• il y a 7 mois

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Transcription
00:00 C'est à la fois la plus belle chose et la pire des choses que j'ai pu faire
00:02 parce qu'à la fin, ça ne marche pas.
00:04 Tout de suite, Uma Thurman et Kill Bill,
00:11 qui est quand même cette femme forte,
00:15 qui est sans pitié, qui va se battre.
00:18 J'avais quand même ça un petit peu dans le fond de ma tête,
00:21 mais sans avoir la prétention de penser que je pouvais être
00:24 à la hauteur de Kill Bill, évidemment.
00:27 J'ai eu la chance d'être entourée par une équipe de chorégraphes cascadeurs
00:31 qui ont été merveilleux, qui m'ont accompagnée,
00:34 qui m'ont fait une formation express parce que je sortais de tournage.
00:37 Donc, on n'a pas eu autant de temps qu'on aurait aimé avoir
00:40 pour pouvoir préparer ce personnage, mais on s'est donné à fond.
00:43 Parce que moi, je suis physique dans la vie.
00:45 J'adore le sport, j'adore les sports de combat.
00:47 Mais jouer une femme qui se bat réellement et qui tue, c'est autre chose.
00:54 Une femme ancienne agent des forces spéciales, c'est aussi une autre rigueur,
00:58 une autre manière de se déplacer, de respirer, de tenir une arme,
01:03 d'être face à l'adversaire, une autre répartie,
01:06 une autre manière de gérer ses émotions aussi.
01:09 Et ça, c'était particulier.
01:12 Non, je suis bien contente.
01:16 J'avais en plus une merveilleuse doublure,
01:20 Mounia Moula, qui était là pour me doubler.
01:23 Et finalement, j'allais dire qu'elle est plus venue en vacances.
01:26 Non, parce que justement, elle m'a permis de me former.
01:28 Elle m'a permis d'avoir aussi ce côté un peu,
01:32 de m'indiquer le côté un peu félin, habituel.
01:36 C'est quelqu'un qui fait du combat au quotidien, Mounia Moula.
01:39 Et donc, pour moi, elle, c'était aussi une source d'inspiration, d'exemple.
01:47 Oui, je pense qu'il y a une scène où je suis dans un long couloir
01:52 et où je suis censée dégoupiller des grenades et les lancer dans chaque pièce.
01:58 Et pour moi, c'était particulier, en fait, d'entendre la détonation,
02:02 d'entendre tout ce qui se passait derrière et de ne pas avoir le réflexe
02:06 de me retourner pour voir ce qui se passe, pour voir l'étendue des dégâts
02:09 ou juste de maîtriser ma surprise, tu sais, mon petit sursaut de surprise.
02:13 Et puis, je me suis dit, je vais me mettre en scène.
02:15 Je vais m'intéresser à la scène, je vais m'intéresser à la scène,
02:17 je vais m'intéresser à la scène, je vais m'intéresser à la scène.
02:19 Et ça, ça a été une vraie...
02:22 Un vrai travail pour moi de me dire, OK, il faut que je garde mon calme.
02:26 Kali, elle a l'habitude.
02:27 Ouais, pour elle, c'est habituel.
02:29 Une grenade de plus ou de moins, c'est rien du tout.
02:31 On avance, on n'est pas surprise.
02:33 Ça ne nous atteint pas.
02:35 La chose la plus folle, c'est d'essayer de pardonner.
02:40 Je pense que c'est...
02:42 C'est le vrai, c'est le plus grand effort de ma vie.
02:46 C'est d'avoir mal, d'avoir souffert et par amour, d'essayer de pardonner,
02:51 de passer au-delà de la trahison ou des choses qui ont pu te faire du mal
02:56 et parfois même de l'évidente incompatibilité.
02:59 Voilà, donc c'est à la fois la plus belle chose
03:02 et la pire des choses que j'ai pu faire, parce qu'à la fin, ça ne marche pas.
03:06 Quand tu as été abîmé par l'amour et que...
03:08 Et que juste, ça ne te prend pas comme ça dans un coin de rue
03:11 où tu tombes amoureux, c'est un coup de fou, tu ne t'y attendais pas,
03:14 mais que tu laisses la personne rentrer dans ta vie,
03:16 créer une vraie occasion, créer vraiment l'opportunité de se rencontrer,
03:20 c'est faire preuve de courage et pour moi, c'est une belle preuve d'amour déjà.
03:23 Comment je l'ai abordé ?
03:28 Franchement, sans trop intellectualiser les choses,
03:30 en me laissant porter par des émotions.
03:32 Le thème du deuil, c'est un thème que malheureusement, je connais bien.
03:38 Ce que ça peut te faire d'irraisonné, irraisonnable et d'irrationnel,
03:44 je connais aussi et donc, je ne suis pas l'actrice qui va me...
03:48 Je ne vais pas me servir de mes expériences personnelles
03:50 pour nourrir mon personnage ou telle ou telle scène ou telle émotion.
03:53 Je n'aime pas ça.
03:55 Ça ne me fait pas du bien, mais je crois que le souvenir,
03:58 ne serait-ce que le souvenir de ça que tu as dans ton corps et dans ton cœur,
04:03 ça aide, ça aide forcément.
04:07 J'aime toute cette remise en question qui est en train d'être mise en place,
04:12 de se passer dans le cinéma, mais de la femme, mais aussi de la part d'homme.
04:15 Pour moi, c'est comme être féministe,
04:17 on ne pourra pas défendre le droit des femmes sans les hommes.
04:20 On ne pourra pas défendre le droit des musulmans
04:23 sans ces homologues, leurs homologues de confession religieuse différentes.
04:31 Ça dépend de nous tous, en fait.
04:33 Et donc, je suis contente effectivement qu'il y ait des choses qui se passent,
04:36 qu'il y ait des choses qui bougent.
04:37 Moi, ça fait 22 ans que je tourne, 22 ans que je fais ce métier.
04:40 J'ai quand même la chance de voir qu'il y a des choses qui évoluent
04:44 à plein de niveaux différents, sur le regard qu'on peut poser sur une femme,
04:48 mais aussi sur le regard qu'on peut poser sur la banlieue,
04:49 qu'on peut poser sur les musulmans ou sur d'autres,
04:53 sur des amalgames, sur des a priori, sur des clichés.
04:56 Il y a des choses qui bougent et ça, c'est effectivement
05:00 une très, très belle avancée.
05:03 On n'y est pas encore, mais ça avance.
05:05 C'est bien.
05:06 J'ai souffert d'avoir été, d'être dans trois cases, en fait.
05:12 Tu vois, j'ai l'impression que j'avais trois tars.
05:15 Une femme, Maghrébine, banlieue Zardes, allez, quatre musulmanes.
05:19 Hop, je te la rajoute.
05:20 Elle est belle, celle-là.
05:21 T'es là, wow, ça va être sympathique d'essayer de faire sa place dans ce métier.
05:26 En même temps, tu fais les choses avec le cœur.
05:28 On parle des cons et on parle des gens qui ont l'esprit très, très fermé,
05:34 mais on oublie de parler aussi des gens qui ont une ouverture d'esprit incroyable,
05:37 qui œuvrent pour que les paysages cinématographiques, artistiques et autres
05:43 s'étendent à toutes les origines, à tous les visages, toutes les morphologies.
05:51 Donc, voilà, ça évolue, ça avance.
05:54 Mais évidemment que quand j'ai commencé il y a 22 ans,
05:57 les rôles pour les jeunes filles maghrébines, c'était beaucoup des rôles clichés.
06:02 Il y avait très, très peu de rôles importants qui ne lient pas à, justement,
06:10 ma catégorie socio-culturelle ou à ma confession religieuse ou à mes origines.
06:19 Oui, ça a mis beaucoup de temps avant que tout ça n'entre pas en jeu
06:22 dans le choix des rôles qu'on allait me proposer.
06:25 Donc, on n'y est pas encore, mais ça avance bien et il faut s'en réjouir.

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