Opération « Prisons mortes » au centre pénitentiaire de Paris-la-Santé ce mercredi 15 mai afin de rendre hommage aux deux agents assassinés la veille dans l'Eure.
Comme des milliers de leurs collègues partout en France, les agents du centre pénitentiaire de la Santé à Paris se sont mobilisés à l'appel de l'intersyndicale FO-Ufap-CGT-Unsa Justice.
Les agents ont observé mercredi matin une minute de silence devant leur prison en mémoire des deux agents tués la veille dans l'attaque violente d'un fourgon transportant un délinquant, toujours activement recherché avec ses complices, y compris désormais par Interpol.
Le directeur de l'établissement, Bruno Clément-Pétremann, présent aux côtés de ses agents précise que le transfert des charges entre les forces de l'ordre et les agents du ministère de la Justice est une opération nouvelle. « C'est une mission qui pose questions en terme d'effectifs et d'équipements et sur des extractions avec des personnes qui relèvent du grand banditisme, il faut maintenant poser le débat ».
Devant la prison, les agents affichaient leur tristesse et leur ras-le-bol au lendemain de la mort de deux collègues tués à un péage dans l'Eure. « C'était un vrai guet-apens, ils ne pouvaient rien faire et c'est ça le pire. Quand on voit cette scène là, ça aurait pu être chacun d'entre nous », martèle Rodrigue Lamon, responsable Cgt à la Santé.
La traque du détenu multirécidiviste qui s'est évadé, Mohamed Amra, et de ses complices se poursuivait mercredi. Interpol, organisation internationale de coopération policière basée à Lyon, a annoncé avoir diffusé une "notice rouge" pour localiser le fugitif, surnommé "La Mouche" dans le milieu carcéral. Ces notices rouges permettent de transmettre au réseau des avis de recherche internationaux émis par la justice d'un pays à l'encontre de suspects.
Après l'émotion, c'est une perte de sens pour Catherine, dans l'exercice de son métier. « Je n'ai plus envie d'être dans la compassion car au final, les collègues sont morts et c'est fini », souligne la jeune surveillante pénitentiaire.
L'intersyndicale pénitentiaire a été reçue dans l'après-midi par le ministre de la Justice. Les syndicats réclament notamment « la réduction drastique des extractions en favorisant l'utilisation de la visioconférence des magistrats ou leurs déplacements en établissements », « une refonte et harmonisation des niveaux d'escorte ».
C'est la première fois depuis 1992 qu'un agent de la pénitentiaire est tué dans l'exercice de ses fonctions, avait rappelé le ministre de la Justice mardi après avoir rencontré à Caen les familles et collègues des victimes. "Tout sera mis en oeuvre pour retrouver les auteurs de ce crime ignoble", a déclaré Eric Dupond-Moretti.
Comme des milliers de leurs collègues partout en France, les agents du centre pénitentiaire de la Santé à Paris se sont mobilisés à l'appel de l'intersyndicale FO-Ufap-CGT-Unsa Justice.
Les agents ont observé mercredi matin une minute de silence devant leur prison en mémoire des deux agents tués la veille dans l'attaque violente d'un fourgon transportant un délinquant, toujours activement recherché avec ses complices, y compris désormais par Interpol.
Le directeur de l'établissement, Bruno Clément-Pétremann, présent aux côtés de ses agents précise que le transfert des charges entre les forces de l'ordre et les agents du ministère de la Justice est une opération nouvelle. « C'est une mission qui pose questions en terme d'effectifs et d'équipements et sur des extractions avec des personnes qui relèvent du grand banditisme, il faut maintenant poser le débat ».
Devant la prison, les agents affichaient leur tristesse et leur ras-le-bol au lendemain de la mort de deux collègues tués à un péage dans l'Eure. « C'était un vrai guet-apens, ils ne pouvaient rien faire et c'est ça le pire. Quand on voit cette scène là, ça aurait pu être chacun d'entre nous », martèle Rodrigue Lamon, responsable Cgt à la Santé.
La traque du détenu multirécidiviste qui s'est évadé, Mohamed Amra, et de ses complices se poursuivait mercredi. Interpol, organisation internationale de coopération policière basée à Lyon, a annoncé avoir diffusé une "notice rouge" pour localiser le fugitif, surnommé "La Mouche" dans le milieu carcéral. Ces notices rouges permettent de transmettre au réseau des avis de recherche internationaux émis par la justice d'un pays à l'encontre de suspects.
Après l'émotion, c'est une perte de sens pour Catherine, dans l'exercice de son métier. « Je n'ai plus envie d'être dans la compassion car au final, les collègues sont morts et c'est fini », souligne la jeune surveillante pénitentiaire.
L'intersyndicale pénitentiaire a été reçue dans l'après-midi par le ministre de la Justice. Les syndicats réclament notamment « la réduction drastique des extractions en favorisant l'utilisation de la visioconférence des magistrats ou leurs déplacements en établissements », « une refonte et harmonisation des niveaux d'escorte ».
C'est la première fois depuis 1992 qu'un agent de la pénitentiaire est tué dans l'exercice de ses fonctions, avait rappelé le ministre de la Justice mardi après avoir rencontré à Caen les familles et collègues des victimes. "Tout sera mis en oeuvre pour retrouver les auteurs de ce crime ignoble", a déclaré Eric Dupond-Moretti.
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00:00 La mission qui hier a été exercée par des fonctionnaires pénitentiaires
00:03 est une mission qui, pour notre administration,
00:05 somme toute, est assez récente.
00:07 Ce qu'il faut bien savoir, c'est que le transfert des charges,
00:21 comme on l'appelle, entre les forces de l'ordre
00:23 et les agents du ministère de la Justice,
00:26 date d'une petite quinzaine d'années.
00:28 Avant, c'est de tout temps la police qui a exercé ce type de mission.
00:31 Nous, on n'était absolument pas sur la voie publique.
00:33 Donc c'est une mission pour nous qui est une mission nouvelle,
00:36 qui effectivement pose question en termes à la fois d'effectifs,
00:40 est-ce qu'on a suffisamment d'effectifs ?
00:41 En termes d'équipement, c'est vrai qu'hier, ça a mis ça sur la place publique
00:45 parce qu'on parle effectivement de véhicules blindés dans certains cas,
00:49 on parle d'armes longues, comme l'a dit la procureure de Paris,
00:52 qui équipait les malfaiteurs, alors que nos surveillants à nous
00:55 étaient équipés avec les armes administratives, des armes de poing.
00:58 Donc il y a manifestement un déséquilibre entre les assaillants et nous.
01:03 Après, est-ce qu'il ne faut pas se poser la question de savoir,
01:05 sur des extractions qui relèvent de personnes appartenant
01:09 aux crimes organisés, au grand banditisme,
01:11 est-ce qu'il ne faut pas l'adapter, notre niveau, effectivement,
01:14 en termes d'équipement ?
01:15 Est-ce qu'il faut des voitures blindées ?
01:17 Est-ce qu'il faut d'autres types d'armements ?
01:19 Je pense qu'en tout cas, aujourd'hui, le débat, il est sur la table.
01:22 [Propos inaudibles]
01:28 C'était un vrai guet-apens.
01:29 Là, ils ne pouvaient rien faire.
01:31 Et c'est ça le pire, c'est que quand on voit cette scène-là,
01:33 on se dit que ça aurait pu être chacun d'entre nous.
01:35 C'est un métier très compliqué.
01:36 On est tout corps de métier.
01:37 On est pompier, on est assistance sociale, on est psy.
01:41 Pompier, quand il y a un feu de cellule,
01:43 ce ne sont pas les pompiers qui vont arriver immédiatement,
01:45 c'est nous qui devons nous équiper pour éteindre les incendies.
01:47 Quand vous avez quelqu'un qui a mal dans sa tête et qui se dit
01:50 « Bon, je vais me suicider, surveillant »,
01:51 il faut faire des rondes spécifiques pour l'empêcher de commettre l'irréparable.
01:57 C'est tout ça qui fait que ce métier est très compliqué.
02:00 [Propos inaudibles]
02:06 Tout service public, ce qu'on revendique, c'est déjà plus de moyens
02:09 parce qu'on reçoit de plus en plus de détenus avec des problèmes psychologiques.
02:14 Et on n'est pas prêts pour ça.
02:16 Nous, nous ne sommes pas un personnel hospitalier.
02:18 Donc on doit gérer un afflux de personnes qui sont marginalisées pour la plupart
02:26 et qui n'ont plus de règles « réelles ».
02:29 Et donc on doit leur réapprendre avec ces règles, avec les moyens qu'on a,
02:33 mais tous les jours quand vous faites insulter,
02:35 alors qu'on n'est pas là pour ça, on est là juste pour vous garder
02:38 et pour essayer de vous réinsérer dans la société.
02:41 [Propos inaudibles]
02:47 Mon ressenti à moi, ça me donne plein envie d'exercer ce métier-là,
02:49 d'être dans la compétition parce que moi, j'étais très dans la compassion.
02:52 Et là, j'ai plein envie parce qu'être dans la compassion, c'est adonné ça au final.
02:55 Les collègues, ils sont morts, c'est fini.
02:58 Voilà. Je ne vois pas l'intérêt d'aider les détenus à s'en sortir,
03:03 qu'importe les accus qu'ils ont commis.
03:05 C'est leur choix, c'est leurs conséquences,
03:07 mais c'est à nous de les aider aussi à aller mieux.
03:09 Mais si eux-mêmes, ils ne veulent pas d'eux-mêmes,
03:11 ça sert à quoi qu'on se donne corps et âme pour les aider ?
03:14 Ça ne sert à rien, en vrai.
03:15 On sera écouté seulement quand il y a des drames, comme là,
03:17 il y a le drame, du coup, on sera écouté peut-être.
03:20 Et encore, on verra.
03:21 [Brouhaha]
03:27 En six ans, j'ai été agressé huit fois.
03:29 Donc, c'est pas...
03:33 On ne vient pas pour... On ne se réveille pas le matin.
03:35 Faire même des longs trajets, des fois,
03:37 pour le matin, quand on ouvre, on essuie des insultes, tout ce qui suit.
03:43 Ou même, il y a des collègues qui, eux-mêmes, ont été agressés
03:46 avec des casseroles d'eau chaude, de l'huile chaude, voilà.
03:49 Mais il faut comprendre que nous, on n'est pas là
03:52 pour être méchants avec les détenus,
03:55 mais on est là pour les surveiller,
03:56 pour les accompagner durant leur détention.
03:59 Après, c'est à nous de faire changer les choses,
04:02 mais avec le manque de moyens, c'est dur.
04:04 [Brouhaha]