• il y a 7 mois
Julie Gayet présente le téléfilm « 12 ans, 7 mois et 11 Jours  » diffusé sur France 2. Derrière ce titre mystérieux se cache un thriller noir qui couvre les sujets de la culpabilité et du deuil. 

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Transcription
00:00 Et regardez qui nous a rejoints, Camille Dahan et bien sûr Julie Gayet, la comédienne. Bonjour, bienvenue.
00:06 Bonjour.
00:07 Vous êtes là pour nous parler de l'excellent téléfilm qui est diffusé ce soir sur France 2, "12 ans, 7 mois et 11 jours".
00:15 Titre qui peut paraître mystérieux, c'est-à-dire ?
00:19 Et compliqué de se rappeler.
00:22 12 ans, 7 mois et 11 jours, oui c'est ça, c'est ce chiffre où on se demande ce que ça veut dire et de quoi ça parle, mais c'est un peu le thème.
00:32 De l'âge de mon fils que je vais perdre dans un accident, donc le personnage c'est un thriller, un peu noir et en même temps haletant jusqu'au bout.
00:42 Et sur la douleur de perdre un enfant, je ne suis pas sûre d'ailleurs qu'on fait le deuil mais on vit avec.
00:50 Et de cette femme qui est rongée aussi par la culpabilité et qui va se confronter à celle qui a malheureusement par un accident de voiture tué son enfant.
01:01 Alors vous, vous êtes la mère de la victime dans le film.
01:04 La femme ressort de l'accident est persuadée que vous allez vous venger sur son propre fils à elle qui s'appelle Hugo et qui s'apprête à fêter son anniversaire.
01:11 Regardez.
01:12 Joyeux anniversaire Théo !
01:18 Qui a offert ce vélo ?
01:19 Il était dans le garage, je pensais que c'était toi qui l'avais acheté.
01:21 J'ai l'impression que quelqu'un rentre dans la maison quand on n'est pas là.
01:24 Je croyais que votre femme allait mieux.
01:26 Moi aussi.
01:27 Ce suite, tu dis que c'est elle qui l'a déposé là.
01:29 Mais tu te rends compte que tu dis n'importe quoi ?
01:31 C'est le même que celui du garçon le jour de l'accident.
01:34 Cette femme rentre chez nous.
01:36 Elle range les affaires de mon fils.
01:38 Qu'est-ce que vous voulez ?
01:41 Sortez de chez moi !
01:42 Sortez !
01:43 Où il est ?
01:44 C'est pas contre toi, c'est pour le protéger lui.
01:46 Le protéger de quoi ?
01:47 Il est où ?
01:48 Il est où putain ?
01:50 Tu me le dirais s'il y avait un problème ?
01:52 Mais il n'y a pas de problème.
01:53 Alors on est tout de suite dans cette ambiance.
01:55 Mais il n'y a pas de problème.
01:56 C'est aussi flippante quand je vous dis ça.
01:58 Franchement, vous êtes inquiétante.
02:01 Mais il ne faut pas se fier aux apparences.
02:02 Parce que Marie Donarno, qui a le rôle principal,
02:04 et qui est incroyable,
02:06 au début on se dit mais quand même,
02:08 elle est un peu parano, elle est un peu faite attention.
02:10 Il ne faut pas se fier aux apparences.
02:12 Vous disiez c'est à la fois un thriller, un drame.
02:15 Qu'est-ce qui vous a donné envie de prendre ce rôle ?
02:17 Qui est un rôle difficile quand même.
02:18 Ça ferait peur à tous les parents du monde
02:20 de jouer ça ou encore plus de vivre ça évidemment.
02:22 Bah oui, c'est la belle...
02:23 Qu'est-ce qui vous a fait que vous avez dit j'y vais ?
02:25 Terrible cette...
02:26 Et puis se dire si j'avais fait ça,
02:27 si j'avais été là, si on n'était pas passé par là.
02:30 Eh bien sincèrement, Marie Donarno.
02:32 Je ne sais pas si vous avez vu la série HPI.
02:34 Mais elle est d'ancre, cette actrice.
02:36 Magnifique !
02:37 C'est la patronne.
02:39 Et elle est incroyable.
02:41 Et donc j'ai lu le scénario,
02:42 évidemment le scénario est haletant,
02:44 et c'est un peu être charnière,
02:45 mais quand j'ai su que c'était Marie,
02:46 je me suis dit "Ah".
02:47 Parce que c'est quand même une confrontation de deux femmes.
02:49 En fait, elles se sentent coupables toutes les deux.
02:53 Parce que c'est très dur aussi d'être la personne
02:55 qui a créé cet accident.
02:56 Et elle aussi, elle n'est pas là au bon moment.
02:59 - Vous êtes la maman qui a perdu son fils.
03:02 Vous êtes quand même une maman en vrai.
03:04 Vous avez deux garçons, Tadéo et Ezekiel, 24 et 26 ans.
03:07 Est-ce que vous vous êtes un peu projetée justement
03:10 dans "Qu'est-ce que ça serait si je perdais mon fils ?"
03:12 Ou au contraire, on n'y pense pas du tout à ça ?
03:15 - Non, non, on y pense.
03:17 On y pense.
03:18 Et puis moi, j'ai eu mon fils aîné
03:21 qui a été gravement malade dans notre vie.
03:23 On a vécu ça, donc maintenant il est soigné, tout va bien.
03:25 Donc cette chose où tout à coup le monde s'effondre,
03:28 et c'est peut-être ça aussi que j'avais envie de traiter,
03:32 cette douleur et imaginer le pire.
03:35 Après, on fait des métiers un peu étranges
03:37 où on utilise notre vie personnelle évidemment un peu.
03:40 Mais je ne serai jamais dans la place de quelqu'un
03:43 qui vit ça.
03:45 Donc essayer en tout cas d'être très crédible
03:48 et de jouer avec ces émotions-là.
03:51 Donc ça nous a mis vraiment dans des journées de tournage
03:55 à 8h du matin avec Marie,
03:57 on était en larmes.
03:59 - Vous arrivez à dormir tranquille ?
04:01 - Moi j'adore ça, c'est une des passions de mes passions.
04:04 - Le soir quand vous rentrez chez vous,
04:05 vous arrivez à dormir tranquille avec tes larmes ?
04:07 - Ça fait beaucoup de bien de pleurer toute la journée.
04:09 - Peut-être que vous avez appelé vos fils toute la journée
04:10 pour leur dire, je sais pas, qu'on les aime, etc.
04:12 Qu'on pense à eux.
04:13 - Voilà, exactement.
04:14 - Comment la maman Julie Gaillet justement, la vraie maman ?
04:17 - Elle fait comme elle peut,
04:20 elle essaye de donner de l'amour,
04:21 mais on se sent toujours coupable.
04:24 Je ne sais pas, c'est comme s'il y avait cette chose,
04:26 on est maman avec les mères,
04:28 on nous pose tellement d'injonctions,
04:29 on nous dit qu'il faut être...
04:30 J'avais fait une série qui s'appelait "Les mères parfaites".
04:32 Et on le sait bien, il n'y a pas de mère parfaite,
04:34 et c'est surtout sur les mères
04:35 qu'on pose souvent cette culpabilité.
04:37 Donc j'ai toujours essayé de me dire,
04:39 quand je suis là, je suis vraiment là,
04:40 quand je ne suis pas là, je ne suis pas là.
04:41 Bon, je ne sais pas.
04:42 Il va falloir, voilà, dire toujours cette culpabilité.
04:44 Et alors là, bientôt...
04:46 - Le maman, le gamin.
04:47 - Ça se passe super bien.
04:49 - Non mais une mère qui est élève de garçon,
04:50 aussi dans l'époque dans laquelle on est,
04:52 l'époque #MeToo, ça dit quelque chose.
04:55 Surtout que vous, vous avez signé
04:56 la tribune publiée dans Le Monde.
04:58 On persiste et on signe sur le #MeToo.
05:00 Ça veut dire quoi ?
05:01 C'est important de la signer ?
05:02 - C'est important,
05:03 puisque ce qui est dit dans cette tribune,
05:05 c'est que 94 % des viols sont classés sans suite,
05:11 des plaintes pour viols sont classées sans suite.
05:13 C'est énorme, c'est effarant.
05:14 Ça veut dire que ça ne marche pas.
05:16 Et donc on n'a pas forcément...
05:18 Il faut prendre à bras le corps ce problème-là,
05:21 et ça fait longtemps maintenant,
05:22 puisque nous, dans le cinéma,
05:23 et là, il y a Cannes, avec l'affaire Weinstein,
05:25 en 2017, il y a eu cette prise de...
05:28 Enfin, cette décision.
05:29 Et d'ailleurs, c'est Meryl Streep,
05:31 puisqu'elle était là hier,
05:32 qui la première a dit "On le savait",
05:35 et on ne peut plus dire aujourd'hui "On le savait".
05:38 Il va falloir faire changer ce système.
05:40 - Le totem d'immunité de l'artiste,
05:42 comme l'a dit Vincent Ladon, s'est terminé ?
05:44 - Exactement, et puis même partout.
05:46 Et ça a été d'ailleurs une voie,
05:48 et c'est pour ça que la tribune est intéressante.
05:50 C'est que le cinéma a ouvert la voie,
05:52 mais après, le Me Too, il a été dans tous les...
05:55 Que ce soit le sport, que ce soit...
05:56 - Oui, c'est dans tous les domaines.
05:57 - Dans tous les domaines.
05:58 Donc, c'est faire changer la société sur ce sujet-là.
06:01 Moi, j'en ai écrit un livre,
06:02 qui s'appelle "Ensemble, on est plus forte".
06:05 Et je termine d'ailleurs en parlant à mes fils,
06:08 parce que c'est aussi pour eux, justement.
06:10 Je crois qu'ils voulaient...
06:11 Ils m'ont dit "Mais pourquoi les femmes
06:13 ne nous disent pas plus ça ?"
06:14 Et puis de se dire aussi,
06:15 s'il y a autant de cas,
06:18 ça veut dire qu'autour de moi, mes amis,
06:20 il y a forcément, potentiellement,
06:22 des garçons qui fonctionnent comme ça.
06:24 Donc, qu'est-ce qui fait que ce système,
06:25 le patriarcat, tout ce qu'on essaye de faire changer...
06:27 Le rapport de force est quand même très important.
06:30 Donc, c'est ce qu'on essaye de faire changer dans le cinéma.
06:32 - Des buts que peuvent signer, évidemment,
06:33 les femmes et les hommes.

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