• il y a 7 mois


Le sociologue Mathieu Bock-Côté était l’invité de Face à l’Info ce mardi 21 mai sur CNEWS. Il s’est exprimé au sujet du lanceur d'alertes pris dans un tourbillon médiatico-judiciaire depuis plus d'une dizaine d'années, et qui risque 175 ans de prison en cas d'extradition vers les Etats-Unis : «La liberté d'expression ne s'applique pas à Julian Assange» 

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Transcription
00:00 Et en 2012, il se réfugie à l'ambassade d'Équateur en Grande-Bretagne, au Royaume-Uni.
00:06 Et là, il faut comprendre qu'il va se réfugier pour 7 ans.
00:09 Pour 7 ans, sous la protection de l'État équatorien, mais dans les faits qui ensuite le rejettera.
00:15 Il ne faut pas l'oublier.
00:16 Donc imaginez, pris 7 ans dans une ambassade comme ça, dans une existence qui est dans les faits...
00:21 Je ne dirais pas « concentrationnaire », parce que c'est un mot marqué par le XXe siècle.
00:25 Mais il va continuer son existence quasi-carcérale pour éviter justement d'être extradé aux États-Unis.
00:31 En 2019, puis il va continuer son action, soit dit en passant, pour WikiLeaks lorsqu'il est là.
00:36 En 2019, les Britanniques vont l'arrêter avec la permission de l'Équateur.
00:40 Ils vont l'arrêter en disant « on ne vous protège plus finalement, on ne vous protège plus,
00:44 et maintenant, c'est le temps de l'extradition ».
00:46 Et là, le processus judiciaire s'engage, et là, une des raisons pour laquelle l'extradition est compliquée,
00:51 c'est que les Américains... Il y avait la question de la peine de mort.
00:53 Est-ce qu'ils risquent la peine de mort ?
00:54 Les Américains ont dit « non, non, ils ne risquent pas la peine de mort ».
00:56 Mais est-ce qu'ils peuvent jouir du premier amendement sur la liberté d'expression ?
01:00 Les Américains disent « non, ça, désolé, on le poursuit pour espionnage ».
01:04 Donc, la liberté d'expression ne s'applique pas à ce monsieur, la liberté de presse,
01:08 et ils risquent 175 ans de prison.
01:11 Les Américains ont l'air des prisons cumulatives.
01:13 Donc, on peut faire de la prison pour deux ou trois vies.
01:15 Ce n'est pas mal.
01:16 Donc, on le dit, s'il arrive là, en fait, c'est une manière de le mettre hors de service.
01:21 Et vous comprenez pourquoi on ne veut pas qu'il parle ? Parce qu'on se dit « que va-t-il révéler ? »
01:25 Qu'est-ce qu'il va dire s'il parle librement dans le cadre de son procès ?
01:29 Donc là, il va en appel, on verra la suite,
01:31 mais ça nous rappelle que c'est une figure assez importante des temps présents.
01:36 Alors, si on veut résumer sa philosophie, on peut dire que c'est une forme d'anarchiste,
01:41 un genre de libertarien, on dirait, aux États-Unis, qui est convaincu d'une chose,
01:45 nos démocraties libérales n'en sont plus.
01:48 Nos États parlent le langage de la liberté, parlent le langage de la transparence,
01:53 parlent le langage du processus démocratique équitable,
01:57 mais derrière ça, il y a des décisions immenses qui se prennent pour des millions,
02:01 sinon des milliards de personnes, et qui ne sont plus du tout débattues publiquement
02:06 parce que les élites que nous voyons ne sont pas les véritables élites.
02:10 Donc, il y a une forme de transparence, pour lui, c'est une manière de jeter une lumière crue
02:16 sur ceux qui dirigent vraiment, sur les calculs des puissants,
02:20 sur les méthodes de décision des puissants qui nous engagent, quelquefois,
02:24 dans des guerres, dans des opérations qui dépassent largement le commun et mortel.
02:28 Et voilà pourquoi la question des guerres américaines est aussi importante.
02:32 L'Empire ne tolère pas qu'on jette un œil critique et sévère
02:36 sur sa manière de mener ses guerres à travers le monde.
02:39 [Musique]
02:42 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]

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