Etat d'urgence en Nouvelle-Calédonie : un jeune gendarme tué

  • il y a 5 mois

Pascal Praud revient pendant deux heures, sans concession, sur tous les sujets qui font l'actualité. Aujourd’hui, l'état d'urgence en Nouvelle-Calédonie est au cœur de l'actu.

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Transcription
00:00Europe 1, 11h, 13h, Pascal Praud et vous.
00:07Avec une actualité dramatique une nouvelle fois aujourd'hui.
00:11Bonjour à Géraldine Hamon.
00:12Bonjour Pascal.
00:13Bonjour à Laurent Tessica, la rédaction en chef de cette émission.
00:15Bonjour à tous.
00:16Fabrice Laffitte qui est à la réalisation de cette émission.
00:18Bonjour.
00:19A Olivier Guenec qui est à l'organisation de cette émission.
00:23Vous avez eu du mal.
00:25Vous savez même plus ce que je fais.
00:27Bonjour cher Amélie.
00:28Bonjour.
00:29Carasou Mayan qui est de retour.
00:30Bonjour.
00:31Absolument.
00:32Et qu'on remercie l'actualité dramatique disais-je.
00:35Un gendarme a été tué ce matin en Nouvelle-Calédonie à la suite d'un tir accidentel.
00:39Et nous allons pouvoir en parler avec Louis de Raguenel.
00:43C'est une annonce du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.
00:45Bonjour Pascal.
00:46Bonjour.
00:47Il ne s'agit pas d'un tir ennemi.
00:48C'est quoi un tir accidentel ?
00:49De ce qu'on sait, c'est un tir qui a eu lieu au moment où le gendarme se préparait,
00:54préparait son blindé pour une mission de rétablissement de l'ordre.
00:58C'est-à-dire que c'est lui-même ?
01:00J'ai du mal à comprendre, ça serait lui-même ?
01:03Avant d'intervenir, les gendarmes préparent leurs armes.
01:06Et puis il y a des mouvements.
01:09Et donc manifestement en préparant le blindé dans lequel il allait intervenir,
01:13il y a eu un coup de feu qui est parti et donc qui l'a tué.
01:18La Calédonie est en état d'urgence.
01:20L'armée s'est déployée.
01:21Ce territoire français du Pacifique Sud est plongé dans une crise sécuritaire.
01:25Sonia Bagues, la présidente de la province sud de la Nouvelle-Calédonie,
01:28parle d'un racisme anti-blanc.
01:30C'est ça la vérité, dit-elle.
01:31L'intervention des militaires doit permettre de sécuriser les ports et aéroports du territoire.
01:36Je vous propose peut-être d'écouter Sonia Bagues précisément.
01:40Concrètement là, on n'est pas du tout en sécurité.
01:43Les gens sont terrorisés chez eux.
01:45Ils sont encore agressés, incendiés.
01:48Un message sur les réseaux sociaux disant que j'étais dans un hôtel où je n'étais pas.
01:52Ils sont arrivés à 15 canoulés pour venir me chercher dans l'hôtel.
01:54Il y a des organisations de groupes de protection des quartiers.
01:58Les hommes sont sur les barrages pour protéger les quartiers armés.
02:03Les gamins, même à partir de 14 ans, y sont parce que sinon on n'a pas assez de monde
02:07pour tenir les nuits, se reposer, etc.
02:10Donc tous les hommes sont sur les barrages et les femmes sont à la maison avec les enfants.
02:15Et ce qu'on veut, c'est des moyens en plus,
02:17parce qu'on n'est pas capables pour l'instant de se protéger dans ces conditions.
02:22Sonia Baques qui répondait aux questions de Laurent Tessier pour Europe 1.
02:28J'ai eu l'information qu'elle était protégée par le RAID 24 heures sur 24.
02:32Absolument. Et puis elle n'est pas la seule.
02:35Elle est protégée, ses parents sont également protégés cette fois-ci par le GIGN.
02:41Et puis Gérald Darmanin a annoncé ce matin que la plupart des grands élus locaux calédoniens
02:47faisaient l'objet d'une protection policière.
02:49Sonia Baques qui parle de racisme anti-blanc, toujours au micro de Laurent Tessier.
02:52C'est du racisme direct puisqu'ils nous traitent de sales blancs et là je suis polie,
02:56mais il y a toujours ce terme-là.
02:58Ils nous insultent, ils nous demandent de rentrer chez nous.
03:00On est nés là-bas, on est nés ici, donc on n'a pas d'autre chez nous qu'ici.
03:05Mais ils veulent nous faire dégager parce qu'on est blanc.
03:07Les choses sont sans ambiguïté.
03:09Ils sont tellement nombreux et tellement violents
03:11qu'en fait on a l'impression que clairement les canards veulent nous mettre dehors de ce pays
03:16et considèrent qu'ils doivent vivre sur cette terre sans nous.
03:21Et Michel Onfray qui était l'invité de Laurence Ferrari ce matin sur CNews Europe 1
03:24a parlé de guerre civile.
03:26Même de guerre civile très précisément puisque ce sont des Français qui attaquent d'autres Français
03:30et des Français qui se défendent des attaques que d'autres Français leur infligent.
03:33Donc je parlais hélas depuis très longtemps d'une guerre civile à bas bruit
03:37avec quelques ricanements du côté des islamo-gauchistes.
03:40Et bien on enlève maintenant à bas bruit, c'est une vraie guerre civile.
03:43Je rappelle que le gendarme a quand même pris un projectile en pleine tête.
03:48On a visé la tête, on a voulu le tuer alors qu'il a enlevé son casque
03:51justement comme un signe de bienveillance en disant
03:54je ne viens pas armer, je viens pour discuter.
03:57Et là d'un seul coup on ajuste le tir et la balle arrive dans la tête.
04:01Michel Onfray de nouveau interrogé par Laurence Ferrari ce matin toujours.
04:06Un état raciste qui est proposé en Nouvelle-Calédonie dit-il.
04:10Là on a le signe d'une créolisation malheureuse et en même temps
04:13la proposition est songeant un petit peu au laboratoire de Jean-Luc Mélenchon dans cette aventure.
04:18C'est un état racial qui nous est proposé, c'est un état raciste qui nous est proposé.
04:22Les blancs dehors, qu'est-ce que ça veut dire les blancs dehors ?
04:24Des gens qui sont parfois là depuis plus d'un siècle, un siècle et demi.
04:28Pour certaines familles on n'est pas responsable de ce qu'ont fait nos parents
04:31un siècle et demi en amont voire en 1492.
04:34Et à un moment donné il va falloir arrêter cette histoire que le péché originel ça concernerait des couleurs.
04:39Évidemment on sent une très grande tension et des propos guerre civile.
04:44C'est vrai que j'ai jamais entendu ce mot de guerre civile
04:49employé sur le territoire français depuis quasiment 1962
04:54et les événements d'Algérie, la guerre d'Algérie.
04:56Absolument, d'autant plus que ce mot-là a été employé par le haut-commissaire,
05:00le représentant de l'état en Nouvelle-Calédonie, Louis Lefranc.
05:03C'était avant-hier et il a pointé du doigt, il a mis en garde contre ce risque de guerre civile.
05:07Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur, était ce matin au 4 vérités sur France 2. Écoutons-le.
05:11On passe de 1700 policiers et gendarmes, ce qui était déjà beaucoup,
05:14à 2700 policiers et gendarmes d'ici demain soir.
05:17Donc le calme va être établi.
05:19La police est là pour arrêter tous les tueurs, tous les gens qui assassinent.
05:23Et aujourd'hui elle fait son travail, elle va rétablir l'ordre, même si les choses sont difficiles.
05:27Gérald Darmanin toujours sur France 2
05:31qui regrette sans doute le départ d'une partie des leaders indépendantistes.
05:37Je regrette qu'une partie des leaders indépendantistes calédoniens ait fait un deal avec l'Azerbaïdjan.
05:41C'est incontestable.
05:43Et ça donne une idée de ce qu'est parfois la démocratie, si on écoutait certains leaders.
05:47Mais je veux dire qu'aujourd'hui, même s'il y a des tentatives d'ingérence,
05:51aucun pays n'accède à la violence en Nouvelle-Calédonie.
05:56La France est souveraine chez elle et c'est tant mieux.
05:58Bon, l'Azerbaïdjan et la Nouvelle-Calédonie,
06:01je ne suis pas sûr que chacun voit le rapport qu'il y a entre ces deux pays.
06:07Il n'y a pas de rapport en théorie entre l'Azerbaïdjan et la Nouvelle-Calédonie.
06:12En revanche, l'action que la France mène en Arménie gêne très fortement l'Azerbaïdjan.
06:17Et en représailles, l'Azerbaïdjan, aidé par la Chine et la Turquie,
06:21finance notamment l'activité de certains groupes kanaks auprès des Nations Unies.
06:28Ils ont organisé en Turquie à Istanbul, il y a un mois et demi,
06:31un sommet consacré à la Nouvelle-Calédonie et à la liberté des kanaks
06:38à disposer d'un territoire propre qui n'est pas celui des Français.
06:42Et ils ont incité les kanaks à se libérer de l'oppression française.
06:47Donc ça, ça s'appelle, c'est documenté, c'est la DGSI qui l'a documenté.
06:50A l'Europe, on a pu consulter plusieurs documents qui l'attestent.
06:54Et donc ça s'appelle une ingérence étrangère.
06:56Il est 11h12, on marque une pause, vous restez avec nous et on va écouter,
06:59on sera en direct de Nouvelle-Calédonie avec une auditrice dont on ne dira pas le nom,
07:05qui souhaite garder l'anonymat pour des raisons que vous imaginez,
07:08qui pourra témoigner de ce qui se passe sur place.
07:10A tout de suite.
07:11Et vous pouvez aussi réagir en appelant Pascal Praud,
07:13d'11h à 13h sur Europe 1 en composant ce numéro.
07:16Appelez Pascal Praud au 01 80 20 39 20.
07:20Europe 1.
07:21Pascal Praud et vous.
07:22Avec vous d'11h à 13h sur Europe 1.
07:24Et nous sommes donc en direct de Nouvelle-Calédonie avec une auditrice, je pense.
07:29Bonjour.
07:30Bonjour monsieur, bonsoir pour nous.
07:33Et merci d'être avec nous.
07:34On ne dira pas ni où vous êtes, ni qui vous êtes.
07:37Simplement, ce qui nous intéresse, c'est votre témoignage.
07:40Comment est la situation ?
07:43A quelle heure est-il en ce moment en Nouvelle-Calédonie ?
07:46Il est 20h14.
07:48Comment est la situation ?
07:51Nous sommes enfermés entre femmes, amies du même quartier.
07:55Avec chacune deux enfants, 5 ans, 7 ans, 12 ans, 9 ans, 17 ans.
08:01Livrés à nous-mêmes parce que nos hommes sont, j'ai envie de dire le mot, au front.
08:08Cachés, barricadés derrière des barrages de fortune.
08:12Des barrages, vous pouvez imaginer tout ce qu'il peut y avoir dans une résidence.
08:15Four, climatiseur, voiture.
08:18On fait ce qu'on peut.
08:20Je vais mal parler.
08:22Ils sont avec leur bite et leur couteau.
08:24On en est là.
08:25Personne ne viendra nous aider.
08:26On nous a prévenu.
08:28Là, c'est chacun pour soi.
08:30Donc, on sait nos maris là-bas, avec des émeutiers en face, armés maintenant.
08:36Ça fait trois jours.
08:37Ça dure depuis lundi soir, sachant qu'on a 10 heures de plus que vous.
08:40Depuis lundi soir, on ne dort pas.
08:44Vous avez au téléphone des mères de famille, avec des enfants, dans une situation chaotique.
08:52Les seules choses qu'on voit, c'est sur les réseaux, c'est ce qui se passe sur notre île.
08:55Ils ont bousillé notre île.
08:57Il n'y a plus rien.
08:58Il n'y a plus de concessionnaire.
08:59Il n'y a plus de pharmacie.
09:00Il n'y a plus d'école.
09:01Les lycées de nos enfants sont brûlés.
09:03Les collèges de nos enfants sont brûlés.
09:05Ils essayent tant bien que mal de sauver une seule grande surface sur la commune de Dumbéa
09:10pour qu'il nous reste à bouffer.
09:12Les piliers sont ivres-morts, mais je ne sais pas comment ils tiennent.
09:18Toujours là.
09:19Il y a des gens du nord qui arrivent, armés, prêts à en découdre.
09:33Ils sont a priori arrêtés au niveau de la Tontouta, qui est l'aéroport, mais certains sont passés a priori.
09:42Ils visent de l'écarter de blancs maintenant, parce qu'une fois qu'ils ont tous accagé à l'extérieur,
09:47maintenant il faut aller terroriser du blanc.
09:49On parle de terrorisme.
09:51Ce qui me révolte le plus, ce n'est pas l'état de ces êtres.
09:56On ne parle même pas d'êtres.
09:57Là, on parle de chair de haine.
10:02Je ne peux pas vous dire autrement.
10:05Chair de haine, sang de cervelle, âgé de 6 ans à je ne sais pas,
10:11parce qu'on parle quand même d'enfants de 6 ans, 8 ans, 9 ans, 10 ans, qui pillent,
10:15qui caillassent, qui coptellent monotophes.
10:18Imaginez-vous le chaos.
10:22Imaginez-vous être sur une île française, monsieur.
10:25Je suis française.
10:26J'habite en Cahaydonie depuis 10 ans.
10:29J'ai mes sociétés ici.
10:31J'ai ma maison ici.
10:32Ma deuxième fille est née ici.
10:34Je travaille ici.
10:35J'étais heureuse dans ce pays jusqu'à lundi matin.
10:38Alors, ce qui le frappe, c'est la soudaineté de cela.
10:41Est-ce qu'avant lundi, est-ce que vous aviez des prémices ?
10:46Des prémices, monsieur, ce serait très bon d'en parler,
10:49parce que la Nouvelle-Cahaydonie a une histoire très compliquée
10:52et je ne peux pas débattre sur le sujet là maintenant, c'est trop long.
10:55Il y a un passif très lourd, très très lourd sur la Nouvelle-Cahaydonie,
11:01la colonisation, tout ça, tout ça.
11:03Donc, bien sûr, ça fait 10 ans, 10 ans que je suis imprégnée de tout ça,
11:07mais 10 ans qu'on vit ensemble.
11:0810 ans que je n'ai pas peur.
11:10Je n'ai jamais eu peur sur cette île.
11:12Au contraire, depuis lundi soir, on est dans la terreur parce qu'on se rend compte.
11:18Et c'est ça que je trouve intéressant dans votre témoignage,
11:22quand je parle de soudaineté.
11:24Je vous dis, j'entends que, par exemple, la semaine dernière,
11:28on est aujourd'hui jeudi.
11:30Jeudi dernier, vous n'aviez pas peur, par exemple ?
11:33Lundi matin, je suis partie bosser.
11:36On se dit tous en ce moment, putain, ça va péter, c'est tendu, ça va péter.
11:41Mais on a tous eu très peur au niveau des référendums.
11:44Il y a eu trois référendums sur les accords de Nouméa
11:46pour le maintien de l'Académie dans la France.
11:50Il y a eu trois référendums à deux ans d'intervalle, c'est bien ça ?
11:53Je ne dis pas de conneries ?
11:54Désolée, je n'ai pas les idées claires.
11:55On est à quatre jours d'insomnie.
11:57J'imagine et je remercie d'ailleurs de témoigner.
12:00Il y a eu trois référendums et je veux dire, là, on avait peur.
12:03Là, on se disait, ça peut déborder.
12:05Les référendums se sont passés.
12:07Et depuis, on a face à nous un gouvernement indépendantiste
12:10qui ne veut pas accepter qu'on ait maintenu dans la France.
12:14En fait, c'est partie d'une histoire de dégel de corps électoral.
12:17Je ne sais pas si vous êtes au courant de ça.
12:19Si vous me dites que vous n'êtes pas au courant de ça, je vais m'effondre.
12:22Non, mais on est tous au courant de ça.
12:24Bien sûr, mais à votre avis, c'est une erreur, selon vous, du gouvernement de faire ça ?
12:29Certainement pas, monsieur. Je paye mes impôts.
12:31Nous sommes d'accord.
12:32Je fais tourner l'économie.
12:33Donc, il fallait le faire.
12:34Non, il fallait le faire.
12:36On a tout misé ici, nous, monsieur.
12:39Moi, je l'aime cette terre comparée à ceux qui la revendiquent
12:42et qui sont en train de la détruire.
12:44Vous ne pouvez pas imaginer la peur au ventre que j'ai
12:47si on arrive à sortir vivant, monsieur.
12:49Parce que je parle de sortir vivant.
12:51On en est là.
12:52La peur que j'ai, je ne sais pas quand.
12:55Demain, après-demain, dans trois jours ou dans une semaine.
12:57Parce que c'est bien beau, les pipeaux.
12:59L'armée est là, ça y est, tenez bon.
13:00Ça y est, l'armée est là.
13:01L'armée est là depuis 24 heures.
13:03Rien n'a changé.
13:04Rien n'a changé.
13:05On n'est pas plus en sécurité.
13:06C'est encore nos maris qui sont cachés derrière des climatiseurs
13:09à nous protéger.
13:11La peur au ventre.
13:12Est-ce que ça remet en cause votre...
13:14On est livrés à nous-mêmes.
13:15Est-ce que ça remet en cause votre...
13:16Donc, moi, là, je tremble, là.
13:18Je ne sais pas quand est-ce qu'on va sortir,
13:20mais le jour où on va sortir, monsieur,
13:22il va y avoir une onde de choc.
13:23Le pays est rasé.
13:25Ils ont détruit le bitume.
13:27Ils ont volé des mini-pelles.
13:29Ils ont pris des hachoirs dans les boucheries.
13:32Ils ont vidé tous les cabavins,
13:34parce que ça ne peut plus avoir de sens.
13:39Mais ils tiennent encore.
13:40On se demande comment.
13:41Je ne sais pas comment.
13:43Ils ont tout détruit, monsieur.
13:45Les centres commerciaux,
13:46il y a des menaces d'explosion,
13:47les brasseries, tout, tout, tout.
13:52La ville est...
13:54C'est un chaos, monsieur.
13:55C'est une petite ville et c'est un chaos.
13:57Comment vous faites pour boire,
13:59pour manger ?
14:00Vous aviez...
14:01On avait quelques provisions, quoi.
14:03On a nos frigos.
14:05Mais j'imagine que...
14:07On t'entraide.
14:08On rationne.
14:09Ma fille voulait un dessert à midi.
14:10J'ai dit non, je vais en prendre un,
14:11tu partages avec ta sœur.
14:12Là, je n'ai pas peur de mourir de faim.
14:14J'en ai rien à foutre, parce que là...
14:16Moi, de toute façon, monsieur,
14:17on ne mange pas.
14:19On ne mange pas.
14:20On est mari et les enfants.
14:21Voilà.
14:22On fait manger les enfants.
14:24Là, je n'ai pas peur de mourir de faim,
14:26parce que je me dis qu'on va se démerder.
14:29Il y a des papayes.
14:31On a des frigos, on a des conserves.
14:32Ce n'est pas le problème.
14:33C'est l'heure pour ma vie, en fait.
14:34Vos maris sont où ?
14:35Quand vous dites nos maris nous protègent,
14:37ils sont où, vos maris ?
14:38Parce que vous, vous êtes dans une maison.
14:39Tous les maris.
14:40Moi, je ne vais pas parler forcément du mien,
14:41qui fait partie de moi,
14:42celui de mes amis,
14:43mais en fait, on fait tous des barrages
14:45comme on peut pour protéger nos habitations.
14:47On n'en parle pas des maisons individuelles.
14:48On a la chance d'habiter un endroit
14:50où il y a une entrée principale
14:51et nous, on est sur l'arrière.
14:52Mais ils sont armés, vos maris ?
14:55Comme on peut.
14:57De fortune.
14:58De fortune.
14:59Je vous comprends.
15:03Est-ce que ça remet en cause
15:04votre présence sur l'île ?
15:05Est-ce que vous dites,
15:06après les événements,
15:07nous, on rentre en métropole ?
15:09Mais monsieur,
15:11j'aime cette île.
15:12Je vous l'ai dit,
15:13j'ai tout inventifié.
15:14Et puis, ce n'est pas si facile.
15:16On a tous des copains,
15:17de Marseille ou de n'importe où,
15:18qui nous disent,
15:19alors, vous prenez la Vioncan.
15:20Mais les gars, on n'en est pas là.
15:22On a nos maisons.
15:23Moi, j'aime mes animaux plus que tout.
15:25J'ai mes animaux.
15:26Mes filles ont leur vie.
15:27On a un équilibre.
15:28On a une vie saine.
15:29Oui, mais c'est inquiétant.
15:31Mais monsieur,
15:32je suis dans le brouillard le plus total.
15:34C'est-à-dire que
15:35rien ne sera plus jamais comme avant.
15:37Et on est toutes là,
15:38on est trois gonzesses,
15:39trois mamans.
15:40On se dit, mais
15:41quel regard on va avoir maintenant ?
15:43On n'est pas prêts à partir d'ici.
15:45On n'est pas prêts à rester ici.
15:46On n'est pas prêts à rentrer en France.
15:47On n'est pas prêts.
15:51Je n'ai pas de mots.
15:52On veut retrouver nos maris.
15:54On veut retrouver nos maris.
15:55On veut retrouver nos maris,
15:56vivants.
15:59C'est un témoignage de très grande force
16:01que vous nous proposez,
16:02parce que c'est le témoignage de la réalité.
16:05Je retiens de ce que vous dites,
16:06évidemment, votre peur importante.
16:08La réalité, c'est qu'il y a un râteau derrière ma porte.
16:11Voilà.
16:12On a les râteaux.
16:14Ma collègue est infirmière,
16:15elle dort avec une lame de bistouri dans la poche.
16:18Il y a quelque chose dont je ne me remettrai jamais.
16:21Que l'île soit rasée,
16:22vous me dites que toutes les concessions automobiles ont été saccagées,
16:25tous les magasins ont été saccagés.
16:26C'est ça que je retiens.
16:28C'est-à-dire qu'en trois jours,
16:31cette île a été rasée.
16:34Monsieur, il y a des émeutes par millier en France.
16:37Je pense que ce n'est même jamais arrivé,
16:40un tel désarroi en France.
16:43Je ne comprends pas.
16:44Ah non, mais ça, tel que vous le racontez, je vous confirme.
16:46Je vous confirme, parce qu'il y a intervention.
16:48Ce qu'il a manqué manifestement, c'est la réponse policière.
16:52L'anticipation.
16:53Hier soir, j'ai paniqué.
16:54Hier soir, on me perd des pieds.
16:56Monsieur, on me perd des pieds.
16:58On entend des cris au bout de la résidence.
17:00Hier, j'ai appelé la Provence, j'ai appelé ma famille en France.
17:03Je leur ai dit, je vous en supplie, aidez-nous.
17:05Appelez le président.
17:06J'ai appelé ma mère.
17:07Monsieur, j'ai 39 ans.
17:08J'ai appelé ma mère en pleurs.
17:09J'ai pleuré comme un enfant.
17:11J'ai pleuré comme un bébé.
17:12En lui disant, maman, j'ai peur.
17:14Maman, j'ai peur.
17:15Appelle la radio.
17:16Appelle quelqu'un.
17:17Maman, j'ai peur.
17:18Je suis mère de famille.
17:19Monsieur, avant-hier, j'ai dormi avec mes filles.
17:21Vous savez, la scène du Titanic, où un enfant dort dans le lit avec ses deux gamins,
17:24parce que mon mari était devant.
17:25Je me suis endormie avec mes filles.
17:27J'ai éternué.
17:28En pleine nuit, j'ai éternué.
17:30Discrètement.
17:31Ma petite fille de 7 ans, elle a fait un bond de 1 m dans le lit.
17:34Elle avait les mains placardées sur le visage en panique.
17:36Vous croyez qu'on peut oublier ça ?
17:38Un enfant ne dorme pas tranquille parce que j'ai éternué à côté d'elle.
17:43J'ai envie de dire comment on peut vous aider.
17:45Là, on est en train de dire à nos gamins.
17:47Là, monsieur, il y a une demi-heure, on était en train d'expliquer à nos 7 gamins.
17:51Si on doit se cacher, les enfants, vous ne devez pas pleurer.
17:54On se sert les uns contre les autres.
17:56Maman, elles ont pris tout ce qu'il faut.
17:58Surtout, il ne faut pas pleurer.
17:59La petite dernière a 5 ans, c'est ça ?
18:01Non.
18:02La dernière a 5 ans.
18:03La mienne a 7 ans.
18:04On regarde nos enfants en leur disant, les enfants, par pitié.
18:07Le moment, si on doit décoller, il n'y a pas de bruit, il n'y a pas de bruit.
18:11Je vais vous poser une question simple.
18:13Parce qu'on échappe, là, à simplement le regard journalistique que je peux avoir.
18:19Comment on peut vous aider ?
18:23Comment on peut vous aider ?
18:24Comment cette station, comment nous, à l'hôtel, comment on peut vous aider ?
18:29Eh bien, monsieur, je sèche.
18:30Je sèche, ou alors hurler.
18:33Hurler.
18:34Il faut aider.
18:35Il y a des familles en danger de mort.
18:37Il y a des familles pétrifiées depuis 4 jours.
18:39Il y a des enfants pétrifiés depuis 4 jours.
18:42Je ne sais pas quelle thérapie il va falloir qu'on fasse pour s'en remettre.
18:45Mais il faut que ça s'arrête, monsieur.
18:47Vous êtes père de famille, je pense.
18:49Oui, bien sûr, et c'est pour ça que j'entends ce que vous dites.
18:51Imaginez mon mari qui m'appelle il y a une demi-heure en me disant...
19:00Je ne sais plus.
19:01Non, mais je comprends votre fatigue.
19:03Restez avec nous.
19:04Une chose, Louis de Ragnay, les renforts, 1000 personnes, ça paraît bien juste.
19:08Alors, oui, on entend beaucoup de choses depuis hier soir.
19:12Par exemple, tout le monde dit qu'il y a eu l'envoi de l'armée.
19:14Oui, l'envoi de l'armée, mais absolument pas pour faire des rétablissements de l'ordre.
19:18L'envoi de l'armée, c'est simplement pour sécuriser.
19:20Alors, c'est très important.
19:21Deux emprises stratégiques que sont le port et l'aéroport à Nouméa.
19:26Mais pour l'instant, aucune consigne n'a été donnée.
19:28Les militaires ne sont absolument pas préparés à aller au contact de la population pour effectuer des missions de police.
19:33Donc, ça, c'est la première chose.
19:34Les militaires vont protéger des bâtiments.
19:37La deuxième chose, c'est qu'il y a 1800 policiers et gendarmes sur l'île de manière générale en Nouvelle-Calédonie.
19:43A été annoncé ce matin le renfort qui passe de plus 500 à plus 1000 policiers et gendarmes
19:49qui sont en ce moment même dans les airs.
19:52Le premier avion a décollé hier après-midi de la base aérienne d'Istre.
19:561000, ce n'est pas énorme dans un territoire qui en plus est une île.
20:01Parce que ce que disait la dame, le témoignage bouleversant,
20:04c'est qu'en fait, la Nouvelle-Calédonie, là où ça n'a rien à voir avec ce qu'on pourrait vivre nous en métropole,
20:10c'est que vous êtes un peu isolé de tout.
20:12Quand vous êtes à 12 000 km de Paris, ce n'est pas du tout la même chose
20:15que quand vous êtes dans un département à 200 km de tout.
20:18Et donc, la difficulté, c'est que 1000 policiers et gendarmes en plus,
20:22ce n'est pas énorme dans une île où il y a à peu près 100 000 armes en circulation
20:27dans une population de 270 000 personnes.
20:30Et pour terminer, pourquoi il n'y a que 1000 policiers et gendarmes ?
20:33C'est simplement parce qu'on ne peut pas envoyer plus,
20:35en raison notamment de l'organisation des Jeux Olympiques.
20:38Il est 11h27, on a marqué une pause.
20:40L'Azerbaïdjan dénonce les accusations d'ingérence infondées de Paris en Nouvelle-Calédonie.
20:46C'est une info de l'AFP qui vient de tomber à l'instant.
20:50Vous êtes sans doute comme nous, sous le coup de ce témoignage d'une très grande force
20:56de cette dame qui habite la Nouvelle-Calédonie.
20:59Elle était manifestement avec un de ses amis,
21:02et je comprends qu'il y a sept enfants qui sont avec ses deux mères de famille.
21:06Elle va rester quelques secondes avec nous,
21:08et puis nous allons écouter les réactions des uns et des autres.
21:130-1-80-20-39-21, le numéro que vous pouvez composer pour réagir avec Pascal Praud de 11h à 13h sur Europe 1.
21:20Europe 1, Pascal Praud, avec vous de 11h à 13h sur Europe 1.
21:24Je retiens, Louis de Raguenel, de ce que vous m'avez dit,
21:28et ce n'est pas rien qu'on ne peut pas envoyer davantage de renforts
21:33parce qu'il y a les Jeux Olympiques.
21:35Donc ce que vous dites là, si le gouvernement vous entendait,
21:39j'imagine qu'il ne serait pas forcément sur cette ligne,
21:42mais ça peut nous inquiéter.
21:44Moi, ce qui m'a surpris, c'est le chiffre,
21:47donc 1000 renforts, c'est beaucoup en valeur absolue,
21:50mais par rapport à ce qu'on voit l'état de Lille,
21:52la nécessité de rétablir l'ordre public, c'est très peu.
21:55Ce qui s'est passé au moment de Nahel, au moment de la crise des banlieues,
21:58ce n'était pas 1000 policiers et gendarmes,
21:59on envoyait le RAID, le GIGN, la BRI,
22:01mais c'était plus 5 à 10 000 effectifs simplement,
22:03dans un département où globalement,
22:06la situation était un peu en dessous de ce qui se passe aujourd'hui.
22:10Et donc il n'y aura pas davantage...
22:12Après, on peut toujours tirer,
22:14on peut réquisitionner des gendarmes,
22:16mais la planification qui s'est faite pour organiser les Jeux Olympiques
22:19a consisté à ce que beaucoup de policiers et gendarmes
22:21soient par exemple en vacances aujourd'hui,
22:23pour les rendre disponibles au moment des Jeux Olympiques.
22:27Bon, nous sommes avec une jeune femme de 39 ans
22:31qui a des enfants, qui habite la Nouvelle-Calédonie,
22:35qui manifestement est aujourd'hui dans sa maison
22:39avec une de ses amies qui a également des enfants.
22:44Pardonnez-moi, c'est la fameuse climatisation qui me fait éternuer.
22:48Et le témoignage que vous avez entendu pendant la première demi-heure
22:51est particulièrement fort, parce que c'est une dame qui a peur,
22:55qui dort la nuit avec ses enfants,
22:57son mari est à l'extérieur de la maison avec d'autres maris
23:01pour protéger la maison, les maisons.
23:04Et ce que vous nous avez dit surtout, c'est que tout est saccagé, rasé,
23:07et qu'on se demande comment la Nouvelle-Calédonie
23:09va pouvoir rebondir après ces événements.
23:13Vous êtes toujours avec nous, j'imagine,
23:16et on peut peut-être proposer un mot de conclusion
23:20sur ce qui va se passer selon vous ces prochaines heures, pour vous,
23:24et qu'allez-vous faire ?
23:26Je ne sais pas. Monsieur, tant bien même,
23:29avec un plus grand espoir, mais je n'y crois plus.
23:33Cette interview radio vous touche, vous fait agir,
23:37provoque, je ne sais quoi.
23:39Tant bien même, monsieur, il y a 24 heures de vol.
23:43Qu'est-ce qui peut se passer en 24 heures ?
23:46J'entends bien, mais...
23:50Qu'est-ce qui peut se passer en 24 heures ?
23:55Mais quelle est votre possibilité ?
23:57Qu'est-ce que vous pouvez faire, vous ?
24:01Parce que si vous êtes en danger...
24:03Protéger mes enfants, et que si jamais il faut aller à la porte,
24:06je prends un râteau et je prie pour ne pas me faire violer.
24:09Vous comprenez bien, s'ils viennent pour vous...
24:11Oui, mais s'ils viennent...
24:12Ce que vous me dites, c'est qu'il y a une guerre civile
24:14sur le territoire de la Nouvelle-Calédonie,
24:16que vous êtes en danger, que vos maris protègent les maisons,
24:19mais s'ils arrivent devant votre maison, qu'est-ce qui se passe ?
24:23Qu'est-ce que vous pouvez faire ?
24:25Je me demande s'il ne faut pas fuir.
24:27Je ne crois pas en Dieu, donc je ne vais pas prier.
24:30Si on a le temps de courir, on va courir et on ira à la mer.
24:33Parce qu'autour de nous, il y a la mer.
24:35Est-ce qu'il y a possibilité de fuir le territoire ?
24:38On a préparé nos enfants, mais bien sûr, monsieur,
24:40ils ont les baskets, ils sont en pantalons.
24:44Mais là, je n'ai même pas envie de m'étaler là-dessus,
24:46parce que je préfère nous préserver.
24:48Je parle contre vous, vous comprenez ce que je veux dire.
24:50Mais non, mais j'entends bien, je vous assure,
24:52et j'imagine que vos familles vous écoutent peut-être d'ailleurs,
24:54et si elles nous écoutent en direct de Marseille,
24:56j'ai compris que vous étiez marseillais.
24:59Écoutez, je répète ma question,
25:03et je sais que si on peut vous aider,
25:05parce qu'on est au-delà, évidemment, du simple travail journalistique,
25:08si on peut vous aider, si on peut faire quelque chose,
25:11si on peut activer même des réseaux que nous avons tous à Paris,
25:14Louis de Raguenel, comme moi,
25:16qui est en prise parfois directe avec les institutions de ce pays,
25:20avec le ministre de l'Intérieur,
25:23n'hésitez pas !
25:24C'est tout ce que je peux vous dire.
25:27Nous ce qu'on veut, c'est quoi ?
25:29Et on le fera hors antenne, bien sûr.
25:31Monsieur, je ne sais pas quoi vous dire.
25:33On le fera hors antenne, on ne donnera pas vos noms à l'antenne.
25:36Mais si on peut vous aider,
25:38là où vous êtes, vous et d'autres,
25:40qui sont dans une situation de péril,
25:42parce que c'est ça que vous nous dites,
25:44évidemment que dans ces cas-là,
25:47on échappe simplement aux témoignages journalistiques.
25:49Et si on peut faire quelque chose,
25:51on le fera, bien évidemment, pour vous aider.
25:54Et je pense que c'est la moindre des choses.
25:56Je vous remercie grandement.
25:58On va garder évidemment vos coordonnées.
26:00Louis de Raguenel va voir.
26:02Attendez, attendez, ma collègue va rajouter quelque chose.
26:04Je peux vous dire qu'on est une femme parmi tant d'autres
26:07et que tous les maris protègent tous les quartiers.
26:10Ce n'est pas que nous.
26:11C'est ça, c'est partout.
26:12Tous les maris, on est tous solidaires entre voisins.
26:14Et tous les hommes sont au front.
26:16C'est vrai, ils sont au front.
26:18Notre histoire à toutes les deux, là,
26:20c'est l'histoire de toutes les femmes de Calédonie.
26:23Les hommes ont fait des barrages de fortune.
26:27Et ils sont en train d'essayer que ça n'avance pas,
26:30de protéger les arrières.
26:32Et que si ça avance, ils nous...
26:34Non mais ce que vous nous racontez clairement,
26:36c'est une guerre civile qui est en place.
26:38C'est une guerre civile français qui affronte d'autres français.
26:41Ça s'appelle une guerre civile.
26:42C'est ce que disait Michel Onfray, il a raison.
26:44Donc le témoignage que vous nous apportez ce matin
26:46est effectivement sidérant.
26:49Nous savions...
26:51C'est toujours pareil.
26:52On sait que les choses se passent comme ça,
26:54mais c'est différent de les entendre précisément
26:57tel que vous les racontez.
26:59Et c'est en cela que votre témoignage est essentiel ce matin.
27:03Et je le répète, si on peut être présent auprès de vous,
27:06nous le ferons.
27:08Je ne sais pas comment d'ailleurs,
27:09mais en tout cas, nous tenterons tout pour vous aider.
27:13Et on pense à vous, bien sûr.
27:14On pense à vos familles.
27:16En prenant en compte qu'il y a 24 heures de vol.
27:18J'entends bien.
27:19Les renforts vont arriver à quelle heure, Louis de Ragnel ?
27:21On ne sait plus, on ne sait pas.
27:23On ne sait même plus quel jour on est, vous vous rendez compte ?
27:25Non, les premiers sont en train d'arriver à Nouméa.
27:28Mais ensuite, ça va être perlé.
27:30Donc ça va prendre un peu de temps.
27:31Ce que je voulais simplement ajouter,
27:32c'est que la situation est telle
27:33que les consignes qui sont données aux policiers
27:35ou aux gendarmes qui sont en train d'arriver,
27:37c'est de ne pas protéger les biens matériels,
27:40mais exclusivement les personnes.
27:42Et encore, moi j'ai eu un gendarme ce matin qui est là-bas
27:46et qui me dit, ça m'a fendu le cœur,
27:48mais j'ai été obligé de dire à des personnes,
27:50je suis désolé, je ne peux rien faire pour vous.
27:51Restez quand même quelques secondes avec nous.
27:53Mais c'est ce qu'on nous dit, monsieur, depuis trois jours.
27:55Monsieur, ça fait trois jours qu'on a l'adjoint au maire en bas
27:59qui nous dit, ce soir, les gars, on se démerde seuls.
28:02Ils ne peuvent pas intervenir.
28:03Ah oui, je ne lui ai pas dit ça.
28:05Ça fait trois jours qu'on est là et qu'on nous dit ça.
28:08Ce soir, on ne pourra pas intervenir.
28:10Espérons que l'arrivée des renforts
28:14change la situation et qu'on s'occupe de vous.
28:17Restez, vous allez pouvoir écouter Fabrice D'Angéli,
28:20qui est secrétaire territoriale Calédonie Alliance Police Nationale.
28:24Monsieur D'Angéli, bonjour.
28:28Bonjour, monsieur Pro.
28:29Vous entendiez, vous écoutiez ces deux femmes
28:32qui sont aujourd'hui dans une extrême angoisse
28:37et dont la vie est en péril,
28:40elles, leurs enfants et leurs maris.
28:42Oui, effectivement.
28:44C'est un témoignage très poignant
28:46et c'est ce que tous les Calédoniens vivent en ce moment.
28:49Bon, qu'est-ce qu'elles peuvent faire selon vous ?
28:54Qu'est-ce qu'elles doivent faire, ces femmes ?
29:00Écoutez, moi, je conseillerais déjà de ne pas sortir de chez soi.
29:06Pas de déplacement inutile,
29:09pas de déplacement inutile, comme le disent les autorités.
29:13Et effectivement, de s'enquérir de voisins, etc.
29:17pour pouvoir s'entraider
29:21et s'aider mutuellement face à toute menace.
29:25La police en ce moment sur le territoire calédonien,
29:31elle est à pied d'œuvre ?
29:34Elle est à pied d'œuvre, elle fait le maximum.
29:37Elle fait le maximum depuis lundi.
29:40Les collègues sont tout le temps sur le terrain.
29:46Certains n'ont pas pu rentrer chez eux.
29:49C'est le cas pour moi également.
29:52Ils n'ont pas pu voir leurs familles depuis quelques jours
29:57et ils font leur maximum.
29:59Mais c'est-à-dire, quand ils font le maximum,
30:01est-ce qu'ils ont les moyens de juguler ces révoltes
30:07de militants manifestement indépendantistes,
30:11mais il y a également des baffieux, si j'ai bien compris,
30:13des clans mafieux qui profitent de la situation
30:16pour tout casser et tout piller, si j'ai bien écouté,
30:18le ministre de l'Intérieur ?
30:20Oui, il y a une forte part de délinquants.
30:24Pour la plupart, la conscience politique n'est pas là.
30:29Il y a une grosse part de délinquants,
30:32effectivement, aussi de racisme, disons-le,
30:38qui émerge de la volonté de nuire, de saccager.
30:43Il y a une partie, malheureusement, de la jeunesse en Nouvelle-Calédonie
30:47qui est désœuvrée.
30:49Bien sûr, ça ne représente pas toute la jeunesse calédonienne,
30:52mais on a cette partie de la population
30:55qui s'en donne à cœur joie.
30:58Ce qu'on peut craindre également,
31:00c'est que par rapport à ce qu'on a connu,
31:02c'est que ça semble relativement organisé,
31:05et donc ça complique d'autant pour nos collègues
31:11les interventions, puisqu'ils sont submergés.
31:15On marque une pause et on revient vous écouter
31:18et entendre votre analyse, et puis peut-être espérer
31:23envisager en tout cas une solution de sortie
31:26telle que vous pouvez l'imaginer.
31:27A tout de suite.
31:28Et pour réagir avec Pascal Praud,
31:29de 11h à 13h sur Europe 1,
31:31un seul numéro, celui-ci.
31:33Appelez Pascal Praud au 01 80 20 39 20.
31:36Europe 1.
31:37Pascal Praud et vous,
31:38avec vous de 11h à 13h sur Europe 1.
31:40À 11h46, on est donc avec Fabrice D'Angeli,
31:44secrétaire territorial Calédonie Alliance Police Nationale.
31:47Comment vous voyez les choses ces prochaines 24 heures,
31:50Monsieur D'Angeli ?
31:53Écoutez, on espère que le renfort qui est imminent
31:56sera sur le terrain le plus rapidement possible
31:59pour soulager nos collègues,
32:01donc qu'ils puissent reprendre du moral,
32:05se reposer également,
32:06parce que pour le coup, avec nos collègues gendarmes
32:11déjà sur place, ils ne sont pas assez.
32:16Donc on attend vraiment le déclenement du renfort
32:19pour pouvoir soulager le collègue,
32:21reprendre un peu de moral.
32:23Et donc on attend aussi des politiques,
32:26même s'ils l'ont fait déjà pour la plupart,
32:28qui s'appellent donc les uns et les autres
32:31à devenir plus raisonnables.
32:32Mais comme je vous le disais,
32:33il y a une frange de population
32:34qui n'a pas vraiment cette conscience-là.
32:37Et tant qu'on ne sera pas assez nombreux
32:40pour faire le nécessaire et rétablir l'ordre,
32:45cette frange-là, ce sera difficile
32:49de la calmer sans qu'on en oublie.
32:52Je vous remercie beaucoup et bon courage,
32:54M. Dangeli.
32:55Il est près de 21h, la nuit est tombée,
32:57j'imagine, en Calédonie.
32:59Comment vous allez passer la nuit ?
33:02Alors moi, je suis actuellement
33:04sur le site de l'aéroport.
33:06J'y suis depuis lundi.
33:08Donc je vais suivre ce qui se passe
33:11au niveau de Nouméa,
33:13où le plus gros des exerctions a lieu.
33:15Je m'inquiète toujours pour mes collègues.
33:18Je tiens mon poste
33:20et j'essaie d'avoir un maximum d'informations
33:22pour suivre.
33:23J'en profite pour leur souhaiter force et courage
33:26et que j'aurais souhaité être près d'eux à Nouméa.
33:30Je suis à mon poste avec mon équipe
33:34et je fais ma part également.
33:36Merci beaucoup, M. Dangeli.
33:38Bon courage à vous.
33:39Ronan Daly est avec nous.
33:41Il est président du Syndicat des commerçants
33:42de Nouvelle-Calédonie.
33:44Bonjour, M. Daly.
33:45Oui, bonjour.
33:46Merci d'être avec nous.
33:48On entendait des informations
33:50qui effectivement
33:52n'ont pas nous inquiète.
33:54Ça va bien au-delà de cela.
33:56Nous ont plongé dans l'effroi
33:58puisque nous avons eu un témoignage
34:00de deux femmes qui expliquaient que l'île
34:02était rasée, que tout avait été cassé.
34:04Quasiment tous les supermarchés,
34:06tous les magasins
34:08avaient été cassés.
34:10Et je voulais avoir auprès de vous
34:12le président du Syndicat des commerçants
34:14de Nouvelle-Calédonie,
34:16des infos peut-être plus précises
34:18sur ces exactions.
34:20Vous savez, c'est assez simple.
34:22En fait, ce que les indépendantistes
34:24en Nouvelle-Calédonie n'ont pas
34:26réussi à obtenir par les urnes
34:28en mode démocratique,
34:30ils veulent l'obtenir
34:32en détruisant tout,
34:34en rasant tout le tissu économique
34:36de la Nouvelle-Calédonie,
34:38nommé en particulier, qui concentre
34:40toute l'économie de l'île,
34:42en détruisant tous les commerces,
34:44les surfaces alimentaires,
34:46les concessions automobiles, etc.
34:48Ils veulent tout raser.
34:50Ils n'ont pas uniquement l'envie
34:52de piller et de voler,
34:54ils ont l'envie de détruire et de brûler.
34:56Quand ils pillent un commerce
34:58qui n'y a plus rien dedans,
35:00ils continuent d'assaillir le commerce
35:02des heures durant jusqu'au lendemain
35:04tant qu'ils ne l'ont pas brûlé.
35:06Ils veulent tout simplement
35:08réduire le pays en cendres.
35:10Et
35:12aujourd'hui, tous les commerces,
35:14toutes les concessions,
35:16tous les supermarchés
35:18sont par terre ?
35:20Tous. Il ne reste pas
35:22grand chose actuellement
35:24debout à l'heure où je vous parle.
35:26Toutes les heures,
35:28même toutes les minutes, on apprend
35:30qu'un commerce est assailli,
35:32est attaqué, et que
35:34de toute manière, on se demande simplement
35:36combien de temps il va tenir.
35:38C'est une situation
35:40infernale
35:42que l'on vit. C'est le chaos
35:44le plus total. Et ce qui s'est
35:46passé en Nouvelle-Calédonie, qui est une terre
35:48française, s'est passé en l'espace de
35:50trois jours.
35:52C'est dire, la violence,
35:54les attaques, les assaillances,
35:56ce sont des anarchistes
35:58qui nous attaquent.
36:00Et au-delà du tissu commercial, la destruction
36:02de l'économie, maintenant,
36:04la population, d'ailleurs, depuis le début, craint
36:06pour sa vie, tout simplement. Nous défendons
36:08nos quartiers par milices, nous
36:10érigeons des
36:12barrières pour tenter de les bloquer
36:14parce que si on se relève
36:1624 heures sur 24 en permanence,
36:18depuis déjà, c'est la quatrième nuit qui débute,
36:20parce que si on laisse un pouce de
36:22terrain et qu'on les laisse rentrer, ce sont nos habitations
36:24qui vont venir brûler.
36:26C'est nos familles qui sont en danger.
36:28Et l'état d'urgence est décrété, mais
36:30les forces de l'ordre ne sont pas assez nombreuses
36:32pour les contenir. Nous sommes
36:34face à des fous, des terroristes,
36:36et on a besoin du soutien
36:38de la France, de l'état.
36:40Nous sommes en France, ici,
36:42et on a besoin de l'aide
36:44de la nation. C'est urgentissime
36:46que l'armée prenne contrôle à nouveau
36:48de la Nouvelle-Calédonie. Nous sommes dans une situation
36:50de très, très grande détresse.
36:52Je ne suis pas sûr que les gens
36:54prennent conscience
36:56de ce qui se passe en Nouvelle-Calédonie.
36:58D'abord, est-ce que tous les gens ne nous écoutent pas
37:00comme ils nous écoutent depuis une heure ?
37:02Ceux qui sont à l'antenne d'Europe 1
37:04depuis une heure prennent conscience
37:06de ce qui se passe là-bas. Et là-bas,
37:08c'est la France, je le rappelle.
37:10Donc, cette guerre civile
37:12qui est en place sur un territoire de
37:14France et qui, politiquement,
37:16est instrumentalisée parfois,
37:18Louis Dragnel, notamment par la France insoumise.
37:20Au fond, on se dit
37:22est-ce que la France insoumise
37:24ne rêverait pas de ce scénario sur le
37:26territoire de la métropole ?
37:28Mais tout ce qui concourt à déstabiliser
37:30le pays, à fracturer le pays, est une brèche
37:32pour la France insoumise. Donc, évidemment,
37:34la France insoumise voit qu'il y a une fragilité,
37:36qu'il y a une partie
37:38des canards qui organisent cette violence.
37:40Évidemment, ils se ruent.
37:42Pour eux, c'est une opportunité.
37:44Mais comment faire ? Parce que j'ai l'impression
37:46à M. Daly
37:48en vous écoutant
37:50qu'on est
37:52dans une impasse.
37:54C'est-à-dire que comme les forces de l'ordre
37:56ne sont pas assez nombreuses,
37:58comme l'armée n'est pas assez présente,
38:00et comme il y a
38:02un combat qui me paraît
38:04un combat d'enrager,
38:06effectivement,
38:08qu'est-ce qu'on peut faire ?
38:10Vous savez, déjà,
38:12au niveau du relais en France,
38:14pour ma part,
38:16en tant que président du syndicat des commerçants,
38:18membre du MEDEF
38:20et membre du tissu économique de Lille,
38:22je me dois et je relaie
38:24sur les différents médias en France
38:26l'information depuis hier, déjà,
38:28sur toutes les chaînes
38:30radio, télé, qui veulent bien
38:32nous écouter. Elles commencent à être
38:34de plus en plus nombreuses.
38:36La France doit savoir ce que l'on vit.
38:38Nous sommes en France, ici.
38:40Maintenant, on ne s'attendait pas à ça.
38:42Quand lundi, je libère
38:44mes employés de commerce,
38:46car j'en ai cinq, un a brûlé déjà hier,
38:48et les autres sont
38:50en passe de lettre,
38:52on ne s'attendait pas à ça.
38:54La première nuit, quand les boules
38:56ont commencé à éclater, on s'est dit
38:58que ça chauffait, que ça allait être difficile,
39:00mais dès le lendemain, on a vu, en fait,
39:02la violence.
39:04On ne s'attendait pas à un tel
39:06déferlement.
39:08C'est ça qui est intéressant dans vos témoignages, c'est-à-dire que
39:10la semaine dernière, depuis un mois,
39:12depuis six mois, vous ne voyez pas
39:14une tension particulière
39:16dans Lille qui vous alerte ?
39:18Vous savez,
39:20lors du dernier référendum qui a eu lieu
39:22maintenant, il y a deux ans et demi, l'État français a envoyé
39:242000 personnes en renfort,
39:26des mobiles, des gendarmes, etc.
39:28Il a été boycotté, ce référendum,
39:30et rien ne s'est passé, parce qu'effectivement,
39:32avec un renfort de
39:342000 forces de l'ordre en Nouvelle-Calédonie,
39:36ils n'auraient jamais osé ce qu'ils
39:38ont entrepris de faire là. Mais là, du coup,
39:40les forces de l'ordre
39:42n'étant pas là, ils se sont
39:44mis à attaquer de toutes parts.
39:46Ce sont, pour la plupart, des mineurs
39:48qui, s'ils sont attrapés
39:50par les forces de l'ordre, de toute manière, on ne peut les mettre nulle part.
39:52Il n'y a plus de place en prison,
39:54il n'y a pas de centre pénitentiaire pour les jeunes,
39:56ils sont simplement relâchés, ils repartent,
39:58ils repartent à l'attaque.
40:00Ils boivent, ils pillent,
40:02ils sont ivres de haine
40:04actuellement,
40:06et ils n'ont qu'une seule envie, ils sont devenus
40:08incontrôlables, c'est tout
40:10brûlé. Ils ne savent même pas
40:12pourquoi ils le font, limite.
40:14D'ailleurs, je pense que les politiques indépendantistes
40:16ont complètement perdu le contrôle
40:18des assaillants à l'heure actuelle.
40:20Ils voient même, eux-mêmes, partir
40:22l'île en désolation.
40:24Ça ne sert pas leur cause.
40:26La cause indépendantiste peut être
40:28noble dans un sens, mais
40:30là, on a dépassé des limites
40:32que personne ne pouvait imaginer.
40:34Bien sûr, et je fais un parallèle avec ce qui pourrait se passer
40:36en France, métropolitaine, disons-le,
40:38et je pense qu'il y a beaucoup de gens qui nous écoutent et qui doivent
40:40se dire, ce qu'on a eu
40:42au mois de juin dernier,
40:44c'est une sorte de bande-annonce possible.
40:46Il y a une jeunesse, aujourd'hui,
40:48parfois désœuvrée,
40:50de très jeunes gens, prêts
40:52à tout, élevés dans une violence
40:54inouïe, et
40:56qui est prête à
40:58passer à l'acte
41:00avec des conséquences que
41:02personne n'a jamais vues en France
41:04depuis toujours. Alors, restez
41:06avec nous, peut-être, mais Vincent est là, et Vincent
41:08voulait dire un mot, parce qu'il habite Valence,
41:10Vincent, et il voit, évidemment,
41:12cela, il nous écoute
41:14depuis une heure, sans doute,
41:16et il souhaite intervenir.
41:18Bonjour, Vincent.
41:20Bonjour, Pascal Praud. Et merci d'être avec nous.
41:22Vous avez écouté le témoignage sidérant,
41:24là encore, de Ronan Daly, qui est
41:26président du syndicat des commerçants de Nouvelle-Calédonie.
41:28Oui, tout à fait.
41:30Moi, j'ai vécu trois ans en Nouvelle-Calédonie,
41:32en province nord, et ensuite
41:34j'ai été émité en province sud,
41:36à Nouméa.
41:38Je travaillais au ministère des Outre-mer,
41:40j'accompagnais les jeunes sur un retour à l'emploi,
41:42sur des métiers porteurs sur le territoire.
41:44Donc, démarche, tout à fait,
41:46accès à emploi, voilà.
41:48Et,
41:50moi, le témoignage que je voulais apporter,
41:52c'est que je ne me suis jamais
41:54vraiment senti en France, parce que,
41:56déjà, quand vous arrivez, la première chose qu'on vous dit,
41:58c'est qu'il y a une chanson, ici,
42:00ça s'appelle « C'est la France qui paye ».
42:02Donc, déjà, c'est assez révélateur.
42:04Mes enfants étaient
42:06scolarisés, ma fille
42:08a été en CM1, CM2,
42:10dans une école publique, et on lui disait toujours
42:12« Tu sais, quand tu retourneras en France,
42:14ce sera mieux, quoi.
42:16Ce n'est pas ton pays, ici.
42:18Toi, tu vas repartir. »
42:20Et ce qu'il faut savoir, c'est qu'il y a surtout trois grandes populations
42:22en Nouvelle-Calédonie. Il y a, nous, les gens
42:24qui arrivons, qui avons une mutation de 3 ans,
42:264 ans, 5 ans, qui retournons dans notre
42:28pays, la France. Il y a les Kanaks, qui sont
42:30le peuple originel. Et il y a ces
42:32Kaldochs, qui sont là-bas, aussi,
42:34sur le territoire,
42:36par leur histoire de famille, et qui, eux,
42:38en fait, sont
42:40rattachés à la Calédonie de cœur.
42:42Et pour le Kanak,
42:44en fait, il se dit que le Kaldoch, lui, va retourner
42:46en France, quoi. Son pays,
42:48ce n'est pas la Nouvelle-Calédonie. Son pays,
42:50c'est la France, quoi. Donc, il y a vraiment
42:52un détachement de l'État français. Et d'ailleurs,
42:54ce qui est assez surprenant, c'est que sur le
42:56fronton des mairies, vous avez le drapeau français
42:58et le drapeau Kanak. Moi, ça m'a
43:00beaucoup surpris, ça. On n'est pas
43:02complètement en France.
43:05J'entends ce que vous dites.
43:07C'est des témoignages. J'ai rien à
43:09ajouter. Simplement, les écouter.
43:11Il est 11h56. On marque
43:13une pause. Et c'est vrai que ce que nous
43:15entendons depuis 11h,
43:17est à la fois sidérant
43:19et, en même temps, extrêmement
43:21intéressant, pour mieux
43:23comprendre la situation en Nouvelle-Calédonie.
43:25Et avant de marquer une pause sur Europe 1,
43:27notez votre rendez-vous de 18h à 19h
43:29sur Europe 1 et CNews.
43:31Punchline, une heure d'information, d'analyse et de débat
43:33en direct, présenté par Laurence Ferrari
43:35du lundi au jeudi,
43:37le vendredi par Olivier Dechiran-Fleck.
43:39D'ici là, votre matinée se poursuit avec
43:41Pascal Praud sur Europe 1 et vos réactions
43:43au 01 80 20 39 21.
43:45Le numéro est non surtaxé.
43:47A tout de suite sur Europe 1.
43:49Europe 1.
43:5111h, 13h.
43:53Pascal Praud, et vous ?
43:55Ronan Daly, qui est président
43:57du syndicat des commerçants de Nouvelle-Calédonie.
43:59Vous êtes en Nouvelle-Calédonie,
44:01monsieur Daly, depuis combien de temps ?
44:03Je suis né ici
44:05comme toute ma famille
44:07depuis déjà
44:097 générations.
44:11Effectivement, vous n'envisagez... Ma question n'a pas
44:13de sens. Vous ne vous dites pas
44:15je pourrais venir en métropole ?
44:17Non, mais vous savez, je suis
44:19français calédonien comme un
44:21marseillais ou un parisien.
44:23Je suis un marseillais parisien
44:25et notre vie est là, mais
44:27je suis né français
44:29et il faut bien savoir que je compte bien le
44:31rester.
44:33Les gens qui vous attaquent
44:35aujourd'hui, cette guerre civile à
44:37Babrouy, qui n'est même plus à Babrouy,
44:39d'ailleurs, sur le nombre de
44:41calédoniens, vous estimez que c'est
44:43une minorité de calédoniens ?
44:45C'est une minorité. De toute
44:47manière, tout est parti de
44:49cette volonté de dégeler
44:51le corps électoral, mais qui est tout à fait logique.
44:53Des personnes qui sont en Nouvelle-Calédonie depuis 25
44:55ans aujourd'hui, n'ont pas le droit
44:57de voter. C'est-à-dire que toutes celles qui sont arrivées
44:59après 1998, qui ont eu des enfants
45:01ici, qui ont construit
45:03leur entreprise, acheté
45:05leur bien, etc., n'ont même pas
45:07le droit de voter pour les politiques
45:09qui vont donner les directives pour
45:11l'île. Donc là,
45:13c'était évident. D'ailleurs, l'Assemblée nationale
45:15comme le Sénat ont validé
45:17ces votes. C'est la logique même de
45:19la déconcration. On était en plein déni.
45:21Mais malgré tout, voilà,
45:23lorsque la réalité
45:25vient frapper à la porte, et déjà, on est dans
45:27quelque chose de complètement absurde,
45:29de devoir résider dix ans dans un pays pour pouvoir
45:31voter alors qu'on est en France.
45:33Je rappelle, ce ne sont pas des étrangers qui votent, ce sont des
45:35Français que l'on nouvellement vote.
45:37C'est complètement absurde, je suis d'accord avec vous, c'est des Français.
45:39Eh bien, la réponse
45:41à ça, c'est la destruction.
45:43Parce que ça n'a pas été anticipé,
45:45effectivement, et il y a peut-être une
45:47responsabilité du gouvernement de ne pas avoir
45:49anticipé, de ne pas avoir envoyé des
45:51forces de l'ordre au moment où on discutait à Paris
45:53un sujet comme celui-là. Je vous remercie
45:55beaucoup et surtout vous souhaitez
45:57bon courage, bien évidemment, parce que c'est pas facile
45:59et puis on va garder vos coordonnées pour
46:01vous appeler régulièrement et avoir des informations.
46:03J'espère qu'avec les renforts,
46:05les choses vont peut-être, sinon
46:07entrer dans l'ordre, du moins mieux aller.
46:09Vous me disiez, Louis de Raguenel,
46:11les 24 prochaines
46:13heures vont être décisives.
46:15Oui, alors, au ministère de l'Intérieur,
46:17on compte aussi sur la fatigue
46:19des émeutiers, ça fait quelques jours, même si
46:21bon, parfois, même avec de l'alcool,
46:23quand vous êtes chauffé à blanc,
46:25vous pouvez tenir une semaine, deux semaines.
46:27Vincent était là également,
46:29Vincent qui habite Valence, et si j'ai bien compris,
46:31Vincent, vous avez vécu en Nouvelle-Calédonie.
46:33Tout à fait, oui.
46:35Pendant combien de temps ?
46:37Trois ans. Et vous avez ressenti,
46:39disiez-vous, un racisme
46:41anti-blanc très
46:43très affirmé.
46:45Il était, il est latent,
46:47il est...
46:49Si on n'a pas le droit de sortir le soir, c'est parce que
46:51l'alcool, déjà, c'est un fléau,
46:53et la cible facile, ça va être
46:55le blanc, parce qu'on n'est pas chez nous.
46:57Autant je me suis
46:59senti bien en Nouvelle-Calédonie, autant j'ai
47:01senti que j'étais
47:03accepté parce que j'étais de passage.
47:05Il ne fallait pas que je m'installe,
47:07voilà, ce n'est pas ma terre.
47:09Merci beaucoup,
47:11Vincent, de ce témoignage. Ça fait quasiment
47:13une heure dix que nous parlons de ce sujet.
47:15Je remercie vraiment Olivier Guénec,
47:17bien sûr, Laurent Tessier, bien sûr,
47:19Florian Carasoumayan, parce que vous faites
47:21un travail remarquable
47:23en nous mettant en relation
47:25avec ces témoignages qui sont
47:27extrêmement forts,
47:29ces deux femmes que nous avons entendues en début
47:31d'émission, mais également M. Dali
47:33et puis le responsable
47:35de la police, M. D'Angeli,
47:37secrétaire territorial que nous avons
47:39entendu et qui était extrêmement
47:41instructif. Il est 12h08,
47:43on marque une pause et on
47:45revient sur l'autre sujet dramatique
47:47du jour. Vous avez été
47:49nombreux hier à nous appeler pour nous
47:51partager votre
47:53tristesse, votre colère après la mort de
47:55deux agents pénitentiaires au péage
47:57d'un Carville dans l'heure. Je remercie
47:59également Louis Deragonnel.
48:01Merci, Pascal. Et je vous
48:03souhaite une bonne journée à tous.
48:05Et vous pouvez continuer de réagir
48:07en composant ce numéro
48:09avec Pascal Praud, de 11h à 13h
48:11sur Europe 1. A tout de suite.
48:1539 21

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