• il y a 7 mois

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00:00 9h, toute la Côte d'Or se réveille.
00:03 Vous vous souvenez pendant le confinement, à 20h on tapait des mains bêtement pour
00:08 soutenir les infirmiers.
00:10 Ce soir, on viendra à 20h, place du théâtre, pour soutenir encore une fois les infirmiers
00:15 libéraux, les infirmières libérales.
00:17 Une nouvelle mobilisation pour réclamer une meilleure rémunération.
00:21 Pour en parler Stéphanie, on reçoit ce matin Muriel Bonnet, donc elle est infirmière libérale
00:25 à Dijon.
00:26 La profession est en train de crever, c'est en tout cas ce que disent bon nombre de soignants,
00:32 si rien ne change.
00:33 Au final c'est le lien avec vos patients qui pourraient casser, vous nous l'avez bien
00:36 décrit.
00:37 Comment faire pour ne pas en arriver là ? Qu'est-ce que vous réclamez aujourd'hui ?
00:41 Ça fait 15 ans que notre acte médical infirmier, la base du calcul de nos revenus en fait,
00:48 n'a pas bougé.
00:49 Personne ne travaille sans augmentation de salaire pendant 15 ans je crois.
00:52 Là actuellement on se retrouve à travailler plus pour gagner la même chose qu'il y a
00:57 quelques années.
00:58 Et pour certains on a plus de travail, pour d'autres moins.
01:00 Notre vendication c'est l'augmentation de cet acte médical infirmier pour revaloriser
01:05 nos actes dans un travail qui est effectivement difficile, pénible, qu'on aime fort, on
01:08 est passionné, mais il mérite salaire, il mérite qu'on puisse nourrir nos enfants,
01:12 payer nos logements comme tout un chacun, payer nos retraites aussi.
01:16 Certains ont l'image d'une profession finalement qui gagne bien sa vie, qui fait beaucoup d'heures
01:21 mais qui gagne bien sa vie, est-ce que c'est une fausse idée ?
01:23 C'est pas forcément une fausse idée dans le sens où on peut gagner bien sa vie si
01:28 on fait énormément d'heures.
01:30 En taux horaire, on gagne moins qu'à l'hôpital.
01:32 On le sait pas forcément et on l'oublie, mais effectivement il y a certaines personnes
01:37 qui gagnent très bien leur vie mais qui travaillent énormément.
01:41 Moi la dernière fois, en deux jours j'ai travaillé 36 heures, l'équivalent d'une
01:44 semaine de quelqu'un d'autre.
01:45 Alors effectivement moi j'ai des enfants, donc je ne travaille pas 7 jours sur 7, c'est
01:50 pas possible.
01:51 Ma vie à la maison me prend aussi du temps.
01:54 Donc voilà, si on travaille normalement, on ne gagne pas aussi bien qu'à l'hôpital.
01:59 On est écrasé par des charges, on a plus de 60% de charges parfois, pas plus, 60% de
02:04 charges.
02:05 Du coup malgré tout, et puis tout a augmenté en 15 ans en fait, le carburant a augmenté
02:08 de 85% je crois.
02:10 Nos assurances, parce qu'on n'a pas maintenant un peu, mais pour être en arrêt, pour être
02:16 en invalidité, il faut qu'on paie une assurance sinon on n'a pas de revenu.
02:19 Ils ont augmenté de 150%.
02:22 Je m'étais noté, nos prévoyances, 138%, notre matériel, notre matériel pour avoir
02:29 des gants, pour faire nos soins, c'est nous qui les achetons, 230% en quelques années.
02:33 Tout ça, ça nous impacte forcément.
02:35 Il faut travailler plus pour pouvoir payer nos charges avant de pouvoir vivre.
02:38 Justement, vous le disiez, les semaines sont très longues.
02:41 Ça ressemble à quoi une semaine d'une infirmière libérale ici à Dijon comme vous ?
02:45 Alors nous on soigne minimum, on fait 40 soins par jour, parfois 60, parfois plus.
02:51 Ça fait beaucoup de monde quand même à voir à domicile.
02:53 Donc ça veut dire qu'on commence très tôt et qu'on finit très tard.
02:55 Oui, on commence vers 6h, parfois 7h, mais vers 6h du matin, on finit à 20h, 21h.
03:00 On peut encore être appelé la nuit, c'est ce que je disais.
03:02 Oui, on est payé pour ça, mais n'empêche, il faut pouvoir tenir le rythme.
03:06 Certaines personnes travaillent 7 jours d'affilée pour avoir des repos derrière.
03:09 On travaille un week-end sur deux en moyenne, parfois moins si on travaille plus dans un
03:13 cabinet.
03:14 Les jours fériés, on les travaille aussi.
03:15 Encore une fois, en alternance, si on a des collègues, il y a des infirmiers qui travaillent
03:19 seuls à leur cabinet.
03:20 S'ils n'ont pas de remplaçant, ils travaillent tous les jours.
03:21 Ça c'est le quotidien d'une infirmière libérale.
03:24 C'est Muriel Bonnet qui était avec nous ce matin en direct sur France Bleu et France 3 à 7h49.
03:28 Donc forcément, on l'imagine, c'est compliqué financièrement, vu que le coût de la vie
03:33 a très largement augmenté et que les actes n'ont pas été revalorisés.
03:37 On l'entend, c'est la principale revendication.
03:39 Est-ce que ça veut dire que ça pourrait se traduire par la fermeture de cabinets médicaux
03:44 ici en Bourgogne ?
03:45 Est-ce que c'est déjà le cas ?
03:46 Alors il y a des cabinets qui ferment quasi quotidiennement dans toute la France.
03:49 On annonce 58% de fermeture en cinq ans.
03:52 Parce qu'effectivement, la motivation a beau être forte, le Ségur a augmenté.
03:57 Les infirmiers à l'hôpital et en clinique, tant mieux, c'était nécessaire.
04:00 Nous, on a été oubliés du Ségur.
04:02 Notre profession est de moins en moins attractive parce qu'effectivement, comme on gagne moins
04:07 bien notre vie pour toutes les heures, tout ce que ça impacte, je l'ai dit, c'est une
04:10 profession patient.
04:11 On aime nos patients, mais à un moment donné, il faut vivre à côté.
04:13 Si on ne gagne pas notre vie en rapport aux efforts, on part ailleurs, on va voir ailleurs.
04:18 Est-ce que la vie à côté, justement, elle existe pour vous qui êtes infirmière libérale ?
04:22 Vous l'avez dit, j'ai des enfants, j'ai une famille, et puis on peut, sans avoir d'enfants,
04:26 avoir une vie à côté.
04:27 Est-ce qu'elle existe aujourd'hui quand on est infirmière libérale ?
04:29 Et le fou, on fait en sorte que malgré tout, effectivement, nous, pour prendre des vacances,
04:34 il faut un remplaçant.
04:35 Pour être en arrêt maladie, il faut un remplaçant, sinon on continue à se lever malade, mal
04:39 au dos, on y va quand même.
04:40 C'est une organisation autour de ça.
04:43 Vous pouvez en parler à mes enfants et à mon conjoint.
04:45 Quand je parle le week-end, quand je parle les fériés, quand je dois repartir la nuit
04:48 ou repartir à 23h, personne ne rigole chez moi.
04:51 Maintenant, c'est mon métier, je l'aime.
04:53 Vous avez déjà songé à arrêter parce que c'était trop dur ?
04:56 Oui, comme beaucoup d'entre nous, oui, j'y ai déjà pensé.
05:00 Après, encore une fois, c'est un métier passionnant, ça m'a tenu.
05:03 Maintenant, aujourd'hui, il faut que les choses évoluent.
05:05 On mérite que les choses évoluent pour qu'on puisse perdurer et préserver les soins à
05:10 domicile parce que si les cabinets ferment, les patients n'auront plus de soins à domicile.
05:14 En un mot, avant d'entendre nos auditeurs, auditrices, à quoi est-ce qu'il faut s'attendre
05:18 ce soir à Dijon avec cette action ?
05:20 On essaye de mobiliser, de faire réagir.
05:23 Ça a fonctionné pour certaines choses, il y a des choses qui bougent, on en est heureux.
05:27 Effectivement, il y a une signature de tribune hier qui a eu lieu entre plusieurs syndicats
05:32 majoritaires.
05:33 On espère que les choses bougent, on aimerait qu'elles bougent plus vite.
05:35 On le rappelle, c'est ce soir à 20h, place du Théâtre à Dijon, si vous avez envie de
05:40 venir soutenir ces infirmiers libéraux et infirmières libérales.
05:43 Et maintenant, on va vous écouter justement sur ce rapport avec ces soignants.
05:46 Et oui, ce lien dont on parle depuis tout à l'heure, l'humain, c'est Chantal qui va nous
05:50 en parler.
05:51 Elle habite à Chauneuf.
05:52 Bonjour Chantal !
05:53 Bonjour !
05:54 Bienvenue, Chantal, vous écoutez France Bleu Bourgogne, vous êtes avec nous pour tout
05:58 simplement nous parler de ces relations que vous avez peut-être avec des infirmiers,
06:01 des infirmières ?
06:02 Oui, avec mon infirmière que je connais depuis plusieurs années et qui soigne toute la famille
06:08 sur Chauneuf et qu'on considère vraiment comme une personne à part entière de la famille
06:14 quand on a des besoins ou même quand on a froid pendant les courses.
06:17 C'est rare, mais ça nous touche.
06:20 C'est quelqu'un d'indispensable.
06:21 Ça veut dire que c'est quelqu'un que vous voyez très régulièrement, avec qui vous
06:26 avez tissé un lien fort.
06:28 Et comment ça se traduit ça ?
06:29 Ça se traduit quand j'étais enceinte, c'est elle qui est venue.
06:35 Quand j'ai eu des besoins après, c'est elle aussi.
06:38 C'est bien que mes beaux-parents qui se font soigner aussi en la même infirmière,
06:48 qui s'appelle Dunia sur Chauneuf, et même les piqures, vous savez, pour la grippe, elles
06:53 ne le font plus chez le pharmacien, mais c'est nous deux qui passent.
06:56 Il y a une vraie complicité, une vraie confiance qui s'est installée.
07:00 Chantal, est-ce que vous avez conscience de ces difficultés éprouvées par ces soignants
07:08 justement aujourd'hui ? Leurs difficultés financières, leurs difficultés d'organisation,
07:12 est-ce que c'est quelque chose que vous avez ressenti vous aussi ?
07:16 Oui, tout à fait.
07:17 Quand on la voit, elle est toujours en spin, même si elle prend le temps avec ses patients.
07:23 Pour vous dire, nous dans notre famille, on est très choqués par rapport à ce qu'a
07:30 fait le gouvernement après Covid.
07:32 Avec mes enfants, on a cassé des cuillères en bois pendant des semaines et qu'après,
07:40 il y ait ce retour de bâton pour eux, justement, ça nous a choqués.
07:44 Oui, c'est ce que je disais tout à l'heure, quand je disais bêtement, on applaudissait
07:47 bêtement, mais aujourd'hui, ça parait bête par rapport à la situation des infirmes et
07:52 des infirmières.
07:53 Vous pourriez faire quoi Chantal ? Qu'est-ce que vous voudriez dire au gouvernement, peut-être
07:56 même aux élus de Bourgogne qui nous écoutent là ce matin ?
07:58 Il ne faut pas attendre qu'on soit dans la maladie, qu'on voit la valeur du métier
08:05 des gens.
08:06 Il n'y a pas que les infirmières, mais ce sont des métiers régaliens qu'il faut porter
08:11 en avance.
08:12 La société ne pourra pas s'en sortir sans ces métiers-là.
08:15 Que ce soit les infirmières, les soignants, les éducateurs, les améliations, les enseignants,
08:21 les policiers, ce sont des valeurs sûres.
08:23 Mais on n'est pas le fric où il faut.
08:26 Merci Chantal de nous avoir rejoint ce matin en direct sur France Bleu Bourgogne.
08:32 Merci également à Muriel Bonnet qui était avec nous, infirmière libérale, qu'on retrouvera
08:36 ce soir à 20h place du théâtre.
08:38 Absolument, j'y serai.
08:39 Merci de nous avoir reçu.
08:40 Une action, on le disait, qui est nationale mais qui se passe à Dijon.

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