47 - Le problème aussi, d'après ce que j'ai pu lire, Florence Trémolière,
04:50 c'est que l'information des femmes n'est pas suffisante, finalement,
04:54 sur les traitements qui sont envisageables
04:56 pour lutter contre les symptômes dont on évoquait il y a quelques instants.
05:00 - Oui, mais l'information, je pense que le manque d'information, tout au moins,
05:04 elle touche tous les aspects de cette prise en charge.
05:07 Aussi bien les symptômes, certaines femmes ne rattachent pas
05:10 certains de leurs symptômes à ce phénomène de ménopause,
05:13 et bien évidemment, la prise en charge.
05:15 Il y a une crainte importante vis-à-vis des traitements hormonaux,
05:19 qui ne touchent pas du reste que le traitement à la ménopause.
05:21 Ça touche également la contraception hormonale
05:23 ou d'autres aspects d'une prise en charge hormonale.
05:26 On a beaucoup inquiété les femmes vis-à-vis de ce traitement hormonal,
05:29 alors que lorsqu'il est prescrit de manière raisonnée aux femmes qui en ont besoin,
05:34 sa balance bénéficie, ce risque est tout à fait positif en début de ménopause.
05:37 - Alors justement, pourquoi y a-t-il eu ces derniers temps
05:39 une réticence vis-à-vis des traitements aux hormones
05:43 pour traiter justement les effets de la ménopause ?
05:47 - Alors, ça résulte de la publication d'une étude américaine
05:51 il y a maintenant pratiquement 25 ans,
05:54 qui a remis en cause l'intérêt de ce traitement,
05:56 ou tout au moins son iniquité, en particulier vis-à-vis du risque cardiovasculaire
06:00 ou du risque de cancer du sein,
06:02 alors que 25 ans plus tard, nous savons parfaitement
06:05 que les résultats, sans en avoir été complètement biaisés,
06:09 en tout cas ont été mal interprétés,
06:11 et toujours est-il qu'ils concernaient une population
06:14 qui ne correspond pas du tout à la population du début de la ménopause
06:18 que nous avons l'habitude de traiter,
06:19 et également des traitements que nous n'utilisons pas en France.
06:22 - Donc l'objet... - Et à partir de là,
06:24 il y a eu une médiatisation excessive et outrancière de ces résultats,
06:29 qui a impacté dans le monde entier,
06:30 du reste, ça ne touche pas uniquement à la France,
06:33 l'utilisation de ce traitement.
06:34 - D'accord, donc là on parle de traitement quand les symptômes apparaissent,
06:38 mais est-ce qu'on peut agir en termes de prévention
06:41 pour éviter les symptômes handicapants ?
06:43 - Alors la prévention, c'est un petit peu difficile,
06:47 puisque vous ne pouvez pas prédire
06:50 avant que la ménopause s'installe,
06:52 si une femme va ou pas avoir des symptômes.
06:55 Après, effectivement, on préconise qu'il y ait une prévention
06:58 en termes de qualité de vie et en termes de prévention de certaines pathologies,
07:02 ne serait-ce que de votre mode de vie.
07:06 Il est certain que comme cet état peut être caractérisé par une carence hormonale,
07:10 il faut être beaucoup plus attentive à son hygiène de vie,
07:13 activité physique, nutrition,
07:15 éviter tous les toxiques au premier rang duquel figure le tabac.
07:21 Donc effectivement, il y a beaucoup de conseils d'hygiène de vie
07:24 que l'on préconise à cette période de la ménopause.
07:27 Pour autant, ces conseils ne vont pas forcément empêcher la survenue des bouffées vasomotrices,
07:33 par exemple, qui sont les symptômes les plus fréquents au moment du début de la ménopause.
07:38 - D'où l'intérêt, d'où l'importance d'une prise en charge dès que les symptômes surviennent.
07:43 Merci, Florence Trémolière.
07:46 Je rappelle que vous êtes la directrice du centre de traitement de la ménopause
07:49 au CHU de Toulouse,
07:51 et que vous ferez partie de cette mission parlementaire d'information sur la question de la ménopause.
07:57 Merci d'avoir été en ligne ce matin sur Europe 1.
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