• il y a 7 mois
Damien Thévenot reçoit les comédiennes Anna Mouglalis et Irène Jacob. Anna Mouglalis est à l'affiche du film « La mer au loin » de Saïd Hamich présenté en séance spéciale à Cannes et Irène Jacob de « Rendez-vous avec Pol Pot » du cinéaste franco-cambodgien Rithy Panh. 

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Transcription
00:00 Nous sommes très heureux d'accueillir sur ce plateau
00:02 deux formidables comédiennes, Irène Jacob et Anna Mouglalis.
00:05 Bonjour à toutes les deux.
00:06 Bonjour.
00:08 Bienvenue sur le plateau Télématin.
00:09 Vous venez d'arriver à Cannes, vous êtes arrivée quand ?
00:11 Moi avant-hier.
00:12 Et moi hier soir.
00:14 Merci d'être là en tout cas.
00:15 Anna Mouglalis, vous êtes à l'affiche du film "La mer au loin"
00:19 de Saïd Ami Ben Larbi, présenté à la Semaine de la Critique
00:22 en séance spéciale et prochainement évidemment dans vos cinémas.
00:25 Là on s'adresse à nos téléspectateurs.
00:26 Et puis vous Irène Jacob, on vous retrouve dans "Rendez-vous avec Paul Pott"
00:30 de Ritty Pan, présenté dans le cadre de Cannes Première
00:33 et donc le 5 juin en salle.
00:36 Vous avez toutes les deux monté les marches hier soir
00:38 pour vos films respectifs.
00:40 À quoi on pense à ce moment-là ?
00:42 On pense au film.
00:46 On pense au film.
00:47 Il y a quelque chose de l'ordre, de la foi, un sacri.
00:52 Et moi c'était très émouvant parce que j'ai pu monter avec Ayoub Grétin
00:55 qui a le rôle principal du film "La mer au loin".
00:59 C'était une première fois pour Ayoub et c'était très beau.
01:02 Et j'étais heureuse aussi d'aller voir le film de Francis Ford, "Coppola".
01:07 Je n'ai pas vu le tien, mais je me rattraperai.
01:09 Je rêve de voir ton film, vraiment.
01:11 Et "Coppola" d'un mot ?
01:13 Impossible. Impossible en un mot.
01:15 OK, d'accord. Parfait.
01:16 Impossible.
01:17 Vous pouvez vous lâcher parce que je l'ai fait il y a quelques minutes.
01:19 Donc c'est bon, on s'est lâchés.
01:21 C'est fait.
01:22 Quant à vous Irène, pour la montée des marches ?
01:25 C'est vrai que de monter les marches avec l'équipe d'un film,
01:28 comme ça à côté de Ritty Pan,
01:29 Elisabeth Becker qui est la journaliste dont j'interprète l'histoire.
01:34 Tous les personnages.
01:36 Bien sûr, Grégoire Colin, Siri Gay, toute notre équipe.
01:39 Quelle émotion et quelle joie de pouvoir partager ça ensemble avec une équipe
01:44 et de se dire "voilà, on montre notre film ici et c'est trop chouette".
01:48 Mais Irène, est-ce que vous pensez encore à votre montée en 1991
01:52 quand vous avez reçu le prix d'interprétation pour "La double vie de Véronique" de Kieslowski ?
01:56 Vous y repensez à chaque fois ou pas ?
01:58 Je ne pense pas.
01:59 Là, sur le tapis, j'étais vraiment avec mon équipe et avec notre film.
02:03 Mais c'est vrai que quand je viens ici, il y a des particules d'air ici
02:07 qui me rappellent plein de souvenirs.
02:09 De re-souvenirs, je suppose.
02:11 De re-souvenirs.
02:12 Dans les deux films que vous venez défendre cette année à Cannes,
02:15 vous campez toutes les deux, alors évidemment dans des registres très opposés,
02:19 mais en tout cas, deux femmes fortes de caractère et courageuses.
02:22 On va commencer avec vous, Anna Mouglalis.
02:24 Dans "La mer au loin", vous jouez la femme d'un commissaire de police, Grégoire Colin.
02:28 D'ailleurs, ce qui est drôle, il est dans les deux films, Grégoire Colin.
02:30 Tout à fait.
02:31 Et il est formidable dans les deux films.
02:33 Donc, on est en 1990 à Marseille.
02:35 Votre, on va dire, votre mari, dans son boulot, il est commissaire,
02:38 il traque les immigrés clandestins jusqu'au jour où ?
02:41 Jusqu'au jour où quoi ?
02:42 Je vous laisse poursuivre, s'il vous plaît, Anna Mouglalis.
02:45 Jusqu'au jour où, en fait, on imagine même que ça précède,
02:49 mais le personnage qu'interprète Grégoire Colin est un personnage extrêmement complexe
02:57 qui a tout de l'archétype du policier raciste et homophobe.
03:06 Et en fait, on se rend compte que sa liberté, il la trouve dans une transgression.
03:12 Donc, il est obligé de se cacher, mais sa femme sait très bien.
03:16 Donc, on va dire sa femme sait qu'il est homosexuel, mais il s'aime tous les deux.
03:20 Et donc, la question qu'on se pose, évidemment, c'est est-ce qu'il va prendre sous son aile
03:24 ce, cette personne, ce clandestin ?
03:28 Est-ce que c'est parce qu'il en est tombé amoureux ?
03:30 Réponse dans l'extrait.
03:31 Regardez.
03:32 Serge a brûlé ton passeport.
03:38 On a l'extrait ?
03:39 Oui.
03:40 C'était pour pas que la police me rende compte.
03:42 Noor, tu peux me faire confiance.
03:48 Il t'a fait du mal, Serge ?
03:51 Non.
03:53 T'as couché avec lui ?
03:59 Non.
04:10 Bon.
04:10 Anna, on découvre votre personnage Noémie de prime abord comme une bourgeoise bien rangée,
04:19 mais on découvre très vite son audace, son goût pour la transgression.
04:23 Est-ce que c'est sa liberté qui vous a tout de suite plu au scénario ?
04:26 J'ai tout de suite aimé le mélo, la façon de raconter l'exil,
04:35 le fait que c'est à travers les personnes qu'on rencontre dans le pays
04:40 où on arrive vraiment quelque part.
04:44 Et oui, j'ai aimé la liberté de cette femme, la liberté de cet amour.
04:50 De manière générale, vous aimez les personnages féminins transgressifs ?
04:54 Tout à fait.
04:55 Vous vous ennuieriez sinon, Anna ?
05:00 Vous vous ennuieriez ?
05:00 Il faut vraiment ce type de personnage à défendre sur la pellicule ?
05:04 Plus le personnage est complexe, plus on arrive à y mettre aussi toute son âme.
05:10 Oui, j'aime bien quand ça résiste et j'aime bien quand les rôles me permettent aussi
05:17 de découvrir des choses.
05:19 Mais la liberté dans le choix de tous les personnages féminins que j'incarne,
05:24 c'est très très très important.
05:26 Le film s'articule aussi autour de grandes séquences musicales,
05:29 avec du rail qui est évidemment la musique fédératrice de la population à Marseille.
05:34 À cette époque-là, on vous voit danser et souvent il y a des acteurs qui disent
05:37 qu'ils détestent danser à l'écran.
05:39 Vous, vous n'avez pas de problème avec ça ?
05:40 J'adore danser, s'il y a une scène de danse.
05:44 Et là, on a eu la chance d'avoir des musiciens avec nous.
05:47 Il y a eu pas mal de musique live et le rail dans le film est un personnage à part entière.
05:53 Parce que c'est vrai que c'est une musique qui, dans les années 90,
05:56 parce que c'est un film d'époque, se développe vraiment en France.
06:00 C'est la musique de l'exil.
06:03 Cette musique est à la fois très mélancolique et qui revendique aussi absolument la fête.
06:09 Et Irène, vous, danser au cinéma, pas de problème non plus ?
06:13 J'adore.
06:14 Ah mais c'est bien ! C'est bien parce que souvent c'est des acteurs qui sont gênés.
06:18 Il y a des hommes qui sont assez gênés de danser devant la caméra.
06:20 Ça fait plaisir.
06:21 Danser, chanter...
06:22 Non mais peut-être dans la vie aussi, ils se sont gênés peut-être.
06:27 Probablement.
06:28 Peut-être.
06:29 Il s'est passé comment le tournage ?
06:33 C'était un tournage très intense.
06:35 Mais c'était gracieux de tourner à Marseille.
06:41 Il y a tout un travail sur la lumière.
06:43 Parce que vraiment, il y a une esthétique comme dans les années 90.
06:47 C'est très travaillé.
06:49 C'est la lumière de Tom Harary.
06:50 Et j'ai beaucoup aimé.
06:53 J'ai pris un grand plaisir à jouer.
06:55 Et comment vous travaillez toutes les deux par rapport à l'apprentissage du texte ?
07:00 Vous l'apprenez très en amont.
07:02 Certaines comédiennes l'apprennent le plus tard possible.
07:04 J'aimerais savoir comment ça se passe dans vos cas à toutes les deux.
07:06 Irene ?
07:08 C'est vrai que parfois il y a des tournages où le scénario s'écrit sur le moment.
07:12 En tout cas c'était le cas pour les dialogues,
07:15 souvent avec nous dans "Rendez-vous avec Paul Pott".
07:17 Pour d'autres, effectivement, c'est très écrit.
07:19 Quand c'est très écrit, j'aime bien la prendre à l'avance.
07:21 Et Anna Damo ?
07:23 Moi aussi, j'aime bien la prendre à l'avance.
07:25 Après tout dépend des rôles.
07:27 Il y a des films plus ou moins bavards.
07:28 Et celui-ci en l'occurrence ?
07:31 Celui-ci, je l'ai appris à l'avant.
07:33 On avait la possibilité de changer quand même de temps en temps des mots, de l'adapter.
07:38 Le réalisateur était très à l'écoute sur la réécriture même de certaines scènes.
07:44 Mais bon, ce n'est pas un film très très bavard.
07:50 C'est vrai. Les silences sont importants, vous le dîtes.
07:52 Mais on danse, on chante.
07:53 Et on danse, on chante. Bien sûr, absolument.

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