Alors que la commission d'enquête publique vient de rendre un avis favorable pour l'implantation de treize éoliennes dans la vallée de l'Ouche, la Ligue de protection des oiseaux s'y oppose fermement. Une des bénévoles, Pascal Mariton, était l'invité de France Bleu Bourgogne le mardi 14 mai.
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00:00 Vous sur France Bleu et France 3.
00:01 - Pascal Mariton, dans ce dossier, votre association, la Ligue de Protection des Oiseaux,
00:06 a donné son avis, s'est même longuement exprimé.
00:10 Qu'est-ce qu'elle a dit justement ?
00:12 - Alors on a émis un avis clairement défavorable.
00:16 Et je dirais que ce projet pour nous est l'exemple type de ce qu'il ne faudrait pas faire en fait.
00:21 - Pourquoi ?
00:21 - Alors, on a un projet où on prévoit l'implantation de 13 éoliennes en forêt déjà,
00:27 ce qui veut dire une perte d'habitat pour un certain nombre d'espèces
00:30 et le défrichement de plus de 10 hectares quand même.
00:33 On est à l'intérieur d'une zone de protection spéciale,
00:37 donc une zone naturelle 2000 mis en application de la directive Oiseaux,
00:42 avec des espèces emblématiques et extrêmement rares pour la Côte d'Or.
00:47 Et puis à proximité immédiate, on a également deux sites d'intérêt régionaux pour les chauves-souris,
00:53 avec notamment la grotte du Bel-Affreux.
00:55 Donc quand on regarde bien, en termes de richesse sur le département,
01:01 c'est sans doute un des endroits qui offre la plus grande richesse en matière de biodiversité.
01:05 - Donc en gros vous avez dit "non, ce projet ne peut pas se faire parce qu'il aura un impact négatif sur la biodiversité".
01:11 Pourtant, l'étude d'impact faite par la commission d'enquête ne dit pas ça. Pourquoi ?
01:17 - Alors, je vais dire clairement une divergente appréciation sur le sujet.
01:21 Nous on considère qu'au terme de ce qu'on appelle la séquence "éviter, réduire, compenser",
01:26 l'impact sera fort, restera fort.
01:30 Donc ça c'est l'avis de l'association.
01:33 Ce qu'on peut dire, ce n'est pas que l'avis de l'association.
01:36 Typiquement, si on regarde la mission régionale d'autorité environnementale qui a rendu un rapport,
01:42 ce rapport est également très critique quant au choix du site.
01:45 On a également la commission nationale pour la protection de la nature qui a mis un avis défavorable
01:51 Je peux vous dire que quand on le lit, il est clairement défavorable, il n'y a pas d'ambiguïté.
01:55 Et puis, peut-être plus important, c'est que le gestionnaire du site Natura 2000 a clairement exprimé
02:00 dans l'enquête publique que ce projet n'était pas compatible avec les objectifs qu'il recherchait.
02:05 - Justement, alors, on parle d'impact. Qu'est-ce qui risque de se passer ?
02:08 Qu'est-ce qui pourrait arriver à ces espèces d'oiseaux ou à cette faune et cette fleur sur place ?
02:14 - Alors, plusieurs choses.
02:15 Bon, déjà, on est en forêt, donc ce qui veut dire qu'on va défraîchir des hectares de forêt.
02:20 Ça, c'est une première chose, ça veut dire que les oiseaux, enfin la faune qui vit ici va devoir aller ailleurs.
02:25 - Est-ce qu'il y a un risque que ces oiseaux s'empalent finalement sur ces grands mâts ?
02:30 - Dans les autres risques qu'on a, pour les oiseaux, c'est essentiellement le risque de collision.
02:34 Avec, je le répète, on a des rapaces qu'on ne trouve que sur ce site-là.
02:40 Un risque de collision. Pour les chauves-souris, c'est un risque de collision et le barreau traumatisme.
02:46 Donc voilà, et au terme de la séquence éviter, réduire, compenser, pour nous, ce risque demeure, clairement.
02:52 - A 7h49 sur France Bleu Bourgogne, vous écoutez Pascal Mariton qui est bénévole à la IPO de Bourgogne-Franche-Comté.
02:57 - Dans ce projet, c'est Q-Energie qui s'occupe de mettre tout ça en place.
03:03 L'entreprise a fait une demande de dérogation à espèces protégées dans ce dossier.
03:08 Ça veut dire quoi, finalement, toutes ces zones protégées, elles ne le sont pas vraiment ?
03:12 On peut obtenir des dérogations assez facilement ?
03:14 - Assez facilement, non. Il y a quand même un certain nombre de conditions à respecter.
03:19 Ces demandes de dérogation sont soumises à l'avis de la Commission nationale de protection de la nature,
03:24 qui a rendu un avis défavorable.
03:26 Donc, effectivement, avoir une demande de dérogation, je ne dirais pas que c'est simple, mais c'est possible.
03:31 Et dans le cas présent, pour nous, ça paraît juste incroyable quand on voit les espèces,
03:38 on a 18 espèces de chauves-souris qui sont reprises dans cet avis.
03:40 Sur ces espèces-là, on a des espèces qui sont en très fort déclin.
03:43 - Évidemment, les mauvais esprits vont vous dire, peu importe les chauves-souris,
03:47 mieux vaut avoir une énergie renouvelable moins polluante que le nucléaire ou le gasoil.
03:57 Bref, aujourd'hui, qu'est-ce que vous leur dites ?
04:00 - En fait, l'avenir de la planète, ce n'est pas que le réchauffement climatique.
04:05 Ça veut dire, effectivement, avoir une planète habitable,
04:08 ce qui veut dire avoir des conditions climatiques acceptables,
04:12 mais également avoir une biodiversité qui soit en bon état.
04:15 Donc, quelque part, ça passe par là.
04:20 - Clairement, aujourd'hui, pour vous, et rapidement, ça veut dire que ce projet est hors la loi ?
04:24 - Hors la loi, non, tant qu'il n'est pas passé devant les fourches codines,
04:30 par exemple d'une cour d'appel administrative.
04:32 Mais pour nous, en tout cas, en l'état, ce projet n'est pas acceptable.
04:36 Et on le redit, il y a de nombreux projets en Côte d'Or,
04:40 il fait partie des projets qu'on combattra sans doute avec le plus de vigueur.
04:44 - Pascal Miraton, vous restez avec nous, vous êtes bénévole à la Ligue de protection des oiseaux
04:49 et expert de ce dossier dit des grands communaux.
04:51 On le rappelle, c'est le préfet qui donnera la réponse en dernier lieu, sans doute à la fin de l'année.
04:55 - On vous en reparlera évidemment. En attendant le débat, il est là,
04:58 les éoliennes c'est oui ou est-ce que c'est non chez vous ?
05:01 Au 03 80 42 15 15, on a le plaisir de discuter avec Annick, qui est à Sacnay.
05:05 Bonjour Annick.
05:06 - Bonjour.
05:09 - Bonjour, bienvenue Annick.
05:10 - Je suis à E-sortie, il y a plein d'éoliennes là autour,
05:16 j'ai des amis qui habitent pas loin, elles tournent pas beaucoup,
05:21 mais quand ça tourne, ça fait un bruit énorme,
05:24 cela est désagréable et ça enlève tout le paysage, c'est monstrueux.
05:31 Je comprends très bien monsieur de mettre tout ça dans le bois doux, c'est horrible.
05:39 Moi je suis contre ça, c'est pas joli et ça marche pas,
05:43 nous avons pas assez de bancs pour faire marcher ces trucs là.
05:46 - Annick, vous disiez, ce sont des amis qui me racontent ça,
05:51 vous avez des éoliennes près de chez vous ou pas ?
05:54 - Je suis allée chez quelqu'un qui a une éolienne,
05:57 bon je peux pas vous dire l'église de Chambon, mais assez loin,
06:00 et un jour qu'il y a eu du vent, ça fait un bruit terrible,
06:03 c'est tout ce que je peux dire, et je trouve cela désagréable.
06:06 - C'est plus le bruit qui vous gêne, on a entendu aussi le paysage.
06:11 - Même ça enlève le paysage, ces éoliennes c'est moche comme tout.
06:17 Moi je dis, anciennement c'était beaucoup plus joli,
06:23 là on nous enlève toute notre beauté de notre France.
06:26 - Pour vous, ce projet qui est là aussi, pour essayer de mieux consommer,
06:31 de mieux produire, ou plus durablement,
06:34 ça n'autorise pas de faire des sacrifices au niveau de la biodiversité,
06:39 et même du paysage ?
06:42 - Oui, moi je dis, on détraque tout, c'est bien dommage,
06:45 parce qu'on avait des choses merveilleuses,
06:48 et ça nous enlève toutes ces beautés que nous avions.
06:51 - Merci Annick d'avoir partagé avec nous votre ressenti.
06:56 En direct ce matin sur France Bleu Bourgogne.
06:59 Annick disait parfois qu'elles ne tournent pas,
07:01 donc ça ne produit pas d'électricité.
07:03 Je pense que si elles sont installées là, c'est qu'il y a quand même une bonne raison.
07:06 Si elles ne tournent pas, c'est qu'il y a des bonnes raisons également.
07:10 En tout cas c'est à préciser, nous on n'est pas des experts de l'éolien.
07:13 - Non on n'est pas des experts, mais c'est vrai que ça fait partie aussi
07:15 des questions qui sont soulevées par des collectifs
07:18 qui s'opposent à ces projets,
07:21 et qui effectivement disent qu'on n'est pas forcément dans une région très venteuse,
07:26 mais effectivement si elles ont été implantées là, on imagine que c'est parce que...
07:30 - Oui il y a une petite étude de marché quand même je pense au passage.
07:34 Yves est également avec nous ce matin à 7h54 depuis Pontaillé-sur-Saône.
07:38 Bonjour Yves.
07:39 - Oui bonjour Franck.
07:40 - Bienvenue dans le 6/9.
07:41 Alors Yves, à Pontaillé vous avez des éoliennes vous ?
07:45 - Non non non, heureusement on n'en a pas,
07:47 mais un grand projet était en préparation dans le Val-de-Vingt-Gênes,
07:51 qui n'a pas reçu l'approbation des habitants évidemment.
07:55 Toujours est-il que sur le projet de Détain,
07:57 c'est lamentable si le projet venait à voir le jour,
08:01 s'installer dans un site protégé, un site naturel de mille,
08:06 une région qui est magnifique d'ailleurs,
08:08 il faut inviter le préfet à se rendre sur place
08:11 et voir ce qu'ils vont détruire si jamais ils donnaient son autorisation.
08:16 - Yves, on l'entendait ce matin dans les journaux,
08:18 peut-être l'avez-vous entendu vous aussi,
08:20 le maire d'une commune toute proche,
08:24 et lui favorable au projet des grands communaux,
08:26 disait "oui mais pour notre commune qui n'a pas beaucoup de revenus,
08:30 c'est une chance incroyable".
08:32 Vous, l'argument économique, écologique, vous vous situez comment ?
08:35 - Avant ces communes-là elles ne vivaient pas,
08:37 on leur fait miroiter du pognon sur une entreprise d'ailleurs,
08:42 une entreprise qui installe,
08:44 les entreprises qui installent ne sont pas françaises,
08:47 on sait bien, c'est des entreprises néerlandaises qui viennent monter les éoliennes,
08:52 sur un projet qui n'est pas rentable,
08:55 mais tout de suite on donne un gros gâteau aux communes,
08:58 et les communes, enfin les élus,
09:01 donnent leur aval parce que d'un seul coup
09:03 ils vont arriver à 500-600 000 euros dans leur budget.
09:07 - Et vous pensez que...
09:08 - À terme, comme disait la dame tout de suite,
09:11 on fait tourner les éoliennes à vide,
09:14 quand il n'y a pas de vent,
09:15 je ne sais pas si vous avez déjà observé un parc éolien,
09:19 vous avez des fois 3 éoliennes, ou 4 ou 5 sur une douzaine qui tournent,
09:24 et les autres non.
09:25 Pourquoi ?
09:26 Parce que les sociétés font tourner à vide pour montrer que ça marche.
09:30 Ils mangent de l'électricité à ce moment-là,
09:33 vous voyez, ils utilisent l'électricité pour faire croire que ça marche.
09:37 - En tout cas Yves, on ne va pas rentrer dans le détail de ce qui tourne, ce qui ne tourne pas,
09:40 en tout cas pour vous, c'est beaucoup de sacrifices.
09:46 - C'est lamentable.
09:47 Et qu'on parle aussi du sujet de la démonte au bout de 20 ans.
09:51 Il faut bien savoir qu'au bout de 20 ans,
09:53 quand elles auront eu, ou 30 ans peut-être, je ne sais pas,
09:56 quand les éoliennes seront à terme de leur vie,
10:00 il faudra payer très très cher pour les démonter,
10:02 il ne faut pas oublier ça.
10:03 - Il y a effectivement aussi cette thématique qui est importante.
10:07 Yves, restez avec nous puisque Dominique nous rejoint également en direct
10:09 sur France Bleu Bourgogne depuis Saint-Jean-de-Boeuf justement.
10:11 Bonjour Dominique.
10:12 - Bonjour.
10:13 - Bonjour.
10:14 Pour ou contre les éoliennes ?
10:15 - Alors moi je ne suis ni pour ni contre.
10:18 Moi j'estime qu'au jour d'aujourd'hui, c'est l'avenir, on n'a pas le choix.
10:23 Alors par contre, je tiens quand même à préciser que c'est nous, au niveau des éoliennes,
10:28 c'est nous qui serons les plus prêts.
10:30 La première éolienne, ce sera nous qui serons la plus prête.
10:33 Ils sont venus faire plein de choses,
10:35 ils sont venus mettre des... on a eu dans la maison des appareils pour tester le bruit,
10:42 pour faire plein de choses.
10:43 Et au jour d'aujourd'hui, c'est l'avenir.
10:49 En plus de ça, je tiens bien à préciser que nous, ça fait 35 ans qu'on est ici,
10:54 on était 30 enfants aux électricités.
10:56 - D'accord.
10:57 - On n'avait pas l'électricité, on a eu une chance extraordinaire.
11:02 - Et puis, à côté de nous, il y a eu un poteau pour mettre une antenne...
11:06 - Donc pour vous, l'éolienne, c'est une nouvelle révolution, c'est une nouvelle évolution finalement.
11:11 - Ah bah oui, il y a eu un poteau pour Internet ou je ne sais quoi.
11:16 Personne n'a dit "Ah bah oui, mais là, ça va gêner parce qu'Internet, on en a besoin".
11:20 - Je crois qu'on avait fait aussi un sujet à l'époque sur cette antenne volée,
11:24 mais bon, après, les avis sont très partagés, au moins vous nous avez donné votre avis, Dominique.
11:28 - Voilà, et nous, si on a eu l'électricité, c'est grâce à ça.
11:31 On a pu avoir l'électricité.
11:33 - On comprend.
11:34 - Pour nous, c'était impossible d'avoir l'électricité, ça coûtait trop cher.
11:38 - Bah oui, bien sûr.
11:39 Bon, écoutez, merci Dominique d'avoir partagé avec nous cette réflexion autour des éoliennes.
11:44 En plus, on était à Saint-Jean-de-Boeuf, commune très concernée par ce projet d'idée.