Michel Chevalet : «L’équipage savait qu’il allait entrer dans une zone agitée»

  • il y a 5 mois
Le journalistique scientifique Michel Chevalet était l’invité de L’Heure des Pros, ce mercredi 22 mai, sur CNEWS. Il a expliqué la situation sur le vol Londres-Singapour qui a mené à la mort d’un passager : «L’équipage savait qu’il allait entrer dans une zone agitée».

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Transcription
00:00 Ce qui s'est passé, il faut faire très attention, c'est en deux temps.
00:03 Le premier temps, je parle pour l'avion, ça a été des turbulences,
00:06 c'est-à-dire vous avez des vibrations, on a tous connu ça,
00:09 c'est ce qu'on appelle des trous d'air.
00:10 Bon, il n'y a jamais de trous d'air, la nature est hors du vide.
00:13 Et le deuxième temps, la chute de l'avion,
00:16 que l'on dit qui est tombée de 2000 mètres,
00:18 mais c'est l'équipage qui lui-même est descendu à appliquer la procédure
00:23 pour quitter la zone de turbulences.
00:25 Vous voyez, il y a eu le temps, il y a eu la turbulence,
00:27 c'est-à-dire l'avion a vibré et il y en a eu une,
00:30 sans doute il a dû se déplacer de près d'un mètre, c'est tout.
00:33 Et là, c'est là où tout a flotté dans l'avion,
00:35 et comme les gens n'étaient pas attachés,
00:37 la plupart des gens, et que les PNC étaient debout,
00:39 c'était le service du petit déjeuner.
00:41 Et donc là, je vais vous parler maintenant de la prévision.
00:44 Voilà l'explication, il y a eu deux temps.
00:46 Alors, est-ce que c'était prévu ?
00:48 Oui, au départ, sur ce type de vol, il y a un briefing météo,
00:54 et comme on va couper le front intertropical,
00:57 la zone de convergence entre le nord et le sud,
01:00 où là il y a des nuages d'orage,
01:01 l'équipage savait qu'il allait se trouver dans une zone agitée,
01:06 parce que orageuse, et qu'au départ, semble-t-il,
01:10 le commandant de bord, quand il est monté à bord,
01:13 il leur dit "attention, nous allons connaître,
01:15 comme on dit, des zones de turbulences",
01:17 et ça s'est arrêté là.
01:18 Le vol s'est parfaitement déroulé, 11 300 mètres,
01:22 et là, à un moment, et là, il n'y a rien à douter,
01:25 il y a un moment, on est entré dans une période,
01:27 comme nous, en avion, c'est-à-dire...
01:29 - Et pourquoi on sert le petit déjeuner à ce moment-là ?
01:31 Pourquoi on sert le petit déjeuner ?
01:33 - Alors maintenant, vous arrivez au véritable problème.
01:36 Quel était le comportement de l'équipage ?
01:41 Comment était-il informé ?
01:43 Oui, il y a eu le briefing météo, oui, il le savait,
01:46 oui, avec le radar de bord,
01:48 il voyait qu'il y avait des cumulons d'imbus,
01:50 la consigne, on ne rentre jamais dans un nuage d'orage,
01:53 jamais, jamais, on ne sait pas s'il y est rentré,
01:56 on n'a pas encore tous les éléments.
01:58 - Donc on ne sait pas quoi ?
01:59 - Alors, attendez, attention,
02:02 si le commandant de bord n'a pas dit à l'équipage,
02:05 "Attention, fin de service, arrêtez le service",
02:09 vous avez connu ça en avion,
02:10 "parce qu'on sait qu'il va y avoir de fortes turbulences,
02:12 arrêtez le service", sachez-vous,
02:15 c'est-à-dire qu'on va rentrer dans une période
02:16 qu'on appelle "la turbulence sévère",
02:19 là, il n'y aurait pas eu ce qui s'est passé.
02:21 Donc il y a eu un problème de traitement
02:24 par le commandant de bord,
02:26 la décision de prendre des mesures.
02:30 - En fait, les questions, elles sont toutes simples,
02:31 est-ce que c'est évitable ?
02:32 Est-ce que, par exemple, un quart d'heure avant,
02:35 on sait qu'il va rentrer dans cette turbulence,
02:36 est-ce qu'il peut dérouter son avion ?
02:38 - Alors, sur le front d'orage, réponse, mon cher.
02:40 - Ou est-ce que tu es surpris ?
02:41 C'est ça aussi ma question, est-ce que tu peux être surpris ?
02:43 - Il peut être surpris, tout dépend du type de turbulence.
02:45 - Mais visiblement, c'est ce qui s'est passé, sans doute,
02:47 parce que s'il y avait petit déjeuner, c'est qu'il a été surpris.
02:50 - Pascal, voilà, était-il en présence, à ce moment-là,
02:54 d'une turbulence qu'on appelle "le ciel clair",
02:56 c'est-à-dire qu'il n'y a pas de nuages,
02:58 donc le radar de bord ne le dit pas.
03:01 Sauf que les pilotes causent entre eux, toujours,
03:04 et aux autres avions, ils ont la même fréquence.
03:07 Ils disent "est-ce que tu connais,
03:08 est-ce que tu as des turbulences sur ce cap-là ?
03:11 Est-ce que tu as des turbulences ?"
03:12 Donc ils le savent, et il y a le contrôle aérien également
03:15 qui les prévient.
03:16 Donc, ont-ils été surpris par la violence de la turbulence ?
03:22 Bon, c'est encore possible.
03:23 (Générique)
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