• il y a 7 mois
J’étais ordinaire. Plus maintenant. Avant, je vivais une vie tranquille, à la comptabilité d’une entreprise qui fait partie des sept leaders du marché de la plastification des cartes de visite. -

Le billet d'humeur de Lison Daniel dans le 7/10 (8h55 - 15 Mai 2024) Retrouvez tous les billets de Lison Daniel sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/le-billet-de-lison-daniel

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Amusant
Transcription
00:00 Clison Daniel, aujourd'hui vous êtes Zaline et vous êtes une femme ordinaire.
00:04 J'étais Nicolas, j'étais, plus maintenant.
00:06 Avant, je vivais une vie tranquille à la comptabilité d'une entreprise qui fait partie
00:09 des 7 leaders du marché de la plastification des cartes de visite.
00:12 J'avais un mari très absorbé par sa nouvelle débroussailleuse et aussi deux enfants pas
00:15 terribles avec des bras trop longs et un espongeux mais que je m'efforçais à regarder avec
00:19 bienveillance.
00:20 Bref, une femme ordinaire avec laquelle vous n'auriez probablement pas eu de moment dans
00:24 votre matinale, Léa.
00:25 Mais il y a quelques jours, je suis tombée sur une info dans mon fil Yahoo News qui a
00:29 quelque peu changé ma façon de voir le monde.
00:31 Cette info, c'est… pardon, c'est difficile de revivre les charnières de l'existence,
00:35 j'en tremble encore un peu en le disant.
00:37 Lance-toi Aline.
00:38 En Chine, dans des zoos, on a peint des animaux pour les faire passer pour d'autres animaux.
00:43 En l'occurrence, on a peint des chiens de la race Chocho en noir et blanc pour les
00:47 faire passer pour des pandas parce qu'on n'avait pas de pandas sous la main.
00:50 Oh là là, attendez, ce n'est pas un événement isolé.
00:52 Non, non, non.
00:53 Il y a plein d'autres zoos qui faisaient pareil.
00:54 Partout, des chiens grimmés en loup ou en lion, un âne repeint pour faire un zèbre
00:57 au coeur, un homme en costume d'ours festifaite dans un enclos.
00:59 Ça en a été trop, j'ai basculé.
01:01 On ne peut donc faire confiance à personne, en fait.
01:03 Je suis devenue sceptique sur tout ce qui m'entoure.
01:05 Et pas une fausse sceptique, te, te, te, te, Claude.
01:07 Épargnez-nous cette face ici vulgaire sur fausse sceptique, je suis sérieuse.
01:09 Je me suis mise à question de chaque aspect de la réalité.
01:12 Quand on me donne un fait scientifique, je dis « source ». Quand on me donne la source,
01:16 je dis « alors là, ça fait plus de doute, c'est quelque chose de louche à me donner
01:18 aussi vite que la source ». Moi qui marchais le cœur léger dans les rues, qui ne lavait
01:21 pas toujours mes tomates, qui était triplement vaccinée, mais maintenant je doute partout,
01:25 tout le temps.
01:26 Les baguettes tradition, qui me dit que ce ne sont pas des baguettes normales sur lesquelles
01:28 on aurait mis un peu de farine industrielle ? Qui me dit que mon chien Arnufle est un
01:31 dalmatien et pas un vulgaire Golden Retriever quand on le passe à l'eau oxygénée ? Qui
01:35 me dit que mon mari est vraiment un représentant en appareil de jardinage et pas un membre
01:39 de l'Opus DI qui embroche les incroyants au barbecue ? Mes « enfants » qui me dit
01:43 que ce sont vraiment mes enfants et pas de vilains boutonneux abrutis à TikTok, accros
01:46 aux vidéos de MMA et dont la seule ambition est d'aller faire du pognon et mater des
01:49 strings à Dubaï ? Attendez, parce que là, carrément, je doute de mon doute, puisque
01:53 mes enfants, c'est un peu ça en fait.
01:55 Bref, si vous croyez que ça ne vous concerne pas autant de cette table, Nicolas, tiens,
01:59 tiens, comme par hasard, sur la façade de la maison de la radio, vous mesurez 11 mètres
02:02 et dans le studio, vous faites grand max 1m56.
02:05 Ne vous laissez pas avoir, chers auditeurs, non, non, non, Nicolas est à taille humaine,
02:09 bien qu'une clause de son contrat prévoit que sa chaise doit être légèrement plus
02:11 haute que celle de Léa.
02:12 Regardez Mathilde, qui se lèche tout le temps les bras comme un félin fourbe, descend
02:17 de la vieille bête, les clodes mi-homme mi-bête du Gévaudan.
02:20 Quant à vous Léa, vous devrais je dire reptile, Léa, montrez-nous vos écailles, oh non,
02:25 pas celles de votre sac à café cranco, sous votre peau, le reptile qui vous possède.
02:28 Ah la vache, pardon, voilà, dis donc, je me suis un peu laissée aller là.
02:33 D'ailleurs, je vais pas aller sous votre contrôle, mais peut-être que c'était un
02:37 peu un moment, là, non ? Oui, c'est un moment.
02:40 Bonne journée, chers imposteurs.

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