"Le Deuxième acte" de Quentin Dupieux : Ça lui va bien de moquer les acteurs
Le film fait l'ouverture du Festival de Cannes 2024 et sort en salles le mercredi 14 mai.
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00:00C'est le troisième long-métrage de Quentin Dupieux qui sort sur nos écrans en moins d'un an.
00:03Le deuxième acte qui fait l'ouverture du Festival de Cannes.
00:07Pourquoi c'est une bonne idée ? Parce que c'est un film sur les acteurs.
00:10Alors l'histoire du film, c'est l'histoire de mon personnage, David,
00:14qui est un homme très séduisant, très convoité.
00:18Mais je ne préfère pas vous en dire plus parce que je débrouillerais trop.
00:20Non, non, non, non, pardon, non, non, l'histoire du film, c'est l'histoire de mon personnage.
00:24C'est un film très étrange dont les premières minutes sont un tout petit peu effrayantes, j'ai trouvé.
00:29On voit Louis Garel et Raphaël Kenard qui déambulent dans la nature.
00:33En même temps, la caméra les suit dans l'entrave ligne arrière.
00:37Ils marchent, ils marchent, ils marchent.
00:39Et très vite, on se dit mais où va ce film ?
00:42Et c'est tout l'intérêt des films de Quentin Dupieux.
00:44On ne sait jamais vraiment où ils vont, mais ils vont quelque part.
00:46Et ce n'est jamais là où on l'attend.
00:47Alors là, effectivement, il décide de parler des acteurs avec des stars.
00:51Louis Garel, Raphaël Kenard, Vincent Lindon, Léa Seydoux.
00:54Ils jouent a priori un mauvais film, mais il n'y aurait pas peut-être un film dans le film.
01:00Et puis, qui est le metteur en scène de ce drôle de machin ? Mystère.
01:04Quentin Dupieux a souvent eu du mal avec les acteurs.
01:06Des fois, il ne les faisait même pas parler du tout.
01:07Et là, ça fait quand même deux films où il a vraiment beaucoup de plaisir à être avec eux,
01:11quitte à être un petit peu taquin quand même, à se moquer un petit peu de leur manie, de leur névrose.
01:16Et là, le film, comme l'a dit Marie, voilà, c'est un grand film de Dupieux
01:20parce qu'on est constamment surpris par ce qu'on voit, par ce qu'on découvre.
01:23Marie a parlé des quatre stars qui sont dans le film.
01:25Elles sont toutes les quatre absolument formidables.
01:27Et je mettrais peut-être un petit peu au-dessus du lot Vincent Lindon,
01:30qui peut être un peu agaçant parfois.
01:32Là, il est extraordinaire dans un rôle qui n'est pas si éloigné de lui,
01:36avec son côté un peu donneur de leçons, un peu vieux schnock d'une certaine manière,
01:40dont il s'amuse avec vraiment beaucoup d'ironie et une certaine élégance, je l'avoue.
01:46Mais il va quand même assez loin là-dedans.
01:47Mais à côté de ces quatre stars, il y a un acteur totalement inconnu et pour cause,
01:51parce que c'est la première fois qu'on le voit sur un écran.
01:54Il a fait beaucoup, beaucoup de...
01:55Il y a peut-être quelques apparitions comme ça, mais il passait inaperçu.
01:57Il s'appelle Manuel Guillot et c'est un personnage assez important dans le film.
02:01Vous le découvrirez déjà parce que c'est la première scène, elle est pour lui.
02:04Et la dernière aussi.
02:05Manuel Guillot, il crève l'écran.
02:07Il est aussi formidable que les quatre stars qui l'accompagnent.
02:10Non, mais n'écoutez pas ce qu'il raconte.
02:12Je veux dire, tout s'articule autour de mon personnage, Florence.
02:15Je veux dire, sans elle, il n'y aurait pas l'ombre d'un début d'histoire.
02:19D'ailleurs, le film a failli s'appeler Florence et les garçons.
02:21Non, mais sans déconner, fermez vos gueules un peu là.
02:24Le vrai héros, c'est moi.
02:26C'est mon histoire.
02:28C'est tout.
02:30Ce que j'aime beaucoup dans le film, d'abord, c'est qu'il est extrêmement drôle,
02:33mais vraiment drôle, drôle, c'est-à-dire drôle, on rit tout fort.
02:37Mais en même temps, derrière son côté plutôt vachard sur les acteurs,
02:41je trouve que c'est un film qui ne cède jamais à la facilité,
02:43c'est-à-dire qu'on y retrouve à peu près tous les clichés
02:46qu'on pourrait trouver sur les acteurs.
02:48Ils sont prétentieux, ils sont tout le temps rivaux, ils se la pètent.
02:52Mais évidemment, comme le gars est brillant, ça se retrouve sous une forme
02:56un peu vertigineuse, réfléchie, inattendue.
03:00Il y a quand même une prouesse de mise en scène dans ce film.
03:03Il marche de face dans une nature qu'on ne voit presque pas.
03:06On voit essentiellement le ciel et eux un peu en contre-plongée comme ça.
03:11Et ce qui est complètement fou, c'est la durée de ces séquences de traveling.
03:15J'ai cru comprendre que le Guinness des records était venu sur le tournage
03:19pour homologuer un record du plus long traveling du monde.
03:21J'espère que ça nous sera confirmé.
03:22On parle de 650 mètres et ça produit une espèce d'étrangeté,
03:26une espèce de bizarrerie à l'écran qui est absolument d'abord
03:30déconcertante et fascinante.
03:31Oui, Marie l'a très bien dit.
03:33Le traveling est l'élément stylistique de base du deuxième acte,
03:36ce qui est là aussi un peu nouveau chez Dupieux.
03:38Ça fait plusieurs films qui tentent beaucoup, beaucoup de choses sur la mise en scène.
03:41Et alors là, c'est un parti pris quand même assez difficile.
03:43Et puis, le film a été tourné très, très rapidement,
03:45comme d'habitude avec lui, en 15 jours.
03:47Et alors, non seulement il marche, il faut les accompagner,
03:50mais ils ont eu des tartines de textes quand même assez conséquentes.
03:54Et le tout est très fluide.
03:56Ça marche super bien.
03:57Et en fait, les plus vieux cinéphiles se rappelleront
04:00un grand traveling qui date d'il y a plus de 50 ans.
04:03C'était le traveling de Weekend de Godard, qui était pareil.
04:06Voilà où on suivait Jean-Yann sur des centaines de mètres comme ça.
04:11Je pense que Dupieux y fait référence.
04:12Verdict ?
04:13Alors, en plus d'être un film d'ouverture idéal pour le Festival de Cannes,
04:17c'est vraiment un film passionnant.
04:19J'ai dit le deuxième acte.
04:20Oui, très bien.
04:21Un film d'ouverture du Festival de Cannes qui fait 1h20, c'est très bien.
04:25Et le deuxième acte, c'est vraiment très bien.
04:27Je vais me permettre, Guillaume,
04:29l'histoire du film, elle se concentre surtout sur la trajectoire,
04:33disons, de Willy, qui est mon personnage, qui est un jeune plein de tonus
04:38et qui va vivre tout un tas de retournements plutôt incroyables.