• il y a 7 mois
Plus d'une semaine après le début des émeutes dans l'archipel, la situation semble calme ce mardi 21 mai. Après un nouveau conseil de défense hier, Emmanuel Macron a décidé de mobiliser des militaires pour "protéger les bâtiments publics". Six personnes sont mortes depuis le début des émeutes. Comment le gouvernement peut se sortir de cette crise calédonienne?

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Transcription
00:00 [Générique]
00:05 Avec nous Sonia Baques, présidente de l'Assemblée de la province sud de la Nouvelle-Calédonie,
00:09 ex-secrétaire d'État à la Citoyenneté et principale figure du camp non-indépendantiste.
00:14 Clémence Dibou, envoyée spéciale de BFM TV à Nouméa est avec nous.
00:17 Mathieu Croissando continue de nous accompagner.
00:20 Première question, Sonia Baques, on parle d'un retour relatif au calme ce matin.
00:25 C'est aussi ce que disait Emmanuel Macron hier soir.
00:28 Est-ce que vous nous confirmez ce matin d'abord que le calme est en train de revenir dans l'archipel, Sonia Baques ?
00:34 Je pense qu'il faut vraiment relativiser parce qu'en fait la nuit a été très calme dans certains quartiers
00:41 et pas du tout dans d'autres.
00:43 Donc en fait on ne peut pas parler d'un retour au calme parce qu'aujourd'hui il n'y a pas d'endroits
00:48 qui ont été complètement sécurisés.
00:50 C'est-à-dire que dans les quartiers qui avaient été complètement envahis par les émeutiers,
00:57 ces endroits-là n'ont pas été complètement sécurisés.
01:00 Et les endroits, les quartiers résidentiels qui sont tenus par les comités de citoyens,
01:05 eux sont effectivement très calmes.
01:08 Mais globalement on a deux situations très différentes avec une nuit, d'après les informations qu'on a,
01:15 une nuit prochaine qui se prépare assez tendue et une journée qui a continué à avoir des grosses difficultés
01:22 dans certains quartiers et des barrages se remettent là où ils avaient été enlevés par les forces de l'ordre.
01:27 Alors le retour au calme c'est le préalable avant la reprise du dialogue entre loyalistes et indépendantistes.
01:33 Et à Nouméa, on va l'entendre, les loyalistes ne veulent pas entendre parler d'un éventuel report du vote,
01:39 du texte controversé à l'origine des violences. On regarde.
01:43 Ceux qui aujourd'hui, au niveau local comme au niveau national, demandent, exigent, souhaitent le retrait du texte
01:55 ou sa suspension, donnent raison aux casseurs, aux pilleurs et aux émeutiers.
02:03 Que les choses soient bien claires, dans une démocratie, dans un pays républicain,
02:10 la violence ne se substitue jamais aux urnes.
02:16 Alors on va retrouver Sonia Baquies dans quelques instants, Mathieu Croissando,
02:19 mais est-ce que l'éventuel report du vote de ce texte au Congrès est la seule solution aujourd'hui pour sortir de la crise ?
02:27 C'est en tout cas un préalable exigé par les indépendantistes qui disent si on veut, on doit se remettre autour de la table,
02:33 si on doit réentamer un dialogue, il faut reporter ce texte.
02:36 C'est aussi une demande qui est portée par plusieurs membres de la classe politique, y compris dans l'opposition,
02:41 qui dit qu'il n'est pas le temps de ratifier ce texte qui, on le rappelle, a été voté par le Sénat, puis par l'Assemblée.
02:48 Qui dans la classe politique ? LFI, Rassemblement National ?
02:50 Oui, Rassemblement National, LFI, Hervé Marseille se sont posé des questions pour les centristes.
02:54 Juste une chose, il y a un autre handicap, c'est que le texte doit être adopté par les 3/5e au Congrès,
03:01 c'est-à-dire députés et sénateurs réunis. Est-ce que ça passerait ?
03:04 Ça n'est pas sûr aujourd'hui, parce qu'y compris dans la majorité, il y a des voix qui disent qu'il faut reporter cette ratification.
03:10 Vous êtes sur quelle ligne, Mme Baquies, pour sortir de la crise ?
03:13 Est-ce qu'il faudrait reporter ce vote qui doit intervenir d'ici la mi-juin ?
03:18 En fait, c'est complètement décalé de parler de report, parce que pour l'instant, il n'y a pas de date, donc il ne s'agit pas de reporter.
03:25 Simplement, il n'est pas question de céder aux personnes qui sont aujourd'hui en train d'agir avec une violence extrême.
03:34 Dire et annoncer qu'on retire le texte, ce serait donner raison à ceux qui ont décidé d'agir,
03:39 non pas par la voie démocratique, par la voie du dialogue, mais par la voie de la force.
03:43 Donc c'est incompréhensible pour nous, parce que ça veut dire concrètement que peut-être qu'on gagnerait quelques semaines de tranquillité
03:50 où ils suspendraient leur action, mais dès qu'il y aurait un désaccord, évidemment ils reprendraient les émeutes.
03:54 Donc c'est certainement pas un bon signal que d'annoncer le retrait, alors qu'en plus, pour l'instant, la date du congrès de Versailles n'est pas connue.
04:01 Il doit y avoir du dialogue. Le président de la République nous a invités à Paris à dialoguer, donc il n'est pas question d'annoncer ça.
04:07 Et ceux qui aujourd'hui s'expriment sur le sujet, que ce soit Marine Le Pen ou que ce soit Yael Brown-Pivet,
04:13 n'ont pas conscience du message qui serait envoyé aux personnes qui sont extrêmement violentes,
04:19 qui sont en train de terroriser les Calédoniens. C'est leur donner une victoire et ils recommenceront le lendemain.
04:25 Il ne faut surtout pas faire ça.
04:26 Tous les indépendantistes ne sont pas non plus sur des barrages. Est-ce que c'est un bon signal de leur dire d'emblée
04:31 "Nous, on ne veut pas que le texte soit retiré, le préalable c'est que le texte soit maintenu".
04:35 Non mais, encore une fois, on a des discussions avec les indépendantistes qui ne sont pas sur les barrages.
04:41 On a des discussions avec tous les partis indépendantistes, ce n'est pas le sujet.
04:45 Sauf qu'aujourd'hui, les personnes qui sont sur les barrages, ce qu'on appelle la CCAT, le Comité de Coordination des Actions de Terrain,
04:51 c'est une instance qui a été créée par l'Union Calédonienne, créée par les acteurs politiques indépendantistes.
04:57 Donc, concrètement, les exactions qui sont menées, elles sont menées par une instance qui a été créée par l'instance politique.
05:03 Si on dit "On cède à cette menace-là", ça veut dire concrètement, dès que vous aurez un désaccord politique, vous pouvez faire comme ça.
05:11 Et du coup, la classe politique nationale cèdera. Et ce n'est certainement pas le bon message.
05:17 Le bon message, c'est quoi ? Pour en sortir, c'est de dire "On remet de l'ordre aux républicains parce que la France a les capacités de tenir un territoire comme la Nouvelle-Calédonie".
05:25 Donc, de remettre de l'ordre. On condamne les gens qui ont mené des actions violentes et leurs commanditaires.
05:31 Et on invite les personnes qui sont les partis prenants de Calédonienne à dialoguer.
05:37 Et on ne fixe pas. Pour l'instant, il n'y a pas de date pour le congrès de Versailles.
05:41 Donc, tout ça est possible dans le temps que nous avons. Il ne faut pas poser sur la table d'entrée le fait qu'on retire le texte parce que c'est donner raison aux personnes, encore une fois, qui agissent uniquement par la violence.
05:51 Mais il n'est pas question de retirer le texte, mais de reporter le vote au congrès. Je vais affiner ma question.
05:56 Si jamais les violences cessent, est-ce que c'est une éventualité qui peut être envisagée dans la mesure où il faudra qu'il y ait des concessions de part et d'autre ?
06:04 Bien sûr qu'il y aura des... Dès l'instant où il doit y avoir un accord, il doit y avoir des concessions de part et d'autre. Tout le monde est parfaitement conscient de ça.
06:11 Simplement, vous comprenez bien qu'on ne se met pas autour de la table avec des terroristes. On a des gens qui, aujourd'hui, attaquent les Calédoniens, tirent à balles réelles sur les forces de l'ordre.
06:21 On va faire quoi, là ? On ne va pas attendre que l'ordre républicain soit remis en place et on va se mettre autour de la table avec ces gens-là.
06:26 Je veux dire, à un moment donné, ce n'est pas possible de donner raison aux gens qui ont fait ça.
06:32 Est-ce que les moyens déployés aujourd'hui pour rétablir l'ordre républicain sont suffisants, madame ?
06:37 Je ne sais pas. Pour l'instant, l'ordre républicain n'est pas rétabli. Donc j'attends, j'espère que les choses seront mises en place dans peu de temps.
06:45 Petit à petit, certains axes commencent à être dégagés mais ne le sont pas complètement. Donc j'espère que les moyens sont suffisants et seront suffisants dans les prochains jours.
06:56 Pour l'instant, il faut dire les choses. Les forces de l'ordre remercient les comités citoyens qui tiennent les quartiers parce qu'aujourd'hui, concrètement, il n'y aurait pas ça.
07:04 On aurait tous les quartiers résidentiels qui seraient pris d'assaut, qui seraient brûlés, qui seraient pillés, comme c'est le cas des quartiers qui ont été pris au début du conflit.
07:15 En attendant, la Nouvelle-Calédonie reste coupée du monde. Enfin, plus tout à fait depuis quelques minutes puisque les premiers avions pour évacuer les ressortissants étrangers coincés en Nouvelle-Calédonie
07:25 viennent de se poser. Clémence Dibou, vous êtes à Nouméa pour BFMTV.
07:29 Oui, c'est l'Australie et la Nouvelle-Zélande qui avaient annoncé il y a quelques jours s'organiser pour envoyer des avions sur l'aéroport international de Nouméa, celui dont la route d'accès a été dégagée mais pas encore ouverte à la circulation.
07:46 Ces deux avions, ce ne sont pas des avions de ligne, ce n'est pas l'aéroport qui rouvre, il ne rouvrira pas au moins avant jeudi. Ce sont des avions tout spécialement affrétés par l'Australie et la Nouvelle-Zélande
07:57 qui sont à environ deux heures et demie de vol parce qu'il y a beaucoup de touristes étrangers qui sont coincés sur l'île de Nouvelle-Calédonie.
08:06 Tout à l'heure, quand on est allé se chercher à manger avec Domiti Berthoud, on a entendu beaucoup d'Australiens qui expliquaient qu'ils arrivaient à bout de leurs affaires
08:13 alors que certes, oui, ils étaient bronzés et que c'était des vacances en plus mais qu'ils avaient quand même bien hâte de rentrer chez eux.
08:19 Voilà donc une première fois que l'aéroport est utilisé, vous l'avez dit, par deux pays étrangers.
08:24 Ça pourrait présager une réouverture de cet aéroport international pour effectivement ne plus couper cette île du reste du monde.
08:33 Justement, Sonia Baquies, est-ce que vous pensez que cet aéroport va rouvrir avant jeudi ?
08:36 Et deuxième question, est-ce que les pénuries commencent à se faire vraiment sentir au point qu'on manque de biens vitaux ?
08:43 Alors oui, d'abord, je pense que c'est souhaitable effectivement de réouvrir l'aéroport et d'avoir une continuité avec le reste du monde.
08:52 Si c'est possible avant jeudi, tant mieux, on le souhaite.
08:55 Sur la question des pénuries, en fait, on n'a pas du tout de pénuries dans l'arrivée des marchandises.
09:00 On a suffisamment de marchandises présentes sur le territoire pour alimenter les Calédoniens pendant plusieurs mois.
09:05 Donc il n'y a pas de problème de pénurie de vivres qui arriverait de l'extérieur.
09:10 La difficulté qu'on a, c'est que les docs de stockage des vivres sont en fait coupés des quartiers où il faut les livrer.
09:16 Donc en fait, on a des quartiers qui sont complètement coupés du reste du monde
09:19 et qui donc n'ont pas accès aux grands magasins, aux endroits où on peut distribuer de l'alimentation,
09:24 et à contrario, des docs d'alimentation qui ne peuvent pas sortir la nourriture pour aller alimenter les quartiers.
09:31 Voilà, c'est ça la situation. Donc on n'a pas de difficultés vis-à-vis de l'extérieur de la Nouvelle-Calédonie à ce stade.
09:36 Un dernier mot à ce que le président de la République vous parle, et il vous donne le sentiment d'être sur quelle ligne ?
09:42 Oui, bien sûr, le président de la République nous parle régulièrement.
09:46 Il est, je crois, vous savez, très attaché au sujet calédonien puisqu'il s'y est intéressé personnellement depuis qu'il a été élu.
09:53 Il est particulièrement triste de la situation.
09:56 Il a fait le choix d'envoyer de manière massive des forces de l'ordre qui arrivent de manière très importante depuis deux jours.
10:04 Donc, il a fait le choix de rétablir l'ordre républicain.
10:08 Cette nuit, il nous a, enfin il permet maintenant que les bâtiments publics soient gardés par l'armée de manière à libérer encore des forces de l'ordre.
10:16 Mais quand on entend des votes ?
10:17 Il n'a pas, encore une fois, il n'a pas de date.
10:20 Donc arrêtez de parler de report, que les uns et les autres arrêtent de parler de report.
10:23 Il n'y a pas de report puisqu'il n'y a pas de date.
10:26 Donc la question c'est, est-ce qu'il va l'inscrire ou est-ce qu'il ne va pas l'inscrire pour l'instant ?
10:29 Il n'est pas question pour l'instant d'inscrire un texte au congrès de Versailles alors qu'on est dans l'état d'urgence.
10:34 Enfin, je veux dire, donc ce n'est pas le sujet.
10:36 Le sujet c'est de dire, annoncer un retrait ou un report de ce texte, l'annoncer, même si ça n'a pas de sens juridiquement,
10:42 ça serait donner raison aux émeutiers.
10:44 Donc, ce n'est certainement pas la chose à faire.
10:46 Et c'est d'ailleurs, le président de la République ne l'a pas fait.
10:48 Donc, à un moment donné, arrêter avec ce sujet-là.
10:50 Ce sujet-là, c'est, le sujet aujourd'hui c'est remettre de l'ordre, condamner les personnes qui sont les commanditaires de ces exactions
10:57 et remettre le dialogue en Nouvelle-Caïdonie.
10:59 Aujourd'hui, les partenaires caïdoniens se parlent.
11:01 Il faut permettre qu'effectivement ils concluent un accord.
11:03 Merci d'avoir été avec nous ce matin Sonia Bakkes dans Première Édition.

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