Le directeur du CHU de Caen fait le point sur la construction du nouvel hôpital. Pour l'heure tous les indicateurs sont au vert : le délai avec une entrée en service en 2027 et le budget maintenu à 600 millions d'euros malgré l'inflation
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 Le 6/9, France Bleu Normandie
00:03 8h15, bienvenue, si vous nous rejoignez sur France 3 et France Bleu Normandie,
00:08 notre invité du 6/9 Didier est ce matin le directeur du CHU de Caen, Frédéric Vernier.
00:12 Frédéric Vernier, bonjour.
00:14 Un point d'étape a été fait hier sur la construction du nouveau CHU,
00:18 les délais, les factures, est-ce que pour l'instant on est bien dans les clous ?
00:22 Je vous le confirme, les délais sont tenus, on aura une livraison de bâtiment fin 2026,
00:27 un démarrage opérationnel début 2027 et les travaux se passent bien.
00:31 Le budget, 600 millions d'euros, ça n'a pas débordé ?
00:34 600 millions d'euros, ça n'a pas débordé malgré l'inflation.
00:37 Vous l'avez dit, livraison fin 2026, on entre en service en 2027,
00:41 est-ce que ça veut dire qu'entre les deux il y a une phase cruciale d'homologation ?
00:45 Alors au moment de la livraison du bâtiment, effectivement vous vérifiez que ce que vous avez commandé,
00:49 ce qu'on vous a livré correspond à vos attentes et qu'il n'y a pas d'erreurs, de vices cachés, etc.
00:53 pour être sûr que l'exploitation du bâtiment soit dans de bonnes conditions.
00:56 Sur un bâtiment de cette ampleur, ça prend plusieurs semaines, parfois plusieurs mois.
01:00 Et avec un enjeu sanitaire particulier ?
01:02 Et avec un enjeu sanitaire particulier, donc on vérifie tout pour faire simple,
01:05 être sûr que tout va bien se passer.
01:07 Et si on observe des choses qui ne nous vont pas, il faut lever ces observations avec les entreprises,
01:11 donc ça prend là aussi du temps et c'est uniquement une fois qu'on a fait cette phase-là qu'on peut commencer le déménagement des équipes.
01:17 D'où l'explication du fait qu'entre la livraison du bâtiment en 2026 et mi-2027,
01:24 on ait un petit peu de temps avant de déménager.
01:27 Une fois qu'il sera opérationnel cet hôpital, ce qui ressort, c'est qu'on inverse le ratio chambre individuelle et chambre partagée.
01:36 85% de chambre individuelle, pourquoi ? C'est une demande des gens aujourd'hui ?
01:40 Alors je vous le confirme, effectivement les gens préfèrent la chambre individuelle,
01:43 c'est un mouvement qu'on observe partout en France, dans tous les nouveaux hôpitaux qui sortent de terre,
01:46 on a plus de chambre individuelle, donc 85% c'est un chiffre important,
01:49 c'est l'exact inverse de ce qu'on a aujourd'hui, aujourd'hui on a plutôt 85% de chambre double.
01:53 Et puis une deuxième raison pour laquelle on préfère avoir plus de chambre individuelle,
01:56 on l'a vu pendant le Covid, quand on a des virus ou des pathologies respiratoires,
02:00 c'est plus facile à gérer, on évite les contaminations, donc on préfère avoir des chambres individuelles.
02:05 Est-ce que ça coûte plus cher d'avoir autant de chambres individuelles par rapport à des chambres partagées ?
02:09 Est-ce que c'est un luxe ?
02:11 Ce n'est pas un luxe, parce que vu ce que je viens de vous dire, on est content parfois d'avoir des chambres seules,
02:15 et encore une fois on a des chambres doubles aujourd'hui, qui sont occupées que par un seul patient,
02:19 parce que ce patient est contagieux, donc en réalité si on est pragmatique, il vaut mieux avoir plus de chambres individuelles.
02:24 En revanche, évidemment ça coûte plus cher parce que ça prend plus de surface.
02:27 On va parler également de nombre de lits, 1400 à l'origine, il devait y en avoir un petit peu moins,
02:33 grosso modo on garde le même ratio, pourquoi on a retenu des leçons du Covid là aussi ?
02:38 Alors effectivement, quand j'ai pris mes fonctions il y a cinq ans maintenant,
02:41 on était sur une baisse prévisionnelle de 200 lits dans ce projet,
02:45 qui a été totalement revu, et on est sur une stabilité du capacitaire.
02:49 A l'époque lorsque le programme avait été conçu, effectivement la baisse de lits s'est expliquée par le développement de ce qu'on appelle l'ambulatoire.
02:55 On pensait qu'on aurait moins besoin de lits. La crise Covid nous a fait revoir un petit peu ces constats,
02:59 et donc on a repris l'ouvrage du calcul de nos besoins, et quand on a fait ce travail là ensemble avec les professionnels de la santé,
03:05 on s'est dit qu'il ne fallait pas baisser le nombre de lits, donc on a revu le programme pendant la période Covid,
03:09 et on a maintenu ce capacitaire en créant un état supplémentaire, etc.
03:14 - 8000 salariés, c'est à peu près le volume de personnel au CHU,
03:20 est-ce qu'il y a toujours des difficultés à recruter, parce que l'hôpital public n'attirait pas ces dernières années ?
03:25 - Ça reste compliqué, je vous disais il y a un an je crois, quand j'étais déjà votre micro,
03:30 que nous avions près d'une centaine de postes vacants, on n'est plus qu'à une trentaine de postes vacants,
03:34 principalement la nuit, sur le métier infirmier, ce qui veut dire que les plans d'attractivité qu'on a lancés fonctionnent,
03:39 on observe un frémissement et pourquoi pas ?
03:41 - Les plans d'attractivité, c'est des mesures qui permettaient, je l'avais exposé à l'époque,
03:45 c'était de proposer d'emblée des CDI aux personnes que nous embauchons, d'améliorer leur condition de travail,
03:50 d'augmenter le nombre de places de crèche, etc.
03:52 Donc un certain nombre de mesures qui permettent au personnel de mieux exercer à l'hôpital,
03:56 et puis il y avait aussi l'idée de renforcer les poules de remplacement,
04:00 pour éviter de rappeler les gens lorsqu'ils sont en congé ou en week-end, et ça c'est important.
04:04 - Et ça on ne le fait plus aujourd'hui ?
04:06 - On le fait beaucoup moins, parce qu'effectivement on a étoffé les poules de remplacement,
04:09 c'est-à-dire que quand quelqu'un est absent, on ne rappelle pas, on mobilise les poules de remplacement.
04:12 Ça c'est quelque chose de très important.
04:14 Je ne dis pas que c'est dans 100% des cas, mais en France c'est énormément amélioré sur ce point.
04:18 Et on a recruté sur les postes vacants, ce qui fait qu'on a moins besoin de rappeler les gens aussi.
04:22 Le problème, enfin le sujet qui nous reste à traiter aujourd'hui, sur lequel on travaille, c'est la nuit.
04:26 La nuit reste un sujet en matière d'attractivité.
04:29 De jour, on a quasiment plus de postes vacants aujourd'hui au CHU.
04:31 - Du mal à recruter pour la nuit, donc vous nous dites.
04:34 Dans quelques semaines, le 80e anniversaire du débarquement, on va recevoir ces vétérans qui viennent de loin,
04:41 d'Amérique du Nord par exemple.
04:44 Est-ce qu'il y a une veille particulière pour ces personnes à la santé fragile ?
04:47 - Alors c'est plus qu'une veille. Le CHU est mobilisé à deux titres.
04:50 D'une part, il a des équipes, le SAMU principalement, et aussi des élèves infirmiers
04:53 qui seront sur les lieux de commémoration pour assister à l'ensemble du dispositif
04:57 en cas de difficultés sur les lieux de commémoration.
04:59 Ça c'est le premier point.
05:00 C'est principalement le SAMU du CHU qui est mobilisé dans ce cadre-là avec des équipes déportées.
05:04 Et puis le CHU, pendant les journées de commémoration, dédie des plages,
05:08 se prépare à l'accueil de vétérans, mais pas que, toutes les personnes qui sont présentes aux manifestations,
05:13 dans l'hypothèse où il y a besoin d'en accueillir.
05:15 Donc on a des plages réservées aux blocs opératoires, on a renforcé les équipes aux urgences, etc.
05:19 On donne pas mal de services pour être prêt dans l'hypothèse où il y a besoin d'accueillir des patients.
05:24 - Là aussi, c'est ce qu'on avait fait déjà en 2019, l'hôpital se prépare aussi à cet événement.
05:29 - Tout à fait.
05:30 - Enfin, tôt dernière question, l'actuel tour du CHU.
05:33 Je sais que vous n'avez pas la main sur la décision finale,
05:35 mais on a une chance de la garder ou pas ? Qu'est-ce qui se dit actuellement ?
05:38 - Alors, là encore, il n'y aura pas de scoop pour vous ce matin sur ce sujet.
05:43 Pas de décision prise, pas d'orientation à ce stade.
05:45 Simplement, on a commencé à conduire des études techniques afin d'évaluer les possibles.
05:51 Si on détruit, si on la garde, si on la reconvertit.
05:54 On va faire des scénarios.
05:56 Et ces scénarios, ensuite, seront discutés dans un temps plus lointain.
06:00 Parce qu'on est encore dedans pour 2 ou 3 ans, donc on a encore le temps de réfléchir quand même.
06:04 Mais ces décisions seront prises en leur temps.
06:08 - En tout cas, on va mettre des chiffres derrière chaque hypothèse.
06:10 C'est ce que vous nous dites ce matin sur France Bleu.
06:13 Merci beaucoup Frédéric Varnier, directeur du CHU de Caen.
06:16 Invité France Bleu, France 3. Bonne journée.
06:17 - Merci à vous.
06:18 - Merci à notre invité à retrouver bien sûr en podcast sur francebleu.fr.