Les invités de Nelly Daynac débattent de l'actualité dans #180minutesInfo du lundi au vendredi
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00:00:00 -Bonjour et bienvenue, si vous nous rejoignez.
00:00:03 A l'instant, 180 minutes,
00:00:04 "Info" avec vous cet après-midi.
00:00:06 Beaucoup de thèmes à traiter dans cette émission.
00:00:09 On sera avec Vincent Farandej
00:00:11 pour le journal d'ici quelques instants.
00:00:13 C'est parti.
00:00:14 -Boum, boum, boum, boum !
00:00:16 I want you in my room !
00:00:18 -Passionné d'art et de collection,
00:00:20 retrouvez votre programme avec eBay, l'e-commerce original.
00:00:23 Musique douce
00:00:26 ...
00:00:28 -Chers amis, bonjour.
00:00:29 Nous souhaitons aujourd'hui une très bonne fête au Deniz,
00:00:32 dont la sainte patronne nous renvoie à l'époque des persécutions
00:00:36 menées sous le règne de l'empereur Dès.
00:00:38 Nous sommes en Troades, dans l'actuelle Turquie.
00:00:41 Les autorités locales veulent soumettre les habitants de la région
00:00:45 à la pratique de sacrifice à la déesse Vénus.
00:00:48 Un chrétien nommé Pierre refuse catégoriquement.
00:00:51 Il ne mâche pas ses mots.
00:00:53 Il dit ouvertement qu'il la considère
00:00:55 comme une femme impudique et infâme.
00:00:58 La sanction est immédiate.
00:00:59 Il est torturé et mis à mort.
00:01:02 D'autres chrétiens subissent le même sort.
00:01:04 Certains d'entre eux vont renier leur foi.
00:01:07 Une jeune femme, Deniz, est effondrée par ses lâchetés.
00:01:10 Elle ne s'en cache pas et dévoile en public
00:01:13 qu'elle est chrétienne, elle aussi.
00:01:15 On l'arrête et on l'expédie dans une maison close.
00:01:19 Mais au moment où elle va être abusée,
00:01:21 un jeune homme, éclatant de lumière, surgit.
00:01:24 Effrayé, ses bourreaux s'enfuient.
00:01:27 Deniz échappe à ce sort affreux,
00:01:30 mais pas à la mort,
00:01:31 puisqu'elle sera décapitée peu après cet épisode.
00:01:34 Et je vous laisse avec cette parole du Christ
00:01:37 que nous rapporte saint Jean dans l'évangile de ce jour.
00:01:40 Je me sanctifie moi-même afin qu'il soit, eux aussi,
00:01:45 sanctifié dans la vérité.
00:01:47 C'est tout pour aujourd'hui.
00:01:49 À demain, chers amis.
00:01:51 Ciao.
00:01:55 C'était votre programme avec eBay.
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00:02:02 - De retour avec vous pour commencer cette édition.
00:02:05 Les Calédoniens qui ont peur, 3 nuits et 3 jours sans sommeil,
00:02:08 3 morts.
00:02:09 Le 3e mort a été confirmé il y a quelques instants.
00:02:12 Un gendarme mobile a été blessé par balle
00:02:15 avec un pronostic vital toujours engagé à 7h.
00:02:17 Une nouvelle nuit d'émeute malgré un couvre-feu
00:02:20 qui a été déclaré en état de siège.
00:02:22 Des habitants qui se sentent délaissés,
00:02:24 pour le sentiment ambiant,
00:02:26 après des émeutes et des destructions importantes
00:02:29 dans la plus grande ville calédonienne.
00:02:31 Ce Conseil de défense a été convoqué en fin de matinée
00:02:34 par l'exécutif à Paris sur cette urgence calédonienne.
00:02:37 Et qui a donc, Thomas Bonnet, déclaré l'état d'urgence,
00:02:41 comme c'était demandé par de nombreux élus de Nouvelle-Calédonie.
00:02:45 - La décision a été prise par le chef de l'Etat.
00:02:48 On l'a appris il y a quelques minutes via un communiqué de l'Elysée.
00:02:52 L'état d'urgence décrété,
00:02:54 ça va figurer à l'ordre du jour du Conseil des ministres
00:02:57 qui se tient cet après-midi.
00:02:59 Emmanuel Macron donne ce nouveau bilan de 3 personnes décédées.
00:03:03 Il revient également sur ce gendarme
00:03:05 qui a été grièvement blessé.
00:03:06 Il veut aussi rétablir l'ordre, puis travailler à une solution politique.
00:03:11 C'est pour cette raison qu'il a demandé à son ministre de l'Intérieur,
00:03:15 le Premier ministre et la ministre des Outre-mer,
00:03:18 d'organiser des consultations avec les représentations locales.
00:03:22 - On va préciser ce qu'induit l'état d'urgence,
00:03:24 pour ceux qui nous regardent.
00:03:26 Généralement, ça comprend, évidemment, l'envoi de l'armée,
00:03:29 l'affectation de l'armée à des zones à sécuriser.
00:03:33 On verra si les troupes sont en nombre en Calédonie,
00:03:37 d'ores et déjà, pour assurer cette sécurisation.
00:03:40 Et puis, ça sous-entend aussi
00:03:42 un certain nombre de privations de liberté momentanées.
00:03:45 - Sur les effectifs, d'abord.
00:03:47 On est actuellement à 1 800 gendarmes mobilisés,
00:03:50 et 500 gendarmes supplémentaires vont arriver en renfort
00:03:53 dans les prochaines heures en Nouvelle-Calédonie.
00:03:56 Sur l'état d'urgence, ça permet de procéder
00:03:58 à des assignations à résidence,
00:04:00 de mener des perquisitions de manière plus rapide
00:04:03 et plus facile en termes administratifs.
00:04:06 Ça permet de fermer des lieux qui accueillent du public aussi.
00:04:09 L'état d'urgence a déjà été décrété en Nouvelle-Calédonie.
00:04:13 C'était au début de l'année 1985.
00:04:14 Ça avait duré environ cinq mois,
00:04:17 parce qu'il y avait une spirale de violence en Nouvelle-Calédonie.
00:04:20 - Je vous propose d'écouter Sonia Baques.
00:04:23 Elle faisait partie de ces élus qui demandaient
00:04:25 l'état d'urgence. Elle parle de climat de guerre civile.
00:04:28 - On est en situation insurrectionnelle de guerre civile
00:04:32 avec des centaines, voire des milliers de jeunes émeutiers
00:04:36 qui agressent la population,
00:04:38 qui a brûlé la quasi-totalité des commerces du Grand Nouméa,
00:04:43 qui brûlent les maisons au cocktail Molotov,
00:04:47 qui rentrent dans les maisons avec des armes à feu.
00:04:49 La population, aujourd'hui, protège les quartiers, les familles,
00:04:53 finalement, elles-mêmes en partie,
00:04:55 avec parfois armées.
00:04:59 - Frédéric Durand est avec nous.
00:05:01 On savait que cette possibilité était sur la table.
00:05:04 Depuis ce matin, on a compris que l'exécutif
00:05:06 allait devoir répondre à ces demandes d'élus locaux,
00:05:09 parce que la situation l'exige.
00:05:12 Dans les dernières 72 heures, et encore plus avec les témoignages
00:05:15 qu'on a reçus des habitants de Nouvelle-Calédonie,
00:05:18 la situation s'est accentuée, c'est encore plus tendu,
00:05:21 ne parlons pas de tous les commerces et infrastructures
00:05:24 qui ont été détruits.
00:05:26 Les particuliers craignent également
00:05:28 pour leur propre sécurité dans le périmètre de leurs habitations.
00:05:32 - C'est effrayant pour les habitants.
00:05:34 Il faudrait essayer de comprendre, très vite réinstaurer le dialogue,
00:05:38 parce qu'il n'y a que ça, la violence ne règlera rien.
00:05:41 Un des responsables, monsieur Daniel Goha,
00:05:44 dit que ce qui s'est passé,
00:05:47 les pillages orchestrés la nuit dernière,
00:05:49 sont notre déshonneur et ne servent aucunement à notre cause.
00:05:52 Au pire, elle fait que la retarder.
00:05:54 Même parmi les dirigeants indépendantistes,
00:05:58 on condamne ce type de violence.
00:06:00 Il faudra comprendre comment on est passé de 30 ans
00:06:03 d'une situation apaisée
00:06:05 à un tel climat de quasi-guerre civile,
00:06:08 en tout cas de violence extrême.
00:06:11 Je pense qu'il y a des causes, si on analyse ces causes,
00:06:14 et notamment, je pense, évidemment,
00:06:16 il y a le dégel du corps électoral,
00:06:18 qui est central et qui effraie une partie des indépendantistes.
00:06:21 Mais au-delà, il y a aussi ce fameux référendum,
00:06:24 le dernier des trois, qui a été maintenu pendant le Covid.
00:06:27 C'est important, les deux précédents,
00:06:30 on avait 14 % d'abstention, celui-ci avait 56 %.
00:06:32 Je pense que ça a été vécu par la population locale
00:06:35 comme une provocation, le maintien de ce référendum.
00:06:38 -Alors, une partie de la population, il faut le préciser,
00:06:41 et rappelons qu'un appel commun a été lancé,
00:06:44 y compris par certains partis indépendantistes
00:06:47 et donc loyalistes, pour revenir au calme et à la raison.
00:06:50 Il y a quand même ce...
00:06:52 C'est C.A.T. qui pose problème, c'est lui qui a attisé le feu
00:06:55 et qui a poussé, d'une certaine manière, à ce genre d'émeute.
00:06:59 Là, pour l'instant, malgré l'appel du FLNKS,
00:07:01 parce qu'il faut quand même préciser les choses,
00:07:04 les émeutiers ont 15, 16, 17 ans,
00:07:06 ils sont hors de contrôle des partis politiques.
00:07:09 On n'est pas là sur des revendications politiques.
00:07:12 -Le déclencheur est politique, ça, il n'y a aucun doute,
00:07:15 contrairement à certaines autres émeutes ailleurs,
00:07:18 notamment dans notre pays, où on ne voyait ni revendications
00:07:21 ni causes immédiates.
00:07:22 Là, il est évident que la loi passée à l'Assemblée nationale
00:07:26 est la cause. Donc il y a un motif politique.
00:07:28 Ce qui ne signifie pas que ceux qui agissent,
00:07:31 agissent de façon légitime...
00:07:33 -Vous voyez l'état des destructions.
00:07:35 -Il n'y a pas à l'origine un motif politique.
00:07:37 Ensuite, d'autres profitent d'un climat de violence
00:07:40 et d'un climat de contestation pour se vautrer,
00:07:43 j'allais dire, dans une violence tout azimut,
00:07:46 que, je le disais, y compris une partie des indépendantistes,
00:07:49 condamnent fermement, car ça ne fait pas avancer la cause.
00:07:53 -Je vais me faire l'avocat du diable avec vous,
00:07:55 vous n'avez pas d'autres contradicteurs.
00:07:58 Il faut quand même dire que ce processus électoral en l'état
00:08:02 a été gelé depuis 1998.
00:08:03 Ca fait 26 ans que des gens ne pouvaient plus participer
00:08:06 au processus électoral, ce qui fait dire à beaucoup de gens
00:08:10 qu'il y a un déni de démocratie.
00:08:12 -Personne ne conteste l'idée qu'il faut...
00:08:14 -On va à l'Assemblée nationale.
00:08:16 -Malheureusement, le pire est arrivé.
00:08:19 Vous savez qu'en Nouvelle-Calédonie, Kanaki,
00:08:21 il y a maintenant des morts,
00:08:23 ce que personne ici, je pense, ne souhaitait.
00:08:27 Mais on savait tous que ce risque était un risque majeur.
00:08:32 Et pourtant, malgré tous nos appels,
00:08:36 au retrait de ce texte,
00:08:38 vous avez voulu aller au bout de votre démarche.
00:08:41 Maintenant, c'est le Conseil de défense,
00:08:44 c'est l'état d'urgence, c'est une demande
00:08:47 de faire intervenir les forces militaires.
00:08:50 En fait, c'est l'état qui reconnaît
00:08:53 une situation totalement insurrectionnelle.
00:08:55 Nous relayons l'appel à l'apaisement
00:09:00 qui a été demandé par la plupart des forces politiques locales.
00:09:05 Mais, monsieur le Premier ministre,
00:09:08 vous avez une très, très lourde responsabilité
00:09:12 dans ce qui se passe.
00:09:13 Applaudissements
00:09:15 Très, très lourde.
00:09:16 Ca fait plusieurs semaines qu'on vous dit
00:09:18 d'arrêter ce processus.
00:09:20 Maintenant, la voie doit être ouverte au dialogue.
00:09:23 Le courrier envoyé par le président de la République
00:09:26 laisse un espace extrêmement court
00:09:28 et contredit tout ce qui a été dit hier dans cette assemblée,
00:09:32 à savoir que la réunion du Congrès
00:09:34 se ferait...
00:09:36 qu'on privilégierait le temps du dialogue.
00:09:39 En réalité, entre le moment où vous allez inviter les partis,
00:09:44 vous avez dit dans quelques semaines,
00:09:46 et le moment où il faudra convoquer le Congrès,
00:09:49 il ne restera que quelques jours
00:09:51 pour que les partis et que l'Etat puissent s'entendre
00:09:53 sur un projet global.
00:09:54 C'est totalement inacceptable, inadmissible,
00:09:58 irresponsable.
00:09:59 Donc, on aimerait savoir
00:10:01 si vous allez quand même corriger cette fois-ci,
00:10:04 cette posture, ce positionnement,
00:10:07 pour qu'effectivement,
00:10:09 la spirale dans laquelle est entraînée la Nouvelle-Calédonie,
00:10:12 que ça puisse cesser une fois pour toutes.
00:10:14 -Merci beaucoup, monsieur le député.
00:10:16 La parole est à monsieur le Premier ministre.
00:10:18 Applaudissements
00:10:21 -Merci, madame la présidente. Mesdames et messieurs les députés.
00:10:25 Monsieur le député Castor.
00:10:27 J'ai eu l'occasion, ici même,
00:10:30 de m'exprimer sur la violence inacceptable
00:10:34 que traverse la Nouvelle-Calédonie
00:10:37 depuis plusieurs jours désormais.
00:10:40 Et depuis que je me suis exprimé ici,
00:10:44 ces violences ont fait plusieurs victimes.
00:10:47 Je veux évidemment leur rendre hommage,
00:10:50 dire mon soutien au nom du gouvernement,
00:10:53 à leurs familles.
00:10:55 Je l'ai dit, la violence n'est jamais ni tolérable
00:10:58 ni justifiable, en aucune circonstance.
00:11:02 Et c'est la raison pour laquelle le ministre de l'Intérieur
00:11:06 a annoncé l'envoi de renforts sur place
00:11:09 pour garantir la sécurité.
00:11:11 Et je veux rendre hommage à l'ensemble des forces de sécurité,
00:11:15 les policiers, les gendarmes, qui sont engagés actuellement...
00:11:18 Applaudissements
00:11:20 ...pour assurer l'ordre.
00:11:23 Je le dis et je le redis,
00:11:25 la priorité, c'est de retrouver l'ordre,
00:11:28 le calme et la sérénité.
00:11:31 C'est la raison pour laquelle
00:11:34 je proposerai tout à l'heure en Conseil des ministres,
00:11:36 qui se déroule à 16h30 aujourd'hui,
00:11:39 un décret pour instaurer l'état d'urgence
00:11:42 en Nouvelle-Calédonie,
00:11:43 de sorte que nous puissions rétablir l'ordre
00:11:46 dans les plus brefs délais,
00:11:47 et d'autres renforts de forces de sécurité intérieure
00:11:51 arriveront en Nouvelle-Calédonie dans les heures qui viennent.
00:11:55 Je l'ai dit également hier, monsieur le député,
00:11:59 nous avons toujours été dans le dialogue
00:12:01 avec l'ensemble des parties prenantes.
00:12:04 Et nous resterons toujours dans le dialogue,
00:12:06 parce que je crois profondément au dialogue,
00:12:09 parce que le processus qui a été engagé,
00:12:11 le texte qui a été examiné et adopté par cette Assemblée hier,
00:12:15 est précisément issu d'un dialogue.
00:12:18 Tout le monde ne soutient pas ce texte,
00:12:21 mais ce texte est issu d'un processus
00:12:22 qui a été porté par Gérald Darmanin,
00:12:24 le ministre de l'Intérieur et des Outre-mer,
00:12:27 et ensuite par l'adoption à la fois par le Sénat
00:12:30 et par l'Assemblée nationale de ce texte.
00:12:33 Maintenant, les choses ont été dites clairement
00:12:34 par le président de la République.
00:12:36 Le président de la République l'a dit lui-même,
00:12:38 nous proposons à l'ensemble des acteurs calédoniens
00:12:42 une rencontre avec le gouvernement
00:12:44 avant que le Congrès ne soit réuni précisément
00:12:47 pour poursuivre cette logique de dialogue.
00:12:49 Si nous étions dans l'état d'esprit que vous semblez décrire,
00:12:52 le Congrès serait d'ores et déjà convoqué,
00:12:54 alors même que le Parlement a adopté pour les deux chambres
00:12:57 en même terme la révision constitutionnelle.
00:12:59 Le choix qui a été fait par le président de la République,
00:13:01 c'est précisément d'attendre pour convoquer ce Congrès
00:13:05 que nous ayons pu proposer la rencontre
00:13:08 aux acteurs politiques locaux avec le gouvernement.
00:13:11 Et donc, je leur proposerai dans les prochaines heures
00:13:13 une date pour les recevoir à Matignon
00:13:16 en compagnie du ministre de l'Intérieur et des Outre-mer
00:13:19 pour poursuivre l'échange et le dialogue.
00:13:20 Je le dis, c'est une solution politique globale
00:13:23 pour l'avenir de la Calédonie qu'il nous faut construire
00:13:27 après le processus qui a été engagé.
00:13:29 Et évidemment, comme chef du gouvernement,
00:13:31 j'y prendrai toute ma part.
00:13:32 (Applaudissements)
00:13:33 -Merci beaucoup, monsieur le Premier ministre.
00:13:37 La parole est à monsieur Roger Bonnet.
00:13:39 -Tandis qu'Yvan Réauffel nous a rejoint également sur ce plateau,
00:13:41 Thomas Bonnet, on parlait donc de cet état d'urgence
00:13:44 qui sera décrété pour établir l'ordre en Nouvelle-Calédonie.
00:13:47 Ce sera annoncé à l'issue du Conseil des ministres,
00:13:49 même si c'est la décision d'Emmanuel Macron,
00:13:50 on le sait d'ores et déjà.
00:13:53 Gabriel Attal répondait à une question
00:13:55 d'un député de la NUPES, un député communiste,
00:13:59 qui disait "il n'y a pas eu de dialogue préalable,
00:14:02 vous avez voulu passer en force
00:14:03 avec cette réforme constitutionnelle du corps électoral".
00:14:06 Or, Gabriel Attal lui répond, si le texte est issu d'un dialogue,
00:14:10 même s'il s'engage à réunir à nouveau toutes les parties.
00:14:13 -Oui, il faut quand même rappeler que Gérald Darmanin,
00:14:15 depuis qu'il est ministre de l'Intérieur
00:14:17 et qu'il est en charge du dossier calédonien,
00:14:19 s'est rendu à sept reprises sur place,
00:14:21 qu'il a multiplié les consultations avec les loyalistes,
00:14:24 les indépendantistes, pour finalement arriver à ce texte
00:14:28 qui a été adopté à la fois au Sénat et à l'Assemblée nationale.
00:14:31 Des consultations vont donc de nouveau avoir lieu,
00:14:34 c'est ce qu'on apprend aussi par le biais de l'Élysée,
00:14:37 les délégations calédoniennes qui vont être réunies à Paris
00:14:39 avant que le Congrès ne se réunisse,
00:14:41 pour éviter justement d'avoir encore là,
00:14:44 d'attiser un petit peu, de mettre de l'huile sur le feu.
00:14:47 Les consultations vont se poursuivre,
00:14:48 mais ce que l'on entend du côté de l'exécutif,
00:14:50 c'est qu'elles n'ont jamais cessé, ces consultations et ces discussions,
00:14:53 entre le gouvernement et les parties prenantes.
00:14:55 -Yvan Rioufol, à l'instant, Frédéric nous disait,
00:14:59 il n'y a peut-être pas eu suffisamment de dialogues,
00:15:00 c'est vécu comme une provocation de la part des indépendantistes,
00:15:04 et d'une certaine manière, ce qui se passe aujourd'hui était prévisible.
00:15:07 Pas à ce point, pas à cet état d'élabrement,
00:15:11 et de destruction, et de peur.
00:15:13 On aura des Calédoniens tout à l'heure en ligne, sans doute,
00:15:17 il y a un climat qui s'est instauré,
00:15:19 qui est du jamais vu, même pour ceux qui ont connu
00:15:21 ce qu'on a appelé les événements des années 80.
00:15:23 -Les processus démocratiques ont été respectés,
00:15:25 même si l'on peut peut-être reprocher au dernier référendum,
00:15:27 au troisième référendum promis, d'avoir eu lieu pendant le Covid,
00:15:30 et donc, il y a eu une faible participation,
00:15:31 mais c'était également le choix de ceux qui n'ont pas voulu y participer.
00:15:35 Moi, je suis, par ma tendance, je suis toujours proche de ces peuples
00:15:39 qui s'effraient de leur propre disparition,
00:15:41 et je partage les crises existentielles, dans le fond,
00:15:43 de ces peuples qui se sentent submergés par d'autres peuples.
00:15:46 Donc, et c'est un petit peu ce contexte-là, malgré tout, qui apparaît.
00:15:49 Mais simplement, cela n'excuse pas, naturellement,
00:15:51 cette flambée de violence, cela n'excuse pas cette guerre civile,
00:15:54 cette guerre raciale. On entend aujourd'hui "Abas les Blancs".
00:15:57 Et moi, ce qui m'étonne, c'est le silence assourdissant
00:16:00 de tous les mouvements antiracistes,
00:16:01 qui soutiennent précisément ce mouvement canaque,
00:16:03 alors peut-être pour les raisons que je vous ai dites,
00:16:05 naturellement, d'un peuple qui veut défendre son identité,
00:16:08 mais c'est un peuple qui refuse le métissage,
00:16:10 qui refuse les droits de vote à leurs concitoyens,
00:16:13 qui refuse, qui craigne le grand remplacement,
00:16:15 dans le fond, et donc qui aligne tout ce qui pourrait,
00:16:18 effectivement, permettre aux mouvements antiracistes
00:16:20 de dire qu'ils sont face à des mouvements factieux.
00:16:23 En tout cas, c'est ce que l'on entend de la part de ceux
00:16:25 qui, en Europe, en France, émettent ces mêmes angoisses existentielles.
00:16:29 Je fais partie de ceux qui émettent, effectivement,
00:16:32 mais pas à ce point, naturellement, de disparition d'un peuple,
00:16:37 bien sûr, mais qui émettent ces craintes d'avoir,
00:16:39 un jour ou l'autre, un peuple disparaître au profit d'un autre.
00:16:42 Et donc, je respecte la colère canaque,
00:16:45 mais je ne la comprends pas dans ces excès racialistes.
00:16:48 - Qu'est-ce que vous comprenez que vous respectez dans la colère canaque ?
00:16:51 - Ce que je vais dire, c'est que je respecte dans la colère canaque
00:16:55 le fait qu'ils ne veuillent pas disparaître.
00:16:57 J'ai toujours été du côté des Indiens,
00:16:58 plutôt que des cow-boys, quand j'étais petit, si vous voulez.
00:17:00 C'est pour expliquer ce que je veux dire par là.
00:17:01 - Ça va étonner Frédéric Durand.
00:17:03 - Pardon ? - Je crois que ça étonne Frédéric Durand,
00:17:04 comme point de vue. - Non, ça ne devrait pas vous étonner.
00:17:06 Je suis très sensible aux toutes les causes identitaires
00:17:10 de toutes les minorités.
00:17:11 Simplement, encore une fois, oui, bien sûr.
00:17:13 - Mais la Calédonie, c'est la France, Yvan.
00:17:15 - Pardon, vous dites ? - Toute la Calédonie est la France.
00:17:16 - J'entends bien.
00:17:17 C'est pour ça que je vous dis que les processus ont été respectés
00:17:19 et que je n'excuse pas pour autant cette flambée de violence
00:17:22 et de racisme qui s'en prend maintenant aux Européens et aux Blancs.
00:17:25 Et simplement, ce qui m'étonne,
00:17:26 c'est de ne pas entendre les mouvements antiracistes
00:17:28 protester contre cette dérive-là.
00:17:30 Mais encore une fois, je trouve qu'il est irrespectable
00:17:33 qu'un peuple ait envie de se défendre dans son identité
00:17:36 et dans son héritage, bien entendu.
00:17:37 - Sauf que la réalité et la composition ethnique
00:17:40 de Nouvelle-Calédonie, pardon de parler de quelque chose
00:17:42 que je connais un petit peu quand même,
00:17:44 est beaucoup plus complexe que ça.
00:17:46 Le peuple mélanésien représentant 40 % de la population,
00:17:50 les Kaldosh et autres pièces rapportées venant de métropole,
00:17:53 un autre gros tiers.
00:17:54 Et puis alors après, il y a aussi les populations du Pacifique
00:18:00 qui sont là aussi, qui sont venues, et il y a d'énormes métissages.
00:18:04 Donc ce que vous dites, ce n'est pas la réalité
00:18:06 de la carte postale de la Calédonie d'aujourd'hui.
00:18:08 - Je n'y passe rien. Je ne mets pas en cause votre description.
00:18:10 Je vois bien que c'est devenu une société métissée,
00:18:13 multiculturelle, simplement, je m'aperçois qu'il y a
00:18:15 un peuple indigène, un peuple premier, si je puis dire,
00:18:18 qui refuse précisément de disparaître.
00:18:19 Il faut entendre également ce peuple-là.
00:18:21 Je ne dis pas qu'il a raison dans sa manière de faire.
00:18:23 Je dis qu'il faut également l'entendre.
00:18:25 C'est un sujet éminemment complexe, bien entendu.
00:18:27 Et les sociétés maintenant vont être des sociétés
00:18:28 de plus en plus métissées et multiculturelles, bien entendu.
00:18:31 Mais il y a également, il faut entendre,
00:18:33 ceux qui ne veulent pas partager ce...
00:18:35 peut-être ce mouvement de l'histoire, bien entendu.
00:18:37 - D'abord, il ne s'agit pas, quand on essaie d'expliquer,
00:18:39 de comprendre, et on n'excuse pas pour autant les violences,
00:18:41 bien entendu. Ça, il faut le mettre en préalable,
00:18:43 parce que sinon, le discours, il est simple,
00:18:45 on dit, ce sont des... Il n'y a pas de discussion possible.
00:18:47 Donc, moi, je peux condamner les violences,
00:18:49 et en même temps, essayer de comprendre,
00:18:51 et c'est ce que je vous disais tout à l'heure,
00:18:52 de comprendre pourquoi, au bout de 30 ans de paix civile,
00:18:55 finalement, de paix publique, on en arrive à ce débordement.
00:18:58 On peut dire, c'est la seule responsabilité
00:19:00 des gens sur place, on peut dire ça,
00:19:01 on peut dire que l'État, le gouvernement,
00:19:03 a parfaitement respecté le processus démocratique,
00:19:05 que partant de là, voilà.
00:19:06 Moi, je ne crois pas que ce soit, justement,
00:19:08 vous parliez de complexité, alors,
00:19:09 la complexité politique existe aussi.
00:19:11 Sinon, il faut m'expliquer pourquoi,
00:19:13 tout simplement, on fait voter une loi,
00:19:15 et puis après, on dit, on va attendre,
00:19:16 pour passer, finalement, devant le Conseil, devant le Congrès.
00:19:20 Parce que la logique des choses,
00:19:22 voudrait qu'une fois que la loi est votée,
00:19:23 alors, évidemment, la loi est votée à Paris,
00:19:25 pour des gens qui sont là-bas, sur place,
00:19:27 c'est déjà un peu, parce qu'on est quand même,
00:19:28 rappelons-le, depuis 40 ans, dans un processus
00:19:31 qu'on appelle de décolonisation, au sens de l'ONU.
00:19:34 Donc, effectivement, pourquoi, à ce moment-là,
00:19:37 on fait voter la loi, maintenant, pour dire,
00:19:39 mais on va attendre quelques semaines
00:19:41 pour passer au Congrès, pour discuter ?
00:19:42 - Il aurait fallu le faire dans la foulée ?
00:19:44 - Mais non, mais je ne comprends pas
00:19:45 pourquoi on fait passer une loi,
00:19:45 si on considère que les discussions ne sont pas finies,
00:19:48 ou on considère que le dialogue est terminé,
00:19:49 qu'on a pris toutes les précautions démocratiques
00:19:52 qui convenaient, et à ce moment-là, on va au bout,
00:19:54 ou alors, si on considère qu'on ne fait pas voter la loi,
00:19:57 ce compte-là, c'est quoi, ce chantage ?
00:19:58 - Il vous dit que Gérald Darmanin...
00:20:02 - Il y a les deux, bien sûr, comme à chaque fois.
00:20:05 Il y a une grosse partie de délinquance,
00:20:10 de pillage, etc.
00:20:12 Tout ça, manipulé, organisé, orchestré
00:20:17 par des groupuscules extrémistes.
00:20:22 - Et j'ai une dernière question sur...
00:20:23 - Et encore une fois, vous aviez tout à fait raison.
00:20:27 Plein de Mérennésiens ou Kanahaks,
00:20:33 ils ne sont pas comme ça, quoi.
00:20:34 Il ne faut pas mettre tout le monde dans le même sac,
00:20:36 mais il y a plein de gens qui viennent en Calédonie,
00:20:39 de toutes les communautés, quoi.
00:20:41 - Dernière question.
00:20:44 J'ai entendu des gens dire,
00:20:47 de plus en plus de milices depuis plusieurs nuits,
00:20:49 maintenant, s'organisent...
00:20:51 Je n'aime pas trop ce mot "milice", qui est tout de suite très martial,
00:20:53 mais en tout cas, des voisins qui s'organisent
00:20:56 parce qu'ils ont peur, maintenant, qu'on s'en prenne
00:20:58 à leur résidence privée, par quartier,
00:21:01 armés, pour certains,
00:21:03 parce que, forcément, il y a un manque de sécurisation
00:21:05 des forces de l'ordre envoyées par l'État.
00:21:08 Est-ce que vous confirmez ?
00:21:09 Est-ce que c'est quelque chose qui se passe à grande échelle à Nouméa,
00:21:11 ou c'est encore très cantonné à certains quartiers ?
00:21:14 - C'est cantonné à certains quartiers,
00:21:18 avec plus ou moins de...
00:21:21 Comment dire ?
00:21:24 D'organisation, en fonction de l'organisation
00:21:28 et des agressions qu'il y a en face.
00:21:31 Tout n'est pas complètement chaotique,
00:21:38 suivant les quartiers.
00:21:40 Mais il y a de nombreux, nombreux, nombreux quartiers
00:21:44 où c'est le chaos total, il n'y a plus rien,
00:21:46 c'est la misère, on se croirait...
00:21:48 Et donc, oui, alors, milice, c'est pareil,
00:21:54 c'est un grand mot, certains utiliseront ce terme-là,
00:21:57 parce que ça les arrange encore une fois,
00:21:59 mais la plupart du temps, c'est des habitants,
00:22:02 on pourrait les appeler des voisins vigilants,
00:22:05 on pourrait les appeler tout simplement
00:22:07 habitants de quartiers qui se mobilisent
00:22:09 et qui essaient de sécuriser leur petit commerce de quartier,
00:22:14 c'est souvent ça, leur petit commerce de quartier,
00:22:16 leurs rues, leurs habitations,
00:22:19 qui essaient de se prévenir entre eux
00:22:21 en cas de problème, de trouble.
00:22:24 - Merci beaucoup, Jean.
00:22:26 Je sais qu'il est tard, Anouméa, au Mont-d'Or, où vous habitez.
00:22:31 On tentera de vous joindre un peu plus tard.
00:22:33 Je sais qu'il y a beaucoup de gens qui ne dorment pas beaucoup,
00:22:37 en ce moment.
00:22:38 Merci, en tout cas, de nous avoir donné votre sentiment.
00:22:41 Il est 16h32.
00:22:43 On retrouve Vincent Flandèche pour les autres titres de l'actualité.
00:22:48 Elle a une, cette situation, en Nouvelle-Calédonie,
00:22:51 le chef de l'Etat demande au gouvernement
00:22:53 de déclarer l'état d'urgence pour le Caillou.
00:22:55 - Les émeutes ont fait trois morts.
00:22:57 Un gendarme a été très grèvement blessé.
00:23:00 Gabriel Attal, le Premier ministre s'est exprimé à l'Assemblée.
00:23:04 - La violence n'est jamais ni tolérable
00:23:07 ni justifiable,
00:23:09 en aucune circonstance.
00:23:11 C'est la raison pour laquelle le ministre de l'Intérieur
00:23:15 a annoncé l'envoi de renforts sur place
00:23:19 pour garantir la sécurité.
00:23:21 Et je veux rendre hommage à l'ensemble des forces de sécurité,
00:23:24 les policiers, les gendarmes qui sont engagés actuellement...
00:23:28 (Applaudissements)
00:23:31 ...pour assurer l'ordre.
00:23:33 Je le dis et je le redis,
00:23:35 la priorité, c'est de retrouver l'ordre,
00:23:38 le calme et la sérénité.
00:23:41 C'est la raison pour laquelle je proposerai tout à l'heure
00:23:44 un décret pour instaurer l'état d'urgence
00:23:47 en Nouvelle-Calédonie,
00:23:49 de sorte que nous puissions rétablir l'ordre
00:23:52 dans les plus brefs délais.
00:23:53 D'autres renforts de forces de sécurité intérieure
00:23:56 arriveront en Nouvelle-Calédonie dans les heures qui viennent.
00:24:00 - Après l'attaque d'un fourgon pénitentiaire hier,
00:24:04 Eric Dupond-Moretti va recevoir les syndicats
00:24:08 en début d'après-midi.
00:24:09 - Il réclame moins d'extraction de détenus
00:24:12 et l'utilisation de la visioconférence
00:24:15 pour les visites.
00:24:16 - Michel De Santos, vous êtes avec Olivier Gangloff.
00:24:19 Quels sont les enjeux de ces rencontres,
00:24:21 cet après-midi ?
00:24:22 - Les enjeux sont simples.
00:24:27 Écouter et rassurer les représentants syndicaux
00:24:31 de l'administration pénitentiaire,
00:24:33 car au-delà de la tristesse et de la colère
00:24:35 après cette attaque de fourgons en Normandie,
00:24:38 qui a coûté la vie à deux de leurs collègues,
00:24:40 ils devraient, les représentants syndicaux,
00:24:42 faire part d'une série de revendications.
00:24:45 Ils souhaitent de meilleures conditions de travail,
00:24:48 plus de personnel,
00:24:49 moins d'heures supplémentaires,
00:24:52 une hausse des salaires au vu du danger de leur métier.
00:24:56 Ils souhaitent également plus de formation,
00:24:58 mais aussi, vous le disiez, moins d'extraction judiciaire.
00:25:01 C'est un point important qui va être débattu
00:25:04 lors de cette réunion.
00:25:06 Moins d'extraction judiciaire
00:25:07 qui pourrait éviter le déplacement de détenus.
00:25:10 Ils souhaitent plus de visioconférences
00:25:12 et pourquoi pas faire en sorte
00:25:14 que les magistrats se déplacent en prison,
00:25:17 des prisons d'ailleurs où le personnel pénitentiaire
00:25:20 ne cesse de dire qu'il y a un climat de tension.
00:25:23 Les agressions verbales et physiques
00:25:25 ont fortement augmenté ces derniers mois.
00:25:28 Bref, si le ministre de la Justice fait la sourde oreille
00:25:31 lors de cette réunion avec l'intersyndicale,
00:25:33 cette journée prison-morte qui a été initiée ce mercredi
00:25:37 pourrait continuer dans les prochains jours.
00:25:39 -Merci beaucoup, M. Dos Santos,
00:25:41 en direct du ministère de la Justice.
00:25:44 Merci, Vincent, à tout à l'heure pour un prochain rendez-vous.
00:25:47 On passe à la chronique éco. Eric Derry, le matin.
00:25:49 -Votre programme avec Domexpo.
00:25:53 4 villages en Ile-de-France, 50 maisons à visiter
00:25:55 pour découvrir la vôtre.
00:25:57 Plus d'infos sur domexpo.fr.
00:25:59 -Retrouvez votre programme
00:26:00 avec la tondeuse robot intelligente Gardena.
00:26:02 Connectée, tout terrain et surtout silencieuse.
00:26:05 Gardena.
00:26:07 -Bonjour, Eric.
00:26:08 On va parler du futur congé parental
00:26:10 qui s'ajoute donc au congé maternité.
00:26:12 Ca va changer. Le gouvernement veut répondre
00:26:15 aux attentes des mères et des pères de famille.
00:26:17 Les discussions démarrent aujourd'hui.
00:26:19 Mais vous nous dites que personne n'est d'accord.
00:26:22 -Ce sera compliqué à faire passer
00:26:24 parce que ce futur congé sera plus court
00:26:26 que ce qui est proposé aujourd'hui.
00:26:28 Plus court, mais mieux rémunéré.
00:26:30 C'est pour ça que personne n'est d'accord.
00:26:32 Actuellement, un père et une mère
00:26:34 peuvent demander un congé parental.
00:26:36 Après, un congé maternité.
00:26:38 Le système actuel est assez généreux
00:26:40 puisqu'il garantit 1 000 jours.
00:26:42 Si vous faites le calcul,
00:26:43 c'est presque 3 ans.
00:26:45 Grâce à la reconduction père-mère,
00:26:47 on peut rester 3 ans à côté de l'enfant.
00:26:49 Mais l'indemnité est faible.
00:26:51 448 euros par mois.
00:26:53 Certains sont furieux.
00:26:54 Comment ça se fait ?
00:26:55 Avec le RSA, une mère seule avec un enfant,
00:26:57 elle a 800 euros.
00:26:58 Ca coince.
00:27:00 -Les associations demandent plus.
00:27:01 -Oui. Emmanuel Macron est favorable.
00:27:04 Il est prêt à faire augmenter l'indemnité.
00:27:06 Ca pourrait être 50 % du salaire
00:27:09 plafonné à 1 900 euros par mois.
00:27:11 C'est pas mal, la moitié d'un salaire.
00:27:13 Ca serait payé par la collectivité,
00:27:16 donc la Sécurité sociale.
00:27:17 C'est généreux, mais à condition que ce soit court.
00:27:20 3 mois seulement.
00:27:21 Dans l'autre cas, ça peut aller jusqu'à 3 ans.
00:27:24 Personne n'est d'accord.
00:27:25 3 mois s'ajoutent au congé paternité
00:27:27 et au congé maternité.
00:27:28 Ca oblige les parents à trouver des crèches.
00:27:31 Le problème, c'est que les crèches manquent.
00:27:34 -Vaut-il mieux inciter les mères
00:27:36 dans ces conditions ?
00:27:38 -Oui, on pourrait se dire,
00:27:40 faisons un salaire maternel.
00:27:42 Les associations féministes disent non.
00:27:44 On ne peut pas assigner une mère à résidence.
00:27:48 Que faire ? Mettre des crèches ?
00:27:50 Les assistances maternelles, on en manque.
00:27:52 Il faut 200 000 places de crèches d'ici 2030.
00:27:55 Une crèche, c'est 300 000 euros à construire.
00:27:59 Beaucoup de subventions de la caisse
00:28:01 peuvent monter jusqu'à 17 000 euros par place.
00:28:04 On a besoin de 200 000 places.
00:28:06 Qu'est-ce qu'on peut dire d'autre ?
00:28:08 Maman reste à la maison avec l'indemnité type RSA,
00:28:11 mais là, ce serait 800 euros sur 3 ans.
00:28:14 Donc, un coût de 30 000 euros par mère.
00:28:17 Selon l'OFCE, l'Office français des Conjonctures économiques,
00:28:20 vous avez 500 000 pères et mères
00:28:22 qui pourraient avoir cette aide.
00:28:24 On arriverait à 15 milliards sur 3 ans.
00:28:27 Ce n'est pas la peine.
00:28:28 En plus, l'aide sociale sera encore encouragée
00:28:31 au détriment du travail.
00:28:32 Les débats seront houleux à l'Assemblée
00:28:35 à partir du mois d'octobre.
00:28:37 Merci beaucoup. On suivra ce dossier avec attention.
00:28:39 C'était votre programme
00:28:41 avec la tondeuse robot intelligente Gardena.
00:28:44 Connectée, tout terrain et surtout silencieuse.
00:28:47 Gardena.
00:28:48 C'était votre programme avec Domexpo.
00:28:50 4 villages en Ile-de-France, 50 maisons à visiter
00:28:53 pour découvrir la vôtre.
00:28:54 Plus d'infos sur domexpo.fr.
00:28:56 Dans un instant, on reviendra à ces rassemblements
00:28:59 devant les prisons ce matin en signe de soutien
00:29:01 aux agents pénitentiaires qui sont morts hier à ce péage de l'heure.
00:29:05 On parlera aussi de la cavale qui se poursuit
00:29:07 pour les meurtriers et celui qu'ils ont permis de libérer
00:29:11 avec Sandra Buisson qui viendra tout nous raconter.
00:29:14 On note aussi la rencontre avec Eric Dupond-Moretti
00:29:17 pour l'intersyndical.
00:29:18 De retour avec vous pour parler, évidemment,
00:29:24 de cette attaque meurtrière.
00:29:26 Hier, on était quasiment en édition spéciale,
00:29:28 pour évoquer ce qui s'est passé dans l'heure.
00:29:30 Il y a eu beaucoup de rassemblements
00:29:32 de la pénitentiaire devant.
00:29:34 On a eu un rétablissement pénitentiaire ce matin
00:29:37 devant les prisons pour soutenir les familles
00:29:39 de ces deux agents qui ont été tués.
00:29:41 On rappelle que trois autres ont été blessés,
00:29:43 dont un qui pose toujours problème concernant son état de santé.
00:29:47 Et puis, il y a cette rencontre avec Eric Dupond-Moretti
00:29:50 à laquelle on va revenir dans un instant
00:29:52 parce que l'intersyndical pose des choses sur la table,
00:29:55 propose un certain nombre de mesures
00:29:57 pour tenter d'éviter ce genre de drame à l'avenir.
00:30:00 On parlera aussi de la cavale de ces meurtriers
00:30:03 et de l'évadé de ce Mohamed A.
00:30:07 Avec vous, Sandra.
00:30:08 J'aimerais qu'on revienne à ce qui s'est déroulé hier,
00:30:11 pratiquement minute par minute,
00:30:12 le film de cette attaque assez spectaculaire.
00:30:15 Regardez ce reportage.
00:30:16 -C'est aux alentours de 11h hier matin
00:30:20 que l'attaque a débuté.
00:30:22 Alors qu'un fourgon de l'administration pénitentiaire
00:30:25 transporte un détenu, entre Rouen et Évreux,
00:30:28 celui-ci est percuté à l'avant par une berline noire.
00:30:32 Un péage de l'autoroute A154.
00:30:34 Sous les yeux des automobilistes,
00:30:36 des hommes vêtus de noir de la tête aux pieds
00:30:39 et lourdement armés sortent du véhicule,
00:30:42 braquent le convoi composé de cinq agents pénitentiaires,
00:30:45 dont un officier, et ouvrent le feu.
00:30:48 -Les agents de l'escorte étaient évidemment armés.
00:30:52 Les premières constatations sur place
00:30:55 permettent de penser que certains ont pu faire usage
00:30:58 de leurs armes de service.
00:31:00 -Deux agents pénitentiaires, respectivement âgés de 52 et 34 ans,
00:31:04 sont abattus dans l'attaque.
00:31:06 Trois autres agents sont également blessés.
00:31:09 Deux d'entre eux se trouvent dans un état critique.
00:31:12 Le détenu prend ensuite la fuite
00:31:14 avec le commando à bord d'un second véhicule,
00:31:17 après avoir mis le feu à celui ayant percuté
00:31:20 le fourgon de l'administration pénitentiaire.
00:31:23 Mohamed A, âgé de 30 ans,
00:31:25 condamné le 10 mai dernier pour vol avec effraction,
00:31:28 est déjà mis en examen pour enlèvement et séquestration
00:31:32 ayant entraîné la mort.
00:31:33 Il y a deux jours, il avait tenté de sciller les barreaux de sa cellule.
00:31:37 Au moment de l'attaque, il revenait du tribunal de Rouen.
00:31:41 Un profil bien identifié,
00:31:43 mais cette opération minutieusement organisée
00:31:46 et d'une telle violence continue d'interroger les enquêteurs.
00:31:49 -Je veux aussi le constater
00:31:51 qu'il n'était pas le plus gros délinquant que nous connaissions.
00:31:54 Il était dans une maison d'arrêt de province.
00:31:57 Il était devant un juge d'instruction
00:31:59 de ses actes précédents.
00:32:02 Mais la violence, la tuerie,
00:32:04 les moyens disproportionnés mis en place
00:32:07 pour pouvoir libérer cette personne
00:32:09 ne correspondent sans doute pas
00:32:11 aux plus grands délinquants que nous ayons dans nos prisons.
00:32:15 -Dans le département de l'Eure,
00:32:16 plus de 450 policiers sont mobilisés
00:32:19 et le plan épervié a été déclenché
00:32:22 pour tenter de retrouver le détenu évadé et ses complices.
00:32:26 -Sandra Buisson est avec nous.
00:32:27 Bonjour. Le plan épervié a été déclenché hier.
00:32:30 Ca comprend plus de 200 gendarmes dans le dispositif.
00:32:33 Christian Pouteau l'expliquait bien.
00:32:36 Il y a plusieurs cercles.
00:32:37 Cette cavale se poursuit.
00:32:39 C'est un exercice qui n'est pas simple
00:32:41 pour ceux qui sont en cavale.
00:32:43 Il faut tenir la distance.
00:32:45 Ils peuvent commettre des erreurs.
00:32:47 -Il faut de l'argent, des complicités.
00:32:49 Là, c'est pas seulement une personne en cavale,
00:32:52 c'est au moins quatre avec la personne qui s'est évadée.
00:32:56 Il y a au moins cinq personnes
00:32:57 dont il faut masquer les replis
00:33:00 et qu'il faut permettre de convoyer, de nourrir.
00:33:04 Ca nécessite de l'argent.
00:33:06 Plus ces individus sont recherchés,
00:33:09 plus ceux qui les aident vont demander cher
00:33:11 pour pouvoir les aider et leur apporter un soutien
00:33:14 pour se soustraire aux forces de l'ordre.
00:33:17 Il faut savoir qu'une évasion peut être réussie
00:33:22 et une cavale peut être ratée.
00:33:24 Redouane Faïd s'était fait reprendre
00:33:26 au bout de trois mois parce qu'il y avait eu des erreurs
00:33:29 qui avaient été commises pendant cette cavale.
00:33:32 Il sortait parfois sous une burqa pour se dissimuler.
00:33:35 Il était resté dans son environnement proche.
00:33:38 Deux possibilités.
00:33:39 Soit ils sont restés dans l'environnement
00:33:42 et ils se terrent le temps
00:33:43 qu'effectivement la pression policière
00:33:46 et des gendarmes retombe.
00:33:48 Soit ils ont déjà fui plus loin et sont sortis de cette zone.
00:33:52 Ils vont effectivement à ce moment-là
00:33:54 essayer potentiellement de passer à l'étranger.
00:33:57 Donc effectivement, ça reste compliqué.
00:34:00 Il faut avoir les moyens.
00:34:01 On sait que l'individu avait les moyens
00:34:04 de s'attacher à une équipe d'au moins quatre personnes
00:34:07 pour essayer de le faire évader, d'avoir plusieurs véhicules,
00:34:11 une mise en scène au millimètre
00:34:13 pour pouvoir attaquer le fourgon au bon moment.
00:34:16 - Ils ont prévu la prêt ? - Voilà.
00:34:17 Il y a une organisation.
00:34:19 Combien de temps ça va tenir ?
00:34:21 Personne ne va faire d'erreur ?
00:34:22 Est-ce qu'ils n'en ont pas déjà commise
00:34:24 au moment de leur passage à l'acte ?
00:34:27 Il y a forcément des traces et indices à relever.
00:34:29 Ils ont essayé d'incendier le véhicule
00:34:32 qui a percuté le fourgon.
00:34:33 Ils n'ont pas réussi totalement.
00:34:35 Est-ce qu'il y a des traces ?
00:34:37 Est-ce qu'ils ont dit quelque chose
00:34:39 que les blessés ont pu entendre ?
00:34:41 Est-ce que leur direction de fuite...
00:34:43 - L'enquête ne s'est pas commencée.
00:34:45 - Tous les contacts vont être passés au crible
00:34:48 de ce qu'a fait ce détenu.
00:34:49 - Je vous propose d'écouter Gabriel Attal,
00:34:52 qui donnait quelques précisions.
00:34:54 - Des moyens massifs ont été engagés
00:34:56 pour retrouver les auteurs de cette attaque ignoble.
00:35:00 Le plan épervié a été déclenché.
00:35:03 Plus de 450 policiers et gendarmes
00:35:05 sont mobilisés à la recherche des auteurs.
00:35:08 Je ne peux évidemment pas vous en dire davantage,
00:35:12 évidemment, dans le débat public,
00:35:15 mais je le dis, l'enquête progresse.
00:35:17 Je le redis ici, aux auteurs,
00:35:19 nous vous traquons, nous vous retrouverons
00:35:22 et nous vous punirons.
00:35:24 Ils paieront.
00:35:25 - Puisse cette détermination être suivie des faits ?
00:35:28 J'aime bien citer Christian Proutaud,
00:35:30 parce qu'il connaît parfaitement ce genre de cas de figure.
00:35:34 De toute façon, ils les retrouveront,
00:35:36 d'une manière ou d'une autre, et ils commettent des erreurs.
00:35:39 - On verra bien.
00:35:41 Ce que je retiens du... Je ne sais pas.
00:35:43 J'entends bien. Il y a beaucoup de redomontades,
00:35:46 je suis un peu sceptique par nature.
00:35:48 Ce que je retiens, c'est l'aveu de le Premier ministre hier
00:35:51 de dire que c'était la République qui était attaquée.
00:35:54 Il faut s'arrêter à ceci, parce que cela montre qu'en effet,
00:35:58 au-delà du fait de société, de cette hyperviolence,
00:36:01 c'est la déliquescence, le délitement de l'Etat,
00:36:03 les faiblesses de l'Etat qui sont à repenser.
00:36:06 Vous pouvez toujours essayer d'imaginer
00:36:08 1 000 mesures censées pallier cette hyperviolence qui vient
00:36:12 si vous ne réformez pas l'Etat,
00:36:14 ne reconsidérez pas l'Etat dans son autorité régalienne,
00:36:17 qui permet également, d'ailleurs, à la Nouvelle-Calédonie,
00:36:21 au canal de Nouvelle-Calédonie,
00:36:23 de remettre en cause l'Etat français.
00:36:25 La déliquescence de l'Etat passe également
00:36:27 par ces scènes de guerre civile en Nouvelle-Calédonie,
00:36:31 mais aussi en France. Il y a un lien entre ces deux événements,
00:36:34 à travers cette hyperviolence qui prend maintenant l'Etat faible.
00:36:38 Or, c'est cet Etat faible qu'il faut reconstruire.
00:36:41 Je ne vois pas que l'Etat soit disposé à le faire,
00:36:44 mais il faut dire que s'il y avait en effet
00:36:46 une hyperviolence désinhibée, a-t-il dit,
00:36:49 elle venait de la consommation de la drogue
00:36:51 et d'un bouleversement mondial.
00:36:53 Non, elle vient aussi de cette immigration de peuplement
00:36:57 dont on ne veut pas analyser les causes.
00:36:59 -Vous êtes revenu au sujet précédent.
00:37:01 -C'est le même sujet. L'Etat s'effondre sous nos yeux.
00:37:05 -Je comprends le lépon que vous tentez de faire.
00:37:07 -Il y a quelques nouveautés là aussi.
00:37:10 Aujourd'hui, vous allez trouver pour quelques centaines
00:37:13 de milliers d'euros des gens prêts à tuer d'autres gens.
00:37:16 Sur ce marché-là, c'est notamment le cas à Marseille et ailleurs,
00:37:20 vous allez trouver des gens qui vont tuer d'autres gens.
00:37:23 -C'est ce que disait Dupond-Moretti,
00:37:25 "la vie ne vaut rien pour eux".
00:37:27 -Et pour quelques milliers d'euros,
00:37:29 ils vont être capables de tuer quelqu'un.
00:37:32 En face, on voit bien que si une guerre est déclarée,
00:37:35 elle est totalement asymétrique.
00:37:37 Vous avez des gens avec des kalachnikovs
00:37:40 en face de gens munis de pistolets.
00:37:42 C'est asymétrique. Comment voulez-vous qu'ils se défendent ?
00:37:45 D'après ce que j'ai compris,
00:37:47 certains de ces policiers avaient essayé d'utiliser leurs armes.
00:37:52 Mais c'est presque ridicule et c'est très inquiétant.
00:37:56 Qu'est-ce qu'on fait face à des kalachnikovs ?
00:37:59 Où on arme mieux ces gens-là ?
00:38:01 Non seulement ce sont des gens dont c'est pas forcément,
00:38:04 à l'origine, le métier que de faire ce type de transfert...
00:38:08 -Vu les taux dans lesquels ils ont été pris,
00:38:11 ils ont eu grand chance de s'en sortir.
00:38:13 -Eux, ils avaient juste des armes de poing
00:38:15 face à des kalachnikovs.
00:38:17 Donc ça devient...
00:38:18 C'est vrai que c'est des scènes à la mexicaine,
00:38:21 des scènes qu'on a l'habitude de voir à la télévision
00:38:24 dans d'autres pays que la France.
00:38:26 C'est aussi choquant pour nous tous.
00:38:28 -Ca illustre précisément ce que je veux dire.
00:38:31 Il y a un aveuglement du pouvoir,
00:38:33 une volonté de sous-estimer les dérives de cette hyperviolence.
00:38:37 Rappelez-vous ce qu'avait pu dire Eric Pomoriti
00:38:40 il y a deux mois en fustigeant les magistrats marseillais
00:38:43 qui avaient admis qu'ils perdaient la guerre face au cartel.
00:38:46 Il était venu à Marseille pour les engueuler
00:38:49 et dire qu'ils étaient défaitis.
00:38:51 On en est là à cause de cette délégation.
00:38:53 -Merci à tous les deux. Merci à votre duo.
00:38:56 On vous retrouve lundi pour "Ferrailler".
00:38:58 Aujourd'hui, vous étiez assez d'accord sur le 1er sujet.
00:39:02 On reviendra dès 15h à cet état d'urgence
00:39:04 décrété pour la Nouvelle-Calédonie.
00:39:07 Ce sera confirmé à l'issue du Conseil des ministres
00:39:10 dans une communication,
00:39:11 puisque un décret va être adopté en Conseil des ministres.
00:39:15 A tout à l'heure.
00:39:16 -De retour avec vous, 180 minutes info.
00:39:22 Le journal de Vincent Faandij.
00:39:24 Au lendemain de l'attaque mortelle contre un fourgon pénitentiaire,
00:39:27 le fugitif et ses complices sont toujours dans la nature.
00:39:31 -Ils sont recherchés dans l'heure où s'est déroulée l'opération.
00:39:35 Interpol a émis une notice rouge concernant Mohamed Hamra.
00:39:39 Thibault Marcheteau, vous êtes avec Fabrice Elsner
00:39:42 au péage d'Uncarville.
00:39:43 Le ministre de l'Intérieur a annoncé ce matin
00:39:46 un très important dispositif de force de l'ordre déployé.
00:39:50 -Vincent, vous l'avez dit, un dispositif sans précédent,
00:39:55 disait ce matin le ministre de l'Intérieur.
00:39:58 Plus de 450 gendarmes et policiers sont mobilisés sur place
00:40:02 de Mohamed A, qui a pris la fuite il y a maintenant plus de 24 heures
00:40:06 et est parti de ce péage, où nous le trouvons,
00:40:09 avec Fabrice Elsner, le péage d'Uncarville,
00:40:11 où il a pris la fuite avec ses complices
00:40:13 et ce commando de professionnels
00:40:15 pour le libérer de sa détention.
00:40:19 S'est ensuite déclenché le plan Épervier
00:40:21 avec la mobilisation de nombreux gendarmes,
00:40:23 notamment dans ce département de l'Eure,
00:40:26 mais également les départements voisins,
00:40:28 pour essayer de bloquer les péages, les gares
00:40:31 et les façades maritimes.
00:40:32 Vous l'avez dit, il y a le renfort du GIGN,
00:40:35 appuyé notamment d'un hélicoptère.
00:40:37 Et enfin, Gérald Darmanin l'a annoncé ce matin,
00:40:39 il y a cette coopération internationale
00:40:42 parce que les Fuyars auraient pu prendre la destination
00:40:45 des pays frontaliers du territoire français.
00:40:47 Et aussi, il y a cette notice émise par Interpol
00:40:52 à l'encontre de Mohamed A.
00:40:54 -Merci beaucoup, Thibault, et merci à Fabrice Elsner
00:40:57 pour la réalisation de ces images.
00:40:59 Dans le même temps, on précise,
00:41:01 des actions ont été menées devant les prisons.
00:41:03 -Une journée prison morte pour rendre hommage
00:41:06 aux deux agents pénitentiaires tués hier,
00:41:08 un mouvement reconductible selon les syndicats.
00:41:11 -Tête baissée, devant un drapeau en berne,
00:41:15 ce matin, les agents pénitentiaires ont respecté
00:41:18 une minute de silence pour rendre hommage
00:41:21 à leurs deux collègues décédés hier dans l'attaque d'un fourgon
00:41:24 au péage d'un Carville dans l'Eure.
00:41:27 A la prison de la Santé à Paris ou à Gradignan, en Gironde,
00:41:30 plusieurs centaines de surveillants pénitentiaires
00:41:32 ont bloqué leurs établissements pour une journée prison morte.
00:41:36 -Le mal-être est parmi nous.
00:41:38 Depuis 92, on n'avait jamais eu une telle attaque.
00:41:41 -L'émoi est présent pour tout le monde.
00:41:43 On part du surveillant jusqu'au chef d'établissement.
00:41:46 Tout le monde est en émoi.
00:41:48 -De la tristesse, mais également de la colère
00:41:51 pour le personnel pénitentiaire
00:41:53 qui alerte sur la dangerosité du métier.
00:41:55 -Tout est permis. La réduction drastique des extractions judiciaires
00:41:59 arrive en tête de liste.
00:42:00 -Il faudrait privilégier la visioconférence.
00:42:03 Des détenus sortent pour des audiences très courtes,
00:42:06 qui font beaucoup de kilomètres.
00:42:08 Ca engendre beaucoup de moyens humains, de moyens matériels,
00:42:11 et tout ça pour beaucoup de dangers, pour pas grand-chose.
00:42:15 Ca aurait pu être évité. Ils auraient pu faire ça
00:42:18 en visioconférence ou déplacer les magistrats.
00:42:20 -Les agents pénitentiaires dénoncent un manque de moyens,
00:42:24 de personnel et un état de surpopulation carcéral.
00:42:27 Dans le rapport annuel sur les prisons publiés aujourd'hui,
00:42:30 la contrôleur générale des lieux de privation de liberté
00:42:33 dresse un tableau accablant. Au 1er avril,
00:42:36 le taux d'occupation moyen des maisons d'arrêt était de 150 % en France.
00:42:40 -Ren, à présent, pour vous parler de ce livreur
00:42:44 qui collecte des dons pour distribuer des pizzas
00:42:47 à des sans-abris.
00:42:48 -Sur son skateboard électrique, cet étudiant est surnommé
00:42:52 "livreur du futur". A terme, il souhaite nouer un partenariat
00:42:55 avec une association pour organiser ses distributions
00:42:58 en plus grande échelle. On voit cela avec Corentin Brio.
00:43:01 -Cherché sur son skate électrique
00:43:04 et caché sous son casque noir,
00:43:07 le jeune homme débute sa maraude.
00:43:09 -Ca va, et toi ?
00:43:10 -Celui qui se surnomme "livreur du futur"
00:43:13 sur les réseaux sociaux publie des vidéos
00:43:15 qui peuvent parfois atteindre plus de 3 millions de vues.
00:43:18 En décembre dernier, il crée une cagnotte en ligne
00:43:21 pour venir en aide aux SDF et leur offrir des repas de qualité.
00:43:26 -Je sens que c'est de la pizza faite maison.
00:43:28 C'est agréable.
00:43:30 C'est la 1re fois que je vois ça depuis un an que je suis en maraude.
00:43:33 -Alors qu'il distribue habituellement 3 à 4 repas par soir,
00:43:37 le jeune homme a vite été dépassé par l'ampleur des dons
00:43:40 qui culminent aujourd'hui à 6 000 euros.
00:43:43 Il a donc fait appel à la Croix-Rouge
00:43:45 pour aider le plus de gens possible.
00:43:47 -Ce soir, avec l'aide de la Croix-Rouge,
00:43:49 on a pu distribuer 50 pizzas
00:43:51 qui correspondent à un abonné qui a fait un don de 500 euros.
00:43:54 Ca a permis de faire cette action-là,
00:43:57 que je ne peux pas faire à mon échelle.
00:43:59 -Livreur de repas à domicile à côté de ses études
00:44:02 depuis le confinement et filmant son quotidien sur les réseaux sociaux,
00:44:06 il a vite compris qu'il devait profiter de sa communauté
00:44:09 et de sa notoriété pour la bonne cause.
00:44:11 -C'est donner du réconfort aux gens,
00:44:13 créer des liens sociaux en discutant avec eux.
00:44:16 J'ai un profil original d'être en squelette électrique.
00:44:19 -Le livreur du futur veut continuer ce type d'opération
00:44:22 pour multiplier les dons avec toujours ce casque
00:44:25 et cet anonymat qu'il veut préserver coûte que coûte.
00:44:29 ...
00:44:32 -On termine avec tout autre chose,
00:44:34 des images de Zinedine Zidane de retour sur le terrain
00:44:37 le temps d'un match de gala.
00:44:39 -Les légendes des Girondins de Bordeaux
00:44:41 affrontaient hier le Variety Club de France
00:44:44 pour fêter le centenaire du Parc Lescures à Bordeaux.
00:44:47 Zidane en a toujours dans les crampons.
00:44:49 -Le stade Chaband-Elmas fêtait ses 100 ans avec un match de gala.
00:44:53 Pour l'occasion, Zidane était présent,
00:44:55 selfie et main serrée avec l'ancien numéro 10 dans les vestiaires.
00:44:59 Sur le terrain, le champion du monde
00:45:01 porte le maillot des légendes de Bordeaux
00:45:03 aux côtés de Gourcuff et face au Variety Club de France
00:45:06 emmené par Laurent Blanc.
00:45:08 Zidane ravive la folie de ses grandes années
00:45:10 pour le plaisir, puis pour l'efficacité
00:45:13 avec une passe décisive sur le premier but inscrit par Paoletta.
00:45:16 Il y en aura 8 dans ce match, victoire 5-3 des Girondins,
00:45:19 et la sensation qu'on n'oublie jamais ces légendes.
00:45:22 -Girondins ! Girondins !
00:45:24 Girondins ! Girondins !
00:45:26 Girondins ! Girondins !
00:45:28 -Tout de suite, on parle de sport à nouveau.
00:45:30 -Problème de pare-brise ? Pas de stress.
00:45:35 Profitez tranquillement de votre programme
00:45:37 avec Point S-Glace, réparation et remplacement de pare-brise.
00:45:40 -Retrouvez votre programme
00:45:42 avec la tondeuse robot-intelligente Gardena.
00:45:44 Connectez tout terrain et surtout silencieuse. Gardena.
00:45:48 -On le sait, l'OM a été éliminé de la Ligue Europa,
00:45:51 mais l'OM peut retrouver les compétitions européennes.
00:45:54 Pour cela, il faudra faire un sans faute
00:45:56 dans le Spring final en Ligue 1. On voit cela avec Simon Persitz.
00:46:00 -C'est chez ses larmes
00:46:02 où elles ont si souvent coulé cette saison.
00:46:05 Loin de Marseille, du vélodrome et du regard de la bonne mère,
00:46:09 c'est là-bas que pourrait finalement se trouver le salut marseillais.
00:46:13 -Il faut trouver le remède.
00:46:15 Il y a un remède à tout dans la vie.
00:46:17 La prise de conscience n'est jamais trop tard.
00:46:20 -Comme objectif de la équipe, on va chercher ce 6e legace.
00:46:24 -Pour ce faire, il faut gagner à l'extérieur.
00:46:27 Deux fois, soit autant que depuis le début du championnat.
00:46:31 Pour obtenir ce qu'ils n'ont jamais eu,
00:46:33 les Marseillais ont fait ce qu'ils n'ont jamais fait,
00:46:36 passer la nuit sur place pour s'imprégner de l'événement.
00:46:39 -On a changé un peu les habitudes.
00:46:41 Il faut juste appuyer sur les bons boutons
00:46:45 pour faire prendre l'importance de ce match.
00:46:50 -Première étape sur la route du succès ce soir,
00:46:53 la Cité des Rois.
00:46:55 Reims, c'est son antre d'Auguste Dolon
00:46:57 où l'OM n'a plus perdu depuis 5 ans.
00:46:59 C'est la dernière défaite marseillaise face au championnat.
00:47:03 Tous les voyants sont au vert, à une exception près.
00:47:05 -Le plus épineux, c'est Aubameyang,
00:47:08 qui, depuis le retour d'Italie, a des problèmes gastriques.
00:47:14 Il est en train de le charger de médicaments
00:47:17 pour essayer d'enrayer tout ça.
00:47:19 -Avec ou sans son homme fort,
00:47:21 l'OM n'a pas le droit à l'erreur, malgré un destin en main.
00:47:24 Le prix à payer pour s'offrir un avenir européen.
00:47:29 -C'était votre programme avec la tondeuse robot intelligente Gardena.
00:47:34 Connectée, tout terrain et surtout silencieuse. Gardena.
00:47:38 -Problème de pare-brise ? Pas de stress.
00:47:41 Vous avez profité tranquillement de votre programme
00:47:43 avec Point S-Glace, réparation et remplacement de pare-brise.
00:47:47 -De retour avec vous.
00:47:49 On va se rendre au Sénat.
00:47:51 Il y a un certain nombre de questions
00:47:53 qui sont posées par les sénateurs sur le sort de la Nouvelle-Calédonie
00:47:57 et sur l'état d'urgence décrété lors d'un conseil de défense,
00:48:00 qui sera donc adopté par décret
00:48:02 lors du Conseil des ministres cet après-midi.
00:48:05 Dans un instant, nous serons susceptibles
00:48:08 de prendre une question à laquelle répondra Gabriel Attal,
00:48:11 qui, vous le voyez, fait face aux sénateurs cet après-midi.
00:48:15 Un petit mot avec vous, Thomas Bonnet,
00:48:17 de ce que signifie cet état d'urgence...
00:48:20 -La présidente et le président de l'OM
00:48:22 sur la situation en Nouvelle-Calédonie.
00:48:25 Je veux avoir un mot, comme je l'ai fait hier
00:48:27 devant l'Assemblée nationale,
00:48:29 avant d'aborder la situation en Nouvelle-Calédonie
00:48:31 dans les réponses aux questions,
00:48:32 pour nos agents pénitentiaires,
00:48:34 les deux agents qui ont été
00:48:37 froidement et lâchement assassinés hier dans l'heure.
00:48:42 C'est un drame absolu
00:48:44 qui bouleverse évidemment l'administration pénitentiaire,
00:48:47 dont je veux saluer l'engagement au quotidien
00:48:50 au service de la République et au service des Français.
00:48:54 C'est un bouleversement absolu également
00:48:56 pour l'ensemble de nos concitoyens,
00:48:58 qui, évidemment, chaque jour, ont l'occasion
00:49:01 d'avoir une reconnaissance totale
00:49:04 pour celles et ceux qui se lèvent tous les matins
00:49:06 pour les défendre, défendre nos lois,
00:49:08 défendre les règles de la République.
00:49:10 Et c'est bien cela qui a été attaqué hier.
00:49:13 C'est la République.
00:49:15 C'est sur nos lois qu'on a tiré.
00:49:19 C'est sur le respect de nos règles.
00:49:22 C'est sur des femmes et des hommes
00:49:23 qui se battent tous les jours contre l'impunité.
00:49:26 Je le dis ici, j'ai eu l'occasion de le dire
00:49:27 il y a quelques instants encore à l'Assemblée nationale,
00:49:30 notre détermination pour retrouver les auteurs,
00:49:34 pour les juger,
00:49:36 pour les sanctionner le plus lourdement possible,
00:49:38 elle est totale.
00:49:39 Le ministre de l'Intérieur a déployé
00:49:41 des moyens absolument exceptionnels.
00:49:43 L'enquête progresse,
00:49:45 et évidemment, aucun moyen n'est économisé
00:49:47 pour retrouver ces auteurs.
00:49:48 Je le redis, ils sont traqués,
00:49:50 ils seront trouvés et ils paieront.
00:49:53 Plus largement, nous travaillons
00:49:54 avec l'administration pénitentiaire.
00:49:56 Le garde des Sceaux était hier à Caen
00:49:57 avec les collègues des victimes.
00:49:59 Il a reçu, à compter de 13 heures ce jour,
00:50:02 l'intersyndicale pour identifier avec elle,
00:50:04 avec l'ensemble des organisations syndicales,
00:50:07 tous les moyens que nous pouvons actionner
00:50:08 pour renforcer encore la protection
00:50:10 que nous devons à nos agents pénitentiaires.
00:50:12 Nous la leur devons parce qu'eux-mêmes
00:50:14 protègent chaque jour notre République.
00:50:16 Je vous remercie.
00:50:17 -Merci.
00:50:19 (Applaudissements)
00:50:24 (...)
00:50:28 La parole est au président François Patria
00:50:30 pour le groupe du Rassemblement des démocrates
00:50:32 progressistes et indépendants.
00:50:34 (Applaudissements)
00:50:35 -Merci, M. le Président.
00:50:36 M. le Premier ministre,
00:50:37 mesdames, messieurs les ministres,
00:50:39 mes chers collègues.
00:50:40 M. le Premier ministre, le président de la République
00:50:43 a convoqué ce matin un Conseil de défense.
00:50:46 Et il a souhaité que l'état d'urgence
00:50:48 soit instauré en Nouvelle-Calédonie.
00:50:51 La situation, vous l'avez dit, M. le Président,
00:50:52 M. le Premier ministre aussi, est exceptionnelle.
00:50:56 C'est avec une profonde tristesse
00:50:57 que nous avons appris ce matin
00:50:58 le décès de 3 de nos compatriotes en Nouvelle-Calédonie.
00:51:02 Les habitants de l'archipel ont traversé
00:51:03 une 2e nuit de violence,
00:51:05 plus terrible encore que la précédente.
00:51:07 Là-bas, le temps s'est arrêté.
00:51:09 Des policiers, des gendarmes ont été blessés
00:51:12 et des gendarmeries prises d'assaut.
00:51:14 A notre tour, après vous, M. le Président,
00:51:16 M. le Premier ministre, nous tenons ici
00:51:17 à rendre un hommage appuyé au courage
00:51:20 et à l'engagement des forces de l'ordre.
00:51:22 Nos pensées émues voient nos concitoyens calédoniens
00:51:25 qui vivent dans l'angoisse, pris au milieu des tirs,
00:51:27 des incendies et des attaques à l'arme blanche.
00:51:30 Nous sommes tous conscients que la violence doit cesser.
00:51:34 Les premières victimes de ces violences
00:51:35 sont les Calédoniens eux-mêmes.
00:51:37 Et je tiens à saluer le courage
00:51:38 des responsables politiques loyalistes
00:51:41 comme indépendantistes qui ont appelé au calme
00:51:43 ce sens des responsabilités qui doit s'imposer.
00:51:47 Les accords de Nouméa ont affirmé le destin commun
00:51:49 de tous les citoyens de Nouvelle-Calédonie.
00:51:52 Par 3 fois, les Calédoniens ont eu à écrire leur destin.
00:51:56 Par 3 fois, ils ont choisi la République.
00:51:59 Le projet de loi constitutionnelle que nous avons voté
00:52:01 et que l'Assemblée nationale a adopté la nuit dernière
00:52:04 est une étape nécessaire de ce processus
00:52:06 qui, depuis plus de 30 ans,
00:52:08 a toujours suivi la voie démocratique.
00:52:10 Le temps est venu de penser nos blessures
00:52:13 et d'ouvrir une nouvelle page de notre histoire commune.
00:52:16 Le président de la République a tendu la main
00:52:17 aux représentants calédoniens.
00:52:19 La solution sera le dialogue.
00:52:21 Et tous, nous avons la responsabilité
00:52:24 de le rendre possible,
00:52:25 car les violences n'apporteront pas de réponse pour le présent.
00:52:28 Elles ne ponceront pas les blessures du passé.
00:52:30 Et plus grave encore, elles compromettront l'avenir
00:52:32 de la population calédonienne et de sa jeunesse.
00:52:35 Alors, M. le Premier ministre,
00:52:36 quelles sont les mesures immédiates
00:52:37 que le gouvernement entend prendre
00:52:38 pour ramener l'ordre dans l'archipel
00:52:41 et quelles sont les voies pour établir un dialogue
00:52:43 et bâtir un avenir commun aux côtés de tous les Calédoniens ?
00:52:46 Je vous remercie.
00:52:47 -M. le Premier ministre.
00:52:49 (Applaudissements)
00:52:52 -Merci, M. le Président.
00:52:53 Mesdames et messieurs les sénatrices et sénateurs,
00:52:54 M. le président François Patria,
00:52:57 depuis le début de la semaine,
00:52:59 la Nouvelle-Calédonie est frappée
00:53:00 par des violences d'une gravité rare,
00:53:03 des violences qui ont provoqué des dégâts majeurs,
00:53:06 blessé plusieurs centaines de personnes,
00:53:09 blessé des dizaines de policiers et de gendarmes.
00:53:13 Et ces dernières heures, ajoutant au drame,
00:53:16 plusieurs personnes sont décédées lors de ces violences.
00:53:18 Je veux avoir une pensée pour elles,
00:53:21 une pensée pour les Calédoniens qui veulent le retour au calme.
00:53:25 Alors je veux le dire à nouveau devant vous,
00:53:28 comme je l'ai dit hier à l'Assemblée nationale,
00:53:31 aucune violence n'est jamais justifiable ou tolérable.
00:53:35 Aucune violence ne peut jamais être acceptée.
00:53:38 Et je le redis, aucune violence ne sera jamais tolérée.
00:53:43 Je veux à nouveau rendre hommage à l'engagement exceptionnel
00:53:47 des forces de l'ordre, policiers et gendarmes,
00:53:50 qui parviennent à garder leur sang-froid
00:53:53 malgré les attaques, malgré les tirs, parfois d'armes à feu,
00:53:57 des policiers et des gendarmes qui assument et tiennent
00:54:00 courageusement leur rôle pour protéger les vies
00:54:03 et permettre le retour au calme.
00:54:05 Notre urgence aujourd'hui, c'est le rétablissement de l'ordre
00:54:09 et le retour du calme et de la sérénité.
00:54:12 Ce matin, le président de la République
00:54:14 a convoqué un conseil de défense et de sécurité nationale
00:54:16 pour aborder la situation en Nouvelle-Calédonie.
00:54:19 Des décisions fortes ont été prises.
00:54:22 Et à l'issue de cette séance de questions au gouvernement,
00:54:24 nous serons réunis, exceptionnellement cet après-midi,
00:54:27 pour le Conseil des ministres, pour aborder et acter
00:54:31 la déclaration de l'état d'urgence en Nouvelle-Calédonie,
00:54:34 ce qui va nous permettre de déployer
00:54:36 des moyens supplémentaires massifs
00:54:37 pour le rétablissement de l'ordre.
00:54:39 Ces moyens, je le dis, s'ajouteront à ce que le ministre
00:54:42 de l'Intérieur et des Outre-mer a d'ores et déjà annoncé,
00:54:45 4 escadrons de gendarmerie mobile,
00:54:47 ainsi que des renforts du RAID et du GIGN.
00:54:49 Vous l'avez vu également, le haut-commissaire
00:54:51 a annoncé l'instauration d'un couvre-feu
00:54:53 et pris d'autres mesures pour tenter de rétablir l'ordre.
00:54:57 Monsieur le président,
00:54:59 en Nouvelle-Calédonie particulièrement,
00:55:03 on ne sait que trop bien jusqu'où peuvent mener les violences.
00:55:07 Alors, je le répète, le retour de l'ordre et du calme
00:55:10 est la priorité absolue.
00:55:12 Je veux saluer, comme vous l'avez fait,
00:55:14 la très grande responsabilité des responsables calédoniens,
00:55:17 non-indépendantistes et indépendantistes,
00:55:19 qui ont unanimement appelé par communiqué
00:55:22 à cesser les violences.
00:55:24 En mars dernier, à une très large majorité,
00:55:27 le Sénat a adopté le projet de loi constitutionnel
00:55:29 sur le dégel du corps électoral.
00:55:32 Hier, c'est l'Assemblée nationale qui l'a adopté à son tour.
00:55:35 Ce projet de loi s'inscrit dans la lignée du processus
00:55:38 qui a été engagé depuis la décision souveraine
00:55:41 des Calédoniens par 3 fois, lors de 3 référendums,
00:55:44 de demeurer dans la République.
00:55:46 Le dégel du corps électoral, c'est un enjeu démocratique
00:55:48 et le Conseil d'Etat, je le rappelle,
00:55:50 nous a enjoints à prendre cette mesure.
00:55:53 Il s'agit de permettre à des milliers de personnes
00:55:55 nées en Nouvelle-Calédonie,
00:55:56 où ils résident depuis de nombreuses années,
00:55:58 de participer aux prochaines élections provinciales,
00:56:01 c'est-à-dire des élections locales.
00:56:02 Dans ce contexte, je le dis,
00:56:04 nous n'avons jamais cessé d'appeler au dialogue,
00:56:06 jamais cessé de créer les conditions du dialogue
00:56:09 en tendant la main à tous les acteurs,
00:56:11 non-indépendantistes comme indépendantistes.
00:56:14 Nous gardons invariablement ce cap, le cap du dialogue.
00:56:18 Nous cherchons de nouveau à créer les conditions
00:56:20 d'un accord politique global.
00:56:22 C'est pourquoi le président de la République a annoncé
00:56:24 qu'il ne convoquerait pas le Congrès immédiatement
00:56:27 après l'adoption conforme de ce texte
00:56:29 par l'Assemblée nationale.
00:56:31 C'est pourquoi le président de la République
00:56:32 a écrit à l'ensemble des responsables calédoniens
00:56:35 pour leur proposer de se réunir à Paris
00:56:37 et de tenter à nouveau de trouver un consensus.
00:56:39 Si ce consensus est trouvé,
00:56:42 évidemment, nous pourrons continuer à avancer.
00:56:46 Si le consensus n'est pas trouvé,
00:56:47 nous devons continuer à avancer aussi
00:56:50 de la manière dont nous l'avions prévu.
00:56:52 Je crois fermement,
00:56:53 il est possible de trouver la voie d'un consensus.
00:56:55 Je crois fermement qu'avec toutes les bonnes volontés
00:56:57 autour de la table, nous y parviendrons.
00:57:00 - Merci, monsieur le Premier ministre.
00:57:02 La parole est à notre collègue, Dani Wattebled,
00:57:05 pour le groupe Les Indépendants République et Territoire.
00:57:08 - De retour avec vous.
00:57:09 Les Calédoniens qui ont peur,
00:57:10 trois nuits et trois jours sans sommeil
00:57:12 pour beaucoup d'entre eux,
00:57:13 trois morts et un gendarme mobile blessé par balle,
00:57:16 dont le pronostic vital est toujours engagé à cette heure.
00:57:18 Une nouvelle nuit d'émeute a eu lieu,
00:57:20 malgré le couvre-feu instauré entre-temps.
00:57:22 Nous met en état de siège des habitants
00:57:24 qui se sentent délaissés, livrés à eux-mêmes.
00:57:27 Voilà pour le sentiment ambiant.
00:57:29 Après des émeutes et des destructions
00:57:31 dans la plus grande ville calédonienne,
00:57:33 la nourriture va commencer à manquer,
00:57:34 mais surtout l'angoisse, l'attente d'un avenir incertain.
00:57:38 Ils sont nombreux à se munir d'armes
00:57:40 pour tenter d'assurer leur sécurité.
00:57:42 On verra si l'état d'urgence qui est enfin décrété
00:57:45 permettra de combler, de pallier
00:57:47 ce manque de force de l'ordre d'aujourd'hui.
00:57:49 Ce qui se passe aujourd'hui est sans commune mesure
00:57:51 avec ce qui s'est passé dans les années 80.
00:57:53 Nouméa, alors, n'avait pas été la cible
00:57:55 de telles violences, de telles attaques.
00:57:56 Je vous en parle d'autant plus aisément
00:57:58 que je connais très bien cette terre
00:57:59 où je suis moi-même née, où j'ai passé mon enfance
00:58:01 et une partie de mon adolescence.
00:58:02 Donc, j'ai vécu aussi ces événements.
00:58:05 Bonjour, Nicolas Metzdorf.
00:58:06 Merci d'être avec nous cet après-midi.
00:58:07 Vous êtes député calédonien.
00:58:09 Merci. Je sais que vous n'avez pas beaucoup dormi.
00:58:10 Donc, c'est très gentil d'être venu nous parler
00:58:14 de la Nouvelle-Calédonie et de cette donne qui va changer.
00:58:17 Est-ce qu'il était urgent d'agir ?
00:58:18 Est-ce que, pour vous, le rétablissement de l'ordre
00:58:21 passera de toute façon par l'envoi de l'armée ?
00:58:23 Évidemment.
00:58:24 Évidemment.
00:58:25 La situation est insurrectionnelle.
00:58:29 Il y a des émeutes de partout.
00:58:31 Nouméa, El Gandouméa est à feu et est devenu à sang.
00:58:34 On a des Calédoniens qui ne sont pas formés pour ça,
00:58:40 qui maintiennent l'ordre, qui sont sur des barricades,
00:58:42 qui protègent leur maison, qui protègent leur famille,
00:58:44 qui protègent leur entreprise.
00:58:46 Ce n'est pas leur métier, ce n'est pas leur rôle
00:58:50 dans une démocratie normale.
00:58:51 Dans une démocratie normale, il y a des forces de l'ordre
00:58:54 qui sont là pour ça.
00:58:55 Et aujourd'hui, il était urgent, urgentissime,
00:58:58 de décréter l'état d'urgence pour permettre aux Calédoniens
00:59:01 déjà d'être protégés et puis aussi de se reposer,
00:59:04 parce que si moi, je n'ai pas beaucoup dormi,
00:59:06 eux n'ont pas dormi depuis trois jours.
00:59:09 Et ils sont menacés à chaque heure qui passe.
00:59:12 Il y a un appel commun qui a été lancé,
00:59:15 à la fois par les partis indépendantistes
00:59:17 et ceux qu'on appelle les partis loyalistes
00:59:19 ou anti-indépendantistes, on va dire, concernant le territoire.
00:59:22 Appel au calme et à la raison.
00:59:24 - Si on en est là aujourd'hui, selon vous,
00:59:26 est-ce que c'est par manque d'anticipation
00:59:28 aussi de la part de l'exécutif ?
00:59:30 Est-ce qu'on assiste là à une chronique d'un scénario
00:59:32 qui était quelque part annoncé avec des propos incendiaires
00:59:35 et des gens qui activaient les choses en sous-main ?
00:59:38 Je pense au CCAT, que les gens connaissent peu,
00:59:41 qui est la cellule de coordination des actions de terrain.
00:59:43 Donc, vous allez peut-être nous dire un mot.
00:59:46 - En France, on aime bien trouver des responsables
00:59:49 qui ne sont pas responsables.
00:59:51 Et on a du mal à citer les vrais fauteurs de troubles.
00:59:54 Au Nouvel-Calédonie, ceux qui sont responsables,
00:59:55 c'est ceux qui créent les émeutes
00:59:57 et c'est ceux qui ont créé l'insurrection.
00:59:59 C'est la branche la plus radicale
01:00:00 et la plus radicalisée des mouvements indépendantistes.
01:00:03 Il y a des mouvements indépendantistes
01:00:04 qui sont très modérés, très constructifs,
01:00:06 avec qui on arrive à travailler et à discuter en toute sérénité.
01:00:09 Et puis, il y a des mouvements indépendantistes,
01:00:12 xénophobes, racistes,
01:00:13 qui considèrent qu'au Nouvel-Calédonie,
01:00:15 il y a des gens plus légitimes que d'autres
01:00:17 parce que l'histoire les a rendus plus légitimes que d'autres.
01:00:20 Moi-même, qui suis, par exemple, de la sixième génération
01:00:23 au Nouvel-Calédonie, on me dit qu'il faut que je rentre chez moi
01:00:25 en Belgique, par exemple.
01:00:26 C'est très difficile à entendre
01:00:28 quand on n'a connu que le Nouvel-Calédonie.
01:00:30 Aujourd'hui, on a face à des gens qui veulent,
01:00:32 tout simplement, chasser les Blancs,
01:00:33 chasser les Wallisiens et les Foutouniens,
01:00:35 chasser les Vietnamiens, les Polynésiens de Nouvel-Calédonie
01:00:38 parce qu'ils considèrent que la Nouvelle-Guine,
01:00:40 doit appartenir qu'au Kanak.
01:00:42 Nous, la Nouvelle-Calédonie, on la considère universelle,
01:00:44 comme les valeurs de la République française,
01:00:46 mais comme les valeurs de toutes les républiques au monde.
01:00:48 On considère que les hommes naissent libres et égaux en droit
01:00:51 en Nouvelle-Calédonie.
01:00:52 Et c'était l'objet du projet TEC, c'était de redonner le droit de vote
01:00:55 à des Calédoniens nés en Nouvelle-Calédonie,
01:00:57 qui n'ont peut-être connu que la Nouvelle-Calédonie
01:00:58 et qui n'avaient pas le droit de voter chez eux,
01:01:00 mais qui avaient bien sûr le droit d'y payer des impôts
01:01:02 et d'y travailler.
01:01:03 Donc, c'était un projet de loi très équilibré,
01:01:05 puisque non seulement il permettait de trouver un accord,
01:01:08 même après le vote au Congrès de Versailles,
01:01:10 parce que c'était la porte ouverte de l'article 2
01:01:12 qui, finalement, fixait l'accord des Calédoniens
01:01:15 au-dessus même de la Constitution,
01:01:16 parce que quand, dans une réforme de la Constitution,
01:01:18 on dit que si un accord est trouvé après le vote de Versailles,
01:01:20 la loi est caduque, on voit bien la portée et la force
01:01:23 des accords entre Calédoniens.
01:01:26 Et puis, dans l'article 1, nous, on demandait,
01:01:28 après les trois référendums qui ont donné la victoire
01:01:31 pour les pro-français, pour que la Calédonie reste française,
01:01:34 nous, on demandait le suffrage universel,
01:01:36 ou un minima, trois ans de présence sur le territoire
01:01:38 pour pouvoir voter.
01:01:39 Le gouvernement de la République, Gérald Darmanin,
01:01:41 s'est positionné sur la demande des indépendantistes
01:01:44 les plus modérés, à savoir dix ans de présence
01:01:46 en Nouvelle-Calédonie pour pouvoir voter,
01:01:47 ce qui était l'équilibre des accords de Nouméa initiaux.
01:01:49 Donc, en fait, on voit qu'on avait le texte
01:01:51 le plus équilibré du monde, qui laissait une porte ouverte
01:01:53 incroyable en tordant le cou à la Constitution,
01:01:56 et malgré ça, malgré ça, on a eu cette xénophobie
01:01:59 qui s'est exercée dans les régions.
01:02:01 Est-ce que vous diriez, a posteriori, finalement,
01:02:03 que tout le processus des accords de Nouméa,
01:02:05 c'était un peu en trompe-l'œil, c'est-à-dire qu'il y a une partie
01:02:08 qui n'a jamais respecté les accords,
01:02:11 qui n'a jamais voulu jouer le jeu jusqu'au bout,
01:02:13 et qui, de toute façon, quel que soit l'issue du résultat,
01:02:16 sous-entendu que le résultat ne lui soit pas favorable,
01:02:18 aurait pris n'importe quel prétexte
01:02:19 pour remettre le feu dans le pays ?
01:02:21 Je crois que les accords de Nouméa ont trompé tout le monde.
01:02:24 Je crois qu'on a voulu, par un accord tricoté,
01:02:29 un peu endormir chacun des partis, c'est-à-dire que nous,
01:02:32 nous pensions que si nous votions trois fois
01:02:35 pour rester français, nous serions des français comme les autres.
01:02:39 Parce qu'il s'agissait juste de voter une fois le oui
01:02:42 pour que la Calédonie devienne indépendante.
01:02:44 Il fallait voter trois fois non pour envisager de rester français.
01:02:46 Ce n'était pas un jeu égal, en fait ?
01:02:47 Non, c'est-à-dire que si on gagnait 3-1 ou 2-1,
01:02:50 c'était quand même celui qui avait marqué qu'un seul but,
01:02:52 qui gagnait la partie.
01:02:53 Donc c'était déjà dévoyé dès le départ.
01:02:55 Et les indépendantistes, eux, ont cru que l'accord de Nouméa
01:02:58 ne servait finalement qu'à leur donner l'indépendance au bout du compte.
01:03:01 Donc chacun a été trompé, alors trompé par qui, l'histoire jugera,
01:03:05 mais je pense que vous avez raison,
01:03:07 je pense que les accords de Nouméa, avec trois référendums binaires
01:03:10 prévus en dernier lieu, au bout du troisième référendum,
01:03:14 ce qui avait été écrit dans l'accord de Nouméa,
01:03:15 les partenaires se réuniront pour examiner la situation ainsi créée.
01:03:18 Cette situation ainsi créée ne pouvait être que celle que nous connaissons.
01:03:22 Je vais vous soumettre un tweet que vous avez sans doute déjà lu.
01:03:25 On rappelle que dans l'esprit indépendantiste,
01:03:27 en effet, il faut aller vers un processus de décolonisation,
01:03:30 coup de coco, soutenu d'ailleurs en cela par LFI, en France,
01:03:33 qui est un peu leur bras armé, leur relais métropolitain.
01:03:37 Regardez le tweet de Thomas Porte, le député LFI, qui dit ceci,
01:03:42 et j'imagine que ça va vous faire réagir.
01:03:46 Si on pouvait le voir apparaître à l'écran,
01:03:48 ça nous aiderait grandement pour la suite du débat, en effet.
01:03:52 Je ne sais pas si on peut le voir, alors on le cherche, on me dit.
01:03:56 Il parle effectivement, lui, de colonisation.
01:03:59 Est-ce que c'est mal comprendre la réalité de cette population
01:04:01 qui s'est tellement mélangée au fil des décennies ?
01:04:03 Si vous le dites, pour quiconque connaît la Nouvelle-Calédonie,
01:04:06 la provenance ethnique et géographique est multiple.
01:04:08 Il y a tous les peuples du Pacifique qui sont là.
01:04:11 Mais, enfin, il n'y a pas plus de décolonisés que la Nouvelle-Calédonie.
01:04:14 La colonisation, c'est 1853.
01:04:19 La découverte de la Nouvelle-Calédonie, c'est...
01:04:21 - 1774. - 1774.
01:04:23 J'allais confondre avec la Révolution française.
01:04:25 Vous voyez un peu l'état de fatigue.
01:04:27 Mais ce que je veux dire, c'est que les populations
01:04:29 sont arrivées au fur et à mesure par les aléas de la vie.
01:04:32 Je suis descendant de bagnards.
01:04:33 On n'a pas été des grands collants pour faire des grands champs
01:04:35 de cannes à sucre. Je ne veux pas faire de comparaison.
01:04:38 Mais on n'est pas arrivés en milliardaires.
01:04:39 C'est nous qui avions les chaînes au pied en Nouvelle-Calédonie.
01:04:42 Mes arrières-grands-parents avaient des matricules.
01:04:45 C'était des bagnards.
01:04:46 D'ailleurs, les canards étaient payés par l'administration française
01:04:49 pour récupérer les bagnards qui s'échappaient du bagne.
01:04:52 Donc, on voit que l'histoire coloniale de la Nouvelle-Calédonie
01:04:55 est particulière.
01:04:56 Et surtout, ce qu'on a signé au bout de deux siècles,
01:04:58 c'est le destin commun.
01:05:00 C'est-à-dire qu'en considérant qu'il n'y avait plus de Kanak,
01:05:03 qu'il n'y avait plus de Kaldosh,
01:05:04 qu'il n'y avait plus de Walisien-Foutounien,
01:05:06 qu'il n'y avait plus de Javanais, qu'il n'y avait plus de communauté,
01:05:08 il y avait un peuple calédonien qui décidait librement
01:05:10 de son avenir, d'être français ou de ne pas être français,
01:05:13 d'être en libre association, d'être totalement dans la République
01:05:16 ou pourquoi pas d'être indépendant.
01:05:17 C'était ça, l'esprit des accords de Nouméa.
01:05:19 Et finalement, quand je vois la France insoumise,
01:05:22 et je n'ai même pas envie de lire le tweet de Thomas Porte,
01:05:24 en fait, ils attisent énormément la haine
01:05:27 et ils font ce qu'ils finalement reprochent en métropole.
01:05:31 C'est-à-dire qu'ils communautarisent le débat,
01:05:34 ils essentialisent le débat et ils le rendent pas universel
01:05:39 et puis surtout, ils considèrent qu'il y a des gens
01:05:41 plus légitimes que d'autres parce qu'ils étaient là avant.
01:05:44 Et je leur ai dit à l'Assemblée, je leur ai dit
01:05:46 "Mais vous vous êtes trempé de côté dans l'hémicycle."
01:05:48 C'est-à-dire que quand vous parlez de la Nouvelle-Calédonie,
01:05:50 vous changez pas seulement d'hémisphère,
01:05:52 il faut que vous vous changez de côté
01:05:53 et que vous alliez beaucoup plus à droite
01:05:55 que le RN qui est présent et qui est, pour le coup,
01:05:58 sur la Nouvelle-Calédonie, beaucoup plus universaliste
01:05:59 que ce qu'on aurait pu croire.
01:06:02 - Est-ce qu'aujourd'hui, je vais vous poser peut-être
01:06:03 une question qui fâche ou taboue pour certains,
01:06:06 il y a un racisme en Nouvelle-Calédonie
01:06:07 qui ne porte pas son nom, c'est-à-dire un racisme inversé
01:06:10 que certains subissent aujourd'hui,
01:06:12 dans les émeutes et les exactions qu'on voit aujourd'hui.
01:06:15 - Je ne sais pas quel blanc ne s'est pas fait insulter
01:06:19 une fois dans sa vie de sale blanc.
01:06:21 Et je ne veux pas dire de grossièreté
01:06:23 parce que généralement c'est pire, mais en Nouvelle-Calédonie,
01:06:25 chaque blanc a connu le racisme.
01:06:26 Donc ce n'est pas une forme de racisme,
01:06:28 ce n'est pas un certain racisme,
01:06:30 c'est un racisme qui est affirmé et qui est même politisé.
01:06:34 Dans mon rapport, que j'ai fait...
01:06:36 Non, plutôt dans le rapport sur la réforme constitutionnelle
01:06:41 qu'il y a eu au Sénat, ou peut-être sur celui
01:06:43 de la délégation des Outre-mer,
01:06:44 qui a étudié le dégel du corps électoral,
01:06:45 je ne me souviens plus.
01:06:47 Le président du Congrès, Roquemitan,
01:06:49 indépendantiste canaque,
01:06:53 élu président du Congrès parce qu'on a favorisé
01:06:55 la représentation indépendantiste au Congrès de la Nouvelle-Calédonie
01:06:57 en défaveur des non-indépendantistes,
01:06:59 a dit publiquement, et c'est dans le rapport,
01:07:02 "Le seuil de tolérance des blancs en Nouvelle-Calédonie est atteint."
01:07:06 Quand vous avez le président de la première institution
01:07:08 en Nouvelle-Calédonie, la troisième Assemblée
01:07:09 des libérants de France, le Congrès de la Nouvelle-Calédonie,
01:07:11 c'est la troisième Assemblée des libérants de France
01:07:13 qui dit "le seuil de tolérance des blancs est atteint",
01:07:16 imaginez en métropole que vous disiez
01:07:19 "le seuil de tolérance des Maghrébins ou des Noirs est atteint."
01:07:22 Ça serait vécu comme un scandale national.
01:07:24 Et pour nous, je vais vous dire, c'est notre quotidien.
01:07:27 On va écouter Patrick Cannaire au Sénat
01:07:30 qui pose une question sur la Calédonie.
01:07:32 Xavier Lamore, l'ordre républicain doit être rétabli
01:07:38 en Nouvelle-Calédonie dans les rues autant que dans les esprits.
01:07:43 Pour cela, il faut naturellement une réponse sécuritaire,
01:07:45 mais il faut aussi construire de justes équilibres
01:07:48 pour parvenir à une désescalade de la crise.
01:07:50 Le temps long est la condition d'un débat serein
01:07:53 sur l'archipel plus que nulle part ailleurs.
01:07:55 Nous vous avons alertés en vain à maintes reprises.
01:07:58 Le 7 mai encore, avec mon collègue Boris Vallaud,
01:08:00 nous avons soumis nos propositions au président de la République.
01:08:03 Pour sortir de cette crise,
01:08:05 il faut renouer avec la lucidité, l'humilité, l'impartialité
01:08:10 qui prévalait depuis 1988.
01:08:12 Il faut créer immédiatement une mission de dialogue
01:08:15 entre tous les partenaires calédoniens et l'Etat.
01:08:18 Il faut annoncer que le Congrès ne sera pas convoqué.
01:08:22 Il faut aboutir sans ultimatum dans le temps
01:08:25 à un accord global tripartite
01:08:27 dont vous devez être, M. le Premier ministre, le garant.
01:08:30 Vos appels au calme ont été totalement improductifs
01:08:34 car ce dossier ne devait pas quitter le bureau historique
01:08:37 du Premier ministre.
01:08:38 En conséquence, allez-vous interrompre
01:08:40 le processus constitutionnel ?
01:08:42 Allez-vous enfin vous engager personnellement ?
01:08:45 Allez-vous vous rendre en Nouvelle-Calédonie ?
01:08:48 Pour vous répondre, la parole est à M. le Premier ministre.
01:08:51 (Applaudissements)
01:08:54 -Merci, M. le Président.
01:08:56 Mesdames et messieurs les sénatrices et les sénateurs,
01:08:59 M. le Président Patrick Cannaire,
01:09:01 il y a d'abord une volonté, et une volonté commune,
01:09:05 et je veux saluer la tonalité de votre question,
01:09:09 qui est celle du retour à l'ordre, au calme et à la sérénité.
01:09:13 Je le redis, c'est la très grande priorité.
01:09:16 Aucune violence n'est jamais justifiable ou tolérable.
01:09:19 Aucune violence n'est acceptable.
01:09:22 Je veux avoir à nouveau, évidemment,
01:09:24 une pensée pour les victimes des violences de ces dernières heures,
01:09:28 redire à nouveau tout mon soutien à nos forces de sécurité,
01:09:31 à nos forces de l'ordre, qui seront renforcées
01:09:33 dans les prochaines heures encore, avec les renforts
01:09:35 qui ont été envoyés par le ministre de l'Intérieur
01:09:38 et des Outre-mer pour qu'elles puissent continuer
01:09:40 à protéger les Calédoniens qui, vous l'avez dit,
01:09:43 sont victimes de ces violences.
01:09:45 Pour le reste, monsieur le Président,
01:09:47 je vous redirai ce que j'ai répondu tout à l'heure
01:09:50 à la question de François Patria.
01:09:52 Il y a eu un processus démocratique
01:09:54 qui a conduit les Calédoniens à se prononcer par trois fois.
01:09:58 Il y a ensuite un projet de loi constitutionnelle
01:10:01 qui a été soumis démocratiquement au Parlement,
01:10:04 qui a été adopté par le Parlement, par le Sénat
01:10:08 et par l'Assemblée nationale dans les mêmes termes.
01:10:11 Le sens de la procédure institutionnelle et démocratique,
01:10:15 c'est la convocation du Congrès.
01:10:17 Si nous n'étions pas ouverts au dialogue,
01:10:20 si nous ne recherchions pas le dialogue
01:10:23 et un accord politique global,
01:10:25 nous aurions annoncé la convocation du Congrès
01:10:27 immédiatement après l'adoption par l'Assemblée nationale
01:10:30 dans les mêmes termes.
01:10:32 Précisément, ce que le président de la République a fait,
01:10:35 c'est proposer que nous puissions nous mettre autour de la table
01:10:37 avec l'ensemble des responsables calédoniens
01:10:40 avant que le Congrès ne soit réuni.
01:10:42 Précisément pour laisser du temps au dialogue,
01:10:45 précisément pour continuer à se parler.
01:10:48 J'aurai l'occasion, dans les toutes prochaines heures,
01:10:50 de communiquer aux forces politiques calédoniennes
01:10:54 une proposition de date pour que nous puissions nous rencontrer,
01:10:57 nous réunir pour avancer ensemble.
01:11:00 Avancer ensemble au service des Calédoniens,
01:11:03 avancer ensemble au service de la République.
01:11:06 -Monsieur le président Cannaire.
01:11:09 -Monsieur le Premier ministre,
01:11:11 cette crise se passe sur fond de crise économique,
01:11:15 de crise sociale, de crise institutionnelle,
01:11:18 d'influence étrangère, nous le savons,
01:11:20 et vous avez délibérément décidé de tourner le dos
01:11:23 à une méthode éprouvée depuis 1988
01:11:25 par Michel Rocard et ensuite par Lionel Jospin.
01:11:29 C'est la 1re fois depuis 88
01:11:33 que vous décidez unilatéralement
01:11:35 d'engager un processus constitutionnel
01:11:38 avant d'avoir trouvé sur le plan local un accord.
01:11:40 C'est la 1re fois.
01:11:42 Monsieur le Premier ministre, et je conclurai là-dessus,
01:11:45 votre rôle, c'est de prévenir les crises,
01:11:48 ce n'est pas d'éteindre les incendies.
01:11:51 (Applaudissements)
01:11:53 -La parole est à madame la présidente.
01:11:57 -Un mot pour vous préciser,
01:11:59 pendant qu'on assistait à cette question et à sa réponse,
01:12:03 que le bilan s'est alourdi,
01:12:04 puisque, outre les 3 morts qu'on avait déjà signalées
01:12:08 en Nouvelle-Calédonie, le gendarme mobile
01:12:10 qui avait été blessé a succombé à ces blessures,
01:12:13 ce qui fait donc 4 morts dans cette crise.
01:12:15 J'imagine que ce que vous avez entendu,
01:12:17 vous a fait bondir de la part de Patrick Cannaire.
01:12:20 Beaucoup d'amalgames sont faits.
01:12:22 Il faut préciser qu'on n'est plus dans un processus référendaire.
01:12:25 Ca, c'est terminé.
01:12:27 Là, l'objet du dégel du Corée électorale,
01:12:30 c'était en vue des élections provinciales.
01:12:33 On n'est plus dans le même cas de figure.
01:12:35 Ceux qui nous parlent de décolonisation,
01:12:37 ils sont à côté de la plaque, aujourd'hui.
01:12:40 -Non, mais c'est surtout,
01:12:41 c'est ce que j'ai dit dans mon discours à l'Assemblée nationale,
01:12:45 mon discours introductif,
01:12:46 c'est qu'on a le choix entre soutenir la démocratie
01:12:50 ou céder à la violence.
01:12:52 Moi, mon combat, il n'est pas contre les indépendantistes,
01:12:56 il n'est pas contre les canaques.
01:12:58 Il y a des canaques, d'ailleurs, qui sont non indépendantistes.
01:13:02 Mon combat, il est pour que la Nouvelle-Calédonie
01:13:05 soit une terre universaliste et démocratique.
01:13:07 Et la gauche, de manière générale,
01:13:09 c'est toujours la peur de la violence.
01:13:11 C'est comme ça que les indépendantistes
01:13:14 ont toujours fonctionné,
01:13:15 et c'est pour ça qu'ils continuent de fonctionner.
01:13:18 Comme la gauche, qui a toujours dirigé les accords en Nouvelle-Calédonie,
01:13:22 a toujours eu ce prisme-là en disant
01:13:24 que si on ne va pas dans le sens des indépendantistes,
01:13:27 il y aura de la violence,
01:13:29 mais ça a incité les indépendantistes
01:13:31 à devenir de plus en plus violents, en tout cas une partie d'entre eux,
01:13:34 et à aller sur ce terrain-là de leur revendication.
01:13:37 Combien de fois ils nous ont dit
01:13:39 que si on redonnait le droit de vote à des Calédoniens nés en Nouvelle-Calédonie,
01:13:43 ça mettrait en péril la paix civile ?
01:13:45 Nous, on fait quoi face à ça ?
01:13:47 Est-ce que moi, je renonce et je me dis
01:13:50 que j'accepte d'être un citoyen de seconde zone dans mon pays
01:13:53 ou est-ce que je me bats pour la démocratie
01:13:56 en sachant, oui, les risques que ça impose ?
01:13:58 Mais comme je l'ai dit, il y a des combats
01:14:00 qui, dans la vie, doivent être menés.
01:14:03 Il y avait une phrase qui, pendant les événements, était très juste
01:14:06 et qui était citée par les mouvements indépendantistes,
01:14:09 mais que nous avons reprise à notre compte,
01:14:12 qui disait "Le plus dur, ce n'est pas de mourir,
01:14:15 "c'est de se sentir étranger dans son propre pays."
01:14:17 Nous, on n'a pas envie de se sentir étranger dans notre propre pays
01:14:21 parce qu'on y est né, on l'a construit, on y travaille tous les jours.
01:14:25 Et ce qui a été détruit par les émeutiers,
01:14:27 je vais vous dire quelque chose,
01:14:29 on va tout reconstruire, parce que c'est dans notre ADN.
01:14:32 - C'est la question que j'allais vous poser,
01:14:35 mais on va intégrer Vincent Roy et Christian Pouteau.
01:14:38 Qu'est-ce que ça vous inspire ?
01:14:40 Il a bien décrit la situation actuelle, monsieur le député.
01:14:43 - Tout à fait, oui.
01:14:44 Ecoutez, l'équilibre politique et l'équilibre ethnique
01:14:48 n'a-t-il toujours pas été fragile ?
01:14:52 À tout le moins.
01:14:54 À tout le moins.
01:14:55 Alors, évidemment, là, ce matin,
01:14:59 on pouvait lire dans le Figaro un magistrat de la juridiction calédonienne
01:15:03 qui disait "attention, attention, soyons prudents,
01:15:06 il y a peut-être davantage, dans ce qu'on voit se jouer là,
01:15:09 davantage d'opportunisme que d'indépendantisme."
01:15:13 Je reprends sa formule.
01:15:14 Peut-être doit-on être, à l'heure où nous parlons,
01:15:19 relativement prudents.
01:15:21 On voit des groupes qui s'engagent dans une bagarre.
01:15:25 En connaissent-ils vraiment les tenants et les aboutissants ?
01:15:29 Ne sont-ils pas portés par, justement, un certain opportunisme ?
01:15:33 Et peut-être qu'on peut targuer
01:15:36 que l'état d'urgence qui est décrété
01:15:40 va calmer la situation.
01:15:43 - On va le laisser vous répondre,
01:15:45 mais je vous propose d'écouter à nouveau Gabriel Attal.
01:15:48 - Je la rencontre avec l'effort de venir très rapidement.
01:15:52 - Madame la présidente.
01:15:53 - Monsieur le Premier ministre,
01:15:55 le dialogue ne se décrète pas ni il s'impose.
01:15:58 Il se construit dans le respect des forces en présence.
01:16:01 Avec la méthode qui a été la vôtre, vous avez attisé le feu.
01:16:06 Il est temps maintenant de l'éteindre
01:16:08 et de reprendre sur de nouvelles bases
01:16:10 la construction d'un avenir meilleur
01:16:12 pour le peuple kanak comme pour la République française.
01:16:15 (Applaudissements)
01:16:17 - La parole est à notre collègue François Bonneau
01:16:19 pour le groupe de l'Union centriste.
01:16:21 - Le propos était tronqué,
01:16:23 donc on ne va pas refaire toute la question.
01:16:26 Thomas Bonnet, on rappelle cette information primordiale,
01:16:29 c'est l'état d'urgence qui est décrété pour la Nouvelle-Calédonie
01:16:32 au vu de l'évolution de la situation,
01:16:34 en particulier ces dernières 24 heures,
01:16:36 la crainte pour les habitants de Nouméa
01:16:38 et un déficit de forces de l'ordre pour l'instant.
01:16:41 - Il y a eu un conseil de défense qui s'est tenu à l'Elysée ce matin.
01:16:45 A l'issue de ce conseil de défense,
01:16:47 le président de la République a décidé de décréter l'état d'urgence.
01:16:51 Pour être très précis,
01:16:52 cela va être décrété dans le Conseil des ministres
01:16:55 qui va se dérouler d'ici quelques instants.
01:16:57 Le Premier ministre va déposer ce décret.
01:17:00 Ca va permettre de renforcer les pouvoirs des autorités sur place
01:17:04 avec des facilités d'opération, notamment en termes de perquisition,
01:17:07 d'assignation à résidence, de fermeture de lieux publics.
01:17:11 Et en termes d'effectifs,
01:17:13 1 800 gendarmes et policiers sont déjà sur place.
01:17:16 Ils seront bientôt rejoints par 500 autres gendarmes
01:17:19 qui vont être mobilisés.
01:17:20 D'ailleurs, le Premier ministre a un peu détaillé ces effectifs.
01:17:24 4 escadrons de gendarmerie mobile, le RAID,
01:17:26 également le GIGN qui vont être déployés sur place.
01:17:29 - Christian Protot, fondateur du GIGN, est avec nous.
01:17:32 On rappelle que le GIGN était intervenu à Ouvéa,
01:17:35 c'était en mai 88.
01:17:37 C'est un dispositif conséquent, les renforts qui vont arriver.
01:17:41 Ca vous paraît suffisant pour rétablir la situation ?
01:17:45 - Oui, bien sûr, parce que l'ordre public,
01:17:47 pour pouvoir le maintenir, il faut des effectifs.
01:17:50 Il n'y a pas de secret, surtout quand on se rend compte
01:17:53 qu'une partie de ce qui se passe est à la fois instrumentalisée,
01:17:58 mais également une certaine jeunesse livrée à elle-même
01:18:02 qui profite de l'occasion pour faire son marché.
01:18:06 On connaît ça par coeur.
01:18:07 Dans les émeutes que nous avions eues après l'affaire Nahel,
01:18:11 on avait eu à peu près la même chose un peu partout.
01:18:14 Donc je crois que...
01:18:16 D'abord, j'ai une pensée pour ce gendarme
01:18:18 qui a perdu la vie en service,
01:18:20 et qui montre que, comme malheureusement,
01:18:23 on l'avait vu en 88 et on espérait que ça serait fini,
01:18:26 et qu'avec les accords de Nouéa,
01:18:28 on pourrait arriver quand même à la paix civile,
01:18:31 vu le prix que tout le monde a payé.
01:18:33 Bien sûr, les indépendantistes, à l'époque,
01:18:36 ont payé le prix fort,
01:18:37 mais ils s'étaient engagés dans un combat frontal.
01:18:41 Mais la gendarmerie et l'armée de terre, en particulier,
01:18:45 ont également perdu deux hommes.
01:18:47 Donc il faut remettre les choses à leur place
01:18:51 parce qu'il y a eu, dans les accords de Matignon,
01:18:54 il y a eu une paix qui a été décidée,
01:18:58 et cet accord sur la longue durée,
01:18:59 qu'il ne faut pas oublier, le rappeler,
01:19:02 était quand même au départ.
01:19:04 C'est pour ça qu'ils ont été signés ces accords,
01:19:07 à l'avantage des indépendantistes,
01:19:09 qui pensaient qu'avec le temps,
01:19:12 leurs effectifs grossiraient
01:19:15 et qu'ils pourraient, à ce moment-là,
01:19:17 obtenir une majorité, ce qui était contraire.
01:19:19 Et puis une règle du jeu qui était complètement fausse,
01:19:22 dès le départ, puisque gagner trois fois,
01:19:25 comme vous le rappeliez, monsieur le député,
01:19:27 c'est différent de la majorité qui gagne deux fois,
01:19:31 mais vous perdez si l'enchevant n'est pas bu.
01:19:33 Une clause de revoyure comme ça,
01:19:35 par deux fois après un premier référendum,
01:19:36 j'en ai jamais vu ailleurs.
01:19:38 - Ça n'existait pas. - C'est quelque chose
01:19:39 qui était clé en moi.
01:19:41 Je voudrais revenir là-dessus,
01:19:42 parce que je connais un peu cette période,
01:19:44 parce que le beau-père de ma soeur
01:19:47 a fait partie, avec le préfet Blanc,
01:19:50 il s'appelait Jean-Claude Perrier,
01:19:53 grand haut fonctionnaire, grand commune de l'État.
01:19:55 Ils ont rédigé tous les deux les accords de Matignon,
01:19:58 ils ont participé à ces accords,
01:20:00 à la demande de Michel Rocard.
01:20:02 Nous étions en vacances, donc je m'en souviens très bien,
01:20:04 et en particulier, vous le connaissez très bien.
01:20:07 Donc, ils ont mis vraiment sur la balance
01:20:09 des choses qui, actuellement,
01:20:11 on les proposait, paraît très...
01:20:14 - Disproportionnées. - Disproportionnées
01:20:17 en matière de droit.
01:20:18 En considérant quand même
01:20:21 que, jusqu'à preuve du contraire,
01:20:23 c'était le territoire national.
01:20:25 - Bien sûr, en plus. Il est tard en Nouvelle-Calédonie,
01:20:27 mais on a quand même un habitant en ligne avec nous,
01:20:30 Laurent, à qui on va demander comment ça se passe,
01:20:32 et qui aura sans doute des questions pour son député dans un instant.
01:20:35 Bonjour, ou bonne nuit, plutôt, bonsoir.
01:20:37 Merci d'être avec nous.
01:20:39 Comment ça se passe ?
01:20:40 Est-ce que vous êtes dans un quartier qui est plutôt paisible ?
01:20:43 Vous aussi, vous manquez de sommeil parce que vous êtes sur le qui-vive ?
01:20:46 Et comment avez-vous, globalement, accueilli la décision
01:20:48 de décréter l'état d'urgence dans les prochaines heures,
01:20:51 dans les prochains jours ?
01:20:52 - Alors oui, je pense que je suis...
01:20:55 Enfin, on est comme tous les habitants, un peu, en manque de sommeil.
01:20:58 Après, nous, là, je suis dans le noir,
01:21:00 parce qu'on est en veille,
01:21:03 c'est-à-dire que tous les quartiers de Nouméa se sont organisés
01:21:06 pour protéger les biens, les personnes aussi.
01:21:11 Donc, voilà, il y a une forte solidarité qui s'est mise en place.
01:21:15 Donc ça, c'est vraiment très positif.
01:21:17 Donc voilà, après, moi, on est plutôt situé dans un quartier calme.
01:21:20 Donc voilà, c'est...
01:21:22 - Est-ce que vous avez une question à poser, peut-être, à Nicolas Metzdorf,
01:21:25 dont on sait qu'il défend bien la cause de la Nouvelle-Calédonie ?
01:21:30 Et tente aussi, par son exercice pédagogique,
01:21:33 de faire comprendre un problème qui est beaucoup plus complexe
01:21:36 qu'il n'y paraît.
01:21:38 - Ah, ça, c'est pas une question.
01:21:42 Alors, moi, je suis ici depuis trois ans,
01:21:45 et c'est avec le vivre ensemble,
01:21:47 je l'ai bien senti.
01:21:50 Et là, j'ai juste peur qu'il se soit éclaté en morceaux.
01:21:54 Enfin, là, c'est...
01:21:56 Enfin, je veux dire, c'est...
01:21:57 Nouméa, ça a quand même beaucoup brûlé.
01:22:00 On va devoir tout reconstruire.
01:22:03 Et là, il va se poser le problème, d'ici peu,
01:22:06 quand le calme va revenir de la nourriture,
01:22:09 parce que je pense qu'il doit rester
01:22:11 deux, trois supermarchés sur place.
01:22:13 Donc voilà, c'est...
01:22:16 Enfin, je voulais savoir, lui, ce qu'il pensait de la situation
01:22:18 et le vivre ensemble, comment il le voyait plus tard, en fait.
01:22:21 - Allez-y, c'est pour... Je pense que vous pouvez lui répondre.
01:22:25 - Merci. Merci.
01:22:26 D'abord, mes salutations et mes remerciements à Laurent
01:22:29 de participer avec tout le reste de la population calétonienne.
01:22:32 On maintient de l'ordre sur place.
01:22:35 Vous êtes extrêmement courageux.
01:22:38 Laurent a raison, il pose une vraie question
01:22:39 que, nous, on posera aux indépendantistes.
01:22:42 Est-ce que vous voulez vivre avec nous ou pas ?
01:22:44 Parce que nous, on a répondu à cette question il y a très longtemps,
01:22:47 en signant les accords de Matignon et en signant les accords Nouméa.
01:22:50 Nous, on a considéré qu'il fallait reconnaître le fait colonial
01:22:53 et puis, du coup, vivre dans un destin commun,
01:22:56 d'égal à égal, avec les Kanaks en Nouvelle-Calédonie.
01:22:59 La question que moi, la première que je vais poser
01:23:02 quand on se reverra avec les indépendantistes
01:23:04 dans les négociations, c'est,
01:23:05 est-ce que vous voulez vivre avec nous ou pas ?
01:23:08 Parce que ça conditionne toute la suite.
01:23:09 C'est-à-dire que, soit on vit ensemble
01:23:13 et vous changez de discours et vous faites de la pédagogie
01:23:15 auprès de votre population en disant que les Blancs
01:23:17 en Nouvelle-Calédonie ne partiront pas.
01:23:20 Soit vous dites que vous voulez effectivement qu'on parte,
01:23:23 qu'on fasse autre chose, qu'on n'est pas chez nous
01:23:25 et puis on devra organiser la Nouvelle-Calédonie institutionnellement
01:23:28 de manière à ce que chacun ait un chez-soi aussi.
01:23:31 Ça veut dire une partition ?
01:23:32 Pas forcément une partition, mais la question mérite d'être posée.
01:23:36 Est-ce qu'ils veulent vivre avec nous ou pas ?
01:23:39 Mais il ne faut pas dire oui, mais vous êtes des accueillis.
01:23:43 Il ne faut pas dire oui, mais nous, on n'est plus légitime.
01:23:45 C'est oui et vous êtes nos égaux,
01:23:48 ou non, vous ne le serez jamais.
01:23:52 Ça, c'est une question à laquelle ils devront répondre
01:23:54 parce que c'est une question que tous les Calédoniens comme Laurent
01:23:56 se posent ce soir, c'est-à-dire est-ce que le destin commun
01:23:59 qu'on nous a vendu et auquel nous on a cru
01:24:01 est encore possible après ce qui vient de se passer ?
01:24:03 Laurent, vu de Nouméa ce soir
01:24:06 et avec les discussions que vous avez avec vos voisins,
01:24:10 les autres riverains, quel est un peu le profil des émeutiers ?
01:24:13 On a parlé d'un effet d'opportunisme.
01:24:15 Il y a effectivement quelque chose de politiquement alimenté,
01:24:18 ça paraît indéniable vu le contexte
01:24:20 dans lequel tout ça s'est échauffé,
01:24:22 mais est-ce qu'il y a aussi des jeunes qui sont incontrôlables
01:24:25 et qui ne réfléchissent pas plus loin que le bout de leur nez
01:24:27 dans ce qu'ils sont en train de faire aujourd'hui ?
01:24:29 Alors, je pense que ça a été très bien organisé au départ
01:24:34 puisque ça s'est pris vite et à plein d'endroits différents.
01:24:40 Après, je pense que la jeunesse est mise dedans
01:24:44 et ils sont un peu perdus.
01:24:49 On se demande des fois quel est leur but.
01:24:52 Ils pillent des magasins, ils les brûlent après,
01:24:55 il y a des choses qui sont proches de chez eux.
01:24:57 Il n'y a pas de logique dans ce qu'ils sont en train de faire.
01:25:01 Donc, voilà.
01:25:03 Les raisonnées, je pense que...
01:25:06 Là, c'est en train de se faire,
01:25:07 c'est beaucoup plus calme ce soir à Nouméa que les autres soirs.
01:25:10 Je pense que les papas et les mamans canards
01:25:14 et les mamies sont allés dans la rue,
01:25:16 ils ont commencé à déblayer tout ce que la jeunesse a fait
01:25:19 et ont commencé à leur dire qu'il va falloir un peu
01:25:22 se tourner dans le droit chemin
01:25:23 parce que ça ne va plus être possible.
01:25:25 Ça va passer aussi par là, je pense.
01:25:28 Il y a sans doute un peu de fatigue de part et d'autre aussi.
01:25:31 Quand on tient les barrages et les choses comme ça depuis 48 heures,
01:25:35 eux aussi se fatiguent forcément au bout d'un moment.
01:25:37 Un dernier mot, parce que Sonia Baques,
01:25:39 ancienne ministre, personnalité politique
01:25:42 que tous les Calédoniens connaissent,
01:25:44 elle a parlé de risque de guerre civile.
01:25:48 On précise qu'en Nouvelle-Calédonie,
01:25:49 beaucoup de gens sont armés parce que c'est un pays de chasseurs,
01:25:52 surtout en Brousse, beaucoup plus qu'à Nouméa.
01:25:55 Est-ce qu'il y a un risque que les choses basculent
01:25:57 si les gens comprennent qu'on s'en prend à leur intégrité physique,
01:26:02 comme ça a pu être le cas déjà il y a quelques heures, quelques jours ?
01:26:06 Je ne sais pas.
01:26:11 Je ne pense pas qu'on en soit encore là.
01:26:14 Parce que moi, j'ai dû passer des barrages
01:26:16 pour aller aux urgences de Medipol de Nouméa.
01:26:19 C'était les premiers barrages.
01:26:21 Voilà, si on se parle gentiment, il y a quand même de la compréhension.
01:26:26 Après, il y a toujours des inarguments des deux côtés,
01:26:30 mais bon, après, il ne faudrait pas que ça bascule.
01:26:33 Des fois, il suffit juste d'une étincelle pour que ça parte.
01:26:38 Mais moi, je suis encore positif
01:26:43 dans le sens de me dire que des deux côtés,
01:26:46 il y a des bonnes personnes et des choses qui vont se mettre en place
01:26:49 pour retrouver le calme et ce qu'on a connu avant.
01:26:52 On ne peut pas, en deux nuits, deux jours des meutes,
01:26:56 tout balayer comme ça.
01:26:58 Pour moi, ce n'est pas possible.
01:27:00 Merci beaucoup, Laurent, de nous avoir donné votre sentiment
01:27:03 alors qu'il est, je ne sais pas, minuit passé, 2h du matin,
01:27:06 à Nouméa. Merci encore.
01:27:09 Nicolas Mezov, on parle beaucoup de Nouméa.
01:27:12 Quelle est la situation en Brousse également ?
01:27:14 Parce qu'il y a de nombreux habitants,
01:27:16 je crois que plus de la moitié de la population
01:27:19 se concentre effectivement à Nouméa,
01:27:21 mais il y a la Brousse, la province nord,
01:27:23 le reste de la province sud, qu'on appelle déjà la Brousse,
01:27:26 et puis les îles Loyauté.
01:27:28 Est-ce que là aussi, la situation est tendue
01:27:30 de ce qui vous revient de l'archipel ?
01:27:32 La situation est tendue, mais beaucoup moins
01:27:34 que à Nouméa et dans le Grand Nouméa.
01:27:36 Pour deux...
01:27:39 Pour plusieurs raisons.
01:27:40 La première, c'est qu'en Brousse, tous les gens se connaissent.
01:27:43 Les gens se connaissent. À Nouméa, on ne se connaît pas.
01:27:46 Il y a tellement de monde qu'on ne fréquente pas les mêmes lieux.
01:27:49 En Brousse, les gens...
01:27:51 Il n'y a qu'un magasin, ou deux, ou trois par village,
01:27:54 il y a une école maternelle, une école primaire,
01:27:56 donc il y a une proximité humaine
01:27:58 qui fait que quand il y a des moments de violence,
01:28:01 on n'arrive plus facilement à apaiser rapidement la situation.
01:28:04 La deuxième chose, c'est que la Brousse s'est beaucoup vidée
01:28:07 pour remplir les quartiers sociaux de Nouméa.
01:28:10 Dans les années 80, on appelait Nouméa "Nouméa la blanche".
01:28:13 Aujourd'hui, Nouméa n'est plus du tout blanche.
01:28:16 Nouméa est polyethnique,
01:28:18 parce que la province Nord et la province des îles
01:28:21 ont perdu énormément de population.
01:28:23 Dans le dernier recensement de l'ISEE, notre INSEE local,
01:28:26 qui a eu lieu en 2019,
01:28:28 la majorité de la population kanak vivait en province sud,
01:28:31 et notamment à Nouméa.
01:28:32 Donc, en fait, la Cahedonie s'est polarisée
01:28:35 dans le Nouméa et dans le Grand Nouméa.
01:28:37 Le reste de la Nouvelle-Cahedonie est vide,
01:28:39 avec très peu de population.
01:28:41 Donc, c'est plus simple, on va dire, de maintenir...
01:28:44 On n'est plus dans la même configuration que les années 80.
01:28:46 Non, pas du tout, parce que dans les années 80,
01:28:48 il y avait énormément de Blancs en Brousse,
01:28:51 et la majorité des Kanaks étaient aussi en Brousse.
01:28:53 Ce n'est plus le cas aujourd'hui.
01:28:55 Alors, moi, j'ai une dernière réaction de l'un de l'autre.
01:28:59 J'avais une question, puisque tout à l'heure,
01:29:02 vous parliez d'une possible...
01:29:04 Vous avez posé la question aux indépendantistes kanaks
01:29:08 de savoir s'ils veulent vivre avec vous.
01:29:11 C'est la question que vous posiez.
01:29:12 Si le vivre ensemble n'était pas possible,
01:29:14 et que vous imaginiez, comme vous le disait Nelly,
01:29:17 une partition, de quel type serait-elle ?
01:29:20 Parce qu'elle serait, par exemple, dramatique
01:29:22 entre la province nord et la province sud,
01:29:24 je veux dire par là, entre la province riche
01:29:27 et les provinces les plus pauvres,
01:29:31 la province nord, les îles Loyauté,
01:29:33 qui sont considérées comme étant les plus pauvres.
01:29:35 Dans ce cadre-là, la partition serait juste impossible
01:29:40 ou, à tout le moins, invivable.
01:29:42 La partition, elle n'est pas souhaitable pour la Nouvelle-Calédonie,
01:29:45 parce que, dans le fond, chaque Calédonien,
01:29:47 son ADN...
01:29:49 Enfin, on va dire "Calédonien",
01:29:51 les non-indépendantistes, on va dire ça,
01:29:53 sont pour un vivre ensemble,
01:29:54 et ne veulent surtout pas que la Calédonie devienne une partition.
01:29:58 Mais il va falloir répondre à cette question
01:30:00 du côté des indépendantistes.
01:30:02 Oui, ça va poser énormément de problèmes économiques, sociaux,
01:30:04 géographiques, institutionnels, on n'est pas sortis de l'auberge.
01:30:07 Mais il faut quand même qu'ils répondent à cette question-là.
01:30:10 Parce que moi, j'ai trois enfants, j'ai trois fils,
01:30:13 ils ont moins de cinq ans, les trois.
01:30:16 Si c'est pour qu'ils se fassent traiter de colons, de salles blancs,
01:30:20 qui ne sont pas chez eux en Nouvelle-Calédonie,
01:30:22 moi, je n'ai pas envie de ça.
01:30:23 - Vous voulez dire qu'il y a un abcès qui n'a pas été percé ?
01:30:25 - Écoutez, vous vous rendez compte, moi,
01:30:28 en Nouvelle-Calédonie, je me fais traiter de salle blanche,
01:30:30 et sur Twitter, en métropole, l'extrême gauche dit que je suis un colon.
01:30:35 Vous voyez ce que je veux dire ?
01:30:36 Il faut résoudre ce problème-là,
01:30:38 parce que tant qu'on n'aura pas résolu la question de la place
01:30:41 de tous les Calédoniens en Nouvelle-Calédonie,
01:30:43 on ne résoudra jamais le problème calédonien.
01:30:44 - Il y avait déjà, vous parlez de partition,
01:30:46 mais si on revient aux accords de Matignon,
01:30:48 il y avait déjà eu une...
01:30:50 Comment dire ? - Recomposition.
01:30:52 - Recomposition, on avait redessiné les provinces
01:30:54 de manière à ce qu'il y ait une meilleure répartition
01:30:57 aussi des richesses, et c'était censé,
01:30:59 enfin, vous corrigez-moi si je me trompe,
01:31:01 mais c'était censé aussi être plus bénéfique aux tribus du Nord,
01:31:04 aux Kanaks qui résidaient plus majoritairement dans le Nord,
01:31:10 ne serait-ce que pour aussi les concessions de nickel
01:31:12 et l'extraction du nickel.
01:31:13 Il y avait des choses qui avaient été faites aussi
01:31:15 dans le but de redistribuer plus équitablement économiquement.
01:31:18 - Oui, la provincialisation qui était de 88,
01:31:20 quand on a créé les trois provinces, c'était une forme de partition,
01:31:22 puisqu'on donnait les compétences aux trois provinces.
01:31:26 Elles ont été faites pour donner de l'argent
01:31:29 aux indépendantistes du Nord et des îles
01:31:31 en leur donnant le pouvoir aussi.
01:31:32 C'est-à-dire que, par exemple,
01:31:34 la clé de répartition de la Nouvelle-Calédonie,
01:31:36 la province sud, c'est 95 % des impôts de la Nouvelle-Calédonie.
01:31:39 La province sud en touche 51 %,
01:31:41 et le reste est redistribué aux autres provinces.
01:31:44 La province sud, c'est 75 % de la population,
01:31:46 mais que 51 % des recettes fiscales qui tombent.
01:31:48 Le reste est redistribué dans les provinces nord et île,
01:31:50 et les provinces nord et île, leurs élus,
01:31:52 dans les assemblées de provinces, sont surreprésentés
01:31:55 au congrès de la Nouvelle-Calédonie,
01:31:56 qui est le parlement des trois provinces,
01:31:57 par rapport aux élus de la province sud.
01:31:59 Donc, on a donné le pouvoir politique, économique,
01:32:01 aux indépendantistes dans les provinces nord et île,
01:32:04 et bilan des politiques publiques des indépendantistes
01:32:07 au bout de 30 ans dans ces provinces-là,
01:32:09 c'est un exode massif de leur population vers la province sud.
01:32:12 - Oui, donc, finalement, ça n'aura même pas été bénéfique
01:32:14 pour essayer de construire une économie
01:32:16 mieux répartie sur le pays.
01:32:18 - Ils n'ont pas su développer leur province.
01:32:20 - 40 ans de processus parti en fumée sera ma dernière question.
01:32:23 Il en faudra autant pour remettre le pays
01:32:26 et l'économie sur pied aujourd'hui ?
01:32:27 Ou on peut y arriver, vous étiez très optimiste tout à l'heure,
01:32:32 on peut y arriver plus rapidement que ça ?
01:32:33 - Je ne suis pas optimiste, mais je nous connais.
01:32:35 Je nous connais et je sais que les Calédoniens
01:32:38 sont un peuple de bâtisseurs,
01:32:40 ce sont des gens qui construisent, qui créent.
01:32:43 Et je sais que tout ce qui a été détruit
01:32:46 sera reconstruit par les Calédoniens.
01:32:47 On aura certainement besoin d'un coup de pouce de l'État
01:32:50 et je solliciterai le gouvernement
01:32:52 pour qu'il nous aide à relancer l'économie au niveau local.
01:32:55 Parce que là, pour le coup, si l'État ne nous aide pas,
01:32:57 on est face à une crise sociale et économique d'une terrible ampleur.
01:33:00 Notre sécurité sociale, dont on est compétent,
01:33:02 on n'est pas à la sécurité sociale nationale,
01:33:05 elle est morte aujourd'hui.
01:33:06 Je suis sûr qu'on ne peut plus payer nos hôpitaux, nos soins,
01:33:09 compte tenu des dégâts qui ont été faits ces derniers jours.
01:33:13 Donc on aura besoin d'un énorme chèque de l'État central.
01:33:16 Mais je sais que ce chèque sera utilisé par les Calédoniens
01:33:20 à bon escient, parce que la Calédonie,
01:33:22 quand on était très loin des trois référendums,
01:33:26 elle vivait un boom économique.
01:33:27 Parce que les Calédoniens sont...
01:33:29 On a gardé cet esprit pionnier.
01:33:31 - Il y a une terre... - Industrieux, quoi.
01:33:33 C'est une terre de construction.
01:33:36 C'est des bannières qui sont arrivées, des aventuriers.
01:33:39 Ils ont acheté des petits lopins de terre,
01:33:41 ils ont fait des plus grandes propriétés,
01:33:42 ils ont acheté des commerces, ils ont fait du nickel, du cuivre.
01:33:45 C'est un peuple de bâtisseurs et je suis sûr qu'on rebâtira.
01:33:49 C'est un bon propos pour conclure.
01:33:51 Mais Christian, j'aimerais aussi avoir votre sentiment.
01:33:53 On parlera de cette deuxième actualité
01:33:56 qui nous occupe depuis hier.
01:33:57 C'est cette attaque mortelle contre un fourgon
01:34:00 qui transportait un détenu.
01:34:01 Et l'intersyndical est mobilisé désormais
01:34:03 à la rencontre du ministre de la Justice cet après-midi
01:34:06 pour tenter d'avoir les réponses adéquates
01:34:08 pour éviter ce genre de scénario dramatique à l'avenir.
01:34:11 Un dernier mot sur la Nouvelle-Calédonie
01:34:13 avant que l'intersyndical ne sorte de cette entrevue
01:34:15 avec Eric Dupond-Moretti.
01:34:16 Ils prendront la parole d'un instant à l'autre.
01:34:19 Un dernier mot en guise de conclusion
01:34:21 sur la manière dont vous envisagez, vous aussi,
01:34:23 l'avenir de ce pays que vous connaissez bien,
01:34:25 y compris par personne interposée.
01:34:27 Oui, absolument. D'autant qu'ayant vécu les événements de 88,
01:34:31 je vois d'où on partait, où on est arrivé.
01:34:34 Et dans les propos de M. le député,
01:34:36 je sens cette énergie qu'il y a pour tous les gens
01:34:39 qui construisent et qui bâtissent.
01:34:41 Alors, il y a, en périphérie de tout ça, on le sait,
01:34:45 des gens qui sont à la remorque d'un développement
01:34:48 qui n'y participe pas soit volontairement,
01:34:52 soit involontairement,
01:34:54 et qui, étant marginalisés,
01:34:56 à un moment où ils peuvent être récupérés...
01:34:58 Je voudrais vous rappeler que ça s'est fait en Corse aussi,
01:35:00 il n'y a pas si longtemps que ça.
01:35:02 Cette jeunesse est utilisée dans le mauvais sens du terme.
01:35:05 Elle est dévoyée.
01:35:07 Et elle profite du désordre
01:35:10 pour faire quelque chose qui n'est pas bien.
01:35:12 Et M. le député a rappelé que la périphérie de Nouméa
01:35:17 est une périphérie où il y a malheureusement
01:35:20 tout un pan de la société calédonienne
01:35:24 qui peut-être n'a pas trouvé la place
01:35:27 qu'elle pouvait espérer dans le développement.
01:35:29 Moi, je crois malgré tout que vu de ce qu'on partait,
01:35:32 la manière de la partition, j'allais dire ethnique,
01:35:36 même si le terme ne fait pas toujours plaisir,
01:35:39 existait en 88.
01:35:40 On se souvient de ce que pouvait dire M. Lafleur à l'époque.
01:35:44 On revient de très loin.
01:35:46 Et on est peut-être, je l'espère, je suis un optimiste né,
01:35:50 dans les derniers sursauts pour les radicaux.
01:35:53 Parce qu'il y a toujours des radicaux.
01:35:55 Et je pense que ces radicaux,
01:35:58 c'est une espèce de champ de cygne
01:36:00 à travers quelque chose dont ils savent très bien
01:36:03 que c'est inéluctable, puisqu'ils perdent,
01:36:06 ils perdent ne serait-ce qu'au niveau des voix.
01:36:08 Ils perdent en nombre.
01:36:10 Je le rappelais tout à l'heure, 110 000 Calédoniens d'origine.
01:36:16 Et 170 000 de multiculturalisés.
01:36:20 Donc le déséquilibre, il est en leur défaveur, c'est sûr,
01:36:25 mais c'est l'histoire qui est en route.
01:36:27 Et je l'espère que les plus modérés,
01:36:31 et il y en a, vous le rappeliez, M. le député,
01:36:33 les plus modérés reprendront la main.
01:36:35 Qui leur a échappé un temps ?
01:36:37 -Il nous reste deux minutes.
01:36:38 Est-ce que le FLNKS tient encore ses troupes
01:36:41 ou est-ce qu'on a cédé le pas, finalement,
01:36:44 aux plus radicaux ?
01:36:45 À l'époque, il y avait des leaders dans les années 80
01:36:47 qu'évoquaient à l'instant Christian.
01:36:50 Il y avait Jean-Marie Thibault,
01:36:51 il y avait Yehweneh Yehweneh,
01:36:53 qui était effectivement en leur temps aussi contesté,
01:36:56 y compris en interne.
01:36:57 D'ailleurs, ils ont été assassinés par des canaks.
01:37:00 Mais quand ils disaient quelque chose, on les suivait.
01:37:03 Là, on a l'impression que plus personne ne contrôle rien.
01:37:06 Chez les leaders agrémentés, on va dire.
01:37:11 -J'essaye de dire un truc intelligent.
01:37:13 Le FLNKS, aujourd'hui, a perdu clairement la main
01:37:17 sur sa branche la plus radicale,
01:37:18 puisqu'il vient de se passer ce qu'on commande
01:37:21 depuis tout à l'heure.
01:37:22 Mais j'ose espérer que ça démontrera aussi
01:37:25 l'échec de la stratégie des plus radicaux
01:37:28 et que ça n'a pas apporté ce qu'ils recherchaient
01:37:31 et que ça permettra aux indépendantistes
01:37:33 les plus modérés de reprendre la main.
01:37:35 Nous, on ne demande pas aux indépendantistes
01:37:37 de plus être indépendantistes.
01:37:39 C'est leur droit, c'est une conviction.
01:37:41 Et on est en démocratie, ils ont le droit de vouloir
01:37:43 l'indépendance de la Nouvelle-Calédonie.
01:37:45 Ils ont le droit de convaincre des gens
01:37:47 de vouloir l'indépendance de la Nouvelle-Calédonie.
01:37:49 Ce qu'on ne veut pas, c'est qu'ils rejettent
01:37:51 ceux qui ne pensent pas comme eux.
01:37:52 Il y a des indépendantistes qui seront toujours indépendantistes,
01:37:55 mais qui ne veulent pas nous rejeter.
01:37:56 J'espère que c'est cette branche-là
01:37:58 qui reprendra le pas sur tout le reste.
01:37:59 -Merci beaucoup d'être venu parmi nous cet après-midi
01:38:02 répondre à toutes ces questions.
01:38:04 Je crois qu'on a un peu mieux compris la réalité
01:38:06 de cette terre lointaine de 17 000 km, on le rappelle.
01:38:11 Il est pratiquement 16h, c'est l'heure du journal avec vous,
01:38:14 Vincent Farandesh. On commence avec...
01:38:18 C'est l'endemain de l'attaque mortelle
01:38:19 de ce fourgon pénitentiaire.
01:38:21 Et évidemment, inutile de préciser que le fugitif
01:38:23 et ses complices sont toujours dans la nature.
01:38:26 -Ils sont activement recherchés, particulièrement dans l'heure
01:38:29 où s'est déroulée l'opération Interpol.
01:38:31 A d'ailleurs émis une notice rouge concernant Mohamed Amra.
01:38:35 Thibault Marcheteau, vous êtes avec Fabrice Elsner
01:38:38 à la prison de Évereux.
01:38:40 Le ministre de l'Intérieur a annoncé ce matin
01:38:43 un très important dispositif de force de l'ordre déployé.
01:38:46 -Absolument, Vincent, un dispositif sans précédent,
01:38:51 disait ce matin le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin.
01:38:55 Plus de 450 gendarmes et policiers mobilisés
01:38:57 avec le renfort du GIGN.
01:38:59 Un hélicoptère appuie également ses forces
01:39:01 pour essayer de retrouver la trace de ce qui est désormais
01:39:04 l'homme le plus recherché de France, qui a disparu
01:39:06 il y a maintenant plus de 24 heures.
01:39:08 On se trouve avec Fabrice Elsner devant la maison d'arrêt d'Évereux.
01:39:12 Vous le voyez, ce drapeau en berne
01:39:14 par des agents pénitentiaires qui a été mis aujourd'hui.
01:39:18 Il y a également des fleurs qui ont été déposées
01:39:20 un petit peu plus tôt dans la journée
01:39:21 devant cette maison d'arrêt.
01:39:24 On sent énormément d'émotion dans cette ville d'Évereux.
01:39:26 Cette histoire, tout le monde en parle dans cette ville.
01:39:29 Elle a évidemment touché énormément de monde
01:39:32 parce que c'est au péage d'un quart-ville
01:39:34 à quelques kilomètres d'ici que ce commando
01:39:37 a pris d'assaut ce convoi pénitentiaire.
01:39:40 Vous l'avez dit, il y a un dispositif sans précédent.
01:39:43 Également, cette notification, cette notice Interpol,
01:39:47 notice rouge pour essayer de retrouver la trace de Mohamed A.
01:39:50 Également, toute cette coopération internationale
01:39:52 dont parlait le ministre de l'Intérieur ce matin
01:39:54 parce qu'il est possible que les complices de Mohamed A
01:39:58 aient choisi de quitter le territoire français
01:40:05 pour mieux échapper à la surveillance,
01:40:07 en tout cas, des recherches de tout ce dispositif policier
01:40:10 et de gendarmerie.
01:40:11 -Merci beaucoup.
01:40:12 Dans le même temps, des actions ont été menées
01:40:14 devant les prisons ce matin.
01:40:15 -Une journée prison-mort pour rendre hommage
01:40:17 aux deux agents pénitentiaires tués hier,
01:40:20 un mouvement reconductible, d'ailleurs, selon les syndicats.
01:40:23 Les images sont commentées par Tancrede Guillotel.
01:40:25 -Tête baissée, devant un drapeau en berne,
01:40:30 ce matin, les agents pénitentiaires
01:40:32 ont respecté une minute de silence
01:40:34 pour rendre hommage à leurs deux collègues
01:40:35 décédés hier dans l'attaque d'un fourgon
01:40:37 au péage d'un Carville dans l'heure.
01:40:39 Au centre pénitentiaire de Caen,
01:40:41 à la prison de la Santé à Paris
01:40:42 ou encore à Gradignan, en Gironde,
01:40:44 plusieurs centaines de surveillants pénitentiaires
01:40:46 ont même bloqué leurs établissements
01:40:48 pour une journée prison-morte.
01:40:49 -Le mal-être est parmi nous.
01:40:51 Depuis 92, on n'avait jamais eu une telle attaque.
01:40:55 -L'émoi est présent pour tout le monde.
01:40:57 On part du surveillant jusqu'au chef d'établissement.
01:41:01 Tout le monde est en émoi.
01:41:02 -De la tristesse, mais également de la colère
01:41:05 pour le personnel pénitentiaire
01:41:06 qui alerte sur la dangerosité du métier.
01:41:09 Parmi les revendications de la profession,
01:41:11 la réduction drastique des extractions judiciaires
01:41:14 arrive en tête de liste.
01:41:15 -Il faudrait privilégier la visioconférence.
01:41:17 Il y a des détenus qui sortent pour des audiences très courtes,
01:41:21 qui font beaucoup de kilomètres.
01:41:22 Ca engendre beaucoup de moyens humains,
01:41:24 de moyens matériels,
01:41:26 et tout ça pour beaucoup de dangers,
01:41:29 pour pas grand-chose.
01:41:30 Ca aurait pu être évité.
01:41:31 Ils auraient pu faire ça en visioconférence
01:41:34 et placer les magistrats.
01:41:35 -Les agents pénitentiaires dénoncent un manque de moyens,
01:41:38 de personnel et un état de surpopulation carcérale.
01:41:41 Dans le rapport annuel sur les prisons publiés,
01:41:44 la contrôleur générale des lieux de privation de liberté
01:41:47 dresse un tableau accablant.
01:41:49 Au 1er avril, le taux d'occupation moyen des maisons d'arrêt
01:41:52 était de 150 % en France.
01:41:54 -On termine ce journal avec ces évolutions à venir
01:41:56 pour le congé parental devenu congé de naissance.
01:41:59 Parmi les mesures proposées,
01:42:01 une centaine d'euros supplémentaires
01:42:03 pour l'indemnisation des parents,
01:42:05 mais une durée de congé réduite.
01:42:07 C'est ce que dit Marie-Victoire Diodonnet.
01:42:09 -Relancer la natalité en France,
01:42:11 c'est l'un des objectifs d'Emmanuel Macron.
01:42:14 Pour y parvenir, il mit sur une refonte du congé parental
01:42:17 avec deux axes, plus rémunérés et plus courts.
01:42:21 Au lieu des 448 euros, ce nouveau congé de naissance
01:42:24 proposera une indemnisation à hauteur de 50 % du salaire,
01:42:28 plafonnée à 1 900 euros par mois.
01:42:31 Un soutien plus qu'apprécié par cette jeune mère.
01:42:34 -C'est un luxe de prendre un congé parental.
01:42:36 400 euros par mois, c'est pas mon cas,
01:42:39 mais si t'es une mère seule et isolée,
01:42:41 ça peut être compliqué.
01:42:43 Au final, tu seras obligée de reprendre le travail tout de suite,
01:42:48 alors que là, si t'as 50 % de ton salaire,
01:42:51 ça t'aide à rester encore plus longtemps avec ton enfant,
01:42:54 pouvoir l'accompagner, le voir évoluer,
01:42:56 avant de l'envoyer chez la nourrice à deux mois et demi.
01:42:59 -Au lieu des trois années maximum du congé parental,
01:43:02 le congé de naissance sera aussi plus court,
01:43:04 trois mois pour le père et trois mois pour la mère.
01:43:07 Un choix qui alerte les associations.
01:43:09 -Dans la mesure où le congé va se raccourcir,
01:43:12 la famille va avoir besoin plus vite d'un mode de garde,
01:43:16 d'un mode d'accueil pour cette enfant, ce bébé.
01:43:20 Or, aujourd'hui, sur les places existantes,
01:43:22 il y a près de 20 000 postes qui ne sont pas pourvus aujourd'hui.
01:43:26 -Aux dents, c'est la samba !
01:43:28 -En ce début de concertation, les axes sont affinés,
01:43:31 mais de nouvelles pistes sont aussi envisagées.
01:43:34 Une éventuelle articulation avec l'actuel congé parental
01:43:37 et la possibilité de prendre ce congé de naissance à temps partiel.
01:43:41 -Merci beaucoup, cher Vincent.
01:43:43 Et à tout à l'heure, Christian Proutot, Vincent Rois
01:43:46 sont toujours avec moi, tandis que Sandra Buisson nous a rejoints.
01:43:50 On va parler de tous ces rassemblements de soutien
01:43:52 aux agents pénitentiaires qui ont été fauchés hier à ce péage de l'heure
01:43:56 par des complices de Mohamed A,
01:43:59 qui, par la même occasion, s'est évadé.
01:44:02 On va parler, effectivement, de la rencontre
01:44:05 avec Eric Dupond-Moretti, qui est sur le point de s'achever.
01:44:08 On aura une communication de l'intersyndical sous peu
01:44:11 sur les revendications pour l'avenir,
01:44:13 car ils ont déjà posé les bases de ce qu'ils voulaient
01:44:16 hier communiquer. Mais revenons à cette cavale
01:44:19 qui a débuté pour ces criminels.
01:44:21 C'est un exercice difficile, la cavale.
01:44:23 C'est pas simple de tenir la distance.
01:44:26 Ils risquent d'être fortement compromis dans leur entreprise.
01:44:31 - Disons qu'on peut réussir une évasion et on peut rater sa cavale.
01:44:34 C'est ce qui s'est passé pour Edouard Nfaïd.
01:44:37 Il avait quand même tenu 95 jours
01:44:39 en filant entre les mains des policiers et des gendarmes.
01:44:42 Mais il avait été repris, notamment parce qu'il y avait eu
01:44:45 des imprudences dans son équipe, ses complices,
01:44:48 ce qui l'avait aidé à s'évader et ensuite à se cacher.
01:44:53 On sait qu'il faut beaucoup d'argent et des complices
01:44:56 pour pouvoir assurer sa sécurité et son anonymat
01:45:01 et le fait de pouvoir se cacher des forces de l'ordre.
01:45:05 Il faut comprendre que là, ce n'est pas seulement un évadé,
01:45:09 c'est au moins 4 personnes avec lui, donc au moins 5 personnes
01:45:12 qu'il faut cacher, qu'il faut nourrir, qu'il faut loger
01:45:15 pendant un certain temps.
01:45:17 Soit 2 possibilités, soit ils sont encore terrés
01:45:19 dans un endroit du département de l'Eure
01:45:22 ou à proximité en attendant que la pression
01:45:24 des forces de l'ordre retombe et ensuite ils évolueront ailleurs.
01:45:28 Soit ils sont déjà beaucoup plus loin et auquel cas,
01:45:31 il faut voir s'ils n'ont pas pu passer les frontières.
01:45:34 C'est pour ça que cette notice rouge d'Interpol a été émise
01:45:38 à la demande de la France pour sensibiliser toutes les polices
01:45:41 des différents pays membres d'Interpol
01:45:43 pour qu'ils puissent l'arrêter.
01:45:45 Alors attention, ce n'est pas une obligation,
01:45:48 c'est au pays concerné de décider si oui ou non
01:45:51 ils ont été repérés. - La précision est importante.
01:45:54 Christian Proutot, s'agissant de ce que vous disiez hier,
01:45:57 sur le fait que s'ils sont en cavale et terrés
01:46:00 dans un périmètre, soit le 1er, soit le 2e cercle,
01:46:02 ils peuvent aussi tenter de faire le dos rond
01:46:05 et attendre que ça se calme, que le dispositif soit allégé
01:46:08 pour partir. - C'est sûrement ce qu'ils cherchent
01:46:11 à faire actuellement. N'oublions pas que 2 véhicules
01:46:14 ont été retrouvés, les 2 véhicules qui ont servi
01:46:17 à faire l'exfiltration. - Les 2 dont vous parlez,
01:46:19 qui ont été retrouvés ailleurs que PAH.
01:46:22 - Je vous propose de reparler juste après.
01:46:24 On va écouter les réactions.
01:46:26 - ...qui vont pouvoir être mis en place
01:46:28 au niveau de l'armement, des équipements,
01:46:31 des véhicules, des choses qu'on a entendues sur ce sujet.
01:46:34 On va avoir, vous savez, réduire les extractions judiciaires
01:46:38 et pouvoir augmenter les visios, déplacer les magistrats.
01:46:41 Là aussi, le sujet est lancé et on va y travailler.
01:46:45 On a le déplafonnement du 1/5e, l'engagement est pris,
01:46:49 vous savez que c'est une vieille revendication.
01:46:52 En 92, quand nos collègues sont tombés,
01:46:54 les personnels avaient obtenu le 5e.
01:46:58 Là, on demande le déplafonnement du 5e,
01:47:00 qui serait une grande avancée pour l'ensemble des personnels.
01:47:03 Ils vont y travailler, il faut qu'ils voient
01:47:06 avec le président de la République,
01:47:08 parce que ça dépasse le cadre du ministère de la Justice.
01:47:11 Il y a énormément de choses qui vont être faites.
01:47:14 Les consignes vont être données par le DAP
01:47:16 dès ce soir, dès demain matin,
01:47:18 pour relever les niveaux d'escorte,
01:47:20 pour que les agents aient accès aux fiches des détenus.
01:47:23 Les collègues ne savaient pas forcément qui les transporter.
01:47:26 Cette fois-ci, ça va être fait.
01:47:28 On va avoir un protocole à être signé
01:47:31 pour des prêts de main forte et renforcer l'aide
01:47:34 entre les services de sécurité,
01:47:38 la police, la gendarmerie et nous.
01:47:40 Il y a beaucoup de choses.
01:47:41 On vous le fera parvenir.
01:47:43 Il faut qu'ensuite, on en parle tous ensemble avec les personnels.
01:47:47 On sera reçus ensuite, avant la fin du mois de mai,
01:47:51 pour signer un protocole d'accord, en discuter.
01:47:54 Et après, première quinzaine, après les élections européennes,
01:47:58 parce qu'il y a un droit de réserve, on sera reçus par le ministre
01:48:01 pour décliner le protocole d'accord et la déclinaison des différents...
01:48:05 Avoir des dates, parce qu'avoir des armes supplémentaires,
01:48:08 du véhicule, ça demande du temps.
01:48:10 Il va demander aussi à ce que les véhicules qui sont saisis
01:48:13 puissent être un certain nombre...
01:48:15 Donnés à l'administration pénitentiaire,
01:48:18 supprimer un maximum le flocage,
01:48:20 pour qu'on puisse être plus en sécurité.
01:48:23 Il y a beaucoup de choses. C'est pour ça que ça a été très long.
01:48:26 On a pu réellement échanger.
01:48:28 On a été, je pense, écoutés, j'espère entendus.
01:48:32 On attend le relevé de décision.
01:48:34 Dès demain, on vous le diffusera.
01:48:35 Demain, on maintient la pression
01:48:37 en bloquant les établissements pénitentiaires,
01:48:40 comme aujourd'hui.
01:48:41 Mais très vite, on saura si on continue,
01:48:44 si on a été réellement entendus,
01:48:46 dès lors qu'on aura le relevé de décision.
01:48:49 -Sur l'armement, quel pourrait être le terrain d'entente ?
01:48:52 -Quel pourrait être le terrain d'entente ?
01:48:55 -Il y a des armes longues.
01:48:56 On parle même de véhicules suiveurs,
01:48:59 de pistolets et mitrailleurs.
01:49:01 On est vraiment sur des choses.
01:49:03 Déploiement du PIE, on est sur des choses importantes.
01:49:06 Les holsters de cuisse, vous savez qu'on réclamait,
01:49:09 on a fait des reportes sur la poitrine pour dégueuler plus vite.
01:49:12 -Le ministre s'est engagé fortement
01:49:14 sur des mesures concrètes qu'il pouvait mettre en place
01:49:18 pour la sécurisation de nos missions extérieures.
01:49:20 Le malheur qui est arrivé hier,
01:49:22 c'était sur la sécurisation des missions extérieures.
01:49:25 Il nous a apporté des réponses tout de suite.
01:49:28 Il a donné instruction au directeur de la mission
01:49:31 de mettre en place les choses immédiatement.
01:49:33 On lui a demandé, et mon collègue vient de le dire,
01:49:36 que, aujourd'hui, la révision des niveaux d'escorte
01:49:39 soit tout réévaluée pour qu'on ne se retrouve pas en difficulté
01:49:43 et qu'on ne revive plus jamais ce qui s'est passé hier.
01:49:46 -Ceci pour les extractions militiares ?
01:49:48 -Médicales aussi. Il va y avoir des consignes.
01:49:51 Vous savez qu'il y a des panachages.
01:49:53 Des consignes vont être données
01:49:55 pour éviter les extractions à deux agents.
01:49:57 Renforcer aussi les extractions médicales, bien évidemment,
01:50:01 parce qu'il y a un danger dès lors qu'on est dehors.
01:50:04 Alors, voilà, c'est de déployer l'armement généralisé.
01:50:07 Vous savez qu'il va y avoir...
01:50:08 L'information des surveillants va changer prochainement.
01:50:12 On va l'allonger de huit mois.
01:50:13 Les agents sortiront normalement habilités au port de l'arme
01:50:17 pour pouvoir, justement, fluidifier les choses
01:50:20 et permettre à ce qu'on puisse plus facilement sortir armés.
01:50:24 On a aussi porté une revendication sur les effectifs.
01:50:27 Il va y avoir un calcul,
01:50:29 puisque depuis 22 ans, on est aux 39h,
01:50:31 alors que tout le monde est aux 35h.
01:50:33 Donc recalculer les effectifs sur la base des 35h.
01:50:36 Là aussi, on comprend bien le contexte.
01:50:38 Ça demande des effectifs.
01:50:40 C'est aussi des effectifs... C'est long à recruter, à former.
01:50:43 Ça va pas arriver tout de suite sur le terrain.
01:50:46 Mais il y a aussi un redéploiement sur les prochaines mobilités.
01:50:49 Il y a un certain nombre de choses qui vont aller dans ce sens,
01:50:53 et ça sera dans le relevé.
01:50:55 -Vous avez l'impression que le ministre vous a écouté
01:50:58 sur ces déplacements chez le juge, dans les tribunaux.
01:51:01 On imagine que ça sera peut-être un peu plus compliqué.
01:51:04 Il y a des déplacements qu'on ne peut pas remplacer.
01:51:07 -L'idée n'est pas de faire tout en visio où il faut.
01:51:10 Les partis civils ont besoin d'un...
01:51:12 Mais c'est de l'imiter.
01:51:13 Pour signer un papier chez l'avocat de divorce,
01:51:19 on n'a pas besoin de déplacer autant de forces.
01:51:22 Des fois, dans une audition,
01:51:23 on peut soit se déplacer, soit la faire en visio.
01:51:26 Il faut y aller. Après, je vous le dis,
01:51:28 on a bien senti qu'il y a un sujet, c'est les magistrats.
01:51:31 -Voilà.
01:51:33 -Ca, c'est un engagement fort.
01:51:34 Après, un engagement fort, l'année dernière, c'était en visio.
01:51:38 -Les membres de l'intersyndicale sortant de leur rendez-vous
01:51:41 avec Eric Dupond-Goretti posent, Sandra Buisson,
01:51:44 une sorte de préalable à la levée de leur blocage.
01:51:47 C'est la signature d'un protocole d'accord
01:51:49 et le fait qu'on réponde favorablement
01:51:51 à toutes leurs revendications.
01:51:53 Ils ont listé, c'est assez exhaustif, bien sûr,
01:51:56 ils ont listé un certain nombre de choses,
01:51:58 à commencer par quelque chose qui se sent tomber sous le sens,
01:52:01 c'est le fait de renforcer les visio-conférences
01:52:04 avec les magistrats plutôt que de se rendre physiquement
01:52:07 à une convocation de magistrats.
01:52:09 Ca paraît tomber sous le sens.
01:52:11 -Ca paraît tomber sous le sens,
01:52:13 mais vous avez entendu ce que dit ce syndicaliste,
01:52:15 c'est qu'il sent qu'il y a un point de tension
01:52:18 sur le fait que les magistrats acceptent ou pas, effectivement,
01:52:22 cela. Ce qu'ils veulent, c'est qu'effectivement,
01:52:24 le déplacement n'est pas soumis à un enjeu crucial,
01:52:27 que ce n'est pas une audition de 4 heures,
01:52:29 qu'effectivement, l'enjeu est bien moindre,
01:52:32 dans la mesure du possible, de le faire en visio
01:52:35 ou en visio-conférence,
01:52:36 où que les magistrats se déplacent.
01:52:38 On va voir si ça, ça va pouvoir aboutir.
01:52:41 Parallèlement, il y a d'autres points qui sont de poids,
01:52:44 c'est-à-dire d'améliorer l'équipement en armement.
01:52:47 Ils demandent notamment des armes longues,
01:52:50 ils veulent qu'éventuellement, dans des véhicules suiveurs,
01:52:53 ils veulent limiter la portée de la poignée,
01:52:56 les câbles, les couteaux, les mitrailleurs,
01:52:58 limiter aussi la visibilité des convois pénitentiaires,
01:53:01 quand il dit supprimer le flocage, c'est en fait faciliter...
01:53:05 - Les voitures banalisées. - Les voitures banalisées.
01:53:08 Ils se sentent comme des cibles,
01:53:10 il l'avait dit déjà en 2022, ces syndicats,
01:53:12 suite à ce qui s'était passé en 2019,
01:53:14 déjà une prise pour cible d'un fourgon pénitentiaire
01:53:17 à l'arme lourde, ils se sentent comme des cibles.
01:53:20 Ils sont mis de côté pour pouvoir faire face
01:53:23 aux dangers auxquels ils sont exposés.
01:53:25 Ils demandent aussi d'avoir leur arme non plus à la ceinture,
01:53:28 car quand vous êtes assis en train de conduire,
01:53:31 vous pouvez difficilement y avoir accès si vous repostez.
01:53:34 Donc avoir un holster déplacé,
01:53:36 c'est-à-dire la pouvoir tenir à un autre endroit du corps,
01:53:39 c'est quelque chose qu'ils mettent sur la table également,
01:53:42 et puis réévaluer les escortes,
01:53:45 voir comment évaluer la dangerosité des individus.
01:53:49 - Un point dont on n'avait pas connaissance,
01:53:51 c'est que les escortes ne savent pas
01:53:54 quel type d'individus être axé au fiche les détenus.
01:53:57 - Elles connaissent le niveau de dangerosité,
01:53:59 mais elles ne savent pas le profil.
01:54:01 - C'est quand même important pour mieux appréhender les situations.
01:54:05 Tout ça tombe... C'est du bon sens.
01:54:07 On ne peut pas imaginer que les choses ne vont pas évoluer
01:54:10 après ce qui s'est passé ?
01:54:12 - Bien évidemment.
01:54:13 Très sincèrement, je trouve les revendications modestes
01:54:16 justifiées et modestes.
01:54:18 Les gens ont profité pour faire la surenchère.
01:54:21 Ils se rendent compte d'eux-mêmes,
01:54:23 et le responsable le disait lui-même,
01:54:25 que tout ne peut pas se faire en un jour, etc.
01:54:28 Mais il faut quand même...
01:54:29 Que ce soit un électrochoc, c'est évident.
01:54:32 Le prix humain payé fait qu'il faut réagir.
01:54:36 Mais ce qui apparaît comme une évidence,
01:54:38 c'est que même s'il y avait une escorte,
01:54:41 le résultat aurait été identique.
01:54:43 Les conditions dans lesquelles ce guet-apens a été fait,
01:54:48 rend impossible, y compris pour des gens
01:54:50 qui auraient été surarmés, entraînés,
01:54:53 d'une riposte.
01:54:54 Quand vous êtes bloqué à un péage,
01:54:57 ce qui paraît d'ailleurs aberrant,
01:54:59 c'est qu'ils étaient bloqués à péage,
01:55:01 normalement, dans tous les déplacements,
01:55:04 les péages sont ouverts.
01:55:06 On prévient et on laisse passer.
01:55:08 Là, ils passent au péage comme n'importe quel lambda.
01:55:12 - Donc ils ralentissent.
01:55:13 - Donc ça, apparemment, le commando le savait.
01:55:16 Sinon, il ne se serait pas mis en face pour les bloquer
01:55:19 dans cette espèce de goulet que représente le péage,
01:55:22 qui est fait pour ne pas que des gens s'échappent au péage.
01:55:26 Il ne faut pas l'oublier.
01:55:27 Donc cette espèce de goulet,
01:55:29 et on le voit avec le véhicule qui percute,
01:55:32 fait qu'ils n'avaient aucune chance à partir du moment
01:55:35 où la détermination de ces tueurs, de ces assassins,
01:55:38 était telle qu'on ne les braque pas juste
01:55:41 pour qu'ils ouvrent les portes,
01:55:43 on les descend d'abord
01:55:45 et après, on libère avant.
01:55:46 - Juste une précision, ce qu'a dit la procureure hier,
01:55:49 c'est qu'ils ont eu le temps de saisir leur arme
01:55:52 et d'essayer de riposter.
01:55:54 - C'est la deuxième voiture, pas la première.
01:55:56 - Vincent, assez rapidement, on a senti des syndicats inflexibles
01:56:00 qui disent que ça va au-delà du ministère de la Justice.
01:56:03 En gros, ils veulent même outrepasser Eric Dupond-Moretti.
01:56:07 Emmanuel Macron va devoir trancher une finesse sur ces questions.
01:56:11 - La chose qui est dommage, c'est qu'il faille attendre
01:56:14 des morts pour qu'on prenne des mesures.
01:56:16 Par exemple, moi, je suis le premier à étonner
01:56:19 qu'on ait un détenu qui soit promené
01:56:24 dans un fourgon qui ne soit pas blindé, par exemple.
01:56:27 On ne craint rien.
01:56:28 Il n'y a pas eu d'attaque depuis très longtemps.
01:56:30 On s'est peut-être habitués au fait qu'il n'y en aurait pas.
01:56:34 - Parce que ça coûte moins cher.
01:56:36 - Le blindage, c'est ça.
01:56:37 - À l'époque où on faisait les extractions,
01:56:40 il y avait des fourgons spécialisés,
01:56:42 qui étaient comme une petite prison mobile.
01:56:45 - On va conclure là-dessus.
01:56:46 C'est bon ? Ah oui, d'accord.
01:56:48 - Les fourgons blindés. - Ça a coûté deux morts.
01:56:51 - Effectivement.
01:56:52 De toute façon, il y aura forcément
01:56:54 des décisions assez drastiques, assez radicales à la sortie.
01:56:58 On sera d'ailleurs dans un instant avec Sonia Braud.
01:57:00 Après cette courte pause, elle est maire UDI de Saint-Cyr-l'École.
01:57:04 Elle a été ancienne première surveillante,
01:57:06 donc elle connaît bien le milieu carcéral
01:57:09 et le milieu des agents pénitentiaires.
01:57:11 ...
01:57:14 - Beaucoup plus grand.
01:57:15 - De retour pour la suite de notre émission.
01:57:18 C'est pas grave, Christian Prouton,
01:57:20 on va continuer cette discussion dans un instant.
01:57:22 L'intersyndicale sorti du rendez-vous
01:57:25 avec le garde des Sceaux, c'était il y a quelques minutes.
01:57:28 On a entendu quelques-uns des représentants syndicaux.
01:57:31 "On a été écoutés", nous disent-ils,
01:57:33 après le drame d'hier au PH de l'Heure.
01:57:35 Demain, on poursuit quand même les blocages pénitentiaires.
01:57:39 On espère que nos revendications seront entendues
01:57:42 et donneront lieu à un accord ferme.
01:57:44 On va en parler avec Sandra Buisson,
01:57:46 mais nous sommes aussi en ligne avec Sonia Braud,
01:57:49 maire UDI de Saint-Cyr-l'École.
01:57:51 Bonjour, merci d'être avec nous.
01:57:54 On vous a sollicité, parce que vous connaissez bien
01:57:56 ce milieu carcéral et le milieu pénitentiaire,
01:57:59 vous avez été ancienne première surveillante.
01:58:01 Est-ce que ce que vous avez entendu vous paraît être le minimum
01:58:05 pour que la sécurisation des agents, à l'avenir,
01:58:09 soit plus pérenne et qu'on évite ce genre de drame
01:58:12 qu'on croyait impossible après plus de 32 ans sans mort
01:58:16 dans les circonstances, dans l'exercice du métier ?
01:58:20 Je ne suis pas ancienne première surveillante,
01:58:24 je suis toujours première surveillante,
01:58:26 je suis en détachement pour exercer mes fonctions d'élu.
01:58:29 Si demain mes mandats se terminent, je reviendrai en détention.
01:58:32 J'ai toujours travaillé en coeur de détention.
01:58:35 D'abord, j'aimerais saluer le travail de nos organisations
01:58:38 syndicales qui ne sont pas dans la surenchère,
01:58:41 qui ne demandent juste et rien que ce qu'ils avaient demandé
01:58:45 au moment où les transfermants sont passés
01:58:47 de la police à l'administration pénitentiaire.
01:58:50 Déjà, à l'époque, les revendications étaient très fortes
01:58:53 sur la formation des agents, puisque ce n'était pas notre métier.
01:58:57 Nous sommes des agents qui travaillons dans la sécurité
01:58:59 dans des murs et pas à l'extérieur.
01:59:02 Là-dessus, on avait été entendu,
01:59:04 nos agents sont extrêmement bien formés
01:59:07 et la formation qu'ils reçoivent est à la hauteur des enjeux
01:59:11 du fait d'être à l'extérieur.
01:59:13 En revanche, nous n'avions pas été entendus à l'époque
01:59:16 sur la partie outils, l'armement, les véhicules.
01:59:21 J'entends beaucoup les blindés et je comprends la colère,
01:59:25 parce qu'en fait, on se dit qu'aujourd'hui en France,
01:59:27 on transporte des billets avec du blindé,
01:59:31 mais quand il s'agit de faire attention à la sécurité de nos hommes,
01:59:35 on a des trafics et des véhicules civils,
01:59:38 ce qui est assez décevant.
01:59:41 Le blindé, ce n'est peut-être pas la seule solution.
01:59:44 D'abord, ce sont des véhicules qui roulent doucement
01:59:46 et on sait qu'on peut avoir besoin d'aller vite,
01:59:49 mais puisqu'on est à quelques semaines des élections européennes,
01:59:55 pourquoi on ne va pas voir dans nos pays à côté ?
01:59:57 Prenez l'Italie.
01:59:59 L'Italie a fait face à quand même une délinquance énorme
02:00:05 avec des assauts qui ont été terribles
02:00:09 et eux, aujourd'hui, ils ont su équiper leurs escortes.
02:00:13 Moi, je suis toujours assez surprise du fait qu'on attende un événement
02:00:20 pour dire que là, on n'est peut-être pas à la pente.
02:00:23 Sonia Braud, la banalisation des véhicules,
02:00:25 on en parlait il y a un instant avec Sandra Bullion sur le plateau,
02:00:28 ça serait déjà un premier pas,
02:00:30 c'est-à-dire que ça permettrait quand même d'éviter de tomber dans certains écueils
02:00:34 et ça permettrait d'être un peu plus discret dans les déplacements,
02:00:37 ne serait-ce que ça ?
02:00:39 Banalisation des véhicules,
02:00:41 le fait qu'on n'ait pas à attendre un péage et que la barrière se lève de suite,
02:00:46 c'est autant de risques qui ne sont pas pris pour le personnel.
02:00:51 Augmentez les visioconférences dans les rencontres avec les magistrats
02:00:54 parce que ça donne lieu effectivement à beaucoup d'entrées et sorties.
02:00:58 Là aussi, vous espérez quand même que l'exécutif
02:01:02 donnerait une réponse favorable à cette demande,
02:01:04 sachant quand même qu'il y a un bémol, c'est que les magistrats parfois,
02:01:07 enfin en tout cas, ils ont le libre arbitre de pouvoir refuser.
02:01:11 Est-ce qu'il faut peut-être leur mettre une injonction dans ce sens ?
02:01:14 Je ne vais pas être gentille.
02:01:17 Les mêmes magistrats ont laissé ce jeune de 11 ans monter en délinquance
02:01:21 jusqu'à ce qu'il devienne ce qu'il était hier et on est venu le chercher.
02:01:27 Je suis d'accord, ils ont leur libre arbitre,
02:01:29 mais sachez que même les médecins aujourd'hui,
02:01:33 pour éviter des extractions, font un maximum de visioconférences.
02:01:38 C'est quand même dommage qu'on ne soit pas capable de le faire au niveau justice.
02:01:41 Bien sûr, vous soulevez aussi le problème de la réponse pénale
02:01:43 que beaucoup critiquent aussi et qui conduit à la grande délinquance.
02:01:49 C'est un autre débat qu'on peut avoir.
02:01:51 Une dernière question et puis après j'ai d'autres invités
02:01:53 qui sans doute devront s'adresser à vous également.
02:01:56 Que soulevait également Sandra, c'est l'accès aux fiches des détenus.
02:02:00 Moi, quand j'ai appris ça, effectivement, ça m'a surprise
02:02:03 que les agents ne sachent pas exactement
02:02:06 à qui ils avaient affaire lors de ces extractions.
02:02:10 Alors, à titre personnel, moi je suis première surveillante.
02:02:13 Donc une première surveillante, elle fait des écrous la nuit en détention
02:02:17 et on avait en tous les cas à l'époque, je suis partie en 2015 ou 2016,
02:02:24 on avait accès à la fiche pénale,
02:02:25 donc on savait pourquoi ils étaient là.
02:02:27 Mais en effet, tous nos collègues surveillants
02:02:29 n'ont pas accès aux fiches pénales,
02:02:31 donc ils ne savent pas à qui ils ouvrent la porte en détention.
02:02:36 Et j'imagine que les surveillants en extraction
02:02:38 ont le même niveau d'information.
02:02:41 En tous les cas, normalement, le niveau de l'escorte
02:02:45 doit permettre d'alerter le personnel
02:02:48 sur la dangerosité de la personne qu'il transporte.
02:02:53 Merci beaucoup Sonia Braud d'avoir été avec nous cet après-midi.
02:02:56 Je crois que vos réponses ont été très éclairantes,
02:02:58 en effet, sur la réalité des personnels pénitentiaires.
02:03:01 On aura l'occasion d'en parler dans nos futures éditions notamment.
02:03:03 Mais il est un peu plus de 16h30 et on retrouve Vincent Farandège
02:03:06 pour le journal avec à la une de l'actualité,
02:03:08 bien sûr, la situation en Nouvelle-Calédonie.
02:03:10 Le chef de l'État demande donc au gouvernement
02:03:12 de décréter l'état d'urgence pour le caillou.
02:03:15 Les émeutes sur le territoire ont fait quatre morts,
02:03:17 dont un gendarme.
02:03:18 Gabriel Attal s'est exprimé à l'Assemblée nationale sur ce sujet.
02:03:22 Ecoutez.
02:03:23 -La violence n'est jamais ni tolérable,
02:03:27 ni justifiable, en aucune circonstance.
02:03:30 Et c'est la raison pour laquelle le ministre de l'Intérieur
02:03:34 a annoncé l'envoi de renforts sur place
02:03:38 pour garantir la sécurité.
02:03:40 Et je veux rendre hommage à l'ensemble des forces de sécurité,
02:03:43 les policiers, les gendarmes qui sont engagés actuellement
02:03:46 (Applaudissements)
02:03:49 pour assurer l'ordre.
02:03:52 Je le dis et je le redis,
02:03:54 la priorité, c'est de retrouver l'ordre,
02:03:57 le calme et la sérénité.
02:04:00 C'est la raison pour laquelle je proposerai tout à l'heure
02:04:03 un décret pour instaurer l'état d'urgence en Nouvelle-Calédonie,
02:04:08 de sorte que nous puissions rétablir l'ordre
02:04:11 dans les plus brefs délais,
02:04:12 et d'autres renforts de forces de sécurité intérieure
02:04:15 arriveront en Nouvelle-Calédonie dans les heures qui viennent.
02:04:20 - On en parlait après l'attaque du fourgon pénitentiaire.
02:04:22 Hier, Eric Dupond-Moretti a reçu les syndicats.
02:04:26 - Il réclamait moins d'extraction de détenus
02:04:29 et l'utilisation de la vision conférence pour les visites.
02:04:33 M. Dos Santos, vous êtes avec Olivier Gangloff, Place Vendôme.
02:04:37 Que retenir de cette réunion ?
02:04:39 - Après trois heures de réunion avec Eric Dupond-Moretti,
02:04:46 les représentants de l'administration pénitentiaire
02:04:50 semblaient satisfaits.
02:04:51 Satisfaits dans un premier temps pour leur collègue,
02:04:54 qui a été blessé lors de cette attaque du fourgon,
02:04:57 qui est tiré d'affaires.
02:04:59 Il est hors de danger.
02:05:00 Il était blessé à la jambe
02:05:02 et a pu notamment échanger avec son épouse.
02:05:04 Satisfait également, car le ministre de la Justice
02:05:08 semble avoir écouté, semble avoir pris des engagements.
02:05:11 Dès demain, il pourrait y avoir quelques annonces.
02:05:14 L'armement du personnel et des véhicules
02:05:17 lors de ces escortes de détenus.
02:05:19 La formation pourrait être rallongée également de huit mois.
02:05:23 D'autres annonces aussi sur le flocage des véhicules
02:05:26 qui pourraient disparaître, sur l'accès aux fiches des détenus.
02:05:29 Ou encore, point très important,
02:05:31 sur les extractions judiciaires qui pourraient être réduites.
02:05:35 D'ailleurs, les représentants syndicaux
02:05:37 de l'administration pénitentiaire ont lancé un appel aux magistrats.
02:05:41 Ils souhaitent que les visioconférences
02:05:43 soient plus nombreuses pour éviter notamment des sorties inutiles
02:05:47 de certains détenus ou en tout cas qui pourraient être évités.
02:05:51 Enfin, ils le disent,
02:05:53 on veut maintenir la pression notamment sur les prisons.
02:05:56 Vous le savez, aujourd'hui, c'était une journée prison morte.
02:06:00 Le mouvement pourrait se poursuivre dans les prochains jours,
02:06:03 voire même peut-être pendant les prochaines semaines,
02:06:05 puisque les représentants syndicaux veulent un écrit.
02:06:08 Eric Dupond-Moretti et ses mêmes représentants
02:06:11 devraient se voir et revoir même à la fin du mois de mai
02:06:14 pour pouvoir en discuter et peut-être avoir un protocole d'accord,
02:06:18 un écrit officiel.
02:06:20 -Merci beaucoup, M. Dos Santos, en direct de la place Vendôme.
02:06:24 Et depuis ce matin, on le rappelle,
02:06:26 certaines prisons sont bloquées un peu partout en France.
02:06:28 -C'est le cas à la prison de Frennes.
02:06:30 François-Xavier Bellamy s'y est rendu.
02:06:32 Ce matin, la tête de liste LR aux Européennes
02:06:34 a exprimé sa solidarité
02:06:36 envers tous les personnels de l'administration pénitentiaire.
02:06:39 Elodie Huchard était sur place.
02:06:41 -François-Xavier Bellamy et Vincent Gembrun,
02:06:43 maire de la LR aux, étaient ce matin à la prison de Frennes.
02:06:46 Ils ont voulu, je cite, "exprimer toute leur solidarité
02:06:49 "à une profession en deuil" et, je les cite encore,
02:06:52 "porter la détresse de ceux qui nous protègent".
02:06:54 Ils ont été plutôt bien accueillis par les personnels pénitentiaires
02:06:57 qui ont pu faire part d'un certain nombre de revendications,
02:07:00 parmi lesquelles avoir, par exemple, des véhicules anonymisés
02:07:03 lors de transferts ou d'extractions et surtout d'être armés.
02:07:06 Parce qu'en théorie, ils sont armés lors de ce genre de transferts,
02:07:09 certains expliquent qu'ils ne sont armés qu'un simple sifflet.
02:07:12 On a vu le candidat et le maire, parfois,
02:07:14 halluciner de ce qu'ils entendaient.
02:07:17 Ils ont expliqué qu'il était important pour eux aussi
02:07:19 de se faire l'écho, la caisse de résonance de cette colère
02:07:22 en pleine campagne des Européennes.
02:07:24 On voit aussi que François-Xavier Bellamy
02:07:26 tente de jouer le coup de la séquence,
02:07:28 alors qu'il est bien à la peine dans les sondages.
02:07:31 -Merci beaucoup, cher Vincent.
02:07:33 On reparle de la Nouvelle-Calédonie.
02:07:36 Quatre morts en Calédonie,
02:07:38 dont un gendarme qui a succombé à ses blessures.
02:07:43 Le Conseil de défense,
02:07:44 convoqué par l'exécutif à Paris ce matin,
02:07:47 a donc donné lieu à l'état d'urgence
02:07:51 décrété par le président de la République.
02:07:53 Ca sera confirmé par décret
02:07:54 lors du Conseil des ministres, qui aura lieu cet après-midi.
02:07:57 Ca signifie, normalement, un état d'urgence,
02:08:00 l'envoi de l'armée.
02:08:02 C'était la demande de Sonia Baquet, ancienne ministre,
02:08:05 elle dont le père a été attaqué, la maison incendiée.
02:08:08 La nuit et la journée qui ont précédé
02:08:11 ont été encore très tendues.
02:08:13 Anoumea a regardé ce résumé.
02:08:15 -La situation en Nouvelle-Calédonie empire de jour en jour.
02:08:21 Face à ce constat, Emmanuel Macron a décidé
02:08:23 de déclarer l'état d'urgence dans l'archipel.
02:08:26 -Toutes les violences sont intolérables
02:08:28 et feront l'objet d'une réponse implacable
02:08:30 pour assurer le retour de l'ordre républicain.
02:08:33 -Le journalisme a annoncé un nouveau bilan de quatre morts,
02:08:36 dont un gendarme après deux nuits d'émeute.
02:08:38 Un chaos qui contraint les habitants
02:08:40 à s'organiser eux-mêmes pour protéger leurs résidences
02:08:43 et assurer leur sécurité.
02:08:45 Des milices sont créées, comme l'explique ce résident.
02:08:48 -Il y a eu une organisation,
02:08:49 parce qu'on sent bien que la police est débordée.
02:08:52 Chacun s'organise comme il peut,
02:08:54 et la solidarité prend le dessus, et c'est très bien.
02:08:57 On se sent un peu délaissés à 19 000 km de là,
02:09:00 et on a hâte que les renforts arrivent,
02:09:03 parce que c'est très compliqué.
02:09:05 -Ces dernières heures,
02:09:07 les pillages et les incendies de magasins se sont succédés.
02:09:10 Les affrontements ont fait des centaines de blessés
02:09:13 du côté des forces de l'ordre.
02:09:15 Pour tenter de trouver une solution rapidement à cette crise,
02:09:18 Gabrielle Attal proposera une date aux délégations calédoniennes
02:09:22 afin de les recevoir à Matignon.
02:09:23 -Vincent Roy et Christian Proteau sont toujours avec moi.
02:09:27 Christian Proteau, je disais, l'état d'urgence,
02:09:29 c'est l'envoi de l'armée, normalement.
02:09:31 C'est une disposition qui est prévue par un état d'urgence.
02:09:35 Est-ce que ça peut forcément être le cas en Nouvelle-Calédonie
02:09:39 ou pas forcément dans le cas d'espèce,
02:09:41 sachant qu'il n'y a pas beaucoup de militaires à disposition ?
02:09:45 -En l'occurrence, je ne suis pas sûr que ce soit vraiment
02:09:48 une mesure efficace,
02:09:49 parce qu'on est dans du maintien de l'ordre classique,
02:09:53 et mettre les militaires dans ces palamissions,
02:09:55 en plus en caquis, c'est-à-dire donner l'impression
02:09:58 qu'on est plutôt du côté de l'état de siège
02:10:01 que du rétablissement de l'ordre,
02:10:03 me paraît pas non plus une bonne formule en termes d'image,
02:10:08 mais on est loin des termes d'image
02:10:10 si on n'arrive pas à rétablir l'ordre.
02:10:12 Je pense qu'avec les renforts envoyés,
02:10:14 l'ordre va pouvoir être rétabli rapidement.
02:10:19 Si, par hasard, il y avait besoin de tenir des positions,
02:10:22 il est sûr qu'un renfort militaire pourrait être utile,
02:10:26 un peu comme on le connaît avec l'opération Sentinelle.
02:10:29 -4 escadrons de gendarmes mobiles, c'est combien d'hommes ?
02:10:32 -A peu près...
02:10:34 3...
02:10:36 Presque 400.
02:10:37 -Plus le GIGN, plus le RAID.
02:10:39 -Le GIGN et le RAID ne sont pas employés
02:10:42 dans le cadre des missions de maintien de l'ordre,
02:10:45 mais ils accompagnent les forces quand il y a des points durs,
02:10:48 où on se rend compte qu'il y a des gens qui sont peut-être armés,
02:10:52 et qu'il faudra intervenir pour les désarmer.
02:10:55 Il ne faut pas oublier que les blessés qu'il y a,
02:10:58 ils ont été... Je ne sais pas le détail des blessures,
02:11:01 mais ils n'ont pas été blessés
02:11:03 parce qu'ils ont pris un pavé ou un pneu sur la figure.
02:11:06 -Blessure par balle, sans doute.
02:11:08 C'était le cas pour le gendarme qui a succombé à Sébille-sur-Rhin.
02:11:12 -Donc il y a beaucoup d'armes là-devant.
02:11:15 On n'oublie pas ce qui s'est passé en 88.
02:11:17 Le FLN-KS, donc,
02:11:19 qui était le mouvement indépendantiste armé,
02:11:23 ils étaient armés jusque-là,
02:11:25 parce qu'ils avaient pillé toutes les armes de la brigade.
02:11:28 -Ce qui s'est passé les deux dernières nuits à Nouméa.
02:11:31 On sera avec un habitant.
02:11:33 Dans un instant, on vous fera réagir
02:11:35 sur cette évolution majeure.
02:11:37 -Il y a ça et aussi quelque chose qui a pu être observé sur place.
02:11:41 Il y a beaucoup de jeunes,
02:11:43 entre 16 et 25 ans,
02:11:45 qu'on trouve dans les rues, à commettre des exactions.
02:11:48 Ces jeunes, pour la plupart, sont manipulés.
02:11:52 D'abord, point numéro un.
02:11:53 Ils sont souvent extrêmement alcoolisés,
02:11:56 prennent du THC.
02:11:58 Le cocktail est quand même assez inflammable.
02:12:04 Il s'agit sans doute,
02:12:06 je crois qu'il faut le répéter,
02:12:08 de distinguer entre l'indépendantisme pur
02:12:12 et l'opportunisme pur,
02:12:13 comme le disait Christian Proutot,
02:12:16 au moment des émeutes.
02:12:17 Un certain nombre de jeunes profitent d'une situation
02:12:21 qui est dans de l'opération de maintien de l'ordre.
02:12:24 L'armée n'est sans doute pas à même
02:12:27 de faire face à ce type de situation.
02:12:29 -On est en ligne avec Jean,
02:12:31 vous en souvenez, en début d'émission.
02:12:33 On était au début de la nuit.
02:12:35 Merci de nous rejoindre.
02:12:37 Vous êtes un habitant du Mont-Dore.
02:12:40 Vous nous donnez votre sentiment sur ce qui se passait.
02:12:43 Est-ce que la situation a évolué
02:12:45 ou est-ce que vous pourriez parler d'une accalmie autour de vous ?
02:12:50 -Euh...
02:12:51 Oui, je...
02:12:52 Rebondir.
02:12:53 Oui, je pourrais dire
02:12:55 qu'on sent en tout cas une petite baisse de tension,
02:12:59 de pression,
02:13:01 de soulagement aussi,
02:13:03 de voir un petit peu, enfin, de la réaction
02:13:06 à l'échelle de ce qui se passe.
02:13:09 -Oui.
02:13:10 Une question sur la manière
02:13:12 dont les Calédoniens peuvent s'approvisionner.
02:13:15 On a beaucoup parlé de logistique.
02:13:17 Sachant que de nombreux supermarchés
02:13:19 dans l'agglomération l'Oumeya ont été détruits.
02:13:22 Est-ce que, de ce que vous en savez autour de vous,
02:13:25 et même pour ce qui vous concerne,
02:13:27 les réserves sont suffisantes ?
02:13:29 On vous demande d'être quelle feutrée chez vous.
02:13:32 C'est compliqué de sortir,
02:13:34 d'aller librement à droite, à gauche.
02:13:36 Est-ce que vous avez suffisamment de quoi tenir
02:13:39 pour les prochains jours ?
02:13:41 -Honnêtement, je peux...
02:13:42 Ca va être compliqué pour certains.
02:13:45 Moi, en prenant mon cas, par exemple,
02:13:47 j'avais prévu un petit peu le coup,
02:13:50 et je peux tenir une petite semaine
02:13:52 en se restreignant alimentairement.
02:13:54 Pour d'autres, ça risque d'être plus compliqué.
02:13:58 Par contre, pour d'autres, ça va être très facile,
02:14:01 vu tout ce qu'ils ont pillé dans les grandes surfaces.
02:14:04 Ils ont de quoi tenir un siège pendant deux mois.
02:14:07 Donc, ce n'est pas mon cas.
02:14:09 Donc, ouais, voilà, 4-5 jours,
02:14:12 ça va être le maximum, quoi.
02:14:15 Mais après, ça va être...
02:14:17 Si, une fois que tout sera à peu près sécurisé,
02:14:21 que les routes seront dégagées
02:14:23 et que l'on pourra reprendre une vie,
02:14:25 un semblant de vie à peu près normal,
02:14:28 comment on va arriver à distribuer
02:14:32 dans les grandes surfaces, les grands magasins ?
02:14:35 Comment on va arriver à proposer à la vente
02:14:38 de quoi se nourrir, quoi ?
02:14:42 Comment ça va être possible,
02:14:44 vu le peu de magasins qui restent encore debout ?
02:14:47 - Et sachant que les vols à l'aéroport de Laton-Touta
02:14:51 sont suspendus aussi.
02:14:52 Donc, de toute façon, il n'y a pas de provisionnement
02:14:55 qui peut venir de l'extérieur,
02:14:57 même si on sait qu'il y a aussi une économie de subsistance
02:15:01 et suffisamment d'agriculture en Nouvelle-Calédonie.
02:15:04 Une dernière question sur l'état d'esprit de vos voisins.
02:15:07 Est-ce que vous arrivez à communiquer ?
02:15:10 Est-ce qu'il y a une vraie solidarité qui s'est instaurée
02:15:13 ou c'est un peu chacun chez soi et chacun fait comme il peut ?
02:15:16 - Non, non, non.
02:15:19 Ça s'est un petit peu décanté par la force des choses.
02:15:22 Il a bien fallu aller pouvoir remonter
02:15:26 dans la rue de son quartier, aller voir un petit peu les gens,
02:15:30 sortir dans sa rue,
02:15:33 et puis aller à la rencontre des gens et puis s'organiser.
02:15:37 Et ça, tout est ni confondu, je dirais,
02:15:42 parce que tout le monde ne cautionne pas
02:15:46 tout ce qui s'est passé sur ces exactions-là.
02:15:51 Donc, oui, ça a créé un petit peu des regroupements de voisins
02:16:00 et puis de gens de quartier qui ont sécurisé leurs petits commerces,
02:16:06 leurs stations essence et ce genre de points.
02:16:12 - Merci beaucoup, Jean.
02:16:13 On va essayer de vous laisser dormir un petit peu,
02:16:15 parce qu'on vous a beaucoup sollicité.
02:16:17 Merci d'être resté debout.
02:16:19 J'imagine que vous avez suivi en partie nos émissions.
02:16:22 On vous en remercie et on vous souhaite beaucoup de courage
02:16:25 pour les heures à venir et du repos,
02:16:28 surtout parce qu'on a bien compris que tout le monde
02:16:30 était dans un état d'épuisement assez avancé.
02:16:33 Je vous propose de revenir aussi à ce que l'exécutif a décidé
02:16:36 d'entreprendre, c'est-à-dire d'écriter l'état d'urgence.
02:16:38 Gabriel Attal a été sollicité en ce sens à la fois par des députés
02:16:42 et les sénateurs lors des questions au gouvernement, au Sénat.
02:16:45 Je vous propose d'écouter le Premier ministre
02:16:47 sur cette situation calédonienne.
02:16:49 - La violence n'est jamais ni tolérable ni justifiable,
02:16:54 en aucune circonstance.
02:16:56 Et c'est la raison pour laquelle le ministre de l'Intérieur
02:17:00 a annoncé l'envoi de renforts sur place
02:17:03 pour garantir la sécurité.
02:17:05 Et je veux rendre hommage à l'ensemble des forces de sécurité,
02:17:09 les policiers, les gendarmes qui sont engagés actuellement...
02:17:12 (Applaudissements)
02:17:15 ...pour assurer l'ordre.
02:17:17 Je le dis et je le redis,
02:17:19 la priorité, c'est de retrouver l'ordre,
02:17:22 le calme et la sérénité.
02:17:25 C'est la raison pour laquelle je proposerai tout à l'heure
02:17:29 un décret pour instaurer l'état d'urgence en Nouvelle-Calédonie,
02:17:33 de sorte que nous puissions rétablir l'ordre
02:17:36 dans les plus brefs délais et d'autres renforts
02:17:39 de forces de sécurité intérieure arriveront en Nouvelle-Calédonie
02:17:43 dans les heures qui viennent.
02:17:45 - Et puis, je vous propose de revoir cette séquence
02:17:48 que vous avez aperçue, messieurs, tout à l'heure,
02:17:50 assez émouvante, où on avait Nicolas Metzdorf,
02:17:53 c'est un député calédonien, qui était sur notre plateau,
02:17:56 et un habitant, justement, lui posait des questions
02:18:00 sur ce qu'il compte faire aussi pour l'avenir.
02:18:03 Cette séquence assez émouvante, un échange entre deux Calédoniens,
02:18:06 c'était en direct sur l'antenne de CNews.
02:18:09 - Là, je suis dans le noir, parce qu'on est en veille,
02:18:12 c'est-à-dire que tous les quartiers de Nouméa se sont organisés
02:18:16 pour protéger les biens, les personnes aussi,
02:18:20 donc il y a une forte solidarité qui s'est mise en place.
02:18:24 Donc ça, c'est vraiment très positif.
02:18:27 Donc voilà, on est plutôt situé dans un quartier calme,
02:18:30 donc voilà.
02:18:31 - Est-ce que vous avez une question à poser à Nicolas Metzdorf,
02:18:35 dont on sait qu'il défend bien la cause de la Nouvelle-Calédonie
02:18:39 et tente aussi, par son exercice pédagogique,
02:18:43 de faire comprendre un problème
02:18:45 qui est beaucoup plus complexe qu'il n'y paraît ?
02:18:47 - C'est pas une question.
02:18:52 Alors, moi, je suis ici depuis trois ans,
02:18:54 et c'est vrai que le vivre ensemble,
02:18:57 je l'ai bien senti,
02:19:00 et là, j'ai juste peur qu'il se soit éclaté en morceaux.
02:19:04 Enfin, là, c'est...
02:19:06 Je veux dire, Nouméa, ça a quand même beaucoup brûlé.
02:19:10 On va devoir tout reconstruire.
02:19:13 Il va se poser le problème d'ici peu,
02:19:15 quand le calme va revenir de la nourriture,
02:19:19 parce que je pense qu'il doit rester
02:19:21 deux, trois supermarchés sur place.
02:19:23 Donc, voilà, c'est...
02:19:25 Je voulais savoir ce qu'il pensait de la situation
02:19:28 et le vivre ensemble, comment il le voyait plus tard.
02:19:30 - Allez-y, je pense que vous pouvez lui répondre.
02:19:34 - Merci. Merci.
02:19:36 D'abord, mes salutations et mes remerciements à Laurent
02:19:39 de participer avec tout le reste de la population calédonienne
02:19:42 au maintien de l'ordre sur place.
02:19:44 Vous êtes extrêmement courageux.
02:19:47 Laurent a raison, il pose une vraie question
02:19:49 que nous, on posera aux indépendantistes.
02:19:52 Est-ce que vous voulez vivre avec nous ?
02:19:54 - Une partie de cet échange très fort.
02:19:58 - Il y a un abcès qu'il va falloir vider, là,
02:20:01 et aborder le problème frontalement,
02:20:03 si l'on ne veut pas que ces émeutes se répètent à l'envie.
02:20:06 - Vous pourrez suivre l'intégralité, si ça vous intéresse,
02:20:10 de cette séquence, de cet échange, sur le replay de notre émission.
02:20:13 Merci d'avoir été des nôtres.
02:20:15 L'actualité continue avec "Punchline".
02:20:17 Excellente fin d'après-midi sur l'Intendel.
02:20:20 ...