Christophe Bocal (PCF) au Creusot

  • il y a 4 mois
Frédéric Boccard, membre de la direction du PCF, économiste, a participé à un meeting pour les Européennes au Creusot.
Transcript
00:00 Cette campagne, est-ce qu'elle se déroule comme vous l'aviez envisagé ?
00:05 Écoutez, d'une certaine façon, elle se déroule avec les défauts qu'on avait envisagés,
00:12 c'est-à-dire que tous les autres font le silence sur les grands enjeux.
00:15 Les grands enjeux européens, c'est l'enjeu d'une autre Europe, des transformations pour l'Europe,
00:20 c'est l'enjeu de la prise de pouvoir sur la Banque Centrale Européenne pour développer les services publics,
00:25 pour développer une nouvelle industrialisation, et puis c'est l'enjeu d'une Europe qui contribue à notre monde.
00:30 Et on nous l'enferme dans la guerre, l'Ukraine, et puis au secours, au secours, tout est affreux,
00:39 et il faut à tout prix voter par peur. Donc de ce point de vue-là, elle se passe comme on le pensait.
00:47 On n'arrive pas à crever suffisamment dur du silence, mais ça se passe comme on le pensait.
00:51 Quels sont pour vous les enjeux des dernières semaines ?
00:57 Alors, nous sommes pour une autre Europe. Cette Europe-là ne nous va pas, et on veut une autre Europe.
01:04 Et donc les enjeux, c'est que crève l'écran une ou deux propositions majeures.
01:09 Et j'en dirais une principale. Nous proposons, pour développer les services publics et pour une nouvelle industrialisation,
01:16 de créer un fonds européen solidaire, écologique et solidaire, intercalé entre la Banque Centrale Européenne et les États,
01:27 et qui permet de financer à 0% les dépenses des États. C'est autorisé par les traités, et s'ils ne le font pas, c'est parce qu'ils ne veulent pas.
01:34 Il pourrait permettre un développement de la santé, de l'éducation, par exemple des avances pour financer des pré-recrutements
01:42 dans l'éducation, dans la santé ou dans le trait de ferroviaire, et pousser une politique qui favorise l'investissement créateur d'emplois
01:49 et industrialisation des régions plutôt que les délocalisations. Donc c'est ça, un fonds européen pour les services publics et pour une nouvelle industrialisation.
01:56 Si ça peut crever l'écran, là, c'est vraiment ce qui permettrait d'avancer pour nous.
02:01 Un peu comme le plan de relance, mais là pour les services publics ?
02:06 Alors, plus précisément encore, une sorte de quoi qu'il en coûte, mais d'un tout autre type, c'est-à-dire dirigé, orienté et permettant le développement.
02:15 Et du coup, comme sa conséquence, c'est le développement des services publics, mais aussi une autre industrialisation,
02:21 il ne sera pas inflationniste et permettra de se développer. Parce que le problème du quoi qu'il en coûte et du plan de relance qu'on a eu,
02:27 c'est qu'il a nourri le capital et les profits, donc à l'arrivée, il n'y a pas de production et donc de l'inflation.
02:32 Donc voilà ce qu'il faut. Et là, on veut pousser cette idée-là et on espère que ça va crever l'écran.
02:37 Voilà ce que je voulais vous répondre.
02:40 Vous êtes au Crozot, dans une ville où se trouve l'ADN du nucléaire. Il y a des divergences à gauche.
02:50 Mélenchon est anti-nucléaire. Luxman a dit que c'était comme une religion. Vous dites quoi ?
02:58 Nous, on pense qu'il faut développer l'énergie. D'abord, pour industrialiser le pays, parce qu'il manque de médicaments, de beaucoup de choses,
03:07 il faut plus d'énergie. Il va falloir beaucoup plus d'énergie. Et il faut de l'énergie décarbonée parce que l'enjeu écologique et climatique est fondamental.
03:14 Et donc l'énergie décarbonée, il y a les énergies renouvelables et il y a le nucléaire. Et ce nucléaire-là, il faut le développer.
03:21 Mais il faut aussi développer les autres énergies nucléaires, c'est-à-dire la quatrième génération demain qui utilisera les déchets.
03:29 Et on a 1 000 ans ou 2 000 ans, les spécialistes discutent, 1 000 ans de déchets, c'est-à-dire de carburant en réalité, possible, sans avoir à réexploiter l'Afrique.
03:39 Donc on veut développer le nucléaire, développer ce nucléaire, développer au-delà. Mais ça, ça nécessite de mettre l'emploi et la formation d'abord.
03:47 Parce que tous les problèmes du nucléaire, c'est parce qu'on a mégoté sur l'emploi, aussi bien sur la recherche que sur les emplois de soudeurs et la formation.
03:54 Les problèmes de l'EPR qu'on ouvre à Flamanville, et on peut s'en féliciter, c'est parce qu'on a mégoté en mettant des sous-traitances en cascade
04:00 pour économiser sur ce qu'ils appellent le coût du travail, parce qu'il va les valoriser les banques et donner beaucoup d'argent aux banques.
04:09 Et du coup, des défauts, des difficultés, des déchets sur les soudures, sur la cuve, etc.
04:16 Donc, nous ce qu'on dit, c'est qu'effectivement, il faut développer le nucléaire, celui-là, un autre nucléaire, et même peut-être dépasser le nucléaire demain
04:24 avec la fusion avec d'autres énergies, aussi l'hydrogène. Mais pour ça, le cœur, c'est de réorienter notre économie pour qu'elle dise
04:33 "dépenses pour la formation, les salariés, leur emploi en premier, et l'investissement doit suivre". Et non pas l'inverse, dépenses pour les banques et le capital,
04:41 et tant pis pour les femmes et les hommes, parce que si on fait ça comme actuellement, on est dans les difficultés, voire dans la misère.
04:47 Il y en a nos yeux pour pleurer. Non, il faut que ça change.
04:50 Mélenchon a regretté que le PS et le PC fassent bande à part. Vous le regrettez, vous ?
04:58 On regrette cette situation, on veut la faire bouger, et donc on veut pousser. Moi, je pense qu'il faut pousser le débat à gauche,
05:04 notamment sur les moyens du changement. Il y a besoin d'un changement ? Dans quel sens ? Mais aussi sur tous les moyens du changement.
05:11 Depuis 1981, la gauche, elle a échoué sur la question des moyens. Et d'ailleurs, de même, en 1936, elle a échoué sur le mur de l'argent,
05:18 et en 1945, on prend au sérieux la question des moyens, en nationalisant les banques, en nationalisant des grandes entreprises,
05:26 et en faisant des avances pour se développer. D'ailleurs, le débat sur la dette, il est complètement perverti.
05:32 On nous parle de dette parce qu'on veut nous faire croire qu'il y a un problème moral et qu'on doit de l'argent au profit.
05:38 Non, ça peut être des avances pour se développer. Donc il y a besoin de pousser le débat à gauche, et il y a besoin de faire du commun à gauche, bien évidemment.
05:47 Et donc la campagne, elle peut servir à pousser le débat, mais surtout, cette élection, elle est à la proportionnelle.
05:53 Donc il n'y a pas de vote utile. Il faut voter selon ses convictions et ses idées. Et d'ailleurs, même notre liste, alors il y a un seuil.
05:59 À partir de 5 % des élus, en dessous de 5 %, on en a zéro. Donc les quelques voix qui nous permettraient d'atteindre les 5,
06:05 ils font tout de suite 5 élus de gauche en plus, alors que pour d'autres listes, ça peut faire un élu en plus, simplement.
06:11 Donc c'est effectivement beaucoup plus efficace. Mais pour répondre à votre question, le grand enjeu, c'est effectivement de débattre à gauche
06:18 et de penser sur ces questions-là pour des convergences et puis pour un nouveau type d'unité.
06:23 Non pas une unité au garde-à-vous, non pas une unité au coup de gueule, voire à l'immobilisme, mais une unité qui permet le débat,
06:32 la diversité et qui permet d'avancer pour notre peuple.

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