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00:00C'est en 43, nos villages qui comptent moins de 1000 habitants doivent faire comme les grandes villes,
00:05avoir un conseil municipal qui compte autant d'hommes que de femmes.
00:09C'est l'idée portée par le Sénat, instaurée une parité partout en France pour les prochaines élections municipales.
00:14Que pensent les premiers concernés, premières concernées, surtout Olivier Estrand ?
00:19On pose la question ce matin à une femme élue à la tête de sa commune depuis bientôt 5 ans.
00:23Bonjour Isabelle Chapuyeau.
00:24Bonjour.
00:25Vous êtes maire de Villers-Lafay, c'est une commune de 400 habitants entre Beaune et Nuit-Saint-Georges.
00:29Maire depuis 2020, élue au conseil municipal depuis 2008.
00:33Chez vous à Villers-Lafay, il y a combien de femmes dans ce conseil municipal ?
00:36Nous sommes 6, la maire, 5 femmes et 5 hommes.
00:41La parité est parfaite.
00:44Comme le mandat précédent où le maire était un homme, à Villers-Lafay, les femmes sont impliquées dans la vie communale.
00:51Comment avez-vous réussi ce défi dans une petite commune ?
00:55Au niveau des engagements, on prépare l'hélice en allant chercher les gens.
01:01On constate que pour les femmes, c'est plutôt un choix de couple.
01:05Quand on interroge une femme, elle demande un peu l'avis de son mari qui lui dit
01:09« je te soutiens, il n'y a pas de soucis, vas-y ».
01:12Les hommes répondent avant d'avoir consulté leur épouse qui suit bien évidemment.
01:16Il y a une sorte de logique naturelle chez les hommes qu'on ne trouve pas chez les femmes.
01:21Il y a encore une grosse progression dans notre mentalité, nous les hommes, à adopter.
01:27Oui, c'est aussi bizarre que ça paraisse même les jeunes.
01:31Les jeunes encouragent leurs épouses bien évidemment, beaucoup plus que les plus âgés,
01:36qui se sentent eux impliqués dans la vie et pour qui c'est naturel d'aller dans les conseils municipaux.
01:41Cette idée portée par le Sénat d'instaurer des listes avec une parité obligatoire pour les petites communes,
01:47c'est une bonne ou une mauvaise chose ?
01:49J'ai un avis réservé sur le sujet. Dans ma commune, ça peut être une mauvaise chose,
01:54parce qu'au final, j'avais tendance à avoir possiblement plus de femmes que d'hommes,
02:00et donc ça va m'obliger à... alors c'est peut-être une bonne chose.
02:04Vous êtes un peu l'exception, j'ai l'impression.
02:07Non, j'ai quelques collègues femmes. J'ai l'impression, c'est vraiment une impression,
02:12que quand le maire est déjà une femme, c'est plus facile pour nous d'aller chercher des femmes.
02:17Alors est-ce que c'est l'exemple ?
02:19Dire, bah voilà, moi j'y suis arrivée, tu peux y aller aussi.
02:22Je ne sais pas exactement, mais voilà, ça me paraît...
02:26J'ai une collègue, elles sont sept, dont les adjoints sont tous des femmes.
02:31Et elles sont sept sur onze. Et là, elle aura un problème, excusez-moi.
02:35Et vous, comment est-ce que vous arrivez à les convaincre ? Avec quels arguments vous allez les chercher ?
02:39Au niveau organisation, j'y suis arrivée, pourquoi pas elle ? Voilà.
02:43Alors justement, à cette heure, on a entendu le président des maires ruraux de Côte d'Or, Bruno Méttenot,
02:48qui nous dit, attention, les femmes, une fois qu'elles sont élues,
02:50elles démissionnent ou bien se désengagent plus vite que les hommes,
02:52parce qu'elles portent souvent la charge familiale, elles ne peuvent pas tout assumer. Il a raison ?
02:57Non, c'est une question d'organisation.
02:59Comme je le disais tout à l'heure, c'est un choix de couple,
03:02mais ça devrait être un choix de couple dans les deux cas.
03:05Donc, il y a besoin du soutien du conjoint, il y a besoin d'organisation.
03:10Et je pense que les femmes sont beaucoup plus organisées que les hommes, en général, par habitude.
03:15On parle de la parité, du scrutin de listes.
03:18Nos petites communes doivent-elles se plier aux mêmes règles que les grandes villes ?
03:21On en parle ce matin avec une élue, Isabelle Chapuyeau, maire de Villers-Lafayette.
03:25Isabelle Chapuyeau, la réforme engagée par le Sénat vise aussi à interdire le panachage des listes dans les petites communes.
03:31Pour être clair, un électeur devra voter pour une liste complète, ne pas rayer de noms, ne pas mixer de listes.
03:37Est-ce que ça va simplifier les choses ?
03:39Oui, parce que pour moi, c'est une élection de projet.
03:43En fait, quand on s'engage dans une commune avec une équipe, c'est sur un projet.
03:48Ce n'est pas sur le nom de celui-là ou de l'autre, parce que la famille est connue, parce que ceci, parce que cela.
03:54C'est plus un projet. Donc oui, c'est très bien.
03:57D'accord. Donc, pour vous, il y aura une cohérence et il y aura facilité à faire des listes d'un seul bloc.
04:02Oui.
04:03Il y a toujours moins de femmes maires que d'hommes ici en Côte d'Or.
04:07Est-ce que ce système de listes peut régler ce problème ?
04:09Non, pas du tout.
04:11C'est plus, comme je le disais tout à l'heure, une question d'exemple de femmes qui y sont arrivées,
04:17qui s'en sortent bien, qui développent leur village ou leur village, en l'occurrence.
04:23Oui, si on rappelle, on parle de parité, mais c'est le conseil municipal, une fois élu, qui va désigner le maire.
04:28Comment faire pour qu'on arrive à une parité, peut-être homme-femme, chez les maires des communes ?
04:33Est-ce qu'il faut aussi instaurer une parité pour le premier magistrat ?
04:37Ça va être compliqué.
04:40Et puis, il y a un côté envie, il y a un côté...
04:46Mais est-ce qu'on considère encore aujourd'hui les femmes maires moins légitimes que les hommes ?
04:50C'est peut-être un peu la question.
04:51Est-ce que vous avez une place encore à défendre au sein des conseils communautaires,
04:56au sein d'autres assemblées, pour dire « moi, je suis maire et femme » ?
05:00Oui, bien sûr. Je peux vous donner un exemple, ça ne va pas faire plaisir à mes collègues.
05:05Quand je demande la parole en conseil communautaire, je n'ai pas le micro.
05:08Et pour quelle raison ?
05:09Parce que je suis une femme.
05:11Je ne sais pas si c'est ça.
05:13On est moins bien entendu quand on est une femme élue qu'un homme.
05:16Mes collègues femmes me le diront aussi.
05:18Et qu'en pensent les hommes ? Que disent-ils ? Ils réagissent ou pas ?
05:22Non, en fait, quand on a un mot qui est « c'est une blague » paraît-il,
05:28les collègues hommes le prennent comme une blague.
05:32Alors qu'en fait, nous, on ne le prend pas comme ça.
05:34Vous êtes maire depuis 2020, Isabelle Chapuillot à Villers-Lafay.
05:38Est-ce que ça vous rend heureuse comme maire ?
05:40Bien sûr, ça ne se voit pas.
05:42On a l'impression. Et cet engagement, qu'est-ce qu'il vous apporte ?
05:47Beaucoup de rencontres.
05:51L'impression de faire des choses au quotidien pour les habitants, pour mes voisins.
05:57Vous savez, maire, c'est l'anagramme du mot aimer.
06:01Et je trouve que c'est une belle définition.
06:05Et dans votre commune, vous êtes reconnue ?
06:07Oui, je pense.
06:08Vous vous représentez l'année prochaine ?
06:10Oui, bien sûr.
06:11Sans hésitation ?
06:12Sans hésitation.
06:13J'ai des projets qui sont commencés avec mon équipe qu'on aimerait bien finir.
06:16Isabelle Chapuillot, maire de Villers-Lafay.
06:18Qu'est-ce que vous avez à dire, ce matin, aux femmes qui nous écoutent
06:21pour les inciter à se lancer, elles aussi, dans la vie des élections municipales ?
06:25Osez !
06:26Osez, c'est important.
06:27Et si vous avez envie, il faut y aller.
06:29Il n'y a pas de frein.
06:31Merci beaucoup, Isabelle Chapuillot, maire de Villers-Lafay.
06:34Commune de 400 habitants entre Beaune et Nuit-Saint-Georges.
06:37Interview retrouvé, bien sûr, sur ICI Bourgogne.
06:39Bonne journée à vous, à bientôt.
06:41Merci.