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00:00 6 9 France Bleu Saint-Etienne Noir, restons connectés.
00:04 7h45, on vous écoute ce matin Sébastien sur la présence de produits chimiques dans notre agriculture.
00:10 Et avez-vous parfois le sentiment de mettre votre santé en danger quand vous regardez votre assiette ?
00:16 On vous pose la question après cette tribune récemment publiée par des confrères dans le journal Le Monde,
00:22 par un collectif de chercheurs, ils dénoncent la décision du gouvernement de rétro-pédaler sur le contrôle des produits phytosanitaires.
00:29 C'est le choix selon eux du cancer.
00:32 Et on veut votre avis, vous nous le donnez, vous nous appelez dès maintenant au 0477 10 0 0 10.
00:38 Et bonjour Renaud Domas, conseiller régional Europe Ecologie Les Verts pour la Haute-Loire,
00:42 également maraîcher bio dans ce département de la Haute-Loire.
00:45 On va avec vous revenir sur cette dernière mouture du plan Eco-Phyto,
00:49 mais d'abord cette manifestation à laquelle vous participiez ce week-end,
00:53 vous étiez à Billon dans le puits d'Omain, à quelques kilomètres de la frontière altiligérienne,
00:58 contre le projet de construction de deux méga-bassines.
01:01 Quel est le problème pour vous Renaud Domas avec cette idée de stocker l'eau
01:06 pour permettre un meilleur arroisage des cultures ?
01:09 - Il y en a plusieurs des problèmes.
01:11 Le premier c'est que c'est pour essentiellement la production de maïs grain,
01:18 donc un produit d'exportation, alors qu'aujourd'hui on a besoin de relocaliser l'économie agricole.
01:25 On ne sait pas aujourd'hui quels sont les besoins, par exemple en terre,
01:29 pour nourrir la population de Clermont, et du coup pourquoi pas définir ensemble démocratiquement les usages de l'eau.
01:36 On sait aussi que de nombreux villages sont alimentés par citerne dans le puits d'Omain aujourd'hui,
01:43 alors qu'il y a une nappe alluviale, alors qu'il y a la source volvique pas loin,
01:47 ce qui paraît être complètement aberrant,
01:50 c'est que ce choix de continuer à aller dans le mur pour un système agricole
01:56 qui utilise énormément d'intrants, des engrais, des usages de pesticides,
02:03 on en reviendra là-dessus tout à l'heure, c'est un système qui va dans le mur.
02:08 - Mais justement ça ne peut pas aider d'avoir ces bassines qualifiées de méga bassines,
02:12 14, 18 hectares, ce serait les plus grosses de France.
02:16 - C'est ça, c'est bien ça. - C'est seulement au stade de projet pour le moment,
02:20 si elles venaient à être construites, ces bassines seraient les plus grosses de France,
02:23 plus grosses même que celles de Saint-Sauline,
02:26 en quoi est-ce que ça ne peut pas aider finalement nos agriculteurs à produire, même raisonnablement ?
02:33 C'est juste pour lutter contre la sécheresse, ou justement ça peut aggraver ce problème ?
02:38 - Alors, déjà il y a des solutions techniques, qui sont notamment des maïs population,
02:44 qui ne sont pas des maïs hybrides faits pour l'exportation de semences,
02:49 on parle là de Limagrain, qui est le 4ème semencier mondial,
02:53 qui exporte du coup du grain à destination d'être ressemé pour produire du maïs.
02:58 - Donc ce que vous dites c'est qu'on n'a pas besoin de ces grosses bassines pour produire ce dont nous on a besoin,
03:01 c'est ce que vous expliquez ce matin. - Exactement.
03:04 - Et c'est ça qui vous embête en fait, environnement ? - Il y a beaucoup de choses qui m'embêtent.
03:09 En fait on a l'heure des choix, il n'y a pas assez d'eau.
03:14 Les études, notamment les études HMUC, Hydrologie, Milieu, Usage, Climat,
03:18 qui permettent d'avoir une perspective sur quelle est la ressource, comment le climat va évoluer,
03:23 quels sont les usages sur un territoire,
03:25 ces études montrent qu'il faut déjà aujourd'hui baisser les prélèvements en eau,
03:29 pour pouvoir donner accès aux trois priorités.
03:33 La priorité numéro 1 c'est l'eau potable, la priorité numéro 2 ce sont les milieux naturels,
03:38 et là on parle de captage dans l'allier,
03:41 la rivière allier permet de remettre de l'eau dans la nappe alluviale,
03:48 qui permet justement aux gens de s'approvisionner.
03:51 - Donc le monde à l'envers, on va en fiette piocher là où on n'a pas d'eau,
03:55 on n'est pas du tout en train de récupérer de l'eau de pluie par exemple.
03:57 - Oui, pas du tout. Et là, par exemple à Saint-Soly l'année dernière,
04:01 on parlait de réserve de substitution,
04:04 réserve de substitution c'est le fait d'aller prendre de l'eau,
04:07 en hiver, pour éviter d'en utiliser plus en été.
04:12 Là ce n'est même pas des réserves de substitution,
04:14 ces méga bassines vont prendre de l'eau en hiver,
04:18 mais pour arroser plus en été.
04:20 C'est pour ça que l'agence de l'eau ne finance pas ce projet,
04:23 et qu'il y a quand même 70% de financement public sur ces projets,
04:29 et il reste à charge 300 000 euros en moyenne par agriculteur,
04:35 et sur ces 300 000 euros par agriculteur qui vont investir,
04:41 il faut savoir que sur les 20 dernières années,
04:43 ces bassines auraient été remplies pendant 6 années.
04:48 Donc ça veut dire que cet investissement n'est même pas rentable,
04:51 et le PDG de Limagrin le dit lui-même, c'est court-termiste,
04:55 ça va nous permettre de peut-être profiter de ça encore quelques années,
05:00 dans la vue, dans le projet de trouver de nouvelles solutions.
05:03 - Et vous n'êtes qu'au début de votre mobilisation.
05:05 L'autre grande problématique de notre temps, Renaud,
05:08 c'est l'utilisation des pesticides dans notre agriculture,
05:11 on devrait les réduire, on devait les réduire de moitié d'ici 2030,
05:15 mais dans son dernier plan éco-phyto,
05:17 le gouvernement recule un petit peu sur la question, qu'en pensez-vous ?
05:20 - Il recule parce qu'il change de thermomètre,
05:23 il casse le thermomètre qui était celui qui était utilisé depuis 2008,
05:27 le NODU, qui était un indicateur franco-français.
05:31 - C'est très technique, mais très concrètement,
05:34 que dites-vous de ce dilemme ?
05:35 Est-ce qu'on est vraiment là-dedans ?
05:38 On est obligé de produire plus avec des produits,
05:42 et en même temps de mettre notre santé en danger,
05:45 est-ce que vous avez l'impression qu'on met notre santé en danger ?
05:49 - Oui, c'est un très mauvais signal,
05:51 puisque le fait de dire qu'on va encore reculer le temps d'adaptation,
05:57 vous savez que les pesticides aujourd'hui,
05:59 il y a beaucoup de maladies qui sont reconnues,
06:02 d'ailleurs des maladies professionnelles,
06:03 qui touchent directement les agriculteurs eux-mêmes,
06:06 ce sont la maladie de Parkinson, ce sont des lymphomes,
06:09 ce sont les cancers de la prostate,
06:11 donc tous ces éléments font qu'on se rend bien compte que
06:15 la FNSEA, qui trompe par ailleurs les agriculteurs,
06:20 puisqu'ils ne défendent pas les agriculteurs, la FNSEA,
06:24 ils défendent le système agro-industriel.
06:27 - Il faut bien nourrir les Français,
06:30 vous par exemple, sur votre exploitation maraîchère bio,
06:33 et ce sera malheureusement votre dernière réponse,
06:35 M. Domas, là en Haute-Loire, où vous travaillez,
06:38 est-ce que votre travail suffit finalement pour nourrir
06:41 la population, ne serait-ce que française ?
06:43 - Écoutez, nous sur notre exploitation,
06:46 ce qu'on vise c'est d'utiliser le moins d'intrants possible,
06:49 pas de pesticides, pas d'engrais,
06:51 et on vise à alimenter directement la population locale,
06:55 ce qu'on arrive à faire en tirant un revenu à peu près
06:58 correct de notre travail.
06:59 Là, la grande loi d'orientation agricole vise la souveraineté alimentaire,
07:03 et c'est complètement faux, puisque ce système
07:05 qui est la fuite en avant d'utilisation d'intrants,
07:08 nous fait dépendre des produits chimiques, du pétrole,
07:12 et des engrais qui viennent par ailleurs de différents pays,
07:17 parfois en guerre, et parfois pas terrible d'usage.
07:20 Donc on est bien loin de la souveraineté alimentaire
07:22 en allant vers ce système.
07:23 - Alors vous, remercie d'être venu en parler de tous ces sujets
07:26 qui touchent évidemment l'agriculture moderne en France.
07:28 Merci beaucoup Renaud Domas,
07:30 conseiller régional Europe Ecologie Les Verts en Haute-Loire.
07:34 Vous êtes également maraîcher bio au quotidien en Haute-Loire.