• il y a 6 mois
Le réalisateur Artus et les acteurs porteurs de handicap mental de son film à succès "Un p'tit truc en plus" monteront les marches du Festival de Cannes le 22 mai.

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Transcription
00:00 * Extrait de « France Inter » de Marion Lourds *
00:07 Une belle histoire dans le Grand Entretien ce matin avec Marion Lourds, nous avons le
00:11 plaisir de recevoir un réalisateur qui signe son premier film, un petit truc en plus en
00:18 salle depuis mercredi dernier, et c'est déjà un immense succès, un vrai carton inattendu,
00:24 une comédie et un film qui montrent que les choses changent, peut-être en tout cas dans le regard
00:30 que nous portons sur le handicap.
00:32 Le film qui réjouit les Français, c'est comme ça que la presse l'a présenté, un
00:37 petit truc en plus, c'est le titre et pourquoi ça marche, la grande question est posée,
00:44 question réaction amis auditeurs au 01 45 24 7000 sur l'application France Inter.
00:50 Bonjour Artus !
00:51 Bonjour !
00:52 Et bienvenue, bravo !
00:53 Merci !
00:54 Vous êtes sur un nuage ?
00:55 Oui, là je suis sur un nuage malade parce qu'évidemment maintenant je relâche donc
01:00 je tombe malade comme à chaque fois.
01:02 Mais en tout cas c'est complètement fou.
01:05 Où est-ce que vous en êtes d'ailleurs ? On va faire l'anatomie de ce succès Artus
01:09 et on va vous poser des questions auxquelles vous ne pourrez peut-être pas répondre.
01:12 Mais en l'occurrence, le démarrage est incroyable !
01:15 Là, en chiffres, hier on a passé les 1,6 millions.
01:20 1,6 millions de téléspectateurs ? En combien de temps ?
01:25 Spectateurs, du coup pas téléspectateurs, à la télé j'espère qu'on sera mieux à
01:29 la télé.
01:30 Mais en moins de deux semaines puisqu'on attaque le deuxième week-end.
01:35 Donc on devrait dépasser les 2 millions en deux semaines.
01:38 C'est absolument extraordinaire, si on doit le comparer, on a essayé de trouver des points
01:42 de comparaison, les critiques de cinéma sont un peu affolées.
01:47 Il n'y a pas de comédie, on est encore loin des patrons que sont « Bienvenue chez les
01:53 Ch'tis » et « Intouchables » qui sont loin.
01:55 Mais en tout cas, on rêve à faire des scores un peu marquants, c'est cool.
02:01 Bien sûr, et on vous le souhaite ! D'un mot, c'est un film qui a été porté dès
02:05 son lancement par le bouche à oreille.
02:07 On va en parler de ce film.
02:09 Mais vous avez assisté à des projections, qu'est-ce qui plaît autant aux spectateurs
02:13 ? C'est dur, moi j'ai toujours du mal à
02:15 parler de mes films ou de mes projets en disant « C'est bien, c'est cool, c'est
02:19 machin ». Mais ce qui ressort en tout cas, c'est que
02:22 je pense que dans cette époque un peu anxiogène, avec tout ce qui se passe, je pense que c'est
02:26 un film qui fait du bien et qui fait qu'on en sort en se disant « On oublie un peu
02:32 tout ça pendant une heure et demie et on découvre une population qu'on ne voit pas
02:37 souvent, les gens en situation de handicap mental.
02:40 » Donc j'espère que c'est une petite bouffée d'oxygène qui fait du bien.
02:43 Peut-être qu'il faut rappeler un peu l'histoire du film, ces deux braqueurs qui pour s'échapper
02:47 s'incrustent dans une colonie de vacances pour personnes en situation de handicap et
02:50 vont être un peu coincés dans un gîte au milieu.
02:53 Je me fais passer pour une personne en situation de handicap.
02:56 Votre père, Clovis Corniac, dans le film, se fait passer pour votre éducateur en utilisant
03:01 des moyens que nous ne dévoilerons pas pour arriver à vous accompagner dans le bus.
03:05 On rappelle ce pitch pour dire aussi qu'il y a toute une troupe de personnes qui jouent
03:14 dans le film, qui sont véritablement des personnes en situation de handicap.
03:17 Il y en a onze.
03:18 Donc ce ne sont pas des comédiens professionnels.
03:21 Non, je ne voulais pas des acteurs, je voulais vraiment des personnalités.
03:24 C'est vraiment eux dans le film.
03:26 Vous, vous êtes habitué un peu à ce monde-là, mais comment eux vivent ce succès ?
03:30 Ils sont sur un nuage et ce qui est bien, il y a plein de choses qui se passent à côté.
03:36 Par exemple, il y a Orlando, qui est venu parce que j'ai un des rôles principaux, Arnaud,
03:40 qui est fan de Dalida, qui a le tatouage de Dalida sur l'avant-parc.
03:43 Qui vient du papotin ce média ? Non, ce n'est pas lui.
03:45 Lui, il travaille au Café Joyeux.
03:47 Ah, c'est le café, d'accord.
03:48 Il est vraiment fan de Dalida et Orlando était venu à l'avant-première, a adoré le film.
03:54 Donc le frère de Dalida ?
03:55 Le frère de Dalida.
03:56 Donc là, il lui a fait envoyer un coffret avec toutes les affiches et tous les albums
04:01 de Dalida.
04:02 Il m'a appelé hier en me disant "j'ai tout reçu".
04:04 Il était comme un fou.
04:05 C'est tous ces trucs-là qui se passent autour.
04:07 Là, on va à Cannes.
04:08 Ils sont sur un nuage.
04:10 Ce n'est pas un autre.
04:11 C'est-à-dire que le festival de Cannes va vous permettre de monter les marches.
04:15 Quand ça ? Le 22.
04:17 Le 22, on monte les marches avec.
04:18 Avec toute la troupe.
04:19 Il y a combien de comédiens dans ce film ?
04:21 Puisque c'est une vraie colonie de vacances, en l'occurrence, pour des jeunes adultes
04:25 en situation de handicap.
04:26 En tout, on est 15.
04:28 Il y a 11 acteurs en situation de handicap et 4 "classiques", 4 chiants.
04:35 On va dire Clovis, moi et Alice et Céline Grosso.
04:42 Les validistes, en l'occurrence.
04:43 C'est une comédie.
04:44 On rit beaucoup.
04:45 Je le disais, vous allez à Cannes, vous allez monter les marches.
04:48 C'est quelque chose de symboliquement important pour vous ?
04:51 Oui, ça me tenait à cœur depuis longtemps.
04:54 Ça fait longtemps que je dis à la prod, j'aimerais bien qu'on arrive à leur faire
04:57 monter les marches.
04:58 Parce qu'aujourd'hui, il y a quand même beaucoup d'influenceurs qui montent les marches.
05:01 Donc là, j'ai toujours dit, ils ont fait un film, ils ont le droit.
05:04 Même moi, je ne les ai jamais montés.
05:05 Alors qu'il y a des influenceurs qui les ont déjà montés 10 fois.
05:08 Donc j'avais envie qu'ils les montent.
05:11 Et vraiment, ça fait des mois, des mois, des mois que je tâne là-dessus.
05:14 Et maintenant, qu'en plus, le film a ce succès-là, je trouve ça encore plus légitime.
05:18 Et ce qui est bien, c'est qu'ils ne vont pas arriver en mode "c'est qui eux, on
05:22 les connaît pas, les gars sur les marches".
05:24 Mais en mode "putain, c'est l'équipe d'un petit truc en plus".
05:26 Et je suis content qu'ils arrivent un peu en vedette à Cannes.
05:29 Alors après, c'est vrai qu'il y a une tradition à Cannes, c'est que les grandes
05:31 marques prêtent des costumes aux comédiens, aux équipes de films.
05:34 Là, pour l'instant, vous n'en avez pas ?
05:36 Non, écoutez, mais ce n'est pas grave.
05:37 C'est nos costumières du film qui vont leur faire des très beaux costumes et qui
05:40 vont nous faire des très beaux costumes.
05:41 Et ça va être très bien.
05:42 Mais vous comprenez pourquoi ?
05:43 Non, je ne comprends pas pourquoi.
05:44 Là, on nous sort des histoires de quotas en disant "mais on a déjà prêté tous
05:47 nos costumes".
05:48 On a déjà prêté.
05:50 Vous n'y croyez pas ?
05:51 Non, je pense que c'est toujours plus élégant pour une marque d'habiller Brad Pitt que
05:55 d'habiller…
05:56 Artus !
05:57 Non mais en vrai, déjà Artus.
06:00 Et alors encore plus des acteurs en situation de handicap.
06:03 Mais évidemment, déjà Artus.
06:04 Mais vous savez, il y a encore… J'espère que ça va évoluer petit à petit.
06:08 Mais on fait de la comédie.
06:10 Moi, je fais de la comédie.
06:12 On est à Cannes.
06:13 Oui, ce n'est pas le monde naturel.
06:16 Ils aiment bien parce qu'on fait des films qui marchent, qui leur permettent de faire
06:20 des films à plus d'auteur.
06:22 Mais après, on ne mélange quand même pas les torchons et les serviettes.
06:25 Parce que le handicap, c'est vrai que c'est un sujet physique, mental qui a été souvent
06:30 abordé au cinéma.
06:31 Mais il a souvent été sur un registre tragicomique.
06:34 Je pense à Forrest Gump, à Rain Man par exemple.
06:37 Là, vous avez vraiment choisi…
06:38 C'est des valides qui jouent.
06:39 C'est des valides qui jouent.
06:40 Vous avez choisi la comédie parce qu'elle libère.
06:44 Elle libère quelque chose.
06:45 Oui, et parce que…
06:47 Et en écrivant les rôles autour de chaque personnalité, de chaque acteur.
06:52 Oui, justement, comme ce n'est pas des acteurs, j'ai vraiment écrit pour eux.
06:56 C'est eux, les gens qui vont découvrir dans le film.
06:59 C'était aussi une façon de me protéger, de me dire « vous pouvez me reprocher ce
07:02 que vous voulez, vous ne pouvez pas me dire que j'en ai trop fait parce que c'est
07:05 eux pour le coup ». Il est vraiment fan de Dalida.
07:08 Boris aime vraiment se déguiser.
07:09 C'est leur personnalité, c'est eux.
07:12 C'est un film que vous avez réalisé avec très peu de budget, 6 millions 4 pour donner
07:18 un exemple.
07:19 C'est 10 fois moins que le dernier Astérix.
07:20 Et vous avez eu beaucoup de refus de la part des producteurs aussi parce que ce sujet est
07:24 sans doute sensible.
07:25 Vous vous disiez « c'est moins chic peut-être qu'un blockbuster avec Brad Pitt ». Comment
07:31 vous expliquez ce refus ? Et surtout, est-ce qu'aujourd'hui, vous avez des producteurs
07:34 qui vous disent « bon ben, on a peut-être raté le coche, on s'est trompé, on aurait
07:38 dû… » ?
07:39 Alors, ils ne me le disent pas directement à moi, mais ils le disent à mes producteurs.
07:42 Après, je comprends que ça puisse… Honnêtement, je n'en veux pas… À la limite, ceux qui
07:50 m'ont dit « ben, moi, ça va un peu te chier, j'ose pas trop au sujet-là », je
07:54 préfère que ceux qui nous ont trouvé des grandes phrases et des trucs en mode « ah
07:58 non, mais parce qu'on a déjà donné tous nos budgets pour les… »
08:00 Parce qu'on vous l'a dit ?
08:01 Oui, oui.
08:02 On vous a dit très clairement, des producteurs, non, on n'a pas envie de produire un film
08:06 sur ou avec…
08:07 Il y a quelqu'un qui nous a dit « moi, je change de trottoir, quand je les vois,
08:11 ils me font peur, donc je ne vais pas produire un film ». Ah non, mais vraiment, je le
08:15 dis parce que je trouve ça fou, mais tant mieux, tout ce qui se passe, tant mieux, je
08:21 pense que ça prouve que… Voilà, ça va peut-être essayer de faire changer les choses.
08:24 Ce que je trouve bien, c'est que déjà, les associations, il y a beaucoup d'associations
08:27 qui reçoivent de plus en plus de dons et le film a déjà permis à ça.
08:31 Déjà, rien que pour ça, je suis très heureux et voilà, c'est le principal.
08:35 Et vous avez testé votre film, comme le font les humoristes, d'ailleurs les stand-upers,
08:39 avec leur spectacle, c'est-à-dire faire des projections test, des projections essais
08:45 devant des publics restreints.
08:46 Ce n'est pas très très courant en France, mais pourquoi ça ? Qu'est-ce que ça vous
08:49 a apporté ?
08:50 Ah ben pour moi, c'était justement… Moi, je suis humoriste aussi et ça ne me viendrait
08:54 pas à l'esprit d'écrire un spectacle et de monter sur scène sans l'avoir testé.
08:58 Donc, je trouve que pour de la comédie, pour un film, c'est pareil, je ne me voyais pas…
09:02 On ne sait pas le rythme de la vanne, des fois ça se joue à une seconde de plus, une
09:06 seconde de moins, ça me paraissait logique d'écouter la salle et d'entendre.
09:09 Et ça, je le ferai sur tous les films que je ferai si j'en fais d'autres.
09:12 Mais c'est vraiment ce côté "je veux".
09:14 On ne peut pas avoir la science infuse et dire "c'est bon, elle marche cette vanne,
09:17 je la lance comme ça".
09:18 Mais pourtant, quand vous inventez Sylvain, on meurt de rire pour le coup et on laisse
09:22 aux spectateurs qui ont la chance de pouvoir aller voir le film, de se faire leur avis.
09:27 Bonjour Nathalie !
09:28 Oui, bonjour !
09:29 Bienvenue sur Inter !
09:30 Oui, bonjour ! Je suis très émue parce que je suis vraiment une fan d'Inter et puis
09:34 Artus, formidable !
09:35 Merci !
09:36 J'ai vu le film il y a 8 jours, j'ai pleuré, j'ai ri.
09:38 J'ai un fils handicapé d'une quarantaine d'années, je vais revoir le film demain
09:42 avec lui impérativement et je vais sûrement aller le revoir encore après.
09:47 Le handicap est une richesse, franchement, enfin bon, une richesse.
09:52 Un truc en plus !
09:53 Voilà, exactement ! C'est le mot, exactement ! Et bravo Artus, il faut que tout le monde
09:59 le voit, il faudrait que toute la France entière le voit et qu'il monte les marches de Cannes
10:03 sur le tapis rouge.
10:04 Ah ben ça, merci, merci beaucoup, ça me touche beaucoup ce que vous dites et j'espère
10:10 que ça va vraiment plaire à votre fils.
10:12 Merci Nathalie !
10:13 Oui, oui, oui ! Bah écoutez, bravo, bravo, merci, au revoir !
10:17 Merci à vous !
10:18 Au revoir !
10:19 Et bravo ! Ce petit truc en plus, qu'est-ce que c'est justement s'il fallait le définir
10:22 Artus ?
10:23 C'est eux, c'est ce naturel et ce côté sans filtre, en fait c'est un rapport humain
10:30 sain et normal.
10:32 Aujourd'hui, on sait de où on s'est codifié, on s'est mis plein de barrières, plein de
10:36 codes sociaux qui fait qu'on n'ose plus sourire à quelqu'un parce qu'on a peur que ça soit
10:39 mal interprété, on n'ose plus...
10:41 On fait croire qu'on va toujours bien.
10:43 On a le droit de dire qu'on est fatigué, on a le droit de dire qu'on est de mauvaise
10:45 humeur, on a le droit de dire "t'es beau, t'es belle, je t'aime, j'aime bien ta chemise,
10:49 j'aime pas trop ton t-shirt".
10:50 En fait, eux, il y a ce côté "oh non, non, non, il est très bien, il est noir, c'est
10:56 un t-shirt, c'est un tout classique".
10:57 Non mais les joueurs ça fait du bien.
10:59 Ils font des câlins, ils disent "je t'aime" et ça fait du bien.
11:02 On rit beaucoup dans ce film, il y a notamment cette scène qu'on va écouter où Arnaud,
11:08 dont on parlait, qui est fan de Dalida, annonce à votre personnage qu'il l'a dévoilé,
11:15 il l'a démasqué.
11:16 Qu'est-ce que tu fous là toi ?
11:17 Qu'est-ce que tu fous là toi ?
11:19 T'es pas handicapé ?
11:20 Si, si, je ne suis pas handicapé, moi j'ai toujours été handicapé depuis tout petit.
11:25 Bah bah, vous ne le serez pas non ?
11:27 Bah si, moi je crois.
11:28 Bah bah, ça se verra tout de suite.
11:29 T'as raison, je ne suis pas handicapé, je suis de la police.
11:36 En fait, j'enquête sur un mec dans la région.
11:38 T'es pas policier ?
11:39 Bon non, je ne suis pas policier non plus.
11:42 Moi j'ai fait des petites bêtises.
11:44 Du coup, il faut que je me cache là un petit moment.
11:47 Là au moins, tu me dis, là on a une idée.
11:51 Et c'est le début d'une histoire d'amitié, clairement, entre Polo, donc votre personnage,
11:55 et Arnaud, qui va aussi lui apprendre à mimer le handicap.
11:57 Alors il faut sortir sa langue et pencher un peu sa tête sur le côté.
12:00 Oui, il faut un peu de ma gueule quand même.
12:02 Vous arrivez en fait à naviguer entre deux écueils.
12:04 D'un côté, le politiquement correct, et de l'autre côté, l'humour qui serait trash,
12:08 qui serait trop moqueur.
12:09 Comment vous faites ?
12:10 Bah je sais pas, c'est mon humour.
12:12 J'ai toujours fait…
12:13 Voilà, je ne me pose pas la question en fait.
12:15 Je me demande juste, est-ce que c'est drôle ? Est-ce que ça offense les gens avec qui
12:20 je suis ? Non.
12:21 Après, voilà, heureusement, c'est bien reçu et tout.
12:26 Mais c'est comme la première fois que j'ai fait justement Sylvain sur scène, où j'ai
12:29 fait le sketch sur…
12:30 Déculez-le, ce personnage de Sylvain qui est absolument extraordinaire et qui rite
12:33 le film d'ailleurs.
12:34 Oui, après dans le film, il est plus light parce que sur scène, il est un peu plus trash
12:38 quand je l'ai fait avec Jérémy Ferrari au Duos Impossibles.
12:41 C'est un tueur qui a découpé des gens.
12:44 Donc on est un peu plus trash.
12:47 Mais c'est un perso de handicapé mental.
12:50 Et la première fois qu'on le fait, on ne sait pas comment il va être perçu.
12:54 Le sketch sur l'handisport, c'est pareil.
12:56 La première fois, je me suis dit « oh je vais me faire défoncer ». Et en fait, non,
12:58 c'est très bien reçu.
12:59 Mais vous vous moquez quand même de tout le monde.
13:00 Alors pas que dans le film, mais dans vos sketchs aussi.
13:02 Alors, il y a effectivement les personnes handicapées, les gays québécois, les chinois
13:07 qui sont tous faits sur le même modèle.
13:08 Ça c'est dans un de vos sketchs aussi.
13:10 Et le vieux, celui-là, j'ai plus le droit aujourd'hui de le faire.
13:12 On peut rire de tout justement.
13:15 Est-ce qu'on peut rire de tout ?
13:16 Mais moi je pense, pour moi en fait, c'est une force la différence.
13:19 Je trouve qu'aujourd'hui, on est dans une époque où on essaie de nous lisser, de nous
13:22 faire croire qu'on est tous égaux, qu'on est tous pareils.
13:24 Non, au contraire.
13:26 C'est bien qu'on soit différents et qu'il y ait des trucs.
13:28 Et je pense que c'est une force et qu'il faut en rire.
13:30 Parce que voilà, il y a des gros, il y a des petits, il y a des grands, il y a des noirs,
13:33 il y a des blancs, il y a des femmes, il y a des hommes, il y a des...
13:35 Il y a des roux.
13:36 Il y a des gays.
13:37 Et tant mieux, assumons-le.
13:38 Assumons-le.
13:39 Et il y a Sylvain.
13:40 Il y a beaucoup de réactions sur l'application France Inter.
13:45 Elles sont toutes extrêmement enthousiastes.
13:48 Isabelle qui parle d'un film qui nous montre que les normaux ne sont pas ceux qui le croient.
13:53 Parlez vrai et avec le cœur.
13:55 Bravo et merci de revenir à l'essentiel.
13:58 Beaucoup de merci et de remerciements.
14:00 Claudine qui vous dit « Formidable film d'Artus, sensible, drôle.
14:04 On rit avec des personnes porteuses de handicap mais en aucun cas en se moquant d'elles.
14:09 Merci.
14:10 Bonjour, j'ai adoré votre film.
14:12 Il y a quelque chose de veritablement enthousiasmant.
14:16 Et je disais tout à l'heure qu'il y avait eu une du journal le Parisien qui avait dit
14:20 de votre film que c'était un film qui réjouissait les Français.
14:23 Et c'est vrai.
14:24 Merci.
14:25 J'espère.
14:26 Moi, je lis tous les messages que les gens m'envoient sur Instagram.
14:30 Je lis tous les messages.
14:31 Et je trouve ça toujours… les gens sont tellement gentils.
14:36 Et je suis content que le film ait été perçu de la bonne façon et qu'il fasse du bien.
14:41 Alors justement, écoutez le témoignage de Sylvie, auditrice d'Inter.
14:44 Bonjour Sylvie.
14:45 Bonjour.
14:46 Et bienvenue dans le Grand Entretien.
14:48 Alors moi j'interviens.
14:49 Je n'ai pas encore vu le film.
14:50 Je ne sais pas.
14:51 Je ne vous en veux pas.
14:52 Je suis à Narcos.
14:53 Vous serez bientôt une minorité.
14:54 On fait partie d'une troupe de chant théâtre.
15:03 Et on fait intervenir des personnes handicapées d'un foyer.
15:08 Et donc, pour vous dire que ça nous apporte énormément leur gentillesse, leur courage
15:18 pour monter sur scène aussi.
15:20 Et surtout leur joie de vivre.
15:23 Alors si des fois on a des moments de doute au montage de la pièce, ils nous portent
15:30 en fin de compte.
15:31 Merci.
15:32 Et c'est surtout même sur des scènes où il faut qu'ils soient tristes.
15:37 Ils ont toujours les yeux rieurs et c'est très compliqué.
15:41 Mais ils y arrivent.
15:42 C'est vrai qu'il faut toujours leur dire… oui mais là c'est triste.
15:47 Mais ils ont toujours ces yeux rieurs.
15:50 Et donc pour nous, ça nous amène énormément sur le plan humain.
15:55 Je pense que c'est ce que vous décrivez vous aussi sur le plan humain.
16:00 Merci Sylvie pour votre témoignage.
16:02 Axel Arthus ?
16:03 Non mais la réaction c'est qu'il n'y a pas que des gens bien.
16:05 Il y a aussi des cons.
16:06 En fait c'est ça qu'il faut que… Non mais c'est que c'est vraiment des gens…
16:09 Ils représentent la population.
16:10 Parce que souvent on en fait un lot en disant « ils sont tous gentils, ils sont tous mignons ».
16:14 C'est pas vrai.
16:15 Il y a des gens qui portent en vingt-quatre.
16:16 Il y a une vraie diversité.
16:17 Mais oui, ils représentent la société.
16:18 Mais toutes ces personnes qui sont sur l'affiche.
16:20 Juste d'un mot Arthus, quel était votre rapport au handicap avant ? Avant le spectacle,
16:25 avant le film et l'idée même du film ?
16:28 J'ai toujours été, je sais pas, touché.
16:31 J'ai toujours eu envie d'aller de toute façon vers ceux qui étaient un peu toujours
16:34 isolés.
16:35 Et malheureusement ils l'étaient souvent dans les cours d'école et tout.
16:37 Donc voilà, j'ai toujours eu cette attirance.
16:41 Et puis il y a ce côté un peu syndrome de Peter Pan que j'aime bien.
16:43 Où on sent que l'enfance, elle est des fois un peu plus présente, un peu plus longtemps
16:47 chez eux.
16:48 Où là, on devient adulte un peu trop vite.
16:50 En avril dernier, la ministre de l'éducation, Nicole Belloubet, avait dit qu'un élève
16:54 peut être perturbateur parce qu'il a des difficultés dans sa famille.
16:57 Il peut être aussi perturbateur parce qu'il est en difficulté physique ou parce qu'il
17:00 a un handicap.
17:02 Elle s'est excusée depuis.
17:03 Mais vous pensez qu'il y a encore trop de clichés de cet ordre ?
17:06 Oui, je pense qu'il y a… Après aujourd'hui, je trouve qu'on mélange un peu tout.
17:10 On sait plus… On met des noms sur plein de choses.
17:13 Quand j'étais jeune, je pense que j'aurais été peut-être décelé, hyper actif, HPI,
17:17 je ne sais pas.
17:18 Il y a un moment où je pense qu'il faut aussi… Mais même ça, qui choisit d'être
17:22 normand et qui dit « on est normand, on est handicapé ». Moi, je me sens plus proche
17:26 d'un Arnaud qui est fan de Dalida que d'un mec qui a une croix gammée dans le dos, tatoué
17:31 dans le dos.
17:32 Je ne sais pas qui est… Arrêtons peut-être de nommer des choses et laissons vivre les
17:38 gens avec leur différence.
17:39 C'est vrai que ça fait bouger les choses, parce qu'il y a cette tendance au « validisme
17:43 » comme on dit.
17:44 C'est-à-dire le regard des valides sur ceux qui ne le sont pas.
17:48 Vous allez porter la flamme pendant les Jeux Paralympiques ?
17:53 Oui, lundi, je porte la flamme avec Sofiane, qui joue dans mon film, qui est le jeune
17:59 homme qui est en fauteuil.
18:00 On va la porter ensemble.
18:01 J'ai rajouté, j'ai greffé Sofiane à se roler avec moi lundi.
18:05 C'est génial, c'est vraiment une belle histoire.
18:07 Il y a Dalida que vous citiez à l'instant, elle cite Saint-Exupéry et le Petit Prince.
18:11 On ne voit bien qu'avec le cœur.
18:13 Ce serait finalement un peu la morale de l'histoire si on devait en trouver une.
18:18 Oui, c'est un peu cucu, mais ce n'est pas mon style en plus d'être cucu.
18:22 Non, vraiment pas.
18:23 Non, mais je trouve qu'il y a un moment où on a le droit de dire ce qu'on aime,
18:27 qu'on est beau, que la vie est belle.
18:29 Mais là, le reproche que pourraient vous faire certains, c'est de donner une vision
18:33 peut-être un peu idéalisée.
18:34 En fait, on ne voit pas les débordements, on ne voit pas les excès de violence que
18:37 peuvent avoir certaines personnes qui souffrent d'autisme.
18:39 Il y a une vision très solaire au fond avec beaucoup de musique.
18:42 Oui, mais on ne voit pas non plus les excès de violence que peut avoir le personnage d'Alice
18:46 qui est éduque dans sa vie.
18:47 Pourquoi ? Les éduques, on ne montre pas non plus quand on montre une comédie française.
18:54 On ne montre pas le père qui peut des fois mettre des coups de poing dans un mur.
18:58 Comme on a tous des...
19:00 On ne montre pas forcément...
19:02 Là, je n'avais pas envie de montrer ça.
19:03 J'avais envie de montrer un film joyeux, solaire.
19:05 On a tous une part plus sombre.
19:10 Mais pourquoi la montrer ?
19:11 Là, en tout cas, je n'avais pas envie.
19:12 Ce n'était pas l'idée.
19:13 Non, ce n'était pas ça.
19:14 C'était de montrer justement que là, c'est un film de joie.
19:17 Il y a assez de trucs anxiogènes.
19:19 Je vais laisser ça à la presse et au monde et à ceux qui préfèrent prôner des choses
19:26 un peu plus mauvaises.
19:27 Et ça fait du bien.
19:28 Et vous n'avez peur de rien.
19:30 Dans ce film, il y a un des pensionnaires qui s'appelle Gat qui porte une kippa.
19:33 Il est handicapé.
19:35 Et votre personnage, Sylvain, dit "Ah bah lui, il n'est pas rancunier".
19:38 Vous jouez aussi avec la religion, même avec ce contexte.
19:41 Il n'est pas rancunier.
19:42 Mais oui, mais je continuerai toujours parce que le contexte, il y aura toujours...
19:46 Ça ne va pas se régler demain.
19:47 Les conflits, malheureusement, ne vont pas se régler demain.
19:49 Donc si je commence à enlever les vannes en me disant "oui, mais parce qu'il y a des
19:53 conflits", malheureusement, il y en aura toujours sur tous les sujets.
19:55 Donc je vais continuer à faire des vannes.
19:57 Continuer à faire des films, ce petit truc en plus.
20:00 C'est déjà un succès.
20:02 Et on vous souhaite le plus beau succès possible.
20:06 Le ciel est la limite.
20:07 Écoutez, je...
20:08 Voilà.
20:09 Moi j'ai un petit objectif personnel.
20:11 Non mais c'est qu'il y a le record du premier film qui est détenu par l'arnaqueur qui
20:16 a 3 millions 7.
20:17 Qui était un premier film.
20:18 Donc j'aimerais bien avoir ce petit record du premier film.
20:22 Ce serait un petit objectif personnel.
20:24 On vous le souhaite.
20:25 Merci Artus et juste après la pub, la revue de presse !

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